PERSPECTIVES CANADIENNES : LA CROISSANCE RESTREINTE PAR LE CONTRÔLE DE LA DETTE
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- Jean-Christophe Beaudry
- il y a 8 ans
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1 Prévisions économiques trimestrielles Services économiques TD PERSPECTIVES CANADIENNES : LA CROISSANCE RESTREINTE PAR LE CONTRÔLE DE LA DETTE Faits saillants Après avoir enregistré une vigoureuse reprise au cours des deux dernières années, l économie canadienne est en passe de connaître une période de croissance modeste d environ 2 %, qui devrait se poursuivre dans les prochaines années. Notre scénario de base postule que les dirigeants européens prendront des mesures suffisantes pour que la crise ne se mondialise pas. S ils parviennent effectivement à éviter un débordement, la conjoncture mondiale permettra une croissance modeste du secteur canadien des exportations. Bien que le contexte de risque extérieur élevé incite les entreprises à la prudence en ce qui concerne leurs dépenses majeures en 212, les dépenses d entreprises devraient reprendre de la vigueur en 213, grâce à une croissance mondiale améliorée et à une remontée des prix des produits de base. En ce qui concerne l économie intérieure, les ménages et les gouvernements risquent de nuire à la croissance du PIB réel. Les ménages, tièdes à l idée de s endetter davantage, devraient n augmenter que progressivement leurs dépenses. Les gouvernements couperont vraisemblablement dans leurs dépenses réelles afin de remettre leurs budgets sur les rails au cours des prochaines années. Une correction de 1 à 1 % du marché canadien de l immobilier, attendue début 213 et qui devrait se poursuivre dans les deux prochaines années, continuera de plomber les dépenses de consommation et l investissement résidentiel. Malgré des perspectives de croissance médiocre, la Banque du Canada continue d envoyer le signal que le prochain mouvement des taux d intérêt sera à la hausse. Toutefois, les modifications que le gouvernement fédéral et le Bureau du surintendant des institutions financières ont apportées récemment aux règles hypothécaires réduisent la probabilité que la Banque du Canada hausse les taux en 212. Nous croyons que les taux augmenteront d un demi-point en 213. Le contexte économique mondial s est détérioré au cours des derniers mois : un certain affolement au sujet de la dette souveraine de l Europe et un ralentissement de la croissance des marchés émergents ont pesé lourd sur les marchés financiers. Depuis le début de l année, l économie canadienne a réussi à éviter les écueils externes sans faire de bruit, engendrant une croissance constante mais modeste d environ 2 %, en plus de générer des gains d environ 2 emplois par mois. Tout indique que les ménages ont commencé à renoncer à la frénésie de dépenses des dernières années et à ralentir le rythme de leurs emprunts. De leur côté, les gouvernements ont mis fin à leurs programmes de stimulation et adoptent des mesures pour s attaquer à leur CROISSANCE ÉCONOMIQUE MODESTE PRÉVUE Variation annualisée (%) du PIB réel d'un trimestre à l'autre Taux de chômage (%) 8 9 PIB réel canadien Taux de chômage Source : Statistique Canada et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 Prévisions 8 7 Craig Alexander, premier vice-président et économiste en chef, Derek Burleton, vice-président et économiste en chef adjoint, Diana Petramala, économiste,
2 LES MARCHÉS FINANCIERS TOUCHÉS PAR L'AVERSION AU RISQUE Cours de clôture de l'indice composé S&P/TSX 1, 1, 12, 1, 8,,, Source : TSX et Haver Analytics déficit. Les entreprises, qui ont énergiquement renoué avec la rentabilité depuis 29, ont augmenté leurs investissements, quoique de manière modeste, malgré le contexte de risque externe élevé et la volatilité des marchés financiers. En outre, malgré une reprise économique américaine en demi-teinte, certains «premiers de classe» chez nos voisins du Sud notamment le secteur automobile, dont les ventes ont rebondi ont continué de soutenir une reprise modeste du secteur canadien des exportations, dont l importance est capitale pour notre pays. Nous nous attendons à ce que ces tendances générales prédominent au cours des 18 à 2 prochains mois : la croissance devrait continuer de se chiffrer à environ 2 %, tandis que le taux de chômage devrait se maintenir entre 7, et 7, %, si toutefois l Europe surmonte tant bien que mal la crise de sa dette. Le cas échéant, nous nous attendons à ce que la Banque du Canada, qui a récemment laissé entendre qu elle penchait vers une hausse des taux d intérêt, s engage dans un retrait graduel des mesures de stimulation monétaire au cours des prochaines années. Malgré tout, compte tenu de l annonce par le gouvernement fédéral plus tôt ce moisci d un autre resserrement des règles applicables aux prêts hypothécaires assurés par la SCHL et de l adoption par le BSIF (organisme qui régit les banques à charte) de mesures visant à restreindre l octroi de prêt, afin de prévenir un endettement excessif des ménages et une trop grande agitation du marché immobilier, la banque centrale ne ressent plus autant la pression de hausser son taux d intérêt cette année. La saga européenne se poursuit Après avoir connu un bon début d année 212, les marchés financiers internationaux ont été bousculés par les inquiétudes à propos de l Europe et, dans une moindre mesure, par le ralentissement des économies chinoise et américaine. Depuis la fin du mois de février, l indice torontois S&P/TSX a chuté de plus de 9 %, alors que les investisseurs ont cherché refuge dans les obligations d État. Les prix des produits de base ont périclité, notamment le prix du baril de pétrole de West Texas Intermediate (WTI), qui est passé d un sommet de 19 $ US atteint plus tôt cette année à moins de 8 $ US à la fin du mois de juin. Bien que le huard ait montré des signes de résilience devant les prix nettement plus bas du pétrole, ce qui en dit long sur la force économique perçue du Canada, il a aussi perdu un peu de terrain au cours des derniers mois, les investisseurs se tournant vers le dollar américain comme valeur refuge. Au moment de mettre sous presse le présent numéro des Prévisions économiques trimestrielles, la situation économique et financière de l Europe demeurait très incertaine, malgré le résultat des élections de juin en Grèce, qui ont plébiscité le maintien du pays dans la zone euro. Cette situation en constante évolution représente le principal risque pour l économie canadienne à court terme. L exposition directe du Canada aux marchés européens demeure limitée : seuls 2 % de son économie sont liés au commerce avec cette région. Mais si la crise devait prendre une tournure mondiale, l économie canadienne en subirait les contrecoups, de par ses liens financiers internationaux et l effet de refroidissement sur la confiance des ménages CROISSANCE DU PIB RÉEL MONDIAL Variation (%) sur douze mois Brésil Inde Chine Japon Zone euro États-Unis Source : Fonds monétaire international, agences nationales de statistique. Prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 2
3 et des consommateurs. Malheureusement, l économie canadienne serait touchée à un moment où les ménages canadiens seraient particulièrement vulnérables en raison de leur endettement élevé. Bien qu il soit impossible de prévoir le jeu politique, notre scénario de base en ce qui concerne les prévisions économiques canadiennes repose largement sur l hypothèse que les dirigeants de l Union européenne et de la Banque centrale européenne (BCE) prendront les mesures nécessaires pour éviter que la situation s envenime dramatiquement et se mondialise (voir les Prévisions économiques mondiales pour en savoir davantage). Pour ce faire, il faudra d abord relâcher les pressions actuellement subies par le système financier européen et progresser vers une union fiscale. De tels efforts contribueraient probablement à apaiser les craintes qui ont surgi sur les marchés financiers récemment, même si l éventualité de nombreux contretemps rend les marchés financiers mondiaux nerveux. Les économies avancées ou émergentes déçoivent, mais devraient reprendre du poil de la bête vers la fin de 212 Les déboires économiques de l Europe, conjugués aux mesures de resserrement monétaire passées, ont contribué au récent ralentissement de la croissance économique des marchés émergents, notamment de la Chine. Les gouvernements de ces régions ont commencé à assouplir leur politique monétaire, alors que le gouvernement chinois a annoncé un nouveau train de mesures fiscales pour stimuler la demande. Même si les taux de croissance économique des marchés émergents demeureront bien en deçà de la tendance récente des taux à long terme, nous nous attendons à ce que ces EXPORTATIONS CANADIENNES RÉELLES ET INDICE D'ACTIVITÉ AUX ÉTATS-UNIS Variation (%) sur douze mois Exportations canadiennes réelles Indice d activité aux États-Unis Source : Bureau of Economic Analysis, Statistique Canada, Réserve féd. amér., Banque du Canada. Prévisions des Serv. économiques TD en date de juin 212. mesures contribuent à une accélération modeste de la croissance fin 212 et en 213. Du côté américain, nos prévisions économiques n ont pas beaucoup changé depuis le dernier trimestre, exception faite d un rendement un peu plus faible au premier semestre de 212, notamment en ce qui concerne la création d emploi. Trois années ont passé depuis la crise financière qui a secoué les États-Unis, et certains de ses effets, notamment le désendettement des ménages, la faiblesse du marché immobilier et le resserrement des marchés du crédit, ont commencé à s estomper, permettant la poursuite d une reprise modérée de la demande privée. Les ventes de voitures aux États- Unis devraient croître de 1 % en 212, soit un gain annuel à deux chiffres pour la troisième année consécutive, et se dirigent vers une croissance solide en 213. Les incertitudes qui perdurent quant à la politique budgétaire freineront la relance américaine au cours des prochains mois, en raison de la fin annoncée des réductions d impôt temporaires et des compressions automatiques; la croissance devrait par conséquent demeurer sans grande vitalité en 213. Toutefois, nous croyons que la demande du secteur privé continuera de croître à un rythme suffisant pour maintenir un taux de croissance de 2 % pour l ensemble de l économie au cours de l année en cours et de la suivante. Globalement, le rythme de croissance des exportations canadiennes s accorde avec la croissance mondiale prévue pour les prochaines années, c est-à-dire un taux de à 7 %. Les prix des produits de base devraient demeurer sans vigueur à court terme. Toutefois, une amélioration du contexte mondial au dernier trimestre de l année en cours et en 213 permettra une légère remontée des prix des produits LE CONTEXTE INTERNATIONAL FAVORISE LA REMONTÉE DES PRIX DES PRODUITS DE BASE $ US par rapport au $ CA Prix du baril WTI 1.1 ($US) 1 Dollar canadien (g.) WTI (dr.) Source : Banque du Canada, Wall Street Journal et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin
4 LES INVESTISSEMENTS DES ENTREPRISES CANADIENNES CONTRIBUENT À SOUTENIR LA CROISSANCE Variation (%) sur douze mois Source : Statistique Canada et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 de base à l échelle mondiale et contribuera à bonifier les revenus d exportation globaux au Canada. Le prix du brut, notamment, devrait atteindre de nouveau de 9 à 1 dollars américains par baril en 213. Le dollar canadien, dont on s attend à ce qu il maintienne une valeur de,9 à 1, dollar américain au cours des à prochains trimestres, sera un obstacle moindre pour le secteur des exportations qu au cours de sa longue période de hausse qui avait commencé en 22. Dans un contexte économique mondial riche en revirements, l économie intérieure du Canada demeure quelque peu mitigée. Ce contraste est particulièrement mis en évidence par les perspectives à moyen terme pour deux piliers importants de l activité économique, soit les investissements des entreprises et les dépenses gouvernementales. Quant aux perspectives pour les dépenses des ménages, elles se trouvent, pour ainsi dire, au milieu du spectre. Les entreprises prendront le relais en 213 Alors que les entreprises doivent absolument investir en machinerie et en équipement pour aider le Canada à redevenir concurrentiel sur les marchés mondiaux, la conjoncture n est pas vraiment propice aux dépenses importantes, surtout compte tenu de la pression exercée sur les profits par la chute brutale des prix des produits de base depuis avril. Néanmoins, si les craintes récentes des marchés financiers mondiaux s apaisent et que les conditions d exportation s améliorent conformément aux attentes, les investissements des entreprises devraient redevenir un vecteur principal de croissance économique en 213. D abord, le contexte devrait être plus propice à la rentabilité. Lorsque le marché des produits de base prendra de la vigueur plus tard cette année, les profits liés aux ressources devraient en tirer avantage. Ainsi, une part de l investissement en ressources que nous attendions pour 212 devrait être reportée à 213. En outre, des mesures adoptées récemment par certaines provinces (nommément l Ontario et l Île-du-Prince-Édouard) afin d harmoniser leurs taxes de vente au détail avec la TPS, de même que les efforts provinciaux et fédéraux pour ramener à 27, % le taux général d imposition du revenu des sociétés, ont placé le Canada dans une très bonne position par rapport aux autres pays. Bien que plusieurs d entre eux imposent toujours les sociétés à un taux moindre, le taux canadien est bien en deçà du taux avoisinant % imposé aux entreprises américaines et japonaises et de celui de 3 % pratiqué en Allemagne. Les investissements à grande échelle prévus dans le secteur pétrolier font couler beaucoup d encre, mais le secteur manufacturier devrait contribuer lui aussi à un niveau élevé d investissement des entreprises au Canada à moyen terme. Le secteur a subi une restructuration importante et fonctionne dorénavant presque à capacité. Pour poursuivre son expansion, le secteur manufacturier devra investir de manière à augmenter sa capacité, ce qui implique de nouvelles usines et l achat de machinerie et d équipement neufs. De plus, selon plusieurs sondages, les entreprises sont conscientes de la nécessité d augmenter les dépenses liées à l innovation, à la machinerie et à l équipement afin d être concurrentielles à l international après avoir essuyé un recul attribuable à une faible croissance de la productivité. DÉPENSES PUBLIQUES RÉELLES Variation annualisée (%) d'un trimestre à l'autre Source : Statistique Canada et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 Prévision
5 2 L'ENDETTEMENT DES MÉNAGES CROÎTRA AU MÊME RYTHME QUE LE REVENU Variation (%) sur douze mois 12 Crédit consenti aux ménages 1 Revenu personnel disponible Source : Statistique Canada et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 Réduction des dépenses gouvernementales À l autre bout du spectre, le secteur gouvernemental, concentrant ses efforts sur la réduction du déficit, devrait continuer de resserrer les cordons de la bourse au cours des prochaines années. Après avoir atteint un sommet d environ 8 milliards de dollars, le déficit combiné des provinces et du gouvernement fédéral a été ramené à quelque 7 milliards de dollars (2,7 % du PIB) au cours de l exercice qui s est terminé en mars 212; le gouvernement fédéral doit être crédité d une grande part de cette amélioration. Pour les douze mois à venir, les gouvernements prévoient réduire le déficit global à 39 milliards de dollars (2,2 % du PIB), et la plupart des provinces et territoires entendent l avoir éliminé complètement à l exercice La récente réduction du déficit peut être attribuée largement à la fin des programmes de stimulation et à un rebond de l activité économique. Dorénavant, les gouvernements voudront progresser davantage en réduisant la croissance des dépenses. En faisant abstraction de l inflation, on peut déduire que les dépenses publiques réelles se contracteront au cours de la période visée par nos prévisions. Les ménages montrent des signes d essoufflement Après une décennie de dépenses et d emprunts à un rythme relativement soutenu, les ménages risquent de cesser d être le moteur de croissance qu ils étaient. Cette année, les ménages ont semblé s essouffler encore davantage. En effet, les dépenses de consommation ont augmenté de seulement,9 % au premier trimestre de 212 (en chiffres annualisés), ramenant le taux d augmentation sur douze mois sous la barre des 2 %. En raison notamment du resserrement des règles applicables aux prêts hypothécaires assurés ces dernières années, les consommateurs ont ralenti leur rythme d endettement, abaissant ainsi la croissance annuelle globale de l endettement autour de %. Néanmoins, l endettement a continué à croître à un rythme deux fois plus rapide que le revenu, et le ratio d endettement a atteint un nouveau sommet de 12 % au premier trimestre de 212. Pour les prochains trimestres, nous nous attendons à ce que les dépenses des ménages continuent de croître au rythme actuel d environ 2 %. Étant donné le rythme prévu de croissance économique, l économie canadienne devrait générer de 1 à 2 nouveaux emplois par mois, pour des gains de revenu modérés allant de 3, à, %. L endettement excessif des ménages demeure la plus importante contrainte pour le consommateur canadien. Compte tenu du niveau d endettement, les ménages devraient continuer de ralentir leur rythme d emprunt, et la croissance de la dette correspondra ainsi davantage à la croissance du revenu. Par-dessus tout, un autre resserrement des règles d octroi de prêt au cours de prochains mois contribuera à détourner du crédit les ménages durant les prochains trimestres, malgré les taux d intérêt peu élevés qui perdureront dans les prochains trimestres. Voici un aperçu de ces modifications : En juin, le gouvernement fédéral a annoncé, pour la quatrième fois en quatre ans, un resserrement des règles applicables aux prêts hypothécaires assurés par la SCHL, en vigueur le 9 juillet 212. Parmi les changements annoncés, les plus notables sont la réduction de la période d amortissement maximale de 3 à 2 ans et la réduction du taux de financement maximal, ramené d un rapport prêt/garantie de 8 à 8 %. LES DÉPENSES DE CONSOMMATION ET D'INVESTISSEMENT RÉSIDENTIEL RALENTIRONT ENCORE DAVANTAGE Variation (%) sur douze mois Variation (%) sur douze Prix des habitations existantes (dr.) Dépenses de consommation et investissement résidentiel (g.) Source : Statistique Canada et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin
6 De plus, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), qui régit les grandes banques canadiennes, a confirmé que les exigences pour obtenir du crédit, qu il s agisse de lignes de crédit sur valeur domiciliaire ou de produits hypothécaires, seraient rehaussées dans les douze mois qui viennent. Le rapport prêt-valeur de nouvelles lignes de crédit non amorties ne pourra dépasser %, alors qu il pouvait jusqu alors atteindre 8 %. Ces nouvelles règles d octroi de prêt ne visent pas à nuire gravement aux dépenses des ménages ni à la demande de logements, mais elles devraient tout de même avoir une incidence marquée. Le précédent resserrement avait eu une incidence importante sur les ventes de maisons, particulièrement dans les six mois suivant sa mise en application. Les changements de politiques, combinés à des taux d intérêt légèrement plus élevés et à un déclin graduel de l accessibilité, semblent être la solution attendue pour réprimer les excès du marché canadien de l immobilier. Selon nous, le prix moyen des habitations se contractera de 1 à 1 % au cours des deux prochaines années; les marchés considérés comme les plus surévalués, comme Toronto et Vancouver, essuieront les plus importantes corrections. Le ralentissement anticipé du marché de l habitation aura plusieurs répercussions sur l activité économique réelle. Tout d abord, puisque le prix des maisons cessera d augmenter, les ménages seront plus réticents à dépenser. En outre, la baisse des ventes de maisons entraînera une réduction des achats de produits et services liés à l habitation, par exemple les fournitures pour la rénovation, les meubles et l équipement. Globalement, les achats liés à l habitation comptent pour tout près de 1 % de toutes les dépenses LA POLITIQUE MONÉTAIRE DEMEURE ACCOMMODANTE Niveau des taux d'intérêt (%) de la politique monétaire Tx de financement à un jour de la Bque du Canada Taux directeur de la Réserve féd. amér Source : Banque du Canada et Haver Analytics Prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 des ménages. De plus, le recul des ventes et un nombre d habitations neuves invendues à la hausse devraient ralentir la construction résidentielle au second semestre de l année en cours et porter atteinte à la croissance de celle-ci en 213. Cette baisse simultanée de la construction résidentielle et des dépenses de consommation laisse croire que les nouvelles règles d emprunt réduiront à elles seules la croissance du PIB réel de,1 à,2 point de pourcentage en 212 et en 213. La Banque du Canada souhaite hausser ses taux, mais difficile de prévoir à quel moment elle le fera En menant sa politique monétaire, la Banque du Canada s est retrouvée dans une situation délicate. D un côté, elle a fait face à un contexte économique mondial à haut risque qui fait peser une lourde menace sur les perspectives économiques canadiennes, ce qui l incite à poursuivre sa politique monétaire de forte stimulation. La Réserve fédérale américaine a également indiqué qu elle avait l intention de maintenir le taux des fonds fédéraux pratiquement à zéro jusqu à la fin de 21, et tout resserrement important de la politique monétaire canadienne ferait s apprécier le dollar canadien, ce qui nuirait aux exportations canadiennes. De l autre côté, la Banque sait fort bien que le contexte de faibles taux d intérêt persistants nourrit un déséquilibre économique national sous la forme d un endettement excessif des ménages. La réponse à ce dilemme se trouve dans la réglementation. En avril, la Banque du Canada a déclaré que, «dans la mesure où l expansion économique se poursuit et [que] l offre excédentaire au sein de l économie se résorbe graduellement, il se peut qu une réduction modeste de la détente monétaire considérable actuellement en place au Canada devienne appropriée». Nous en avons conclu que la Banque indiquait son intention de hausser les taux et nous avons devancé à la fin de 212 le moment où nous pensions qu elle procéderait à la hausse. Mais comme les risques internationaux se sont intensifiés par la suite, les chances que la Banque décide d intervenir se sont amenuisées. Dans ce qui semble un effort on ne peut mieux concerté pour coordonner leurs politiques, le ministère des Finances a annoncé de nouvelles lignes directrices plus rigoureuses en matière d assurance hypothécaire, et le BSIF a fait l annonce d un resserrement des directives en matière d octroi de prêt. Ces mesures ciblent directement les risques pancanadiens et portent à croire que la Banque du Canada peut s abstenir d une intervention sur les taux pendant qu elle évalue leur incidence sur l économie nationale.
7 Globalement, la Banque a toujours un penchant pour une hausse des taux et ne devrait pas réduire le taux du financement à un jour, ce que les marchés anticipent comme une probabilité modérée, à moins de signes évidents que l économie se dirige de nouveau vers une récession. Si un tel événement ne se produit pas, la Banque ne bougera pas avant le printemps 213. D ici là, elle aura eu le temps d évaluer l évolution de la situation en Europe, la réaction des États-Unis aux défis financiers à la suite de l élection présidentielle et l incidence des mesures de réglementation sur le marché immobilier et sur l endettement des particuliers. Si les risques ont diminué, comme le prévoit notre scénario de base, la Banque voudra toujours hausser légèrement le taux du financement à un jour, mais elle le fera de manière graduelle et échelonnée. Nous croyons qu elle haussera ses taux d un quart de point en mars et en avril 213, puis maintiendra le statu quo pour le reste de l année, avant d effectuer de nouvelles hausses de 2 points de base en janvier et en mars 21. En d autres termes, les taux d intérêt demeureront faibles pour la période visée par nos prévisions. Toutefois, nous nous attendons à ce que les taux d intérêt soient haussés de 1 point de pourcentage au total au Canada alors que la Réserve fédérale américaine maintiendra le statu quo; c est pratiquement le maximum que peut se permettre la Banque du Canada sans provoquer une hausse du dollar canadien. C est l opinion que nous avons exprimée plusieurs fois récemment dans nos Prévisions économiques trimestrielles, et elle n a pas changé. En résumé En postulant que l Europe surmontera tant bien que mal la crise de la dette, nous nous attendons à ce que l économie canadienne génère une croissance économique modeste d environ 2 %, ainsi que des gains nets d emplois modérés au cours des prochaines années. Des perspectives de croissance solide des investissements des entreprises et des exportations devraient aller de pair avec un accroissement timide des dépenses des ménages et avec des restrictions dans le secteur gouvernemental. Une correction modérée du marché de l habitation semble très probable au cours des prochaines années, à la lumière des changements aux règles et aux directives d octroi de prêt récemment annoncés, et compte tenu des signaux régulièrement envoyés par la Banque du Canada voulant qu elle se prépare à hausser ses taux à moyen terme afin d assurer la stabilité des marchés financiers et des prix. Craig Alexander Premier vice-président et économiste en chef Derek Burleton Vice-président et économiste en chef adjoint Diana Petramala
8 PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES POUR LE CANADA Variation d'une période à l'autre en pourcentage annualisé, sauf indication contraire Moyenne annuelle e trim./e trim. T1 T2 T3 T T1 T2P T3P TP T1P T2P T3P TP 11 12P 13P 11 12P 13P PIB réel Dép. des consommateurs Biens durables Investiss. des entreprises Structures non rés Machinerie et matériel Investiss. résidentiels Dépenses publiques Demande intérieure finale Exportations Importations Variation des stocks non agricoles (2 2 G$) Ventes finales Balance des paiements courants (internat.) (G$) % du PIB Bén. des soc. av. impôt % du PIB Indice implicite PIB (A/A) PIB nominal Population active Emploi Emplois (en milliers) Taux de chômage (%) Revenu disp. des partic Tx d'épargne des partic. (%) Indice prix à la cons. (A/A) Indice de référence (A/A) M. en chantier (en milliers) Productivité : PIB réel/travailleur (A/A) P : prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 Source : Statistique Canada, Banque du Canada, Société canadienne d'hypothèques et de logement, Haver Analytics 8
9 PERSPECTIVES DES INDICATEURS FINANCIERS Données de fin de période T1 T2 T3 T T1 T2P T3P TP T1P T2P T3P TP REVENU FIXE CANADIEN Tx cible financement un jour (%) Taux bons du Trésor 3 mois (%) Rendem. oblig. d'état 2 ans (%) Rendem. oblig. d'état ans (%) Rendem. oblig. d'état 1 ans (%) Rendem. oblig. d'état 3 ans (%) Écart entre oblig. 1 et 2 ans (%) DEVISES $ US par rapport au $ CA $ US par rapport à l'euro Yen par rapport au $ US P : prévisions des Services économiques TD en date de juin 212 Source : Statistique Canada, Banque du Canada, Bloomberg 9
10 PERSONNES-RESSOURCES DES SERVICES ÉCONOMIQUES TD Craig Alexander Premier vice-président et économiste en chef ANALYSE ÉCONOMIQUE - CANADA Derek Burleton, vice-président et économiste en chef adjoint derek.burleton@td.com Jacques Marcil principal jacques.marcil@td.com Sonya Gulati principal sonya.gulati@td.com Diana Petramala diana.petramala@td.com Francis Fong francis.fong@td.com Dina Ignjatovic dina.cover@td.com Leslie Preston leslie.preston@td.com ANALYSE ÉCONOMIQUE - ÉTATS-UNIS ET MONDE Beata Caranci, vice-président et économiste en chef adjointe beata.caranci@td.com James Marple principal james.marple@td.com Martin Schwerdtfeger principal martin.schwerdtfeger@td.com Alistair Bentley alistair.bentley@td.com Chris Jones christopher.w.jones@td.com Michael Dolega michael.dolega@td.com POUR NOUS JOINDRE Adresse postale, rue King Ouest 21 e étage, TD Tower Toronto, Ontario MK 1A2 Télécopieur : (1) 9-3 td.economics@td.com Le présent rapport est fourni par les Services économiques TD. Il est produit à titre informatif seulement et peut ne pas convenir à d autres fins. Il ne vise pas à communiquer de renseignements importants sur les affaires du Groupe Banque TD, et les membres des Services économiques TD ne sont pas des porte-parole du Groupe Banque TD en ce qui concerne les affaires de celui-ci. L information contenue dans le rapport provient de sources jugées fiables, mais son exactitude et son exhaustivité ne sont pas garanties. De plus, le rapport contient des analyses et des opinions portant sur l économie, notamment au sujet du rendement économique et financier à venir. Par ailleurs, ces analyses et opinions reposent sur certaines hypothèses et d autres facteurs et sont sujettes à des risques inhérents et à une incertitude. Les résultats réels pourraient être très différents. La Banque Toronto-Dominion ainsi que ses sociétés affiliées et divisions apparentées qui constituent le Groupe Banque TD ne peuvent être tenues responsables des erreurs ou omissions que pourraient contenir l information, les analyses ou les opinons comprises dans ce rapport, ni des pertes ou dommages subis. 1
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