Les années 70. Les années 80

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1 Qu'est-ce qu'être arabe aujourd'hui? Qu'est-ce que le monde arabe? Qu'est-ce que l'islamisme politique Farouk Mardan Bay, universitaire, historien, directeur de la collection «Sindbad» chez Actes Sud, démocrate syrien Quand on parle de monde arabe on parle d'un territoire allant de Mauritanie à l'irak. Il s'est formé partir de En juin : la guerre des 6 jours, et l'occupation de l'ensemble des territoires de la Palestine historique, sous mandat britannique. Sur le long terme on observe le développement de la résistance palestinienne et la popularisation des idées marxistes. Après 67 le monde arabe prend du recul et fait son auto-critique. Dans le même temps on assiste à des prises de pouvoir à travers des coups d'état militaires dans la région. Le parti baas prend le pouvoir en Irak, Kadhafi en Lybie. Nimeiry au Soudan, Assad en Syrie, Nasser meurt, Sadate arrive en Egypte. Ces nouveaux chefs d'état contribuent à créer un nouveau système régional. Les années 70 En 1973 la guerre d'octobre amène au résultat auquel rêvait les USA : être le seul interlocuteur des deux partis. L'unité (de façade) arabe est cassée. En 1973 l'arabie Saoudite connaît un embargo sur le pétrole, mais Kissinger amadoue Sadate qui négocie en solitaire avec Israël. Jusque là les pays arabes était unis, la diplomatie française soutenait qu'il n'y avait qu'une solution globale des conflits. Les USA ont réussis à obtenir des négociations solitaires : paix séparée égypto-israélienne. Cela entraîne un isolement de la Palestine, et de la Syrie (Assad refuse les négociations solitaires) La guerre civile libanaise commence en C'est une guerre avec des aspects confessionnels, politiques, régionaux, qui durera 18 ans. La résistance palestinienne s'épuise. En 1979, alors que Sadate signe la paix avec Israël, Khomeini en Iran bloque l'irak pendant 8 ans. En Afghanistan le djihad commence. Les USA les font combattre contre l'urss. Pendant ce temps Israël continue à coloniser, sauf le Sinaï qu'il évacue, conformément au traité avec l'egypte qui en retour s'engage à ouvrir le canal de Suez aux navires israéliens. Les années 80 Les plus terribles. La guerre Irak/Iran fait 2 millions de morts. Montée en puissance des forces intégristes (fondamentalisme). Guerres civiles entre ces forces et les états en présence. En 1979 en Syrie, une attaque contre l'armée provoque une réaction très violente. L'armée tape sur tout ce qui bouge. En Irak : répression du Pc, des Kurdes, des Chiites. Un seul rayon de lumière, 1989 : la première intifada. C'est un mouvement populaire spontané. Arafat avait été chassé du Liban en Turquie. Les forces israeliennes sont dispersées, au Yémen, en Syrie... C'est la société civile qui se lève par les grèves, les gosses et leurs pierres...

2 Les années 1990 Ce mouvement est interrompu par Saddam Hussein et l'invasion du Koweït, en Il a été trompé par les USA qui l'avait soutenu dans sa guerre contre l'iran, de plus l'urss n'existe plus. Les USA forment une alliance avec des pays arabes comme le Maroc, l'egyte, la Syrie et des pays européens : Grande-Bretagne, Espagne, France... Une armada se forme en Arabie Saoudite et envahit l'irak. Cette coalition victorieuse impose un embargo à l'irak. Les victimes seront les populations civiles. En échange de leur soutien, les USA promettent à l'egypte et la Syrie la réactivation du processus de paix en Israël, en faisant intervenir d'autres puissances (Russie et européens). Ils refusent la participation direct de l'olp mais accepte des représentants Jordaniens. A Madrid les négociations sont bloquées car Israël manipule les Syriens et les Jordaniens. Il fait croire à chacun qu'il avance vite avec l'autre pour presser les accords. La Palestine est isolée. En 1993 se tiennent en Norvège des négociations secrètes qui aboutiront aux accord d'oslo. Le problème est que ces accords sont fondés sur l'idée que le processus sera divisé en trois parties (A, B, C) A : territoires où la Palestine exerce son autorité B : autorité peu à peu, etc... L'essentiel pour les USA est d'établir une relation de confiance entre les deux parties, mais c'est très compliqué. Le problème majeur porte sur la colonisation. Dans la zone C et Jérusalem-est la colonisation est très dure : à colons en plus. Dans ces conditions la confiance est impossible à établir. Les autorités politiques continuent à négocier tout en appelant au maintien de l'ordre. La situation des habitants rendent cette appel à l'ordre impossible et les forces débordent par des attentats. Le Hamas né avec l'intifada se développe. Le Fatah apparaît. Yitzhak Rabin, pourtant sioniste pur et dur, est tué par un intégriste israélien. Plus tard Shimon Peres commettra des erreurs : attaque et assassinat de dirigeants du Hamas à Gaza. L'invasion du Liban a lieu, au moment où on parle de négociation avec la Palestine, toujours dans le but de casser l'unité arabe. Massacre de Cana au sud Liban. Au congrès anti-terroriste de Charm-el-Cheikh, les palestiniens sont rendus responsables de la situation. Problèmes fondamentaux de la question palestinienne Après 1948 Jérusalem est divisée en deux. Les lieux saints des trois confessions étant à Jérusalem, la question se pose de façon religieuse et pour Farouk Mardan Bay elle ne doit pas se poser ainsi. Les réfugiés de 1948, était Ils sont aujourd'hui des millions dans les pays arabes alentour. Ils ont obtenu des droits civiques (travailler, accéder à l'école, être propriétaires..) en Syrie mais au Liban ce n'est pas le cas. Il existe une liste de 70 métiers interdits aux palestiniens. Leurs conditions de vie sont épouvantables, ils sont 300 à , rien qu'au Liban. Les frontières Israël refuse que la Palestine possède des frontières directe avec les autres pays arabes. Dans la mesure où le territoire palestinien serait morcelé, Israël veut que chaque territoire palestinien soit entourés d'une bande de territoire colonisé. C'est absolument inacceptable pour la Palestine et les autres pays arabes.

3 Quels système régional du monde arabe? En 1967 les américains soutiennent Israël. Dans les années 60, ils ont été empêtrés au Vietnam, en Indochine, en Amérique latine. Dans le monde arabe, après le coup d'état au Yémen, ils ont eu peur que cela se répande en Arabie Saoudite où il y a du pétrole. Ils ont commencé une contre offensive. Au Brésil en 1966, avec le régime des colonels en Grèce Tout ça est lié. Aujourd'hui les USA joue en force solitaire. Cette force n'est contestée par aucune autre force. Ils ne vont pas aider les arabes pour leurs beaux yeux. L'Europe est alignée sur la position américaine. En Irak, Hussein avait préparé ses fils pour lui succéder. Assad arrivé au pouvoir en 1970 a transmis le pouvoir à Assad (le jeune). Moubarak en Egypte, en est à son 5e mandat et prépare aussi sa succession. Le problème n'est pas tant la succession héréditaire que le système de la famille au pouvoir. On est proche du mode de fonctionnement de la mafia. En Syrie le président de l'état est chef des armées, de l'état et du Front unis, composé de partis satellites dont le parti communiste. Le frère du président est chef de la garde républicaine, chargée de protéger le régime. Son cousin est chef d'une importante division de l'armée, un autre cousin est déterminant dans l'économie du pays. Il contrôle l'importation d'armes, de produits alimentaires, sans compter les trafics illégaux, tels que la drogue et la prostitution. C'est partout pareil. Quand on parle de libéralisation économique de ces pays, ça paraît impossible car il faudrait un minimum de transparence. Tout régime mafieux bloque la possibilité de réformes car si on commence une réforme c'est tout le système qui s'écroule. En 2000 en Syrie Assad le jeune arrive et autorise la création de clubs de discussions. En une semaine, 200 clubs sont créés. Ils ont mis tout le monde en prison. En face de ces gouvernements la force majeur est la force dite islamiste. Quelques définitions. Intégrisme : application de la religion intégralement. Fondamentalisme : revenir aux fondements pour comprendre comment les premiers musulmans ont compris le coran et s'aligner sur eux. (L'équivalent chrétien est le protestantisme). Religiosité populaire : (lui l'appelle la bigoterie populaire) Elle est essentiellement basée sur les signes extérieurs (voiles, niqab...) Islam politique : action politique inspirée par les principes de l'islam et fondation d'un état musulman. Les Talibans, les Frères musulmans, le Hamas, le Hezbollah... Ils se réclament tous de l'islam politique mais sont tous très différents. On peut dénoncer (lui le dénonce) le socle sur lequel est fondé l'islam politique. Une politique fondée sur la religion ne peut qu'être fondée sur des discriminations. Des discriminations avec l'extérieur et les autres religions, mais aussi des discriminations internes (sexisme, racisme...). Cela n'empêche pas de noter la différence qu'il existe entre ces différents groupes. L'islam politique en Iran est très intelligent, notamment par rapport à la question du nucléaire, alors qu'en Afghanistan c'est un islam politique archaïque par exemple. Quand l'islam non politique (la bigoterie populaire)se développe, quand on passe d'un paysage semi-laïque à un paysage religieux, si il y a une crise (institutionnelle, régionale...) la seule force qui peut avoir une audience c'est l'islam politique.

4 Le terrain a été préparé. Il y a un problème de connivence entre les deux forces en présence. Les despotes sont les derniers remparts contre la barbarie islamiste, et l'islam politique est la seule force qui s'oppose à la mafia au pouvoir. Chacun a besoin de l'autre pour exister dans le paysage politique arabe d'aujourd'hui. Pessimisme pour le court terme. Il faut que la gauche diffuse ses idées, qu'elle montre comment on en est arrivé là. Il faut refuser le chantage. Quelques signes de changements sur le terrain Le blocage israeélo-arabe fait régresser les 2 parties. On imagine un mode de fonctionnement qui a déjà été réalisé par le passé. L'état confié à une soldatesque coupée de la population, la société confiée au ulémas. Cette vision est cauchemardesque. On peut identifier des éléments positifs sur le long terme L'évolution démographique Cela ne se voit pas rapidement, mais cela peut contribuer à changer une société. En fait le monde arabe connait une décroissance démographique importante. En 1970 le nombre d'enfants par femme était de 7, il est aujourd'hui de 3 à 4. Dans certains pays il est à 2,1 voir inférieur comme en Tunisie et au Liban où il est à 1,8. Nous sommes loin de la caricature diffusée jusque chez nous dans un contexte de xénophobie, de l'arabe proliférant comme un lapin et prêt à envahir les pays occidentaux. Cette baisse de la démographie contribue au rétrécissement de la famille patriarcale, dont le modèle est fondé sur le nombre d'enfants et de petits-enfants. Il y a donc moins d'influence du grand frère sur le jeune par exemple. La scolarisation des filles, le report de l'âge du mariage entraîne une baisse de la polygamie. Il y a 2% de polygames dans le monde arabe. On constate un dislocation sur le plan politique mais une unification sur le plan culturel. Les gens lisent les mêmes livres, regardent la même télé, utilisent internet. La langue arabe standard née à la fin du 19e tend à devenir la langue standard de toute la population arabe. L'unification touche aussi les élites, grâce à l'université et la recherche. Cette unification de la culture sera pour le meilleur comme pour le pire. Il n'empêche que les moyens modernes de communication rendent la censure obsolète. La véritable question reste : comment construire une force capable de conduire le changement?

5 A lire Farouk Mardam-Bey et Elias Sanbar, Être arabe (entretiens avec Christophe Kantcheff) La collection des études palestiniennes sera diffusée sous formes de livres. Les 2 à venir : Gaza (dossier complet) Sarkozy au Proche-Orient Débat On parle d'un état palestinien et d'un état israélien. N'est-il plus question d'un état binational? C'était la revendication première. La création de la Palestine démocratique. L'idée de deux états s'est développée car dans le cadre du droit international, il y a la notion d'état. Cette option rassure car elle n'induit pas l'idée d'une destruction de l'un des deux états. Aujourd'hui la question se complique avec la colonisation qui rogne des territoires de l'éventuelle Palestine. Le territoire éventuel serait composé de 210 îlots séparés, en trois regroupements possibles. On parle de nouveau de ressusciter l'idée de l'état bi-national. Mais ce n'est pas viable, car 100 % des israéliens sont contre. Il faut prendre les USA au mot. Ils parle de deux états, tout en mentant car ils savent que les frontières sont inacceptables. Du point de vue d'un mouvement de soutien on s'attarde sur cette idée. On va en réalité vers un état binational. Dans 10 ans il y aura plus de palestiniens que d'israéliens. Une majorité sans droit avec une minorité avec des droits.