Autorretrato en la frontera entre México y los Estados Unidos Frida Kahlo, 1932

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1 Autorretrato en la frontera entre México y los Estados Unidos Frida Kahlo, 1932 Huile sur métal, dimension: 31 x 35 Peinture mexicaine de la première moitié du Xxème siècle Collection privée, Manuel Reyero, New York Tableau réalisé lors d'un séjour prolongé aux États-Unis qui a commencé en Après une commande réalisée en Californie, son époux Diego Rivera (peintre et muraliste mexicain engagé) est chargé de réaliser des murales à Détroit (1932_1933). Frida se sent seule et abandonnée d autant qu elle vient de faire une seconde fausse couche et a beaucoup de mal à se faire à ce pays qui fascine tant son mari. Ce tableau traduit en partie ce qu elle ressent dans le pays des «gringos» (terme péjoratif pour désigner les américains).

2 Le titre du tableau en quelques mots... L' autoportrait. Rappelons que Frida Kahlo a peint de nombreux autoportraits (55 sur 143 æuvres). La frontière. Elle est représentée par l'autoportrait du peintre qui sépare le tableau en deux parties (droite et gauche) : frontière géographique entre Mexique et Etats-Unis identifiables grâce aux 2 drapeaux présents. L artiste se représente à mi-chemin entre ces 2 pays, ces 2mondes, faisant un lien entre ces 2 univers si différents. La composition Très claire, elle s'organise de part et d'autre de l'autoportrait, divisant et opposant les parties gauche et droite du tableau : le Mexique et les Etats-Unis.

3 Mexique = Monde de la culture Éléments de l'histoire et de l'identité mexicaine : Une civilisation ancienne et riche Etats-Unis =Monde froid et artificiel Monde moderne et industriel «Jeune» nation - pyramide / temple aztèque les marches - usines Ford à Detroit (référence au mural commandé à Rivera à la gloire de l'industrie automobile) : cheminées crachant de la fumée, gratte-ciel de différentes hauteurs = temples des temps modernes - le soleil et la lune : représentations des divinités aztèques, de la dualité (opposition et complémentarité) : jour / nuit, féminin / masculin, vie / mort, du cycle de la vie - nouveaux dieux : industriels, banquiers - nuages «vrais» - nuages de fumée provenant des usines = pollution, puissance industrielle

4 - statuettes précolombiennes de la fécondité (rondeurs des formes) - machines étranges et inquiétantes, qui ressemblent à des bétonnières en métal (forme arrondie mais froideur, espèce de long bras : manque de maternité???) - Calavera, symbole aussi du cycle naturel et inévitable de la vie Vie de Frida marquée (son accident, ses douleurs, ses fausses couches) - terre fertile : racines et fleurs luxuriantes des paysages mexicains (présentes dans nombreuses œuvres) - câbles et machines électriques - couleurs chaudes de la terre, de la nature (produits de la création humaine) - couleurs froides : gris, bleu, orange agressif - drapeau mexicain - drapeau des Etats-Unis dans les nuages de fumée Vie / monde naturel = dualité (jour/nuit, mort/vie), cycle de la vie Sans vie / monde artificiel, stérile

5 - lignes horizontales (sentiment de sécurité) - lignes verticales (sentiment d'insécurité / le corset porté par Frida???) Position centrale de Frida Debout sur un socle où elle a inscrit «Carmen Rivera peint son autoportrait, année 1932», Frida se présente ici comme l'épouse de Diego Rivera (et non pas comme artiste à part entière). L'artiste ne fait pas mention de son prénom usuel d'origine allemande Frieda ou Frida, elle utilise son deuxième prénom Carmen et revendique ainsi sa mexicanité. Elle se représente comme une statue, le port altier, le visage légèrement tourné vers la gauche, vers le Mexique dont elle tient le drapeau dans la main gauche. Son pays, ses racines, sa culture qu'elle porte haut et fort dans de nombreux tableaux. Ici sa tenue plus classique (elle porte des gants, une robe longue rose) s'oppose avec les costumes traditionnels tehuana qu'elle a l'habitude de porter, seuls le collier et sa coiffure

6 y font référence. La Mexicanité revendiquée ici souligne que l'artiste n'appartient à ce monde nord-américain. Dans la main droite, une cigarette (américaine?) un attribut des femmes modernes de l'époque. Cette position centrale du peintre organise la composition du tableau en séparant ces 2 mondes opposés et différents. Elle traduit aussi les sentiments ambivalents de Frida : Admiration pour le progrès industriel MAIS œil critique face à la société américaine (opposition des classes, misère, etc...) Découverte de l'autre monde : curiosité, attirance et rejet Nostalgie de son pays Malaise dans le «gringolindia», «El gringurío no me cae del todo bien», «son gente muy sosa y todos tienen la cara de bizcochos crudos». Idéaux politiques : Frida / le communisme, EEUU / le capitalisme Cela peut aussi renvoyer à la double origine de Frida : sa mère mexicaine et métisse, son père un allemand immigré de confession juive. Néanmoins, le socle sur lequel se tient Frida est relié par une prise électrique à un générateur dont les câbles s'enfoncent dans le sol et fusionnent avec les racines des fleurs et plantes côté mexicain, comme s'il tirait son énergie de la terre mexicaine. Frida semble donc puiser de l'énergie de ces 2 univers, mais bien droite sur ses 2 jambes et fière, elle semble avoir trouvé sa propre voie entre le passé et l'avenir, la tradition et le progrès : force de l'histoire et de la culture / «profit» du progrès. Elle rejoint en cela les principes des croyances aztèques : chaque élément cohabite, vit avec son contraire (vie/mort, lune/soleil, etc...) Dans cet autoportrait Frida exprime sa complexité et ses vérités, comme le font les autobiographes, et comme elle l'a fait dans la majorité de ses tableaux. Elle y peint sa vie, son histoire personnelle et sa culture (faune et flore typiques, us et coutumes, costumes traditionnels avec ses tenues de Tehuana)

7 On pourra évoquer 2 tableaux peints à la même époque : Hospital Henry Ford o Frida y el aborto, 1932 Huile sur métal 31x39 cm Collection Dolores Olmedo Pitaña, México City México Mi vestido cuelga allà, 1933 Collage sur huile sur masonite 46x55 cm Galerie Hoover, San Francisco, Californie États-Unis On retrouve ici la dualité entre la mexicanité de la robe traditionnelle Tehuana suspendue là sur un fil et le décor urbain,moderne et industriel de New York. Tehuana Diego en mi pensamiento, autorretrato como tehuana, 1943 Huile sur toile 76x61 cm, Collection privée

8 On peut retrouver la même composition : 2 espaces opposés ou séparés dans d'autres tableaux de Frida Kahlo. Citons par exemple : Las 2 Frida, 1939 Huile sur toile, 173x173,5cm Museo de Arte moderno México Árbol de la esperanza mántente firme, 1946 Huile sur masonite, 55,9x40,6 Collection Isidore Ducasse France Mis abuelos, mis padres y yo, 1936 Huile sur métal, 30,7x34,5 Musée d'art Moderne, New York États-Unis