«Accueil Ecoute des Jeunes en Souffrance : Lisibilité et Pilotage des dispositifs en Région PACA»
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- Yvette Falardeau
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1 «Accueil Ecoute des Jeunes en Souffrance : Lisibilité et Pilotage des dispositifs en Région PACA» SÉMINAIRE DRJSCS PACA, et FESJ 28 novembre 2013 à Aix-en-Provence OUVERTURE Marc Leray, Président de l Deux mots en préambule pour situer comment la dynamique de notre association croise l évolution des textes de références des PAEJ. Je vous propose un historique en 4 étapes : 1983 : Premières initiatives d accueil de jeunes face aux exclusions et à l errance : Paris, Lilles puis La Rochelle et bien d autres : 1 ère Circulaire PAJ : Point Accueil Jeunes, signée par le Ministère des Affaires Sociales : 2 ème Circulaire PEC : Point Ecoute Jeunes, signée par le Ministère de la Santé : En juin, se créée notre association sous le nom de PJARF (Point Accueil Jeunes Association Recherche Formation) : - pour mieux comprendre et prendre en compte les difficultés contemporaines des jeunes ; - pour favoriser l échange et l élaboration des pratiques professionnelles à partir de recherches / actions et de séminaires de formation : 3 ème Circulaire PAEJ : Point Accueil Ecoute Jeunes. Unification des deux dispositifs, signée conjointement par les Ministères des Affaires Sociales et de la Santé. À en croire le rapport IGAS qui vient de sortir (novembre 2013), 1200 dispositifs seraient financés sur la ligne PAEJ : Le 24 mars 2012, PJARF devient : Association Nationale Point Accueil Ecoute Jeunes. Venons-en maintenant, à la conjoncture qui a conduit la Direction Régionale de la Cohésion Sociale PACA, l et la FESJ à organiser conjointement ce séminaire. 1/5
2 Merci d avoir pris l initiative de ce séminaire, et de nous inviter à contribuer à vos travaux en ce moment crucial vécu autant par les administrations que par les acteurs de terrain. Crucial, parce que nous ne sommes pas encore sorti d une période délicate qui dure depuis 3-4 ans et qui a vu se conjuguer l hésitation des politiques publiques en faveur de la jeunesse avec une baisse drastique (-50%) des moyens alloués aux dispositifs de proximité. Une série de conséquences concrètes en découlent : - Un démaillage du territoire lié au recul ou à la disparition des dispositifs de proximité, - Mais plus grave encore, le repli de chacun sur ses strictes compétences a porté un coup fatal à la dynamique des acteurs au travers de laquelle se construisent la cohérence et la complémentarité des actions. Mais de nouvelles perspectives s ouvrent. En effet, les conditions actuelles du débat politique sont plus favorables du fait : 1. De l affirmation par le gouvernement d une «priorité jeunesse» traduite par les travaux du Comité Interministériel Jeunesse (CIJ) ; 2. De la bonne lisibilité de nos dispositifs par les ministères qui en ont la charge : la cohésion sociale, la santé, l organisation des soins et leur collaboration sur la base d une interministérialité ; 3. Du travail fait depuis 3 ans par les associations nationales constituées en interréseaux -FESJ-ANMDA ; 4. Du rapport fin 2013 de la mission IGAS qui recommande la distinction et l articulation des PAEJ et des MDA. Un contexte favorable, même si c est sur un fond de contraintes budgétaires. Car l expérience de terrain nous enseigne que, ce qui est décisif n est jamais seulement le financement, mais la détermination, et l engagement des acteurs. Une action prend sa portée moins de son financement que de son portage par une dynamique d acteurs au pluriel. Merci également du titre que vous avez forgé pour ce séminaire. Sans flagornerie aucune, je veux vous dire que je le trouve excellent et fort à propos : - Excellent, parce qu il pose les bonnes questions : lisibilité et pilotage ; - Fort à propos, parce qu aujourd hui c est le moment : 1) de rendre lisibles et complémentaires les dispositifs de proximité ; 2) de construire un pilotage capable de réguler les déséquilibres existants dans notre organisation sociale ; 3) d adapter les équipements aux caractéristiques locales afin d offrir des services de proximité les plus ajustés aux besoins des publics et des territoires. 2/5
3 Aussi, je souhaite apporter la contribution de l en faisant travailler ce titre, en proposant de vous dire ce que chacun de ces termes nous évoque. LA LISIBILITE Lire quoi? : Les différences de ce qu apporte chaque dispositif ; Pourquoi? : Pour rendre effective la complémentarité de l action de chacun. LE PILOTAGE Piloter quoi? : La mise en œuvre des différentes politiques publiques aux différents niveaux des territoires : État, Régions, Départements, Intercommunalités, Communes. Pourquoi? : Pour corriger les déséquilibres, réguler le poids des institutions, réduire les clivages ou les segmentations au bénéfice d un service effectivement rendu au public de façon plus coordonnée et plus cohérente. ACCUEIL ECOUTE DES JEUNES EN SOUFFRANCE Qu est-ce qui fait la pertinence des PAEJ? Et en quoi leur action est-elle complémentaire de celle des autres? Jeunes et souffrance, ce sont des termes lisibles mais pas catégorisables d emblée. Pour accueillir et écouter : - Les jeunes, qui ne vont pas tous mal ; - Et, la souffrance, quelle que soit sa forme. Il faut des dispositifs qui, sans délai, prennent le temps de les accueillir et de les écouter. Un dispositif, c est un montage qui permet : - De «retenir» les institutions pour qu elles ne s emparent pas trop vite de ce qu elles identifient, au nom de leur compétence, comme une réponse à donner, un problème à traiter ; - De «retenir» les professionnels pour qu ils ne s embarquent pas trop vite dans la technicité de leur spécialité ; Les «retenir» pour faire la place, pour mettre au centre l expression des jeunes. Car en répondant trop vite, ou en rejetant d emblée, ce que l on rate c est l accroche du jeune. 3/5
4 Jeunes et souffrance s expriment de façon plus ou moins lisible. L expression du jeune indique systématiquement la qualité du lien qu il entretient avec les autres, quelques fois des incidences somatiques et parfois une pathologie psychique. On parle alors de santé au sens de la définition exhaustive et multifactorielle de l OMS. Si ce terme de «santé» peut être utile en certaines occasions, il a peu de pertinence dans la pratique auprès des jeunes. Il peut même être source de confusion, voire de clivage. En effet, tout le monde se préoccupe de la «santé», mais fort heureusement pas de la même place et pas de la même façon. Ce sont ces différences qu il s agit de rendre lisibles. Notre organisation administrative actuelle aborde la «santé» avec ses institutions sociales d un côté, et médicales de l autre. Nous retrouvons là ce que problématise le titre de ce séminaire. En effet, rendre lisible ce qu apportent de différent ces deux secteurs et ce comment s articulent leur complémentarité, constitue la seule façon d éviter la confusion, les clivages ou les oppositions. Ainsi, on prend bien la mesure de la nécessité de définir précisément la lisibilité des dispositifs et leur pilotage. Ces deux secteurs, social et médical, sont donc requis pour accueillir et écouter les jeunes et la souffrance : Sur quel enjeu? - L enjeu du social, c est l inscription dans le lien, la socialisation ; - L enjeu du médical, c est le soin, mais plus encore, l accès aux soins. Pour préciser encore plus et gagner en lisibilité, cernons les besoins du public : - Le besoin social, c est la reconstruction, le ré-accrochage, la redynamisation du lien social intergénérationnel car la solidarité est au fondement de la cohésion sociale ; - Le besoin médical, c est rendre accessible le soin pour traiter le problème afin qu il compromette, le moins possible, une qualité de vie individuelle et sociale. Les soins répondent à un problème médical, et pas à la question de l existence. Et même en cas de pathologie, l existence ne peut se réduire aux soins. La complémentarité, c est que le social permet, non seulement : - De rendre accessible le soin : on ne soigne pas quelqu un malgré lui ; - Mais également de soutenir l observance, par la qualité de l insertion sociale. Il y a donc une nécessité absolue, à ce que notre organisation administrative mobilise ces deux secteurs, social et médical, pour accueillir les jeunes et la souffrance. 4/5
5 Comment articuler ces deux secteurs? C est par la limite de l action de chacun de ces deux secteurs, que s articule leur complémentarité. Le point de limite, c est le point de l articulation possible pour autant que cette limite ne soit pas lue, interprétée négativement, comme incompétence, défaillance, inconsistance Ce positionnement n est pas naturel, il est même contraire à ce qui est attendu et demandé aux institutions et aux professionnels, c est ce qui fait : - La nécessité d un pilotage, pour réguler le concert des acteurs pour qu il ne vire pas à la cacophonie ; - La nécessité des dispositifs décalés des logiques institutionnelles du social et du médical, pour : o Supporter, au sens de permettre, l expression du jeune et de la souffrance ; o Pour avoir le temps et la possibilité de ne pas répondre avant que l expression se développe et que la question ait le temps de s élaborer pour se formuler. Ces dispositifs, ces montages décalés, démarqués des logiques organisationnelles, permettent de reconstruire le lien entre le non-catégorisable d emblée : le jeune, la souffrance et, le catégorisable d emblée : les spécialités institutionnelles et professionnelles. C est exactement ce à quoi servent : - Les PAEJ dans le champ social, en accueillant à partir de l initiative associative que prennent les professionnels pour trouver en proximité le contact avec les publics (jeunes, parents, professionnels), pour permettre, par l écoute, l expression de ce que les jeunes ont à dire ou pas. Expression du jeune d abord, avant de penser lui répondre, plutôt l accompagner à trouver des réponses certes avec notre appui mais au-delà de nous ; - Les MDA dans le champ sanitaire, pour faciliter de façon plus institutionnelle et plus spécialisée l accès aux soins médicaux. Et en termes de lisibilité des MDA, il ne faut pas craindre de parler du sanitaire, puisque c est de là qu elles sont issues, qu elles tirent l essentiel des moyens pérennes de leur action et qu elles doivent trouver une articulation avec lui. Dans leur champ respectif, les PAEJ sont à l inscription sociale, ce que les MDA sont à l accès aux soins. Ainsi, on peut définir les PAEJ comme «un dispositif d intervention sur le lien social, au point où il menace de se rompre.» Le décalage de la logique d action du PAEJ se situe donc du côté de la désinstitutionalisation, déspécialisation, déstigmatisation. Les MDA ont moins de marge de manœuvre avec l exercice de leur spécialité. La dynamique d action du PAEJ repose sur la mobilité et l adaptabilité pour être en contact avec les jeunes et avec le partenariat, c est-à-dire les ressources dont les jeunes disposent dans leur quotidien sur leur territoire. Je vous remercie de votre attention. 5/5
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