LE BELC TAÏWAN EDITION JUIN Le BELC en chiffres. 43 participants, ont bénéficié d une. 30h de cours. 12h à discuter, à boire du

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1 J U I N Le BELC à Taïwan Du 24 au 28 juin 2013, en partenariat avec le CIEP (Centre International des Etudes pédagogiques) et l APFT (Association des Professeurs de Français de Taïwan), le Bureau Français de Taipei a organisé la première edition régionale du BELC en Asie. Cette formation s est déroulée à l Université Nationale de Taïwan (NTU), la plus prestigieuse université de Taïwan, à proximité de l Alliance Française de Taïwan.

2 LE BELC TAÏWAN EDITION JUIN 2013 Cette formation régionale a rassemblé 45 enseignants de français langue étrangère (FLE), dont 11 de Chine, 2 de Hong Kong et 32 de Taïwan. Tous exercent auprès de publics variés des Alliances françaises de Chine ou Taïwan, dans les écoles primaires, lycées et universités mais également dans des centres de langues privés. Ils ont cependant le point commun d enseigner auprès d apprenants asiatiques, ayant des difficultés et des méthodes similaires dans le domaine de l apprentissage de la langue française. Les échanges de bonnes pratiques face aux difficultées rencontrées ont donc été très riches. L un des avantages de cette formation, outre la qualité des formateurs et son label CIEP, a surtout permis de créer des liens entre enseignants de langue française de la zone asiatique dans une ambiance à la fois studieuse et ludique. Les déjeuners et les soirées proposées ont été de formidables occasions de créer des liens durables entre enseignants de français de la zone asiatique. Les deux parcours proposés par le CIEP se sont révélés être très complémentaires (Parcours A : Enseigner le français à l université et parcours B : Diversifier et dynamiser ses pratiques de classe ). Le premier parcours a été particulièrement apprécié des enseignants ayant une solide formation en FLE; le second parcours, plus ludique dans son contenu et son déroulement a accueilli une majorité des participants. Le succès de cette première edition comporte déjà la promesse de renouveler cet évènement l année prochaine, avec un public d enseignants élargi à d autres pays voisins. 2

3 Le BELC en chiffres Sur la totalité des participants, ont bénéficié d une prise en charge totale du coût de la formation par les postes diplomatiques. Hommes 9 Femmes ; 37 Nationalités des participants Tout au long de la semaine : 30h de cours 1 Taïwan 12h à discuter, à boire du France Chine Sénégal thé, à déguster, à visiter le musée national 7h de pauses déjeuner 2h15 de pauses café 1h45 de discours... 3

4 Témoignages YinChi Chou, enseignante dans le secondaire, Taïwan «Le grand avantage de l'organisation du BELC à Taipei, c'est qu'ici à Taïwan, il n'y a pas toujours des formations pour les professeurs de français dans les lycées. J'ai pu me familiariser avec des aspects théoriques de l'enseignement et découvrir des manières habiles de les mettre en pratique grâce à des jeux, des activités qui peuvent s'adapter à tous les niveaux. Que ce soient des enseignants au lycée pour niveau débutant ou intermédiaire, ou encore des professeurs à l'université, tout le monde peut tirer profit de la formation. De plus on peut partager nos expériences avec d'autres enseignants : c'est l'occasion d'apprendre aussi entre nous en discutant. J'ai déjà 15 ans d'expérience dans l'enseignement à Taïwan, et j'ai beaucoup aimé ce concept de formation intensive pendant 5 jours. Le contenu du programme était très complet. Il y avait beaucoup de professeurs aux publics très différents (collège, lycée, université), ou travaillant dans des centres comme l'alliance Française. L'ambiance était très vivante, tout le monde participait et répondait aux sollicitations de la formatrice, très à l'écoute, qui encourageait la participation et la contribution de tous.» Agnès Roussel Shih, enseignante à l université, Taïwan «Depuis plusieurs années, je participe aux formations proposées par l'association des Professeurs de Français de Taïwan, car je pense qu il est important pour un professeur de FLE de savoir se remettre en question, de se ressourcer et de faire évoluer ses pratiques. C'est la première fois que je participe au BELC. C'est un grand honneur d'avoir cette formation du CIEP à Taïwan, à portée de main. Comme l'enseignement du FLE est en constante évolution, les parcours proposés correspondaient vraiment à un besoin actuel sur le terrain, comme par exemple «Construire un cours à partir d'un document authentique». J'ai trouvé cette formation de très bonne qualité. Elle m'a permis de mettre des noms sur des pratiques, de réviser certaines notions théoriques et d être aussi au courant des nouveautés dans l'enseignement du FLE. Passionnée par l'intégration des Technologies de l'information et de la Communication, je suis amenée à créer des scénarios, à me questionner sur comment créer ou améliorer un cours par correspondance, et à réfléchir sur les étapes d élaboration d un manuel numérique. La formation a répondu à mes attentes. De plus, notre formatrice était très dynamique et professionnelle. Elle connaît très bien son domaine, non seulement sur le plan théorique, mais aussi didactique. Elle nous a accompagnés tout au long de notre formation, en nous précisant quelles sont les étapes à respecter et les questions à se poser pour pouvoir créer un scénario pédagogique. Cette formation fut aussi l'occasion de rencontrer des professeurs de tous les horizons et de pouvoir discuter dans une ambiance conviviale. Chacun a des publics différents et rencontre des difficultés diverses ; le partage en était d autant plus enrichi.» 4

5 Témoignages Frédéric Lauray-Quantin, Japon «J'avais entendu parler des universités d'été du BELC en France mais pour des questions de distance et de budget, je n'avais jamais eu l'occasion d'y aller. Des collègues qui y avaient participé m'en avaient dit beaucoup de bien, et comme j'habite à Taïwan en ce moment, c'était enfin l'occasion d'y prendre part! Mise à part la formation en elle-même, j'ai pensé que ce serait aussi l'occasion de prendre contact avec des enseignants d'horizons différents, mais ayant pour point commun de tous enseigner à un public asiatique. Après avoir établi les différences et les similarités de nos apprenants, nous nous sommes rendu compte que nous étions finalement plus ou moins confrontés au même type de public, et donc aux mêmes difficultés dans les techniques d'apprentissage. Les apprenants asiatiques ont une approche très théorique, une conception de l'enseignant très spéciale aussi, empreinte de respect vu qu'il est le détenteur du savoir. Comme dans une approche plus actionnelle, on essaie de responsabiliser le plus possible les étudiants, et de les rendre maîtres de leur apprentissage, on se retrouve donc avec deux approches diamétralement opposées, et il était vraiment intéressant de voir comment les autres enseignants, confrontés aux mêmes problèmes, gèrent ces situations au quotidien. D'autre part, il y a eu une excellente ambiance générale tout au long de la semaine, entre les enseignants et les formateurs, mais aussi avec les organisateurs de l'apft et du BFT qui essayaient d'anticiper nos problèmes et difficultés. Les soirées organisées, les pauses, bref, chaque moment en dehors des plages de formation ont été également très favorables aux discussions et tout aussi riches que ce qui se faisait dans les salles de classe. Une expérience que j'aimerais renouveler régulièrement!» Li Ying Ying, professeure à l université, Taïwan «L'évènement est une occasion exceptionnelle puisque c'est le premier BELC en Asie, et suivre la formation en France est très cher, car il faut se déplacer. Avant de participer aux cours, je ne connaissais pas la notion de document authentique, donc l'objet de la formation m'a intéressée. Je souhaitais avoir des idées plus concrètes sur l'approche actionnelle afin d'améliorer mon enseignement. Auparavant, je donnais des cours sans méthode précise, plutôt par intuition. J'ai appris qu'il était important de construire un cours par étapes pour que l'enseignement devienne plus concret et plus efficace. La formatrice nous a expliqué comment distinguer la tâche, la compétence, et la qualité, mais aussi les tâches sociales, académiques, professionnelles. Avant de participer à la formation, je n'avais aucune idée de ces notions : j'ai fait des études de «sciences de l'éducation» en France donc tous les termes de FLE sont nouveaux pour moi. Mais en discutant avec ceux qui ont fait des études de FLE, je m'aperçois qu'il y a aussi des notions nouvelles pour eux, car les formatrices évoquent des concepts qui ont été développés ces dernières années. Suivre l'ensemble des cours était long et éprouvant car le contenu est dense et le rythme intensif. De plus le parcours que j'ai choisi est plutôt théorique, tandis que l'autre est plus porté sur l'utilisation d'outils ludiques en classe. Toutefois malgré cet aspect théorique l'ensemble des cours a été très enrichissant pour moi et m'a permis d'élargir mes horizons.» 5

6 Témoignages Christelle Lo, Hong Kong «Je n'avais pas suivi de formation continue depuis longtemps, et je voulais donc remettre mes compétences à jour, pour ne pas avoir l'impression de stagner et faire tout le temps la même chose dans ma classe. La chose la plus importante pour un enseignant est d'amener les outils langagiers en contexte, c'est à dire de faire apprendre la langue dans un contexte, créer une atmosphère qui facilite la tâche de l'apprenant. Auparavant on enseignait des expressions à partir du thème choisi. Maintenant, on crée un contexte pour présenter ce que l'on va enseigner, on essaie de créer de l'authenticité, une situation réelle. Il est important de créer une dynamique dans la classe en changeant de groupe pour chaque activité : cela crée une atmosphère d'échanges qui favorisent l'apprentissage. L'interaction rend l'apprentissage efficace. La formation m'a beaucoup inspiré pour ce qui est de la créativité, quant à l'enseignement de la grammaire notamment. On a appris que malgré le fait que la grammaire soit complexe, il ne fallait pas forcément chercher à la simplifier mais à accompagner l'étudiant en proposant un contexte dans lequel il pourra apprendre et déduire la règle de lui-même. J'ai trouvé que il y avait aussi une très bonne ambiance, que l'on sentait une vraie solidarité entre les différents acteurs de l'organisation de cette formation. Je me suis sentie très bien accueillie : j'ai eu l'impression d'avoir passé une semaine avec une famille d'accueil.» Hélène Yan, enseignante à l université, Chine «Après avoir reçu un mail m'informant que j'avais été sélectionnée pour participer aux BELC, j'ai tout de suite accepté car j'adore la pédagogie, la didactique, et je ressentais vraiment le besoin d'être formée dans ces domaines. L'impression la plus forte que la formation m'a laissée, c'est le grand changement dans ma manière de penser mon enseignement. Auparavant j'enseignais plutôt par instinct, sans pédagogie et méthodologie précise ; mais au bout de deux jours de formation, j'ai été convaincue que ça ne suffisait pas. En effet il ne suffit pas d'être passionnée ou d'avoir de la bonne volonté, mais nous avons également besoin d'être formés à être enseignant, d'apprendre les techniques pédagogiques. C'est ce qui me manquait. Toutes les activités ont été pour moi une source d'inspiration. Je ne vais pas les copier telles qu'elles mais je vais les adapter, les compléter pour qu'elles correspondent à mes cours, à mes apprenants. Le BELC a offert une plateforme d'échange : avant je ne connaissais aucun professeur taïwanais, donc on a pu beaucoup échanger sur l'enseignement du FLE mais pas seulement. La formation a ouvert une fenêtre sur des échanges futures (nous avons créé une page facebook) qui je l'espère vont désormais s approfondir et se multiplier. Tout le monde était passionné et motivé, tous les jours et toute la journée, ce qui est très stimulant pour chacun. On s'est inspiré les uns les autres et c'était formidable. Emmanuelle, notre formatrice, est à la fois dynamique, très positive et compréhensive. C'était donc une semaine vraiment enrichissante pour moi.» 6

7 Témoignages Estelle Tung, enseignante à l école primaire, Taïwan «J'ai d'abord hésité entre les deux parcours. Le parcours B portant sur la grammaire et semblait intéressant. Je travaille avec des enfants (de 4 à 12 ans) et j'ai pensé que ça me serait peu utile. Il comportait aussi beaucoup d'activités, de conseils pour animer une classe, et j'ai réalisé que la grammaire n'était pas inévitablement ennuyeuse mais peut être rendue ludique et amusante, même avec des enfants! J'ai aussi appris des manières de présenter les règles de grammaire à mes élèves de façon très simple, avec des tableaux, des couleurs. La formatrice nous a fait découvrir des jeux que je pourrai utiliser dans ma classe, mais aussi des principes théoriques et des rappels utiles, notamment le fait que pour communiquer il n'y a pas que la parole mais aussi le corps, ce que l'on développe avec le jeu. Ce sera particulièrement utile dans mon cas car mes élèves sont très jeunes et les cours se déroulent uniquement en français. C'était donc pour moi une formation très enrichissante et je suis très contente qu'elle se soit déroulée à Taïwan, ce qui est beaucoup plus pratique pour nous. Enfin, l'ambiance était très sympathique et chaleureuse, notamment avec les professeurs de Chine et de Hong Kong, avec qui nous avons pleinement eu l'occasion d'échanger nos expériences d'enseignement et des nouvelles idées pour l'apprentissage. On espère que l'évènement sera renouvelé et qu'il y aura d'autres occasions d'être ensemble.» Wang Jin, enseignante à l Alliance française, Chine «Dans mon cas le BELC est surtout une manière d'élargir mes horizons d'enseignement et d'apprentissage. Je suis à la recherche de nouvelles idées. La conception de l'apprentissage évolue constamment : on mettait auparavant l'accent sur l'approche commutative, maintenant on se sert plutôt de l'approche actionnelle, et c'est notamment cette dernière approche qui était approfondie dans cette formation. Dans ce parcours A, nous avons appris à établir une fiche pédagogique à partir d'un document authentique. Il y avait une partie théorique et pratique, ce qui s'est révélé très efficace. Pour les locuteurs du mandarin, la grammaire française est quelque chose de difficile, donc il est bon de compléter nos acquis avec les expériences des autres professeurs. D'une part avant l'organisation du BELC, nous n'avions presque pas d'occasion de nous rencontrer entre professeurs. D'autre part il y a de plus en plus d'échanges universitaires entre Taïwan et la Chine donc il devient possible d'échanger beaucoup d'idées. On se rend compte que les méthodes d'enseignement sont différentes des deux côtés du détroit: en Chine, nous avons un rythme plus accéléré. A l'alliance française par exemple, la formation est intensive. A l'université, nous avons un programme qu'il faut suivre à la lettre, ce qui rend impossible l'utilisation de documents authentiques. Il nous faudra donc convaincre les universités de changer nos méthodes. La formatrice était vraiment compétente et a répondu à toutes nos questions donc j'en suis très contente. Elle nous a donné beaucoup de ressources en ligne et nous a initié à la méthodologie. Il y avait aussi une discussion directe avec elle, et l'ambiance était très bonne. Pour nos jeunes professeurs venus de Chine, c'est une expérience très riche car ils ont pu apprendre des choses très différentes de ce qu'ils apprennent dans leur formation de FLE.» 7

8 Trois questions à Sandrine Courchinoux et Emmanuelle Daill Mais ces discussions ont servi la résistance et de façon un peu inattendue : ce sont les enseignants d origine asiatique qui ont convaincu les enseignants français que tous pouvaient avancer dans le même sens. A l issue des 5 jours de formations BELC, les deux expertes associées au CIEP ont accepté de partager leurs impressions sur ces journées intensives à Taipei. Comment avez-vous vécu ces 5 jours de formation? Emmanuelle Daill : J ai été impressionnée par la richesse des échanges dans le groupe, composé de professeurs venant de régions différentes, de structures hétérogènes et n ayant pas l habitude de travailler ensemble et pourtant il y a une vraie communauté qui est née avec des liens très forts autour de leur passion pour la langue française. Sandrine Courchinoux : Cette communauté est d abord devenue évidente dans les moments de convivialité puis dans le travail. J ai retrouvé une ambiance similaire aux BELC d été à Nantes ou les participants développent un fort sentiment d appartenance au groupe. J ai également senti une grande curiosité et une ouverture que je n ai pas toujours ressenties dans les formations que j anime. Les enseignants de Chine, Taïwan et Hong-Kong ont soif de savoir, de comprendre et surtout d échanger entre eux. Quelles difficultés avez-vous rencontrées? ED : Face à la nouveauté, il y a eu des résistances dans le groupe et sans cesse, la question des habitudes d apprentissages dans le monde chinois a été évoquée. Ce sont des discussions que nous n avons habituellement pas au BELC, où les enseignants viennent d horizons très différents. SC : C est vrai que la première réaction des participants était : «Dans notre institution, ces méthodes sont impossibles!». Et puis, les discussions et la contextualisation ont amené les enseignants à admettre que ces pratiques sont transposables dans leur pratique. Je suis vraiment curieuse de savoir ce que les participants utiliseront dans leur enseignement à la rentrée, dans deux ou trois mois C est votre premier séjour en Asie. Qu avez-vous découvert de Taïwan? ED : J ai découvert une culture riche, de son histoire et de sa tradition. Ce que j ai vécu cette semaine, c est une métaphore de ce pays riche de son interculturalité. La gastronomie est une vraie découverte pour moi! Il y a eu beaucoup de chaleur dans les échanges. L organisation a été à la fois professionnelle et fluide. J ai senti une excellente communication entre les organisateurs afin que tout soit confortable pour les participants et formatrices. SC : Tout était nouveau, c était un émerveillement, il y avait des surprises à tous les coins de rue! Le sens de la convivialité que j ai découvert ici, je ne l avais jamais expérimenté auparavant. Je me suis sentie accueillie et accompagnée, intégrée dans un groupe où règne une amitié sincère. Dossier réalisé par Lisa Duffaud En collaboration avec Valentine Gigaudaut Bureau Français de Taipei 8