INVESTISSEMENT, PROGRES TECHNIQUE, CROISSANCE & CHOMAGE

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1 INVESTISSEMENT, PROGRES TECHNIQUE, CROISSANCE & CHOMAGE I) FINANCEMENT ET DETERMINANTS DE L INVESTISSEMENT C est un enjeu économique essentiel. Il prend plusieurs formes et détermine les capacités de production futures. Il conditionne donc le dynamisme d une économie, sa capacité à croître et à se moderniser. C est une dépense qui engage l avenir, la décision d investir est donc essentielle. A. Définitions, typologies et comptabilisation de l investissement 1.Définitions à connaître pour traiter un sujet sur ce thème * Action : titre de propriété négociable sur un marché, partie du capital de l entreprise. Elle délivre un revenu variable qui est le dividende. * Obligation : titre de créance souvent à long terme négociable sur un marché. L obligataire reçoit un revenu fixe qu on appelle intérêt. Le capital est remboursé à la fin de l échéance. * Capital technique : c est une des composantes de la combinaison productive (travail/capital).il comprend les biens de production c est-à-dire les équipements comme les machines ou terrains * La demande : cette notion comprend les consommations pour les biens de conso, les entrepreneurs pour les biens de production, l Etat pour les biens d équipement collectifs et les exportations. * Epargne brute : part des revenus qui n est pas immédiatement consommée et donc disponible pour l investissement et l épargne. * EBE (Excèdent Brute d Exploitation) : rémunération du capital c est-à-dire le profit (VA Brute - salaires - impôts) * VAB (Valeur Ajoutée Brute) : richesse créée par l entreprise au cours de la production (CA-CI). L investissement, ou Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) pour la comptabilité nationale, consiste dans l achat de biens durables utilisés dans le processus de production (machines, bâtiments ) pendant au moins un an, ce qui distingue FBCF et consommations intermédiaires. On y inclut l achat de logements par les ménages, mais celui-ci n est pas un investissement productif. Les investissements immatériels sont eux des achats de services: dépenses de formation, de marketing et de publicité, achats de brevets et de licences, de logiciels Seuls ces derniers sont aujourd hui comptabilisés dans la FBCF. La part des investissements immatériels dans l investissement total est proche de 60% en France. Il ne faut pas confondre l investissement avec la Consommation intermédiaire (CI) qui elle ne servira qu une fois et sera immédiatement détruite ou transformée. De même il faut éviter le terme d investissement financier qui sème la confusion entre investissement et placement. 2.Typologies On distingue les investissements matériels qui concernent l achat de terrains, de machines) des investissement immatériels (ex : logiciel, brevet, marque déposée, les dépenses de recherche et de développement, de formation du personnel, pubs ) Les investissements matériels sont de 3 sortes :

2 * De remplacement : Une partie de l investissement est destinée à remplacer le matériel usé ou obsolète (c est-à-dire dépassé technologiquement). Il correspond à l amortissement des entreprises ou Consommation de Capital Fixe (CCF). * De capacité ou d extension qui consistent à acheter des biens de production supplémentaires à technologies identiques et qui augmentent la capacité de production. Formation Nette de Capital Fixe = FBCF amortissement. * De productivité (ou rationalisation ou modernisation) qui permettent d intégrer les progrès techniques et rendre la combinaison productive plus efficace. 3. Comptabilisation La FBCF comprend l investissement de l ensemble des agents éco résidant : * Les entreprises * Les ménages (les investissements des ménages pour l INSEE concernent uniquement l achat de logement, toutes les autres dépenses relèvent de la consommation). * L Etat et les collectivités locales (régions/départements/ communes) ; par ex les écoles, les bibliothèques, l armement, les routes La FBCF inclut des biens (investissement physique) et des services marchants lorsqu ils sont inséparables des investissements matériels (ex : réparation d un équipement).ainsi les biens immatériels ou incorporels ne sont pas comptabilisés dans la FBCF. Quand on parle d investissement productif, on prend en compte la FBCF des sociétés et quasi-sociétés (SQS) et des entreprises individuelles (les SQS sont un secteur institutionnel qui regroupent toutes les sociétés non financières sauf les entreprises individuelles ; ces dernières sont regroupées avec les ménages) en excluant la FBCF des autres ménages et administrations. On mesure l effort d investissement d une unité économique ou d un secteur par son taux d investissement [(investissement/vab) X 100 = (FBCF/VAB) X 100].On s intéresse surtout au taux d investissement des SQS (15% en 2007) ou des entreprises en général. On calcul aussi un taux d investissement global qui traduit l effort national de l ensemble des agents résidant [(FBCF/PIB)*100]. En 2007 le 14% (Très faible) Ces taux constituent une indication sur l évolution de la production dans les années à venir. Ils contribuent aux prévisions en matière de croissance. B. Les modes de financement de l investissement Pour financer ses investissements, un agent dispose de moyens substituables ou complémentaires. Il doit donc faire des choix. Choisir entre un financement interne ou externe et s il choisit un financement externe, choisir entre un financement direct ou indirect. 1. Le financement interne C est l autofinancement. L investisseur utilise ses ressources (ou fonds) propres c est-à-dire la partie de ses revenus épargnée. Pour une entreprise, cela suppose qu elle a réalisé de bons résultats et qu elle a un EBE élevé. Son épargne est donc substantielle. On mesure le taux d autofinancement par :(épargne brute/investissements) X 100 Un taux de 100% signifie que l épargne réalisée couvre les investissements projetés.

3 L agent a un besoin de financement si son taux d autofinancement est < 100% et une capacité de financement s il est > 100%. En 2007, le taux d autofinancement des SQS est de 118% ; depuis 1993 ce taux dépasse 100%. Cela indique à la fois une bonne santé financière et une faiblesse de leurs investissements. En fait le taux d autofinancement est un indicateur du niveau de confiance des entrepreneurs dans la rentabilité de leurs unités de production et dans la conjoncture économique à venir. 2. Le financement externe : direct ou indirect Il consiste à faire appel à l épargne d autres agents, il vient généralement compléter l autofinancement. Une entreprise réalise un financement externe soit en augmentant son capital social (émission de nouvelles actions) soit en s endettant (auprès d une banque ou de particuliers) soit en combinant les 2. L entreprise fait le pari que sa rentabilité future sera suffisante pour lui permettre de verser des dividendes et/ou de rembourser ses dettes. Le financement intermédié, c est le recours à des intermédiaires financiers auprès de qui on réalise un emprunt (ex : emprunt bancaire). Le financement externe direct est lui réalisé sur le marché financier. Ainsi une entreprise peut procéder à une émission d actions qui conduit à une augmentation de son capital social et donc de ses fonds propres. L entreprise peut aussi émettre des obligations pour lever des fonds externes qui lui faudra rembourser. 3. Les éléments de choix L autofinancement, qui dépend du niveau de l épargne de l entreprise et donc des résultats antérieurs, est rarement suffisant dès que les projets d investissement sont importants. Le recours a des fonds externes et à l endettement ne doit pas être vu comme une erreur de gestion mais au contraire comme un acte d une entreprise saine qui a des ambitions. L augmentation de capital évite les remboursements. Les dividendes dépendant des profits et des choix de répartition des entreprises dans la VA. Mais l augmentation de capital conduit à ouvrir le capital à de nouveau actionnaires ou à modifier la structure des actionnaires (le poids des différents actionnaires déjà présents).le risque étant la perte de contrôle de l entreprise. L endettement évite ces problèmes mais implique des versements d intérêts et/ou des remboursements fixes qui ne dépendent pas de l activité. Un investissement n étant pas forcement immédiatement rentable, cette contrainte peut être lourde. En fait l endettement est avantageux si le rendement des investissements est supérieur durablement aux taux d intérêts des emprunts. C. Les déterminants de l investissement 1. Coût de production, rentabilité et efficacité marginale du Capital Un premier déterminant de l investissement réside dans le coût relatif du travail et du capital: l augmentation du coût du travail (salaire et cotisations sociales) est, toutes choses égales par ailleurs, un facteur de substitution du capital au travail. D autre part, des coûts d ajustement importants (formation du personnel, réorganisation du travail) peuvent freiner l investissement.

4 Un investissement est rentable si son coût est inférieur aux revenus qu il entraînera. L entrepreneur fait donc un calcul de rentabilité en comparant le coût d investissement et son rendement espéré. Il en déduit le profit anticipé. Mais ce calcul est incertain car il intègre différentes variables qui ne peuvent pas être anticipées : - l évolution de la valeur de la monnaie : on ne connaît pas le niveau de l inflation dans les années à venir. - la durée de vie de l investissement. On peut prévoir la durée de l usure physique mais il est plus difficile de prévoir l obsolescence. - on ne connaît pas le niveau définitif des ventes qui déterminent les profits anticipés. Bref l entrepreneur prend des risques. Les estimations ne peuvent être qu approximatives. Le niveau des profits déjà réalisé dont le taux de marge [(EBE/VAB) X 100] donne une idée, constitue un autre élément décisif. En effet, le profit, qui est l objectif de l entreprise capitaliste, est un facteur clé de l investissement. Il s agit aussi bien du profit passé que du profit espéré. La rentabilité anticipée de l investissement est donc liée au profit tiré du capital déjà engagé : investir n est pas intéressant si le capital déjà investit rapporte peu. C est le contraire si la rentabilité est déjà élevée. De plus, l EBE (profit) alimente l autofinancement au moins partiel des investissements. Enfin, un profit élevé facilite une augmentation de capital en attirant de nouveaux actionnaires intéressés par des dividendes importantes et de bonnes perspectives de revente de leurs actions en Bourse. Un profit haut donne aussi confiance aux prêteurs (banques ou épargnants). Dans une approche rationnelle, la rentabilité est donc une variable déterminante de l investissement. La réalité montre cependant que la décision d investir n est pas rationnelle. 2. L anticipation de la demande effective C est un facteur essentiel du point de vue keynésien. Une anticipation à la hausse de la demande a un effet incitatif sur l investissement qui sera destiné à permettre l ajustement des capacités de production, jugées insuffisantes, aux débouchés escomptés. La demande anticipée est un déterminant de la volonté d investir. La réalisation de l investissement, pour répondre à une telle anticipation, suppose cependant plusieurs conditions : - la saturation des capacités de production existante sinon cette demande supplémentaire sera satisfaite par une plus grande utilisation des équipements actuels. - il faut une insuffisance des stocks sinon il suffira de les écouler. - il faut que le climat de confiance existe de la part des entrepreneurs. C est une dimension socio psychologique. Bien que peu rationnelle, cette variable peut peser lourd. C est la raison pour laquelle les gouvernements tentent souvent de convaincre les entrepreneurs que la conjoncture leur est favorable et qu ils peuvent avoir confiance. Keynes est qualifié «d économiste de l incertain». Le mécanisme de l accélérateur montre que toute variation de la demande entraîne des variations amplifiées de l investissement sous conditions de pleine utilisation des capacités de production et de stabilité du coefficient de capital (capital/production).

5 3. Les taux d intérêts L endettement contribuant à financer l investissement, il vaut mieux que le taux d intérêt de l emprunt (coût de l endettement) soit inférieur au taux de profit. Il s agit ici du taux d intérêt réel. Si le taux d intérêt devient supérieur à la rentabilité, l entreprise a intérêt à se désendetter ou à placer son épargne. Un taux d intérêt élevé a donc tendance à décourager l investissement des entreprises. On appelle taux de profitabilité du capital (donc d un investissement) la différence entre le taux de profit du capital productif et le taux d intérêt (pour lui on prend en compte le taux d intérêt réel à long terme sur le marché financier). Si la profitabilité est faible ou négative, il devient plus intéressant de réaliser des placements que des investissements. A l inverse, l effet de levier montre que des taux d intérêt faibles favorisent l investissement par endettement qui permet d améliorer la rentabilité des fonds propres. Conclusion L investissement est soumis à une double contrainte. Il dépend à la fois de la volonté d investir (liée au niveau de la consommation des ménages) et de la capacité à le faire (liée aux profits dont découlent les possibilités d endettement et la capacité d autofinancement). L investissement est donc soumis à une double contrainte: débouché et rentabilité. Le partage de la valeur ajoutée et des gains de productivité entre salaires et profits joue un rôle fondamental dans la détermination du niveau de l investissement. NOTE AU LECTEUR Ce dossier constitue un effort de synthèse essentiellement réalisé à partir de trois sources que sont : Sciences Economiques et Sociales, Terminale, sous la Direction de Pascal Combemale, Editions broché, Cours de M. Godart, Lycée Laetitia Bonaparte d Ajaccio, année 2006 Ressources Internet, sites consacrés aux Sciences économiques et sociales Yannick Ferret, ancien élève du Lycée Laetitia Bonaparte d Ajaccio -