LA TIMIDITÉ : UN FACTEUR DE RISQUE EN PSYCHIATRIE? Docteur Christophe ANDRÉ SHU, Centre Hospitalier Sainte-Anne Paris

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1 LA TIMIDITÉ : UN FACTEUR DE RISQUE EN PSYCHIATRIE? Docteur Christophe ANDRÉ SHU, Centre Hospitalier Sainte-Anne Paris

2 PLAN Les concepts La clinique Épidémiologie et évolution Conduite à tenir

3 TIMIDITÉ : 1) LES CONCEPTS

4 CONCEPTS PROCHES DE LA TIMIDITÉ Inhibitions sociales Déficits assertifs Introversion Trac Anxiété sociale Phobie sociale Personnalité évitante Manque de confiance en soi Inhibition face à la nouveauté Mutisme électif Anxiété de séparation Phobie scolaire

5 L ANXIÉTÉ SOCIALE Sensations d appréhension, de conscience aiguë de soi, et de détresse émotionnelle, ressenties dans les situations sociales actuelles ou anticipées. (Leitenberg, 1990)

6 Stein MB, Stein DJ. Social anxiety disorder. Lancet 2008, 371 :

7 «La confiance fournit plus à la conversation que l esprit.» LA ROCHEFOUCAULD

8 «Il croit peser à ceux à qui il parle Il se retire si on le regarde Il n ouvre la bouche que pour répondre...» LA BRUYÈRE (Phédon)

9 LA TIMIDITÉ - Manière d être habituelle, marquée par la réserve et l inhibition face à toutes les «premières fois». - Activation du SN sympathique. - Habituation progressive avec la répétition des expositions. - Mélange approche-évitement.

10 TIMIDITÉ OU PHOBIE SOCIALE? TIMIDITÉ Qualité de vie peu altérée Peur de la solitude Peut parler de son trouble à des proches Anxiété diminue avec répétition des contacts PHOBIE SOCIALE Qualité de vie très altérée Peur de l humiliation Dissimule son trouble même aux proches Anxiété peut augmenter avec répétition des contacts

11 «Les pétales de son esprit étaient comme repliés par la peur.» TENNESSEE WILLIAMS

12 LES PHOBIES SOCIALES Peurs sociales intenses Évitements sociaux ou souffrance anxieuse majeure Handicap et altération de la qualité de vie

13 LA PERSONNALITÉ ÉVITANTE Évitements sociaux nombreux et rationalisés. Sentiment de dévalorisation et trouble de l estime de soi. Hypersensibilité au rejet et à la moquerie.

14 PHOBIE SOCIALE AVEC OU SANS PERSONNALITÉ ÉVITANTE? PHOBIE SOCIALE SANS PE Évitements culpabilisés Attributions internes Égo-dystonique Demande d aide (si informé) PHOBIE SOCIALE AVEC PE Évitements rationalisés Attributions externes Égo-syntonique Peu de demande d aide (même si informé)

15 «Je ne suis capable ni de solitude, ni de société.» AMIEL

16 «L enfer, c est les autres.» JEAN-PAUL SARTRE

17 TIMIDITÉ : 2) LA CLINIQUE

18 «Chacun reconnaîtra cette présence immédiate et brûlante du regard d autrui qui l a souvent rempli de honte.» JEAN-PAUL SARTRE

19 LES SITUATIONS SOCIALES SOURCES D ANXIÉTÉ Situations formelles et de performance Interactions informelles brèves Interactions informelles approfondies Affirmation de soi Observation

20 LES DIMENSIONS CLINIQUES DE L ANXIÉTÉ SOCIALE Émotions Comportements Cognitions

21 «La timidité peut être la crainte du blâme, la honte en est la certitude.» VAUVENARGUES

22 LES ÉMOTIONS DANS L ANXIÉTÉ SOCIALE ANXIÉTÉ (avant et pendant) HONTE (pendant et après)

23 «Il ne disait rien, mais on voyait bien qu il pensait des bêtises.» JULES RENARD

24 LES COGNITIONS DANS L ANXIÉTÉ SOCIALE Anxiété d évaluation Focalisation sur soi Auto-dévalorisations, auto-agressions

25 «J ai toujours évité ce qui m attirait, et tourné le dos au point où j aurais secrètement voulu aller.» AMIEL

26 TIMIDITÉ : 3) ÉPIDÉMIOLOGIE ET ÉVOLUTION

27 ÉPIDÉMIOLOGIE DE L ANXIÉTÉ SOCIALE PHOBIE SOCIALE 2 à 10 % PERSONNALITÉ ÉVITANTE 1 % TRAC 30 % TIMIDITÉ 40 %

28 ÉVOLUTIONS Stabilité de la timidité apparue dans l enfance (Davidson 1993). 10 à 15% des enfants présenteraient un tempérament d inhibition face à la nouveauté (Kagan et al. 1987). Ce tempérament représenterait un facteur de risque accru pour des troubles anxieux à l âge adulte (Biederman et al. 1990).

29 PARENTS ET ENFANTS Timidité mieux tolérée par les parents chez les filles que chez les garçons (Stevenson- Hiunde et al. 1987). Parmi les parents d enfants inhibés à 21 mois 17,5% de phobies sociales, contre 0% chez les non-inhibés, et 2,9% chez les témoins (Rosenbaum et al. 1991).

30 HOMMES ET FEMMES Les enseignants du primaire disent compter deux fois plus de filles que de garçons parmi les enfants les plus timides de leur classe (Lazarus 1982). Pas de différences hommes-femmes dans les timidités auto-déclarées (Jones et al. 1986).

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34 TIMIDITÉ : 4) CONDUITE À TENIR

35 «L homme vraiment libre, c est celui qui sait refuser une invitation à dîner sans donner de prétextes.» JULES RENARD

36 «La timidité a été le fléau de ma vie» MONTESQUIEU

37 Principales publications de Christophe André États d âme. L apprentissage de la sérénité. Odile Jacob, Guide pratique de psychologie quotidienne. Odile Jacob, 2008 (ouvrage collectif). Petits pénibles et gros casse-pieds. Seuil, 2007 (avec le dessinateur Muzo). De l art du bonheur. L Iconoclaste, Imparfaits, libres et heureux. Pratiques de l estime de soi. Odile Jacob, Psychologie de la peur. Craintes, angoisses et phobies. Odile Jacob, Petits complexes et grosses déprimes. Seuil, 2004 (avec le dessinateur Muzo). Vivre heureux. Psychologie du bonheur. Odile Jacob, Petites angoisses et grosses phobies. Seuil, 2002 (avec le dessinateur Muzo). La force des émotions. Odile Jacob (avec François Lelord). L'estime de soi. Odile Jacob, 1999 et 2007 (2 ème édition, avec François Lelord). Comment gérer les personnalités difficiles. Odile Jacob, 1996 (avec François Lelord). La peur des autres. Trac, timidité et phobie sociale. Odile Jacob, 1995 et 2000 (2 ème édition revue et corrigée, avec Patrick Légeron).