Bilan 2011 ETAT DES CONNAISSANCES SUR LES MICROMAMMIFERES DANS LE DEPARTEMENT DE L INDRE ET CONTRIBUTION DU GROUPE «PELOTES» D INDRE NATURE.

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1 ETAT DES CONNAISSANCES SUR LES MICROMAMMIFERES DANS LE DEPARTEMENT DE L INDRE ET CONTRIBUTION DU GROUPE «PELOTES» D INDRE NATURE. Romuald Dohogne Mélanie Marteau Aurélie Delavale Bilan 2011 Novembre 2013

2 Sommaire REMERCIEMENTS... 2 INTRODUCTION Historique de l acquisition des connaissances dans l Indre et présentation du groupe «pelotes» Résultats d ordre général Les espèces retrouvées dans les pelotes La Musaraigne couronnée Sorex coronatus La Musaraigne pygmée Sorex minutus La Musaraigne aquatique Neomys fodiens La Musaraigne de Miller Neomys anomalus La Crocidure bicolore Crocidura leucodon La Crocidure musette Crocidura russula La Crocidure des jardins Crocidura suaveolens La Taupe d Europe Talpa europaea Le Campagnol terrestre Arvicola terrestris Le Campagnol amphibie Arvicola sapidus Le Campagnol des champs Microtus arvalis Le Campagnol agreste Microtus agrestis Le Campagnol souterrain Microtus subterraneus Le Campagnol de Gerbe Microtus gerbei Le Campagnol roussâtre Myodes glareolus Le Mulot sylvestre Apodemus sylvaticus Le Mulot à collier Apodemus flavicollis Le Rat des moissons Micromys minutus La souris domestique Mus musculus Le Rat Surmulot Rattus norvegicus Le Rat noir Rattus rattus Le Lérot Eliomys quercinus Le Loir gris Glis glis Le Muscardin Muscardinus avellanarius Photo de couverture : Loir gris - Glis glis (P. Ribreau).

3 REMERCIEMENTS Cette synthèse a pu être réalisée grâce aux données de nombreux naturalistes, bénévoles ou salariés. Je souhaite leur adresser tous mes remerciements pour leur engagement naturaliste et pour nous faire confiance en nous transmettant leurs observations. Avec ce bilan, je souhaite en quelque sorte valoriser leurs efforts et les encourager de nouveau. Naturalistes ayant contribué au recueil de données jusqu au 31/12/2011. Les noms soulignés correspondent aux membres du groupe pelote qui ont participés aux séances de décorticage : ARMANGE Edith, AUCLAIR Déborah, BALLAIRE Marie-Noëlle, BARBAT Jean-Pierre, BERGER Vianey, BERTON Jérôme, BONNIN Pascaline, BORDET Jean-Luc, BOURDIAUX Carole, BOYER Pierre, BRAULT L., BUGEAUD Yves, CARAT Damien, CHAGNON Michelle, CHAREYRE Thierry, CHATTON Thomas, CHEVALLIER Jean, CHOTTIN Claude, CRON Christian, DESCHAMPS Damien, DESNIER G., DEZECOT Gilles, DOHOGNE Romuald, DUHAUTOIS Laurent, DUMEIGE Bruno, DURIA L., DURIS T., ELDIN Jean, FEUE Julie, FORCIN Violaine, FROGER Marie-Hélène, FRONTERA Jean-Emmanuel, GIBAN Martine, GONNARD Sabine, GRILLON Blandine, GROLLEAU Anne-Marie, GUENTET Anne-Marie, HENNACHE Alain, HERGOTT François, L HOSTE Marie, INGREMEAU Daniel, LABESSE Arnault, LANDRÉ Fabrice, LAPORTE Annie, LHERPINIERE Francis, LUBACH Tjitske, MACAIRE Nicolas, MARCHAIS G., MARTEAU Mélanie, MERCIER Nicolas, MERCIER Yves, METIVIER Adrien, MONESTIER Brigitte, MOREAU Bastien, MORIZET Yohan, MOTTEAU Valentin, MOUCAN Philippe, NOEL Olivier, PARDO J.-M., PARRISOT Anne, PHILIPPE Giovanni, PODEVIN O., PREVOST Michel, RAYNARD Philippe, RIDEAU C., ROUE Sébastien, RYK Sylvain, SACHEZ C., SAGET Patrick, SERVEAU Jean-Michel, SORNIN Dominique, SOURIAU Alice, SPEH Emmanuelle, TARDIVO Gérard, TOUSSAINT Christian, VAN Robert, VANDROMME Denis, VIGUERARD François, VILAIN Danièle. Toutes mes sincères excuses à celles ou ceux que j aurais pu oublier. Merci également à Léa TURCAT pour le dessin de Muscarin page 35. Je souhaite remercier tout particulièrement Annie Laporte ainsi que les autres membres du groupe pelote pour leurs dévouements à la cause des micromammifères et pour toutes les heures passés à décortiquer les centaines de pelotes récoltées sur le terrain. Enfin, un grand merci également à Micheline Boureau pour la relecture attentive du document. INTRODUCTION Le terme de «micromammifère» désigne les mammifères sauvages de petite taille. Dans la pratique, ce vocable peut être interprété de diverses manières, ce qui influence le choix des espèces qu il désigne. Les diverses interprétations ont en commun de regrouper les plus petites espèces d entre elles : de la Musaraigne pygmée (Sorex minutus) au Rat surmulot (Rattus norvegicus) ou au Loir (Glis glis). Une interprétation plus «large» du terme inclut des espèces de taille supérieure qui, pour l Indre, sont : l Ecureuil roux, le Hérisson d Europe, le Lapin de garenne, le Lièvre d Europe, le Rat musqué et le Ragondin. Dans ce travail, nous avons choisi de désigner sous le terme de «micromammifère» les plus petites espèces. Leur inventaire sur le terrain demande, pour la majorité d entre elles, beaucoup de temps et l usage d une technique particulière : l analyse des pelotes de régurgitation de l Effraie des clochers (Tyto alba). Le régime de cette dernière est basé sur les plus petites espèces de micromammifères et contrairement à d autres rapaces nocturnes, elle consomme aussi bien les végétariennes que les insectivores et elle n est nullement spécialisée vers la prédation de l une ou l autre. Si bien que la Chouette effraie réalise un véritable échantillonnage de ces espèces sur son territoire de chasse. La très grande partie des connaissances sur les micromammifères de l Indre est obtenue grâce à cette technique. Peu de naturalistes exercent, ou ont exercé, cette activité et ce rapport se veut être un bilan de ces recherches dans le département. 2

4 1 Historique de l acquisition des connaissances dans l Indre et présentation du groupe «pelotes». Les mentions les plus anciennes de micromammifères de la base de données d Indre Nature datent de 1975 et ont été réalisées par A. HENNACHE et concernent des pelotes de régurgitation récoltées à Obterre. Le recueil de données de ces petits mammifères a ensuite été longtemps absent, excepté en 1979 grâce au travail de Daniel VILAIN (centre-brenne) et en 1985 avec les données de Gérard TARDIVO (Le Pont-Chrétien-Chabenet). Une dynamique importante et régulière commence réellement en 1989, culmine en 1994 et s essouffle jusqu en A cette période l analyse des pelotes est le fruit d un travail de groupe dont les principaux contributeurs sont Marie-Noëlle BALLAIRE (1990), François HERGOTT (1994 à 1996), Daniel INGREMEAU (1991 et 1992), Gérard SAUVE (1990) et Denis VANDROMME (1989, 1993 et 1997). Deux timides regains d intérêt pour l analyse de ces matériaux ont lieu en 1998 et 1999 (Pierre BOYER) puis en 2002 et 2003 (Romuald DOHOGNE). Une nouvelle dynamique, comparable à celle initiée en 1989, débute en 2005 (Romuald DOHOGNE). Son initiation vient d un constat : les données de micromammifères vieillissent et tendent peu à peu à devenir obsolètes. Ce point reste problématique si l on veut surveiller l état de conservation des espèces, notamment celui des moins communes, et si l on souhaite publier un atlas de répartition suffisamment documenté des mammifères de l Indre. En effet, parmi la faune mammalienne du département, les micromammifères représentent les espèces pour lesquelles le recueil de données de présence est le plus fastidieux. Il est donc indispensable de «rafraîchir» le plus possible le jeu de données. Comme la récolte, et surtout l analyse des lots de pelotes demandent beaucoup de temps, il fallait solliciter l aide volontaire de naturalistes de l association. Cependant très peu de personnes étaient en mesure d identifier les restes contenus dans les pelotes et il a fallu organiser des formations spécifiques. Celle-ci ont débuté dés 2006 (Romuald DOHOGNE) et avaient lieu le mercredi après-midi. D abord de fréquence irrégulière, ces formations accueillaient de 2 à 10 personnes. Parmi les fidèles de ces formations, Annie LAPORTE a été particulièrement sensibilisée à la thématique et peu à peu c est elle, suivie de près par Brigitte MONESTIER, qui ont accepté de former de nouveaux adhérents et d animer le groupe. Les formations du mercredi après-midi sont devenues plus régulières et ont eu lieu principalement en automne et en hiver. Graphique 1. Evolution pluriannuelle du recueil de données de micromammifères dans l'indre

5 2 Résultats d ordre général 2.1 La base de données La base de données d Indre Nature fait état de la présence de 24 espèces de micromammifères dans le département, dont 22 ont été observées ces dix dernières années. En terme de diversité, ce cortège est comparable à celui des chiroptères et représente environ 35 % des 68 espèces de mammifères contenues dans la base de données d Indre Nature (Dohogne & Chatton, 2013). Il est a noté que l Indre compte une espèce de micromammifère qui est protégée au niveau national : le Muscardin (Muscardinus avellanarius). Une seule espèce est déterminante pour les Zones Naturelles d Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) : le Campagnol de Gerbe (Microtus gerbei). Tableau 1. Liste des espèces concernées par cette synthèse. Familles Noms latins Noms communs Déterminant pour les ZNIEFF Protection France Liste rouge régionale Liste rouge nationale Cricéridés Arvicola sapidus Campagnol amphibie VU NT Cricéridés Arvicola terrestris Campagnol terrestre EN DD Cricéridés Myodes glareolus Campagnol roussâtre LC LC Cricéridés Microtus agrestis Campagnol agreste LC LC Cricéridés Microtus arvalis Campagnol des champs LC LC Cricéridés Microtus subterraneus Campagnol souterrain LC LC Cricéridés Microtus gerbei Campagnol de Gerbe oui EN LC Espèces trouvées par le groupe pelote X X X X X Gliridés Eliomys quercinus Lérot LC LC Gliridés Glis glis Loir gris VU LC Gliridés Muscardinus avellanarius Muscardin oui DD LC Muridés Apodemus flavicollis Mulot à collier DD LC Muridés Apodemus sylvaticus Mulot sylvestre LC LC Muridés Micromys minutus Rat des moissons DD LC Muridés Mus musculus Souris domestique LC LC Muridés Rattus norvegicus Rat surmulot LC N/A Muridés Rattus rattus Rat noir EN LC Soricidés Crocidura leucodon Crocidure bicolore LC LC Soricidés Crocidura russula Crocidure musette LC LC Soricidés Crocidura suaveolens Crocidure des jardins LC LC Soricidés Neomys fodiens Musaraigne aquatique LC LC Soricidés Neomys anomalus Musaraigne de Miller DD LC Soricidés Sorex coronatus Musaraigne couronnée LC LC Soricidés Sorex minutus Musaraigne pygmée LC LC Talpidés Talpa europaea Taupe d'europe LC LC X X X X X X X X X X X 4

6 Parmi toutes ces espèces, les 5 espèces les plus fréquemment signalées dans le département de l Indre sont le Campagnol des champs (Microtus arvalis), le Mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus), la Musaraigne musette (Crocidura russula), le Campagnol roussâtre (Myodes glareolus) et la Musaraigne couronnée (Sorex coronatus). Elles représentent, à elles seules, 76 % des données de micromammifères de l Indre (Graphique 2). Graphique 2. Répartition des données de micromammifères dans le département de l Indre. 5

7 2.2 Le groupe «pelotes» A la fin 2011, 51 lots de pelotes de réjection d Effraie des clochers avaient été analysés par le groupe «pelotes». Les lots ont été récoltés sur 40 communes entre 2006 et 2011, et chaque lot contenait entre 1 et 71 pelotes de réjection soit de 2 à 294 crânes de micromammifères par lot (Tableau 2). Les lots ainsi récoltés couvrent 44 mailles réparties sur tout le département. (Carte 1). Carte 1. Localisation des lots de pelotes de réjection récoltés pour cette synthèse. 6

8 Tableau 2. Liste des communes où le nombre de lots de pelotes récoltés (Lots), la date de la récolte des lots (Année(s)) et le nombre d individus identifiés dans les lots de pelotes (Individus) sont indiqués. Communes Lot(s) Année(s) Individus Communes Lot(s) Année(s) Individus Aigurande Lye Argenton-sur-Creuse Lys-St-Georges Azay-le-Ferron Martizay Buzançais Neuillay-les-bois Ceaulmont Orsennes Chabris Palluau-sur-Indre Chassignolles Perassay Châteauroux Pouligny-St-Pierre Ciron Sacierges-St-Martin Cléré-du-bois Saint-Florentin Coings Selles-sur-Nahon Cuzion Saint-Maur Étrechet St-Michel-en-Brenne Faverolles Saint-Plantaire Gargilesse-Dampierre Valençay Guilly Varenne-sur-Fouzon Jeu-les-bois Vendoeuvres La Champenoise Veuil Le Blanc Villedieu-sur-Indre Liniez Villegouin Parmi les lots de pelotes récoltés, ce sont 16 espèces de micromammifères sur les 24 que compte le département qui ont été retrouvées dans l analyse des pelotes de réjection (Tableau 1). La présence des micromammifères varie en fonction de leur biologie, des milieux naturels mais également en fonction du régime alimentaire de l Effraie des clochers. Ceci étant, le nombre de données récoltées et donc, de mailles validées peut être très différents suivant les espèces (Tableau 3). De plus la méthode utilisée pour le recueil de données (analyse des pelotes, piégeage, observation directe d individus vivants ou morts, identification des crottes) peut être plus ou moins fructueuse selon les espèces. Pour chaque carte de répartition proposée plus loin, il est possible qu une ou plusieurs mailles de présence peuvent avoir été validées à différentes périodes (avant 2002, entre 2002 et 2011, et groupe «pelotes»). De ce fait, dans le Tableau 3, le nombre total de mailles où une espèce est signalée, ne correspond pas à la somme des mailles validées pendant les différentes périodes de cette même espèce, mais il correspond à la somme des mailles, où l espèce a été validée au moins une fois au cours des différentes périodes de temps. La récolte des données a été beaucoup plus importante avant 2002 pour la majorité des espèces, si on en juge par la correspondance en nombre de mailles validées pour chaque espèce (Graphique 3). Ceci est parfaitement normal si on en juge par la longue période concernée ( ) par rapport à la période et aux données dépouillées par le groupe «pelotes» (entre ). Le nombre de mailles validées par le groupe «pelotes» en seulement 5 ans de dépouillage (séances ponctuelles jusqu en 2009 puis de manières régulières) peut laisser présager un apport des données en continu au fur et à mesure des années. Par conséquence, l accumulation des données de micromammifères obtenues par le groupe «pelotes» devrait s accroître régulièrement dans les prochaines années et représenter, à fortiori, une part plus importante dans les statistiques. 7

9 Tableau 3. Implication du groupe «pelotes» dans la récolte des données ainsi que dans la validation des mailles 5 km x 5 km (326 au total) découpant le département. Le probabilité (en %) de trouver une espèce donnée dans un lot de pelotes est également indiquée. Nombre de mailles validées avant 2002 Nombre de mailles validées entre Nombre de mailles validées par le groupe «pelotes» Total des mailles validées (doublons non comptabilisés) Nombre de mailles totales validées / Nombre de mailles totales (en %) Nombre de mailles validées par groupe «pelotes» / Nombre de mailles totales (en %) Nombre de mailles validées par groupe «pelotes» / Nombre de mailles totales validées (en %) Nombre de crânes identifiés par groupe «pelotes» Représentation de l espèce (en %) sur l ensemble des lots de pelotes analysés par le «groupe pelotes». Espèces Arvicola sapidus Arvicola terrestris , Microtus agrestis ,01 4,60 20, ,29 Microtus arvalis ,64 10,74 25, ,08 Microtus gerbei ,53 0,31 20,00 1 1,96 Microtus subterraneus , Myodes glareolus ,30 6,44 23, ,98 Eliomys quercinus , Glis glis , Muscardinus avellanarius , Apodemus flavicollis ,59 3,07 35, ,61 Apodemus sylvaticus ,02 9,51 22, ,24 Micromys minutus ,70 3,99 17, ,41 Mus musculus ,33 2,45 12, ,65 Rattus norvegicus ,33 1,53 7,94 5 9,80 Rattus rattus ,60 0,61 13,33 2 3,92 Crocidura flaveolens , Crocidura leucodon , Crocidura russula ,65 8,90 23, ,43 Crocidura suaveolens , Neomys anomalus , Neomys fodiens ,44 1,23 19,05 4 5,88 Sorex coronatus ,06 5,83 19, ,94 Sorex minutus ,42 1,23 8,51 7 7,84 Talpa europaea ,40 1,23 1,79 4 7,84 8

10 Graphique 3. Nombre de maille(s) où la présence de l espèce est confirmée avant Groupe "pelotes" Nombre de mailles L évolution du recueil de données a été évaluée pour les différentes familles de micromammifères (Graphique 4a, 4b). Le Graphique 4c présente la répartition de ces mêmes familles dans le travail d analyse du groupe «pelotes». La majorité des données de la Taupe d Europe, seule espèce des Talpidés présente dans l Indre, a été obtenue lors de prospections entre 2002 et Les données de cette espèce sont très majoritairement réalisées en notant les taupinières. Cette espèce ne figure que très rarement dans les lots de pelotes de réjection. En revanche, on constate que le dépouillement de pelotes permet d apporter un nombre important de données concernant les Cricéridés (campagnols) et les Muridés (mulots, rats, souris) dans la base de données. Les Soricidés (musaraignes) sont un peu moins présents que ces derniers dans le régime alimentaire de l Effraie des clochers dans notre département (Graphique 4c). L analyse des pelotes de régurgitation reste néanmoins une méthode globalement intéressante pour le recueil de données de ces espèces. 9

11 Talpidés 14% Soricidés 26% Répartition des données (avant 2002) Cricéridés 28% Muridés 29% Gliridés 3% Cricéridés Gliridés Muridés Soricidés Talpidés Répartition des données ( ) Talpidés 27% Soricidés 20% Cricéridés 25% Muridés 24% Gliridés 4% Cricéridés Gliridés Muridés Soricidés Talpidés Graphique 5a. Répartition des données acquises avant 2002 pour chaque famille de micromammifères. Graphique 4b. Répartition des données acquises entre 2002 et 2011 pour chaque famille de micromammifères. Répartition des données obtenues par le groupe "pelotes" Soricidés 27% Talpidés 2% Cricéridés 37% Cricéridés Muridés Soricidés Talpidés Muridés 34% Graphique 4c. Répartition des données acquises par le groupe «pelotes» pour chaque famille de micromammifères depuis

12 La famille des Soricidés 3 Les espèces retrouvées dans les pelotes 3.1 La Musaraigne couronnée Sorex coronatus 6 à 12 g 6.7 à 8 cm (corps et tête) 3.8 à 5.7 cm (queue) Durée de gestation : 24 à 25 jours De 2 à 6 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 14 à 21 mois Longtemps confondue avec la Musaraigne carrelet (Sorex areneus), la Musaraigne couronnée devient une espèce à part entière en 1968 grâce à des études génétiques. Ces deux espèces sont très semblables morphologiquement, il est donc très difficile de les distinguer sans y regarder de près. On trouve la Musaraigne carrelet des Alpes jusqu à la Mer du Nord. Le département de l Indre est loin de son aire de répartition et les conditions environnementales ne lui sont pas favorables. Il n y a donc pas lieu de confondre ces deux espèces dans l Indre. Elle appartient à la sous-famille des Soricinae, caractérisée par des dents aux pointes rouges en raison de la présence de fer dans la partie externe de l émail. La Musaraigne couronnée n est pas un micromammifère rare dans le département puisqu elle a été retrouvée sur 30 % du territoire. Au total, 26 données ont été récoltées par le groupe «pelotes» entre les années 2006 et 2011 permettant ainsi de valider 19 mailles, soit 20 % des mailles validées jusqu à présent. Cette musaraigne «à dents rouges» est la deuxième musaraigne la plus commune dans le département. Elle apprécie les habitats frais et humides où la végétation est importante. 11

13 La famille des Soricidés 3.2La Musaraigne pygmée Sorex minutus 3 à 6 g 4.2 à 6.9 cm (corps et tête) 3.2 à 4.6 cm (queue) Durée de gestation : 25 jours De 2 à 6 petits par portée 4 portées maximum par femelle Longévité de 16 mois C est un des plus petits mammifères terrestres de France. L aire de répartition de la Musaraigne pygmée s étend de l Espagne jusqu en Sibérie. Elle donc présente partout en Europe continentale excepté sur la majorité des côtes et îles méditerranéennes. Elle appartient à la sous-famille des Soricinae, caractérisée par des dents aux pointes rouges en raison de la présence de fer dans la partie externe de l émail. En ce qui concerne la Musaraigne pygmée, le groupe «pelotes» a permis de confirmer la présence de cette espèce sur 4 mailles dans le département. En effet, cette musaraigne n a été retrouvée que sur très peu de lots analysés (7,84 %) alors que son aire de répartition couvre aujourd hui 14,4 % du département. C est une espèce de zones humides, présente autour des étangs (Brenne) ou bien dans les contextes de bocage avec bois, prairies humides. Elle est bien plus rare dans les paysages d openfields où elle se retrouve le long des petites vallées. L analyse des pelotes est généralement une bonne méthode pour étudier la répartition de cette espèce. Malheureusement, elle n a quasiment pas été retrouvée sur le peu de lots analysés en Brenne, où elle semblait pourtant bien présente il y a plus d une dizaine d années. Il faut donc continuer l effort de récolte et d analyse pour voir si cette espèce est en déclin ou non dans notre département. 12

14 La famille des Soricidés 3.3 La Musaraigne aquatique Neomys fodiens 12 à 20 g 7.2 à 9.6 cm (corps et tête) 4.7 à 7.7 cm (queue) Durée de gestation : 20 jours De 3 à 12 petits par portée 4 portées maximum par femelle Longévité de 12 à 19 mois La Musaraigne aquatique est également connue sous les noms de Crossope aquatique ou Musaraigne d eau. Cette espèce est largement présente en Europe, depuis l Espagne jusqu en Sibérie occidentale. Elle est également présente en Asie. C est la plus grande musaraigne d Europe, la plus adaptée à la vie aquatique puisque son terrier est creusé au bord de l eau et que ses proies sont essentiellement aquatiques. C est une excellente nageuse, elle passe environ 5 % de son activité journalière à nager et plonger (Illing, Illing & Kraft, 1981). Il a été estimé qu elle peut effectuer entre 500 et plongées par jour (Lugon-Moulin, 2003). De nos jours, cette espèce est menacée par la disparition des zones humides (ruisseaux, étangs, marais, ) et pollutions (LPO Champagne- Ardenne, 2012). Des individus entièrement mélaniques peuvent être observés (Dohogne, 2003). Cet insectivore reste peu identifié dans le département de l Indre et sa présence n est connue que sur à peine 6,4 % du département. C est une espèce rare dans l Indre et qui peut se rencontrer aux abords de zones humides bien conservées : étangs, mares, ruisseaux, rivières, marais. A ce jour, les données apportées par le groupe «pelotes» représentent plus de 15 % des données connues pour cette espèce. Les observations dans la Brenne datent d avant Des analyses de pelotes de réjection récoltées dans cette zone ainsi que la prospection des différents cours d eau (identification des fèces) pourraient également permettre d actualiser les données. 13

15 La famille des Soricidés 3.4 La Musaraigne de Miller Neomys anomalus 12 à 20 g 7.2 à 9.6 cm (corps et tête) 4.7 à 7.7 cm (queue) Durée de gestation : 20 jours De 3 à 12 petits par portée 4 portées maximum par femelle Longévité de 12 à 19 mois C est une espèce européenne, dont la répartition est morcelée. On trouve même des populations isolées en Iran. En France, elle est présente dans les massifs montagneux où elle trouve un important réseau de ruisseaux et des climats particulièrement arrosés : Alpes, Jura, Massif Central, Pyrénées, Vosges. Elle est également connue en plaine sous des climats typiquement océaniques et humides comme en Normandie. Cette espèce est assez proche de N. fodiens. Elle utilise les zones humides mais fréquente moins le milieu aquatique que cette dernière. De plus, ses proies sont bien plus terrestres (opilions, lombrics, etc.) que celle de N. fodiens. Les niches écologiques de ces espèces sont assez proches et il existe une forme de compétition entre elles qui est fréquemment défavorable à N. anomalus. A notre connaissance, cette espèce a été signalée la première et unique fois, dans le département de l Indre en 2002 (Indelicato, 2002) à partir de pelotes récoltées entre 1996 et Ce micromammifère est le plus rare de l Indre et de la région Centre. Elle est bien plus rare que l espèce proche N. fodiens, qui est déjà très rarement notée dans les pelotes de réjection. Cette technique d inventaire n est pas adaptée à la recherche de cette espèce. L étude de sa répartition demande des efforts particuliers et conséquents. La mise en place de tubes permettant le recueil de crottes (Churchfield & al. 2000), complété par des analyses génétiques de ces matériaux, serait à envisager. La présence de cette espèce est théoriquement très limitée dans l Indre et correspond à la Marche berrichonne, où le climat est le plus humide et où l on rencontre un important chevelu hydrographique. 14

16 La famille des Soricidés 3.5La Crocidure bicolore Crocidura leucodon 7 à 13.5 g 6 à 9 cm (corps et tête) 2.7 à 4.3 cm (queue) Durée de gestation : 30 jours De 3 à 10 petits par portée 7 portées maximum par femelle Longévité de 18 mois Très proche de la Musaraigne musette, cette espèce tient son nom du caractère bicolore de sa queue (plus courte que chez la Musaraigne musette). Elle semble cependant moins s approcher des habitations que Crocidura russula (Hainard, 1961). En France, c est une espèce principalement présente dans le nord et le quart nord-est et elle atteint dans l Indre une de ses limites sud de répartition. La Crocidure bicolore est connue sur près de 8,3 % du département. Cependant, elle n a pas encore été retrouvée dans les nombreux lots analysés par le groupe «pelotes». Nous ne désespérons pas de découvrir de nouvelles données de cette espèce mais elles seront, dans le meilleur des cas, peu nombreuses. Cette espèce semble en déclin dans de nombreux secteurs (Picardie, Suisse, ) et cela est aussi le cas dans l Indre (Indelicato, 2002). Cela serait également confirmé par la raréfaction des données issue de l analyse des pelotes ces dernières années. C. leucodon est assez proche de C. russula et l expansion récente de cette dernière se ferait au détriment de C. leucodon qui aurait tendance à se rabattre vers les boisements. Ce type d habitat n est pas ou peu fréquenté par l Effraie des clochers, ce qui réduit encore plus les chances de trouver des restes de la Crocidure bicolore. Cette espèce est aujourd hui l un des micromammifères les plus rares et les plus menacés du département de l Indre. 15

17 La famille des Soricidés 3.6La Crocidure musette Crocidura russula 11 à 13 g 5.1 à 8.6 cm (corps et tête) 2.4 à 4.6 cm (queue) Durée de gestation : 30 jours De 2 à 9 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 18 mois Elle est présente de l ouest du Maghreb à l Allemagne. En France, c est une espèce très largement répartie. Les climats chauds et secs lui conviennent très bien, contrairement à d autres espèces telles que par exemple Neomys fodiens. Elle occupe des habitats souvent ouverts et secs et se retrouve fréquemment dans les openfields. Les habitations sont fréquemment visitées en hiver par cette espèce (LPO Champagne- Ardenne, 2012). La Crocidure musette est l espèce de musaraigne la plus commune du département. Elle couvre, pour l instant, près de 38,6 % du département. Cette musaraigne est appréciée des Effraies des clochers car elle a été retrouvée dans près de 78,4 % des lots analysés jusque là. Les mailles validées par le groupe «pelotes» (29 mailles) représentent près de 23 % des mailles totales validées. Ces chiffres laissent présager de bonnes prévisions pour compléter son aire de répartition dans l Indre. La Crocidure musette est présente dans toutes les régions naturelles, que ce soit en Boischaut Nord et Sud, en Brenne et en Pays Blancois ainsi que dans la Champagne Berrichonne. 16

18 La famille des Soricidés 3.7La Crocidure des jardins Crocidura suaveolens 5 à 8 g 5 à 8.1 cm (corps et tête) 2.8 à 4 cm (queue) Durée de gestation : 21 à 28 jours De 3 à 10 petits par portée 7 portées maximum par femelle Longévité de 18 mois La Crocidure des jardins est également connue sous les noms de Musaraigne de Pallas et Crocidure pygmée. Son aire de répartition s étend de l Europe jusqu en Asie. C est une espèce dite opportuniste, c est-à-dire qu elle mange à peu près tout ce qu elle trouve. On retrouve notamment dans son régime alimentaire des gastéropodes, des coléoptères et des larves de diptères. De manière générale, cette espèce se rencontre très peu dans les pelotes de régurgitation d Effraie des clochers mais cette méthode reste pourtant l une des plus appropriées pour étudier sa répartition. Dans l Indre, les données acquises datent d avant Seule une maille a été validée entre 2002 et Depuis, aucune donnée n a été rapportée : que ce soit par les récoltes de cadavres ou par les analyses de pelotes de réjection. Comme pour C. leucodon, la raréfaction de cette espèce serait en grande partie liée à l expansion de C. russula. La compétition entre ces deux espèces se fait souvent au détriment de C. suaveolens et cette dernière est toujours en densité bien moindre que C. russula. La Crocidure des jardins affectionne les milieux ouverts (chauds et secs) de plaine, les forêts peu denses et on peut la rencontrer près des zones urbanisées (Lugon-Moulin, 2003). 17

19 La famille des Cricétidés 3.8La Taupe d Europe Talpa europaea 85 à 110 g 13,4 à 14,3 cm (corps et tête) 2, 3 à 4,5 cm (queue) Durée de gestation 28 jours De 4 à 6 petits par portée 4 portées maximum par femelle Longévité de 36 à 48 mois Elle est classée parmi les insectivores en raison de sa dentition, mais elle se nourrit, pourtant en grande majorité, de lombrics qui représentent 80 à 90 % de sa nourriture. La Taupe d Europe se constitue des réserves de vers pour passer l hiver. Elle les paralyse d une morsure à la tête pour les stocker ensuite dans des chambres de ses galeries. Ces amas peuvent être composés de plus de 1000 individus (Prévost & Gailledrat, 2011). Commune dans les forêts de feuillus, champs, prairies et parcs, la Taupe d Europe n est pas la proie préférée des rapaces nocturnes (sûrement dû au fait que cet animal passe presque toute sa vie dans son réseau de galeries souterraines). De 2006 à 2011, 4 données concernant cet insectivore ont été fournies par le biais de l analyse des pelotes de réjection. On constate un manque de données (sous prospection) pour cette espèce au nord de la Champagne berrichonne. L analyse des pelotes de réjection à elle seule, ne pourra compléter la carte de synthèse des micromammifères de l Indre. Les observations directes ou indirectes (taupinières, captures et cadavres) sont essentielles pour compléter la carte de cette espèce dans l Indre. 18

20 La famille des Cricétidés 3.9 Le Campagnol terrestre Arvicola terrestris 78 à 160 g 12,5 à 22 cm (corps et tête) 4,5 à 13 cm (queue) Durée de gestation 21 jours De 4 à 5 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 24 mois Cette espèce est très largement répandue en Eurasie, de l Ecosse à la Sibérie et actuellement 36 sous-espèces ont été décrites. En France, elle est présente dans le quart nord-est ainsi que dans le Massif Central où elle représente une part importante du régime alimentaire des prédateurs généralistes tel que le Renard roux. Ses mœurs fouisseuses sont très marquées et il creuse, à la manière de la Taupe d Europe, des galeries sur un domaine vital compris entre 100 et 200 m 2. Cette espèce se rencontre sous deux formes : une fouisseuse qui vit typiquement dans les prairies et une autre aquatique, qui vit au bord de diverses zones humides et dont la biologie a des points communs avec celle de A. sapidus. Aucune donnée de Campagnol terrestre n a pu être répertoriée ces dix dernières années. Avant 2002, les restes de cette espèce ont été retrouvés dans des pelotes récoltées sur 6 mailles situées en centre Brenne. Ces mentions pourraient en fait être erronées et correspondre en réalités à A. sapidus. En effet, dans l Indre, A. terrestris est une espèce en limite de répartition et les données sont très rares. De plus, le centre-brenne ne correspond pas, contrairement à A. sapidus, au secteur de l Indre le plus attractif pour cette espèce. Les populations les plus proches se situent en Haute-Vienne et en Creuse (GMHL, 2000). 19

21 La famille des Cricétidés 3.10 Le Campagnol amphibie Arvicola sapidus 165 à 275 g 16.5 à 23cm (corps et tête) 10.5 à 14 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 2 à 8 petits par portée 12 portées maximum par femelle Longévité de 24 à 48 mois Uniquement présent dans la péninsule ibérique et en France. Dans notre pays, cette espèce est présente sur une large partie du territoire mais les données restent cependant peu nombreuses et elle accuse actuellement un déclin très marqué. Elle est protégée en France et classée vulnérable (VU) dans la liste rouge mondiale de la faune menacée. Ce mammifère se rencontre en faible densité. Les plus élevées ne dépasseraient pas 5 individus pour 100 mètres de berge (Mitchell-Jones & al. 1999). Parmi plus de 2000 proies identifiées par le groupe pelotes, aucun A. sapidus n a été trouvé sur l ensemble du territoire de l Indre. Très discret et peu présent dans les pelotes de réjection, on le rencontre aussi bien dans les rives des milieux aquatiques tels que les étangs, mares, marais, ruisseaux et rivières. L ouvrage «Les Rongeurs de France» (Quéré & Le Louarn, 2011) indique que le Campagnol amphibie semble moins fréquent depuis la colonisation du Rat musqué dans l Ouest de la France. Les données obtenues dans l Indre décroissent régulièrement, et tendent à illustrer la raréfaction de l espèce. Cependant, elle pourrait être mieux représentée actuellement que ce que suggère la carte. L analyse des pelotes n est pas la méthode la plus adaptée pour cette espèce et la recherche des crottes et des restes de repas aux bords des zones humides serait à privilégier. 20

22 La famille des Cricétidés 3.11 Le Campagnol des champs Microtus arvalis 16 à 50 g 8.2 à 12.2 cm (corps et tête) 2.3 à 3.9 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 3 à 8 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 18 mois Très commun en France, le Campagnol des champs n est absent qu en région Méditerranéenne, à cause de la sécheresse du climat et le manque de profondeur du sol (Quéré & Le Louarn, 2011). Cette espèce est très prolifique. Les femelles peuvent être mâtures à 2 semaines et produire 5 portées de 8 petits par an. Dans le département de l Indre, ce campagnol est présent sur plus de 42,6 % du territoire. Les données de Campagnol des champs sont communes dans les pelotes de réjection. Il a été trouvé dans 96,1 % des lots analysés. Il n est donc pas étonnant que le groupe «pelotes» ait facilement actualisé la carte de répartition de ce rongeur en validant sa présence sur 35 mailles, ce qui constitue près de 25,2 % des mailles le concernant. La littérature indique même que l Effraie des clochers est l un des principaux prédateurs de ce campagnol (Quéré & Le Louarn, 2011). Cependant, de nombreuses mailles restent encore à valider, car il est probablement présent sur tout le département. Il est très largement présent dans l Indre, de la Marche berrichonne au Boischaut nord en passant par la Brenne et la Champagne berrichonne. Il est très fréquent dans les champs cultivés et les prairies temporaires. De plus, les prairies de fauche lui sont profitables au printemps car elles représentent une réelle protection contre les prédateurs pendant la période de reproduction. 21

23 La famille des Cricétidés 3.12 Le Campagnol agreste Microtus agrestis 20 à 48 g 8.5 à 13 cm (corps et tête) 2.5 à 4.6 cm (queue) Durée de gestation : 20 jours De 3 à 8 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 24 mois C est une espèce très largement répandue en Eurasie, du Portugal à l est de la Russie. En France, il est présent sur l ensemble du territoire. Il ressemble beaucoup au Campagnol des champs mais occupe des milieux naturels plus humides et plus couverts (hautes herbes ou strates arborées). Le domaine vital d un individu peut atteindre m 2. Les individus se dispersent sur de faibles distances, de 30 m pour les femelles à 60 m pour les mâles. En France, les fluctuations de populations sont bien moins spectaculaires que celles du Campagnol des champs (Quéré & Le Louarn, 2011). Le Campagnol agreste est une espèce commune mais les données le concernant sont tout de même deux fois moins nombreuses que celles de Campagnol des champs. Le groupe «pelotes» a permis de confirmer la présence de ce campagnol sur 15 mailles. On peut cependant noter que le Campagnol agreste n a pas été trouvé en Champagne berrichonne par le groupe «pelotes». A ce jour, cette espèce a été notée sur la moitié du territoire. C est une espèce commune régulièrement trouvée grâce à l analyse des pelotes. 22

24 La famille des Cricétidés 3.13 Le Campagnol souterrain Microtus subterraneus 17 à 23 g 8.3 à 10 cm (corps et tête) 2.8 à 4.1 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 2 à 4 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 14 mois Il est largement réparti de la France à l ouest de la Russie et au nord de la Turquie. Il est assez largement répandu en France, mais principalement dans la moitié nord ainsi que dans le Massif Central. Il occupe une assez grande variété d habitats pourvu que le sol soit frais et profond : parcs et jardins, landes, haies, bois, cultures, vergers etc (LPO Champagne- Ardenne, 2012 ; Quéré & Le Louarn, 2011). Les densités de population les plus importantes peuvent comprendre 52 individus par hectare en automne. Il n existe pas de fluctuations de population pluriannuelles de cette espèce. Présent dans la moitié Nord de la France, le Campagnol souterrain a été peu observé dans le département. Seules 6 mailles ont été validées entre 2002 et 2011 et 10 mailles datent d avant Le Campagnol souterrain s est donc montré absent lors de séances de décorticage de pelotes de réjection bien que les rapaces nocturnes soient notés comme étant les principaux prédateurs. De manière générale, cette espèce est peu souvent observée dans les pelotes de réjection d Effraie des clochers. Ce mammifère passe beaucoup de temps dans le sol, même pour manger, et doit de ce fait être bien moins souvent capturé par ce prédateur que d autres micromammifères. Nous ne pensons pas que ce manque de données illustre un déclin de l espèce, car celles-ci étaient déjà peu nombreuses avant Cette espèce devrait être, nous l espérons, bientôt trouvée dans les pelotes de régurgitation analysées par le groupe «pelotes». 23

25 La famille des Cricétidés 3.14 Le Campagnol de Gerbe Microtus gerbei 17 à 24 g 9.2 à 10.5 cm (corps et tête) 2.3 à 3.4 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 1 à 3 petits par portée 6 portées maximum par femelle Longévité de 18 mois Cette espèce est également désignée sous le nom de Campagnol des Pyrénées (Microtus pyrenaicus). Sa répartition mondiale est presque entièrement circonscrite au quart sud-ouest de la France. On la retrouve également dans le nord de l Espagne. Cette espèce apprécierait particulièrement les terrains au sol frais, profond, avec une végétation herbacée haute et dense. Les mœurs fouisseuses sont peu marquées chez ce campagnol, qui se nourrit des parties aériennes de plantes à fleurs. Le Campagnol de Gerbe est l un des mammifères les plus rares de l Indre où il trouve une de ses limites nord de répartition. Il est également très rare en région Centre et c est le seul à être classé «espèce déterminante ZNIEFF» (Zone Naturelle d Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique). Sa répartition est souvent clairsemée et nos quelques données illustrent aussi ce phénomène dans l Indre. Depuis l existence du groupe «pelotes» en 2006, seule une donnée a été réalisée en Boischaut Sud concernant ce rongeur. 24

26 La famille des Cricétidés 3.15 Le Campagnol roussâtre Myodes glareolus 23 à 40 g 9.4 à 10.9 cm (corps et tête) 4.8 à 5.4 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 2 à 10 petits par portée 4 portées maximum par femelle Longévité de 18 mois Ce campagnol est largement répandu en Eurasie, du nord de l Espagne au centre de la Russie, en passant de l Ecosse au nord de la Turquie. En France c est une espèce très répandue et des plus communes. Il est le plus souvent associé au couvert forestier (bois, haies) ou à ses abords immédiats et se retrouve souvent en bonne densité : 6 à 12 par hectare et parfois plus (Prévost & Gailledrat, 2012). Entre les années 2006 et 2011, une trentaine de données ont permis de confirmer la présence du Campagnol roussâtre pour une vingtaine de mailles sur l ensemble du département et de valider sa présence dans une nouvelle maille en Boischaut Sud. Fait intéressant, cette espèce a été retrouvée dans près de la moitié (51 %) des lots de pelotes de réjection analysés. Les données de Campagnol roussâtre correspondent tout de même à 10 % des données de micromammifères collectées dans le département de l Indre. Le Campagnol roussâtre opte pour un habitat forestier (vieilles forêts de feuillus diversifiées de préférence). L analyse de pelotes de Chouette hulotte (Strix aluco) ou de Hibou moyen-duc (Asio otus), bien qu elles soient difficiles à trouver, permettrait d obtenir de meilleurs résultats, car l Effraie des clochers chasse peu en milieux boisés. La poursuite des analyses de pelotes de réjection devrait permettre de compléter la carte ci-dessus de façon conséquente. 25

27 La famille des Muridés 3.16 Le Mulot sylvestre Apodemus sylvaticus 18 à 30 g 7.1 à 10.4 cm (corps et tête) 7.5 à 10.1 cm (queue) Durée de gestation : 20 jours De 2 à 9 petits par portée 5 portées maximum par femelle Longévité de 12 à 15 mois Cette espèce est répandue en Europe de l ouest, du Maghreb au sud de la Scandinavie et de l Ecosse à l Ukraine. Elle existe également en Islande. Elle est répandue dans toute la France, où c est l un des micromammifères les plus communs (Quéré & Le Louarn, 2011). Espèce assez ubiquiste, mais d ordinaire liée au couvert forestier ou à ses abords, comme le Campagnol roussâtre. Il est aussi possible de la croiser dans les habitations. L espèce est aujourd hui connue sur 42 % du département. Les données réalisées par le groupe «pelotes» permettent de confirmer et de compléter la présence de l espèce sur un ensemble de 31 mailles. Les données se rencontrent indifféremment sur toutes les régions naturelles. Le Mulot sylvestre, rongeur aux habitudes nocturnes et diurnes, est la deuxième espèce la plus présente et identifiée lors des ateliers pelotes dans le département de l Indre. 26

28 La famille des Muridés 3.17 Le Mulot à collier Apodemus flavicollis 24 à 45 g 8 à 12 cm (corps et tête) 8.6 à 12 cm (queue) Durée de gestation : 24 à 26 jours De 3 à 10 petits par portée 12 portées maximum par femelle Longévité de 36 mois Le Mulot à collier est assez largement répandu du nord de l Espagne au sud de la Scandinavie et de l Angleterre à l ouest de la Russie, à la Turquie et à l Iran. En France, il est principalement présent dans la moitié est, dans les Pyrénées et évite la zone climatique typiquement méditerranéenne. Il consomme principalement des graines mais complète également son régime avec de petites proies. Le domaine vital peut être très différent selon l environnement et peut varier de à m 2. Les densités peuvent atteindre 60 individus par hectare et les plus élevées sont atteintes lors des années à forte production de «graines forestières» (glands, faines, samares de Charme). Avant 2002, cette espèce était peu connue et uniquement en Brenne. De 2002 à 2011, elle a ensuite été notée en Champagne berrichonne, Boischaut sud, Marche berrichonne, Petite Brenne, queue de Brenne et Pays blancois. On retrouve 13 données récoltées par le groupe «pelotes» entre 2006 et 2011, réparties sur un ensemble de 10 mailles. Le Mulot à collier a également été identifié pour la première fois en Boischaut Nord. Ces résultats ont permis de récolter 35,7 % des données connues dans l Indre. Les informations disponibles tendent à illustrer une meilleure représentation de l espèce dans l Indre lors de cette dernière décennie. 27

29 La famille des Muridés 3.18 Le Rat des moissons Micromys minutus 4 à 7 g 4.8 à 7.5 cm (corps et tête) 3.9 à 6.5 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 4 à 8 petits par portée 3 portées maximum par femelle Longévité de 16 à 18 mois C est le plus petit rongeur de France et d Europe. L aire de répartition du Rat des moissons s étend du nord de l Espagne jusqu au Japon. Il est présent sur toute la France continentale, y compris les îles d Oléron et Noirmoutier mais il reste absent dans les autres îles de l Atlantique et en Corse. C est une espèce essentiellement nocturne même si on peut parfois l apercevoir en journée. Il se nourrit essentiellement de graines, de fruits et de végétaux. À l occasion, il peut consommer des invertébrés. Le Rat des moissons construit son nid en hauteur, de 30 à 80 cm du sol. Le Rat des moissons est présent dans toute la France continentale. Sa répartition est surtout connue par l analyse des pelotes de réjection, en particulier, celles d Effraie des clochers. Dans l Indre, le Rat des moissons est aujourd hui connu sur 22,7 % du territoire. Le groupe «pelotes» a permis de confirmer sa présence sur un ensemble de 13 mailles. Il est, en effet, bien présent dans les pelotes de réjection car il a été identifié dans 29,7 % des lots analysés. 28

30 La famille des Muridés 3.19 La Souris domestique Mus musculus 14 à 31.5 g 6.1 à 10.9 cm (corps et tête) 6.5 à 9.6 cm (queue) Durée de gestation : 19 à 21 jours De 5 à 12 petits par portée 15 portées maximum par femelle Longévité de 12 à 18 mois Elle est originaire du sous-continent indien, mais la Souris domestique est aujourd hui présente sur tous les continents excepté l Antarctique. On dit que c est une espèce commensale de l homme car elle trouve son gîte et son couvert tout au long de l année dans des habitats liés aux activités humaines. Il existe cependant certaines populations qui vivent toujours en milieu naturel (Quéré et Le Louarn 2011). C est une espèce omnivore et très opportuniste. Elle est capable de survivre sans boire durant une période prolongée si ses aliments contiennent suffisamment d eau. Elle est signalée dans toutes les régions naturelles. Cependant, bien que cette espèce est connue pour fréquenter les habitations de toutes formes (immeubles, maisons, granges, ), elle manque sur un grand nombre de mailles. Les prédateurs de cette espèce sont entre autres les chats, les petits carnivores et les rapaces comme par exemple, l Effraie des clochers qui chasse en milieu découvert. Les analyses du groupe «pelotes» ont permis de confirmer sa présence sur 6 mailles et de valider 1 nouvelle maille sur le département en Boischaut Sud. La Souris domestique est présente dans 17,6 % des lots de pelotes de réjection. Outre les résultats d analyses de pelotes, les connaissances sur la répartition départementale de cette espèce pourraient être complétées grâce aux observations directes (animaux morts ou vivants) réalisées dans les habitations. 29

31 La famille des Muridés 3.20 Le Rat Surmulot Rattus norvegicus 70 à 300 g 16.3 à 23 cm (corps et tête) 17.1 à 28 cm (queue) Durée de gestation : 21 jours De 6 à 12 petits par portée 10 portées maximum par femelle Longévité de 24 mois Le Rat surmulot est une espèce originaire d un secteur recouvrant le sudest de la Russie, le nord-est de la Chine et une partie du Japon. Aujourd hui, ce rongeur est présent partout à travers le monde. C est une espèce omnivore. Son régime alimentaire est très varié : graines, légumes, paille, blé, viande, œufs, poissons, mollusques, papier, laine, etc.! Souvent appelé «Rat d égout», le Rat surmulot est présent dans toute la France. Moins présent que le Rat noir dans les habitations, il est connu sur plus de 22 % du département. Il est important de rappeler que les menaces de «dératisation» menée à l aide d appâts empoisonnés de type anticoagulants ne sont pas sans incidence pour tous les autres mammifères (animaux domestiques inclus) et certaines populations de Rats surmulots sont devenues résistantes vis-àvis de ces produits (LPO Champagne- Ardenne, 2012). Les analyses du groupe «pelotes» ont permis de confirmer sa présence sur seulement 5 mailles. En Champagne- Ardenne, les études ont montré que l Effraie des clochers capturait assez faiblement le Rat surmulot (LPO Champagne-Ardenne, 2012) ce qui est également le cas dans l Indre. 30

32 3.21 Le Rat noir Rattus rattus La famille des Muridés 231 à 475 g 19 à 27 cm (corps et tête) 13 à 20.5 cm (queue) Durée de gestation : 22 jours De 2 à 14 petits par portée 7 portées maximum par femelle Longévité de 12 mois Originaire de la péninsule indienne, cette espèce occupe, aujourd hui, presque toutes les parties du monde. Il est aussi connu sous l appellation «Rat des navires», car 90% des rats trouvés sur les bateaux étaient des Rats noirs (Quéré et Le Louarn, 2011). Il a donc colonisé les différents continents via tous les ports du monde. Cependant, le Rat noir a fortement décliné en Europe septentrionale et il est surtout présent en région méditerranéenne. Il construit son nid dans un arbre creux ou dans les parties hautes des habitations. Il consomme tout ce qui est d origine végétale (fruits, graines, bourgeons) mais également des invertébrés et des mollusques. A l origine arboricole, la Rat noir s est peu à peu établi dans les combles et entrepôts. Généralement, cette espèce se retrouve rarement dans le contenu des pelotes d Effraie des clochers. Cela est également le cas dans l Indre et les données issues du travail du «groupe pelote» entre 2006 et 2011 n ont permis de valider que deux mailles. C est, après la Taupe d Europe, l espèce la moins représentée dans les pelotes de réjection récoltées dans l Indre (3.92 % des lots). Pour compléter les connaissances sur sa répartition, il faudrait également s appuyer directement sur l analyse des crânes récupérés à la suite de cas de prédations de type chiens/chats ou suite à des opérations de dératisation. 31