Juin La fluorine N 106

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1 Juin La fluorine N 106

2 Revue d'information d'expression française en sciences de la Terre sous le patronage du Comité national français de géologie. Coéditée par la Société géologique de France et le BRGM. Sommaire Numéro 106, juin 2008 Edito Fluorine sur quartz, 6 x 2,7 cm, filon du Beix (Puy-de-Dôme), coll. J.-P. Boulay, photo L.-D. Bayle Rédacteur en chef : Rédacteurs adjoints : Comité de direction Daniel Raymond Jean Féraud Jacqueline Lorenz Directeur de la publication : Jacques-Marie Bardintzeff Secrétaire de rédaction : Nicole Santarelli Trésorier de la coédition : Daniel Obert Représentant du BRGM : Michel Villey Représentant de la SGF : Patrick De Wever Prochaines manifestations Echos des manifestations Actualités Carnet Dossier Analyses d ouvrages Comité de rédaction Raymonde André-Jehan, Pascal Barrier, Marie- Madeleine Blanc-Valleron, Bernard Bonin, Philippe Bouysse, Jean Gaudant, Maurice Jacqué, Jean Labourguigne, Philippe Lagny, Jacques Lambotte, Cécile Lamey-Zimmermann, Yoann Lenechet, Jean-Claude Michel, Michel Millet, Jean-Claude Roux, Pierre Soléty, Catherine Viaux. Correspondants Dominique Darmendrail, Jean-Paul Deroin, Pierre Duffaut, Pierre Laville, Jean-Claude Miskovsky, Pierre Nehlig, Jean Ricour, Jean- Jacques Risler, Jean Taborin. Administration Revue fondée en 1982 par Geneviève FAURY, Claude LORENZ et Claude MEGNIEN Siège : Maison de la Géologie 77, rue Claude Bernard, Paris ISSN : CPPAP n 0109 G Dépôt légal : mars 2007 Feuilles de style : BL Communication Tirage à exemplaires Impression Capitale 91, rue du Faubourg Saint-Honoré Paris Publication trimestrielle Prix du numéro: 13 e Structure rubanée du filon de fluorine de Maurevieille (Alpes-Mmes) ; largeur du filon : 1,5 m. Photo J. Féraud Régie publicitaire et abonnements : Société géologique de France 77, rue Claude-Bernard, Paris - Tél. : C.C.P : SGF Paris N Le prochain numéro paraîtra en septembre La date limite d envoi des informations (très condensées) est fixée au 1 er août. Les opinions exprimées dans les articles de cette revue n engagent pas Géochronique. Adresse électronique pour contacter Géochronique : accueil@sgfr.org

3 Géochronique n 106 EDITORIAL La présence d un éditorial dans ce numéro de Géochronique peut paraître surprenante. En effet les éditoriaux sont habituellement l occasion de rappeler ou de souligner des événements particuliers touchant une revue. Or Géochronique, magazine des géosciences d expression française, fondé en 1982, poursuit depuis cette date sa diffusion et est partout apprécié. Donc pourquoi un éditorial? Simplement parce qu il nous a paru souhaitable de rappeler au lecteur les raisons de cette réussite et l originalité de cette revue. Fruit d une active collaboration entre les membres de ses comités de direction et de rédaction qui réunissent des personnes d horizons très divers, professeurs d université et d enseignement secondaire, ingénieurs géologues du BRGM ou d écoles des mines, pétroliers et ingénieurs de l ex «Service des mines», creuset riche en idées et propositions, Géochronique met à la disposition de ses lecteurs une documentation sur les géosciences de grand intérêt et variée. De grand intérêt car les articles, de haut niveau scientifique, émanent de spécialistes qualifiés, experts dans leurs domaines de compétence ; variée car les thèmes choisis sont effectivement très divers. Bien entendu il ne saurait être question ici de faire l historique des sujets traités, mais il y a lieu de souligner le souci du comité de rédaction d aider le lecteur, chaque fois que cela est possible, à mieux interpréter les faits d actualité. C est ainsi que la pollution a fait l objet de numéros tels que «Les eaux souterraines», «Le Radon» ou «Les stockages souterrains» ; les risques naturels des numéros tels que «Les volcans» ou «Les risques sismiques». Le choix des thèmes ou des sujets en fonction de l actualité n est pas la seule raison du succès de Géochronique. Ce serait un grave oubli que de ne pas mentionner le rôle des lecteurs eux-mêmes. Ceux-ci ont toujours été invités à proposer au comité de rédaction des articles d intérêt commun. Des comptes-rendus d événements locaux sont toujours les bienvenus. Géochronique offre ainsi une possibilité de co-rédaction, bien entendu aux spécialistes des sciences de la terre, mais aussi aux associations scientifiques et aux amateurs dont le rôle est loin d être négligeable dans le rayonnement de cette discipline. Enfin il ne saurait être question de clore ces quelques lignes sans rappeler que la réalisation de Géochronique, telle que ses créateurs Geneviève Faury, Claude Lorenz et Claude Mégnien l ont conçue, n a été possible jusqu à ce jour que grâce à l aide et à la collaboration de la SGF et du BRGM, dont le personnel, ingénieurs et secrétaires, n a pas ménagé son temps et son énergie pour assurer la diffusion de cette revue. Qu il en soit ici remercié. Pour la rédaction, Jacques LAMBOTTE 1

4 Prochaines manifestations Renseignements : voir CONGRÈS PALYNOLOGIQUE CONFÉRENCE PALÉOBOTANIQUE Bonn (Allemagne) - 30 août au 6 septembre 2008 Pour la première fois de leur histoire, le Congrès palynologique international (IPC-XII 2008) et la Conférence internationale de paléobotanique (IOPC-VIII 2008) tiendront leurs réunions ensemble, tenant symposiums et sessions communes. Des conférenciers invités donneront des présentations intéressant les deux domaines, et l enregistrement commun aux deux manifestations permettra de passer librement d une session spécialisée à l autre. Cinquante-quatre sujets de sessions ont été identifiés qui couvrent tous les domaines de la palynologie et de la paléobotanique. Les excursions suivantes sont proposées avant les congrès : - sites classiques en paléobiologie végétale en Allemagne centrale (Musée de Halle, Kupferschiefer, Buntsandstein, Crétacé, Eocène), du 25 au 29 août ; - Quaternaire des montagnes du Harz, du 26 au 29 août ; - flore interglaciaire des travertins de Thuringe, du 26 au 29 août ; - Dévonien inférieur du bouclier rhénan (28 et 29 août) ; - Carbonifère supérieur et Permien du Rotliegend de Saxe et de Thuringe (25 au 29 août). Après les congrès, on pourra visiter : - le Carbonifère d Allemagne du nord-ouest (6 au 10 septembre) ; - les sites paléogènes et néogènes d Allemagne orientale (6 au 11 septembre) ; - les sites classiques fossilifères des Lägerstatten d Allemagne du sud, de Suisse et d Italie. ICHNIA 2008 Cracovie (Pologne) - 1 au 5 septembre 2008 Ce second congrès consacré aux traces fossiles a pour objectif : - de présenter les principaux progrès réalisés ces dernières années dans le domaine de l ichnologie des vertébrés et des invertébrés ; - de faire progresser l unification de nomenclature dans tous les domaines de l ichnologie ; - de permettre, en réunissant les spécialistes, de promouvoir les collaborations en ichnologie ; - de visiter enfin les meilleures localités ichnologiques en Pologne centrale et méridionale. A cet effet, les excursions suivantes sont proposées : - trois jours (29 au 31 août) dans les montagnes de Sainte- Croix en Pologne centrale (Cambrien à Jurassique) et traces de fouisseurs dans les roches côtières miocènes ; - journée du 3 septembre dans les environs de Cracovie ; - trois jours (6 au 8 septembre) dans les Carpates de Pologne méridionale : traces fossiles dans les sédiments turbiditiques et pélagiques du Crétacé et du Paléogène. CALENDRIER Dorénavant, le calendrier complet des manifestations et les renseignements complémentaires les concernant sont transférés sur le site VARIATIONS DU NIVEAU MARIN Londres (Royaume-Uni) 1 et 2 septembre 2008 Cette manifestation de la Société géologique de Londres est organisée à l occasion de la conférence annuelle «William Smith» et concernera l étude des variations passées et actuelles du niveau marin, en vue d améliorer nos prévisions sur les changements à venir. Outre la présentation du conférencier invité (Jerry Mitrovica, de l université de Toronto), quatre sessions traiteront : - des changements à l échelle millénaire ; - des changements à l échelle pluiridécennale à centenaire ; - des suivis par satellite ; - de la prédiction des changements futurs. 2

5 Prochaines manifestations GÉOLOGIE ET GÉOMORPHOLOGIE FLUVIALES Budapest (Hongrie) - 3 au 7 septembre 2008 La réunion du groupe FLAG (Fluvial Geology and Geomorphology) se tient tous les deux ans et est consacrée aux rivières alluviales. Dans ce domaine qui relève des études environnementales, les sessions thématiques suivantes sont proposées : - contrôles tectoniques et climatiques sur la sédimentation fluviale ; - modélisation du budget sédimentaire, comparaison entre modèles et données ; - reconstruction des paysages fluviaux du passé ; - effets anthropogènes sur les systèmes fluviaux : risques environnementaux, gestion de l eau. L excursion (du 5 au 7 septembre) visitera les rives du Danube aux environs de Budapest, le cône alluvial de Sajo-Hernad, la vallée de la rivière Tisza, et le bassin de Körös. COMMISSION SISMOLOGIQUE EUROPÉENNE Hersonissos (Crète, Grèce) - 7 au 12 septembre 2008 La 31 e assemblée générale de cette branche de l IUGG (International Unionj of Geodesy and Geophysics) se tiendra autour d un programme scientifique en douze thèmes : - sismicité de la région Europe-Méditerranée ; - acquisition des données, théorie et interprétation ; - physique des sources sismiques ; - structure de la Terre interne ; - systèmes d alerte sismique ; - prédiction des séismes ; - ingénierie en zone sismique ; - sismologie non-instrumentale : méthodes, résultats, évaluation ; - tsunamis ; - séismes récents significatifs ; - projets d infrastructures (NERIES) ; - séismes : protection civile et problèmes sociétaux. Des excursions à caractère touristique sont proposées avant, pendant et après la réunion. ECMOR-XI Bergen (Norvège) - 8 au 11 septembre 2008 La conférence ECMOR (European Conference on the Mathematics of Oil Recovery) est organisée par l EAGE (European Association of Geoscientists and Engineers) et a reçu le soutien de la SPE (Society of Petroleum Engineers). Elle est construite autour des thèmes suivants : - modélisation des réservoirs : modélisation géologique, structurale et stratigraphique, géochimie, caractérisation des réservoirs, géostatistique, intégration des données ; - modélisation physique : effets de surface et de capillarité, propriétés des fluides, récupération assistée, méthodes thermiques, compaction et subsidence, méthodes électromagnétiques et acoustiques, séquestration du CO 2 ; - méthodes de calcul ; - écoulements : analyse à niveaux multiples, surveillance des réservoirs, sismique 4D, analyses de risques, méthodes comparatives, optimisation (scénarios, localisation des puits, réseaux de surface, etc.). MINÉRALOGIE, PÉTROLOGIE ET GÉOCHIMIE EXPÉRIMENTALES Innsbruck (Autriche) 8 au 10 septembre 2008 Cette conférence internationale (EMPG-XII), qui a reçu le soutien de l Union minéralogique européenne, abordera les thèmes suivants : le noyau, le manteau, minéralogie et cristallographie, éléments traces et isotopes, équilibres en phase métamorphique, nouveaux développements des techniques expérimentales, physique et chimie des fluides et des verres ; solubilité des minéraux aux pressions et températures élevées, inclusions volatiles dans les matériaux géologiques, processus ignés, rhéologie et déformation. Insertions publicitaires Géochronique Tarifs /4 de page NB 220 EHT 1/2 de page NB 330 EHT 1 page NB 660 EHT 1 page couleur interne EHT 1 page couleur couverture EHT Pour une répétition de l annonce dans le numéro qui suit la première insertion, réduction de 50%. Les typons NB ou quadrichromie sont fournis par l annonceur au format souhaité, 21 jours avant la parution du numéro et accompagnés de leur règlement. Les typons peuvent être réalisés par l imprimeur sur modèle de l annonceur et devis préalable 45 jours avant la date de parution. Renseignements : Société géologique de France 77, rue Claude Bernard Paris Tél Fax Le tirage de Géochronique est de 3200 exemplaires. 3

6 Prochaines manifestations GÉOLOGIE ET GÉOPHYSIQUE ENVIRONNEMENTALES Cracovie (Pologne) 15 au 17 septembre 2008 Il s agit de la manifestation annuelle du groupe «Near surface» de l EAGE (European Association of geoscientists and engineers). Les sessions ont été organisées autour des sujets suivants : évolution récente des technologies (électriques, électromagnétiques, gravimétriques, sismiques) dans les différents environnements (prospection aérienne, puits, travaux d ingénierie, mines), applications aux sites archéologiques, applications diverses (génie civil, ressources géothermiques, recherche et protection de l eau, mines, permafrost et arctique, environnements industriels et miniers), détection et remédiation des pollutions, détection des cavités, reconnaissance des surfaces de glissement potentielles, gestion des risques naturels, étude des vibrations et de la séismicité induite, modélisation et inversion en géophysique. Le 14 septembre se tiendra un atelier consacré à l imagerie géophysique des contraintes dans les masses rocheuses, et le 18 une excursion sur les applications géophysiques dans une mine de charbon. HYDROPREDICT 2008 Prague (République tchèque) - 15 au 18 septembre 2008 Cette conférence interdisciplinaire s intéresse aux prédictions concernant la gestion des ressources en eau, l hydrologie et l écologie. L utilisation de modélisations mathématiques entend répondre aux questions suivantes : - où, quand et comment peut-on prélever l eau des rivières sans causer de dommages inacceptables aux zones humides? - quelles sont les stratégies à employer pour prélever l eau sans provoquer l intrusion d eau salée? - quelles sont les conditions hydrologiques requises pour un fonctionnement optimal des écosystèmes? - le changement climatique global diminuera-t-il les quantités d eau disponibles pour la production? Vingt et un thèmes ont été sélectionnés visant à la confrontation des données, de leur analyse et des modélisations qui en sont issues. GÉOLOGIE APPLIQUÉE À L INGÉNIERIE Madrid (Espagne) - 15 au 20 septembre 2008 La onzième conférence européenne de l Association internationale de géologie appliquée à l ingénierie aura pour thème «la ville et son environnement souterrain». Les sessions suivantes sont proposées : - nouvelles techniques de construction des tunnels en zone urbaine ; - interventions dans les zones historiques des villes : nouvelles méthodes d excavation et de soutènement à bas impact environnemental ; - risques géologiques en environnement urbain ; - gestion des déchets solides au voisinage des zones urbaines ; - matériaux susceptibles d évolution ; - éducation et formation à l ingénierie géologique. GEOMOD 2008 Florence (Italie) - 22 au 24 septembre 2008 La modélisation géologique, analogique et numérique, est devenue un outil stratégique pour lier observations et interprétations géologiques et pour améliorer notre compréhension en quatre dimensions de l évolution des structures géologiques. La conférence traitera entre autres : - de la rhéologie et de la déformation à grande échelle ; - des zones de subduction et de la dynamique du manteau ; - de la structure thermique, des zones d accrétion et des exhumations HP et UHP des zones de subduction ; - de la dynamique et de la cinématique des orogenèses et des chevauchements ; - de l extension lithosphérique : bassins d extension, tectonique salifère, inversions ; - des budgets sédimentaires des bassins ; - du couplage avec les processus de surface. Un atelier a été organisé pour la journée du 21. Il traitera des données numériques nécessaires à la simulation du comportement du matériel granulaire, de la recherche de nouveaux analogues, et de la quantification des propriétés mécaniques analogiques. Enfin, une excursion montrera, dans un transect des Apennins, plissements et chevauchements, déformations métamorphiques des Alpes apouanes et volcanisme de boue à la marge apenninique de la plaine du Pô. Cette manifestation est patronnée par l Année internationale de la Planète Terre. 4

7 Prochaines manifestations PÉTROLOGIE ORGANIQUE ET CHARBON Oviedo (Espagne) 21 au 27 septembre 2008 Les conférences internationales de l ICCP (International Committee for Coal and organic Petrology) et de la TSOP (Society for organic Petrology) se tiennent par tradition conjointement. Elles sont organisées cette année par l INCAR-CSIC (Istituto nacional del Carbon) espagnol. Les thèmes en sont : - progrès en pétrologie organique et en géochimie organique ; - pétrologie organique appliquée à l utilisation du charbon et de ses sous-produits ; - pétrologie organique dans le contexte des technologies du charbon propre ; - pétrologie organique et environnement. Une excursion est organisée le 27 septembre sur les affleurements côtiers du Jurassique asturien : argiles noires, roches mères, traces de dinosaures, muséum du Jurassique. LE QUATERNAIRE EUROPÉEN Rennes (France) - 22 au 26 septembre 2008 Même si le sous-titre de cette réunion «des côtes atlantiques à l intérieur du continent» vise à une échelle plus grande, le choix de la Bretagne, où journées de terrain et sessions scientifiques alterneront, est significatif. C est en effet une région critique où l on peut observer les relations entre séries marines et continentales tant sur ses côtes septentrionales que méridionales. Le lœss est aussi largement présent à l intérieur. L impact des compressions alpines et celui de l évolution du golfe de Biscaye peuvent être aussi démontrées. Tous ces facteurs ont contribué à l évolution géomorphologique des paysages. Les principaux thèmes traités seront : - interactions entre stratigraphie et archéologie en Europe occidentale ; - changements climatiques, stratigraphie et sédimentologie de l extrême occident européen ; - stratigraphie quaternaire circum-alpine et effets néotectoniques à distance ; - problèmes de datation des dépôts quaternaires ; - adaptation faunistique et florale durant le Quaternaire ; - stratigraphie terrestre et offshore en relation avec la Manche. Les excursions permettront de faire les comparaisons entre Bretagne du sud (Penestin) et du nord (Baie de Saint-Brieuc) et une coupe du lœss dans une falaise normande (Elbeuf). ÉVOLUTION? ÉVOLUTION! du 23 septembre 2008 au 18 mars 2009 La Société géologique de France, sous le label de l Année internationale de la Planète Terre, organise sous ce titre un cycle de conférences dans plusieurs villes françaises. Ces conférences s adressent à tous les publics y compris aux élèves des lycées et collèges. Depuis le début de l année 2007, un «Atlas de la Création» d Harun Yahya, dont le but de départ était d éradiquer de l enseignement turc l idée d évolution, a fait l objet, y compris en France, d une large distribution gratuite. Cette tentative de présentation du créationnisme en tant que discipline scientifique a fait l objet de nombreuses mises en garde : instances scientifiques, Ministère de l Education nationale, Conseil de l Europe. Aussi, la Société géologique de France et l Inspection générale de l Education nationale souhaitent réagir en organisant, avec le soutien d autres organisations scientifiques, les conférences «Evolution? Evolution!» qui permettront : - de rappeler les éléments scientifiques sur lesquels se fonde la théorie de l évolution et montrer que la science active discute des faits, et que son approche doit être non-partisane et itérative ; - d apporter des réponses à la rhétorique créationniste ; - de montrer que comprendre les mécanismes de l évolution est l une des clefs de l avenir de l humanité préoccupée par le devenir de notre planète et par suite de celui de la biosphère. Le programme comprendra : - l évolution, des faits aux modèles (André Schaaf, Strasbourg 1) ; - les fossiles, les interprétations désopilantes des créationnistes (Claude Babin, Lyon 1) ; - l «intelligent design» : nature et enjeux (Jean Dubessy, Nancy 1) ; - les stratégies des créationnistes et les contours des sciences (Guillaume Lecointre, MNHN) ; - chroniques terriennes des origines de l homme (Pascal Picq, Collège de France) ; - l évolution, fait, hypothèse ou théorie : le problème de l administration de la preuve dans les sciences historiques et son retentissement pour leur enseignement (Armand de Ricqlès, Collège de France). Les conférences auront lieu à Paris (23 septembre, MNHN), Strasbourg (16 octobre, université Louis Pasteur), Bordeaux (7 novembre, université Bordeaux1), Rennes (5 décembre, université Rennes 1), Lyon (27 février 2009, université Claude Bernard), Lille (16 mars 2009, université Lille 1). 5

8 Prochaines manifestations ARGILES D EUROPE CENTRALE Zakopane (Pologne) - 22 au 27 septembre 2008 Les MECC (Mid-European Clay Conferences) se tiennent environ tous les deux ans. Regroupant Croatie, République tchèque, Hongrie, Slovaquie et Pologne et avec l appui du DTTG (groupe des argiles d Allemagne, Autriche et Suisse), la quatrième édition souhaite étendre son invitation à tous les spécialistes d Europe et du reste du monde. Le programme scientifique comprend : - chimie cristalline, structure et synthèse des minéraux argileux ; - phyllosilicates et oxy-hydroxydes riches en fer dans les milieux terrestres, marins et extraterrestres ; - minéraux du groupe de la kaolinite ; - propriétés adsorptives, chimiques et physiques des argiles ; - hydrotalcites ; - les argiles comme outil d interprétation des processus géologiques ; - les argiles dans les sols ; - les argiles dans l industrie des hydrocarbures, dans les forages, dans les applications industrielles ; - interactions environnementales, barrières argileuses et gestion des déchets ; - géologie des argiles ; - l homme et les argiles : santé, histoire, environnement ; - les minéraux argileux comme nanomatériaux. Trois excursions sont proposées : dans la ceinture de Pieniny (klippe), dans le bassin flysch de Podhale, dans les monts Tatra. ACIDIFICATION DE L OCÉAN Monaco (Monaco) - 6 au 9 octobre 2008 Le symposium sur l acidification de l océan se tient tous les quatre ans. Le premier, à Paris à l UNESCO en 2004, a vu ses résultats scientifiques publiés dans un numéro spécial du Journal of Geophysycal Research. Le second est organisé par le Comité scientifique pour la recherche océanique (SCOR), la Commission océanographique internationale (IOC), le programme international «Géosphère- Biosphère» (IGBP) et l Agence internationale de l énergie atomique (IAEA). Il concerne aussi bien l acidification naturelle que les projets de stockage par injection de CO2 en mer profonde. Les communications par les conférenciers invités et contributeurs individuels porteront sur : - les scénarios de l acidification océanique ; - son impact sur les substances nutritives et la différenciation des métaux en milieu marin ; - le cycle du carbone dans l océan au passé, au présent et au futur ; - la paléochimie ; - les mécanismes de calcification ; - l impact de l acidification sur les calcificateurs benthiques et pélagiques ; - ses effets physiologiques, de la bactérie au poisson ; - adaptation et microévolution ; - conséquences économiques - les projets de séquestration du gaz carbonique. PATRIMOINE GÉOLOGIQUE Digne-les-Bains (France) 22 au 25 septembre 2008 Les quatrièmes journées nationales du patrimoine géologique s inscrivent dans le cadre de l Année internationale de la Planète Terre (AIPT), patronnée par l UNESCO. Elles ont pour vocation de réunir autour des acteurs de la protection et de la valorisation du patrimoine géologique, l ensemble du monde de la géologie. Le programme du colloque couvrira : - gestion durable du patrimoine géologique et développement économique ; - connaissance du patrimoine géologique : le point sur les inventaires régionaux ; - sensibilisation au patrimoine géologique - les aspects juridiques et légaux. Une excursion, les 26 et 27 septembre, permettra de découvrir trois réserves naturelles : les chaînes subalpines de Digne, les sites à œufs de dinosaures de la Sainte-Victoire et les gisements tertiaires du Lubéron. 6

9 Prochaines manifestations SÉQUESTRATION DU CO 2 Budapest (Hongrie) - 29 et 30 septembre 2008 Il s agit d un atelier de l EAGE (European Association of Geosientists and Engineers) sur un sujet d actualité. La réunion est organisée en sept sessions : - caractérisation et estimation de capacité des sites : première évaluation, modélisation, études locales ; - projets pilotes, études de cas ; - modélisation dynamique du stockage : période d injection, aquifères salins profonds, géomécanique des fluides, influence de la qualité du CO 2 ; - suivi du stockage : subsurface, suivi des puits ; - expérimentations naturelles et en laboratoire ; - critères de sécurité et évaluation des risques : intégrité des puits, impacts possibles sur les écosystèmes ; - modifications à apporter aux équipements existants pour accepter le CO 2 ; - règlementation européenne. DYNAMIQUE D UNE COLLISION CONTINENTALE JEUNE : L IRAN Paris (France) - 6 et 7 octobre 2008 Cette réunion spécialisée de la Société géologique de France est le fruit du travail d un groupe de l INSU-CNRS (Institut national des Sciences de l Univers) et de quatre organismes iraniens (IIEES, NCC, GSI et IGTU), avec le soutien de l Ambassade de France à Téhéran. Depuis 1997, ces partenaires étudient la structure et la déformation de l Iran avec pour objectif de comprendre certains mécanismes de la déformation continentale, de sa propagation et de sa distribution entre couverture sédimentaire, croûte fragile, croûte ductile et manteau lithosphérique. Le colloque sera l occasion de faire un premier bilan des résultats scientifiques acquis. CONGRÈS HYDROGÉOLOGIQUE Athènes (Grèce) 8 au 10 octobre 2008 Le huitième congrès international hydrogéologique, qui se tiendra en anglais, en grec et en français avec traduction simultanée a pour principaux thèmes, la liste n étant pas limitative : - l hydrologie du karst ; - l hydrologie des milieux continus ; - l hydrologie des roches fissurées ; - la gestion des ressources en eau ; - la géothermie ; - l hydrochimie ; - les méthodes géotechniques et l eau. Il sera l occasion d un atelier (MEM3) consacré à l hydrologie des roches fissurées. L excursion du 11 octobre examinera les problèmes d eau en Attique. CONTRAINTES Potsdam (Allemagne) - 15 au 17 octobre 2008 La carte mondiale des contraintes (WSM ou World Stresss Map) a été initiée en 1985 comme projet du Programme lithosphérique international (ILP). Elle est maintenant incorporée au programme scientifique du GeoForschungszentrum de Potsdam. La connaissance de l état des contraintes et de leurs relations avec les déformations est essentielle à des applications pratiques comme la stabilité des travaux souterrains, la productivité des champs d hydrocarbures, la connaissance des réservoirs géothermiques ou l évaluation du risque sismique. Les sujets traités dans cette conférence sont regroupés en trois thèmes : - observation : contraintes, structure et résistance de la lithosphère, techniques de mesure, observation des variations des contraintes dans le temps et dans l espace, influence de la structure géologique et rhéologique de la lithosphère sur le champ de contraintes ; - intégration des données : modélisation, processus dépendant du temps et de l échelle, évolution des contraintes avec la séismicité (états intersismiques, cosismiques et postsismiques), simulation de la propagation des fractures, de l écoulement des fluides et des variations de pression de pore ; - applications : géomécanique des réservoirs pétroliers et géothermaux, stabilité des travaux souterrains, gestion du risque sismique. La conférence a reçu l appui de l Union internationale de géodésie et de géophysique (IUGG) et ses résultats seront publiés dans un numéro spécial de Tectonophysics. 7

10 Prochaines manifestations REMOBILISATION DES SÉDIMENTS ET DES FLUIDES DANS LES BASSINS SÉDIMENTAIRES Londres (Royaume-Uni) - 21 et 22 octobre 2008 La remobilisation et l injection de boue et de sable est à la fois une réaction et un contrôle à la circulation des fluides dans les bassins sédimentaires. Ces processus sont encore mal connus, leurs effets diagénétiques le sont encore moins. Leur impact est important en exploration et en production pétrolière sur les sources, les migrations, les réservoirs, les couvertures, sans parler des risques techniques de hautes pressions en cours de forage. Cette conférence fera le point sur le sujet, la publication d un mémoire par la Société géologique de Londres est envisagé. CALCUL NUMÉRIQUE EN GÉOTECHNIQUE Skikda (Algérie) - 27 au 29 octobre 2008 L Algérie est confrontée chaque année à des problèmes géotechniques impliquant de graves conséquences humaines et financières. Des études efficientes sont de plus en plus nécessaires et cette réunion permettra de comparer expériences, connaissances et informations dans le domaine des techniques modernes de calcul en géotechnique. Les sujets principaux sont : - modélisation et comportement : sols et roches à problèmes, modèles constitutifs, implémentation numérique, problèmes de couplage, problèmes dynamiques, modélisation des milieux discontinus, interactions sol-structure ; - méthodes et techniques de résolution ; - modélisation numérique de cas réels : excavations et ouvrages souterrains, fondations, sols et pentes instables, soutènements, géoenvironnement, géotechnique urbaine. GÉOLOGIE AFRICAINE Hammamet (Tunisie) - 4 au 6 novembre 2008 Le 22 e colloque de géologie africaine et la 13 e conférence de la Société géologique d Afrique se tiennent conjointement. Le programme scientifique traitera en particulier - de l Année internationale de la Planète Terre ; - de la géodynamique africaine ; - des études de bassin et de l exploration pétrolière ; - des ressources minérales et du développement durable de l Afrique ; - des ressources en eau et en sols ; - de la paléoclimatologie et de l évolution humaine en Afrique ; - de la géochimie et de la chronologie ; - de la géophysique et des risques ; - de la télédétection ; - de la formation aux géosciences. AFFAISSEMENTS GRAVITAIRES SUR LES MARGES CONTINENTALES Londres (Royaume-Uni) 28 et 29 octobre 2008 Les affaissements gravitaires à grande échelle sont un mode de déformation et de transport de masse important mais mal connu des marges continentales. L imagerie sismique acquise au cours des vingt dernières années offre des images souvent spectaculaires de systèmes de déformation sur la plateforme externe et la pente continentale associant failles superficielles et chevauchements profonds. Les thèmes abordés couvriront : - la géométrie structurale ; - les taux et les échelles de déformation ; - les influences réciproques entre failles, plis et compactions horizontales ; - les interactions entre dépôt et déformation ; - le rôle respectif des glissements et des propagations gravitaires ; - les implications en géotechnique et en gestion des risques. 8

11 Echos des manifestations ASSOCIATION DES GÉOLOGUES DU SUD-OUEST : LES DEUX EXCURSIONS DE L AUTOMNE 2007 AU NORD DU BASSIN D'AQUITAINE En collaboration avec l Association des professeurs de biologie-géologie (APBG) de la région Aquitaine, l Association des géologues du Sud- Ouest a organisé deux excursions dans la partie nord du Bassin aquitain. Chaque excursion a rassemblé une vingtaine de personnes. Au cours de la première, les 29 et 30 septembre 2007, Didier Néraudeau de l université de Rennes a présenté avec talent l histoire de la transgression cénomano-turonienne dans la région de Rochefort. Cette transgression majeure glacio-eustatique est à mettre en relation avec un réchauffement climatique important, souvent considéré comme le moment le plus chaud du Phanérozoïque. L excursion a débuté à l Île Madame où peuvent être observées plusieurs unités du Cénomanien marin : calcaires bioclastiques à Orbitolines, calcaires à Rudistes et Préalvéolines, grès à Pycnodontes et Exogyres, calcaires à Ichtyosarcolithes Le groupe a mis aussi beaucoup d énergie (sans réussite) à rechercher des restes du Carentonosaure, un varan fossile du Cénomanien trouvé à l Île Madame. Photo du groupe devant l entrée d une carrière souterraine en sud-charente. Photo du groupe devant une falaise à l Île Madame. Le lendemain a été consacré à la découverte du Cénomanien continental dans le secteur de Tonnay-Charente. Plusieurs carrières permettent d observer de remarquables faciès sableux et argileux avec de magnifiques niveaux à ambre et à végétaux, dans un état de conservation surprenant. Didier Néraudeau a captivé une joyeuse troupe de géologues en leur faisant imaginer les milieux de dépôts de l époque. Merci à notre guide. Huit jours plus tard, les 6 et 7 octobre, Jean-Pierre Platel et Nicole Gourdon-Platel ont conduit une excursion sur «l Homme dans son environnement géologique» aux confins de la Dordogne et de la Charente. Cette excursion a été placée dans le cadre des premières manifestations de l Année de la Planète Terre. À partir de nombreux affleurements, nos guides nous ont présenté les formations marines carbonatées et les formations continentales qui se sont sédimentées entre -92 et -35 millions d années, depuis le Turonien jusqu à l Éocène. Chaque formation a été associée à une utilisation humaine, mêlant ainsi histoire et géologie. Ce fut un festival de sites dont cette région du Ribéracois est riche : carrières souterraines, habitats troglodytes, églises monolithes, églises romanes, dolmens Encore une des excursions très riches auxquelles Jean-Pierre et Nicole Platel nous ont habitués, accompagnée par un livret guide d une cinquantaine de pages avec de nombreuses illustrations et très complet. Un seul mot pour qualifier cette excursion : remarquable. Que 2008 nous apporte un lot aussi intéressant d excursions F. BICHOT 9

12 Echos des manifestations GROUPE FRANÇAIS D ÉTUDE DU JURASSIQUE (GFEJ) Les journées d étude du Groupe français d étude du Jurassique se sont tenues du 18 au 20 octobre 2007 sous la direction de Marc Floquet, Philippe Léonide et Didier Marchand, avec le soutien du laboratoire de Géologie des systèmes et des réservoirs carbonatés de l université de Provence. Le thème de ces journées portait sur la dynamique sédimentaire du Bassin sud-provençal, richement illustré par un livret-guide pédagogique très complet. Avec un enthousiasme communicatif et un solide argumentaire scientifique, Marc Floquet et ses élèves ont fait bénéficier la quinzaine de participants de leurs grandes compétences et de leurs riches expériences sur les affleurements, en commentant sur place les observations et les résultats des analyses tant pétrographiques que géochimiques. Ainsi, pour chaque coupe étudiée, les observations fines des macrofaciès sédimentaires et des microfaciès diagénétiques en lumière naturelle et en cathodoluminescence, souvent accompagnées par des données isotopiques, ont permis de reconstituer les paléoenvironnements dans un cadre paléogéographique cohérent. L ensemble a été replacé systématiquement dans une évolution séquentielle. La première journée a été consacrée à la belle coupe de la route menant de Gémenos au col de l Espigoulier par le ravin de Saint-Pons dans le secteur ouest du massif de la Sainte-Baume. Elle permet d étudier la série sédimentaire s étendant du sommet de l Hettangien au Callovien de l Unité de Roqueforcade. Les surfaces d érosion sont bien exprimées surtout au passage du Domérien au Toarcien et sont accompagnées pour chacune d entres elles par une séquence diagénétique intrinsèque corrélée à l échelle de la zone isopique, restituant ainsi une partie de l histoire géologique contemporaine de la lacune sédimentaire matérialisée par la surface d érosion. Mais le plus remarquable est la présence de mud -mounds à stromatactis et à spicules qui accidentent les couches de l Aalénien supérieur, témoignant du passage d une plateforme distale à une sédimentation marno-calcaire de bassin. La reconstitution de l environnement de dépôt, de la diagenèse associée et de la déformation du mud -mound sous son propre poids, a été clairement illustrée et magistralement démontrée sur place. La deuxième journée consistait à étudier la sédimentation des domaines centro-oriental et nord-oriental du bassin sud-provençal. La route menant de Cuers à Brignoles recoupe les séries s étendant du Rhétien au Bajocien du premier domaine. Au col de la Bigue, l Hettangien de la formation dolomitique de Saint-Pons présente de spectaculaires déformations syn-sédimentaires engendrées par des effondrements suite à la dissolution d évaporites. Les discontinuités à la base et au sein du Carixien, à la base du Toarcien ainsi que celles dans l Aalénien, ont été précisément étudiées avec leur séquence diagénétique intrinsèque permettant de connaître la succession des paléoenvironnements au cours de chaque lacune de sédimentation. De même, la coupe du lac de Carcès, située à proximité du haut-fond du moyen Verdon, renferme les discontinuités du Carixien et de la base du Toarcien. Les séquences diagénétiques intrinsèques de cette coupe peuvent être comparées avec celles des autres coupes du Bassin sud-provençal. L architecture en trois dimensions du bassin et l évolution de son remplissage au cours du Lias et du Dogger sont naturellement déduites de ces observations. La troisième journée a été consacrée à l étude détaillée de la série sédimentaire du Malm de la calanque du Défens à l ouest de Bandol et de la Madrague de Mont Redon, au sud de Marseille. Cette puissante série carbonatée, monotone en apparence, révèle une richesse extraordinaire de faciès sédimentaires et diagénétiques, pour celui qui sait les décrypter. C est bien là tout le talent de Marc Floquet et de son équipe d avoir minutieusement observé les nombreuses séquences élémentaires de haute fréquence montrant une évolution d un milieu subtidal à un milieu supratidal émergeant, avec toutes les diagenèses associées. L ensemble renferme localement de spectaculaires brèches d effondrement et surtout de remarquables structures stromatolithiques dans la formation de la Madrague de Montredon. Du fait même de la haute qualité des interventions sur les coupes judicieusement choisies, les événements géodynamiques, climatiques et océanographiques du Bassin sud-provençal, déduits des nombreuses observations, sont naturellement replacés dans le contexte du rifting téthysien au Lias et au Dogger, puis du rifting atlantique au Malm. Un grand merci à Marc Floquet et à toute son équipe, pour ces très belles journées d étude, inscrites sous le sceau d un contenu scientifique dense, baignées dans une atmosphère chaleureuse et conviviale. J.-P. GELY 10

13 Actualités ENCELADE : UNE NOUVELLE ÉNIGME AUTOUR DE SATURNE Encelade est l un des satellites moyens de Saturne ; d un diamètre de 500 km, il tourne autour de la planète à une distance d un peu moins de km. C est l un des objets les plus brillants du Système solaire ; constituée de glace d eau, sa croûte possède en effet un albedo proche de 100% qui entraîne, outre sa brillance, une température de surface très basse (-200 C). La rareté et la petite taille des cratères d impact indiquent un resurfaçage notable dans un passé géologique récent. En particulier, un réseau de failles - appelées «rayures de tigre» - s échappe du pôle sud du satellite. Photographiées et observées en détail par la sonde Cassini, ces failles révèlent une température d une centaine de C supérieure à celle de l essentiel de la surface et une émission de jets de vapeur semblables à des geysers. Lors d un passage de Cassini proche du satellite en mars dernier à une distance de 200 km, ces jets ont été échantillonnés par le spectromètre de masse embarqué sur la sonde. La température élevée et l abondance de particules de glace mélangées à la vapeur d eau laissent penser que les geysers proviennent d une poche d eau souterraine semblable au lac sous-glaciaire Vostok en Antarctique. En plus de la vapeur d eau, les jets renferment du monoxyde et du dioxyde de carbone ainsi que des quantités notables de matériaux organo-chimiques ressemblant à ceux déjà identifiés dans les comètes. Les scientifiques de la mission proposent que l existence d eau liquide à l intérieur d Encelade et la présence de molécules organiques aient une implication majeure sur de futures études des possibilités de vie dans le Système solaire externe. Si une forme de vie existait sur Encelade, elle se développerait sans photosynthèse et sans oxygène. Comme celle qui aurait débuté sur Terre il y a plus de trois milliards d années dans une «soupe primordiale» ou au fond des océans archéens? P. SOLÉTY Les «rayures de tigre» au voisinage du pôle sud d Encelade. Crédit NASA (mission Cassini-Huyghens) Voir le site Internet : GÉOLOGIA 2008 Le village des géosciences En 2008, l École nationale supérieure de géologie, issue de l Institut de géologie appliquée de Nancy fondé en 1908, célèbre son 100 e anniversaire. Pour fêter cette date importante, et dans le cadre de l Année internationale de la planète Terre, l école a souhaité faire découvrir les métiers des géosciences, leurs évolutions récentes et la place qu ils occupent dans notre quotidien. Elle installe à cet effet du 25 au 27 septembre, sur la place Carnot à Nancy, un village baptisé Géologia Cette manifestation d envergure nationale, qui s inscrit dans la lignée des grands centres de culture scientifique et technique, proposera au public de découvrir, sur plus de m 2, l univers passionnant des métiers liés à la planète Terre. Espace vivant, coloré et interactif, Géologia 2008 invitera les visiteurs à participer à de nombreuses animations : engins de chantier géants, simulateur de séisme, expositions et ateliers interactifs, projections de films panoramiques Géologia 2008 accueillera également des représentants des grandes entreprises françaises dans le cadre d un forum sur les métiers liés aux géosciences. Il sera l occasion pour les professionnels issus de branches telles que les matières premières, l énergie, l eau, l environnement, le génie civil ou les travaux publics, d informer ceux qui le souhaitent des possibilités d emplois et de carrières dans un secteur porteur comme celui des géosciences. Géologia 2008 permettra aux scolaires, aux étudiants des classes préparatoires et des universités, et au grand public de mieux comprendre les enjeux sociétaux liés à la géologie, avec en toile de fond une ville à l héritage lié aux géosciences : Nancy, berceau de l École nationale supérieure de géologie. (d après un communiqué de presse) 11

14 Actualités SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DU NORD La Société Géologique du Nord existe encore! Deuxième plus ancienne société géologique professionnelle de France, elle a été créée en Elle vient de renouveler son conseil d administration qui sera présidé de 2008 à 2010 par Francis Amedro (Calais). Les activités de l association avaient beaucoup diminué depuis plusieurs années. Francis Robaszynski, président de 2006 à 2008, aidé de son conseil d administration, les a redynamisées en mettant en chantier plusieurs opérations. La SGN se réunit désormais à la Maison Régionale de l Environnement et des Solidarités (MRES) à Lille, à côté du Musée d Histoire Naturelle. Elle s est ouverte aux amateurs et ses activités sont intégrées dans le livret des «Promenades vertes» de la MRES. Elle tient une assemblée générale annuelle suivie d une conférence scientifique. Elle se réunit une fois par an pour une série de communications orales publiées dans ses Annales (un fascicule regroupé par an). Le fonds bibliothécaire de la société a été cédé à la Bibliothéque centrale universitaire de l Université de Lille 1 (sciences et technologies) qui a entamé une procédure visant à numériser les Annales depuis leur origine. Un site Web est en cours d élaboration. Le programme des excursions de cette annéeci inclut quatre sorties sur le terrain : dans les Ardennes (stratotype du Givétien à Givet, le 8 mars 2008), dans l Avesnois (stratotype du Strunien à Etrœungt, sous-étage terminal du Famennien, le 22 mars 2008), en Picardie (Merlimont, un «musée de formes dunaires», le 28 juin 2008) et dans le Boulonnais (les falaises crayeuses du Cap Blanc-Nez, le 6 septembre 2008). La SGN participe à la fin du mois d août 2008 à l organisation du congrès international «Climats du Paléozoïque» qui se tiendra dans les locaux de l Université Catholique de Lille ( Pour toute information, veuillez contacter le nouveau président de la SGN à l adresse suivante : francis.amedro@free.fr A. BLIECK 1 er Vice-président de la SGN Dans le cadre de l Année internationale de la Planète Terre, le Muséum des sciences naturelles d Angers présente une exposition consacrée à la géologie de l Anjou. L Anjou est remarquable par sa biodiversité : Anjou noir à l ouest, aux roches sombres paléozoïques, Anjou blanc sédimentaire à l est. L exposition met en exergue dix géosites d intérêt patrimonial et scientifique. Elle s articule autour de cinq thèmes successifs : - restitution de l Anjou dans son environnement global, grands types de L ANJOU SOUS NOS PIEDS roches, présentation de la carte géologique ; - les grands moments de l histoire géologique de l Anjou : tectonique des plaques, déplacement vers le nord au cours des 550 derniers Ma ; - les géologues angevins au travail, présentation de leurs travaux ; - présentation des dix géosites, matérialisés sur une carte géologique au sol : carreau minier de Nyoiseau, carrière de Bécon-les-Granits, carrière du Brouillard, site ardoisier de Trélazé, pierre tournisse de Torfou, site des Malécots à Chaudefonds-sur-Layon, site de Pont-Barré à Beaulieu-sur-Layon, site des Perrières à Doué-la Fontaine, carrière du Petit Lapin à La Pommeraye, calcaires lacustres de Champigny. AUX SOURCES DE LA TERRE - le sous-sol en Anjou : charbon, fer, ardoise, falun, tuffeau, uranium, granite, or, calcaire, sables et graviers, argiles et briques. Cette partie de l exposition est complétée par un aperçu sur les paysages géologiques, les aspects géotechniques, et une information sur les métiers de la géologie et leurs filières d études. Des sorties sur le terrain et des conférences sont envisagées. Exposition ouverte jusqu au 19 octobre 2008, du mardi au dimanche, de à Muséum des sciences naturelles d Angers 43, rue Jules Guitton, Angers Dans le cadre et sous le label de l Année internationale de la Planète Terre, le Muséum d Histoire naturelle de Paris et le BRGM présentent, en plein air et gratuitement au Jardin des Plantes à Paris, quatre expositions pour célébrer cet événement. Ces expositions bénéficient aussi du mécénat du groupe TOTAL. Il s agit de : - l Allée du temps : entre la Grande Galerie de l Evolution et la place Valhubert, l allée Buffon se transforme en «Allée du temps», véritable représentation linéaire du temps géologique depuis la formation de la Terre, à l échelle de 1 m pour 10 Ma sur 450 m. Des bornes totems ponctuent l allée, rendant compte des grandes étapes de l évolution ; - la Carte géologique de la France : elle est d une part présentée au 1/ sur une toile dressée en façade du bâtiment de la Grande Galerie de l Evolution et d autre part apposée au sol au pied de la Grande Galerie en rassemblant les coupures au 1/ ; - la France en roches : huit échantillons de 1 à 3 m, sélectionnés pour leur signification géologique ou leur utilité dans les activités humaines entourent la carte géologique au sol ; - la «Terre au cœur de la science» consiste en une série de quarante photos d origines diverses, extraites du livre de même nom et accrochées aux grilles de l Ecole de Botanique. Elles illustrent la diversité et la transformation rapide des milieux naturels, l importance des recherches en géosciences, et invitent à la découverte, au respect et à la protection de la nature. Des conférences et des animations sont proposées sur toute la période des expositions, y compris pendant les mois d été. Exposition ouverte jusqu au 30 novembre 2008, aux heures d ouverture du Jardin des Plantes. 12

15 Carnet YVETTE TAMBAREAU ( ) Yvette Tambareau est décédée le 26 février Elle était née à Toulouse le 28 janvier 1938 dans une famille d instituteurs. De 1954 à 1957 elle suit les cours de l Ecole Normale puis exerce son métier d institutrice dont elle sera toujours très fière pendant une année à Montesquieu- Lauragais. En 1958 elle s inscrit à la faculté de Toulouse en SPCN. Elle termine major de la licence, et en 1963 passe un diplôme d'études Supérieures sur le Thanétien marin des Petites Pyrénées sous la direction du professeur Casteras. Elle entre en 1964 au CNRS qu elle intègre définitivement en 1981 après avoir été détachée de l Education Nationale. En 1970, elle change de laboratoire et rejoint l équipe du professeur Lelubre. Elle passe sa thèse de Doctorat d Etat «Thanétien supérieur et Ilerdien des Petites Pyrénées». Le professeur C. Pomerol, qui nous a aussi quitté cette année, faisait partie de son jury. En 1981, elle est détachée pour un an à Pau au laboratoire d Elf Aquitaine où, sous la direction d H.J. Oertli, elle travaille sur l inventaire et la paléobiogéographie des ostracodes du Crétacé des marges atlantiques. Elle prend sa retraite en 1998 mais pendant les 10 dernières années elle a toujours gardé le contact avec ses collègues et amis. Elle revenait souvent à l université pour faire lavages et tris micropaléontologiques pour les étudiants thésards et n a manqué aucune réunion de la communauté ostracodologique. Malgré sa santé précaire, elle était toujours prête a suivre ses collègues-amis par monts et par vaux pour assister à des colloques et excursions géologiques: toujours à la recherche de la limite K/T au Japon, en Chine, Australie, Mexique, Oman Elle a laissé une importante contribution (plus de 60 publications), concernant tout particulièrement les ostracodes du Paléogène et de la limite Crétacé-Tertiaire en domaine continental, mais aussi les grands foraminifères. Sa culture n était pas que scientifique. Elle s intéressait beaucoup aux arts, et surtout au théâtre et à l opéra et, par tradition familiale, elle aimait beaucoup le rugby. Elle avait beaucoup d amis dans le monde entier parmi ses collègues chercheurs et chacun savait qu il pouvait compter sur elle en toute occasion. Nombre d'entre nous avons eu l'heureuse surprise de la voir arriver avec un monceau de crêpes lors de nos soutenances.yvette était droite, courageuse, dévouée, fidèle à sa terre et à ses amis. Elle nous manque. J.-P. COLIN et P. CARBONEL HENRI ASTIE ( ) Henri Astié nous a quittés le 17 juin 2007 ; nous sommes orphelins d un ami. Henri Astié est né le 11 février 1939 à Talence (Gironde). Il est resté attaché à son sud-ouest natal, où il réalise son parcours scolaire. En 1964, il soutient, auprès de l université de Bordeaux, son doctorat de 3 e cycle en hydrogéologie intitulé :» Étude hydrogéologique de la nappe du Miocène dans le sud-ouest du Bassin d Aquitaine». Au début de sa carrière, ses qualités pédagogiques le conduisent à exercer comme moniteur de travaux pratiques de géologie à la faculté des sciences de Bordeaux ( ) et professeur de sciences naturelles au cours secondaire de la Sauque- Labrède en Gironde ( ). Entré au BRGM le 1 er janvier 1966, comme hydrogéologue du Service Géologique Aquitaine à Bordeaux, il en assure la direction en Ses qualités professionnelles, son sens du management le conduisent rapidement à exercer les plus brillantes fonctions au sein de l entreprise. Dès 1980, il est appelé à Orléans, siège des activités scientifiques du BRGM. Il est nommé chef du Département Eau en 1980, puis, en 1981, sous-directeur à l Aménagement au sein de la Direction du SGN (Service Géologique National). Directeur adjoint du SGN en 1984, très rapidement il est appelé en 1987 à diriger le SGN. Il participe alors à l évolution des activités commerciales du SGN et crée en 1989 la Direction Services Sol et Sous-Sol du BRGM (BRGM-4S). À compter de cette date, en accord avec la Direction du BRGM, il va, avec ténacité et enthousiasme, faire évoluer la Direction 4S, afin de porter, avec son équipe, le projet de filialisation de l activité ingénierie du BRGM. En 1994, ANTEA, société d ingénierie, spécialisée dans les sciences de la terre, filiale à 100% du BRGM, est créée ; il en est le Directeur général jusqu en Il quitte ANTEA, en 1999, après avoir exercé, jusqu à cette date, les fonctions de Conseiller auprès du Groupe BRGM. De ce parcours, tout à fait remarquable, il convient de retenir un certain nombre de qualités essentielles dont a fait preuve Henri Astié tout au long de sa carrière professionnelle, mais aussi dans sa vie personnelle. En premier lieu, il faut citer son sens de l animation d équipe, qu il a toujours su constituer auprès de lui, pour travailler en confiance et en déléguant largement. Je peux témoigner de cela, ayant travaillé, près de lui, de nombreuses années et notamment lors de la filialisation de 4S. Mais aucunes de ces qualités, aussi grandes soient-elles, ne feront oublier celles qu a exprimées, avec beaucoup de justesse, son ami d enfance bordelais, Pierre Géricot : «l élégance du cœur, la pudeur et la délicatesse». Henri, tu nous manques J. LABOURGUIGNE 13

16 Dossier La fluorine Parmi les minéraux communs appréciés du grand public, la fluorine ou fluorite (fluorure de calcium naturel) semble en passe de prendre la première place, supplantant déjà les agates et le cristal de roche et concurrençant l améthyste. Fragile, n étant ni une pierre semi-précieuse ni une pierre dure, elle prend néanmoins un joli poli et son extraordinaire gamme de couleurs est très prisée des amateurs de bijoux relativement bon marché et de figurines. Sur le marché des spécimens minéralogiques, la demande des collectionneurs adeptes du commerce en ligne est telle que le plus grand site Internet de vente aux enchères, reconnu comme véritable phénomène de société, a enregistré les noms fluorine et fluorite dans les 6 mots clés de minéraux de son moteur de recherche. Les musées et connaisseurs privés se disputent les groupes de cristaux les plus gros et les plus esthétiques pour plusieurs milliers d euros. Ceux de France, qu ils soient bleus comme dans le Tarn et le Puy-de-Dôme ou roses comme dans le massif du Mont Blanc, sont mondialement réputés. Seul minerai de fluor, la fluorine est en outre recherchée par les industries chimique et métallurgique sous l appellation commerciale de spath fluor. La France a eu la chance d en posséder des gisements importants à l échelle mondiale (des World class deposits) mais la dernière mine a été fermée en Malgré des réserves encore notables, nul ne sait s il existe une chance pour que l industrie du spath fluor renaisse en France. Pour consoler les nostalgiques, Géochronique fait dans ce dossier le point sur tout ce qu il faut savoir de ce minéral fascinant : minéralogie, géologie, panorama français, utilisations et marché, environnement et santé, sans oublier quelques aspects inusuels qui feront sourire les sceptiques, ainsi que des informations sur les sites touristiques à ne pas manquer. J. FÉRAUD Détail des rubanements du Grand Filon de Voltennes 14

17 Dossier 1 Minéralogie et propriétés fondamentales de la fluorine Parmi les substances naturelles non métalliques, la fluorine focalise depuis près d un siècle un important intérêt de la part de l'industrie, en raison du nombre et de l'importance économique de plusieurs de ses propriétés qui offrent des débouchés appréciables et très divers : sidérurgie, métallurgie de l'aluminium, fabrication des matières plastiques, solvants, fluides frigorigènes, soudure, verrerie, cimenterie, etc. C est le principal minerai de fluor, à la base de toute l'industrie chimique de ce gaz. L'origine étymologique du nom fluorine vient du verbe latin fluere qui signifie couler, allusion à la propriété caractéristique de fondant du minéral. C est un fluorure de calcium de formule chimique CaF 2, qui possède une teneur en fluor d'environ 49 %. Les principales substitutions observées sont celles du calcium par les terres rares, dont le cérium et l yttrium. En France, le nom fluorite a été imposé par les scientifiques à la fin des années L objectif était d harmoniser la nomenclature minéralogique. Tous les noms de minéraux doivent en effet se terminer par le suffixe «ite». C est ainsi, par exemple, que le mot blende a été abandonné au profit de sphalérite. Néanmoins, le ciment n a pas pris et de nombreux ouvrages, scientifiques ou grand public, persistent aujourd'hui encore à appeler indifféremment le fluorure de calcium fluorine ou fluorite. Depuis plusieurs décennies la fluorine est aussi appelée «spath fluor» dans le commerce et l industrie où elle désigne un produit minéral contenant une proportion suffisante de fluorine pour présenter un intérêt commercial (le mot d'origine germanique «spath» étant commun aux minéraux dont le clivage facile donne une surface plane et miroitante, quoique leurs compositions chimiques soient très diverses). En allemand, la fluorine est appelée Fluorit ou Flusspath, (du verbe fliessen, couler) et en anglais, fluorite ou fluorspar alors que le mot anglais fluorine signifie fluor. La maille du cristal de fluorine Le cristal de fluorine est un cristal ionique qui s agence dans le système cubique, l arête du cube élémentaire valant 546 nanomètres (5,46 angströms). Le transfert de deux électrons d un atome de calcium (Ca) à deux atomes de fluor (F) produit une molécule stable, le fluorure de calcium (CaF 2 ), dans lequel les atomes sont sous leur forme ionisée (les ions Ca ++ et F. La maille de la fluorine peut être assimilée à deux sous-réseaux superposés : les cations Ca ++ forment un sous-réseau cubique à faces centrées et les anions F forment un sous-réseau cubique simple. Quand on décrit la maille d'un cristal, on la représente par convention avec les cations et non les anions aux sommets. La représentation habituelle du cristal de fluorine positionne les atomes de calcium (en gris) aux sommets du réseau cubique à faces centrées au sein duquel s intercalent les atomes de fluor (en rouge) formant un cube : on parle alors de «structure fluorine» (fig. 1-1). Mais la maille d'un cristal peut très bien être représentée avec les anions à ses sommets ; on peut ainsi la voir comme un réseau cubique simple d atomes de fluor avec les atomes de calcium placés au centre de cubes alternés : on parle alors de «structure antifluorine». La disposition très resserrée des ions dans les réseaux cubique et cubique à faces centrées et la proximité des rayons ioniques du calcium (112 nm) et du fluor (130 nm) donnent une structure très compacte au motif élémentaire de la fluorine (fig. 1-2). P. SOLÉTY 1-1 : Schéma de la structure cubique centrée du cristal de fluorite montrant la position respective des ions Ca 2+ et F. 1-2 : Structure atomique élémentaire de la fluorite montrant les proportions et les distances entre les ions Ca 2+ et F. Noter l empilement cubique compact de cette «brique» élémentaire cristalline qui, répétée à l infini, va construire le cristal (R. de Ascenção Guesdes, 2006) 15

18 Dossier Aspect, couleur La fluorine est un minéral à l'éclat vitreux, transparent ou translucide, se présentant généralement en masses compactes à clivage plus ou moins facile, ou en masses concrétionnées. Il est fréquent qu'elle prenne des couleurs vives qui font toute la beauté des spécimens utilisés en ornementation (exemple des balustres des balcons et du grand escalier de l'opéra de Paris) et qui facilitent son identification. Une détermination au microscope polarisant est parfois nécessaire lorsqu elle est finement cristallisée. Quand la fluorine est blanchâtre, pierreuse et assez mate, elle peut ressembler à de la dolomite ou de la barytine massive. Le cas a été notamment observé dans un filon de socle du Mercantour (Baume des Rances) où elle avait été prise un peu hâtivement pour de la barytine. La fluorine grisâtre, concrétionnée, des grands gisements mexicains (Quatro Palmas) rappelle certains calcaires organogènes. La fluorine ferrugineuse de l'escaro (Pyrénées- Orientales) a longtemps été confondue avec de la silice, ce qui, outre une teneur pénalisante en fer, a considérablement retardé la mise en valeur du gisement, un des plus gros de France. Dans d'autres gisements, elle se présente en masses grenues, terreuses et pulvérulentes qui rendent son identification tout aussi difficile (fluorine violette de la variété antozonite de certains filons uranifères du Limousin, fluorine du gisement de Mae Thann en Thaïlande, fluorine d origine volcanosédimentaire des cratères à diatomites du Latium). Pure, la fluorine est incolore et parfaitement transparente ; elle est alors recherchée pour ses qualités optiques. Souvent blanchâtre, elle peut être aussi colorée de teintes variées et souvent vives. On rencontre par ordre de fréquence décroissante le vert, le violet, parfois le bleu vert, assez rarement le jaune, le bleu, très rarement le rose, le noir ou violet très foncé, le rouge. Les cristaux de fluorine rose du Mont Blanc sont parmi les plus prisés des collectionneurs. La couleur est due à des impuretés incluses dans le cristal lors de sa croissance et soumises ensuite à des rayonnements ionisants. C'est historiquement dans la fluorine de Valzergues 1-3 : Coupe longitudinale de la «grande géode» dans le filon Jaune de Valzergues (Aveyron) (extrait du livre d E. Guillou, 1998). Les espaces vides figurés ne correspondent pas aux contours de lentilles de spath exploitées mais aux vides centraux du filon à son stade terminal de formation (occupés à l origine par les fluides hydrothermaux ou des argiles meubles) au pourtour desquels les cubes ont trouvé toute la place nécessaire pour leur croissance (jusqu à 50 cm d arête). (Aveyron) que ce phénomène a été analysé pour la première fois (fig. 1-3). L'oxygène joue un rôle important parmi ces impuretés. La présence de nanoparticules de calcium métallique à l état de colloïdes provoquant le diffusion de Couleur (fig. 1-4 à fig. 1-10) Mauve, violet, violet foncé Bleu foncé Bleu clair Vert clair Jaune vert Jaune Brun Fluorescence bleu violet Ces couleurs disparaissent facilement par chauffage ou par simple exposition à la lumière du jour. Les teintes courantes se présentent très souvent dans les filons en rubanements alternativement blanchâtres ou colorés en vert, violet, plus rarement bleu ou jaune (fluorine dite zonée). Ces colorations témoignent de la succession de plusieurs phases de dépôts dans des conditions différentes de salinité, de composition chimique des fluides, de température et/ou de pression, etc. la lumière ou celle de terres rares dans le réseau atomique est déterminante (voir tableau). Les terres rares s'avèrent par ailleurs d'excellents marqueurs des conditions de dépôt de la fluorine et sont utilisées en métallogénie. Élément responsable Calcium métallique colloïdal, taille comprise entre 300 Å et 400 Å Id. avec des taille plus importantes Yttrium Samarium Yttrium, cérium Groupe O 3 remplaçant deux ions fluor Matière organique Europium Le spath mandarin est une variété d aspect décoratif utilisée sous forme de plaques polies. Le Blue John est une pierre semi précieuse que l on obtient artificiellement à partir de la fluorine rubanée de petites mines du Derbyshire, suivant une tradition artisanale qui remonte au moins à Le procédé consiste à chauffer modérément les blocs de fluorine dans des résines appropriées, jusqu à donner aux rubans parallèles des couleurs alternativement bleu violacé et jaune 16

19 Dossier (ce qui a donné par déformation l appellation de Blue John). Les blocs sont alors taillés en plaques et polis. Le Blue John est utilisé en statuaire, pour la fabrication de vases, colonnettes, piédestals ou garnitures de pendules et de cheminées, perles et autres objets décoratifs. Beaucoup d auteurs se sont demandés si certains des vases en «murrhe» très prisés par les Romains n étaient pas taillés déjà dans du Blue John. Classification minéralogique minéralogique et formes et formes cristallines cristallines (avec la collaboration de R. DE ASCENÇAÕ GUEDES) Appartenant à la classe III des halogénures, la fluorine est le plus connu des fluorures naturels. Elle a été l un des premiers minéraux déterminés par diffractométrie des rayons X. Elle cristallise dans le système cubique (maille holoèdre). Ses cristaux se présentent surtout sous forme de cubes et plus rarement d octaèdres. Les commerçants ayant remarqué la magie exercée par ces formes géométriques quasi parfaites, à 8 faces triangulaires lustrées de couleurs translucides et fascinantes (violet, vert ) ont appris depuis longtemps à les obtenir par clivage à partir de gros blocs, le clivage de la fluorine étant parfait suivant [111]. Les autres formes dérivées du cube sont nombreuses mais, hormis le rhombododécaèdre à 12 faces losangiques, elles ne se rencontrent quasiment jamais sous forme de spécimens entiers mais sous forme de petites facettes modifiant les angles des formes précédentes. Elles ont des noms compliqués pour le non-spécialiste : tétrahexaèdres, tétragonotrioctaèdres, trigonotrioctaèdres, hexaoctaèdres (fig. 1-11). Ces formes dérivées sont souvent caractéristiques de certains gisements, comme l hexaoctaèdre pour le filon du Moulinal et celui du Burc (Tarn), ou les troncatures suivant [110] pour le filon Veneros de La Collada (Asturies). Il faut mentionner aussi des particularités comme les cristaux globulaires (très riches en faces) et surtout les cristaux zonés rythmiques, à fantômes de croissance. Ces fantômes sont causés par la présence d inclusions «fossiles». On a pu démontrer, pour les cubes de fluorine du filon du Burc (Tarn), zonés alternativement en bleu et blanc de façon répétée, que les couches bleues correspondent à des moments de la croissance du cube où le système hydrothermal actif de la caisse filonienne était épisodiquement plus riche en cuivre. Cette variation s exprimait aussi, à ce moment, par la formation de lentilles de chalcopyrite dans le filon ou par la croissance de cristaux millimétriques de chalcopyrite à la surface de certains cubes. Pour la fluorine rouge du filon de Peyrebrune (Tarn) ce sont des moments où les solutions étaient épisodiquement plus riches en plomb, qui s exprimait à ce moment dans d autres parties du filon sous forme de lentilles de galène : Les formes cristallines les plus fréquentes (extrait de A. Chermette, 1986) : Fluorine dite en pyramide aztèque, présentant des surcroissances cubiques violettes fantômes aux arêtes tronquées, à partir d un octaèdre. 1,4 x 1,5 cm ; filon du Four, Puy-Saint-Gulmier (Puy-de-Dôme), coll. J.-P. Boulay, photo L.-D. Bayle Enfin, à partir des années 80, des formes très curieuses sont apparues sur le marché des minéraux venant du Mexique, et à partir des années 2000 venant de gisements français (Fontsante, Var ; Puy-Saint-Gulmier, Puy-de-Dôme ; Marsanges, Haute-Loire). Avec un peu d attention, on en repère désormais dans plusieurs autres gisements et on leur a donné le nom de «pyramides aztèques» (fig. 1-12). Il s agit d octaèdres dont les arêtes et les sommets, plus que les faces, ont été le siège de surcroissances de cubes interpénétrés, de quelques millimètres de côté chacun. Ces bourgeonnements de petits cubes parviennent parfois à recouvrir quasiment tout l octaèdre initial. Les cubes où la croissance des faces s est effectuée de façon irrégulière, parfois hélicoïdale, formant des marches d escalier, sont fréquentes mais pas spéciales à la fluorine (cas de la galène). Ces accidents de cristallisation ont provoqué des faces en mosaïque, fenestrées ou en trémies. Par contre, il faut mentionner parmi les formes mondialement connues la macle dite «du Cumberland» qui réunit deux cubes par interpénétration et une rotation de 60 autour de l axe [111]. Cette macle est très fréquente dans les gisements des Pennines du Nord (Rogerley). On l a appelée «macle de la fluorine» mais elle existe aussi dans d autres espèces minérales. 17

20 Dossier : Couleur mauve : curieux édifice cristallin de fluorite, 1,5 x 1,3 cm, filon d En Bournegade (Tarn), coll. A. Martaud, photo L.-D. Bayle 1-5 : Couleur bleu foncé : fluorine et chalcopyrite sur quartz du Burc (Tarn) avec les cubes zonés caractéristiques de ce filon, 14,4 x 8,3 cm, coll. Y. Dissac, photo L.-D. Bayle 1-6 : Couleur bleu clair : cubes de fluorite recouverts de pyramides de quartz, 16 x 9 cm, filon du Burc (Tarn), coll. R. Blanc, photo L.-D. Bayle 1-7 : Couleur bleu «Gitanes» : splendide plaque de cubes de fluorine du filon du Four, Puy-Saint-Gulmier (Puy-de-Dôme), 40 x 30 cm, coll. Museum Paris MNHNP n (don de Total), photo L.-D. Bayle 1-8 : Couleur vert clair : une exceptionnelle association de couleurs pour la fluorine des filons de Peyrebrune (Tarn), cristal vert 1,2 x 1,2 x 1,1 cm, coll. G. Majoulet, photo L.-D. Bayle 1-9 : Couleur verte: octaèdre de fluorine en pyramide aztèque, 6 x 5,2 cm, filon de Marsanges, Langeac (Haute-Loire), coll. R. Gauthier, photo L.-D. Bayle. Il faut noter qu au contraire du vert de ce gisement, la couleur verte des cubes résulte parfois de la répétition de zones de croissance alternativement jaunes et bleues, comme au Burc (Tarn) : Couleur jaune : fluorine et quartz du filon de Padiès, 9 x 7,2 cm, coll. R. Blanc, photo L.-D. Bayle 18

21 Propriétés physiques La fluorine a une dureté moyenne de 4 dans l'échelle de Mohs. Sa densité est de 3,18 en principe mais atteint jusqu'à 3,6 dans certaines variétés riches en terres rares. C'est un minéral fragile. Appartenant au système cubique, elle est isotrope. Son indice de réfraction est 1,434. Elle est transparente dans une large bande spectrale notamment aux ultraviolets et aux infrarouges. Elle a une faible dispersion chromatique et son indice varie peu avec la longueur d'onde. Elle est donc utilisée couramment en optique (macrocristaux, lentilles synthétiques) malgré son manque de dureté et sa sensibilité aux chocs thermiques. Elle est en principe insoluble dans l'eau à ph 7. En pratique, elle est très légèrement soluble dans l'eau pure (16 mg/l à 18 C) et beaucoup plus dans les eaux chaudes de nature alcaline, d où la teneur en fluor de certaines eaux thermales. Son point de fusion est d'environ C. La principale propriété physique de la fluorine utilisée dans l'industrie est sa propriété de fondant en métallurgie : ajoutée au minerai de fer broyé, elle abaisse la température nécessaire à sa fusion et facilite l écoulement du laitier Dossier du four. Une autre propriété, qui a longtemps attiré la curiosité des scientifiques, est sa thermoluminescence quand on la chauffe. Cette propriété permet en prospection de caractériser la fluorine dans les concentrés alluvionnaires. La fluorine devient plus ou moins fluorescente avec une teinte mauve quand on la soumet à une irradiation ultraviolette ou cathodique, quelle que soit la couleur propre du minéral. Le phénomène de fluorescence tire d'ailleurs son nom de cette propriété de la fluorine. La lumière émise est bleue ou violette, plus rarement jaune ou rouge. J. FÉRAUD 2 Les principaux types de gisement de fluorine Les gisements de fluorine, largement distribués dans le monde, sont connus dans différents contextes géologiques où ils présentent des dimensions très variables. La fluorine peut être largement dominante dans le minerai, ou bien, ce qui se produit très souvent, être associée à des quantités plus ou moins importantes d autres minéraux exploitables ; elle est alors un co-produit, récupéré ou non, des opérations de traitement du minerai. Le cas le plus fréquent est son association avec des sulfures de métaux de base (plomb, zinc ou cuivre) et/ou avec la barytine. Les types de gisement sont relativement nombreux, on ne retiendra que les plus importants du point de vue économique : - gisements filoniens, que l on rencontre dans les domaines de socle, mais aussi, avec des caractères différents, dans les couvertures sédimentaires ; - gisements liés aux strates des séries sédimentaires, localisés pour la plupart dans des faciès de plateforme carbonatée, dont on connaît de nombreux exemples en Europe et qui ont une importance particulière au Mexique (2 e producteur mondial). Ils présentent de nombreuses caractéristiques communes avec les gisements plombo-zincifères de type Mississippi Valley (cf. dossier Plomb, Géochronique n 102) et sont rattachés à ce type par de nombreux auteurs ; - gisements associés à des carbonatites ou à des complexes alcalins, où la fluorine peut parfois exister en quantités et en teneurs justifiant une exploitation industrielle, comme en Namibie, au Brésil ou en Inde ; - enfin, seul de son espèce, le gigantesque gisement de Vergenoeg en Afrique du Sud, une sorte de pipe bréchique dont la genèse reste mystérieuse. Gisements filoniens Les gisements de type filonien sont les plus répandus ; il ont assuré une partie très importante de la production mondiale de fluorine et l essentiel de la production française. Les filons sont fréquemment localisés à proximité de grandes fractures délimitant des bassins d effondrement. En France, les nombreux gisements et indices de fluorine et de barytine jalonnant le Sillon houiller, qui traverse le Massif central du nord-est au sud-ouest, en sont la plus belle illustration (fig. 2-1) 2-1 : Carte montrant la répartition des principaux gisements français de fluorine et de barytine (d après Lhégu et al., 1988, modifié). 19

22 Dossier Il peut s agir de filons isolés ou d un ensemble de corps minéralisés constituant ce que l on appelle un champ filonien, organisé suivant des directions conjuguées. Généralement subverticaux, les filons présentent des extensions horizontales de l ordre de 100 à m sur des hauteurs de 100 à m. Dans certains filons de taille exceptionnelle, la hauteur exploitable peut dépasser largement ces dimensions. Ainsi, au Maroc, le filon d El Hammam a été reconnu par sondages et travaux miniers sur une hauteur de 750 m. Dans le détail, on peut observer le long d une structure filonienne une série de colonnes verticales exploitables d une puissance de 1 à 3 m, pouvant dépasser la dizaine de mètres (18 m à Langeac, Haute-Loire), séparées par des «serrées». L analyse structurale de ce type de gisement (Lhégu et al., 1982) a conduit à distinguer des filons de type S (de shearing) associés à des zones de transpression, et des filons de type E associés à des failles normales en régime d extension. Les premiers sont généralement encaissés dans des roches métamorphiques de faciès schistes verts. Les minéralisations sont contrôlées par des couloirs de cisaillement dans lesquels les filons se disposent en baïonnette suivant deux directions conjuguées formant entre elles un angle aigu de 30 à 50 (fig. 2-2). Les filons du district du Tarn, du district d El Hammam et de Silius (Sardaigne) appartiennent à ce type. D une façon plus générale, en Europe, le socle varisque est richement doté en systèmes filoniens dans lesquels la fluorine est présente, soit comme minéral dominant, soit comme minéral de gangue de minerais sulfurés à métaux de base. Les seconds sont encaissés dans des roches métamorphiques de degré plus élevé ou dans des roches granitiques. En France, ils sont souvent localisés à proximité de grabens stéphaniens et permiens, au voisinage de la paléosurface ante-mésozoïque, et se disposent en faisceaux parallèlement à de grandes failles (fig. 2-3). Certains d entre eux se prolongent dans la couverture sédimentaire et peuvent avoir une liaison avec des amas stratiformes s étendant dans les premiers horizons transgressifs. Le district fluoré du Morvan, qui comporte les deux types de gisement, en fournit un excellent exemple (fig. 2-4). 2-3 : Filons de type E. D après un exemple pris dans le district fluoré du Morvan (d après Jébrak et al., 1982, modifié). 2-2 : Filons de type S. D après un exemple pris dans le district fluoré du Tarn (d après Lhégu et al., 1988, modifié). 2-4 : Les gisements filoniens et stratiformes du district fluoré du Morvan (d après Soulé de Lafont et Lhégu, 1980, modifié). 20

23 Dossier Le remplissage filonien s effectue en plusieurs étapes rythmées par les phases successives d ouverture de la caisse filonienne lors des déformations en régime cisaillant ou en extension. La structure rubanée correspondant à une cristallisation centripète dans l espace de la caisse filonienne est caractéristique de ces remplissages. Elle se traduit par des variations de la composition minéralogique, ainsi que de la couleur des cristaux de fluorine dans les zones successives d accroissement. Le rejeu des structures filoniennes entraînant la déformation des premiers remplissages aboutit à leur bréchification. Une nouvelle venue minéralisée peut ensuite cimenter les éléments bréchiques, donnant alors des structures en cocardes. Enfin, s il reste des vides en fin de processus minéralisateur, de belles cristallisations automorphes s expriment dans des géodes. Le remplissage est souvent purement fluoré, ou à fluorine, barytine et quartz ; les sulfures sont alors en proportion faible ou quasi nulle. La fluorine peut être aussi associée à des quantités plus importantes de sulfures : blende (sphalérite), pyrite, galène, chalcopyrite, association qui a valu à ces filons le nom de filons BPGC, ainsi que barytine et carbonates (calcite, sidérite, parfois dolomite). Parmi les minéraux accessoires que l on peut rencontrer, il faut mentionner le mispickel (ou arsénopyrite), les sulfosels d argent de la série pyrargyriteproustite, des sulfo-antimoniures de cuivre et/ou de plomb. Exceptionnellement on a observé, en profondeur dans le filon de Fontsante (massif du Tanneron, Var), le passage d'un remplissage entièrement constitué de fluorine à un remplissage presque entièrement constitué d un fluorure de magnésium, la sellaïte. Dans ce filon, cette dernière a représenté environ 6 % du million de tonnes de tout-venant extraites dans la phase principale d'exploitation. Il faut enfin souligner l existence de zonalités minéralogiques verticales. Les plus notables sont marquées par une plus grande abondance de la barytine dans les parties hautes et de la silice ou de la calcite dans les parties basses où s enracinent les filons. Gisements liés aux strates Avec J. Lhégu (rapport interne BRGM, 1971), on peut distinguer deux variétés de gisements de fluorine liés aux strates en fonction de leur position lithostratigraphique : - les premiers se rencontrent dans les premiers horizons de séries transgressives sur un socle ; l exemple classique en France est celui des gisements stratiformes du Morvan et, en Espagne, celui des gisements asturiens ; - les seconds, placés plus haut dans la succession sédimentaire, sont encaissés dans des séries de plate-forme carbonatée. Gisements des séries transgressives : le Morvan La série mésozoïque du Morvan a été particulièrement bien étudiée grâce à divers travaux stratigraphiques et sédimentologiques (cf. en particulier Courel, 1970) et une série de sondages miniers réalisés dans les années 1970 par le BRGM, Rhône Poulenc et la SNEAP. Ils ont permis de préciser les modalités de la transgression mésozoïque sur le socle morvandiau qui, jusqu au Sinémurien, est resté partiellement émergé. Ils ont aussi abouti à donner une image précise de la position et des contrôles paléogéographiques des minéralisations fluorées et barytiques dont on connaissait de nombreux indices affleurants. Les ressources en fluorine sont considérables, mais aucun des gisements découverts n a encore fait l objet d exploitation. La fig. 2-5 montre les phases successives du recouvrement de ce môle par les sédiments triasiques et liasiques et la localisation des gisements les plus importants. La minéralisation fluorée imprègne plusieurs formations de la série transgressive : une brèche à éléments de roches du socle silicifiées, l assise de Chitry, les grès du Trias et l Hettangien. La paragenèse des minerais comporte, à côté de la fluorine, de la barytine en quantités assez abondantes, ainsi que de la sphalérite et de la galène, plus rarement des sulfures et sulfosels de cuivre. L assise de Chitry contient des ressources considérables de fluorine. Seules les zones à faible recouvrement ont été reconnues de façon détaillée. C est ainsi qu ont été délimités et évalués les gisements de Pierre-Perthuis, Pontaubert, Marigny-sur-Yonne et Égreuil, situés au nord-ouest et à l ouest du Morvan ; ils totalisent 8 Mt environ de minerai à une teneur de 32 à 40 % de CaF 2. Le gisement le plus important est celui de Pierre-Perthuis. L assise de Chitry, 2-5 : Localisation des gisements de fluorine du Morvan dans le cadre de la transgression mésozoïque (d après Soulé de Lafont et Lhégu, 1980, modifié). 21

24 Dossier qui affleure dans la vallée de la Cure, a été reconnue par sondages miniers ; elle mesure de 3 à 10 m d épaisseur et elle est surmontée par un mince niveau d argiles vertes et de grès fins précédant le dépôt de marnes et lumachelles hettangiennes. Le gisement, tel qu il a été délimité à une teneur de coupure de 32 % de CaF 2, couvre une cinquantaine d hectares en deux panneaux de part et d autre de la vallée ; il renferme 3,8 Mt de minerai à % de CaF 2 et 9 à 15 % de BaSO 4. Dans les grès triasiques du sud-est du môle, le gisement d Antully renferme quelques 5,3 Mt de minerai à 34 % de CaF 2 ; la minéralisation qui imprègne des grès feldspathiques est incluse dans une zone silicifiée formant une auréole autour du gisement. Enfin, au nord du Morvan, le gisement de Courcelles-Frémoy correspond à l imprégnation d un niveau de calcarénites plus ou moins silicifiées de 2 à 3 m de puissance d âge hettangien (ou sinémurien) ; la minéralisation d une puissance de 0,7 à 3 m couvre une surface d une cinquantaine d hectares en plusieurs panneaux contenant 2,5 Mt de minerai à une teneur de 35 à 40 % de CaF 2. La genèse de ces gisements pourrait être mise en relation avec les phénomènes distensifs contemporains de la sédimentation mésozoïque. Un rapprochement avec les filons fluorés du socle, dont l âge pourrait être liasique comme l indique la datation à 200 Ma, ramené après correction à 185 Ma, par la méthode K/Ar sur adulaire du filon de Voltennes (Joseph et al., 1973), est à prendre en considération, en raison notamment de la similarité des paragenèses minérales. Gisements de plate-forme carbonatée Les gisements de fluorine liés aux strates carbonatées, connus en de nombreux endroits du monde dans les séries de plate-forme, sont généralement rattachés par les auteurs au type Mississippi Valley (ou MVT pour Mississippi Valley-Type). L exemple-type, constamment évoqué dans la littérature, est celui des gisements du district de l Illinois- Kentucky, localisé à cheval sur ces deux états, dans la région où l Ohio vient se jeter dans le Mississippi. Ces gisements ont fait l objet de nombreuses publications, parmi lesquelles celles de R.M. Grogan (1949) et de E.A. Brecke (1962) sont parmi les plus fréquemment citées. Jusqu en 1916, seuls les gisements filoniens étaient exploités dans les calcaires mississippiens ; ce n est qu à partir de cette date que l on commença à s intéresser aux importantes ressources des concentrations stratiformes qui prirent une place importante dans l approvisionnement des USA lors de la seconde guerre mondiale. Leurs caractéristiques peuvent être résumées de la façon suivante : - une localisation dans des zones de haut-fond paléogéographique marquées par des réductions d épaisseur de la série sédimentaire, des lacunes de sédimentation et des épisodes d émersion ; - des amas minéralisés situés le long de fractures, de forme allongée, atteignant couramment plusieurs centaines de mètres à plusieurs kilomètres de longueur et pouvant se distribuer à plusieurs niveaux de la formation carbonatée (fig. 2-6) ; - un minerai constitué principalement par le remplacement de certaines strates calcaires poreuses et perméables, fréquemment localisé à l aplomb de paléodépressions remplies par des faciès détritiques, shales et grès fins ; les cavités karstiques remplies de minerai sont fréquentes et les disséminations de fluorine à la périphérie des corps minéralisés sont la règle ; - une paragenèse simple dans laquelle la fluorine est accompagnée de quartz, calcite, dolomite, barytine et parfois sidérite, ainsi que de quantités variables de sulfures (pyrite, sphalérite, galène) ; - une texture rubanée, tout à fait typique du phénomène de remplacement, faite d alternances de bandes sombres composées d un assemblage 2-6 : Localisation des gisements de fluorine du Morvan dans le cadre de la transgression mésozoïque (d après Soulé de Lafont et Lhégu, 1980, modifié). 2-7 : Coupes de deux des gisements de Cave-In-Rock montrant les relations entre les minerais rubanés et les parties riches de la zone centrale des amas (d après Brecke,1962, modifié). de quartz et fluorine finement grenu et de bandes claires à grands cristaux de spath fluor ; ce faciès peut passer latéralement dans le même horizon minéralisé à de la fluorine massive (fig. 2-7) ; - des brèches d effondrement à éléments d encaissant et de minerai cimentés par la fluorine dans les parties les plus riches, témoignant de la poursuite des phénomènes de dissolution accompagnant le dépôt de la minéralisation. Les gisements identiques, à des nuances près, à ceux de l Illinois- Kentucky sont nombreux dans le monde. En Europe, ce sont en particulier les gisements du Carbonifère marin des Pennines en Grande Bretagne, du Trias des Cordillères bétiques en Espagne et ceux du Trias des Alpes bergamasques en Italie. L Afrique du Sud, dans des roches dolomitiques de la série du Transvaal d âge archéen terminal, et surtout le Mexique, dans des calcaires d âge crétacé, disposent de très importantes ressources de ce type. 22

25 L exemple des gisements du Crétacé mexicain Le Mexique renferme des ressources considérables de fluorine dont l exploitation n a commencé qu à l époque de la seconde guerre mondiale, lorsque les États-Unis furent coupés de leurs fournisseurs européens (Chermette, 1986). Les gisements se rencontrent dans les sédiments de plate-forme carbonatée d âge albien moyen et supérieur, les calcaires de Georgetown. Un cortège de roches volcaniques alcalines d âge tertiaire, mis en place à la suite d une tectonique distensive de type Basin and Range, recoupe l ensemble. Ces gisements se distribuent le long de deux grandes ceintures minéralisées NNW-SSE parallèles s étendant sur des centaines de kilomètres dans la partie centre-orientale du pays (fig. 2-8). Dans la ceinture occidentale, la fluorine, qui n est pas exploitée en tant que telle, fait partie de la gangue de gisements à métaux de base, où elle peut représenter 15 % du minerai. La ceinture orientale renferme les gisements de fluorine les plus importants, ainsi que d importantes ressources de célestine. Les minerais, très riches, atteignent fréquemment des teneurs de l ordre de 70 à 80 % de CaF 2 ; la calcite et la silice (quartz ± calcédoine) sont généralement les seuls minéraux accompagnant la fluorine. Les concentrations les plus importantes se situent dans l État de Coahuila, avec en particulier le district de La Encantada Buenavista, et dans l État de San Luis de Potosi, avec les gisements du district de Las Cuevas. La localisation des gisements répond en premier lieu à des contrôles paléogéographiques puisqu ils sont tous situés dans des roches carbonatées de faible profondeur, pouvant présenter des caractères récifaux. Le paysage correspond à une série de plateformes carbonatées séparées par des bassins intracontinentaux subsidents (fig. 2-9). Sur ces domaines de plateforme, les séries sédimentaires allant du Jurassique moyen au Crétacé supérieur sont réduites en épaisseur et lacunaires. Plusieurs épisodes d émersion viennent en effet perturber la régularité de la succession. L un d entre eux est particulièrement important pour le contrôle des concentrations fluorées, c est celui qui se produit après le dépôt des calcaires de Georgetown, localement érodés, karstifiés et recouverts par des shales noirs pyriteux (formation del Rio dans l État de Coahuila) remplissant des dépressions de la surface d érosion. Latéralement, les calcaires de la formation Buda surmontent directement les calcaires de Georgetown. La plupart des gisements sont de type stratiforme ; appelés mantos dans la terminologie locale, ils sont fréquemment recoupés par des roches éruptives tertiaires. Il existe aussi des amas bréchiques développés au contact de ces roches (fig. 2-10) et quelques exemples de skarns. Les relations entre minéralisations fluorées et magmatisme tertiaire ont longtemps incité les géologues à attribuer la genèse de la minéralisation fluorée à un hydrothermalisme tardi-magmatique. Les études les plus récentes (Levresse et al., 2003 et 2005 ; Tritlla et al., 2006) tendent à démontrer que le magmatisme tertiaire est postérieur à la mise en place de la minéralisation fluorée et qu il n a fait que remobiliser une partie de la fluorine des gisements qui appartiendraient tous au type Mississippi Valley. La genèse des gisements pourrait être mise en relation avec des migrations de fluides en provenance des bassins voisins (Gonzalez- Partida et al., 2006). Dossier 2-8 : Distribution des gisements de fluorine mexicains replacés dans un schéma paléogéographique du Crétacé inférieur (d après Gonzalez-Partida et al., 2003, modifié). 2-9 : Coupe A-A de la fig. 2-8 illustrant la position des gisements de fluorine de l État de Coahuila par rapport aux grands traits paléogéographiques régionaux (d après Gonzalez-Partida et al., 2003, modifié) : Les deux types de gisement du district de Buenavista- Encantada : amas stratiformes (mantos) recoupés par les volcanites acides ; amas bréchiques au contact de corps intrusifs (d après Gonzalez-Partida et al., 2003, modifié). 23

26 Dossier Les mantos du district de Buenavista- Encantada dans l État de Coahuila, décrits par A.K. Temple et R.M. Grogan en 1963, se disposent près du contact entre les calcaires de Georgetown et les shales de del Rio en plusieurs niveaux dans lesquels la fluorine remplace plus ou moins complètement la roche encaissante. Les teneurs en CaF 2 varient de 40 à 80 %. Les corps minéralisés ont une forme allongée avec une section en fond de bateau. Leur longueur varie de quelques mètres à plus de 70 m, pour une largeur allant de 3 à une vingtaine de mètres. La puissance peut atteindre 5 m au centre des amas. La minéralisation présente la texture zébrée caractéristique de ces gisements avec une alternance de bandes noires finement cristallisées à fluorine et silice, alternant avec des bandes blanches à fluorine bien cristallisée. Outre la fluorine, la paragenèse minérale comporte calcite, dolomite, quartz et, accessoirement, de la célestite. Les shales noirs de del Rio contiennent des cristaux de fluorine disséminée ; les teneurs y peuvent atteindre 20 à 50 % de CaF 2. Dans le district de Las Cuevas, qui assurait à lui seul 7 % de la production mondiale de fluorine au début des années 2000 (Levresse et al., 2003), les mantos fluorés ont des dimensions très importantes (fig. 2-11) et le minerai exploité, de qualité exceptionnelle, est de la fluorine massive. La minéralisation, encaissée dans les calcaires crétacés, entre en contact dans sa partie supérieure avec les rhyolites tertiaires par le biais d une zone de brèches à éléments de rhyolite et de fluorine. Le corps minéralisé le plus grand (G orebody) s étend sur une longueur de 600 m environ ; il contenait en 2003 un tonnage estimé à 50 Mt avec une teneur de 98 % de CaF 2. Le type carbonatite, exemple du gisement d Okorusu (Namibie) La fluorine est fréquente dans les carbonatites, mais les gisements exploitables sont peu nombreux. Les teneurs sont en effet généralement assez basses et la présence de certains minéraux dans le minerai peut compliquer les opérations de concentration (Hagni, 1999) ; c est notamment le cas de l apatite dont une partie est piégée sous forme de fines inclusions dans la fluorine. Les concentrés contiennent alors des teneurs en phosphore incompatibles avec leur utilisation dans l industrie métallurgique. Les plus importants gisements de ce type sont localisés en Namibie (Okorusu), en Inde (Amba Dongar) et au Brésil (Mato Preto). Le gisement namibien est situé à 260 km environ au nord de la capitale, Windhoek (fig. 2-12). Découvert pendant la période coloniale allemande, il a été exploité de façon intermittente à petite échelle dans les années 1920, puis dans les années L exploitation a repris en 1988 ; le gisement appartient aujourd hui à la société Okorusu Fluorspar (Pty) Limited, filiale du groupe Solvay : Localisation du complexe alcalin d Okorusu (d après Google Earth, modifié). La minéralisation exploitée est localisée dans la partie sud-ouest de la montagne d Okorusu culminant à m, qui correspond à un complexe alcalin d âge crétacé, dernier élément à l extrémité nord-est d un alignement d intrusions annulaires se déployant depuis Cape Cross sur la côte atlantique. Le complexe d Okorusu, d un diamètre de 7 km, est intrusif dans les métasédiments du Groupe de Swakop (Protérozoïque supérieur) constitué d un ensemble de quartzites et de schistes comportant des intercalations de marbres dolomitiques, passant à des mixtites (roches détritiques de granulométrie et de composition hétérogènes) vers le sud-est (fig. 2-13) : Schéma géologique du district de Las Cuevas (d après Levresse et al., 2003, modifié) : Les gisements de fluorine du complexe alcalin d Okorusu (d après Schneider et Seeger, 1992, modifié). 24

27 Dossier La fluorine existe sous plusieurs présentations : - en disséminations dans une roche constituée de feldspaths, limonite et calcite ; - en filons et stockwerks ; - en amas de remplacement des marbres dolomitiques de l encaissant et de la carbonatite. Les corps minéralisés, de taille variable, sont encaissés dans la carbonatite et dans les roches de l encaissant fénitisées (syénitisation au contact de l intrusion), principalement en bordure sud-ouest du complexe. Les trois amas exploitables, dont l évaluation avait été faite en (Schneider et Seeger, 1992), montrent une extension horizontale de 300 à 400 m pour une largeur d affleurement de 40 à 60 m. Les teneurs en CaF 2 étaient respectivement de 49,3 %, 60,8 % et 74 % ; les réserves étaient alors de 6 Mt à une teneur moyenne de 56 % de CaF 2. L extraction se faisait au rythme de t/mois de minerai, à partir duquel on obtenait t de concentrés. Le taux de récupération n était alors que de 60 % en raison de la difficulté d éliminer l apatite. Le gisement géant de Vergenoeg en Afrique du Sud 2-14 : Localisation du gisement de Vergenoeg dans le massif du Bushveld (d après Routhier, 1963, modifié). La moitié nord de l Afrique du Sud est riche en gisements et indices de fluorine de divers types, mais les ressources de loin les plus importantes sont localisées dans la région du massif du Bushveld (fig. 2-14). Rappelons que le complexe du Bushveld, daté à 2,05 Ga, correspond à un lopolite de dimension exceptionnelle mis en place dans la série du Transvaal d âge archéen à protérozoïque inférieur. Cette intrusion stratifiée, constituée d une épaisse succession de roches basiques et ultrabasiques différenciées est couronnée par un ensemble de granites et microgranites. Dans la pile de roches basiques et ultrabasiques, sont exploités de très importants gisements de chrome, platinoïdes, titane et vanadium. Les roches acides du sommet du complexe contiennent en particulier de petits gisements d étain et de molybdène dans lesquels la fluorine est l un des minéraux de la gangue, ainsi que de petits gisements de fluorine à basse teneur (lentilles ou filons), dans lesquels la fluorine est fréquemment associée à des oxydes ou des carbonates de fer (Martini et al., 1998). D importantes ressources de fluorine se situent dans la série sédimentaire du Transvaal et plus précisément, dans la Dolomite de Malmani vers le sommet du groupe de Chuniesport. Les gisements exploités et exploitables, de type «liés aux strates», sont concentrés dans la région de Rustenburg, à 200 km environ à l ouest de Pretoria (Martini, 1976). Mais la plus grosse concentration de fluorine est celle de Vergenoeg, un gisement atypique objet de diverses spéculations. Situé à 80 km environ au nordest de Pretoria, ce gisement est encaissé dans la partie sommitale des rhyolites du groupe de Rooiberg, énorme empilement d une épaisseur de m reposant sur les formations sédimentaires du groupe de Pretoria. Le gisement, dont la forme générale est un cône évasé vers le haut (fig. 2-15), a d abord été exploité pour le fer dans sa partie superficielle altérée, un gossan (ou chapeau de fer, formé par oxydation des sulfures et carbonates de fer) constitué d hématite et de fluorine. Le début de l exploitation de la fluorine par la société Bayer date de 1956 ; en 1999, le gisement a été racheté par la société Metorex. Seule la partie superficielle est exploitée. En 2007, t de minerai à une teneur de 40 % de CaF 2 ont été extraites qui, après traitement par flottation et séparation magnétique, ont permis d obtenir t de spath acide à 97 % de CaF 2. Actuellement, les réserves du gisement (prouvées et probables) seraient de 18,9 Mt à 40 % de CaF 2 environ et l ensemble des ressources du gisement 2-15 : Coupe schématique du gisement de Vergenoeg établie à partir des données géophysiques et des sondages (d après Croker et al., modifié). 25

28 Dossier se monterait à 207,8 Mt d après les données de Metorex, ce qui correspondrait à 10 % des ressources mondiales. Ces estimations sont basées sur une reconnaissance par géophysique et sondages qui a permis de préciser les dimensions et l organisation du gisement. En surface, il mesure 900 m dans le sens nord-sud et 700 m en est-ouest. Sa partie exploitable s étend sur 400 m environ de hauteur, mais la structure minéralisée, qui semble se coincer en profondeur, a été reconnue sur 650 m de haut. Il s agit d un pipe bréchique intrusif au contact duquel les rhyolites encaissantes sont fortement altérées sur plusieurs dizaines de mètres (assemblage à séricite et épidote ferrifères). Les observations à partir des sondages montrent une structuration de la minéralisation primaire en «pelures d oignon» (cf. fig. 2-15) ; la teneur en CaF 2 qui atteint 40 % dans la partie centrale n est plus que de 10 % dans la zone externe. Le minerai, dont la texture peut être qualifiée de pegmatoïde, est formé d un assemblage de grands cristaux (> 1,5 cm) de fluorine et magnétite dans une matrice à magnétite, fluorine et sidérite (Goff et al., 2004). Cette dernière contient également des minéraux de terres rares (monazite et xénotime), ainsi que du quartz et des sulfures (pyrite, pyrrhotite, sphalérite, chalcopyrite ). La genèse de ce gisement exceptionnel est encore très discutée. Deux hypothèses ont été avancées. La première met en avant un modèle hydrothermal-magmatique en relation avec la mise en place du cortège des granites du Bushveld (Borrok et al., 1998). La seconde, par analogie avec certaines caractéristiques de la carbonatite de Phalaborwa (nord-est du Transvaal, exploitée pour le cuivre) envisage que Vergenoeg puisse se rattacher au groupe des gisements à Fe- Cu-Au ± terres rares et phosphore (Goff et al., 2004). Lorsque les travaux miniers atteindront la minéralisation primaire, il est probable que de nouvelles observations aboutiront à une bien meilleure connaissance du gisement, ce qui permettra peut-être de choisir entre ces deux modèles. PH. LAGNY 3 Panorama des gisements français de fluorine La fluorine est très répandue en France (cf. fig. 2-1 page 20) où elle est exploitée depuis plus d un siècle. Son industrie a représenté jusqu en 2006, date de l arrêt de la dernière mine en activité (le Burc, dans le Tarn), un chiffre d'affaire annuel de l'ordre de 15 millions d euros et un effectif de 150 emplois directs, répartis principalement dans les dernières années dans le Tarn et plus modestement dans l'indre. Outre les gisements qui ont été exploités ou qui pourraient le devenir, la France recèle un très grand nombre d indices dont le volume ne dépasse pas celui de la curiosité minéralogique mais qui, très souvent, présentent des formes cristallines ou des paragenèses intéressantes. Pour ces raisons et, à l évidence, à cause de la beauté de ses couleurs, elle jouit d un intérêt privilégié de la part des amateurs de minéralogie, des collectionneurs, des musées et même du grand public. De ce fait, plus que pour aucune autre espèce minérale, nombreux sont les amateurs qui «prospectent» les districts favorables et il n est pas rare que de nouvelles occurrences soient découvertes. Répartition géographique La plupart des gisements français sont des filons localisés dans les massifs hercyniens ou en bordure immédiate de ceux-ci dans les premiers sédiments de la couverture mésozoïque transgressive sur le socle. Les gisements majeurs, de taille comprise entre t et 4 Mt tout-venant, sont presque tous des gisements filoniens du type «E» en extension, et plus rarement du type «S» en cisaillement. Ils ont fait dans les années 1970 l'objet d'études très fines de la part des gîtologues français. Ces études ont démontré l'importance des circulations paléohydrologiques dans les socles en bordures de bassins et le rôle des paléosurfaces continentales dans le contrôle des minéralisations économiques. Ils ne sont pas répartis de façon uniforme sur le territoire. Ainsi, la plupart des gisements économiques sont rassemblés dans différents districts du Massif central et en Provence cristalline (massif des Maures-Tanneron-Estérel). Des filons assez importants ont été découverts dans le socle du massif des Vosges, ainsi que des imprégnations stratiformes subéconomiques dans des sédiments permiens (bassin de Saint-Dié). Le massif ardennais a fourni très ponctuellement quelques petits gîtes de type amas exploités dans les calcaires dévoniens. Dans les Pyrénées-orientales, on a exploité des tonnages considérables de fluorine dans le massif du Canigou (Escaro). Les Alpes (hormis les filons du Rocheray en Savoie), la Corse et le Massif armoricain ne renferment pas de gisements d intérêt économique. La couverture mésozoïque transgressive sur le socle hercynien du Morvan renferme en plusieurs points des concentrations stratiformes d intérêt économique qui présentent des tonnages bien supérieurs à celui des plus gros filons français mais à des teneurs inférieures. Sept gisements potentiels ont été recensés dont cinq ont été démontrés : Pierre- Perthuis, Pontaubert, Marigny-sur-Yonne, Courcelles-Frémoy et Antully-Marquisat. Aucun n'a encore été exploité, si ce n'est quelques milliers de tonnes sorties par scheidage (triage manuel) à Marigny vers 1930 et en 1961 et lors des travaux de certification à Marquisat en On ne connaît par contre pratiquement pas de concentration économique exploitée ou potentielle dans les terrains plus récents. 26

29 Importancede la de production la production minière minière passée passée La France a produit de 1861 à 2006 un tonnage de fluorine équivalent à 15 Mt de CaF 2, l'année record ayant été 1972 avec t de CaF 2. Ce total représente la production de 80 gisements de toutes tailles, ayant fourni individuellement de quelques milliers de tonnes de spath métallurgique jusqu'à plus de 1,5 Mt de spath chimique. On trouvera dans le tableau cijoint (fig. 3-1) la liste et les caractéristiques des principaux d'entre eux. Les gisements fluorés français ont connu trois «booms» de mise en valeur industrielle, le premier à la fin du XIX e siècle avec l'apparition des procédés Bessemer et Siemens Martin pour la fabrication de l'acier, le second à Dossier partir de 1931 avec l'apparition des dérivés fluorocarbonés, et le troisième, majeur, dans la période qui va de 1950 à À la même époque, la Chine commençait à peine son essor de producteur de rang mondial sur le marché. Ce furent, comme pour beaucoup d'autres substances concessibles en France, les années «glorieuses», comme le soulignent les auteurs de la carte minière de la France. Nom du gisement Dépt. Substance Type Sociétés Productions (P) exploitable (date d ouverture - date de fermeture) Ressources (R) Teneur (T) REGION CENTRE Chaillac 36 F ST SIC ( ) P : 900 kt CaF 2 ; T : 50 % Ca F 2 (Le Rossignol) REGION BOURGOGNE Maine 71 F, Ba ST CFMU ( ) P : 480 kt CaF 2 ; T 40 % CaF 2 R : 50 kt CaF 2 Voltennes 71 F, Ba ST Sté Min. d exploitation fluorine (SMEF) ( ) renoncé? P : 250 kt CaF 2 ; T : 60 % CaF 2 REGION LIMOUSIN La Charbonnière 87 F ST Cie Min. Dong-Trieu (renoncé?) P : 350 kt CaF 2 ; T : 60 % CaF 2 REGION AUVERGNE Chavaniac-Lafayette 43 F, Pb ST Péchiney ( ) P : 310 kt CaF 2, T 40 % CaF 2 SECME ( ) 35 kt CaF 2 Langeac (district) 43 F, Ba ST ( ) kt CaF 2 ; T 75 % CaF 2 CO SECME Le Beix 63 F ST Sté Teisset-Kessler (-1977) 360 kt CaF 2 ; T : 80 % CaF 2 REGION MIDI-PYRENEES Le Burc ou Le Burg 81 F, Cu ST SOGEREM puis ALCAN ( ) P : t CaF 2 T : 40 % CaFe 2 Usine de capacité = 30 kt/an Montroc 81 F, Cu CO SOGEREM puis ALCAN ( ) P : t CaF 2 (estimé) T : 40 % CaF 2 ; usine cap. = 85 kt/an Moulinal 81 F, Cu CO SOGEREM puis ALCAN ST ( ) P : t CaF 2 CO ( ) T : 37 % CaF 2 Padiès 81 F CO SOGEREM ( ) P : 150 kt T : 65 % CaF 2 Trébas 81 F, Cu ST Sté Min. de Trébas ( ) P : 175 kt CaF 2 ; T : 52 % CaF 2 usine cap. = 20 kt/an REGION LANGUEDOC-ROUSSILLON Escaro 66 F, Ba CO (Denain Anzin Minéraux) puis P + R en 1993 : kt CaF 2 Sahorre 66 F, Ba CO SECME (Péchiney) ( ) T : 56 % CaF 2 ; usine à Olette REGION PROVENCE-ALPES-COTE D AZUR Fontsante 83 F ST SECME de Péchiney P : 1750 kt à T 42 % CaF 2 ( ) et 270 kt à T 85 % CaF 2 R? Garrot 83 F ST Sté des Mines de Garrot P : 100 kt CaF 2 Avellan 83 F ( ) P : 300 kt CaF 2 ; T : 85 % CaF 2 Pic Martin 83 F, Pb ST SIMFLUOR P : 120 kt à 60 % CaF 2 et 3 % Pb Saint-Daumas 83 puis Sté des Mines de Garrot 25 kt Ba SO 4 Maurevieille 06 F ST R.J. Antonioli puis Societa Miniera P : 80 kt spath métallurgique di Fragné ( ) R : oui REGION LORRAINE Maxonchamp 88 F ST Mines du Haut-du-Them ( ) P : 160 kt CaF 2 ; T : 70 % CaF 2 (70) R? 3-1 : Gisements français exploités, classés par région (CO = mine à ciel ouvert, ST = souterraine) (coupure inférieure = production+réserves > t de tout-venant) 27

30 Dossier Les gisements Les gisements les plus les plus remarquables Le panorama des gîtes français de fluorine étant particulièrement riche, il était tentant d établir, dans le cadre d un dossier de Géochronique se voulant un «guide» du lecteur, un classement hiérarchique des gîtes à la manière des étoiles des guides touristiques. L exercice nécessiterait presque la nomination d un «jury» d experts, tant il est délicat. Dans la limite de l espace imparti, nous avons essayé ci-après d établir ce «Panthéon» à partir de critères à la fois économiques (tonnage produit) et minéralogiques en nous limitant aux «Top 10». Élargir la classification aux Top 20, voire aux Top 50, nous aurait entraînés dans des arbitrages discutables, que les lecteurs attachés aux gîtes pénalisés auraient sans doute âprement discutés, ce que nous aurions compris! Tout gîte, même parmi les plus petits comme la fluorine des marnes et caillasses du Lutétien du sous-sol parisien, peut avoir son intérêt minéralogique, patrimonial, historique, esthétique ou simplement personnel. Au Top 10, il faut faire une belle place à la fluorine rose du granite du Mont-Blanc (fig. 3-2), bien que ses cristaux ne soient pas concentrés dans un filon unique qui en fasse un gisement minier, mais dans un grand nombre de «fentes alpines». C est grâce à elle, plus qu avec les cristaux bleus du Beix, que la fluorine française est la plus réputée à l étranger. 3-3 : La mine à ciel ouvert de Montroc (Tarn) en cours d exploitation (à gauche) et de remblaiement simultané (à droite) (photo P. Bretin, SOGEREM ) District de l Albigeois Ce district du Tarn s est au contraire taillé à la fois une place de poids dans la production nationale de spath fluor (plus de 8 Mt de minerai extraites) et une renommée minéralogique en passe de devenir mondiale depuis que sa production de fascinants cubes bleus s est arrêtée. Trois grandes mines ont exploité les trois principaux filons, tous dirigés E-W : Montroc, le Moulinal et le Burc (ou Le Burg). Montroc est situé dans la commune de même nom, à 10 km au SW 3-2 : Fluorite rose aux arêtes sommitales violettes, sur quartz fumé, 4 x 3 cm. Pointe Kurz, Argentière, Mont-Blanc (Haute Savoie), coll. F. Benjamin, photo L.-D. Bayle (Le Règne Minéral, hors-série V, 1999). d'alban, au bord de la retenue de la Razisse. Le filon, encaissé dans les schistes métamorphiques de l'albigeois, se divise en un faisceau de plusieurs branches parallèles qui s appuient au mur, comme très souvent dans ce district, sur un important dyke quartzeux (appelé Brèche Tectonique Hypersilicifiée ou BTH). Il a été reconnu sur près d un kilomètre de longueur et 180 m de hauteur. Il a été exploité à ciel ouvert (fig. 3-3). La minéralisation en fluorine atteint 10 à 15 m de puissance (7 à 8 m en moyenne). Le quartz et la fluorine forment l'essentiel du remplissage. Associées à ces minéraux, on trouve notamment de petites quantités de chalcopyrite, pyrite et sidérite, et, comme curiosités, des cristaux de cuprite (Cu 2 O) de quelques millimètres à deux centimètres d arête que les collectionneurs s arrachent. L'usine de flottation était installée sur le carreau de la mine. Elle avait une capacité annuelle de traitement de t correspondant à environ t de produits marchands. Le filon du Moulinal, plus à l ouest, est situé dans la commune de Rayssac (Tarn) à 8 km au sud d'alban. Encaissé dans les schistes de l'albigeois, il s'étend sur près de m de longueur et 140 m de hauteur. La fluorine est en lentilles d une vingtaine de mètres de largeur au toit 28

31 d'un dyke quartzeux et se développe sur des longueurs et des puissances variables. L'une d'entre elles, suivie sur 100 m environ de longueur et 30 m de hauteur, atteignait jusqu'à 9 m de puissance. Le remplissage est constitué de quartz et de fluorine. Il comporte en outre des minéraux cuprifères (chalcopyrite principalement) et ferrifères (sidérite et hématite). Des traces de barytine ont été signalées. Sur le tronçon de son extrêmité orientale, situé rive droite du Dadou (lieu-dit La Capeline), un projet d exploitation a été envisagé (à la fois à ciel ouvert et en souterrain) mais n a finalement pas vu le jour. L histoire du Moulinal a été mouvementée. Elle illustre parfaitement la notion de «cycle» avec des périodes d exploitation intense séparées par des périodes de marasme, voire d arrêt total et d oubli. Exploité à l'époque gallo-romaine pour le cuivre jusqu'à 25 m de profondeur, le filon a été redécouvert en 1943 par Antoine Gangloff. On s est alors intéressé à son contenu considérable en fluorine. Il a d abord été exploité de 1946 à 1972 en souterrain sur un allongement de m, par la société d'électrochimie d'ugine, dans le but de fournir du spath métallurgique. Il a ainsi fourni t de tout-venant à 80 % de CaF 2, commercialisé quasiment en l état. Il était considéré comme épuisé et sans aucun intérêt en 1977, jusqu à ce que des ingénieurs plus entreprenants fassent admettre que le développement récent de techniques de traitement appropriées à un minerai à une teneur moyenne de 40 %, rendait possible et même extrêmement profitable son exploitation dans l objectif de fournir du spath chimique. Il a alors été repris à ciel ouvert par SOGEREM en 1984 et le tonnage supplémentaire sorti en carrière s'est élevé à 2,4 millions de tonnes titrant en moyenne 37 % de CaF 2. Innovation technologique supplémentaire, les réserves de Montroc et du Moulinal étaient gérées en direct par un relevé systématique de la position topographique de chaque tonne de minerai enlevée (logiciel Coralis). Le filon du Burc (ou Burg) est situé dans la commune de Paulinet (Tarn), à 6 km au SW d'alban. Il est localisé au Dossier contact de la série verte et de schistes noirs attribués à l'ordovicien, ces derniers formant le toit du filon. Penté à 65 N, il a été reconnu sur m de longueur et 290 m de hauteur, avec une puissance très variable de 2,50 m en moyenne, pouvant atteindre 10 m. Les minéraux essentiels qui accompagnent la fluorine sont le quartz et la sidérite. À ces minéraux s'ajoutent notamment de la chalcopyrite et de la bornite (sulfures doubles de cuivre et de fer) localement abondantes au point de pouvoir être récupérées. À l époque où la méthode d extraction comportait encore un tri à la main, le minerai titrait en moyenne 70 % de CaF 2 mais localement la teneur pouvait atteindre 95 % de CaF 2. Les dernières années, la mécanisation de l extraction a entraîné une dilution de la teneur qui est descendue en moyenne à 40 %, mais était portée à 53 % après passage dans une laverie de concentration gravimétrique par liqueurs denses, installée sur le carreau de la mine. Après 1978 a été adoptée une méthode originale d exploitation par tranches montantes remblayées à partir d'un puits qui desservait des niveaux successifs jusqu'à 235 m de profondeur. Cette méthode, appelée «méthode Sicard» du nom d un des plus brillants directeurs de la mine, est actuellement utilisée dans la mine de fluorine d El Hammam, au Maroc. Le cuivre natif du Burc est célèbre dans les milieux minéralogiques français. Le gisement a été exploité pour le cuivre avant l'époque romaine et au Moyen Âge. Il en subsiste des boyaux et de nombreux outils. Mais ce sont ses fameux cubes bleus qui lui ont valu la notoriété auprès du public amateur. Leur production a suivi la même évolution exponentielle que celle de la mine, exploitée en souterrain pour la fluorine à partir de 1953, et montée en production à partir des années Dès le début, la fascination des collectionneurs les a poussés, comme sur beaucoup d autres gisements, à violer les clôtures. Les mesures de protection prises par l exploitant au Burc ont été particulièrement sévères. Dans le milieu des connaisseurs, on se souvient encore de quelques flagrants délits et de saisies spectaculaires par les gendarmes, déformées et amplifiées par les rumeurs. Chez les collectionneurs, le Burc est devenu ainsi une légende. Les belles pièces devenant plus rares n en ont été que davantage appréciées. Outre la fluorine et le cuivre natif, la mine a livré de rares mais très élégantes barytines bleues et de beaux cristaux de chalcopyrite. Aveyron Valzergues, enfin, situé dans l Aveyron, est un gisement qui ne se distinguerait pas de la masse des filons français de moindre tonnage s il n y avait la couleur jaune exceptionnelle des cristaux d un de ses filons, le Filon Jaune. Géochronique (n 74, 2000) a déjà signalé le livre d art qu Étienne Guillou-Gotkosvsky lui a consacré (cf. bibliographie) et qui a été le point de départ du site Internet quasi encyclopédique «spathfluor.com» de la fluorine sous tous ses aspects, qu il ne cesse d améliorer et qui est désormais incontournable. Haute-Loire Au centre du Massif central, Langeac est le nom d'une commune et d'un gisement passé dans la postérité minière française, grâce à son important champ filonien. Avant d être fermé vers 1980, il a fourni une des plus grosses productions de fluorine en France. Elle s élève à t environ de produits marchands, dont t pour le seul faisceau filonien de Marsanges, t de toutvenant dont t de concentrés de spath acide pour le filon de la Dreyt, et t de tout-venant dont t de spath métallurgique pour le filon du Rouladou. Ces filons, parallèles entre eux, ont une direction NW-SE et sont encaissés dans le socle gneissique du Haut-Allier, à proximité du bassin houiller de Langeac orienté NE-SW. Avec le district voisin de Chavaniac-Lafayette, qui a fourni un peu plus de t de minerai à % de CaF 2 et t de spath métallurgique, le district de Langeac a donné lieu en Haute-Loire à une activité extractive considérable pour le pays. Il a fourni d assez rares mais très beaux cristaux de fluorine. Les livres de Christian Vialaron ont fait apprécier ce district, ainsi que celui de la Senouire dans le public des amateurs. 29

32 Dossier Puy-de-Dôme Le filon du Beix, situé dans le Puyde-Dôme sur la commune de Saint- Germain-près-d'Herment, à 7 km au NE de Bourg Lastic, est resté célèbre pour sa production d'un minerai d'excellente qualité ( t de produits marchands titrant jusqu'à 95 % de CaF 2 ) quasiment exempt d'impuretés, ses extraordinaires cristaux bleus ou bleu-vert et son allure trapue (250 m de long sur 235 m de hauteur, puissance de 4 m en moyenne). Dans le même district du Puy-de- Dôme, le filon du Four (commune de Puy-Saint-Gulmier) est réputé pour ses plaques de cubes de fluorine dites «bleu Gitanes» qu une tranchée éphémère ouverte sur les affleurements a produites, en trop petites quantités malheureusement. Le hors-série «Fluorines de Haute-Loire et du Puy-de-Dôme» du magazine Le Règne Minéral (cf. bibliographie) en présente quelques photos époustouflantes. Bordure nord du Massif central Dans l'indre, le gisement du Rossignol est situé sur la commune de Chaillac à 30 km au SW d'argentonsur-creuse, à la bordure nord du Massif central et du district métallifère de la Marche où le socle paléozoïque, recouvert par la couverture sédimentaire transgressive du Bassin parisien, recèle divers filons de fluorine qui ont été exploités (La Charbonnière, Chatenay, Le Perrault, Champotré, Baraize). Encaissé principalement dans le socle gneissique du plateau d'aigurande, il est constitué d un filon de m d'allongement nord-sud penté à W reconnu jusqu'à 250 m de profondeur par travaux souterrains desservis par deux puits. La caractéristique remarquable du gisement, qui fut l un des «clous» de la tournée réservée aux métallogénistes lors du congrès géologique international de 1980, est qu à sa partie sommitale, le filon de fluorine se ramifie et s'aplatit en filons couches (plateures) plus ou moins concordants avec les dépôts de la couverture mésozoïque, qui passent latéralement, immédiatement à l'ouest, au gros gisement stratiforme de barytine de Chaillac-les- Redoutières, activement exploité par la société Barytine de Chaillac jusqu en Le remplissage du filon est principalement de la fluorine, dite «fluorine ambrée», avec une puissance moyenne de 2 m à 3 m mais qui s'épanouit localement à 8 m. Il est parfois rubané, mais plus souvent bréchique, la fluorine étant alors associée à la barytine et à la roche encaissante sous forme de masses et d'une sorte de «béton gris». Le tout-venant titre de 50 à 60 % de CaF 2. Parmi les minéraux accessoires, on trouve quartz, hématite, pyrite, galène, et, exceptionnellement, blende et pyromorphite. Depuis 1920, le filon a été exploité successivement par la compagnie Schneider puis par les aciéries de Paris et d'outreau et enfin par la SIC. Au total, il a produit environ t de tout-venant à un rythme qui était de 25 à t/an à la veille de la suspension de l'extraction en 1996, décidée à cause de la chute des prix et du dollar. Au plan minéralogique, le Rossignol a fourni de remarquables cristaux de fluorine et de barytine mais surtout de pyromorphite et de cérusite (cf. photos du dossier plomb, Géochronique n 102, 2007) ainsi que de goethite. Le Hors série «Gisement de Chaillac» du magazine Le Règne Minéral (cf. Géochronique n 96, 2005) en présente quelques spécimens de qualité remarquable. Morvan En Bourgogne, les filons de Voltennes (fig. 3-4) près de La Petite Verrière, et celui de Maine (Saône-et- Loire) ont livré à la fois, eux aussi, des tonnages notoires et de très beaux cristaux de fluorine, mais aussi (Maine) de barytine en sifflets. Autre particularité, Voltennes (filon René Bis) a permis la première datation «historique» de la fluorine française par l analyse isotopique de son adulaire (cf. chapitre Types de gisement). De son côté, le filon de Maine a livré à un thésard de l université d Orléans, Dominique Joseph, des échantillons qui, étudiés en détail sur plaques sciées, ont révélé de très intéressantes structures : il a pu y découvrir pour la première fois dans ce type de filon les traces d effondrements intrafiloniens, de bréchifications du minerai et de dépôt, granoclassement et perturbations de fins sédiments lités constitués de fluorine qui forment le ciment de la brèche et ont parfois été bréchifiés eux-même après leur induration. Ces découvertes, illustrant des phénomènes intra-filoniens complexes contemporains de la formation de la minéralisation, ont eu un grand retentissement dans les milieux concernés. 3-4 : Détail d un échantillon du Grand Filon de Voltennes (largeur de la photo : 10 cm) montrant, recouvrant les cubes de fluorite verte, les remplissages internes du filon constitués de sédiments granoclassés comprenant des grains détritiques de quartz filonien, de fluorite et d argile, avec de petites cassures provoquées par le rejeu tectonique des lèvres du filon (éch. B. Lamouille, photo J. Féraud) 30

33 Pyrénées orientales Le gisement français de plus fort tonnage (cf. tableau 3-1 page 28) a été celui d Escaro, situé dans la commune du même nom à l'ouest de Vernet-les-Bains dans les Pyrénées- Orientales. Comme son voisin, le gisement de Sahorre (situé sur la commune de même nom), il est encaissé dans des formations métamorphiques et se compose de nombreux corps minéralisés irréguliers de fluorine et quartz associés à de la sidérite et de l hématite, interprétés comme des corps filoniens ou stratiformes à l'origine (la question n'est pas encore bien tranchée) qui ont été entraînés et déformés lors des plissements hercyniens puis lors du phénomène d'écaillage tectonique dans lequel ils ont été impliqués ultérieurement. Les premières exploitations, en mine souterraine, étaient pour le fer. La fluorine a été exploitée par la suite à ciel ouvert. Du point de vue minéralogique, Escaro n a pas fourni de cristallisations remarquables. Provence cristalline Fontsante (Var), situé à mi-chemin entre Cannes et Fréjus sur la commune de Tanneron dans le socle gneissique du Massif du Tanneron, était le principal champ filonien de la Provence cristalline. La mine a fermé en Composé d'une vingtaine de filons parallèles, le gisement a fourni de 1971 à t de minerai à 42 % de CaF 2 concentré sur place et t de spath métallurgique de 1925 à Une particularité était la présence de sellaïte (MgF 2 ) dans certains filons où elle remplissait toute la caisse (1 m de puissance). Au plan minéralogique, le gisement n a pas défrayé la chronique par la taille de ses cristaux mais par leur délicatesse, la variété des habitus (cubes, pyramides à degrés ) et les couleurs. Le gisement a produit aussi de très beaux cristaux d acanthite (Ag 2 S). Pour en savoir plus (fig. 3-5 et fig. 3-6). Quels Quels nouveaux nouveaux gîtes gîtes pour pour demain demain? Dossier Ce palmarès des Top 10 pose diverses questions. De nouvelles découvertes minéralogiques sont-elles possibles dans notre pays qui viendront bousculer ce classement, il est vrai déjà assez arbitraire? L engouement actuel que l on constate dans le public amateur, relayé par des chercheurs de l université et des érudits, et qui ne fait que croître, incite à répondre par l affirmative. Les découvertes de nouvelles espèces minérales ou de cristallisations de type nouveau se multiplient d un gîte à l autre. Découvrira-t-on de nouveaux gisements de cristaux de fluorine dont la notoriété pourrait être prestigieuse dans la communauté des minéralogistes? Mais aussi, et surtout, y aura-t-il de nouveaux gisements ouverts et exploités un jour dans notre pays où, il faut bien le reconnaître, l industrie minière n est plus la priorité? La disparition progressive de nos exploitations durant ces trente dernières années a eu plusieurs causes. La concurrence chinoise vient en tête. Seules de grandes compagnies (SOGEREM/SECME, filiales de Péchiney par exemple) ont pu lui résister jusqu en 2006, parce qu elles avaient une bonne organisation industrielle et commerciale, d importantes réserves et le secret de fabrication de produits haut de gamme. À leur côté, quelques structures plus petites, PME souvent familiales, de véritables «artisans» mineurs, ont tiré leur épingle du jeu grâce à leurs coûts minimum et leur clientèle ciblée. Aujourd hui, ces «petits mineurs», dont certains ont fait fortune, ont disparu ou arrivent à la fin de leur carrière. La relève n est pas assurée. Désormais, la maîtrise technique et financière des mesures de plus en plus strictes pour garantir la protection de la santé au travail, la sécurité et l environnement ne semble possible qu à de grandes compagnies minières. L épuisement des mines du Tarn, qui a entraîné la disparition de la dernière compagnie (SOGEREM), est-elle le point final de cette aventure industrielle? Certains auteurs répondent que non, s appuyant sur la présence en France d importantes réserves vierges et sur l irrésistible tendance à la hausse du marché des matières premières et de toute l industrie qui leur est liée. On serait donc seulement, pour la fluorine comme pour d autres substances minières dont la France possède encore des ressources certaines, dans une phase de pause. 3-5 : Fluorite bleue zonée sur quartz, 5 x 3,7 cm, Le Burc, coll. Multiaxes. Photos L.-D. Bayle Pour en savoir plus : Les fluorines du Tarn, Le Règne Minéral, Hors Série XII, : Fluorite bleue sur quartz, 10,3 x 8,3 cm, filon du Beix, coll. E. Asselborn. Photos L.-D. Bayle Pour en savoir plus : les fluorines de Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, Le Règne Minéral, Hors Série XI,

34 Dossier Les réserves et les ressources La France a encore quelques réserves et surtout d importantes ressources en fluorine. Les réserves françaises sont de deux types : des réserves vierges, non exploitées encore et dont la partie principale est à faible teneur, et des réserves correspondant aux racines de plusieurs filons à haute teneur exploités partiellement mais dont le dépilage a été suspendu en raison de la chute des cours (exemples du filon du Rossignol et du filon de la Charbonnière à Lussac-les-Églises). Les réserves vierges sont principalement constituées des gisements de fluorine stratiformes du Morvan (fig. 3-7), du gisement filonien de Bois Feuillet dans le massif cristallin du Rocheray en Savoie (fig. 3-8) et de quelques filons non encore exploités dans le Massif central (fig. 3-9). Elles sont couvertes par des permis d'exploitation détenus notamment par la Société d'entreprises Carrières et Mines de l'estérel (SECME), filiale d ALCAN-Péchiney. Pour les gisements stratiformes, le taux de découverte de l exploitation (c'est-àdire le rapport entre le tonnage de morts terrains à enlever et le tonnage de minerai escompté) est une donnée importante qui conditionnera une exploitation éventuelle en rapport avec les paramètres économiques, réglementaires et environnementaux du moment. J. FÉRAUD 3-7 : Vue de la partie centrale du gisement stratiforme de Pierre-Perthuis (Yonne). L arche naturelle en rive droite de la Cure est creusée dans la masse d arkose silicifiée à ciment de fluorine (photo J. Féraud). 3-8 : Filon du Rocheray (Savoie) : un de nos gisements de spath «en réserve» (photo J. Féraud) Nom du gisement Dépt. Substance Type Sociétés Réserves avec indication exploitable de la teneur en CaF 2 du minerai BOURGOGNE Antully (Marquisat, 71 F, Ba Strat. SECME Marquisat : 3,5 Mt à 34 % La Charbonnière) La Charbonnière : 1,4 Mt à 32 % Courcelles-Fremoy 21 F, Ba Strat. CIM Villars Fremoy ; 1,66 Mt à 34,6 (Villars Fremoy et Thostes) Thostes t à 39,7 % Egreuil 58 F, Ba Strat. sur SOGEREM 1 Mt à 40 % faille Las, Mezeret, Vouchot, 58 Ba, F Fil. BRGM Las : t à 45 % Les Renauds Mezeret : t à 50 % Vouchot : t à 45 % Les Renauds : t à 20 % Marigny-sur-Yonne 58 F, Ba Strat. SPEMI 1,6 Mt à 32 % Pierre-Perthuis Pontaubert 89 F, Ba Strat. SECME 3,8 Mt à 36 % 1,7 Mt à 36 % AUVERGNE Nizerolles 03 F, Ba Fil. Nizerolles SA (IMETAL) à t à 70 % MIDI-PYRENEES Compolibat 12 F, U Fil. SOGEREM t à 30 % C + 1 Mt probables et t possibles à même teneur Le Burc 81 F Fil. ALCAN t à 39 % RHÔNE-ALPES Bois Feuillet 73 F, Pb Fil. BRGM - SAINT-GOBAIN t à 56 % Saint-Etienne-de-Lugdarès 07 F, Ba Fil. SOGEREM t à 50 % 3-9 : Ressources et réserves françaises de spath fluor (2000) 32

35 4 Economie et marché de la fluorine Exploitation minière et traitement Dossier L'extraction du spath métallurgique, dans un filon vertical de un à quatre mètres de puissance où la fluorine est à haute teneur (cas général des filons français), se pratique aujourd'hui avec presque les mêmes méthodes qu'il y a cent ans : par sous-niveaux ou par dépilage en chambres et piliers, chambres pleines ou chambres magasins avec soutirage. Seule innovation de ces dernières décennies, la méthode des chambres remblayées est utilisée dans le cas de filons peu pentés ou à épontes de mauvaise tenue. La mécanisation de l'extraction dans ces exploitations est inexistante ou minime si les filons sont minces ; elle est plus développée dans les filons épais, avec introduction de pelleteuses au fond par des descenderies (exemple : Le Burc dans le Tarn). Pour le traitement, ces types de filons ne nécessitent souvent, en laverie, qu'un tri à la main sur bande transporteuse puisque le minerai est commercialisé en granulométrie grossière ; le minerai passe ensuite par les phases de concassage, débourbage par des procédés classiques de lavage, broyage et calibrage. Pour les filons dans lesquels le minerai est moins pur ou lorsque le coût de la main d'œuvre ne permet pas un tri à la main, le minerai passe après concassage et criblage (suivi éventuellement d'un cyclonage) en atelier de concentration gravimétrique. Les méthodes gravimétriques classiques sont les liqueurs denses, les jigs (bacs à piston), les tables à secousses qui permettent d'éliminer notamment calcite, sidérite et quartz. La méthode de concentration par liqueurs denses a été la grande innovation des dernières décennies. Le traitement s'effectue soit en cyclone, soit en tambour. Les produits ainsi obtenus peuvent être directement marchands, mais parfois il ne s agit que d une phase de premier tri pour diminuer le volume de tout-venant à l'entrée de l'atelier de flottation afin de ne pas l'engorger (fig. 4-1). L'extraction du spath chimique, qui s'est développée grâce à l'industrie du fluor et de l'aluminium, concerne des gisements à minerai de moyenne ou de 4-1 : Schéma de traitement pour la production de spath fluor. basse teneur qui doit être enrichi dans une usine de flottation. De ce fait, les exploitations de ce type de minerai peuvent s'attaquer à des corps minéralisés de volumes plus importants que les filons classiques, et se prêtent en général très bien à une extraction à ciel ouvert en gradins et à une mécanisation intensive avec des engins lourds (exemple : Montroc, Le Moulinal, dans le Tarn). La flottation doit être précédée d'un broyage très poussé afin de «libérer» les divers composants du minerai et permettre leur séparation dans les cellules ou bacs de flottation. En utilisant des réactifs appropriés, on parvient à récupérer couramment 90 % et jusqu'à 95 % des constituants naturels des minerais, à savoir de la fluorine, mais aussi, le cas échéant, par flottation différentielle poussée, des sous-produits marchands comme des concentrés de sulfures (galène, chalcopyrite, bornite) et de barytine. La flottation permet ainsi de valoriser des minerais qui seront destinés à l'industrie chimique. Grâce à une agglomération en boulets, briquettes ou pellets, ces produits de flottation peuvent également être utilisés par l'industrie métallurgique. Applications industrielles de la fluorine La fluorine est utilisée principalement dans deux grands secteurs industriels : - dans l'industrie chimique pour la fabrication de produits tels que l'acide fluorhydrique et le fluorure d'aluminium ou, en chimie organique, pour la production de plastiques, de réfrigérants, de mousses isolantes, de solvants. La qualité de fluorine requise est celle du spath acide. L industrie chimique est la plus grande consommatrice de fluorine ; - dans la sidérurgie, c est le spath métallurgique, qui est employé comme fondant. Industrie chimique L industrie chimique du fluor passe par la production d acide fluorhydrique (HF) qui est à la base de la fabrication des dérivés fluorés organiques et minéraux. Les applications directes notables de l'acide fluorhydrique sont le nettoyage des métaux, le décapage des tôles d'acier et d'inox. La fabrication du fluorure d'aluminium AlF 3 et, plus accessoirement, celle de la cryolithe artificielle Na 3 AlF 6 représentent les principales applications de l'acide fluorhydrique. Ces produits interviennent dans la métallurgie de l'aluminium comme électrolytes pour réduire l'alumine en aluminium métal. De même, la métallurgie de l'uranium requiert l utilisation d hexafluorure d'uranium. Mais surtout, l acide fluorhydrique débouche sur le domaine considérable qu'est la chimie organique des compo- 33

36 Dossier sés fluorés organiques, ou fluorocarbures, appelés communément fluorocarbones, de la famille des alcanes : les chlorofluorocarbures ou CFC, les hydrochlorofluorocarbures, ou HCFC, les hydrofluorocarbures, ou HFC (dépourvus de chlore). Leurs usages, très diversifiés, se rangent selon deux grands types : les fluides et les matières plastiques. De nombreux mélanges de chlorofluorocarbures sont employés comme réfrigérants (fréons), émulsifiants, solvants, fluides diélectriques et comme gaz propulseurs d aérosols et de mousse. Les solvants fluorés sont, par exemple, utilisés pour le nettoyage des circuits électroniques à cause de leur résistance à des températures élevées. Leur autre principale utilisation est la fabrication de matières plastiques fluorées, de mousses souples (matelas, coussins) ou de mousses rigides (isolation thermique et phonique) employées dans l'ameublement et dans l'industrie automobile. Les dérivés fluorés sont employés dans la fabrication des carburants et propergols pour la propulsion dans l industrie aérospatiale. Les problèmes de corrosion en limitent toutefois l'emploi. Des dérivés de l'acide fluorhydrique sont utilisés pour le dépolissage et la gravure du verre et pour la fabrication des fibres optiques en verre. Dans le domaine de la santé, les vertus du fluor dans la prophylaxie des caries dentaires sont connues depuis Le fluorure de sodium FNa, très soluble, entre dans la composition de nombreux dentifrices, de certains liquides pour bains de bouche ou sert à la fluoruration de l'eau potable. Le fluor est employé pour le traitement de l'ostéoporose. Les chlorofluorocarbures servent également de gaz propulseurs d aérosols dans le traitement de l'asthme et des allergies. Industrie métallurgique Historiquement, les propriétés de fondant de la fluorine étaient déjà connues des métallurgistes du 16 e siècle et peut-être bien avant. À la fin du 19 e siècle, l'invention des procédés d affinage de la fonte Bessemer puis Siemens-Martin a augmenté la consommation de fluorine. Dans ces procédés, la fluorine est employée directement à l'état brut, par addition au laitier de fusion. Le spath fluor rend la scorie plus fluide et facilite l'élimination des impuretés (soufre, phosphore, silice, etc.) qui se concentrent dans le laitier. Aujourd'hui, l'emploi de la fluorine concerne les domaines suivants : - la fluidification des laitiers d'aciérie dans les fours électriques et les convertisseurs ; - l élaboration d'auxiliaires pour la coulée continue ou traditionnelle, pour la désulfuration des aciers spéciaux et pour la fabrication de laitiers spéciaux utilisés dans la refusion d'acier. Par ailleurs, elle est utilisée pour la récupération et l'affinage de métaux non ferreux, laitons, métaux précieux, et dans les procédés de décantation des crasses d'aluminium de deuxième fusion. Le domaine de la soudure tire avantage des propriétés de fondant du minéral : la fluorine est un composant majeur des flux en soudure basique et des enrobages d'électrodes et de fils fourrés. Autres applications La liste des utilisations secondaires de la fluorine ou du fluor s'est accrue ces dernières années. Outre leur emploi dans certains herbicides et enduits pour la conservation du bois, il faut mentionner quelques utilisations relativement plus importantes économiquement. Dans l'industrie du verre et de l'émail, la fluorine agit comme fondant, fluidifiant et affinant. Ce débouché est néanmoins en voie de régression aujourd'hui, à cause des impacts environnementaux provoqués par la transformation du fluor en acide fluorhydrique. On utilise aussi la propriété d'opacifiant pour l'émaillage et la vitrification, notamment pour la production d'opalines. La fluorine est parfois utilisée comme fondant incolore pour la fabrication du ciment blanc Portland et comme adjuvant de cuisson dans l'industrie du ciment gris. En raison de l instabilité que ce fondant peut provoquer dans les phases cristallines incluses dans le clinker, son usage est aujourd hui restreint. Elle entre aussi dans le procédé de fabrication de certaines poteries et de pots de fleurs, mettant notamment à profit ses propriétés de fondant. La fluorine est employée, mais plutôt sous forme de macrocristaux synthétiques en optique en raison de sa transparence, de sa faible dispersion chromatique, de l extrême faiblesse de son indice de réfraction, constant selon la longueur d'onde, et de son haut pouvoir de transmission des lumières infrarouge et ultraviolette. La fluorine synthétique est également couramment utilisée en microscopie pour la fluorescence ultraviolette, dans les objectifs, dits apochromats, où elle permet une correction particulièrement efficace des aberrations chromatiques ; cette propriété est également utilisée en astronomie et pour la fabrication des instruments optiques spatiaux. Parmi les produits dérivés de la chimie du fluor, on utilise en optique des fluorures métalliques comme le fluorure de magnésium. Déposés en film mince sur les lentilles d'appareillages optiques, ils diminuent l'intensité de la lumière réfléchie et augmentent donc la luminosité. Enfin, divers fluorures (principalement de strontium et de lithium) entrent dans la fabrication des fibres optiques. Le fluor est désormais utilisé dans les procédés de fabrication des supraconducteurs ioniques (conducteurs anioniques) pour le stockage d'énergie ou pour la miniaturisation de dispositifs électrochimiques de stockage. Panorama mondial de la fluorine Des besoins mondiaux importants entretiennent une activité soutenue dans ce secteur et suscitent actuellement une production annuelle de fluorine de plus de 5 Mt. Des réserves importantes Les réserves mondiales identifiables étaient évaluées, début 2008, par l'usgs, à 480 Mt de tout-venant exploitables, soit des réserves de 240 Mt de CaF 2 (fig. 4-2). Pays Réserves Tout-venant (en Mt 100% (en Mt) CaF 2 ) Chine Afrique du Sud Mexique Russie? 18 Mongolie France Espagne 6 8 Etats-Unis? 6 Namibie 3 5 Kenya 2 3 Maroc?? Brésil?? Autres pays Total : Réserves mondiales de spath fluor (source : USGS, Jan. 2008) 34

37 La répartition géographique des gisements est assez large. Il en existe dans un nombre élevé de pays industrialisés et de pays en voie de développement, ce qui permet à cette industrie d être relativement à l'abri des incertitudes géopolitiques. Une production mondiale dominée par la Chine Durant le dernier quart de siècle, la production mondiale a considérablement chuté dans les pays occidentaux mais par contre elle s est largement développée en Chine. Exprimée en CaF2, elle a dépassé les 5 Mt/an durant la période (avec 5,5 Mt en 1989, année record) pour n'être plus que de 3,8 Mt en À partir de 1995 (4,2 Mt), elle est remontée progressivement jusqu à dépasser les 5 Mt en Les estimations pour 2006 indiquent une production de 5,33 Mt (figs. 4-3 et 4-4). Bien que la production soit assez diversifiée géographiquement, comme le montre le tableau de répartition mondiale, trois pays seulement en produisent plus de 75 %. Par contre les gros consommateurs sont les États- Unis, le Japon et l Union européenne qui absorbent 80 % de la production (fig. 4-5). Il faut cependant conserver à l'esprit que ces statistiques ne sont pas nécessairement homogènes : la plupart des organismes officiels les publient en tonnages équivalents à 100 % de CaF 2, mais pour un certain nombre de pays on ne dispose souvent que de chiffres approximatifs dont on ne sait s'ils sont exprimés en tonnes de CaF 2 ou en tonnage de minerai tout-venant. Spath chimique et spath métallurgique se partagent chacun pour moitié, en tonnage, la consommation mondiale. Celle de spath chimique est en moyenne de 2 à 3 Mt/an ; elle est dominée par deux grandes entités, l'europe de l'ouest et le groupe États- Unis-Canada, qui en consomment 600 à 650 kt chacune. Elles sont suivies par la Chine, le Japon, l'amérique latine et le groupe Europe de l'est-mongolie, qui Dossier en consomment chacun 250 kt. L'Afrique du Sud et l'australasie consomment ensemble 60 kt. La demande mondiale de spath fluor est en croissance, alors que la Chine continue à réduire ses exportations qui sont passées de quelque 3 millions de tonnes à moins de tonnes par an. De nouveaux projets d exploitation sont donc envisagés au Canada, aux États-Unis, au Vietnam et en Australie. Commercialisation et prix Chacune des qualités de spath fluor commercialisées (métallurgique, chimique, céramique) répond à des spécifications chimiques précises. Toutefois, il serait excessif d évoquer des conditions trop contraignantes en matière d impuretés, car tout spath peut être utilisé. Seules quelques utilisations marginales nécessitent un contrôle strict de qualité. Les impuretés peuvent, si nécessaire, être éliminées lors de la fabrication de l acide fluorhydrique par distillation (fig. 4-6). 4-3 : Répartition géopolitique de la production mondiale de spath fluor en 2006, en kt CaF 2 (source : USGS) 4-4 : Répartition de la production entre les principaux producteurs mondiaux (exemple de 2006) Acidspar Metspar Total Chine Total Pays industrialisés Afrique du sud Turquie Allemagne Espagne Italie Royaume-Uni France Total Europe de l'est et C.E.I. Roumanie Kazakhstan Kirghizstan Russie Tajikistan Total Pays en développement Argentine Brésil Corée du nord Égypte 500 Inde Iran Kenya Maroc Mexique Mongolie Namibie Pakistan Thaïlande Total : Évolution de la production mondiale de spath fluor de 1992 à 2006 en milliers de tonnes 35

38 Dossier Qualité CaF 2 CaCO 3 SiO 2 S Pb As P Acide > 97 % < 1 % < 1,5 % < 0,1 % - < 12 ppm < 150 ppm Métallurgique > 80 % - < 15 % < 0,3 % < 0,5% - - Céramique % - < 3 % : Cours du spath fluor, par catégorie et origine, de 2001 à 2006 (moyennes des cours, en USD par tonne métrique) Le spath fluor métallurgique est vendu soit en vrac, soit en conditionnement, en général sec ou au moins égoutté. Les granulométries commercialisées sont usuellement de 1 mm maximum et de 30 mm maximum. Le spath fluor chimique est vendu en poudre sèche ou humide (Le spath fluor métallurgique est vendu soit en vrac, soit en conditionnement, en général sec ou au moins égoutté. Les granulométries commercialisées sont usuellement de 1 mm maximum et de 30 mm maximum. Le spath fluor chimique est vendu en poudre sèche ou humide (filtercake) de différentes granulométries : le pourcentage d'éléments inférieurs à 150 µ varie suivant les gammes proposées de 10 % à 40 %. Des «poudres spéciales» haut de gamme, caractérisées par une très basse teneur en silice ou par de très basses teneurs en bismuth, plomb ou phosphore, sont également commercialisées. Le prix de la tonne de spath fluor varie non seulement en fonction de la qualité mais aussi de son origine. Les cotations peuvent être faites «franco à bord» (F.O.B. : Free On Board) ou «charges, assurance, transport compris» (C.I.F. : Cost, Insurance, Freight). L examen des prix en est rendu d autant plus difficile (fig.4-7). Les fluctuations observées au cours des vingt dernières années sont, pour une part, dues aux variations de la demande des industries de l acier et de l acide fluorhydrique (fig. 4-8) donnant la variation du prix moyen de la qualité acide mexicaine F.O.B. entre 1988 et 2006). Elles ont également été provoquées par l importante modification géographique de la production. Dans les années 90, l importance prise par la Chine, au détriment des producteurs occidentaux, a entraîné de sérieux dérèglements. L accélération de la hausse des prix est très nette depuis En juin 2007, la taxe chinoise à l exportation a encore été augmentée. Le prix de la tonne de spath fluor qualité chimique est ainsi passé à 230 $ alors qu il n était que de 130 $ en moyenne en 2002, ce qui le porte à plus de 280 $ rendu dans les ports des États-Unis. Les fermetures récentes de mines en Italie et en France et des difficultés en Afrique du sud ont exacerbé le phénomène. Les coûts élevés du transport maritime ont encore renforcé cette hausse en Les prix des qualités spéciales peuvent être jusqu à deux fois supérieurs aux prix des qualités standard. Mais pour certains usages du spath chimique surtout, la teneur en CaF 2 du concentré et ses teneurs en impuretés sont des critères de discussion des prix dans les négociations commerciales, de même que la nature de ces impuretés (As, Cd, Pb, Be, P). Pour l'arsenic, le maximum admis pour certains concentrés est de ppm. C'est la raison pour laquelle les producteurs mexicains s'efforcent depuis plusieurs années de mettre sur le marché un spath acide filtercake avec une teneur en As de moins de 5 ppm garantie. Origine et qualité Chine, sec, (c.i.f.) U.S., acidspar filtercake Mexican, (f.o.b.) Tampico, acidspar filtercake Mexican, f.o.b. U.S, arsenic < 5 ppm Mexican, c.i.f. U.S., metspar South African, f.o.b. Durban, acidspar : Spécificités des variétés commercialisées de spath fluor (USD/t) 4-8 : Evolution du prix moyen de la tonne de spath fluor Les incertitudes du marché Le protocole de Montréal et les protocoles ultérieurs relatifs à la protection de la couche d ozone ont, depuis 1987, considérablement modifié le marché de l acide fluorhydrique et, en amont, celui du spath fluor. Dans le même temps, la Chine s est mise, dans les années 90, à exporter des quantités croissantes de spath fluor, provoquant une chute des prix et la fermeture de nombreuses mines. Puis, afin de préserver les ressources pour le marché intérieur, les autorités chinoises ont mis en place un système de licences d exportation payantes et des quotas qui ont conduit à stopper la baisse des prix. Des taxes à l'exportation supplémentaires, instaurées en 1998 grèvent lourdement les 200 à 300 exportateurs de ce pays et rééquilibrent un peu le marché pour les autres pays producteurs. Mais cette mesure, couplée à des quotas d exportation en baisse, a entraîné une diminution de l offre et une augmentation du prix sur le marché mondial. Du même coup, les utilisateurs chinois n étant pas affectés par cette taxe sont devenus de dangereux concurrents pour les produits élaborés. Le spath fluor est commercialisé industriellement sous trois catégories : - le spath fluor en grains (ou lumpy), de qualité métallurgique (spath métallurgique ou metspar), obtenu par traitement gravimétrique et dont la teneur, supérieure à 80 %, peut atteindre 92 % de CaF 2 ; - le spath fluor en poudre, de qualité chimique (spath acide ou acidspar) obtenu par flottation et dont la teneur s'échelonne de 97 % à 99,5 % de CaF 2 ; - le spath fluor destiné à la céramique et dont la teneur en CaF 2 varie de 80 à 96 %. 36

39 L'approvisionnement L approvisionnement de la France La France était, jusqu à ces dernières années, autosuffisante grâce à la production de ses mines et à d importantes réserves. Depuis la fermeture des dernières mines en activité (celles de la SOGEREM, absorbée par ALCAN, dans le Tarn), elle est désormais importatrice. La mise en exploitation des gisements à basse teneur du Morvan, handicapée à la fois par les contraintes environnementales qui vont croissant, par la politique industrielle nationale et par une opinion publique peu favorable à l industrie minière, n est pas à l ordre du jour. On ne voit d ailleurs pas quelle entreprise française aurait aujourd hui le savoir-faire pour prendre le relais des petits exploitants expérimentés des années 80, tous aujourd hui à la retraite. La demande de spath acide pour l'industrie chimique est en croissance modérée, mais celle de spath acide pour l'aluminium et de spath métallurgique pour l'acier est restée à peu près stable en France. Les principaux débouchés sont la chimie (HCFC) et la sidérurgie (fondant dans les aciéries électriques tant pour la fusion que pour l'affinage en poche). Les quantités consommées pour la soudure et le verre sont bien moindres. Les fluorures d'aluminium (obtenus au moyen d une réaction par voie sèche de l acide fluorhydrique sur l alumine), utilisés comme électrolyte pour la fabrication de l aluminium, ne sont plus produits en France. La consommation française apparente est de l'ordre de t/an (spath chimique 80 %, spath métallurgique 20 %). Un recul très sensible des ventes de fluorine de qualité chimique intra muros en France s'est fait sentir lorsqu'en novembre 1995 ont été fermés les ateliers de fluorure d'aluminium-pechiney et ceux d'acide fluorhydrique de Rhône Poulenc sur le site de Salindres (Gard). Substituts possibles de la fluorine Parmi les minéraux de fluor autres que la fluorine, seule la cryolithe Na 3 AlF 6 qui titre 54 % de fluor, est classiquement utilisée pour la fabrication de l'aluminium ; mais il s'agit actuellement de cryolithe de synthèse. Dans le monde, les gisements ayant fourni ce minéral à l'état naturel sont des curiosités minéralogiques. On n en connaît actuellement que quatre, et un seul a réellement donné lieu à une exploitation de cryolithe : le gisement danois d'ivigtut (Groenland), fermé en Il reste la récupération de fluor à partir de l'acide fluosilicique qui est un des résidus de traitement des minerais phosphatés utilisés dans la fabrication des engrais. Que ces minerais soient d'origine sédimentaire marine, ignée alcaline, ou organique (guano), ils titrent en moyenne 3 % de fluor (piégé dans la fluorapatite). Seulement 40 % du fluor se retrouvent dans l'acide fluosilicique, le reste étant inclus dans le phosphogypse et dans les engrais. Ce procédé très coûteux, n est utilisé qu aux États-Unis et en Jordanie. Pour les propriétés de fondant, on substitue parfois au spath métallurgique des borates comme la colémanite, du calcaire dolomitique, de l'ilménite, du manganèse, de l'olivine, de la potasse, ou des agglomérés ou briquettes composés d'oxydes d'aluminium (ou directement de bauxite), d'oxyde de calcium et d'oxyde de fer. Néanmoins, tous ces produits sont moins efficaces que la fluorine et la présence d'éléments acides (silice, alumine, colémanite) nuit à la désulfuration. Comme autre source de fluor, des spécialistes ont avancé les possibilités de valorisation des gisements de topaze (20 % de fluor), de villiaumite (très rare), de la bastnaésite (Ce[F/CO 3 ]) à 8 % de fluor et même de charbon. Aucune de ces sources n'est l'objet de simulations économiques concrètes ni même envisagées actuellement. Quant aux charbons, l'idée de leur valorisation, qui reste tout à fait hypothétique aussi, repose sur des analyses qui ont donné jusqu'à 300 et même 600 ppm de fluor selon les gisements. Les autres minéraux fluorés existants (herdérite, amblygonite, leucophane, apophyllite, phlogopite, lépidolite, zinnwaldite) ne sont pas relevés comme source de fluor possible en raison de leur rareté ou de leur teneur beaucoup trop faible. Le management environnemental de l industrie du fluor Dossier Les dérivés fluorés sont classés en trois catégories en fonction de leur potentiel d agressivité vis-à-vis de la couche d ozone : les CFC très agressifs, les HCFC beaucoup moins (5 % des CFC) et les HFC inoffensifs. La production mondiale des CFC était de l ordre du million de tonnes par an à la fin des années Ils ne sont pas toxiques : leur stabilité chimique les préserve de toute réaction dans la troposphère. Mais les CFC sont donc suspectés de dégrader la couche d ozone de la stratosphère. Ils absorbent les rayonnements ultraviolets de haute énergie, contribuant ainsi à l'augmentation de l'effet de serre. Les études de la haute atmosphère ayant mis en évidence l appauvrissement de la couche d ozone stratosphérique par le chlore ainsi que par le brome, les autorités politiques ont adopté en 1987 le protocole de Montréal imposant l arrêt progressif de l utilisation des CFC et des HCFC. Depuis, des mesures plus sévères ont été prises qui conduisent, à terme, au bannissement de tous les produits halogénés à fluor ou à brome. Les producteurs de spath soulignent néanmoins que, parmi les substances coupables, les gaz fluorés viennent pourtant loin derrière le CO 2. L inclusion des HFC dans la liste des gaz à effet de serre menace donc directement le développement des produits censés remplacer les HCFC. En outre, il y a polémique sur l approche de ce problème. Si les HFC ont des effets néfastes, ils ont un effet très positif par leurs produits dérivés, notamment les mousses isolantes, qui contribuent aux économies d énergie, donc à la réduction des émissions de CO 2, principal contributeur direct à l effet de serre. Quand on évoque les impacts de certains dérivés halogénés notamment les CFC sur la couche d'ozone atmosphérique et sur l'effet de serre, et les mesures qui ont été prises à leur encontre, il est important de souligner que le responsable de ces effets n'est pas le fluor mais le chlore. En outre, ces impacts environnementaux ne concernent que le secteur des fluides (gaz caloporteurs) et non celui des autres produits de la chimie du fluor (plastiques, résines, solvants). J. FÉRAUD et J.C. MICHEL 37

40 Dossier 5 Itinéraires patrimoniaux recommandés La visite des mines arrêtées et abandonnées est déconseillée, en raison des dangers (instabilité, gaz, chute corporelle, noyade) qu elles présentent. Pour se faire plaisir en toute sécurité, il existe en France un certain nombre de structures qui offrent de belles collections à voir ou des activités. Les grands musées de minéralogie parisiens (Muséum national d Histoire naturelle, galerie de minéralogie de l École des mines et collection de minéralogie de l université P. et M. Curie) recèlent un grand nombre de spécimens parmi les plus remarquables. On s attachera aussi à la visite des musées municipaux situés à proximité des différents districts miniers, comme le musée Henri Lecoq à Clermont- Ferrand ou le musée Wolframine à Echassières, car des échantillons remarquables de certaines mines (comme Le Beix) y sont conservés. Enfin, un «coup de cœur» semble mérité par trois structures en particulier : L association Mémoire de la mine d Escaro Voir sites web ge.fr/fabien.natalie/mine/escarro.html et desmines.htm Les anciens ouvriers des différentes exploitations se sont regroupés dans le but de préserver la mémoire de leur outil de travail. Un projet intercommunal associant les communes de Nyers, Sounyas, Escaro, Sahore est à l'étude. Son objectif est de développer le patrimoine minier et d'en faire un outil de développement économique et touristique. À force de recherches et d opération de sauvegarde, l'association est à la tête d'une quinzaine de wagonnets divers, du Decauville à la fabrication locale, de différents outils miniers, lampes à carbure et à huile, marteau piqueur, perforatrice, ainsi qu'un wagonnet aérien présenté sur son câble. Il faut aussi citer également un locotracteur minier Berry et une pelle chargeuse à air comprimé. Le matériel est exposé au centre du village d'escaro, dans une salle mise à la disposition de l'association par la commune. On peut y trouver des objets de la vie quotidienne des mineurs et de leur famille. Une série de cartes postales est en cours d'édition. L'association a reconstitué l'entrée d'une galerie de mine à proximité immédiate du village. Cette galerie est longue d'une dizaine de mètres, un wagonnet est exposé sur un tronçon de voie Decauville, ainsi que quelques outils (barre à mine et divers). Tous les ans, l'association organise «l'aplec», c'est-à-dire les fête des mineurs : démonstration d'abattage du minerai, au pic, à la barre à mine, au marteau perforateur, au marteau piqueur et à la dynamite! Le locotracteur Berry évolue sur les vingt mètres de voie pendant que la pelle chargeuse charge son wagonnet. Contact : Association «Mémoire de la Mine», Hôtel de Ville, Escaro, tél Le musée minéralogique de Chaillac Ce musée que nous avons déjà cité en 2002 (Géochronique n 81, p. 13) présente une belle collection de minéraux dont de splendides spécimens extraits de la mine de fluorine du Rossignol et de la carrière de barytine de Chaillac. Il est installé à l intérieur d une ancienne ferme restaurée dans un style à la fois moderne et traditionnel (tél ). La région recèle en outre un important patrimoine archéologique, avec d anciennes mines de fer et les vestiges d Argentomagus. On regrette seulement que les projets qui étaient en discussion depuis de nombreuses années aient tourné court. Un consensus semblait pourtant s être établi entre tous les partenaires pour qu à l issue des activités minières, une collectivité territoriale accepte des exploitants le transfert de la responsabilité d une partie du site qui contenait les fameux affleurements du «griffon hydrothermal fossile» à fluorine et barytine de Chaillac. En définitive, les extraordinaires affleurements ont été remblayés. Le muséum d Autun Le musée d Histoire naturelle d Autun est particulièrement riche en ce qui concerne les géosciences et en particulier ce qui touche à l exploitation des mines de charbon de Bourgogne et des schistes bitumineux d Autun. Les cristaux des vitrines consacrées aux barytines et fluorines de Maine sont d une qualité et d une beauté exceptionnelles. Les filons de Voltennes «En 1863, Georges qui avait été à l École des mines de Saint-Étienne et qui était à ce moment occupé au Creusot eut l idée d offrit au Creusot le spath fluor de Voltennes comme fondant dans les hauts fourneaux. Je crois que ce minerai était déjà employé ailleurs. Le premier essai réussit et l exploitation fut commencée cette même année à La Foulotte sur le terrain appartenant à mon oncle Alphonse». Journal de Paul de Champeaux C est ainsi que commença en France l industrie du spath fluor. Georges de Champeaux, alors jeune ingénieur sorti de l École des mines de Saint-Étienne, avait d abord été employé aux mines de charbon de Commentry. Il fut engagé ensuite par les Établissements Schneider du Creusot, où, innovation de génie, en août 1861, il proposa d utiliser la fluorine comme fondant. Au vu des excellents résultats obtenus, il quitta les usines Schneider en 1863 pour prendre en charge l exploitation des «carrières» de Voltennes (le Code minier à l époque ne rangeait pas encore la fluorine dans la classe des «mines» comme la houille et les minerais, mais dans celle des matériaux de carrière), afin d alimenter les usines du Creusot. À cette époque, les carrières de Voltennes étaient aussi appelées carrières de Castille! 38

41 Dossier Citons encore le compte-rendu de la réunion de la Société d Histoire naturelle d Autun du 14 décembre 1906 : «La communication de Monsieur (Hyppolite) Marlot provoque quelques demandes de renseignements relatifs à la valeur et à l emploi du spath fluor. Monsieur Camusat répond à la seconde question qu en ce qui concerne Le Creusot, la consommation de ce minéral, très grande autrefois, est devenue presque nulle. Il rappelle en outre la propriété qu a l acide fluorhydrique d attaquer le verre et il ajoute que, lorsqu on employait comme fondant la fluorine au Creusot, les vapeurs qui s échappaient des hauts fourneaux étaient tellement saturées de cet acide que le cadran de l église Saint-Laurent qui était pourtant à une certaine distance était percé de nombreux trous en peu de temps. Monsieur Camusat manifeste le désir de voir la Société s occuper de faire des relevés hygrométriques qu elle publierait dans ses bulletins». Le champ filonien de Voltennes, appelé encore gisement de La Petite Verrière, est situé à 14 km au NW d Autun, à droite de la route menant de La-Selle-en-Morvan vers Cussy-en- Morvan, juste après le pont des Chaumes Froides. On y dénombre 7 filons principaux dirigés NNW-SSE à pendage de 80 E ; le Grand Filon ou Filon de Voltennes, de 3 km d allongement environ, est de loin le plus important de tous ; il se double sur une partie de son tracé par un filon parallèle à l Ouest (fig. 5-1). Le Grand Filon se compose de différents panneaux successifs séparés par des thalwegs. Au passage du thalweg du Barreau, en rive nord, on remarque les vides laissés par l exploitation de la famille de Champeaux. Dans le prolongement sud de ces travaux se trouve le panneau de La Foulotte où a été percé de 1912 à 1914 le travers-banc de La Foulotte (60 m de long). Plus au sud enfin, on rencontre ce qu on appelait «le Grand Trou de Voltennes» où l exploitation s est approfondie en dessous du niveau hydrostatique. En cet endroit, deux filons ont été exploités, distants en surface d une trentaine de mètres mais se rejoignant en profondeur jusqu à donner une puissance de fluorine de 8 à 9 m au niveau du grand travers-banc Sainte Barbe réalisé par Lucien de Champeaux en 1938, et prolongé par la Société Minière d Exploitation de la Fluorine en La chambre de dépilage au niveau de La Foulotte sur le filon le plus à l ouest est appelée la cathédrale. Au total les filons sont reconnus sur une hauteur verticale de plus de 200 m. La minéralisation comporte fluorine, barytine, quartz, adulaire, blende, galène, pyrite, chalcopyrite et leurs produits d oxydation. Les filons sont encaissés dans un trachyte quartzifère qui passe à une roche verte silicifiée et pyritisée très altérée aux épontes des filons. Au total, on peut estimer la production à t de minerai à 65 % de fluorine. Le Creusot a pendant longtemps été le principal client. L activité s est arrêtée en : Pilier de soutènement en fluorine rubannée et bréchique (un mètre de puissance) dans le dépilage filonien du Grand Filon de Voltennes (photo M. Cossard) Aujourd hui, ces lieux historiques ne sont plus fréquentés que par quelques amateurs de minéraux. L accès aux anciens travaux est interdit en raison des nombreux dangers (risque de chute corporelle, d éboulement, noyade dans les puits ou asphyxie par les poches de dioxyde de carbone qui s accumulent très souvent dans les galeries où il n y a plus d aérage). On présume qu il subsiste des réserves relativement importantes mais dont l exploitabilité semble bien hypothétique dans les conditions actuelles. Quelques bonnes volontés s efforcent de collecter les photos, témoignages, objets et documents qui pourraient être mis en valeur dans un local sur place pour perpétrer le souvenir de l histoire de cette mine et des hommes qui l ont faite, et renseigner les touristes qui sont nombreux à venir visiter les belles forêts du Morvan. Si vous souhaitez participer, une adresse : m.cossard@wanadoo.fr ou la Rédaction. M. COSSARD Le gisement de Garrot Le gisement de Garrot, comme le barrage de Malpasset, se situent dans la vallée du Reyran, torrent côtier qui se déverse en Méditerranée dans la baie de Fréjus (département du Var) où il rejoint l Argens, autre rivière provençale. Le Reyran, dont le cours atteint à peine 25 kilomètres de long, est caractérisé par un régime méditerranéen classique : à sec la plupart du temps, il est en eau vive si de fortes pluies se produisent à l automne ou au printemps. Il prend sa source dans le socle cristallophyllien du massif de Tanneron, près de Bagnols-en-Forêt, coule d abord vers l est, puis se dirige plein sud en longeant et en traversant un petit bassin houiller déployé nord-sud (connu sous le nom de «bassin du Reyran») avant de rejoindre les dépôts récents de la vallée de l Argens. Les roches du socle sont des gneiss à deux micas indifférenciés, mylonitisés à proximité du bassin d effondrement dans lequel se sont déposés les sédiments houillers. Les formations stéphaniennes de ce bassin sont des alternances schisto-gréseuses, plissées et faillées (fig. 5-2) qui forment une dépression empruntée par la rivière ; le charbon et le bitume ont fait l objet d une ancienne exploitation artisanale (mines de Boson). 39

42 Dossier 5-2 : Stéphanien plissé du bassin du Reyran Le champ filonien à fluorine de Garrot comprend plusieurs filons localisés dans le socle à proximité du bassin houiller. Situé à environ cinq kilomètres au nord du barrage de Malpasset, c est un des gisements qui, avant la dernière guerre, comptait comme l un des plus importants au plan national pour la fluorine, pour ses utilisations en métallurgie, notamment à l exportation vers les USA. Il comprend une dizaine de filons, d extension et de puissance très différentes, encaissés dans les gneiss du socle et se groupant en deux types : les filons sensiblement nord-sud, occupant des failles satellites des failles bordières du bassin houiller et les filons nord-ouest sud-est, parallèles à deux grands accidents limitant un fossé rempli de conglomérats permiens. Le jalon le plus au sud de ce champ filonien est constitué par les trois recherches éboulées du filon de La Madeleine, où se trouvaient avant la mise en eau du barrage une villa et des jardins. La morphologie des corps minéralisés est soit filonienne franche, soit lenticulaire : tel est en particulier le cas du gros «filon-poche» de Garrot stricto sensu, d une extension horizontale d une centaine de mètres, exploité sur une soixantaine de mètres de hauteur avec une puissance minéralisée moyenne de plus de trois mètres et des épanouissements à 15 m. Dépilé pour la fluorine, il a produit tonnes de minerai. Plusieurs compagnies se sont succédé pour l exploitation de la mine. Après les premiers travaux datés de 1906, les archives signalent une extraction régulière de 1925 à L exploitant en 1928 est la Société du Spath-fluor de Strasbourg dont le directeur est Pierre- Jean Herbinger, docteur ès-sciences et ingénieur civil des Mines. Il fonde en 1936 la Société des Mines de Garrot (fig. 5-3). Après une interruption de 1931 à 1936 en raison de problèmes d exhaure et de maîtrise du foncier, l activité reprend de 1937 à 1943, date à laquelle P. J. Herbinger, résistant recherché par la Gestapo, est capturé, torturé, puis réussit à s enfuir tandis que le directeur adjoint de la mine, Gibelin, est 5-3 : Une action de la société des Mines de Garrot (don J.-F. Herbinger) interné en Italie (fig. 5-3). Herbinger revient à la mine en Héros de la résistance, officier de la Légion d Honneur et Compagnon de la Libération, il a reçu plusieurs décorations françaises et étrangères. Il sera par la suite reconnu dans la profession minière française pour son savoir-faire et son génie à repérer de gros gisements de fluorine (Escaro) et surtout de barytine notamment celui de Chaillac (Indre) qu il développera en partenariat (Société Garrot-Chaillac). L extraction à Garrot reprend début 1952 mais est suspendue en 1958 à la mise en eau du barrage de Malpasset, car si le carreau du puits de Garrot est à la cote 102, la nappe liée à la retenue est à la cote 90. Herbinger essaiera jusqu au bout de «sauver les meubles», en exploitant le filon Garrot tant qu il sera possible, puis se battra pour obtenir une indemnisation, difficilement car la fluorine n est alors pas encore gérée par le Code minier. Garrot est une simple carrière souterraine, exploitée par entente avec les propriétaires du sol. Après la catastrophe, la Société reprend les travaux dès 1961, obtient en 1963 un permis d exploitation et continue l extraction dans les filons autres que celui de Garrot. Ce permis est muté en 1967 à la Société anonyme de Participations, de Portefeuille et de Recherche (PAPOREC). Les réserves 40

43 sont alors estimées à t. Malheureusement, au même moment, cette compagnie est frappée par les malversations et la fuite rocambolesque de son unique actionnaire, le banquier Pierre Travers. Le liquidateur judiciaire essaie de maintenir la production, d abord en direct puis, de 1968 à 1969, par location-gérance à la société Repfluor. Les derniers travaux ont lieu sur les filons Max, Gilbert, Merle et Rigault et sur le filon du Pont. Le puits incliné du filon de Garrot est rééquipé et le filon est dénoyé jusqu à la cote -52. Le permis est finalement amodié en 1970 au profit de la Compagnie Financière et Minière (COFIMINE, anciennement connue sous la raison sociale Sté Minière du Spath-fluor- Dossier SOFLUOR). Le dépilage du filon de Garrot reprend entre les niveaux - 35 et -52 (à partir d un sous-niveau à -47) jusqu au contact du Houiller au sud. Les travaux de recherche se reportent ensuite sur les filons sud mais ils sont tous définitivement abandonnés en J. FÉRAUD ET P. SOLÉTY Le barrage de Malpasset Le barrage de Malpasset (fig. 5-4) s appuie sur les bords d un défilé creusé dans le socle gneissique et micaschisteux au débouché du bassin, à moins d un kilomètre au nord de l actuelle autoroute A8 (La Provençale). L un comme l autre connurent une histoire peu ordinaire. C était un barrage sur le Reyran, conçu pour le département du Var (alimentation en eau et irrigation), un barrage voûte mince haut de 66 m, achevé en Le 2 décembre 1959, à 22h15, il s est brisé en libérant une vague de même hauteur qui a balayé la vallée jusqu'à la mer, sur près de vingt kilomètres ; elle emporta le chantier du pont de l'autoroute A8 alors en construction à un kilomètre à peine en aval, avec ses ouvriers logés sur place ; elle présentait encore un front de plusieurs mètres de haut lorsqu'elle balaya la basse ville de Fréjus, faisant plus de 500 morts et causant des dégâts ayant entraîné des pertes financières considérables. On a très vite compris que le béton de la voûte n'était pas responsable, ni dans son calcul, ni dans son exécution : c'est le terrain de fondation qui avait lâché. Comme les enquêtes et recherches qui ont suivi l ont révélé, ce terrain présentait plusieurs caractéristiques défavorables, dont certaines alors insoupçonnées, qui n avaient jamais été réunies auparavant. En outre l absence d essais et la faible surveillance d un barrage réservoir qui n avait jamais encore été complètement rempli, comme le souci de ne pas lâcher d eau pendant la construction du pont de l autoroute, ont 5-4 : Ruines du barrage de Malpasset (photo d époque) contribué à déclencher l une des catastrophes les plus tragiques de l histoire des barrages. Un article dans le prochain numéro de Géochronique (n 107) en rappellera les causes et les conséquences. En définitive, de ces deux aventures humaines, la mine et le barrage, il ne resta que des ruines. Mais l un comme l autre site, à leur façon, sont passés dans l Histoire. P. DUFFAUT 41

44 Dossier 6 La fluorite : légendes et réalités d un minéral utilisé pour soigner La fluorite n a jamais été un minéral très recherché pour ses pouvoirs divins ou guérisseurs. Les légendes qui s y réfèrent sont peu nombreuses. Il faut attendre le XIX e siècle, avec le développement de l oligothérapie, pour trouver dans ce minéral, après extraction du fluor, un intérêt soignant aujourd hui très médiatique. La pierre des «intellectuels» Depuis l époque romaine la fluorite a la réputation d être une pierre qui aide à l intégration des connaissances. Elle fortifierait les pensées ainsi que les faculté d analyse de ceux qui la portent constituant une véritable source de clarté et de sérénité pour l esprit. Elle est aussi considérée comme une pierre apaisante. Un ordinateur extraterrestre Parmi les légendes curieuses sur les cristaux il y en a une très moderne concernant la fluorite. Certains auteurs fort imaginatifs lui prêtent une origine extraterrestre. Elle aurait été mystérieusement introduite dans les roches de notre planète par des puissances inconnues venues de «dimensions supérieures» avec une fonction : celle d ordinateur! C est probablement en raison de cette légende que des cristallothérapeutes italiens préconisent aux utilisateurs d ordinateur de porter de la fluorite. Rien n est dit au sujet de l extension, dans ce cas, de la connexion internet aux autres planètes. Acide soignant Au début du XIX e siècle le principal usage thérapeutique du fluor se trouve alors dans l acide «hydrophtorique» encore appelée hydrofluorique ou acide fluoridrique. Cet acide est alors utilisé dans le traitement du choléra morbus. Les sels de Schüssler Le docteur Wilhelm Schüssler, un médecin homéopathe allemand, créa en 1872, une nouvelle méthode médicale basée sur les sels minéraux, qu il appela tout d abord Thérapeutique biochimique, avant qu elle ne passe à la postérité sous le nom éponyme de Sels de Schüssler. Ces sels minéraux de Schüssler, au nombre de douze, furent choisis comme base thérapeutique pour avoir été décelés dans l organisme humain, à partir des analyses réalisées à l époque. C est du constat des perturbations qu entraînaient leur carence, que Schüssler déduisit que les maladies avaient pour origine des déséquilibres minéraux dans certaines cellules. Ces douze médicaments minéraux visaient avant tout à restaurer la faculté de régulation de l organisme, en tenant évidemment compte de la constitution du patient. L un d eux, le troisième (Calcarea phosphorica) utilise le fluor sous forme de fluorure de calcium et est préconisé, à l époque, pour le traitement des foulures, entorses, lumbagos, varices et hémorroïdes. Os et dents Le fluor est un élément métalloïde essentiel pour la constitution des os et des dents. La médecine classique soutient qu il stimule la fixation du calcium au niveau de l émail et participe à l équilibre des échanges entre calcium, phosphore et magnésium lors de la synthèse osseuse. On utilise alors le fluor sous sa forme de fluorure de sodium ou de calcium pour la prophylaxie dentaire et parfois en combinaison avec le calcium et le phosphore comme reminéralisant osseux. Ses carences pourraient se traduire par des luxations, des distensions ligamentaires et des entorses récidivantes. En oligothérapie le fluor est par contre depuis longtemps utilisé seul, soit en complément manganèse-cuivre ou cuivre argent. Dans ce cas il s est révélé un excellent adjuvant du traitement des affections ostéo-articulaires, surtout chez les enfants scoliotiques. D autres indications concernent le rachitisme et le retard des consolidations de fractures. L ostéoporose post-ménopausique Le fluor est un puissant stimulant des ostéoblastes. C est pour ce motif que l on utilise le fluorure de sodium dans le traitement de l ostéoporose qui peut intervenir à la suite de la ménopause. Dans ce cas il est préconisé un traitement de 50 mg/jour de fluorure de sodium, 1 g/jour de calcium et 50 g par jour de vitamine D. Des dents saines Du côté dentaire, il est certain que la quantité de fluor disponible pour la formation des dents durant les dix premiers mois de la vie est extrêmement importante (0,05 à 0,1 mg par jour). Un traitement préventif in utero est même maintenant très souvent prescrit par les gynécologues. Grâce au matraquage publicitaire des marchands de pâte dentifrice, les bienfaits du fluor sont bien connus des familles. Ils diminuerait l apparition des caries. Des études récentes auraient toutefois montré qu à partir de l adolescence une alimentation normale (tous les aliments contiennent du fluor) fournirait suffisamment de fluor à l organisme si une bonne hygiène dentaire et alimentaire est respectée. Il est vrai que depuis quelque temps le fluor perd la tête d affiche du tube à pâte molle au profit des slogans du type «des gencives fortes pour des dents saines». On le découvre maintenant le plus souvent dans la rubrique ingrédients sous le nom de Sodium fluoride, fluorure de sodium ou encore monofluorophosphate. La dose de ppm de fluor apparaît alors comme le standard du tube 42

45 Au début du siècle dernier la mode est à d autres substances à en juger par cette affirmation «Le meilleur des dentifrices est la pâte dentifrice au salol (dérivé de l acide salicylique) ou la pâte dentifrice à la menthe ou à l anis, elles nettoient très bien les dents sans les déchausser et en même temps elles sont agréables». A quand le fluor dans les apéritifs anisés! Attention à la fluorose Les risques de surcharge en fluor par voie alimentaire sont plus fréquentes que les carences et plus dangereuses. Un signe classique est l apparition de taches jaunâtres et brunâtres sur les dents. Ensuite, si la surcharge augmente, c est la sclérose des os qu il faut craindre. Elle Dossier peut dans certains cas atteindre 10 % du squelette. Le stade le plus avancé de fluorose provoque des troubles thyroïdiens et enfin des lésions rénales. En cas d intoxication, le seul cas ou le lait soit recommandé est justement l intoxication par le fluor. P. BARRIER En panne de Chakra! Une panne de Q.I.? Votre créativité est en baisse et votre imagination part à vau-l eau? Impossible de vous concentrer? Vous ressentez un véritable blocage mental ou vous avez des idées fixes, voire des hallucinations Pas de doute, votre lotus aux mille pétales a un problème, je veux dire votre chakra sahasrâra manque de souffle! Le remède est là, à portée de main, dans ce beau cristal de fluorine violette qu il suffira de placer sur le sommet du crâne, siège du septième chakra. Toutefois il faut prendre soin de le décharger toutes les deux semaines sous l eau courante ou dans un bol d eau puis de le recharger au soleil. Pour les non-initiés : chakra signifie roue, disque en sanskrit. Les chakras principaux sont au nombre de sept. Ce sont des centres d énergie qui correspondraient aux principaux plexus nerveux du corps et qui possèderaient certaines qualités. Le septième, le sahasrarachakra, dit encore de la couronne, est associé au cerveau ; il est le centre par lequel afflue l énergie cosmique et qui permet de se connecter à toute l humanité ; il est le siège de la conscience collective, de l harmonie, de l union au Soi La fluorine convient également au sixième chakra : Ajna, dit du troisième œil situé sur le front à deux doigts de la racine du nez. Elle contribue à développer l intuition, permet d aborder les problèmes et les situations complexes et facilite la prise de décision. Elle convient donc parfaitement aux postes à responsabilité. Comment connaître ses chakras? par une pratique régulière de la méditation, bien sûr! Il existe aussi des tests. Pour le septième chakra, la fluorine est en concurrence, entre autres, avec l améthyste, le diamant. À mon sens, un beau diamant bien brillant serait très nettement préférable car il contient toutes les couleurs et, qui plus est, n a pas besoin d être rechargé! Et surtout en cas de chute de la pierre, l impact sur le pied est sans conséquence. Cependant il convient d être prudent car le diamant risque d être incompatible avec certaines vibrations! J.C. MICHEL Ce dossier est le résultat du travail collectif des membres du comité de rédaction de Géochronique et en particulier de Pascal Barrier, Pierre Duffaut, Jean Féraud, Philippe Lagny, Jean-Claude Michel, Daniel Raymond, Nicole Santarelli et Pierre Soléty. Nous remercions particulièrement les collaborateurs bénévoles qui nous ont rejoints pour l occasion, notamment Louis Dominique Bayle, rédacteur en chef de la revue Le Règne Minéral, qui nous a laissé choisir parmi ses splendides photographies de cristaux, Michel Cossard pour son article sur le projet muséographique de La Petite Verrière, et les collectionneurs privés qui ont ouvert leurs vitrines au photographe. Enfin, nous ne saurions oublier la compagnie minière ALCAN et notamment Patrick Bretin, Didier Beguin et Olivier Jullin qui nous ont fait bénéficier de leur expertise en économie minière. La coordination a été assurée par Jean Féraud. Une sélection bibliographique est accessible sur le site Internet de la SGF. 43

46 Analyses d ouvrages ÉNERGIE ET ENVIRONNEMENT. LES RISQUES ET LES ENJEUX D'UNE CRISE ANNONCEE B. Durand Collection Grenoble Sciences, EDP Sciences, Les Ulis, 2007, 1 vol. br. 25 x 17 cm, 324 p., ill. ISBN : Prix : 29 E.* Bernard Durand, ex-maître à penser de la géochimie à l IFP, ancien directeur de l ENSG, vient de publier un livre de premier plan sur un sujet particulièrement à l ordre du jour. Cet «Énergie et environnement - les risques et les enjeux d une crise annoncée» nous offre en effet un tableau remarquable de la situation énergétique mondiale actuelle et future, agrémenté de pertinentes réflexions sur les risques encourus sur la santé et l environnement. Dans un style clair, réaliste, sans concession, l auteur fait le point sur l état et les développements les plus probables des énergies fossiles et renouvelables, soulignant les risques en matière de pollution et les contraintes géopolitiques aussi bien que techniques. Ce faisant, il met à mal un certain nombre d idées et de propos, qui pour être courants, n en sont pas moins erronés ou utopiques, soulignant en particulier que la crainte des risques nucléaires occulte bien souvent les dangers des autres industries. Parmi la floraison de titres plus ou moins sérieux parus en 2007 sur les questions d énergie et de déclin pétrolier, le livre de Bernard Durand émerge incontestablement tant par la clarté du texte et la précision des données que par le bon sens de ses appréciations et de ses jugements. A. PERRODON * EDP Sciences, 17 av. du Hoggar, BP 112, Les Ulis Cedex A JURASSIQUE JURA. MÉTAMORPHOSES D UN PAYSAGE P. Hantzpergue, V. Bichet (dir.) Société jurassienne d émulation, Porrentruy et Centre jurassien du patrimoine, Lons-le-Saunier, 2007, 1 vol. br. 24 x 20 cm, 111 p., 173 ill., avec un DVD de J.L. Bouvret «Sur la piste des dinosaures jurassiens». ISBN : Prix : 20 E.* Depuis qu Alexander von Humboldt, en 1784, vit dans les «calcaires du Jura» une entité géologique digne d un intérêt particulier, la chaîne du Jura n a pas cessé d attirer l attention des géologues. Au-delà (heureusement!) du succès médiatique récent du terme «Jurassique», la succession stratigraphique, les riches gisements paléontologiques, la tectonique et la géomorphologie du Jura font de ces montagnes un terrain privilégié pour l étude de la géologie. Cet ouvrage trilingue (français, allemand, anglais), dû à un groupe de spécialistes suisses et français, présente au grand public les grands traits de l histoire géologique et paléontologique de cette région frontalière, depuis le Trias jusqu au Quaternaire. En s appuyant sur une illustration d excellente qualité, les auteurs retracent en effet les profondes métamorphoses d un paysage, qui fut au cours du temps mer tropicale, grand lac, puis montagnes couvertes d une calotte glaciaire. Ce livre est une des retombées d un projet «INTERREG» franco-suisse intitulé «Sur les pistes des dinosaures jurassiques du massif du Jura», issu de découvertes récentes d empreintes de pas de dinosaures dans les calcaires jurassiques de part et d autre de la frontière. Le DVD qui accompagne cet ouvrage, dû à Jean-Luc Bouvret, même s il ignore un peu trop les premiers mais incontournables travaux menés sur les empreintes de Coisia (Jura), présente les études en cours sur ces pistes, réalisées avec une débauche de moyens techniques dont l avenir nous dira si elle a débouché sur des résultats scientifiques significatifs. On regrettera peut-être que l accent mis sur les empreintes de pas ait presque complètement occulté les découvertes de restes osseux de dinosaures jurassiques réalisées dans l arc jurassien le squelette trouvé à Damparis (Jura) en 1934 n est-il pas un des spécimens 44 de sauropode les plus complets jamais découverts en France? Le livre n en est pas moins une très bonne introduction à la géologie jurassienne, réalisée avec un évident souci de pédagogie, qui devrait trouver de nombreux lecteurs tant dans le grand public que parmi les enseignants en sciences naturelles, auxquels il peut fournir beaucoup de données scientifiquement exactes et aisément utilisables. C est là le genre de livre qui donne envie d aller découvrir sur place la géologie d une région. E. BUFFETAUT * Société jurassienne d'émulation, 8 rue du Gravier, CH Porrentruy, Suisse Centre Jurassien du Patrimoine, 7 rue des Cordeliers, Lons-le-Saunier

47 Analyses d ouvrages CHOUCHOU LE PETIT CAILLOU ET LE JET QUI CHATOUILLE A. Plas, M. Chierico Label Histoire Éditeur, Gorbio, 2007, 1 vol. br. 21 x 30 cm, 32 p., ill. ISBN : Prix : 12 E.* Cet album illustré, d'une trentaine de pages, est le deuxième volet des aventures de Chouchou le petit caillou. Après une première aventure parue en 2004 et se déroulant sur les bords de la Méditerranée, le héros, un petit caillou, nous emmène avec ses amis, Jade et Vieille Branche qui sont ce que leurs noms laissent entendre, dans les Alpes Suisses au bord du Rhône. Cette drôle d'équipe, qui sera bientôt grossie de Quartz fenêtre, de Serpentinite dite Verdita et d'ardoise à bélemnite tronçonnée, nous fait découvrir le grand fleuve depuis sa source jusqu'au Lac Léman où ils ont pour mission de délivrer la Pierre de Grès retenue prisonnière dans le Château de Chillon. Ils sont accompagnés et aidés dans ce périple par des oiseaux alpins, gypaètes barbus, lagopèdes alpins, fuligules et cygnes du Léman. Ils finissent par découvrir le but de leur voyage : le geyser au milieu du lac, le «jet qui chatouille», dans lequel ils se laissent emporter, avec quelques pierres précieuses ayant fait le «musée buissonnier» du Palais de Rumine. Le texte est peut-être un peu difficile pour être lu par un enfant seul. Trois pages de glossaire terminent cet album. Les illustrations des paysages et autres habitants des montagnes sont de très belles aquarelles rendant fort bien la quiétude des paysages alpins. Le décalage graphique entre les décors et les personnages principaux est un peu surprenant. Une belle histoire à la découverte de la nature, destinée à être lue aux jeunes enfants par des parents ou grandsparents, géologues ou non. S. CRASQUIN * Alain Plas, 49 rue du Château Gorbio DINOSAURES ET AUTRES REPTILES DE NORMANDIE F. Collin, F. Hébert, T. Rebours Éditions Charles Corlet, Colombelles, 2007, 1 vol. br. 19 x 13,5 cm, 96 p., ill. ISBN : Prix : 9,50 E.* Ce petit livre présente, à l intention du grand public, les principales découvertes de reptiles fossiles réalisées en Basse-Normandie (les spécimens nombreux et importants découverts en Haute- Normandie, surtout aux environs du Havre, ne sont pas mentionnés). Les couches jurassiques visibles dans les falaises et les carrières de la région ont en effet livré en abondance des restes d ichthyosaures, sauroptérygiens, crocodiliens et dinosaures. Les premières découvertes, comme nous le rappellent les auteurs, remontent au 18 e siècle, mais la plupart des fossiles trouvés au 19 e siècle et au début du 20 e ont disparu lors du bombardement de l université de Caen par les Alliés en Depuis, les découvertes ont continué, dues le plus souvent à des paléontologues amateurs. Le revers de la médaille est que ces spécimens sont pour beaucoup dans des collections privées qui n offrent aucune garantie de pérennité à moyen et long terme, ce qui en outre rend leur description plus que difficile dans les conditions strictes imposées (à juste titre) par les revues scientifiques de bon niveau. Les auteurs appellent de leurs vœux la création en Basse-Normandie d une «structure muséologique» permettant de recueillir ces collections ; mais si cette structure voyait le jour, encore faudrait-il convaincre les détenteurs de ces fossiles de les y déposer E. BUFFETAUT * Association Géo Paléo Archéo de Houlgate, Mairie de Houlgate, 10 bd Belges, Houlgate PAROLES DE TERRE A. Fayard Un, Deux Quatre Éditions, Clermont-Ferrand, 2007, 1 vol. br. 24 x 17 cm, 144 p., ill. ISBN : Prix : 23 E.* Les musées d histoire naturelle connaissent (au moins pour certains d entre eux) un renouveau dont on ne peut que se féliciter. Il se manifeste entre autres par la publication de «beaux livres» consacrés à leurs collections. Celui-ci s appuie sur les fossiles du Muséum d histoire naturelle de la Ville de Grenoble pour présenter au grand public les grandes lignes de l histoire de la Terre et des êtres vivants. La riche illustration photographique met en valeur nombre de spécimens remarquables appartenant aux collections grenobloises et venant du monde entier. On remarquera aussi les reconstitutions d animaux disparus, dues à l auteur, qui se signalent par leur qualité artistique et changent agréablement de ce que l on a l habitude de voir. Le texte, qui raconte la grande aventure de la vie dans un style parfois épique, suscite quelques réserves : doit-on encore s interroger sur la capacité du mécanisme darwinien de sélection naturelle à expliquer l évolution des espèces? Pour une nouvelle édition, il serait bon aussi de contrôler les datations fournies pour les périodes géologiques, qui trop souvent sont plus qu approximatives. E. BUFFETAUT * Un, Deux Quatre Éditions, 26 rue Newton, ZI du Brézet, BP 32, Clermont-Ferrand cedex 2 45

48 Analyses d ouvrages THE ROLE OF WOMEN IN THE HISTORY OF GEOLOGY C.V. Burek, B. Higgs (eds.) Geological Society Special Publication ; 281, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 352 p., ill. ISBN : Prix : 85.* Cet ouvrage comprend 20 articles présentés lors d un colloque de la Geological Society en 2005 (70 participants et pas seulement des femmes ). Ce colloque fait suite au projet européen «Pénélope» (1998), dont l un des thèmes était de développer l importance de l histoire des sciences dans l enseignement secondaire, afin de susciter des vocations scientifiques. Le hasard a voulu que ce fut une femme qui prit en charge ce thème, et eut l idée d évaluer le rôle des femmes dans les sciences. Cynthia Burek, coéditrice de cet ouvrage s est attelée à ce travail pour ce qui concerne la géologie. Les articles de cet ouvrage concernent essentiellement la communauté anglo-saxonne, depuis le XVIII e siècle jusqu à récemment. Les premières femmes qui ont joué un rôle en sciences de la Terre ont en commun un certain nombre de caractéristiques. Elles étaient en général issues de familles d intellectuels qui acceptaient que leurs filles aient une bonne éducation. Elles n avaient pas besoin d être rémunérées pour vivre. Leurs noms ne sont pas très connus, et même ont sombré dans l oubli, car elles n avaient pas de statut particulier : elles jouaient le rôle d aides éclairées, de dessinatrices, de responsables de collections, etc. pour des savants, souvent de la famille. E. Benett ( ), considérée par les auteurs comme la première femme géologue, travaillait avec son beau-frère. C est le cas, aussi de Clémentine Cuvier ( ) et de Sophie Duvaucel ( ), respectivement fille et belle-fille de Cuvier et «assistantes» de ce savant. Grace Milne (Lady Prestwich), a eu une vie scientifique très riche, en tant que nièce de l éminent botaniste Hugh Falconer, avec lequel elle a voyagé et travaillé, puis épouse de J. Prestwich. Ces femmes ont publié un grand nombre d ouvrages, pédagogiques en particulier, dont certains, comme cela se faisait à l époque, sous un pseudonyme. Bon nombre d entre elles ont travaillé dans les musées d histoire naturelle, où elles s occupaient des collections, comme Dortothea Bate ( ) au National History Museum (British Museum), mais Anna Birchall Hastings ( ), spécialiste des bryozoaires, a du renoncer à son salaire après son mariage avec un paléontologiste du Museum La société n encourageait pas leurs ambitions, pas plus que les sociétés scientifiques, comme par exemple la Société géologique de Londres qui fut forcée d accepter (par une loi) les femmes en Catherine Raisin ( ), première femme à devenir professeur de géologie à l Université (1875), ne put présenter elle-même un article à 46 la Société géologique de Londres, en 1887, ni recevoir en personne le «Lyell Found», en C est surtout dans l enseignement que les femmes ont pu faire carrière, comme à Bedford College, Newnham Cambridge (Catherine Raisin, Gertrude Elles), et ce fut encore le cas en Europe jusque très récemment. Les études sur le terrain étaient fortement découragées, parfois avec virulence, surtout dans la deuxième moitié du XIX e siècle. Maria Ogilvie Gordon ( ) fut la première femme à obtenir le DSc de l université de Londres et le PhD de l université de Munich. Étudiante privée du professeur von Zittel, elle était obligée d assister aux cours depuis une salle séparée de celle des collègues masculins. Elle a exploré, cartographié, les Alpes tyroliennes, les Dolomites, accompagnée par des guides de haute montagne. Ce n est qu en 1931 qu elle devint membre honoraire du Geologische Bundesanstalt de Vienne, et en 1932, elle eut droit à la Lyell Medal de la Geological Society de Londres. Son parcours, tant scientifique qu humain, est remarquable. Les carrières de ces femmes n ont pas souvent été brillantes. Un article consacré à la contribution des femmes britanniques à la paléobotanique du Carbonifère pendant la première moitié du XX e siècle indique que bien que constituant 1/3 des chercheurs sur ce sujet, seulement 2 d entre elles (11%) ont terminé leur carrière comme professeur ou équivalent, contre 42% des hommes C est encore les cas actuellement pour la carrière des femmes dans le Département de Géographie Physique en Angleterre. Rendons hommage à certaines associations, telle que la Geologists Association, qui ont accepté, bien avant d autres, que les femmes puissent y accéder, et participer aux études sur le terrain. Et il faut rendre justice à quelques collègues masculins tels que Samuel Haughton ou McKenny Hughes, R. Duer Irving, George Huntigton Williams, parmi quelques autres qui ont encouragé leurs carrières, ainsi que la bienveillance des époux de Marie Stopes, et de M.O. Gordon. La conclusion des éditrices de ce volume est édifiante : constatant que les comités d évaluation tout comme les employeurs potentiels sont majoritairement masculins, elles estiment que, pour le futur, «equal treatment does not necessarily mean equality of opportunity». Heureusement elles modèrent ce pessimisme en pensant que l enseignement de l histoire de la géologie en ce qui concerne le rôle des femmes aidera à construire une communauté scientifique équitable. Vous l avez sans doute deviné : j ai beaucoup apprécié cet ouvrage, qui mérite d être lu par toutes ET tous. * Geological Society Publishing House, Unit 7 Brassmill Enterprise Centre, Brassmill Lane, Bath BA1 3JN, Royaume-Uni F. ORSZAG-SPERBER

49 Analyses d ouvrages RESERVOIR GEOMECHANICS M.D. Zoback Cambridge University Press, Cambridge, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 463 p., ill. ISBN : Prix : 80. Par cet ouvrage de synthèse, Mark Zoback, professeur de géophysique depuis plus de 20 ans à l'université de Stanford en Californie, vient de mettre l'essentiel de ses enseignements à disposition de l'ensemble de la communauté des sciences de la Terre, tant universitaire qu'industrielle (pétrole, géothermie, stockage). Le titre de l'ouvrage est sans doute par trop réducteur, puisqu'il met l'accent sur les applications possibles de la géo-mécanique dans la gestion des réservoirs pétroliers, tandis qu'il aborde aussi les discussions à l'échelle du «bassin» et des «plaques lithosphériques». Les thèmes couverts dans la première partie concernent ainsi les principes de base de géo-mécanique, rappelant au lecteur tout ce qu'il faut savoir sur les contraintes, les fractures, les lois de comportement mécanique et les pressions de fluides, passant ainsi de l'échelle des plaques à celle du bassin et du puits. La seconde partie est consacrée aux mesures in situ et à l'ovalisation des forages, mettant en perspective l'utilisation des mesures de puits pour préciser la nature des contraintes, de l'échelle des plaques à celle du réservoir. La dernière partie s'attache à documenter, sur la base d'études de cas, les domaines d'application de la géo-mécanique pour prédire les risques en cours de forage, connaître l'impact de la fracturation sur l'écoulement des fluides et donc mieux contrôler la productivité des réservoirs, et prévoir les effets à long terme qu'une mise en production pourrait avoir sur les roches encaissantes. Ce livre est d'un excellent niveau technique, et doit être vivement recommandé à toute personne s'intéressant aux réservoirs pétroliers, mais aussi aux régimes de contrainte dans la croûte. Les nombreux doctorants, post-doctorants et collaborateurs scientifiques ayant participé, de près ou de loin, à la structuration des cours qui ont in fine conduit à ces différents chapitres, sont mentionnés et remerciés dans la préface. Il eut été plus judicieux de rappeler aussi leurs contributions en tête ou en note infrapaginale de chacun des chapitres concernés. La lettre latine S a été préférée au sigma grec pour définir les contraintes. Le seul vrai regret concerne l'éditeur, qui n'a pas su maîtriser la gestion des pages en couleur, lesquelles dupliquent ici des figures en noir-etblanc de certains chapitres devenues inutiles, et sont regroupées entre les pages 180 et 181, au milieu de l'ouvrage, nuisant au déroulement logique de la lecture du sixième chapitre. F. ROURE COMMENT TRAVAILLENT LES PREHISTORIENS INITIATION AUX MÉTHODES DE L'ARCHÉOLOGIE PRÉHISTORIQUE G. Gaucher Vuibert, Paris, 2005, 1 vol. br. 24 x 17 cm, 183 p., ill. ISBN : Prix : 19 E.* Ce manuel de 183 pages est une mise au point de la démarche effectuée par les préhistoriens depuis le début d'une fouille. Huit chapitres permettent de suivre le protocole qui conduit à mettre au jour les éléments aboutissant à une meilleure connaissance de la vie de nos ancêtres dans leur contexte environnemental. La synthèse qui en découle est présentée d'une manière simple et didactique et donne bien un aperçu de ce que doit être la minutie qu'impose l'exploitation du site. Selon l'image qui est souvent donnée, une fouille préhistorique peut être comparée à la lecture d'un ouvrage dont chaque page disparaît au fur et à mesure de sa lecture, d'où cette lourde responsabilité imposée aux préhistoriens de prendre le maximum de garanties au cours de la fouille. Dès le début de l'ouvrage, l'auteur insiste, à juste titre, sur la part du hasard liée à la découverte même d'un site, aussi bien en grottes qu à l'air libre. Très souvent et tout naturellement, nos ancêtres installaient leur habitat en tenant compte de la localisation, de la sécurité et des impératifs de survie. Ces habitats étaient temporaires, liés à la présence de faune et de point d'eau, entre autres. Pour mieux comprendre cette stratégie et le comportement de ces humains, le préhistorien doit tenir compte de l'environnement géologique et climatique de l'époque contemporaine de l'homme. Ceci explique pourquoi la préhistoire est devenue une recherche pluridisciplinaire, qui dépasse le stade du collectionneur à la recherche de la seule beauté de l'objet. G. Gaucher a su mettre en évidence, tout au cours de l'ouvrage, cette notion de pluridisciplinarité, avec le souci constant de collecter un maximum de données permettant de mettre à la portée d'un public très large les résultats des travaux réalisés parfois sur de longues années et dans des conditions physiques difficiles. 47

50 Analyses d ouvrages Tous ces aspects variés, que l'on commence à mieux apprécier depuis les énormes progrès des techniques de fouilles et d'analyses, sont très bien expliqués dans ce manuel, bien illustré par des exemples judicieusement choisis, facile à lire et à suivre. En plus, un glossaire permet de compléter utilement le propos de l'auteur. Proche collaborateur de notre éminent maître, André Leroi- Gourhan, nous ne pouvons que remercier G. Gaucher d'avoir eu cette excellente initiative de nous offrir cette mise au point sur les techniques et méthodes au service de la préhistoire. Nul doute que cet ouvrage a tout à fait sa place dans nos bibliothèques et permettra de mieux faire connaître le travail de terrain, celui en laboratoire et la manière dont on peut faire revivre le passé grâce aux objets récoltés, malheureusement pas toujours bien conservés, déformés, cassés ou transformés en partie par les actions diverses de l'évolution des sédiments qui les contiennent et du climat. J.C. MISKOVSKY * Éditions Vuibert, 20 rue Berbier-du-Metz, Paris cedex 13 DEVONIAN EVENTS AND CORRELATIONS R.T. Becker, W.T. Kirchgasser (eds.) Geological Society Special Publication ; 278, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 280 p., ill. ISBN : Prix : 75. Comme le soulignent les éditeurs, le Dévonien constitue une période charnière particulière et passionnante à étudier. Particulière parce qu elle voit se développer la vie sur la terre ferme ; particulière aussi - par rapport à notre époque - parce que nous sommes alors sur une terre totalement dépourvue de calotte polaire (période greenhouse) ; particulière encore par la densité en événements. Cet ouvrage reprend les contributions présentées lors du symposium international tenu à l université de Rabat en mars 2004, organisé par le Pr. A. El Hassani sur le thème «Devonian neriticpelagic correlation and events». Il est dédié à la mémoire de M.R. House ( ), spécialiste des ammonoïdés, éminent biostratigraphe du Dévonien qui a largement contribué par ses travaux à la connaissance et à la datation des séries dévoniennes du Maroc. Les contributions couvrent l ensemble du Dévonien. La première (Jansen et al.), consacrée au Dévonien inférieur, propose à partir de faunes de brachiopodes, conodontes, tentaculites, des corrélations entre les dépôts néritiques et pélagiques de huit formations reconnues dans une dizaine de coupes (vallée du Dra). Trois autres notes concernent encore le Maroc. Kaiser et al. corrèlent par conodontes et ammonoïdés les successions pélagiques de coupes de la Meseta marocaine où la tectonique éohercynienne cause une importante lacune sédimentaire à la base de l Hangenberg event. Riquier et al., sur la base de minéraux argileux et de la susceptibilité magnétique, analysent les changements intervenus dans les horizons Kellwasser du Maroc central et concluent à l importance des variations en CO 2 entraînant une diminution de l effet greenhouse au Famennien. La présence de stringocéphalidés dans les dépôts pélagiques riches en Goniatites du Givétien de la vallée du Dra permet à Ebbighausen et al. des corrélations intéressantes avec les faciès néritiques d Allemagne. Hartkopf-Fröder et al. analysent dans un sondage dans l Eifel des dépôts du Frasnien terminal (palynofaciès, géochimie, spores, matière organique) et concluent à l importance des conditions anoxiques pour expliquer l extinction Frasnien-Famennien. Si des articles sont consacrés aux événements Kellwasser d autres le sont à d autres événements. Ainsi Desantis et al. s intéressent aux événements Kaãák en Amérique du Nord et aux changements de faunes qui les accompagnent, tandis que Marshall et al. les analysent dans des environnements cycliques lacustres d Estonie et discutent du rôle du climat et de la tectonique. Blieck et al. analysent, à l échelle globale, la diversification des tétrapodes au cours du Dévonien supérieur, dans des environnements variés, terrestres ou marins. Les gisements connus sont systématiquement analysés et comparés. Deux articles concernent encore le Dévonien d Amérique du Nord. Van Straeten propose une synthèse du Bassin appalachien au Praguien supérieur Eifélien, réduisant le nombre de formations reconnues. Bartholomew et al. comparent, à partir de données biostratigraphiques et de la stratigraphie séquentielle, les formations du Hamilton Group avec les séries équivalentes nord américaines. Le dernier article (Brice et al.) examine, autour de la limite D-C, des faunes de brachiopodes qui apportent des informations intéressantes, en l absence de conodontes, sur une région du sud marocain et de l ouest algérien. Ce livre, indispensable à tous ceux qui s intéressent au Dévonien, témoigne, par les approches multiples et complémentaires dont il rend compte, de la richesse des études sur le Dévonien : rappelons que l International Subcommission on Devonian Stratigraphy a été la première des sous-commissions à définir de façon formelle l ensemble des étages. Un précieux index de huit pages des noms de localités et subdivisions lithostratigraphiques aide considérablement le lecteur. B. MISTIAEN 48

51 Analyses d ouvrages LA TERRE FACE AUX RISQUES MAJEURS M. Boilève Sélection du Reader's Digest, 2007, 1 vol. rel. 26,5 x 27 cm, 208, p., 300 ill. ISBN : Prix : 34,95 E.* Superbe ouvrage, saisissantes photographies, volonté louable d'associer risques naturels et technologiques, et qui marque d'emblée le lecteur. Le livre commence par une préface de N. Kosciusko-Morizet, secrétaire d'état chargée de l'écologie, qui nous invite à «adapter des comportements responsables sur le front de la prévention et de la gestion des risques majeurs». Un prologue de J.M. Bardintzeff introduit sa grande expérience du volcanisme, puis dépasse sa discipline pour «inscrire l'être humain dans l'écosystème terrestre», rejoignant ainsi l'approche des géographes Le livre lui-même commence par une bonne définition du risque majeur : «catastrophe dont l'ampleur dépasse les capacités de réaction des sociétés humaines». Les risques naturels météorologiques sont placés en premier, dont le «Grand Verglas» qu'a connu le Québec en Janvier 1998, ce qui, avec le fort enneigement actuel que subit le Canada, nuance quelque peu l'affirmation gouvernementale de la préface quant au «réchauffement climatique» Cette dernière notion trop médiatisée, cachant celle, plus préoccupante en termes de risques, d'accroissement de la variabilité du climat et des échanges méridiens. Les risques géologiques qui suivent, commencent par un heureux rappel de la tectonique des plaques et une corrélation entre limites de plaques et localisation des séismes. Les éruptions volcaniques sont l'occasion de rappeler la triste «mort en direct» d'une fillette de 12 ans lors de l'éruption très meurtrière du Nevado del Ruiz en novembre 1985, ( morts), mais une meilleure place aurait pu être faite à d'autres éruptions ultra-explosives plus récentes : Pinatubo, Unzen, Soufrière de Montserrat, etc. Les mouvements de terrain sont bien illustrés avec de bons blocs-diagrammes. Qualités identiques pour les risques technologiques et les meurtrières catastrophes de Tchernobyl, AZF, Malpasset, Feyzin, ainsi que pour les risques sanitaires, pandémies, amiante, pesticides, grippe aviaire. Tout en étant très lucide, y compris dans l'exposé de scénarios dramatiques possibles, le livre ne tombe cependant pas dans le catastrophisme ambiant. Bien au contraire, chaque type de risque est accompagné d'énoncés de «mesures de précaution» et d'une rubrique «soyons prêts». Un «Atlas des risques en France par canton» termine l'ouvrage, ce qui devrait, espérons-le, motiver les nouveaux conseils généraux qui devraient se le procurer et, mieux encore, l'utiliser Au total, un très beau livre, avec des illustrations exceptionnelles, très pédagogique, cherchant à servir, destiné au grand public, c'est-à-dire à tous les acteurs de l'interface homme-nature et des risques majeurs qui en résultent. Un livre sérieux par le texte, fort par l'image, humain par la volonté de prévention et d'éducation. G. MOTTET * Sélection du Reader s Digest B.P Bagneux Cedex TEXAS GIANTS : DINOSAURS OF THE HERITAGE MUSEUM OF THE TEXAS HILL COUNTRY J.O. Farlow et al. Heritage Museum of the Texas Hill Country, Canyon Lake, Texas, 2006, 1 vol. br. 28 x 22 cm, 105 p., ill.* Cet opuscule d une centaine de pages a été publié par le musée de Texas Hill Country avec le concours financier d une compagnie pétrolière. Ce petit livre est censé s adresser tant au grand public qu aux professionnels, et documente de façon assez complète un site à empreintes de pas de dinosaures du Crétacé inférieur. Le gisement, découvert en 1982, appartient au musée du patrimoine du Texas Hill Country, une région du centre du Texas (en fait les bâtiments de ce musée sont construits à quelques dizaines de mètres des dalles portant des empreintes). Hélas la plupart des empreintes, fortement érodées, se réduisent à de vagues dépressions dans la roche. Certaines constituent néanmoins des pistes mais les traces sont à ce point mal conservées qu il est difficile de décider si elles ont été produites par des ornithopodes ou des théropodes, les deux grands groupes de dinosaures bipèdes. Ces deux grandes familles de dinosaures possèdent des pattes tridactyles mais de nombreux critères permettent de distinguer les unes des autres sur des traces bien conservées. 49

52 Analyses d ouvrages Cela n a pas empêché les auteurs d effectuer des études sédimentologiques et paléoécologiques détaillées et de cartographier en détail la surface à empreintes pour l usage des ichnologistes : le début est donc plutôt technique et aride. Ensuite l essentiel de l ouvrage est destiné à un plus large public : comment décrire des traces fossiles, les nommer, les comparer, etc. Le lecteur est amené à suivre le raisonnement scientifique qui permettra (ou pas) d attribuer les empreintes de Texas Hill Country à un dinosaure particulier. C est sans doute l aspect le plus original de ce petit livre : loin de la péremptoire détermination de l expert, les différentes hypothèses et les doutes sont mis en avant : certes, de nombreuses empreintes ont des proportions proches de celles des ornithopodes mais dans une même piste se suivent des empreintes aux proportions de théropode et d ornithopode Pire encore, des empreintes ressemblant à celles d un théropode en 1983 ressemblent en 2005 à des traces d ornithopodes Cela peut-il être dû à l érosion? La conclusion de l étude laisse ouvertes plusieurs possibilités. Cette façon de rendre une démarche d investigation scientifique avec ses impasses, ses limites et ses interrogations abordable par tous les lecteurs est originale en paléontologie : les étudiants en cette discipline le liront avec profit. J. LE LOEUFF * Heritage Museum of the Texas Hill Country, P.O. Box 1598, Canyon Lake, TX 78133, États-Unis SUBMARINE SLOPE SYSTEMS: PROCESSES AND PRODUCTS D.M. Hodgson, S.S. Flint Geological Society Special Publication ; 244, Londres, 2005, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 232 p., ill. ISBN : Prix : 65. La publication spéciale n 244 de la Société Géologique de Londres Submarine Slope Systems: Processes and Products fait suite à une conférence internationale sur ce thème, tenue à l'université de Liverpool en avril Le but annoncé était d'intégrer les données acquises sur des systèmes sous-marins récents avec des données collectées dans l'ancien (à l'affleurement et en subsurface), afin de mieux caractériser les systèmes de pente sous-marine, leurs processus de mise en place et les dépôts associés. Cet ouvrage s'adresse donc plus particulièrement aux géologues et géophysiciens s'intéressant aux mécanismes de transfert de la plateforme au bassin, aux caractéristiques spatiales et temporelles des processus d'instabilité de pente et de remobilisation, et aux modèles stratigraphiques de développement des complexes de chenaux et lobes de pente. Les douze articles qui constituent l'ouvrage sont bien écrits et bien illustrés et offrent des exemples très divers. Ils sont regroupés en trois parties d'importance inégale. La première partie (6 articles) traite du développement stratigraphique des systèmes de pente sous-marine, à partir de deux exemples actuels (golfe de Cadix et fosse de Nankaï) et de quatre systèmes anciens étudiés à l'affleurement (Chili méridional, Pyrénées espagnoles, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud). En utilisant des techniques de nature et d'échelle très variables (sismique haute résolution, logs et panoramas d'affleurement, imagerie de puits, caractérisation pétrographique et minéralogique ), ces articles s'intéressent plus particulièrement à la source et à l'architecture des complexes de chenaux de pente, et au rôle joué par les dépôts en masse dans la géométrie et l'organisation séquentielle de ces complexes. Les quatre articles suivants traitent de la formation, de la géométrie et du remplissage des canyons, à partir d'exemples actuels (offshore de Virginie et golfe de Cadix) et anciens (Turquie et bassin du Congo). On notera plus particulièrement le dernier article discutant du concept de profil d'équilibre dans les systèmes turbiditiques et de son impact sur la morphologie des systèmes de transfert et dépôt. La dernière partie s'intéresse aux processus d'instabilité et aux dépôts associés, par le biais de deux articles très différents : le premier traite des déstabilisations générées lors de la subduction de monts sous-marins au niveau d'une marge passive, le second s'intéresse aux bréchifications in situ induits dans un sédiment carbonaté superficiel par le passage de turbidites, à partir d'exemples dans le Crétacé du Sud-Est français. Cette publication spéciale propose donc des visions diversifiées des systèmes de pente, mais du fait de son organisation comme une compilation d'articles, il ne propose pas une synthèse des spécificités faciologiques et architecturales de ces systèmes de dépôt, en comparaison notamment avec les systèmes de bassin. Comme le souligne d'ailleurs l'article introductif, un meilleur lien entre l'étude des systèmes récents (caractéristiques d'un haut niveau marin) et celle des systèmes anciens pourrait être obtenu par le biais d'un développement des modélisations numériques des processus d'érosion, transport et dépôt. P. JOSEPH 50

53 Analyses d ouvrages TECTONICS OF STRIKE-SLIP RESTRAINING AND RELEASING BENDS W.D. Cunningham, P. Mann (eds.) Geological Society Special Publication ; 290, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 488 p., ill. ISBN : Prix : 100. Les grands décrochements crustaux ou lithosphériques ne sont pas rectilignes. Ils présentent des courbures, des relais, dont le devenir en cours de glissement dépend de leur orientation par rapport à la faille principale. Lors du fonctionnement de la faille, ces relais seront des zones de compression ou d'extension privilégiées, et ce, de l'échelle millimétrique à l'échelle régionale. Ce livre est une collection d'articles scientifiques faisant le point sur l'évolution structurale et dans une moindre mesure, sédimentaire et métamorphique de ces domaines parfois voisins sur une même faille, mais dont les évolutions peuvent être radicalement différentes. L'ouvrage s'adresse uniquement à un public averti ayant déjà de solides bases en tectonique et une bonne connaissance de certaines situations régionales. Indiquons d'emblée que malgré l'exemple de la zone de fracture Siqueiros, l'ouvrage fait l'impasse sur les domaines océaniques, pourtant riches en contextes décrochants. L'intérêt de l'ouvrage réside en premier lieu dans le fait qu'il présente une synthèse assez complète des grandes failles décrochantes actives du monde émergé agrémenté de quelques monographies de systèmes fossiles (exemples dans les Alpes méridionales, dans les Appalaches canadiennes, dans le Bassin pannonien, au NE de l'angleterre). Ces systèmes anciens servent de support à des études variées sur les aspects microtectoniques, géophysiques ou relatifs aux fluides. Les spécialistes y trouveront certainement des données nouvelles intéressantes et des revues utiles sur l'organisation structurale des relais extensifs ou compressifs et des exemples de référence complets. La synthèse mondiale est magistralement servie par un article de P. Mann, spécialiste renommé des Caraïbes, faisant plus de 120 pages, très richement illustré et traitant des grands systèmes décrochants mondiaux (San Andreas, Scotia, Alpes, Anatolie, Tibet, Nouvelle-Zélande, Amérique du Sud, etc.). Il est suivi par une série d'articles traitant de la Californie, de la ride Sud-Scotia, de l'altaï et du Tien Shan, de la frontière Nord-Caraïbes, de la faille de la mer Morte et de son raccord avec la faille Nord-Anatolienne, de la Thaïlande, du raccord entre la faille Alpine et le rift de Taupo en Nouvelle-Zélande. Finalement, il s'agit d'un ouvrage complet, bien qu'assez hétérogène, montrant à l'aide d'exemples précis et d'une remarquable synthèse, la diversité des processus tectoniques possibles le long des grands décrochements et leur implication essentielle dans l'évolution morphologique des bordures de plaques. Y. LAGABRIELLE FOUR CENTURIES OF GEOLOGICAL TRAVEL. THE SEARCH FOR KNOWLEDGE ON FOOT, BICYCLE, SLEDGE AND CAMEL P.N. Wyse Jackson (ed.) Geological Society Special Publication ; 287, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 424 p., ill. ISBN : Prix : 90. Voici un livre qui tranche parmi les nombreux titres de cette série. Il ne s agit aucunement de recherches sophistiquées accessibles exclusivement aux spécialistes, mais d une collection d études historiographiques présentées en 2003 à l INHIGEO (International Commission for the History of Geological Sciences) et susceptibles de passionner les géologues de tout bord, comme les naturalistes et les philosophes férus d histoire des sciences. La géologie a d abord été, et reste encore pour une part importante une science «péripatéticienne», fondée sur l observation des paysages et des roches. On est frappé de voir la précision des conseils prodigués aux naturalistes-géologues par John Woodward en 1696, ou par H.-B. de Saussure un siècle plus tard, s adressant «au géologue [qui] observe et étudie pour l ordinaire en voyageant». Émotion aussi en contemplant les carnets de terrain de Charles Darwin pendant le voyage du Beagle ( ) : il y consignait ses observations en les accompagnant de croquis où les numéros des échantillons étaient reportés, et de panoramas montrant la géométrie des couches. Certains des voyages visaient des territoires autrement proches mais, pouvant se répéter, permettaient des conclusions plus claires : ainsi ceux de R. Jamieson à l Île d Arran et de N. Desmarest en Auvergne, qui mirent un terme aux théories neptunistes de Werner, vers la fin du 18 e siècle. Ce livre vous emmènera à bicyclette sur les routes d Irlande, à cheval vers le Grand Canyon du Colorado avec les découvreurs du Far West, en traîneau dans les solitudes glacées du Groenland ou du Grand Nord canadien, à dos de chameau ou à pied en plein Sahara, parmi des Touareg diversement disposés 51

54 Analyses d ouvrages Deux contributions concernent cet ailleurs qui nous est familier. L une raconte la riche expérience de Théodore Monod, tant géologique que philosophique. L autre, signée par Philippe Taquet, présente quatre grandes figures de la découverte géologique du Sahara au début du 20 e siècle : René Chudeau, mort dans la misère en 1921, Conrad Kilian, «suicidé» peut-être pour s être approché de trop près des problèmes politicopétroliers, Albert de Lapparent, découvreur de dinosaures et victime d un chameau (une chute le laissant paralysé), et l infatigable Théodore Monod, mort à 95 ans, à l aube du nouveau millénaire. Ouvrage passionnant et richement illustré (fac-similés de cartes anciennes, gravures, portraits, photographies), c est aussi un ouvrage scientifique où chaque article comporte résumé et bibliographie. Celle-ci privilégie sans doute trop la littérature anglo-saxonne sur l histoire de la géologie. Notre COFRHIGEO (membre de l INHIGEO) est pourtant actif mais ses publications (en français) restent trop confidentielles : on est loin de la diffusion de l ouvrage présenté ici! A. MICHARD GÉODYNAMIQUE MÉDITERRANÉENNE L. Jolivet et al. Enseigner les Sciences de la Terre, SGF/Vuibert, Paris, 2008, 1 vol. br. 24 x 17 cm, 232 p., ill. ISBN : Prix : 30 E.* Cet ouvrage, édité par la Société géologique de France en association avec Vuibert, rassemble et complète le contenu d'un cycle de conférences réservé aux enseignants des classes préparatoires aux grandes écoles et destiné à faire le point sur les connaissances relatives à la Géodynamique de la Méditerranée. Ces cycles annuels de conférences, sur des sujets variés, sont organisés à l'initiative de la SGF et de l'upa (Union des professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles agronomiques, biologiques et vétérinaires) dans le cadre d'une convention avec le Muséum. Les conférences ont été données par des spécialistes reconnus de la région et des processus géodynamiques qui la caractérisent. Le découpage de l'ouvrage en chapitres reprend le plan des conférences. Dans un premier chapitre dont le titre est celui de l'ouvrage, L. Jolivet propose une synthèse sur l'ensemble de la question. Le lecteur familier de la bibliographie de l'auteur ne sera pas surpris par les illustrations, issues d'articles de L. Jolivet et de ses coauteurs. Le lecteur moins averti trouvera un ensemble riche de cartes, de coupes, de reconstitutions palinspastiques sur l'ensemble du domaine méditerranéen et de remarquables dessins en 3D des structures liées à l'extension du domaine égéen (dômes métamorphiques, micro- et méso-structures associées). Les figures les plus importantes sont reproduites en couleur dans un cahier final. Dans ce chapitre, l'accent est mis de façon légitime sur les subductions passées et actuelles, mais on pourra regretter l'absence d'un volet géologique plus classique reprenant les caractéristiques stratigraphiques et structurales des grands domaines évoqués (Alpes, Apennins, Hellénides, Dinarides, ). Le deuxième chapitre, rédigé par B. Meyer, fait le point sur la sismicité et la tectonique active du bassin méditerranéen. Il débute par une revue historique et théorique très utile, puis aborde le problème par types de failles actives. L'auteur traite ensuite le cas de la faille Nord-Anatolienne. Le troisième chapitre, rédigé par G. Prouteau et B. Scaillet est consacré à l'activité volcanique de la Méditérranée centrale (autour de l'italie) et de l'arc Egéen et comporte trois gros-plans très pertinents sur le Vésuve, l'etna et sur le Santorin. Les contraintes chronologiques, les problèmes de source et de forte variabilité temporelle de ce volcanisme sont traités de façon concise et pédagogique, chaque contexte géodynamique étant particulièrement bien analysé. Ceci fait de ce chapitre un excellent complément à l'ensemble de l'ouvrage. Le chapitre 4, préparé par L. Jolivet, nous ramène en Méditerrannée occidentale et aborde les questions relatives à la géodynamique complexe de la jonction Provence-Corse- Alpes-Appenins. L'accent est volontairement mis sur l'évolution récente du système (extension et ouverture des bassins arrière-arcs) et laisse moins de place à la période mésozoïque de début de croissance des chaînes dans cette région. Le chapitre 5 est rédigé par JP Brun et se démarque des précédents car il aborde la question de l'extension de la région égéenne sous les aspects mécaniques. C'est une excellente occasion pour l'auteur de rappeler les aspects fondamentaux et historiques des concepts de détachements et de «core complex». L'ouvrage se poursuit par un chapitre très attendu par les enseignants, rédigé par J.-M. Rouchy, et traitant du problème du Messinien. C'est probablement un rare document en français faisant un point récent sur cette 52

55 Analyses d ouvrages question si importante. Tous les champs disciplinaires sont abordés : tectonique, chronologie, stratigraphie, lithologie, paléobathymétrie, Ce chapitre est donc un document de référence, très précis et complet, illustrant des aspects peu connus (séries à terre, lithofaciès, vitesse des entrée et sortie de crise) avec des documents pour la plupart inédits et construits pour l'occasion. Pour conclure, cet ouvrage remplit parfaitement son rôle. Les enseignants du supérieur et le public intéressés par les aspects fondamentaux du volcanisme et de la géodynamique de la région méditerranéenne et de son évolution messinienne trouveront une quantité remarquable d'informations à la fois détaillées et remarquablement synthétiques. En assemblant les riches informations des chapitres 1, 4 et 5, on obtiendra un bon bilan de ce qu'il faut savoir aujourd'hui sur les processus de subduction, de «slab roll-back», de «slab break up», d'exhumation, d'avancée et de recul de fosse, etc., dans le contexte de l'histoire tertiaire du domaine méditerranéen. L'ouvrage contient également un glossaire et se termine par un cahier de planches couleur. Y. LAGABRIELLE * Société géologique de France, 77 rue Claude Bernard Paris - prix membres SGF : 27 E et frais d envoi : 4 E. MAPPING HAZARDOUS TERRAIN USING REMOTE SENSING R.M. Teeuw Geological Society Special Publication ; 283, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 184 p., ill. ISBN : Prix : 75. Cet ouvrage propose un recueil d articles illustrant l utilisation de données de télédétection pour la cartographie d instabilités de terrain. L objectif principal est d établir un état des lieux concernant d une part l offre actuelle d imagerie aérienne ou satellitaire, et d autre part l exploitation qui peut en être faite dans le cadre d analyse de risque de mouvement de terrain. L augmentation de la population, la dégradation de notre environnement et les nouvelles évidences de réchauffement climatique confèrent une importance croissante à l analyse d instabilité de terrain. Cela concerne à la fois la prévention (cartographie de l aléa), la gestion d un événement critique (aide aux opérations de secours) et son analyse a posteriori (aide à la reconstruction, quantification de la déformation, analyse géomorphologique ). L imagerie aérienne ou satellitaire est un outil unique d analyse à grande échelle spatiale, notamment pour des zones difficiles d accès ou encore peu documentées. Par des mesures intégrées à l échelle d un pixel, elles complètent efficacement les mesures ponctuelles au sol. Ces dernières décennies ont vu une explosion de l offre (imagerie haute résolution, multi-spectrale, systèmes radar ) associée à l existence de modèles numériques de terrain (MNT) de très bonne qualité (SRTM, stéréo ASTER ), voire excellente (Lidar). Si certaines de ces données restent coûteuses, nombre d entre elles sont désormais accessibles, soit gratuitement, soit à un coût extrêmement modique. L intérêt de cet ouvrage réside principalement dans la confrontation d un ensemble de problématiques scientifiques avec ces données de télédétection. D un point de vue très pratique, sont mis systématiquement en avant les avantages, inconvénients et éventuelles complémentarités de ces données. Certains manques sont relevés (par exemple un système radar en bande-l, mais ALOS devrait y remédier ). Divers auteurs soulignent néanmoins l importance de contrôles externes (au sol ou en laboratoire) indispensables à une interprétation juste de ces images. De nombreux exemples d exploitation fine de ces données sont proposés que ce soit en terme d analyse spectrale et de classification, de mesure de déformation ou d analyse géomorphologique, ou encore de calage précis de MNT. Enfin, il est noté que les perturbations atmosphériques constituent parfois un facteur très limitant, et que la précision et la résolution du MNT, utilisé détermineront la qualité du géo-référencement de ces données. Chaque article illustre toujours très clairement et rigoureusement l apport de ces données de télédétection au traitement d un problème particulier (risque volcanique, environnemental, inondations, érosion, glissement gravitaire ). Cette approche commune donne à cet ouvrage une belle homogénéité malgré la diversité des approches présentées. Notons aussi un bon équilibre entre les diverses thématiques proposées. Les articles sont très clairs, compréhensibles par des non-spécialistes, et de très bonne qualité scientifique avec des illustrations pertinentes et d excellente qualité. Cet ouvrage propose un résumé très complet de l état de l art dans le domaine de l usage des données de télédétection pour l étude de l aléa de déformation du sol. Il suggère que ces données recèlent un potentiel d information encore largement sousexploité (archives aériennes ou zones géographiques non étudiées, techniques d analyse à affiner ). Cet ouvrage sera d un usage très précieux pour quiconque désire s engager dans une telle démarche. On y trouvera toutes les références nécessaires pour une lecture plus poussée ou l élaboration d un projet spécifique, autant sur le plan bibliographique que sur celui des bases de données actuellement disponibles. M. PEYRET 53

56 Analyses d ouvrages WEST GONDWANA : PRE-CENOZOIC CORRELATIONS ACROSS THE SOUTH ATLANTIC REGION R.J. Pankhurst, R.A.J. Trouw, B.B. Brito Neves, M.J. De Wit Geological Society Special Publication ; 294, Londres, 2008, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 422 p., 180 ill. I SBN : Prix : 95. Ce livre comprenant 20 articles rassemble une partie des travaux exposés lors du colloque «Gondwana 12» qui s est tenu en 2005 à Mendoza, Argentine. Ce type de rencontre entre membres de la communauté travaillant sur le Gondwana se tient tous les trois ans environ depuis le «Gondwana 1» de Mar del Plata, en Ces manifestations donnent généralement lieu à des mémoires. Le «Gondwana 12» avait pour titre «The ties that bind» et pour thématique «les corrélations entre l Amérique du Sud et l Afrique» ce qui limitait géographiquement le sujet à la zone bordant l Atlantique sud, du Nigeria jusqu à l Afrique du Sud. La constatation que les contours de la marge atlantique de l Amérique du sud et de l Afrique sont complémentaires remonte à Ortellius (1596). Il a donc fallu attendre Wegener (1915) pour qu une explication scientifique soit proposée et 1927 pour qu un premier schéma géologique transatlantique soit publié par Du Toit. Depuis, les preuves géologiques de cette relation antérieure à l ouverture de l Atlantique s accumulent et ce livre fait office de «milestone» dans cette quête. L originalité de cet ouvrage issu du «Gondwana 12», est d avoir abordé le sujet par des publications communes impliquant des géologues travaillant sur des terrains adjacents, de part et d autre de l Atlantique. Cette démarche a stimulé la coopération entre les chercheurs tout en évitant les polémiques inutiles et la multiplication des publications par les mêmes auteurs. Les liens principaux sont évidemment fournis par les chaînes du Protérozoïque qui sont le sujet de 15 articles sur 20. Un article corrèle les bassins du Paléozoïque et la chaîne des Gondwanides et un autre est consacré à l ouverture de l Atlantique sud après que Pisarevsky et al. aient fait le point sur la position des différents blocs au Néoprotérozoïque. En résumé, ce livre de 422 pages et 180 figures en langue anglaise dont la thématique est bien définie est d un intérêt évident, d une homogénéité remarquable et d une bonne facture. Malgré tout, on regrettera le peu d implication de notre communauté nationale pour le Gondwana en général, et pour ce sujet en particulier (un seul représentant, Renaud Caby, parmi 64 auteurs). M. VILLENEUVE FOSSIL CORALS AND SPONGES Proceedings of the 9 th International Symposium on fossil Cnidaria and Porifera, Graz 2003 B. Hubmann, W.E. Piller (eds.) Schriftenreihe der Erdwissenschaftlichen Kommission ; 17, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, Vienne, 2007, 1 vol. br. 24 x 17 cm, 532 p., ill. ISBN : Prix : 74 E.* Paru en 2007, ce volume réunit les communications présentées au 9 e Symposium concernant les Récifs et les Constructeurs fossiles (Coraux et Spongiaires). Dans sa majeure partie, cette série d'articles, soigneusement imprimés et pourvus d'illustration de bonne qualité, fait le point sur les travaux récents développés à partir d'approches qu'on pourrait globalement qualifier de traditionnelles (morphologie, microstructures, description des faciès etc.). En 1997 déjà, Sando avait souligné l'impression d'immobilisme résultant de la similitude entre les volumes successifs de cette série et le risque évident pour l'avenir du secteur de recherche lui-même. Curieusement, les éditeurs ont placé à la fin de l'ouvrage les seules communications susceptibles d'atténuer cette impression, alors que la parution très tardive de ce volume met en valeur le contraste avec la réunion du 10 e Symposium, qui s'est tenue l'an dernier à Saint-Petersbourg. Là, et pour la première fois dans l'histoire de cette série de meetings, se trouvaient associés les représentants de deux secteurs de recherche étroitement liés aux structures coralliennes et à la représentation qu'on s'en fait : i) la phylogénie moléculaire, pour les aspects taxonomiques et évolutifs, ii) les analystes de la biominéralisation corallienne, cristallisation biochimiquement contrôlée dont les modalités influencent directement la mesure des fractionnements isotopiques et les reconstitutions paléoenvironnementales qui en résultent. Ces changements étaient déjà annoncés lors du meeting de Graz, et on peut regretter que la rénovation méthodologique qu'ils expriment, et qui s'est vérifiée à Saint-Peterbourg l'an dernier, n'ait pas été suffisamment mise en valeur dans ce volume. J.-P. CUIF * Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, A-1011 Wien, Postfach 471, Postgasse 7/4, Autriche 54

57 Analyses d ouvrages METAMORPHIC ROCKS - A CLASSIFICATION AND GLOSSARY OF TERMS Recommendations of the International Union of Geological Sciences Subcommission on the Systematics of Metamorphic Rocks D. Fettes, J. Desmons (eds.) Cambridge University Press, Cambridge, 2007, 1 vol. rel. 25 x 19,5 cm, 244 p., ill. ISBN : Prix : 45. Le livre intitulé «Metamorphic rocks - A classification and glossary of terms» édité par D. Fettes et J. Desmons rassemble les résultats de plus de 20 ans de discussions de centaines de géologues. Dans cet ouvrage, on trouvera les recommandations de la sous-commission pour la systématique des roches métamorphiques (SCMR) de L Union internationale des sciences géologiques (IUGS), pour l utilisation de la terminologie systématique des roches métamorphiques. La première partie explique en 12 chapitres comment dériver les noms corrects pour les roches et les processus métamorphiques en rappelant le raisonnement et l histoire de la nomenclature et aussi la liste des abréviations recommandées pour les espèces minérales recommandées. Dans la deuxième partie on appréciera un dictionnaire des termes avec définitions, références bibliographiques et étymologie qui inclut aussi les termes dont on recommande l abandon. Certaines sections dans la première partie sont lourdes et difficiles à lire, mais c est compréhensible quand on essaie de mettre d accord des centaines de géologues du monde entier sur la terminologie. Ce qui est plus regrettable, ce sont les illustrations, qui pourraient être beaucoup plus nombreuses et de meilleure qualité. Mais il est clair que cet ouvrage est assez complet et qu il va combler une lacune dans la littérature sur le métamorphisme. Il sera certainement apprécié par chaque géologue qui étudie les roches métamorphiques, mais il sera également utile aux autres géologues et aux étudiants. Il deviendra probablement la référence clé et un standard international pour la nomenclature des roches métamorphiques. P. STIPSKA LES PULSATIONS DE LA TERRE DYNAMIQUE DU MANTEAU P. Machetel Collection Interactions, SGF/Vuibert, Paris, 2008, 1 vol. br. 24 x 17 cm, 160 p., ill. ISBN : Prix : 19 E.* Cet ouvrage traite de la dynamique du manteau vue dans l optique des simulations numériques. L historique de ces simulations et de leur apport en sciences de la Terre est fort intéressant. La thèse défendue, celle d avalanches de matière depuis le manteau supérieur vers le manteau inférieur, est bien argumentée et la discussion sur l existence d une telle avalanche au Crétacé est convaincante. Cependant, d autres hypothèses sur la dynamique du manteau, les différents types de convection, ne sont que très peu abordés, non plus que les autres types d études du manteau (méthodes d observation géophysiques et géochimiques), qui ne sont pour la plupart que mentionnées. De ce fait, cet ouvrage s adresse à un public spécialisé, étudiants de troisième cycle ou chercheurs. Par ailleurs, il est à déplorer de nombreuses imprécisions ou erreurs dans les domaines ne relevant pas de la simulation numérique, notamment la minéralogie, la sismologie et la géochimie. Sur la forme, l expression écrite est correcte, mais aurait gagné en concision si elle avait été mieux illustrée. Les figures sont en effet dans l ensemble de pauvre qualité (souvent difficilement lisibles parfois du fait de l absence de codage couleur, certaines contiennent des erreurs, d autres ne sont pas traduites de l anglais, axes mal ou pas libellés). Les ouvrages dont sont tirées les figures ne sont pas toujours cités. Des encarts précisent les équations utilisées pour traiter de la convection ; on regrettera que l absence de notation vectorielle les rende difficilement compréhensibles. Plusieurs ouvrages de qualité, publiés en langue française, existent dans ce domaine des sciences de la Terre et auraient mérité d apparaître dans les références bibliographiques. C. SANLOUP * Société géologique de France, 77 rue Claude Bernard Paris - prix membres SGF : 17 E et frais d envoi : 4 E. 55

58 Analyses d ouvrages GÉOLOGIE DES TERRAINS HOUILLERS DU BRIANÇONNAIS R. Lestournelle Société géologique et minière du Briançonnais, Saint-Chaffrey / Éditions du Fournel, L'Argentière La Bessée, 2007, 1 vol. br. 24 x 16 cm, 78 p., 80 ill. ISBN : Prix : 15 E.* LA MINE DE GRAPHITE DU COL DU CHARDONNET R. Lestournelle Société géologique et minière du Briançonnais, Saint-Chaffrey / Éditions du Fournel, L'Argentière La Bessée, 2004, 1 vol. br. 24 x 16 cm, 79 p., ill. ISBN : Prix : 14,50 E.* LES TORRENTS DE MONTAGNES - L EXEMPLE DU BRIANÇONNAIS S. Baraille, D. Blanchon, D. Gilbert, R. Lestournelle Société géologique et minière du Briançonnais, Saint-Chaffrey / Éditions du Fournel, L'Argentière La Bessée, 2006, 1 vol. br. 24 x 16 cm, 94 p., ill. ISBN Prix : 18 E.* La Société géologique et minière du Briançonnais, présentée dans Géochronique n 105, 2008, p. 16, a publié trois ouvrages permettant aux visiteurs du Briançonnais de découvrir différents aspects de la géologie du secteur. Ces ouvrages sont richement illustrés de nombreuses photos et schémas et cherchent à faire comprendre, à partir d une présentation scientifique simplifiée, l origine et les modalités de l exploitation des ressources houillères du Briançonnais pour les deux premiers, ainsi que, pour le troisième, les risques liés aux crues torrentielles. En dehors du grand public, les enseignants préparant un stage de terrain avec leurs élèves pourront y trouver de nombreuses informations précieuses. Dans la Géologie des terrains houillers du Briançonnais, les terrains houillers (roches, fossiles, figures sédimentaires) sont caractérisés, puis par application du principe d actualisme, fondé ici sur des comparaisons avec la vallée de la Durance actuelle, la reconstitution de leurs conditions de formation est discutée ; enfin, les conditions de l exploitation du charbon sont analysées. L ouvrage donne envie d aller voir les objets réels sur le terrain, en visitant par exemple les anciennes mines paysannes de Villard Saint Pancrace ou en explorant le secteur de la Combarine : à ce sujet, il est dommage qu un itinéraire précis, avec carte à l appui, ne soit pas fourni. La mine de graphite du col du Chardonnet présente une mine exceptionnelle par sa nature seul gisement de graphite qui a été exploité en France et cela jusqu en 1930 et les conditions de cette exploitation sur un versant de montagne abrupt à m d altitude. L ouvrage explique les conditions de formation du graphite, mais développe surtout l histoire et les conditions de son exploitation. 56 Dans Les torrents de montagne - l exemple du Briançonnais, sont présentées principalement les crues torrentielles : leurs fréquences, leurs origines et leurs conséquences. L intérêt de l ouvrage consiste en une sensibilisation du lecteur à la culture de ce risque naturel, qui a augmenté du fait du développement de l urbanisation sur les cônes de déjection, et de pouvoir mieux comprendre des observations communes dans le secteur : dégâts causés par d anciennes crues, travaux variés de protection. On apprend ainsi que la commune de St Chaffrey est particulièrement exposée à ce risque par ses deux torrents : le Verdarel et Ste Elisabeth et pourquoi ses habitants ont installé un pont-levis sur la route traversant le centre du village, lassés de voir les ponts emportés par les crues successives. Dommage que la carte des différents torrents mentionnés abondamment dans le texte, ne figure qu à la page 39 et reste incomplète (absence du torrent de Pinatelle pourtant mentionné comme l un des plus actifs) et qu on ne dispose pas d informations plus précises pour visiter sur le terrain un site tel que le Verdarel où pourtant un parcours scientifique a été installé. En conclusion, des ouvrages intéressants, mais manquant parfois de rigueur : légendes absentes ou incomplètes pour certaines figures, approximations scientifiques pas forcément nécessaires pour le grand public, et qui gagneraient à être complétés par la description précise d itinéraires de terrain. P. LESUR *Société géologique et minière du Briançonnais, mairie, Saint-Chaffrey

59 Analyses d ouvrages LES GÉOSCIENCES AU SERVICE DE L HOMME. COMPRENDRE L AVENIR Collectif École nationale de géologie, J.-P. Tisot (coord.) Éditions Hirlé, Strasbourg, 2007, 1 vol. rel. 30,5 x 22 cm, 197 p., ill. ISBN : Prix 35 E.* Cet ouvrage, paru à l occasion du centenaire de l École nationale supérieure de Géologie (ENSG) est une remarquable contribution à l Année internationale de la planète Terre ( ). C est un panorama exhaustif de tous les domaines où les géologues «géoscientistes» interviennent au service de l homme. L ouvrage est structuré en 9 chapitres : les matières minérales, les matières premières énergétiques, les grands ouvrages de génie civil, les ressources en eau, le génie de l environnement, les minéraux naturels divisés, la géomodélisation, la géologie extraterrestre, et les variations climatiques du passé et de l avenir. Chacune de ces sections est écrite par un, deux ou trois auteurs tous issus de l ENSG ; la coordination des 17 auteurs est assurée par J.P. Tisot ancien directeur de l ENSG actuellement professeur à cette école. Des illustrations de qualité, très nombreuses photographies et figures, placées en regard du texte très dense permettent une lecture aisée et instructive. Au fil des chapitres, des anciens élèves de l ENSG brossent leur parcours professionnel et la réalité de leur métier. Dans chaque chapitre qui se lit de façon indépendante, l aspect historique évoqué permet de mieux comprendre l état actuel des techniques et les perspectives dans le cadre de l économie mondiale. En bilan, un ouvrage très riche, précis, rigoureux à recommander à tout citoyen éclairé désireux de comprendre les réalités et les enjeux des géosciences. On le conseillera également aux enseignants et à leurs élèves. C. VIAUX *Éditions Hirlé, 131 rue Boecklin Strasbourg TERRANES PROCESSES AT THE MARGINS OF GONDWANA A.P.M. Vaughan, P.T. Leat, R.J Pankhurst (eds.) Geological Society Special Publication ; 246, Londres, 2005, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 456 p., ill. ISBN : Prix : 95. Ce livre rassemble une série de papiers de recherche et de synthèse sur les orogènes de l hémisphère sud qui s étendent de la Tasmanie et l Est Australien jusqu à l Amérique du sud en passant par la Nouvelle Zélande et l Antarctique. Le concept de «terrains exotiques» (terranes en anglais) est la base de l ouvrage. Ce concept surtout développé dans l hémisphère nord dans les années 1970 s intéresse ici à l accrétion de ces unités sur une partie du pourtour du supercontinent Gondwana. Cette démarche cherche à mieux comprendre la formation de croûte continentale sur la base d accrétion successive de terrains exotiques de nature variée (croûte océanique, arcs volcaniques ), et s oppose au concept plus classique de Wilson privilégiant les collisions continentales. Les chaînes Est-Australiennes par exemple constituées de matériel non continental constituent près du tiers du continent actuel. Ce processus de cratonisation trouverait son équivalent moderne dans les montagnes Rocheuses s étendant du Mexique à l Alaska. L étude de l épisodicité de l accrétion tectonique mésozoïque mise en relation avec l activité des panaches mantelliques décrite par Vaughan et Livermore a particulièrement attiré mon attention. Selon ces auteurs les forces de volume autour des centres d émission des point chauds pourraient avoir induit des accélérations des subductions en marge des plaques affectées et l enregistrement de paroxysmes tectoniques. Bien que fondé sur un concept discutable et discuté, ce volume reste en tous cas une référence incontournable pour ceux qui s intéressent à l évolution phanérozoïque de l hémisphère sud un autre regard sur notre globe. C. RANGIN 57

60 Analyses d ouvrages LE TOUR DE FRANCE D UN GÉOLOGUE, NOS PAYSAGES ONT UNE HISTOIRE F. Michel Delachaux et Niestlé & BRGM éditions, Orléans, 2008, 1 vol. rel. 26 x 26,5 cm, 384 p., ill. I SBN : Prix : 39,95 E.* C est à un merveilleux voyage géologique à travers la France que nous convie ce volume : «Le tour de France d un géologue». Bel hommage à notre pays, en 380 pages, en cette année consacrée à la planète Terre. Les roches racontent une histoire à qui sait les faire parler : c est le mérite de l auteur de l avoir fait pour les lecteurs de cet ouvrage dont on souhaite qu il puisse devenir pour beaucoup un livre de chevet. Un premier chapitre est consacré à «Regards sur la France». Les grands traits de l histoire géologique du pays, depuis 3 milliards d années, sont évoqués d une façon extrêmement claire, illustrés par la lecture de la carte géologique. Celle-ci est présentée comme un document de référence, incontournable, fruit du travail de nombreux collaborateurs pendant des décennies. Dix chapitres sont consacrés aux différentes régions : le Massif armoricain ; le Bassin de Paris ; les Vosges et l Alsace ; le Massif central ; Jura, Bresse et Bas Dauphiné ; les montagnes des Alpes ; de la Provence au Bas Languedoc ; la Corse, île de Beauté ; le Bassin d Aquitaine ; les montagnes des Pyrénées. Chacun débute par quelques pages consacrées à des généralités sur territoires et géographie. En quelques lignes l essentiel de la physionomie de la région est évoqué. Puis l histoire géologique est envisagée appuyée sur des extraits de cartes géologiques, des blocs diagrammes. Viennent ensuite les évocations des divers territoires composant ces régions, chacune présentée sous un titre choisi avec beaucoup d esprit. C est ainsi que le Massif armoricain présente onze territoires remarquables soulignés par des illustrations de grande qualité allant du Mont Saint Michel à des détails sur les schistes de Brétignolles, ou bien une lame mince d éclogite. Le choix des sites dans le Bassin de Paris illustre les va-et-vient de la mer soulignés par des dépôts très variés à l origine souvent de matériaux largement exploités : calcaires lutétiens, calcaires jurassiques de Bourgogne, tuffeaux de Touraine, craie, gypse, charbon, silex. Une petite remarque : étant donné la surface traitée dans ce chapitre allant de la Terre des Ardennes, à la Lorraine et aux Deux-Sèvres n aurait-il pas été préférable de l appeler Bassin parisien? Le Massif central se fait la part belle avec 14 approches. Les volcans sont bien entendu largement évoqués mais aussi les granites dont ceux du Sidobre avec leurs chaos et carrières illustrés par de très belles photos. Les montagnes des Alpes s expliquent par un océan qui s ouvre et se ferme au gré de la tectonique des plaques. Mais on y voit aussi des fossiles : ammonites, helminthoïdes, empreintes de dinosaures. La région qui s étend de la Provence au bas Languedoc constituée de plateaux calcaires, de socle cristallin et de plaines alluviales est comprimée et tiraillée entre Alpes et Pyrénées. Il en résulte une grande diversité évoquée à travers les ocres et bauxites, les lacs poissonneux oligocènes du Luberon, les pontes de dinosaures de Mèze. La Corse, «l île de beauté» pour les grecs est aussi qualifiée par certains d «élysée de la géologie» tant est grande son histoire géologique soulignée par des affleurements spectaculaires. La diversité des roches se reflète dans la polychromie des édifices romans. Il faudrait encore évoquer le Bassin d Aquitaine avec ses richesses préhistoriques et les montagnes des Pyrénées communes avec l Espagne et qui offrent de si beaux marbres. Ce bref aperçu de points forts développés dans quelques unes des régions décrites ne peut qu inciter à en découvrir davantage car sont abordés des aspects de la géologie régionale souvent peu évoqués. Il faut souligner la qualité des illustrations qui viennent à l appui d un texte fort agréable à lire. On l aura compris : j ai aimé «le tour de France d un géologue» En conclusion un ouvrage remarquable à mettre entre toutes les mains, à s offrir et à offrir. J. LORENZ * BRGM Éditions, 3 avenue Claude Guillemin, BP 6009, Orléans cedex 2 58

61 Analyses d ouvrages L ÉPUISEMENT DE LA TERRE. L ENJEU DU XXI e SIÈCLE D. Nahon Éditions Odile Jacob-Sciences, Paris, 2008, 1 vol. br. 22 x 14,5 cm, 235 p. ISBN : Prix : 25,90 E.* Dans un ouvrage, à la fois très instructif et passionnant à lire, Daniel Nahon ouvre un nouveau chapitre de la dégradation de l environnement sur la planète Terre, celui de la détérioration drastique de la pellicule superficielle de l écorce terrestre que constitue le Sol. Il alerte l opinion publique sur le fait que l épuisement annoncé de ce «bien commun mondial» sera l un des problèmes majeurs du XXI e siècle, au même titre que l effet de serre, la diminution croissante des réserves en eau, ou la raréfaction progressive des ressources énergétiques naturelles. Dans une démarche très didactique, au fil de dix chapitres aux titres très imagés, souvent anthropomorphiques, introduits ou émaillés d anecdotes-souvenir de sa vie d homme de terrain en Afrique, Daniel Nahon entraîne le lecteur à la découverte de l «ABC du Sol», de la naissance de sa structuration intime en horizons, de sa composition intime à forte dominance d argiles, de sa position stratégique à la «croisée de l air, de l eau et de la roche», de son rôle déterminant dans la mise en banque des éléments nutritifs qu il redistribue aux plantes. Mais l auteur détaille aussi tous les dangers qui guettent le Sol, et plus particulièrement, variations climatiques, pollutions multiples et variées, érosion, déforestation, surexploitation, diminution des surfaces arables, détournement des terres à plantes vivrières vers la surproduction de bio-carburants, etc. Daniel Nahon déroule en termes clairs et éloquents les différentes étapes de la vie du Sol jusqu à sa destruction complète, en donnant au lecteur, outre de très nombreuses données chiffrées, toutes les clés, à la fois pour l aider à comprendre les différents mécanismes mis en jeu et pour le convaincre des risques encourus pour les générations à venir. L ouvrage de Daniel Nahon s adresse non seulement aux spécialistes, mais aussi à un vaste public préoccupé par les problèmes d environnement, auquel il est tout à fait accessible. L auteur conduit son lecteur à une réelle prise de conscience sur la nécessaire préservation du Sol, lieu d ancrage de toute vie aussi bien végétale qu animale et l une des plus grandes richesses de la nature. C est un ouvrage de référence en la matière. H. PAQUET * Éditions Odile Jacob, Sciences, 15 rue Soufflot, Paris NEW THEORY OF THE EARTH - 2 nd edition Don L. Anderson Cambridge University Press, Cambridge, 2007, 1 vol. rel. 25 x 19,5 cm, 384 p., ill. ISBN : Prix : 35. Contrairement à ce que le titre annonce, il s agit d une théorie du manteau de la Terre (et, dans une moindre mesure, de son noyau). C est une édition refondue et augmentée du précédent Theory of the Earth du même auteur. Il ne faut pas chercher dans ce livre une culture de la géodynamique externe (géomorphologie, climatologie etc..) ou de la géologie historique (orogenèse, paléontologie etc.). En revanche, il offre une vision intégrée des domaines profonds, de la croûte jusqu au noyau. Ce qui est original du point de vue de l exercice, c est la réduction systématique d échelle qui s opère dans l explication des choses. Les savoirs de la géophysique (par exemple la gravimétrie, le magnétisme, la tomographie), ainsi que ceux de la pétrologie endogène et de la géochimie des magmas (très détaillée), trouvent finalement leur explication à l échelle des propriétés physico-chimiques des grains minéraux (l état de leurs phases et la thermodynamique des réactions minéralogiques). La volonté de l auteur est de résumer et d intégrer au maximum les connaissances-clés de la Terre interne. Les choix qui sont opérés pourront parfois paraître trop orientés. Mais en contrepartie le livre mérite son titre de théorie car il réussit à donner une image convaincante des mécanismes «planétologiques» fondamentaux. Or nous avons tous besoin, quel que soit notre niveau, de tels paradigmes. J.Y. REYNAUD 59

62 Analyses d ouvrages DEEP-TIME PERSPECTIVES ON CLIMATE CHANGE: MARRYING THE SIGNAL FROM COMPUTER MODELS AND BIOLOGICAL PROXIES M. Williams, A.M. Haywood, F.J. Gregory, D.N. Schmidt (eds.) The Micropalaeontological Society Special Publications, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 18 cm, 589 p., ill. ISBN : Prix : 95.* La part réservée aux climats anciens étant souvent mineure par rapport à l attention portée aux climats du Quaternaire, je salue l initiative de la publication de cet ouvrage moderne et riche d informations. Il est constitué de 26 articles écrits par les meilleurs spécialistes de chaque période. Il faut souligner la grande qualité des illustrations souvent en couleur ce qui permet une lecture facile. De nombreuses cartes paléoclimatiques illustrent l ouvrage. Après un premier article très documenté sur les climats phanérozoïques, le temps géologique constitue le fil conducteur de l ouvrage. On est un peu surpris de démarrer au Néoprotérozoïque, alors que la reconstitution des glaciations du Paléoprotérozoïque fait actuellement l objet d intenses recherches : un article synthétique faisant le point sur cette période majeure de l évolution des environnements terrestres aurait été utile. La plupart des articles pose les bonnes questions : «quelles sont les causes de la glaciation fini-ordovicienne?» «quelles sont les modalités de la déglaciation permienne?» pour n en citer que quelques unes. L hypothèse de la «Snowball earth» est naturellement discutée à la lueur des modèles climatiques. L intrigante glaciation hirnantienne fait également l objet d un article situant le pic de la glaciation dans un contexte de refroidissement entamé dès le Caradoc et selon un scénario comparable aux glaciations plus récentes. L accumulation de matière organique dans les océans, avec pour conséquence une diminution de l intensité de l effet de serre, a vraisemblablement joué un rôle majeur. L apport de la modélisation est considérable, mais il reste encore des incohérences entre les données paléontologiques et les sorties de modèles. Les auteurs en sont conscients et affinent de jour en jour les modèles climatiques de plus en plus sophistiqués. Treize articles portent sur les reconstitutions climatiques du Cénozoïque à partir d indicateurs variés, faunes, flores et données géochimiques. L ensemble fournit au lecteur une vision synthétique de l évolution climatique de cette période. Plusieurs articles portent sur des aspects méthodologiques comme le rapport Mg/Ca en tant que paléothermomètre ou encore sur l utilisation des alcénones ; d autres portent plus précisément sur des événements climatiques particuliers tel que le maximum thermique du passage Paléocène-Éocène. Au total il s agit d un ensemble d articles modernes associant données sédimentologiques, paléontologiques, paléoécologiques et géochimiques complétées par l utilisation de modèles. Cet ouvrage que je recommande vivement s adresse principalement aux enseignants et chercheurs en sédimentologie et paléoclimatologie. Il permet d actualiser nos connaissances sur l évolution climatique du globe depuis la fin du Précambrien et fait ressortir les questions pertinentes des recherches actuelles en paléoclimatologie. * Geological Society Publishing House, Unit 7 Brassmill Enterprise Centre, Brassmill Lane, Bath BA1 3JN, Royaume-Uni J.F. DECONINCK ECONOMIC AND PALAEOCEANOGRAPHIC SIGNIFICANCE OF CONTOURITE DEPOSITS A.R. Viana, M. Rebesco (eds.) Geological Society Special Publication ; 276, Londres, 2007, 1 vol. rel. 25 x 17,5 cm, 360 p., ill. ISBN : Prix : 85. Ce recueil d articles fait suite à un congrès international qui s est tenu en 2004 à Florence. Les contourites sont des accumulations de sédiments terrigènes typiques des glacis continentaux soumis à de forts courants géostrophiques. Ce sont des réservoirs moins bien connus que les deltas sous-marins profonds mais dont l intérêt économique est de plus en plus évident. Ce volume bien documenté (notamment en images sismiques et de sondeur multifaisceaux) permet de voir les figures sédimentaires kilométriques étonnantes qui structurent ces dépôts, dans des contextes forts différents (Atlantique nord, Méditerranée, Pacifique, Antarctique). Les processus sédimentaires et stratigraphiques sont abordés, ainsi que la relation avec les écosystèmes profonds (comme par exemple les récifs coralliens «froids» des mud mounds). Deux articles sont consacrés aux analogues anciens (au Jurassique et au Dévonien) de ces dépôts, ce qui peut paraître peu, mais reflète la difficulté de réduire les architectures sédimentaires à l échelle des marges en termes de modèles de faciès. Un article aborde également leur modélisation hydrodynamique. Au final, on a un ouvrage de référence pour actualiser les connaissances des spécialistes et néanmoins relativement abordable pour tous les sédimentologistes. J.Y. REYNAUD 60

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64 Splendide plaque de cubes de fluorine «bleu Gitanes» du filon du Four, Puy-Saint-Gulmier (Puy-de-Dôme) 25 x 18 cm, coll. G. Emringer, photo L.-D. Bayle

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