Table ronde «Insertion socioprofessionnelle, le remède miracle pour sortir de la pauvreté? Et quid des travailleurs pauvres?»

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1 Colloque «Pauvreté : mieux la comprendre pour mieux agir» - 9 mars 2010 Table ronde «Insertion socioprofessionnelle, le remède miracle pour sortir de la pauvreté? Et quid des travailleurs pauvres?» Table des matières 1. Ricardo CHERENTI p. 2 Chef du service «Insertion socioprofessionnelle» de la Fédération des CPAS de Wallonie 2. Yves MOULIN p. 3 Représentant de l asbl En vies d avenir, lauréate de l appel à projets 2009 à caractère social «Mobilité pour l emploi» 3. Joëlle KEUSER p. 5 Juriste, médiatrice judiciaire et coordinatrice du Centre Inforfamille Liège 4. Carmen ALVAREZ p. 6 Responsable du service aux entreprises, Forem Conseil de Liège 1

2 Ricardo CHERENTI - Chef du service «Insertion socioprofessionnelle» de la Fédération des CPAS de Wallonie De manière générale, le niveau d instruction détermine la position d une personne sur l échelle sociale (de la pauvreté). Nous vivons dans une «société de la connaissance». Ne pas posséder les bases élémentaires de cette connaissance dans une société qui mise beaucoup sur la connaissance augmente considérablement le risque de pauvreté. Les personnes peu qualifiées offrent un «profil à risques». En effet, pour cette catégorie, le risque de pauvreté est de trois fois supérieur à celui d une personne hautement qualifiée (23 % contre 7 %). De plus, les personnes qui partent d une situation de qualification basse risquent plus d aboutir à la monoparentalité que les autres. Les femmes doivent, au même titre que les hommes, pouvoir trouver à s exprimer par une profession, y puiser leur entière autonomie et des droits individuels (droit à la pension, droit à l assurance-maladie, droit au chômage). Rien ne peut justifier que les femmes soient cantonnées dans des «petits boulots», dans des temps partiels subis ou dans un rôle ménager. Or, notre société tolère beaucoup trop facilement que les femmes ne soient pas valorisées comme le sont les hommes. Nous acceptons trop «naturellement» que les femmes soient cantonnées dans des emplois précaires. Nous pensons pour toute personne : qu il faut sécuriser les parcours professionnels avec des droits complets et avec des salaires décents ; qu il faut une évaluation concrète des besoins d accueil pour les enfants, en considérant que les femmes doivent trouver facilement des places dans des crèches pour leur(s) enfants ; qu il faut une politique de revalorisation salariale pour les bas salaires. Un emploi doit permettre à celui ou celle qui l occupe de mener une vie digne. Source : Mesure anthropométrique de l Homme le plus pauvre de Wallonie R. Cherenti

3 Yves MOULIN représentant de l asbl En vies d avenir, lauréate de l'appel à projets 2009 à caractère social «Mobilité pour l'emploi» Présentation du Secteur des EFT-OISP Le secteur en chiffres Le secteur existe depuis 30 ans et représente un des gros opérateurs de formation pour adultes en Région Wallonne (identique en volume d heures à Forem Formation) Sur la Région Wallonne, il y a 70 EFT (Entreprises de formation par le travail) et 89 OISP (Organismes d insertion socioprofessionnelle). Sur Liège, une quarantaine de centres sont présents. Les secteurs principaux d activités sont le bâtiment, les espaces verts, l alimentation, la bureautique, l alphabétisation, la remise à niveau et l orientation-socialisation. Objectifs et public cible Les objectifs poursuivis par notre secteur sont : participer à l insertion socioprofessionnelle (en partenariat avec les autres opérateurs de formation via le Dispositif Intégré d Insertion SocioProfessionnel) ; favoriser l émancipation sociale pour un maximum de compétences et un accès durable au marché de l emploi ; favoriser l égalité des chances ; optimaliser les trajectoires (approches intégrées). Le public cible est constitué de personnes peu diplômées, éloignées de l emploi. En EFT, pas de diplôme de l enseignement secondaire inférieur ou C2D et en OISP, pas de diplôme de l enseignement secondaire supérieur ou C3D. Comment lutter contre la pauvreté par le biais de l ISP? Comme cela a pu être démontré lors de ce colloque, l accès à un emploi stable et durable est une des clés pour sortir de la spirale de la pauvreté. Par le biais de pédagogie active (dont le principe du compagnonnage en EFT) et d un travail sur l insertion professionnelle en même temps que l insertion sociale, le travail réalisé au quotidien par ces centres de formation permet à un public a prioridifficilement insérable sur le marché de l emploi de trouver sa voie, de reprendre confiance en lui, de restructurer sa vie (sur les plans du logement, des finances, du réseau de connaissance ) et ainsi aborder le marché de l emploi avec de nouvelles compétences professionnelles mais aussi de nouveaux comportements professionnels. 3

4 Un projet original et novateur : Scoot en stock Dans le cadre de l appel à projet «Mobilité pour l emploi» lancé par l Echevinat des Services Sociaux, de la Famille et de la Santé via la sous-commission Emploi et formation, l asbl «En vies d avenir» ( a rentré et obtenu un projet pilote de location de scooter permettant de répondre aux difficultés de mobilité de certaines personnes trouvant un emploi. Objectifs mettre à disposition - pour un prix modique - un scooter aux personnes éloignées de l emploi qui trouvent un travail ; accompagner la personne dans un projet de mobilité de longue durée qui conduit à l autonomie. Public cible personnes éloignées de l emploi (public EFT-OISP) ; travail en seconde ligne (ce sont les centres qui accompagnent les personnes qui prendront contact avec nous pour louer un scooter. L objectif de ce travail en seconde ligne est de filtrer les demandes et ainsi donner priorité aux personnes visées mais aussi mettre en place la recherche d une autre solution de déplacement à long terme avec les professionnels qui encadrent le demandeur). Mise en œuvre dès le mois de septembre 2010, les centres EFT-OISP membres de Calif ( pourront entrer en contact avec l asbl «En vies d avenir» pour louer un scooter ; lorsqu une personne en formation (ou en suivi post-formation) trouve un emploi mais a des difficultés pour s y rendre (pas de véhicule personnel, pas de transport en commun disponible ), son accompagnateur lui propose de louer un scooter (sans permis) à 4 par jour. Ce prix comprend l assurance, l équipement de sécurité et un service d assistance-dépannage ; lors du premier contact, un petit test de maîtrise du véhicule est proposé sur terrain privé ; la location peut durer quelques mois au maximum. Un contrôle régulier et un suivi est assuré par le centre qui accompagne la personne ; si la personne est demandeuse d acquérir un véhicule, nous la mettons en contact avec l EFT Echafaudage qui propose une formation au permis de conduire A3 mais surtout a un partenariat avec Crédal ( pour permettre l achat d un scooter via un micro-crédit ; si ce projet pilote est un succès, nous chercherons les moyens de le développer (partenariat avec les entreprises, les zonings et recherche de sponsors privés). 4

5 Joëlle KEUSER -Juriste, médiatrice judiciaire et coordinatrice du Centre InforFamille Liège Travailleurs pauvres : une réalité en Belgique Suite à une multitude de facteurs, qui se conjuguent et parfois se renforcent, une part croissante de travailleurs plonge dans les difficultés financières, voire la précarité. Dans l Europe des Quinze, ils seraient près de 14 millions de travailleurs soit 7 % de la population ayant un emploi à vivre dans un ménage dont le revenu est inférieur aux seuils de pauvreté nationaux(1)! Et si le taux de risque de pauvreté est nettement moins élevé pour les travailleurs que pour les inactifs, la pauvreté au travail reste préoccupante dans la plupart des pays européens ; la Belgique n y faisant pas exception. Même s il est raisonnable d affirmer que le fait d avoir un emploi est le meilleur rempart contre la précarité, il n empêche que le taux de pauvreté des travailleurs atteint 4,3 % dans notre pays et qu il va croissant au fil des ans. C est sans compter que 15 % de la population pauvre de 16 ans ou plus est en situation d emploi! Pareils constats tendent à nuancer l hypothèse largement répandue selon laquelle l accès à l emploi est une protection suffisante face aux risques de pauvreté et d exclusion sociale. Emploi ne rime pas toujours avec salaire décent. En outre, la composition du ménage et la contrainte de consommation peuvent avoir une influence notoire sur le risque de pauvreté. (1) Eurostat (décembre 2003) & Enquête EU-SILC Source : 5

6 Carmen ALVAREZ - Responsable Service aux entreprises, FOREM Conseil Liège Tél. : Offres d emploi accessibles aux personnes peu qualifiées en 2009 : 1733 offres d emploi ; 2422 postes de travail ; 84 % de satisfaction en moyenne. Métiers recherchés en 2009 : vendeur ; aide-ménager ; technicien de surface ; agent d accueil ; serveur en restaurant ; ouvrier saisonnier agricole ou horticole ; commis de cuisine ; caissier de libre-service ; réassortisseur ; serveur de bar brasserie ; manœuvre en construction ; manutentionnaire ; employé de station-service ; plongeur (main) ; caissier hors libre-service ; plongeur lave-vaisselle ; technicien-nettoyeur. Profil demandé : disponible ; bonne présentation ; motivé ; autonome ; capable de travailler en équipe ; bon contact avec la clientèle ; ponctuel ; rigoureux ; sérieux. Autres types de recrutement : Le P.F.I. Jeunes : demandes; contrats; - 86,5 % d entrées en formation. L A.P.E. Jeunes : 83 contrats conclus. Le P.T.P. : 672 engagements réalisés. 6