Léo Michel Abrami. Réfugiés sur la Lune. ou La Résilience du peuple juif

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1 Léo Michel Abrami Réfugiés sur la Lune ou La Résilience du peuple juif 2

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3 I L exode Dès que l Iran obtint la bombe, le pays bénéficia d un prestige qu il n avait pas connu depuis l époque du grand Nabuchodonosor. Ses ambitions n eurent plus de limites. Le chef spirituel de la nation, l Ayatollah pensa que le temps était venu pour l Iran de jouer un rôle déterminant dans la vie religieuse et politique de toute la région. Il invita les dirigeants des nations du Croissant fertile à former une alliance fraternelle, une «pax persiana». Plusieurs d entre elles acceptèrent aussitôt cette invitation. D autres demandèrent un délai avant de prendre une décision. Le seul pays qui ne fût pas invité, fût l Etat d Israël. Le 20 Mars 2016, l Ayatollah fit la déclaration suivante à la télévision nationale : «Nous ne pouvons tolérer la présence d Israël au Moyen-Orient. Il nous incombe de chasser ces infidèles afin de créer une 2 3

4 grande république islamique, qui ira du Tigre jusqu à la mer Méditerranée.» Quelques jours plus tard, l Ayatollah annonça qu il avait fixé une date pour l expulsion du peuple juif de leur pays ancestral et lança un l ultimatum aux habitants d Israël. «Nous vous ordonnons de quitter la terre que vous occupez. Nous vous accordons un délai de six mois ; ce généreux délai expiré, nous donnerons à notre armée l ordre d occuper votre pays et de déporter les récalcitrants dans des camps de concentration. Quant à vous, Juifs de la Diaspora, vous qui avez soutenu cet état infâme depuis sa création, nous n hésiterons pas à vous éliminer là où vous résidez, si vous protestez contre cet édit d expulsion auprès de votre gouvernement.» Les citoyens d Israël furent stupéfiés par cette terrible nouvelle. Les états membres de l Organisation des Nations Unies n accordèrent que peu d attention aux déclarations de l Ayatollah, et le Conseil de Sécurité ne jugea pas nécessaire d examiner la question. Quelques juristes firent valoir que les articles 1 et 2 de la Charte des Nations Unies, qui octroient à chaque pays le droit de vivre en paix et sécurité, avaient été remplacés par la résolution 3379, qui avait déclaré que «le sionisme est une forme de racisme». Ils ignorèrent superbement le vote ultérieur qui avait abrogé cette décision et interdirent à l ambassadeur d Israël de s adresser à l Assemblée 24

5 générale. Dès ce moment, on vit se développer un climat de forte hostilité contre l état d Israël et le peuple juif dans toutes les chancelleries du monde. Tout comme la Société des Nations n était pas intervenue lorsque le gouvernement nazi adopta les lois de Nuremberg et plus tard la résolution d exterminer la communauté juive européenne, les Nations Unies ne firent pratiquement rien pour s opposer au décret infâme de l Ayatollah. Le gouvernement israélien implora le droit d asile politique à chaque nation sur les six continents, mais n obtint aucune réponse favorable. Le président de l Union Européenne déclara catégoriquement «Nous ne pouvons pas contrarier la décision de l Ayatollah, de peur de mettre notre population en danger». Et il ajouta sans sourciller : «Certaines personnes devront être sacrifiés pour le bien des autres». Le gouvernement américain décida de rester neutre sur cette question tout comme il l avait été à la veille de la Seconde Guerre mondiale. D autres pays emboîtèrent le pas. Au terme de ces consultations, pas un seul pays n accepta d offrir un asile, ne serait-ce que temporaire, aux Juifs pérsécutés. Ils se trouvèrent ainsi dans la même situation que celle de leurs grands-parents au début de la Seconde Guerre mondiale. Les habitants d Israël se virent privés du droit élémentaire de jouir de la liberté que les régimes démocratiques assurent à leurs citoyens. S ils avaient été des immigrants illégaux d Afrique, la 2 5

6 Croix-Rouge et d autres organisations de protection se seraient portées à leur secours, mais parce qu ils étaient juifs, on ne leur accorda même pas ce statut de migrants illégaux, Des évènements similaires étaient arrivés plus d une fois dans les siècles passés. La communauté juive de plusieurs pays européens avait été expulsée à différentes reprises au cours du Moyen Age. Les Juifs d Angleterre avaient été expulsés en 1290 par le roi Edouard Ier, Ils avaient été chassés de France en 1182 et plusieurs fois après cette date, pour être finalment expulsés en 1394 par le roi Charles VI (également connu sous le nom de Charles le Fou). Ils avaient été aussi expulsés d Allemagne en 1348 à la suite de l épidémie de peste noire, puis d Espagne et du Portugal en 1492 et Dans tous ces cas, cependant, il y avait toujours un ou plusieurs autre pays prêt à leur offrir un refuge. Quand les juifs furent menacés durant la première partie du XXème siècle, la Grande-Bretagne avait suggéré qu ils s installent en Ouganda, en Afrique orientale, puis en Guyane britannique, près de l équateur, afin d y établir un foyer national juif, car les Arabes étaient opposés à leur installation en Israël, le pays de leurs ancêtres. L Union Soviétique conçut un plan au terme duquel les Juifs devaient aller vivre dans la province inhospitalière du Birobidjan en Extrême-Orient soviétique, près de la frontière avec la Chine. Le Führer du Troisième Reich imagina un 26