L armée de la Loire à Beaugency (décembre 1870)

Transcription

1 L armée de la Loire à Beaugency (décembre 1870) C est suite à la défaite de Sedan, en septembre 1870, que Gambetta, refugié à Tours décida de créer l armée de la Loire pour continuer le combat. Celle-ci fut constituée à partir des troupes venant d Algérie, de soldats des dépôts et des réserves. Le 5 décembre, le ministre de la guerre décida de séparer en deux les différentes forces de cette armée. La première Armée composée des 15ème, 18ème et 20ème corps, était placée sous les ordres du Général Bourbaki. La deuxième armée était composé du 16ème corps commandé par L amiral Jauréguiberry, du 17ème corps, commandé par le général Colomb et du 21ème corps commandé par l amiral Jaurès. La deuxième armée était placée sous le commandement en chef du général Chanzy. Général Chanzy Au regard de la situation géographique, seule la forêt de Marchenoir était une position où l on pouvait facilement se défendre. Entre cette forêt et la Loire, De Lorges à Beaugency, le terrain était, cependant, plus accidenté et pouvait donc se prêter à une défense. Le général Chanzy décida de résister dans cette zone et ainsi protéger le Blaisois, la Touraine et le Vendômois. Il installa, donc, son quartier général à Josnes et occupa avec son armée les positions entre Marchenoir et la Loire, au niveau de Beaugency. Dès le 5 décembre, il disposa ces trois corps d armée le long de la ligne de défense. Il avait, également, sous ses ordres la colonne mobile de Tours du général Camo. Celle-ci était composée du 16 ème bataillon de chasseurs à pied, du régiment de marche de gendarmerie, du 59 ème régiment d infanterie de marche, du 27 ème et 88 ème régiment de mobiles, de francs éclaireurs du capitaine Bonet et francs tireurs de l Ain ainsi que 5 régiments de cavalerie (4 ème lancier de marche 3 ème hussards de marche 2 ème chasseurs de marche 7 ème cuirassier de marche et 1er régiment de gendarmerie à cheval) et 5 batteries d artillerie. Le 6 décembre, la colonne mobile de Tours du Général Camo qui était en avant de la ligne de défense ne put résister à l avancée allemande et ils durent abandonner Meung-sur-Loire et se replier sur Beaugency. Les allemands occupaient déjà la rive sud du fleuve, il était important pour le général Chanzy de résister le temps que la première armée se forme avant de reprendre du terrain et de marcher sur Paris. Dans un premier temps il ne fallait pas que Blois ne tombe entre les mains des prussiens et des forces supplémentaires ont été positionnées dans le parc de Chambord pour empêcher les attaques qui pourraient venir par le sud. 1

2 Le 7 décembre de nombreux combats se déroulèrent près de la forêt de Marchenoir, mais surtout dans les environs de Baule où la colonne du Général Camo aidée par la 1ère division du 16 ème corps combattit rageusement. Le village de Baule fut perdu, regagné, avant d être, à nouveau, occupé par les troupes prussiennes et bavaroises. Quant-au 1er régiment du 17 ème corps commandé par Roquebrune, il put se dégager dans des combats de corps à corps et chasser les troupes ennemies de Cravant et de Villechaumont. Pour la nuit chacun occupait ses positions, les troupes allemandes Baccon et Meung et les troupes françaises Beaugency avec le point fort : le ravin de Vernon, à l entrée de la ville. Ce jour là les troupes ennemies étaient composées de deux divisions bavaroises et une division prussienne. Elles étaient commandées par le Prince Charles avec le grand duc de Mecklembourg. Monument de Baule Le 8, les troupes allemandes portèrent leurs attaques sur deux points. La première entre Poisly et Cravant où le 17 ème et le 21 ème corps résistèrent et ne lâchèrent pas de terrain. La seconde entre Villevert et Villorceau commença dès neuf heures. Pendant toute la journée les combats se déroulèrent autour de Cernay, Villechaumont, Villevert, Villemarceau, Villorceau et le Mée. Les pertes furent énormes des deux côtés. Le Général de Flandres qui commandait la 3 ème division du 17 ème corps perdit la vie. Les troupes allemandes étaient composées de quatre corps d armée épaulés par les bavarois du général Thann. Malgré la perte de Messas, les armées françaises avaient bien réagi. Mais dans la nuit la ville de Beaugency tomba aux mains d une troupe mecklembourgeoise. Le général Camo avait évacué la ville, malgré les ordres de Chanzy. La colonne du général Camo, qui lui-même fut blessé, était en déroute. Elle se repliait sur Mer laissant quelques avant postes à Tavers. Les troupes françaises étaient exténuées et les plans pour reprendre la ville ne purent être menés à bien. 2

3 En bleu les forces françaises au matin du 8 décembre. En bordeaux les forces françaises au matin du 9 décembre. Dans la matinée du 9, l amiral Jauréguiberry dut reculer pour combler le vide sur le flanc droit entre sa division et la colonne du général Tripart qui avait remplacé temporairement le général Camo. Ces forces s établient fortement à Tavers. Le ravin de Tavers était une très bonne ligne de défense. Le même jour des combats se déroulèrent vers Cernay et la Villette, mais ce n était qu une diversion. Le combat principal débuta vers 15h30, de nombreux ennemis s avancèrent en direction du ravin de Tavers protégés par une crête qui va de Loynes à Beaugency. L objectif des allemands était de contourner les troupes françaises en empruntant la grande route d Orléans à Blois. Malgré les tirs de barrages de l artillerie et des fantassins, les allemands continuaient d avancer. De nombreux tombèrent avant d arriver au ravin. Les brigades Bourdillon et Fausssemagne ont tenu le terrain et à la tombée de la nuit les rescapés des 75 ème et 76 ème prussiens se replièrent laissant les blessés et les morts sur le terrain. Le ravin de Tavers en

4 Monument de Tavers au début du vingtième siècle Monument de Tavers (photo prise en 2015) Souvenir Français 1894 A la mémoire des français morts pour la Patrie Après des combats qui duraient depuis huit jours Consécutifs, les brigades Bourdillon et Faussemagne sous le commandement du Général Chanzy ont le 9 décembre 1870 repoussé victorieusement de ce vallon les régiments prussiens formés en masses profondes 4

5 Au même moment de violents combats se déroulèrent à Villorceau et à Villemarceau. La deuxième division du 17ème corps fut assaillie. La troupe allemande s avança alors sur Villejouan. Les français reculèrent jusqu à Josnes laissant Origny aux mains allemandes. Ce village fut repris le lendemain matin aux environ de six heures par les troupes françaises qui s emparèrent de 200 prisonniers. Monument de Beaugency Le 10 décembre, les combats furent acharnés sur tout le front, mais les troupes françaises réussirent à tenir le terrain et même à avancer à certains endroits. Villejouan (près d Origny) et le Château de Coudray furent les principaux lieux de bataille. Les pertes furent encore sérieuses des deux côtés. La vie des soldats était très difficile, notamment par les conditions climatiques qui étaient particulièrement rudes, à cette période, avec des routes gelées notamment. Chanzy devait-il continuer sa résistance sur place dans l attente que la première armée puisse reprendre l avantage au sud et ainsi couper les troupes allemandes de leurs arrières. Le Ministre choisit une autre option avec un repli sur le Loir. De plus au sud de la Loire la situation se compliquait les troupes allemandes envahirent le parc de Chambord obligeant les troupes françaises à se réfugier à Blois. Le 11 décembre, le repli de la deuxième armée commença dès 10 heures. Le soir les troupes avaient reculé vers Avaray, Séris Concriers, Bourrichard. Le quartier Général était déplacé à Talcy. Dans les semaines qui suivirent des combats se déroulèrent dans la Sarthe et en Mayenne. Le 11 janvier la deuxième armée perdit la bataille du Mans et se replia, alors, derrière la Mayenne. Après l armistice signé le 15 février 1871, l armée de la Loire fut dissoute le 14 mars. Le Loiret sorti meurtri de ce conflit. Les ponts de Meung-sur-Loire et Beaugency furent détruits. Le pont a été détruit par l armée française au niveau du pont suspendu (partie construite en 1840 au niveau des 5 ème et 6 ème arche pour permettre aux bateaux de passer). Dans le canton de Beaugency les dégâts furent évalués à 3.3 millions de francs. Le viaduc de Beaugency, qui coupait le ravin de Vernon, et qui permettait aux trains de circuler entre Tours et Paris, fut détruit par les allemands le 16 octobre 1870 au niveau de la quatrième arche du côté de Paris. Il avait, 5

6 cependant été réparé provisoirement en novembre avant d être réparé définitivement le 12 mai Les coûts de réparation s élevèrent à francs. Le viaduc de Beaugency par G. Blaise (Gallica) Source : Campagne de , la deuxième armée de la Loire Général Chanzy Invasion allemande Ponts brisés pendant la guerre - G. Blaise. Source 6