Forums et ateliers Éléments saillants

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1 Forums et ateliers Éléments saillants Atelier n 9 : Faire réseau : pourquoi? Comment? Animateur : Johan CHANAL, Carrefour des Pays Lorrains Intervenante : Sarah BOYRIE, présidente de l'association des agents de développement local d'aquitaine (AADELA) Rapporteur : Marion POLIER, CRDSU Secrétaire : Laurence GERVAIS, ARDL PACA Préambule Les participants se sont essentiellement exprimés sur leur manière de faire et de vivre leur réseau. La question de l opportunité de «faire réseau» au sein de la grande «famille» des développeurs territoriaux, objectif affiché du congrès, n a pu être approfondie faute de temps. Les participants se sont révélés être pour moitié des acteurs impliqués dans des démarches de mise en réseau d acteurs du monde économique et pour une autre moitié impliqués dans des démarches plutôt ciblées sur l implication des citoyens dans la gouvernance de projets, voire d institution. La majorité appartenait à des établissements publics ou assimilés (GIP, syndicat mixte, collectivité, chambre consulaire). A. Résumé des problématiques et questions qui se posent La création d un réseau est un élément important pour une profession. Elle permet notamment de sortir les agents de l isolement et de leur permettre de partager les bonnes pratiques. Il existe plusieurs sortes de réseaux de professionnels à l échelle nationale ou régionale : certains sont des réseaux militants, d autres sont plutôt des centres de ressources. Quelles distinctions, voire quelles complémentarités, existent entre réseau de professionnels et centre de ressources? Quels sont les besoins des développeurs territoriaux en la matière (transmission de culture commune, conseils individuels, formulation politique, échanges de pratiques )? Comment les organiser ou les renforcer? Quelles sont les missions qu un réseau doit se donner à minima ainsi que les fonctions qu il doit intégrer pour réussir? B. Résumé des expériences présentées illustrant ces problématiques et questions posées Une seule présentation d expérience était prévue dans le cadre de cet atelier. Néanmoins, nous avons eu des échanges assez fournis sur les rôles et missions de l ARADEL, qui pourrait dès lors constituer une expérience à part entière en complément des éléments présentées par l AADELA, notamment sur la dimension formation et offre de services aux professionnels. L AADELA, retour aux origines pour le réseau de professionnels du développement des territoires aquitains - Sarah Boyrie, présidente de l'association des agents de développement local d'aquitaine (AADELA) et chargée de mission au Pays Adour Landes Océanes L AADELA est une association d agents de développement local créée à l initiative de militants de la première heure (années 80) à une époque où les métiers du développement local étaient encore

2 émergents et peu reconnus. L idée de se regrouper entre professionnels avait donc pour première ambition de faire reconnaitre et même parfois défendre ces nouveaux métiers. Au fil du temps, l AADELA s est plutôt donner pour mission de réfléchir et travailler sur les évolutions des métiers en gardant comme fil rouge la logique de mise en réseau de professionnels, tout territoire confondu, y compris en intégrant des agents de collectivités. Dès lors, l association a permis à ses membres d horizons divers de mieux se connaitre, de partager leurs pratiques au quotidien. Les échanges portant plus sur des apports méthodologiques que thématiques. L AADELA a malgré tout également construit des temps de formation-action sur des problématiques particulières et partagées par ses membres (par exemple sur les questions foncières ou encore le développement touristique). En parallèle de ce réseau de professionnels, s est crée dans les années 2000, un centre de ressources à destination des territoires d Aquitaine (Pays et Quartiers d Aquitaine - PQA) disposant d une ingénierie importante permettant de remplir, avec plus de moyens, certaines missions que se donnait jusqu alors l AADELA. L AADELA restant une structure composée et animée par des bénévoles, elle souffre comme beaucoup d association de difficultés de mobilisation de ses membres dans la durée. Si la question de la poursuite ou non des activités de l association s est posée, notamment face à la création du centre de ressources, l AADELA envisage son rôle plutôt en complément de celui de PQA dont la mise en réseau de professionnels n est pas la mission principale. L AADELA souhaite dès lors recentrer ses missions sur le cœur de métier d agent de développement, c'està-dire accompagner les porteurs de projet sur le terrain et favoriser l échange de pratiques. Par ailleurs, compte tenu des recompositions territoriales et des évolutions des politiques publiques fragilisant les logiques territoriales de projet, l AADELA souhaiterait également revenir à ses missions d origine de représentation et d interpellation de la puissance publique sur les métiers du développement local, devenu territorial. Cette mission suppose toutefois de disposer de personnes disponibles et reste donc encore à reconstruire. L AADELA se qualifie donc aujourd hui comme un «réseau en sommeil» même si certaines actions proposées par l association, comme le voyage d étude pour les nouveaux arrivants, ont montrés leur efficacité en termes de mise en relation facilitée et accélérée entre professionnels. Malgré des interrogations profondes sur le bien fondé de poursuivre ses missions, les membres de l AADELA en la personne de sa présidente, restent malgré tout convaincus du besoin et de l utilité des échanges entre pairs, même d environnements institutionnels et territoriaux différents. Cette mission d interrelation justifie donc à elle seule que l AADELA continue de faire réseau entre acteurs des territoires d Aquitaine. C. Constats qui font consensus POURQUOI? POUR QUI? Réseau de personnes ou de structures? De militants ou de techniciens? Simple offre de services ou dynamique collective?

3 Au fil des discussions, il est apparu nécessaire de préciser les contours de ce qu un réseau représentait pour les uns ou pour les autres car la confusion entre «réseau» et simple «association» d acteurs ou de structures a été plusieurs fois relevée. Par ailleurs, il existe de nombreux types de réseaux avec des tailles, des natures et objectifs différents. Néanmoins, il convient pour les participants de distinguer les réseaux de professionnalisation de ceux d interpellation. «Un réseau, c est échanger, partager, capitaliser et essayer de faire mieux» Le réseau, par l échanges de pratiques et le partage d informations, permet aux professionnels de se connaitre et se faire connaitre ; de résoudre des difficultés ou gagner en efficacité simplement par l échange de méthodes ou d outils ; de valoriser ses actions et celles de son territoire ; de se former collectivement, mais aussi de prendre du recul sur ses pratiques en réinterrogeant le sens de son action et les valeurs qui la sous-tende. «Le réseau produit de l interconnaissance et de la connaissance» En être ou ne pas en être? Parfois, le développeur territorial se sent seul : «Le réseau c est la bouée de sauvetage qui nous tient hors de l eau» La rencontre entre pairs permet non seulement à titre individuel de rompre un certain isolement parfois ressenti par quelques uns ; mais aussi de construire ou renforcer un sentiment d appartenance à une famille d acteurs, à des valeurs, à une histoire Certains réseaux se construisent à l initiative des membres. D autres sont à l initiative de la puissance publique. Les logiques diffèrent tant dans les finalités que dans les modalités de fonctionnement. Dans un cas comme dans l autre, le réseau permet de gagner en visibilité, d assoir une certaine légitimité acquise ou à conquérir. «Il permet de faire poids face à d autres acteur (décideurs notamment)». Réseau versus centre de ressources Les fonctions d un réseau sont parfois mises en miroir avec celles d un centre de ressources. Comme dit précédemment, le réseau, par la réunion de personnes ou de structures autour d un objectif commun, permet de porter une parole collective, de remplir des fonctions de représentation qu un centre de ressources peut relayer mais non porter. Le centre de ressources propose plutôt des services, apporte de l information. Il est ainsi un outil de travail des réseaux mais ne peut s apparenter à un réseau proprement dit (même s il peut en assurer l animation). En revanche, les réseaux et centres de ressources partagent une fonction de formation qui les rapprochent et sur laquelle ils peuvent être complémentaires (de l identification des besoins de formation à la réalisation proprement dite). COMMENT? Formel ou informel? Virtuel ou physique? Usine à gaz ou souplesse? La question de la formalisation d un réseau s est posée très rapidement dans les échanges avec des débats (non tranchés) entre les avantages et inconvénients de structurer de manière formelle, voire juridique, un réseau. Pour les uns, l institutionnalisation produit une perte de créativité, d initiative et de mobilisation des membres, en focalisant notamment la majorité des fonctions sur la ou les personnes en charge de l animation. A l inverse, d autres voient la formalisation comme un moyen pour les membres de clarifier les rôles de chacun mais aussi de «prendre ce qu il veut sans pour autant avoir de contraintes».

4 Enfin, un exemple de collectif de citoyens camerounais, nous montre qu une structuration poussée à l extrême (instances de gouvernance à plusieurs niveaux de responsabilité, circuits d information et d échanges multiples, ) permet de renforcer la visibilité de la structure et de garder les membres mobilisés dans la durée. Par ailleurs, si l utilité des outils TIC a été mise en avant à plusieurs reprises notamment pour faire vivre le réseau par la mise en relation des membres et la mise à disposition d information régulières, tous s accordent pour noter l importance de la rencontre physique, préalable nécessaire à la constitution d un réseau et facteur important de mobilisation dans la durée une fois le réseau constitué. «Un réseau, c est comme le feu, quand on le met en route il faut l entretenir et le suivre car sinon soit il fait du dégât, soit il s éteint» Chacun s accorde pour montrer tout l intérêt d un réseau pour rompre l isolement des professionnels, enrichir les réflexions par l échange de pratiques, disposer d information et de ressources, etc Pourtant, tous partagent, on l a vu plus haut, les difficultés de mobilisation des membres, notamment dans la durée. La communication, par différentes voies, notamment la mise en place de rendez vous réguliers apparait donc comme primordiale. L exemple du collectif de citoyens camerounais est à ce titre exemplaire en multipliant les sources de communication à disposition de ses membres : des personnes ressources disponibles au quotidien pour répondre aux sollicitations ; des rencontres régulières pour le suivi des actions ; le partage systématique et la transparence des décisions ; un journal dédié ainsi qu un site web. Un réseau pour gagner du temps ou en perdre? La question du temps accordé aux membres d un réseau pour le réseau est récurrente parmi les difficultés rencontrées par les personnes en charge de l animation. Le réseau apparait encore pour certains comme une perte de temps ou du moins une activité accessoire qui relève même parfois du temps extraprofessionnel. Pourtant, le réseau est bien considéré par tous comme un moyen de «gagner du temps», d élargir son cercle d interlocuteurs, d affiner sa connaissance d un territoire et d une problématique, etc. qui doit faire partie intégrante de l activité, au même titre que le développement par exemple. D. Les propositions 1. qui relèvent des pouvoirs publics, des structures employeuses et des acteurs de la formation Propositions formulées aux pouvoirs publics (ex : aspects législatifs, réformes ) Reconnaitre l utilité, l intérêt des logiques de réseau dans la recherche d un meilleur maillage du territoire, de construction de coopération entre acteurs publics et/ou privés, de transversalité des politiques publiques, de mutualisation de moyens, etc. Soutenir financièrement de manière plus affirmée les fonctions d animation de réseau, dans leur globalité plutôt que par projet. Propositions formulées aux organisations employeuses Changer de regard sur l utilité de dédier du temps à la mise en réseau, notamment en reconnaissant ce temps comme partie intégrante du temps de travail, de l activité.

5 Propositions formulées aux acteurs de formation Construire avec les acteurs une offre de formation adaptée aux différents métiers sur notamment: o Les outils collaboratifs numériques o L animation de dynamique collective 2. qui relèvent des acteurs professionnels eux mêmes individuellement (savoir faire et savoir être) Changer de regard sur l utilité de dédier du temps à la mise en réseau, notamment en reconnaissant ce temps comme partie intégrante du temps de travail, de l activité. Prendre part, jouer le jeu du collectif ou à minima «prendre sa part» dans la vie du réseau en étant réellement acteur et non pas simple observateur ou consommateur 3. qui relèvent des acteurs professionnels collectivement (ex : charte, organisation entre professionnels, nouvelles formations) Sensibiliser/Démontrer l utilité, l intérêt des logiques de réseau dans la recherche d un meilleur maillage du territoire, de construction de coopération entre acteurs publics et/ou privés, de transversalité des politiques publiques, de mutualisation de moyens, etc. Distinguer les fonctions qui relèvent de l animation de celles qui relèvent des missions que se donnent collectivement les membres d un réseau : «un réseau ne peut fonctionner sans animation mais l animation ne fait pas le réseau» Mieux exploiter les outils TIC de mise en réseaux pour faciliter la circulation d informations et les échanges tout en conservant d autres moyens d échanges comme les rencontres physiques régulières : «l outil ne fait pas le réseau» et ce type d outils fonctionne plutôt une fois le réseau constitué. Rester vigilant quand se pose la question de la formalisation d un réseau : rechercher des formes hybrides qui permettent à la fois de clarifier les rôles et missions de chacun, d affirmer des valeurs, tout en laissant place à l innovation et à l ouverture. Contacts et Renseignements : Collectif Ville Campagne : Mylène Thou - mylene@installation-campagne.fr Unadel : Stéphane Loukianoff sloukianoff.unadel@orange.fr Site internet du congrès: