Ilem Djiembi Kumba. Je rêvais des terres enneigées
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- Albert Ruel
- il y a 5 ans
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1 Ilem Djiembi Kumba Je rêvais des terres enneigées 2
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3 Remerciements Mes remerciements vont en premier lieu à celui sans qui ce livre n aurait jamais pu voir le jour. Merci papa pour m avoir partagé ton amour pour le livre, pour la littérature en général. Maintenant que je suis une grande personne, je comprends pourquoi tu disais de ta bibliothèque qu elle était le véritable trésor de la maison. Je te dédie entièrement cette nouvelle ainsi que mes prochains ouvrages qui te rendront je l espère très fier. Je voudrais aussi remercier toutes les personnes qui comptent pour moi et pour qui je l espère je compte aussi. Vous êtes une source d inspiration et surtout une source de motivation, vous me donnez l envie de me dépasser pour vous, la force de devenir meilleur. Que vous soyez près ou loin de moi à cet instant, vous vous reconnaitrez. 2 3
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5 «Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que vous avez à faire sur terre. Enfant, nous avons tous su. Mais parce que nous avons peur d être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser notre rêve, nous n écoutons plus notre cœur. Ceci dit, il est normal de nous éloigner à un moment ou à un autre de notre Légende Personnelle. Ce n est pas grave car, à plusieurs reprises, la vie nous donne la possibilité de recoller à cette trajectoire idéale.» Paulo Coelho à propos de l Alchimiste. 2 5
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7 Chapitre I Après mes études secondaires couronnées par l obtention de mon baccalauréat, il était presque acquis pour moi de poursuivre mes études en Europe. Il faut dire que cela n était pas possible pour la majorité des étudiants de mon pays, je faisais partie des privilégiés. Cette opportunité je la devait à mon grand frère qui quelques années en arrière avait entamé une carrière politique. Il était désormais ministre des matières premières. Avec cette fonction, il s était hissé au sommet ou presque de la société locale. Je n allais pas m en plaindre. Il faisait mieux que notre père qui lui ne savait ni lire ni écrire le français. Il faut dire qu il n a jamais voulu aller à l école coloniale qui selon lui l aurait éloigné de la culture de la terre. Mon père était assez satisfait de ce qu il avait accompli pour nous. A chaque fois qu il le pouvait il n hésitait pas à le répéter à tout le village. C est lui qui 2 7
8 nous avait permis d aller à l école grâce notamment à la vente des produits de ses plantations. Il était fier de ses deux fils même s il regrettait le fait que son aîné soit désormais complice du pouvoir en place qu il qualifiait de «mangeur dormeur» dans son français peu conventionnel. Pour mon départ il avait fait le déplacement sur Libreville la capitale de mon pays le Gabon même s il détestait la ville encore plus que l ostentation de son fils aîné. Après les démarches administratives plutôt longues, et surtout après la quête du grâle, le fameux visa pour l Europe, mon départ était imminent. Une dernière soirée en famille histoire de dire au revoir à tout le monde et je pouvais partir. J étais assez impatient d aller découvrir le pays de «l homme blanc» comme on dit ici. J étais pressé de découvrir la vie dans un pays développé où il n y a pas de coupure d électricité, où tout est beau et propre, où les routes sont toutes bitumées, où l accès à l internet est démocratisé. Nous étions à l aéroport, mes cousins et cousines dressaient des listes de présents à leur ramener à mon retour, mes oncles et tantes me prodiguaient les derniers conseils. Mon père lui restait dans son coin, silencieux. Je me décidai à aller voir ce qui n allait pas. Qu est-ce qui ne va pas papa? Rien mon fils à part que j ai peur 28
9 Il finit par me faire part avec beaucoup d émotions, de sa crainte de me voir perdre les valeurs qu il s était donné tant de peine à m inculquer. Il avait peur pardessus tout que je revienne au pays avec une femme européenne. Il prit en exemple l un de ses neveux qui après un stage en Europe revint marié avec une femme blanche. Il avait fini par délaisser sa mère qui mourût de vieillesse dans l indifférence loin de son unique fils. Je lui fis la promesse de ne pas oublier d où je venais et que rien ni personne ne pourrait effacer de ma mémoire ses nombreux sacrifices pour notre réussite ; mais je ne garantissais rien pour ce qui était d une femme européenne. Je n avais jamais mis de barrière quelconque dans mes relations entre mes compatriotes et moi. Je ne voulais pas que les choses changent avec les européens malgré les quelques préjugés que tous les africains ont en partage. Les idées reçues que les africains ont des européens sont majoritairement flatteuses pour ces derniers. Cette imagerie exprime inévitablement le complexe d infériorité devant le «type caucasien» dont beaucoup d entre nous souffrent encore aujourd hui. En plus de leurs programmes télévisés qui nous présentent continuellement sous un mauvais jour, cette perception est entretenue part l aisance matérielle dans laquelle ils vivent, les privilèges dont ils jouissent chez nous parfois même au détriment des nationaux. 2 9
10 J ai encore en tête l expérience de cette jeune européenne relayée par la presse gabonaise ; l effet de surprise était si fort qu elle alla se confier à des collègues locaux qui étalèrent les faits sur la place publique. Venue effectuer un stage dans l industrie pétrolière, la jeune femme sans expérience s est retrouvée pour quelques mois de présence en terre gabonaise avec un salaire trois ou quatre fois supérieur à des employés nationaux chevronnés en contrat à durée indéterminée. Mise mal à l aise par tout cela, elle finira par exiger une rémunération moins importante. 210
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