Didier Naert. Le hors-champ imaginaire

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3 Didier Naert. Le hors-champ imaginaire EXTENSIONS Galerie Photo Vivienne 4, Galerie Vivienne Paris Du 5 juin au 30 juillet 2014 Après avoir «prolongé» les photographies d Alexandre Trauner, Didier Naert poursuit avec Brassai et Atget. Lui-même nomme ces extensions des «prolongements imaginaires» qui font déborder les célèbres clichés de leur cadre initial. Naert dessine autour de tirages d époque collés sur un papier métallique de couleur noire. Le trait blanc du dessin surgit du fond noir, évoquant la photo argentique, et donne à ses compositions un aspect onirique. Comme si on «réveillait les fantômes des photos anciennes.» Alexandre Tsékénis!

4 GALERIE PHOTO VIVIENNE Didier Naert «Extensions» du 5 juin au 30 juillet 2014 Extension #25 (avec Alexander Trauner), 2014 Tirages argentiques et gouache blanche sur carton noir. Pièce unique. Taille : 72 x 78 cm. Didier Naert est architecte professionnel et chef décorateur pour le cinéma. Après «Remarques marginales» il poursuit sa technique de gouache sur tirage et compose une série d œuvres nouvelles réalisées à partir d épreuves historiques. Au delà de l univers d Alexandre Trauner, avec lequel l artiste conversait dans ses dernières créations, Didier Naert tisse une complicité avec les images de Robert Doisneau, dont l iconique «Mademoiselle Anita», ou d autres photographes du Paris nostalgique. Ici, les documents originaux sont employés, montés sur carton noir. A la gouache blanche, Didier Naert étend le champ de chaque photographie sélectionnée, prolonge l architecture, guidant l oeil au delà du cadre d origine, associant les perspectives pour unir deux lieux distincts dans un même univers. Tous les tirages choisis ont été puisé dans la collection personnelle de l artiste ou du fond de la galerie. En créant ces «Extensions», en associant et re-contextualisant les épreuves, instants figés,

5 dans un monde imaginaire, Didier Naert leur propose un nouveau sort, leur donne un nouveau sens, une nouvelle vie. Christophe LUNN Extension #4 (avec Robert Doisneau et Alexander Trauner), 2014 Tirages argentiques et gouache blanche sur carton noir. Pièce unique. Taille : 72 x 56 cm.

6 ! "#$"&'!()*'!$++&*'!)!'&,&"-$.!$+!)*-'-'!.!.&/!0)1!'#$/!! "B94N7=;D!()!]\^]Q!_')! (B7=5`!U]SP\UUPS[[U!

7 !"#$&#'($)"! *+,-./0102,3.4-,5.267 "#$#&!'(&)*!+,)&!,!-+)+! In mostra l'artista che riporta in vita immagini d'epoca, immaginando il loro prolungamento C è chi le foto le scatta e chi, come Didier Naert, le recupera dal passato, per farle rivivere sotto nuove spoglie. Che stavano facendo i soggetti immortalati? Cosa si nascondeva dietro alla porta dell edificio in primo piano? Dove portavano le strade tagliate dall inquadratura? Per ogni immagine l artista immagina un prolungamento, che disegna su fondo nero con un effetto che ricorda quello dei negativi della pellicola fotografica, creando un vero e proprio dialogo temporale. L artista espone il 23 maggio a Roma in occasione della notte bianca di Palazzo Farnese, mentre a partire dal 5 giugno è in mostra a Parigi, nella galleria Photo Vivienne con una personale:

8 INSIDEART Dans vos travaux il y a une relation très serrée entre peinture, dessin et photographie. Comment définiriez-vous votre technique? DN On pourrait appeler cela «technique mixte» mais ce qui m intéresse c est la puissance évocatrice de la photographie. Il me semble que chaque photo possède une histoire, derrière chaque photo, une vie, à côté de chaque photo, un paysage qui sommeille. Les prolongements que vous créez sur la base d anciennes photos sont-ils des prolongements réels ou fictifs? Ce sont des prolongements imaginaires. Avant tout, ce que je choisis dans une photo c est l intention du photographe, et aussi son attention particulière qui lui a donné l envie de déclencher son appareil. Je tente de retrouver cette envie, la faire revivre. Dans certaines œuvres il semble que vous voulez entrer dans les bâtiments pour découvrir leur intérieur. Oui exactement, découvrir ce qui existe derrière le rideau argentique, l imaginer au plusjuste. On peut pousser cette idée très loin. Voir les choses derrière les choses. Je ne cherche pas dans ce travail à bouleverser l ordre caché derrière la photo. Son réalisme est trop puissant, mais elle accepte volontiers l incongruité, le surréalisme même. Quelle est la valeur adjointe que vous voulez apporter aux photos originelles? Ce sont des photos que je souhaite réveiller. La qualité d une photo, au delà du sujet, c est son cadre. Je ne modifie jamais les dimensions d une photo, mon dessin est comme un nouveau cadre qui les met en valeur. Qu est-ce que vous aimeriez provoquer dans chez un observateur qui regarde votre travail? Lorsqu il regarde une photo : aiguiser sa curiosité, exciter son imaginaire. Est-ce que vous choisissez toujours comme point de départ les photos anciennes? Pour ce type de composition, oui. Quelle est l importance du cinéma dans votre production artistique? L attirance pour les photos de repérage. Le cadre. La perspective qui attire l oeil, qui l amuse.

9 Dans vos travaux, la photo est en positif. Mais vos dessins en noir et blanc rappellent une photo en négatif. Oui, mais ce qui me séduit davantage c est de faire surgir le dessin sur un fond noir, comme le fait la photographie. Quand une photo s imprime en blanc pur on dit qu elle est surexposée. C est cette surexposition qui m intéresse et cela donne aussi un aspect un peu fantômatique. Réveiller les fantômes des photos anciennes. INSIDEART, Mai

10 !"#$&#'($)"! *+,-./0102,3.4-, , "#$#&!'(&)! Oggi, 23 maggio, alla notte bianca di palazzo Farnese, sono esposte le fotografie di Didier Naert. L artista lavora su fotografie vecchie: per ogni immagine realizza un prolungamento disegnandolo su fondo nero con un effetto che ricorda quello dei negativi della pellicola. L immagine ispira il suo disegno che prolunga la foto. Ingrandite e date a nuova vita, Naert dona una seconda chance a queste immagini e fa rivivere il lavoro di fotografi anonimi ma anche di professionisti e artisti, riscoprendo mondi scomparsi. Le sue composizioni dai colori leggermente saturati prolungano la prospettiva fotografica, reinventando dei quartieri scomparsi e creando un altra dimensione. Un dialogo sospeso tra ieri e oggi, questa sera a palazzo Farnese.!"#"$$&'"()*+*& D,0::0E0296F6GHI!.B0

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13 !"#$&'&$()*+),-,-!.)/0!.1))2)30.-4)35616)7)89:(*)3:;:&)<=>?) ) ) ) «Didier Naert travaille sur un support particulier : les tirages photographiques anciens. La photo inspire son dessin, le dessin prolonge la photo, la questionne, la révèle sous un éclairage contemporain. Les photos soigneusement choisies sont à nouveau observées, agrandies et réapparaissent sous un nouveau jour. Annotées de dessins, emmargées, elles semblent renaître ; il leur donne une deuxième chance, une deuxième vie. Il fait revivre le travail de photographes anonymes mais aussi de photographes professionnels, d artistes. Ce travail singulier nous détourne de notre présent et nous fait découvrir des mondes disparus. Les compositions que nous présentons aujourd hui sont faîtes à partir de photos des halles de Paris qui datent de De ce quartier aujourd hui disparu reste cependant dans nos mémoires le souvenir d une époque qui se pare de nostalgie pour ceux qui l on connu, de surprise et de curiosité pour les autres. Elles ont été prises à l occasion de repérages pour le tournage du film «Irma la douce» de Billy Wilder. Le photographe : Alexandre Trauner, grand décorateur de cinéma et peintre, fut un ami fidèle de Jacques Prévert. Décorateur des «Enfants du Paradis» il eut une carrière inégalée, tant en France qu aux Etats-Unis. (Oscar du meilleur décor 1960 pour «La garçonnière» de Billy Wilder et César du meilleur décor en 1977 pour «Mr. Klein» de Joseph Losey, en1980 pour «Don Giovanni» de Joseph Losey et en 1986 pour «Subway» de Luc Besson.)

14 Didier Naert fut son assistant sur plusieurs films dans les années 80. Les couleurs légèrement saturées des photographies rappellent les films en technicolor projetés sur les écrans des cinémas «permanents» des grands boulevards, accompagnés de musiques symphoniques épiques. Il vient aussi en mémoire les textes de Georges Perec dans «Je me souviens» - Je me souviens du Jour le plus long avec John Wayne et Robert Mitchum. Je me souviens des instamatics de Kodak mais aussi de la forme des bouteilles d'evian et de Contrexeville. Je me souviens de la Foire du Trône. Je me souviens des gaufres du zoo de Vincennes. Je me souviens des forts des Halles je me souviens du trou des Halles On peut les appeler «remarques marginales» ou simplement «compositions» ses dessins prolongent les perspectives photographiques, comme s il réinventait des quartiers disparus. Une autre dimension apparaît, les façades sont transparentes il imagine les chambres cachées, les escaliers dérobés. Les artistes inspirent les artistes et le travail de Didier Naert, comme une lecture contemporaine d un texte oublié, crée un prolongement secret et équilibré entre hier et aujourd hui. Un dialogue à travers le temps. Serge Plantureux. Expert et historien de la photographie. Galerie Photocéros - Studios Robespierre G$H#$&'&$(C@'H;) )