CDD et transitions vers l emploi stable

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1 CDD et transitions vers l emploi stable Pauline Givord et Lionel Wilner

2 Problématique Bibliographie Contexte flexibilisation de la plupart des marchés du travail européens en France, principalement depuis le milieu des années 1980 conséquences : explosion des formes particulières d emploi CDD, intérim, contrats aidés ou temps partiel.

3 Problématique Bibliographie Evolution des contrats temporaires,

4 Problématique Bibliographie ie. en 20 ans : CDD : x 3 ; Intérim : x 6 12% des emplois, mais 2 embauches sur 3 sont des CDD (3/4 dans le tertiaire) pas spécifique à la France ; en Espagne, 35% de l emploi est à durée limitée.

5 Problématique Bibliographie Conséquences Questions : Quelles conséquences pour les salariés qui passent par un contrat temporaire? Deux thèses opposées : passer par un CDD permet à des personnes pour qui l accès à un emploi est difficile (jeunes par exemple) d acquérir de l expérience pour déboucher in fine sur insertion stable à l inverse, risque de se trouver relégué dans des trajectoires précaires, avec alternance d emplois précaires et d épisodes de chômage. Trappe ou tremplin? Question subsidiaire : dimension incitative des CDD Travailler plus pour durer plus?

6 Problématique Bibliographie Trappe ou tremplin? il n est pas simple de répondre à la question des conséquences du passage par le CDD. on peut regarder les taux de conversion des contrats temporaires vers le CDI, ou le risque de retomber au chômage mais n apporte qu une réponse partielle à la question par exemple, même s il existe des transitions entre CDD et CDI, est-ce que les personnes n auraient pas eu de toute façon un CDI? ne fait alors que retarder l insertion... passer par un CDD est-il mieux que rester au chômage? a priori, les personnes qui ont eu un CDD ne sont pas les mêmes que celles qui restent au chômage. nécessité de corriger de ces effets de sélection

7 Problématique Bibliographie Références papier référence : Booth, Franscesconi et Frank (2002) : comparaison des situations d emploi des CDD versus CDI au Royaume-Uni Pays-Bas : effets tremplins des CDD Espagne : Segmentation du marché du travail. Très peu de transitions vers l emploi stable. US : effet négatif du passage par l intérim (quasi expérience) peu de choses sur la France surtout évaluations de dispositifs de la politique de l emploi (Magnac 2000 ; Bonnal, Fougère et Sérandon 1997) segmentation du marché du travail : Beffy, Coudin et Rathelot (2008)

8 Problématique Bibliographie problème des comparaisons internationales : de quoi parle-t-on? temporary work : CDD (contrats directs entre salariés et employeurs) interim (passage par société de services) contrats aidés (publics particuliers, incitations financières...) différences de contexte, cf. employment at will aux US, au Royaume-Uni

9 Problématique Bibliographie Plan Données Modèle économétrique et

10 Données : l enquête Emploi en continu Statistiques descriptives Données : l enquête Emploi en continu données trimestrielles chaque individu suivi six trimestres restriction aux ans Remarque : sur-représentation des CDD longs.

11 Données : l enquête Emploi en continu Statistiques descriptives Matrices de transitions En pratique, on s intéresse à l impact de la situation professionnelle le trimestre précédent sur la situation professionnelle actuelle. Les probabilités de transition d un état à un autre (par exemple, proportion de CDD transformés en CDI) n apportent qu une information partielle comment interpréter le fait que x% de CDD sont transformés en CDI? A part quand cette proportion est nulle (= trappe) ou égale à 100% (= tremplin), on a envie de comparer avec le devenir quand on est passé par d autres états (par exemple, le chômage)

12 Données : l enquête Emploi en continu Statistiques descriptives Matrices de transitions Par convention, on va tout comparer à l inactivité : on va regarder les matrices des probabilités relatives du fait d occuper l état j (plutôt que l inactivité) en t, sachant qu on était dans l état k (plutôt qu inactif) en t 1 : log ˆP(y it = j y i,t 1 = k)/ˆp(y it = 0 y i,t 1 = k) ˆP(y it = j y i,t 1 = 0)/ˆP(y it = 0 y i,t 1 = 0) on peut comparer ligne à ligne ou colonne par colonne pour comparer des états différents

13 Données : l enquête Emploi en continu Statistiques descriptives Etats Nombre d états à considérer? Résulte d un arbitrage entre : ne pas trop agréger des états a priori différents (interim, contrats aidés,...) mais complexité d une trop grande matrice, et surtout gestion des transitions exceptionnelles En pratique on distingue 7 états : Inactivité, Chômage, CDD, CDI, Intérim. On isole aussi les emplois à temps partiel.... et on regroupe le reste ( autre activité ).

14 Données : l enquête Emploi en continu Statistiques descriptives Matrice brute de transitions entre les états Chômage Intérim CDD CDI Temps partiel Autre activité Chômage (0.05) (0.14) (0.10) (0.11) (0.08) (0.09) Intérim (0.15) (0.18) (0.20) (0.20) (0.30) (0.33) CDD (0.10) (0.23) (0.11) (0.14) (0.16) (0.25) CDI (0.09) (0.22) (0.16) (0.10) (0.11) (0.16) Temps partiel (0.08) (0.27) (0.15) (0.12) (0.08) (0.12) Autre activité (0.11) (0.28) (0.21) (0.15) (0.13) (0.07) Source : EEC , Champ : N= individus présents 6 fois âgés de 18 à 60 ans

15 Données : l enquête Emploi en continu Statistiques descriptives Notes de lecture : un salarié en CDD a exp(4.72) = 112 fois plus de chances qu un inactif d être en CDI un trimestre plus tard plutôt qu inactif Résultat très élévé parce qu on compare à l inactivité. on peut comparer les résultats en ligne, et en colonne : en colonne : un salarié en CDD a exp( ) = 4.4 plus de chances qu un chômeur d être en CDI plutôt qu inactif un trimestre plus tard et en ligne : et exp( ) = 3.6 plus de chances qu un inactif d être en CDI plutôt que chômeur Conclusion temporaire : forte inertie (cf CDI CDI), mais ne prend pas en compte l hétérogénéité inobservée.

16 Modélisation économétrique Caractéristiques du modèle : Prise en compte de l hétérogénéité inobservée Modèle multinomial dynamique avec effets fixes (Magnac, 2000)

17 Matrice de transitions entre les états Chômage Intérim CDD CDI Temps partiel Autre activité Chômage (0.04) (0.10) (0.08) (0.10) (0.07) (0.09) Intérim (0.11) (0.15) (0.15) (0.18) (0.18) (0.26) CDD (0.09) (0.16) (0.10) (0.13) (0.12) (0.17) CDI (0.09) (0.19) (0.15) (0.11) (0.14) (0.20) Temps partiel (0.07) (0.18) (0.12) (0.13) (0.08) (0.12) Autre activité (0.09) (0.23) (0.16) (0.17) (0.12) (0.09) Source : EEC , Champ : N=17691 "movers" sur T=6 trimestres

18 prise en compte de l hétérogénéité inobservée diminue beaucoup l ampleur de la dépendance d état. inertie : termes diagonaux encore forts mais beaucoup plus réduits comparaison CDD/chômage dans l accès au CDI (plutôt qu inactivité) : exp( ) = 1.9 (contre 4.4 auparavant) comparaison CDD/chômage dans risques de chômage (plutôt qu inactivité) : exp( ) = 0.5 (contre 1/3 avant) Remarque : résultats par sous-catégories (âge, sexe, diplôme) : assez stable pour les coefficients qui nous intéressent.

19 Engellandt et Riphahn 2003 : CDD permet d inciter les salariés à faire des efforts (pour obtenir une conversion en CDI). Preuve : CDD moins souvent absents et font plus d heures supplémentaires si c est vrai on s attend à ce que les CDD qui font des efforts voient leur contrat plus souvent transformé donc on va regarder les transformations en CDI des CDD qui font des efforts

20 La mesure de l effort Engellandt et Riphahn : absence et heures supp. Pertinence? Droits à congé pas les mêmes entre CDD et CDI, donc pas étonnant que différence entre les deux taux d absence. enquête Emploi : heures totales la semaine de référence. possibilité de déterminer les distributions des heures travaillées pour les salariés sous CDD, dans un secteur d activité donné, un trimestre donné Mesure de l effort : faire plus d heures que les salariés comparables (CDD du secteur), i.e. dernier quartile de la distribution.

21 Matrice brute de transitions entre les états Chômage CDD effort=0 CDD effort=1 CDI Temps partiel Autre activité Chômage (0.05) (0.07) (0.13) (0.08) (0.07) (0.07) CDD effort= (0.14) (0.13) (0.15) (0.15) (0.19) (0.20) CDD effort= (0.31) (0.29) (0.29) (0.32) (0.37) (0.40) CDI (0.11) (0.17) (0.20) (0.10) (0.12) (0.14) Temps partiel (0.09) (0.15) (0.29) (0.10) (0.08) (0.12) Autre activité (0.07) (0.12) (0.24) (0.09) (0.10) (0.04) Source : EEC , Champ : N= individus présents 6 fois âgés de 18 à 60 ans

22 Matrice brute de transitions entre les états Décomposition CDD effort / non CDD effort : impact important sur la transformation en CDI (exp(6, 92 4, 81) = 8.2). là encore, risque de biais du fait de la présence d hétérogénéité inobservée : les salariés sous CDD qui travaillent plus peuvent être les plus motivés, plus de chances de voir leur emploi transformé en CDI le fait de travailler plus peut être le signe d un besoin de travail supplémentaire des entreprises (va dans le même sens)

23 Chômage CDD effort=0 CDD effort=1 CDI Temps partiel Autre activité Chômage (0.04) (0.09) (0.16) (0.10) (0.07) (0.07) CDD effort= (0.09) (0.12) (0.17) (0.14) (0.13) (0.13) CDD effort= (0.17) (0.19) (0.24) (0.23) (0.23) (0.25) CDI (0.09) (0.16) (0.27) (0.11) (0.14) (0.14) Temps partiel (0.07) (0.13) (0.23) (0.13) (0.08) (0.10) Autre activité (0.07) (0.12) (0.23) (0.13) (0.10) (0.07) Source : EEC , Champ : N=17887 "movers" sur T=6 trimestres

24 Conclusions générales CDD : ni trappe ni tremplin? L analyse naïve des transitions surestime l impact positif des CDD sur l insertion En prenant en compte l hétérogénéité inobservée, il reste un avantage des CDD par rapport aux chômeurs pas d impact significatif du fait de travailler plus

25 Limites et extensions possibles les résultats qu on obtient sont des moyennes sur toute la population. Les effets ne sont probablement pas les mêmes pour tous. Voir Beffy, Coudin et Rathelot (2008) pour une description de cette hétérogénéité analyse descriptive, valable dans la structure actuelle du marché du travail. Ne permet pas d extrapolation sur des modifications des réglementations sur les CDD. à ce stade, le débat sur les déterminants du recours au CDD reste ouvert