Journal de Noémie Dondel du Faouëdic

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Thibault Samson
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4 Journal de Noémie Dondel du Faouëdic [Buard, 11 septembre 1914] [ ] Hier soir, nouvelle surprise! Arrivée de Marthe avec sa petite Hermine. St-Nazaire est encombré de troupes anglaises de tous les pays, généralement de très beaux hommes, décidés à vaincre ou mourir. Ils offrent à qui les veut les ornements de cuivre de leur équipement militaire : grenades, numéros de régiment/, armoiries anglaises. Marthe nous a rapporté quelques souvenirs de ce genre, que je vais ramasser avec une balle française. Anglais et Français chantent leurs airs nationaux dans les rues de St-Nazaire pavoisées. On pousse des hourras enthousiastes quand les régiments traversent la ville, se rendant à la gare. C est un mouvement, un brouhaha dont nous sommes bien loin ici. Nous ne voyons passer que des trains douloureux. Tantôt, ce sont des blessés ou des bandes compactes d orphelins, qu il faut sauver de la tuerie allemande, tantôt ce sont de pauvres vieillards, bouches inutiles dont il faut débarrasser Paris, ou des fous qu on envoie en Basse-Bretagne. La ville est morne, et les visages désolés à la vue de tant de misères, et qui se / renouvelle [sic] chaque jour. [ ] 1

Ils offrent à qui les veut les ornements de cuivre de leur équipement militaire : grenades, numéros de régiment/, armoiries anglaises.

9 Journal de Noémie Dondel du Faouëdic [Buard, 18 septembre 1914] Bertrand m écrit : «Saint-Nazaire est aujourd hui une ville moitié anglaise, moitié française. Elle est pavoisée aux couleurs de France et d Angleterre, et de Russie. Il y arrive chaque jour des transports d Angleterre. Il y a en ce moment hommes de troupes anglaises, et de françaises. Le campement, ou plutôt le camp anglais, puisque les soldats couchent à terre, s étend sur 4 lieues, de Montoir à St- Marc c est-à-dire 2 lieues avant St-Nazaire et 2 lieues après, jusqu à St-Marc. Une grande attraction pour les Nazairiens, c est d aller visiter leur camp. Les soldats anglais sont en général de beaux hommes, grands, forts, bien équipés, et très aimables. Beaucoup sont mariés, et ils ne demandent pas mieux que de jouer avec les enfants, cela leur rappelle leur famille. Les Ecossais, dont le costume national, tout particulier, avec leur jupe courte, attirent tous les regards. Tous semblent beaucoup souffrir de la chaleur, et celui que nous avions hier à dîner, comme les autres ; cependant, il vient de Khartoum (Egypte). Cinq trains par jour emmènent soldats sur le théâtre de la guerre». Ce passage des belles troupes anglaises, sans précédent, et sans retour sans doute, restera un fait unique dans l histoire de Saint-Nazaire, ville neuve qui compte à peine 50 ans, et qu est un demi-siècle dans l existence d une ville? J ai connu St-Nazaire un nid isolé habité par des pêcheurs à moitié sauvages, un coin de sable balayé par les vagues de l océan courroucé. Là s alignaient une quinzaine de maisonnettes délabrées, qu on appelait la rue neuve. Cette rue, rebâtie convenablement, a gardé son nom, en sorte que la rue neuve de St-Nazaire en est la plus vieille. Cette rue conduisait à une misérable église bâtie sur une petite éminence, sa toiture recevait les premiers assauts de la tempête, qui s amusait continuellement à la mettre à jour. Le dimanche, quand il pleuvait à torrent, on ouvrait son parapluie à l église comme dehors. Aujourd hui, cette ville neuve compte habitants, y compris la population flottante. Ses bassins sont au nombre des plus grands du monde. Aujourd hui, St-Nazaire est une ville florissante, qui s embellit chaque jour. Déjà très importante par son commerce avec tous les pays, elle est pleine d avenir. 1

Il y a en ce moment 10 000 hommes de troupes anglaises, et 2 000 de françaises.

11 Journal de Madeleine de Monestrol [Buard, 10 septembre 1914] Pendant le dîner, nous entendons marcher : c'est Tante Marthe, qui arrivait pour emporter une barrique de cidre. Elle nous a parlé de l'arrivée des soldats anglais, et de leur campement à St-Nazaire, qui s'étend jusqu'à St-Marc ; il paraît que c'est très curieux, et qu'ils sont admirablement installés, avec un uniforme très pratique, des cuisines ambulantes, des voitures sanitaires merveilleuses ; ils ont de la galette. Les soldats défilent avec enthousiasme dans les rues, et poussent des hourras ; les habitants les gâtent, et eux, en revanche, ne sont pas chiches de cadeaux. Pour un paquet de tabac, il donne [sic] les insignes de leur régiment, des boutons de leur uniforme, et même au camp, des quartiers entiers de viande. Il n'y a, parait-il, pas de discipline en temps de guerre Tante Marthe nous a apporté des broches ou insignes de régiments, et des biscuits de soldats, qui ont le goût du nôtre, mais sont tous petits, en forme de haricots. Elle a des Anglais à nourrir, mais l'un d'eux ne s'est pas contenté d'emporter son «contenu» et a pris son sac à main, à Tte Marthe, avec le porte-monnaie. On se plaint de leur sans-gêne à St-Nazaire, mais aux plaintes, les officiers répondent : «En temps de guerre, pas de discipline»

uniforme très pratique, des cuisines ambulantes, des voitures sanitaires merveilleuses ; ils ont de la galette.

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