Les gaz à effet de serre Se comparer aux meilleurs : le Québec face aux pays scandinaves. Jean-Patrick Brady Pier-Luc Lévesque

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1 Les gaz à effet de serre Se comparer aux meilleurs : le Québec face aux pays scandinaves Jean-Patrick Brady Pier-Luc Lévesque Note de recherche novembre 2013

2 LA CHAIRE EN BREF La Chaire de recherche du Canada en économie politique internationale et comparée (CRÉPIC), dont le professeur Stéphane Paquin est le titulaire, propose deux axes de recherche fondamentaux. Le premier axe de recherche porte sur la relation entre l État et le marché, et plus particulièrement sur la résilience des États, notamment des pays sociaux-démocrates, face à la mondialisation. Cet axe s intéresse à la question de la variété des modèles de capitalisme ainsi qu à la réforme de l État dans les pays de l OCDE. Le deuxième axe de recherche porte sur les négociations internationales, le fédéralisme et la gouvernance à paliers multiples, et plus précisément sur le rôle des États fédérés dans la négociation et la mise en œuvre de traités internationaux, surtout ceux qui concernent le commerce et les changements climatiques. À PROPOS DU TITULAIRE Stéphane Paquin est professeur agrégé à l École nationale d administration publique (ENAP) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie politique internationale et comparée (CRÉPIC). En plus d avoir été professeur de politique appliquée de l Université de Sherbrooke, il a enseigné dans plusieurs université dont l Université Northwestern de Chicago et l Institut d Études politiques de Paris en plus d avoir été secrétaire-général par interim de l Association internationale de science politique. Il a publié six livres dont, en 2009, Économie politique internationale, (Paris, Montchrestien); en 2008, La nouvelle économie politique internationale : Théories et enjeux, (Paris, Armand Colin); en 2004, La paradiplomatie et les relations internationales (Presses interuniversitaires européennes). Il a également co-dirigé une dizaine d ouvrage, et a publié dans diverses revues scientifiques comme The Hague Journal of Diplomacy, Études internationales, Nationalism & Ethnic Politics, Revue canadienne de science politique, Revue canadienne d administration publique, Revue internationale de politique comparée. Dépôt légal Bibliothèque et Archives Canada, 2013 Chaire de recherche du Canada en économie politique internationale et comparée 4750, Henri-Julien, 5e étage Montréal (Québec) H2T3E5 Tout droit réservé

3 LES GAZ À EFFET DE SERRE : COMPARAISON ENTRE LE QUÉBEC ET LES PAYS SCANDINAVES Par Jean-Patrick Brady 1 Chercheur boursier à la CREPIC Doctorant à l École nationale d administration publique jean-patrick.brady@enap.ca Et Pier-Luc Lévesque Chercheur boursier à la CREPIC Doctorant à l École nationale d administration publique pier-luc.levesque@enap.ca Comment le Québec se classe-t-il par rapport aux pays scandinaves en ce qui concerne les gaz à effet de serre? Nous examinerons tout d abord où nous en sommes à l aide de données de Nous constatons d abord une différence de taille au chapitre de la production des gaz à effet de serre entre les pays scandinaves et le Québec. Si nous prenons en considération le nombre de millions de tonnes produits, nous remarquons que le Québec se classe au dernier rang avec une production de 81,8 millions de tonnes. Le Danemark est le pays scandinave qui en produit le plus avec 60. La Suède suit de très près avec 59,6, alors que la Finlande n en cause que 53,1. Tableau 1 : Émissions de gaz à effet de serre en 2009 (millions de tonnes) Danemark 60,0 Finlande 53,1 Suède 59,6 Québec 81,8 En poussant notre analyse, nous notons une différence dans les rangs dès lors que nous prenons en ligne de compte le nombre de tonnes produites par personne. Le Québec obtient alors un résultat plus nuancé que dans le tableau précédent. En le comparant aux pays scandinaves, il arrive en troisième place (10,4 tonnes par personne). Le Danemark arrive en dernière position (10,9 tonnes) et la Finlande n est pas très loin du Québec avec 9,9 tonnes. C est la Suède qui performe le mieux dans ce domaine avec 7,8 tonnes produites par habitant. 1 Les auteurs remercient Stéphane Paquin et Luc Godbout pour leurs commentaires et leur aide dans la réalisation de ce projet. 1

4 Tableau 2 : Émissions de gaz à effet de serre en 2009 par personne (tonnes) Danemark 10,9 Finlande 9,9 Suède 7,8 Québec 10,4 Un autre tableau peut être dressé afin de mieux comparer ces émissions. Si nous regardons les avancées du Québec et des pays scandinaves depuis 1990 par rapport à leur nombre total d émissions, d autres chiffres nous renseignent. En ce qui concerne les pays scandinaves, le Danemark et la Suède avaient des émissions beaucoup plus élevées en 1990 qu en Dans ces deux cas, les variations ont diminué de 18 %. La Finlande produisait quant à elle les émissions totales les plus faibles en 1990 (54,5), émissions qu elle a tout de même réussi à diminuer de 3 % en Le Québec a lui aussi réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 3 %, mais il enregistrait en 1990 le nombre total d émissions le plus élevé comparativement aux pays scandinaves. Il existe donc à travers ces chiffres, une disparité plutôt grande entre les différents territoires que nous étudions. Tableau 3 : Variation des émissions de gaz à effet de serre depuis (millions de tonnes) 2009 (millions de tonnes) Variation (%) Danemark 73,0 60,0-18 Finlande 54,5 53,1-3 Suède 72,7 59,6-18 Québec 83,9 81,8-3 Les chiffres varient toutefois lorsque nous comparons les variations par personne. En 1990, la Suède affichait le taux d émissions de gaz à effet de serre par habitant le plus bas (8,5 tonnes), la Finlande suivait avec 10,9 tonnes, le Québec occupait la troisième place avec 12 tonnes par habitant, alors que le Danemark fermait la marche avec 14,2 tonnes. En ce qui concerne la variation par personne, le Québec, dans ce cas-ci, fait meilleure figure : il occupe la deuxième position avec une diminution de 13 % des émissions de gaz à effet de serre par habitant. La première position revient au Danemark qui enregistre une diminution de 23 %. La Finlande obtient quant à elle une baisse de 9 % alors que la Suède voit ses émissions par habitant diminuer de 8 %. 2

5 Tableau 4 : Variation des émissions de gaz à effet de serre depuis 1990 (par personne) Variation (%) Danemark 14,2 10,9-23 Finlande 10,9 9,9-9 Suède 8,5 7,8-8 Québec 12,0 10,4-13 Enfin, nous tenons à regarder de plus près les émissions de gaz à effet de serre par secteur en 2009 (graphique 1). Tout d abord, dans le cas du Danemark, le domaine de l énergie est responsable de 73 % des émissions. Les procédés industriels sont quant à eux responsables de 9 %, l effet de l utilisation de solvants et d autres produits est pratiquement nul et l agriculture produit 16 % des émissions de gaz dans ce pays, ce qui représente le taux le plus élevé dans ce secteur parmi les endroits étudiés. C est l inverse qui se produit avec les déchets au Danemark qui récoltent 2 % du total des émissions de gaz à effet de serre, soit le plus faible pourcentage pour ce secteur, avec la Finlande. 80% GRAPHIQUE 1 Graphique 1: Émissions des gaz à effet de serre par secteur en 2009 (%) 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% Énergie Prodécés industriels Utilisations de solvants et autres produits Agriculture Déchets 0% Danemark Finlande Suède Québec 3

6 La Finlande est le lieu où l énergie est la plus grande responsable des émissions avec un taux de 80 %. Les procédés industriels obtiennent quant à eux une responsabilité de 8 % dans la production des émissions de gaz à effet de serre. Comme ailleurs, les solvants et autres produits sont une cause très faible (0,1 %). En ce qui a trait à l agriculture, le pourcentage de 9 % est relativement plus faible en Finlande qu au Danemark. Finalement, les déchets produisent 2 % des émissions totales en Finlande. S agissant de la Suède, elle apparaît fréquemment entre le Danemark et la Finlande. Pour l énergie, son taux est de 74 %, celui de la Finlande étant de 80 % et celui du Danemark de 73 %. Les procédés industriels sont responsables de 8 %, un taux identique à celui de la Finlande et très semblable au Danemark (9 %). L utilisation de solvants et d autres produits représente 1 % des émissions, l agriculture se situe à 14 % et les déchets à 3 %. Ces taux sont très semblables aux résultats qu obtiennent les autres pays scandinaves. Le cas du Québec est intéressant à comparer dans ce cadre-ci. En ce qui concerne l énergie, sa part au Québec n est responsable que de 68 %, c est-à-dire le taux le plus faible que nous avons pu constater. En revanche, les procédés industriels obtiennent le pourcentage le plus élevé avec 16 %. Les déchets sont aussi un secteur pour lequel le pourcentage est le plus élevé avec 9 %. Les deux résultats qui sont semblables aux pays scandinaves sont l utilisation de solvants et autres produits (0 %) et l agriculture (8 %). À la suite de ce que nous venons de voir, nous souhaitions examiner d un peu plus près la part de responsabilité des transports dans les émissions de gaz à effet de serre en Comme l illustre le tableau 5, le secteur du transport dans son entier est une source importante d émissions de gaz à effet de serre au Québec (43,50 %). En Suède, cette proportion est de 33,30 %, contre 22 % au Danemark et 19 % en Finlande. Du côté du transport routier, nous remarquons qu au Québec ce type de transport est responsable de 33,1 % des gaz à effet de serre, contre 31,6 % en Suède et 16,90 % en Finlande. Les données pour le Danemark n étaient pas disponibles. Tableau 5 : Les gaz à effet de serre dans le secteur des transports en 2009 Transport en général Transport routier Danemark 22,0 % N/D Finlande 19,0 % 16,9 % Suède 33,3 % 31,6 % Québec 43,5 % 33,1 % En conclusion, nous avons pu remarquer que le Québec obtient des résultats semblables aux pays scandinaves quand il est question d analyser la production de gaz à effet de serre selon le nombre d habitants. En prenant en considération la variation depuis 1990 des émissions par habitant, le Québec se trouve dans une position similaire à celles du Danemark, de la Finlande et de la Suède. Le principal écart constaté est en lien avec la production de gaz à effet de serre par secteur. Bien que le domaine de l énergie soit de loin le premier responsable des émissions, son pourcentage est moins élevé au Québec. Les défis à relever pour diminuer ces émissions semblent donc différents au Québec et dans les pays scandinaves. 4

7 BIBLIOGRAPHIE Direction des politiques de la qualité de l atmosphère (2001). Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2009 et leur évolution depuis 1990, ministère du Développement durable, de l Environnement et des Parcs, Gouvernement du Québec, novembre. National Environmental Research Institute (2011). Denmark s National Inventory Report 2011, Rapport remis à United Nations Framework Convention on Climate Change and the Kyoto Protocol, Gouvernement du Danemark. Statistics Finland (2011). Greenhouse Gas Emissions in Finland , National Inventory Report under the UNFCCC and the Kyoto Protocol, 15 April. Swedish Environmental Protection Agency, National Inventory Report 2011 Sweden, Submitted under the United Nations Framework Convention on Climate Change and the Kyoto Protocol, 367 pages. 5