DOSSIER PEDAGOGIQUE. Vous êtes les bienvenus au Musée Cernuschi, musée des Arts de l Asie de la Ville de Paris.

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1 DOSSIER PEDAGOGIQUE Vous êtes les bienvenus au Musée Cernuschi, musée des Arts de l Asie de la Ville de Paris. L entrée est GRATUITE POUR TOUS DANS LES COLLECTIONS PERMANENTES. Elle est payante dans les expositions temporaires (gratuite pour les moins de 14 ans, demi tarif de 14 à 26 ans et pour les enseignants). Votre visite Vous pouvez faire vous-même la visite des collections permanentes ou de l exposition en cours à condition de réserver la date et l heure de votre venue en appelant le service des publics au ou par fax au Vous pouvez également faire la visite sous la conduite d une conférencière. Cette visite peut se doubler d un atelier, d une promenade, d un conte. La réservation (obligatoire) se fait soit par téléphone ( ) soit par fax ( ). Le nombre maximum de participants par groupe scolaire est de 20 personnes, accompagnateurs compris. Une fois votre réservation effectuée, vous recevrez une lettre de confirmation. Le règlement des ateliers, conférences, séances de contes ou visites promenades se fait sur place au moment de la visite, par chèque à l ordre du Trésor public. Afin de préparer votre visite, vous pouvez télécharger le dossier pédagogique ci-dessous. Pour toutes demandes d informations complémentaires, vous pouvez nous envoyer un mail à l adresse suivante : maryvonne.deleau@paris.fr ou camille.bailly@paris.fr ou nous écrire au Service des publics, Musée Cernuschi, musée des Arts de l Asie de la Ville de Paris, 7 avenue Vélasquez Paris. Le service des publics et de la communication Maryvonne Deleau Camille Bailly 1

2 Sommaire PRESENTATION DU MUSEE p 3 Le musée Cernuschi p 4 Formation des collections Plan des salles p 5 Biographie d Henri Cernuschi p 6 LES COLLECTIONS Le néolithique p 9 Vase Gobelet à pied Disque orné d un oiseau La dynastie des Shang p 11 La tigresse La dynastie des Zhou p 13 L époque des Royaumes Combattants p 14 Andouiller Plateau supérieur de table basse en laque Tripode ding en laque sec Paravent douze feuilles Les dynasties des Qin et des Han p 18 Suivante Eclatement et réunification p 20 Cinq des douze animaux du zodiaque La dynastie des Tang p 22 Le barbare à la corne Orchestre de huit cavalières-musiciennes Chameau Bodhisattva Maitreya Bodhisattva Avalokitésvara La dynastie des Song p 28 Buddha Amithâba Masques Deux vases funéraires INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES p 32 Bibliographie Lexique Listes Informations pratiques 2

3 3 Présentation du musée

4 Le musée Cernuschi Le musée Cernuschi a été légué à la Ville de Paris par Henri Cernuschi en C est le second musée d arts asiatiques de France et le cinquième d Europe quant à l importance de sa collection d art chinois. Il est spécialisé dans l archéologie de la Chine antique, des origines jusqu à la dynastie des Song ( ). Le musée a rouvert ses portes en juin 2005 après une rénovation et un agrandissement des espaces d exposition. En effet, les derniers travaux remontant à la fin des années cinquante, le musée réclamait une refonte complète, une scénographie adaptée aux nouvelles exigences d exposition et aux normes modernes de sécurité et d accessibilité. Le choix s est porté sur la réhabilitation de la logique originelle du bâtiment, et la surface d exposition s est étendue de 923 m² supplémentaires. Formation des collections Le secrétaire d Henri Cernuschi, Eugène-Benoit Causse, assura la passation de l hôtel particulier avenue Vélasquez à la Ville de Paris et devint le premier conservateur du musée. L inauguration eut lieu le 26 octobre Mais c est surtout le deuxième conservateur, Henri d Ardenne de Tizac ( ) qui transforma cette maison de voyageur curieux en musée moderne. Il spécialisa le musée dans l art et l archéologie de la haute antiquité chinoise. Il multiplia les acquisitions comme le vase de la Tigresse, et suscita les donations importantes. Il fonda la Société des Amis du Musée Cernuschi en 1922 pour l aider à enrichir les collections. Deux grandes rénovations ont ensuite modifié le visage du bâtiment, en et en En 1953, le don du docteur Guo Yushou de son importante collection de peintures chinoises modernes a orienté les acquisitions vers cet autre domaine, et ce fonds constitue aujourd hui un ensemble unique en Europe. 4

5 5 Le plan des salles

6 Enrico Cernuschi Etat Civil : Né le 19 février 1821 à Milan Mort le 29 janvier 1896 à Menton Sa famille était originaire de Monza en Italie Il fut naturalisé français le 29 janvier 1871 Le financier et l économiste Etudes de sciences à Milan puis de droit à Pavie 1846 : Brevet d aptitude aux fonctions d avocat au tribunal d appel de Milan 1850 : Arrivée en France, situation précaire 1852 : Entrée au Crédit Mobilier Introduction dans les milieux financiers, participation à diverses affaires 1865 : Publication de son livre Mécanique de l échange 1869 : Participation à la fondation de la Banque de Paris, devient un des directeurs Sa fortune est évaluée à 2 millions de francs-or 1870 : achat de la plus grosse partie du capital du journal Le Siècle, renonce à son poste à la banque : il se consacre à ses études monétaires sur le bimétallisme 1876 : publication de La monnaie bimétallique Le républicain convaincu 18 au 22 mars 1848 : un des trois meneurs du soulèvement de Milan contre l occupant autrichien 1849 : député à l assemblée constituante de la République Romaine (qui n a duré qu un an) 1849 : résistance à l entrée des troupes françaises dans Rome : un an de prison pour raisons politiques 1850 : Exil en France 1869 : versement de francs au comité contre le plébiscite pour l empire en faveur de Napoléon III. Soutient les républicains mais est exilé en Suisse. Exil en Suisse 1870 : Rappelé en septembre par son ami Gambetta ( ) pour assister à la proclamation de la République, le 4 septembre 1870 Il demande la nationalité française Il rachète des parts du journal Le Siècle pour diffuser ses idées républicaines Lors du siège de Paris par les Prussiens, il appartient à la commission des subsistances pour le ravitaillement de Paris 1871 : pendant la Commune, il tente d empêcher l exécution de son ami Chaudey, maire du IX ème arrondissement et rédacteur en chef du Siècle. Il arrive trop tard et il se fait arrêter par les troupes versaillaises. Il échappe de peu au peloton avec Théodore Duret, journaliste et critique d art, ami des impressionnistes. Ils sont reconnus à temps : il soutient Clemenceau dans son opposition au Boulangisme 6

7 Le grand voyageur et le collectionneur éclairé septembre janvier 1873 : Voyage autour du monde avec Théodore Duret, qui le racontera dans son livre Voyage en Asie publié en Etats-Unis - Japon (d octobre 1871 à février 1872) - Chine (de février à juin 1872) - Java - Ceylan - Inde Il achète plus de 4000 objets en Extrême-Orient principalement en Chine et au Japon : De retour en France, il présente sa collection à l exposition des Beaux-arts de l Extrême-Orient au Palais de l Industrie et fait construire son hôtel particulier avenue Vélasquez par l architecte William Bouwens Van der Boijen, édifié aux dimensions de sa collection et de son buddha japonais de 4 mètres de haut : Il meurt à Menton après avoir légué son hôtel et sa collection asiatique à la ville de Paris 7

8 Les collections Parcours chronologique à travers les œuvres phares 8

9 Le néolithique Les premières traces de sédentarisation de communautés agricoles se situeraient vers 8000 av. J.-C. Le néolithique est marqué par un essor des arts artisanaux. En Chine, différentes cultures aux particularismes très marqués s épanouissent simultanément. La culture de Yangshao (env env av. J.-C.) a produit des terres cuites dures, réalisées à haute température (mille degrés environ), qui se caractérisent par un décor peint élaboré. Les thèmes, d abord constitués de motifs animaliers réalistes (poissons, batraciens), vont évoluer vers une abstraction toujours plus poussée. Simultanément (env env av. J.-C.) se développe sur la côte orientale la culture de Longshan. La société y paraît hiérarchisée, les rituels religieux y jouant un rôle primordial. Dans sa phase classique, elle a produit, en particulier au Shandong, une terre cuite tournée dont le lustre noir présente des reflets métalliques. Les coupes sur pied ont souvent été retrouvées sur un gradin aménagé dans les fosses funéraires. Ces céramiques devaient avoir un usage cultuel. Parallèlement à la poterie se développe l art du jade. Le jade est une pierre que les Chinois faisaient venir de loin, notamment d Asie Centrale. On le retrouve à cette période sous la forme d un disque perforé au centre qui symbolise le ciel appelé bi. Les Chinois attribuaient à ce matériau des pouvoirs quasi magiques 9

10 Vase Terre cuite peinte. Province du Gansu. Vers av. J.-C. symbolisant le ciel protégeant le défunt dans la tombe. Celui-ci est décoré de rapaces aux ailes déployées et d entrelacs ajourés, caractéristique de la culture de Longshan. Cette grande jarre est caractéristique de la production de Yangshao. De ton beige clair, elle porte sur l épaule un décor peint brun et noir de spirales et de quadrilatères aux côtés curvilignes. Gobelet à pied Terre cuite noire lustrée «coquille d œuf» H : 0.18 D : Province du Shandong Culture de Longshan Vers av. J.-C. Disque orné d un oiseau Néphrite Shandong, culture de Longshan (vers av. J.-C.) On ignore la fonction d un tel objet. Sa forme rappelle celle des disques Bi : un cercle perforé en son centre. Il s agit de disques en jade 10

11 La dynastie des Shang (vers 1550 vers 1050 av. J.-C.) L histoire chinoise s ouvre traditionnellement sur la dynastie royale des Xia (vers 2070 vers 1600 av. J.-C.). A partir d environ 1700 av. J.-C., se développent dans différentes régions, des cultures du bronze aux particularismes marqués, telle la culture d Erlitou (env env av. J.-C.), centrée sur le Henan. C est précisément au Henan qu émerge la dynastie des Shang (env env av. J.-C.). Les objets les plus représentatifs de cette dynastie sont des bronzes à usage rituel. Réservés à une élite aristocratique, ils servaient à préparer et présenter la nourriture ainsi qu à effectuer les libations de boissons fermentées indispensables au culte des ancêtres royaux et à de nombreuses entités d un panthéon encore mal connu. Entre 1550 et 1300 environ, les bronzes rituels présentent un décor réduit à une frise de filets en relief évoluant en circonvolutions souples et comportant des motifs zoomorphes fortement stylisés dont un masque d animal fantastique, appelé par les sinologues taotie. Vers 1300, le répertoire formel des bronzes, beaucoup plus riche, est associé à un décor au relief plus affirmé. Un bestiaire mythique ou réaliste présente une grande variété de motifs et de traitements. Au milieu du XIe siècle av. J.-C., l avènement des Zhou, originaires de la région de Xi an, ne marque aucune rupture culturelle. La vaisselle de bronze L art du bronze caractérise les premières dynasties chinoises. La métallurgie, à laquelle était attaché un prestige religieux, permettait la fabrication de vases aux formes diversifiées. Traditionnellement, on partage ces bronzes en deux catégories, ceux destinés aux aliments solides et ceux réservés aux liquides. On les rencontre en abondance dans les tombes. A l époque archaïque, les artisans chinois ignorent le procédé de la cire perdue, habituel en Occident. Ils utilisent une technique originale : le vase est coulé la tête en bas autour d une âme de terre compacte. Les praticiens placent des segments de terre cuite qui, réunis et maintenus à l arrière, constituent un moule. Ces éléments portent en creux les thèmes décoratifs, plus ou moins incisés, qui apparaîtront en saillie sur le vase. Le métal, fondu à une température supérieure à mille degrés, prend place dans l espace laissé libre entre l âme et le moule. L air, contenu à cet endroit, s échappe par des évents. L alliage comporte un taux non négligeable d étain (entre 7 et 20 %). La pièce refroidie, le moule est démonté. Les artisans arasent les barbelures qui, après la fonte, marquent les minuscules interstices entre deux segments. Certains éléments (poignées, parties décoratives en haut relief comme des protomes d animaux) peuvent être fondus à part. 11

12 La tigresse Vase You Bronze, 1 ère moitié du XI ème siècle av. J.-C, fin de la dynastie des Shang. H : 35,2 cm et de spirales carrées caractéristiques de cette époque. De dos, on distingue un masque taotie qui, avec la queue de la tigresse, fait penser à un éléphant. La poignée du couvercle est en forme de capridé. Cette représentation est rare. La tigresse protège-t-elle le petit homme ou le dévore-t-elle? Plusieurs hypothèses ont été avancées. L homme pourrait symboliser le mal et il serait donné alors en sacrifice à la tigresse. Ou bien la tigresse serait l animal fétiche d un clan familial protégeant un ancêtre. Il s agit d un vase destiné à contenir des boissons fermentées. Il représente un félin posé sur ses pattes arrière et sa queue et qui tient entre ses pattes avant un petit homme. Il est richement décoré de motifs animaliers comme des dragons On ne connaît pas la provenance de ce vase avec certitude. Cependant les spécialistes s accordent à dire qu il provient de la province du Hunan dans le sud de la Chine, ce type de vase zoomorphe étant caractéristique de cette province. Il existe une autre tigresse pratiquement identique à Kyoto. Elle provient certainement du même atelier. 12

13 La dynastie des Zhou (vers av. J.-C.) Les deux premiers siècles de leur hégémonie en Chine du Nord furent les plus brillants (période des Zhou de l Ouest, vers av. J.-C.). Les Zhou développement un système politique de caractère féodal, fondé sur une hiérarchie stricte des domaines et des cultes familiaux, le domaine royal et le culte des ancêtres du clan des Zhou ayant la prééminence. Des formes amples et majestueuses, au décor simplifié mais puissant, caractérisent les récipients de bronze à partir du début du Xe siècle av. J.-C. environ. Leur typologie se modifie, vers 850 av. J.-C. suite à une profonde mutation religieuse. Le culte des ancêtres se généralise sous sa forme aboutie. Les traits des défunts les plus importants sont protégés par des éléments en jade spécifique et ils arborent de riches pendentifs. Les bronzes rituels sont désormais ornés d oiseaux ou de motifs rubanés. Les inscriptions plus longues deviennent des sources précieuses tandis que les os oraculaires disparaissent progressivement. En 771 les Quanrong, peuple des steppes du Nord-Ouest, chassent les Zhou de leur vallée du Shaanxi. Ils doivent se replier plus à l est. La dynastie, très affaiblie, doit abandonner le pouvoir politique à des princes. La dynastie des Zhou de l Est est divisée en deux grandes périodes : celle des Printemps et Automnes (Chunqiu) ( ), d après le nom des annales du royaume de Lu, au Shandong, couvrant les années 722 à 481. Vient ensuite celle des Royaumes Combattants (Zhanguo) ( ) qui débute véritablement avec le partage du royaume de Jin en 453 et au cours de laquelle la Chine est divisée en une multitude de royaumes antagonistes qui seront finalement tous absorbés par celui de Qin en 221. L usage des armes en fer et des arbalètes rend les conflits de plus en plus violents. Cette époque, culturellement foisonnante, voit la naissance des grands maîtres de la pensée chinoise dont Confucius (traditionnellement av. J.-C.) et Zhuang Zhou, auteur du Zhuangzi, pour ne citer que les plus importants. 13

14 L époque des Royaumes Combattants ( av. J.-C.) Cette période politiquement instable et bouillonnante est marquée par le luxe ostentatoire qu affichent les cours rivales. Le goût des bronzes aux formes baroques et foisonnantes est particulièrement présent dans le royaume de Chu. Cette culture du centre-sud de la Chine maintiendra jusque sous les Han de l Ouest (206 av. J.-C. 9 ap. J.-C.) son particularisme culturel. Celui-ci se manifeste notamment dans le mobilier funéraire : gardiens de tombe tirant la langue, surmontés d andouillers, ou supports de tambours en forme d oiseaux, témoins de croyances encore mal connues. Déjà, les objets en laque, prennent une place significative aux côtés du bronze. Des motifs comme des frises structurées par des obliques aux terminaisons en enroulement et une bichromie rouge et noire sont à l origine des développements ultérieurs de l art du laque. 14

15 Andouiller Bois peint et laqué, bois de cerf. Chine méridionale. Royaume de Chu (IX ème siècle-223 av. J.-C.) Hauteur 1,26 m, largeur 0,49 m, profondeur 0,36 m L andouiller repose sur un large socle. Son visage est grimaçant, il tire la langue, ses yeux sont globuleux et son nez épaté. Ses sourcils sont marqués par des volutes. A l origine il était peint. Aujourd hui, il ne reste que des traces de peinture rouge sur le bout des bois, de la langue et sur le visage. Découverte dans les nécropoles de l ancienne capitale de l état de Chu (IX e siècle-223 av. J.-C.), cette statue est représentative de la culture de ce royaume. Elle était placée dans la tombe pour protéger le défunt. On identifie parfois les andouillers comme Tu Bo, le seigneur du monde souterrain. 15

16 Plateau supérieur d une table basse Bois laqué. H : 0,024 m, L : 0,575 m, l : 0,346 m. Chine méridionale. Epoque des Han de l ouest (206 av. J.-C. -9 ap. J.-C.). Tripode ding Laque sec. H : 0,149 m, L : 0,126 m, P : 0,103 m. Chine méridionale. Dynastie des Han (206 av. J.-C ap. J.-C.). Il est rare que des objets en bois de cette époque soient parvenus jusqu à nous. C est la technique de la laque qui a permis la conservation de ce plateau. Il s agit d un vernis très résistant à l eau, aux solvants Rayé rouge et noir, le plateau comporte des motifs vermiculés, des nuages et des oiseaux. La technique du laque sec, particulièrement onéreuse et raffinée, s est développée parallèlement à celle du vernis. L objet est obtenu par une superposition de tissus de chanvre ou de soie et de laque à l état liquide sur une âme en bois ou en terre. Après démoulage, le résultat est d une extrême légèreté. Ce ding est sans doute un élément d un ensemble plus vaste de vaisselle. 16

17 Paravent douze feuilles Bois laqué. Technique dite de Coromandel. H : 282 cm, L. feuille : 46 cm, développement : 552 cm Epoque : Kangxi, fin XVIII ème. La lecture du décor de ce paravent se fait de droite à gauche. Il dépeint une scène de la vie d un palais : l arrivée d émissaires, leur réception par le maître des lieux, les jardins et les appartements des femmes. On y trouve végétation, musiciens, serviteurs, enfants La bordure est ornée de bouquets de fleurs, d objets divers, de cercles bi (symboles du ciel) et de miroirs. Au revers, des caractères indiquent que ce paravent a été offert pour le centième anniversaire d un général. Coromandel est en fait le nom de la côte sud-est de l Inde, escale des bateaux de la Compagnie des Indes qui revenaient d Extrême-Orient. La technique de Coromandel est une technique de gravure très fine sur laque. Les laques étaient des objets très prisés par les occidentaux. Leur importation s est beaucoup développée au XVII ème siècle. 17

18 Les dynasties des Qin ( av. J.-C.) et des Han (206 av J.-C. 220 ap. J.-C.) La conquête de la Chine par Qin Shihuangdi, le premier empereur des Qin, marque en 221 av. J.-C. l avènement de la Chine impériale. La réforme et l unification de l écriture, des poids et mesures, de la monnaie donnent des bases solides au développement ultérieur d un pays aux particularismes culturels encore très marqués. L autodafé des livres non techniques en 213, le massacre des intellectuels qui s ensuivit et une politique autocratique devaient sceller la chute du régime en 206 av. J.-C. La dynastie des Han de l Ouest (206 av. J.-C.- 9 ap. J.-C.), installée à Chang an, l actuelle Xi an, restera une époque de référence pour les périodes postérieures. S appuyant sur les réformes mises en place sous les Qin, elle développe un empire puissant et centralisé qui étend ses frontières vers l Asie centrale. Du point de vue artistique, des décors dynamiques, constitués de contre-courbes ponctuées d excroissances nuageuses, dominent. A partir du IIème siècle avant J.-C. apparaissent dans l iconographie les immortels des îles Penglai représentés comme des êtres hybrides, humanoïdes, aux extrémités crochues bientôt munis de petites ailes. 18

19 Suivante Terre cuite polychrome. Chine septentrionale. Environ II ème siècle, dynastie des Han. De nombreuses figurines représentant des suivantes ornent les tombes de l époque Han. Elles devaient servir l âme du défunt dans son palais souterrain. Le plus souvent, les mingqi étaient peints après la cuisson et ont donc perdu leurs couleurs. Cette suivante est restée polychrome, ce qui fait son originalité. Les Mingqi A l époque des Shang et des Zhou de l Ouest, serviteurs, prisonniers de guerre et animaux familiers étaient sacrifiés pour accompagner les défunts les plus importants dans leur tombeau. Les mingqi constituent les substituts funéraires de ces victimes devant subvenir aux besoins du défunt dans la tombe. Les sacrifices humains disparaissent peu à peu et l armée en terre cuite découverte près de Xi an de l empereur Qin Shihuangdi marque un point de non-retour. La réalisation d armées miniatures sera d ailleurs fréquente sous les Han de l Ouest. La dynastie des Han voit un extraordinaire développement des mingqi. Leurs thèmes sont de plus en plus variés : architectures miniatures, personnages de toutes sortes La plupart de ces mingqi sont en terre cuite et sont simplement revêtus de couleurs à l eau après cuisson, disparues avec le temps. Ils permettent de connaître les modes vestimentaires et la vie quotidienne des Chinois de cette époque. Sous la dynastie des Tang, les mingqi sont nombreux. Les personnages représentés tels des barbares, des chameaux et leurs palefreniers, des danseurs, reflètent l atmosphère animée et cosmopolite de la cour des Tang. Dès la seconde moitié de la dynastie, les substituts funéraires se font de moins en moins nombreux. Ils sont remplacés progressivement par des papiers découpés que l on brûle. La fabrication de substituts funéraires se poursuivit toutefois jusque sous les Ming ( ). 19

20 Eclatement et réunification Sous l effet conjugué d une grave crise agraire et de violents troubles religieux (révolte des Turbans Jaunes), l empire des Han s effondre (220). Après une courte période de réunification grâce à la dynastie des Jin ( ), le pays sombre dans l anarchie. Le Nord devient la proie de chefs militaire barbares. De puissantes familles aristocratiques repliées à Jiankang (Nanjing/Nankin) alternent sur le trône au milieu des révolutions du palais. Durant deux siècles, le Sud connaît cependant un développement économique lent mais durable, vivifié par un commerce actif. Dans le Nord, des «barbares» d origine nomade, se sédentarisent peu à peu. Les Tuoba parviennent à conquérir toute la Chine septentrionale et fondent la dynastie des Wei du Nord ( ). Une habile politique de sinisation des élites concourt à un encadrement strict des populations paysannes. Cependant, la cour jugée dispendieuse et décadente ne pourra faire face aux révoltes (523 et 534). Des dynasties plus ou moins éphémères se partagent l empire des Wei du Nord. Ainsi les Wei de l Est ( ) auront pour centre le Hebei. Ils seront remplacés par les Qi du Nord ( ). Les Wei de l Ouest ( ), quant à eux, auront pour capitale Chang an au Shaanxi. Ils devront céder le pouvoir aux Zhou du Nord ( ) qui entreprendront la reconquête de la Chine septentrionale. En 581, un descendant des empereurs Wei par les femmes, Yang Jian, fonde la puissante dynastie des Sui ( ). En 589, il achève la réunification de toute la Chine. Une série de grands travaux dont la construction d une capitale grandiose, Chang an (Xi an), le creusement d un Grand Canal unissant les fleuves Huanghe et Chang Jiang (Yangzijiang) et des campagnes militaires ruineuses entraînent la chute des Sui. 20

21 Cinq des douze animaux du zodiaque Terre cuite. H : 21 à 23 cm. Epoque des six dynasties - début des Sui (V ème VI ème siècle) Les animaux se succèdent ainsi : le rat, le bœuf, le tigre, le lièvre, le dragon, le serpent, le cheval, le mouton, le singe, le coq, le chien et enfin le cochon. Ils sont courants dans les tombes des Sui et des Tang. Ils se présentent sous la forme de personnages humains dont la tête est remplacée par la tête de l animal. Comme en Europe, l astrologie chinoise comporte douze signes du zodiaque. Néanmoins, ils ne correspondent pas à un cycle mensuel mais à un cycle annuel ou horaire. Chaque année est symbolisée par un animal : par exemple 2006 est celle du chien. Autrefois, dans une journée, les Chinois ne comptaient que 12 heures, une heure étant équivalente à deux heures occidentales. Les séries entières sont rares, les pièces ayant souvent été cassées dans la tombe. Le musée Cernuschi en possède cinq : le tigre, le dragon, le serpent, le singe et le coq. 21

22 La dynastie des Tang ( ) La dynastie des Tang constitue peut-être la période d apogée de la civilisation chinoise, particulièrement dans sa première phase ( ). Une importante réforme juridique et une réorganisation du système des taxes et des corvées fournissent au pouvoir des bases solides. Le développement des concours bureaucratiques mis en place par les Sui favorisent le recrutement de fonctionnaires de qualité qui, peu à peu, vont contrebalancer le pouvoir des élites aristocratiques aux lointaines origines nomades. Le pouvoir consent un effort sans précédent envers les armées. Les empereurs Tang ( ) continuent la politique expansionniste initiée par les Sui, soumettant les oasis du bassin du Tarim et permettant un regain du commerce caravanier de la «Route de la Soie», à l origine d une véritable mode «exotique» à la cour. Des moines pèlerins dont le célèbre Xuanzang ( ), rapportent de l Inde des textes bouddhiques et concourent à la multiplication des courants religieux. La deuxième phase de la dynastie ( ) est marquée par d importantes réformes administratives, œuvres d une bureaucratie puissante. Le Sud de la Chine devient peu à peu un centre économique de première importance au détriment du Nord, siège du pouvoir impérial. La grande persécution contre le bouddhisme ( ) est caractéristique du changement de mentalités des élites et annonce le triomphe du néo-confucianisme de l époque des Song. 22

23 Le barbare à la corne Terre cuite glaçurée et peinte. Seconde moitié du VII ème siècle. Dynastie des Tang ( ) Ce mingqi représente un homme originaire d Asie Centrale, probablement marchant de vin ambulant. Dans la tombe, ce genre de statuette était entouré de coupelles à boire. Ici, le récipient contenant le vin a été remplacé par une corne décorative. La consommation de vin était répandue à cette époque. Il s agissait d une boisson exotique. Cette statuette révèle des recherches techniques intéressantes. Il ne s agit pas encore de la céramique trois couleurs de la fin du VII ème siècle (sancai) mais elle est recouverte d une glaçure crème et a été peinte après cuisson avec du noir, du vert et du rose. 23

24 Orchestre de 8 cavalières musiciennes Terre cuite polychrome. Début du VIII ème siècle, dynastie des Tang ( ) Ces musiciennes sont habillées à la mode occidentale et leur faciès est celui des paysannes du Shaanxi. Leur tête est ronde aux joues pleines et annonce les critères de beauté des femmes de la fin de la dynastie des Tang. Leurs cheveux sont tressés et remontés à la hauteur des tempes à la manière des garçons. Elles conservent encore des traces de peinture beige, orange, carmin, noire et verte. Parmi les mingqi, on retrouve beaucoup de musiciens. Ce groupe de jeunes femmes est exceptionnel. Chacune est montée sur un cheval et sept d entre elles jouent d un instrument différent : flûte droite à embouchure verticale (dizi), petite harpe (konghou), flûte traversière (hengdi), luth (pipa), tambour-sablier (yaogu), flûte de pan (paixiao), orgue à bouche à bec courbe (sheng). On pense que la huitième devait porter une grande harpe aujourd hui disparue. 24

25 Chameau Céramique «trois couleurs» (sancai). H : 0,843 m, L : 0,61 m, P : 0,272 m. Province du Shaanxi ou du Henan. 1 ère moitié du VIII ème siècle. Dynastie des Tang ( ). Il existe plusieurs routes de la soie. La plus parcourue reliait l actuelle Xian à Antioche en Syrie et faisait km. Elle existait déjà à l Antiquité : les Romains achetaient de la soie. C est par ces routes que sont arrivées les influences occidentales en Chine comme le bouddhisme et inversement la soie, les épices et les grandes inventions chinoises atteignirent l Europe par ce chemin. La céramique sancai apparaît à la fin de la dynastie des Tang. Généralement, on utilise les couleurs brun, crème, vert ou bleu. Les artisans jouent avec les coulées de peinture comme ici pour évoquer les poils du chameau. Ce chameau en marche et chargé de soierie évoque les routes de la soie. 25

26 Bodhisattva Maitreya Grès Province du Shanxi Site de Yungang Vers 470 expiation d aménager un sanctuaire rupestre à Yungang. Ce bodhisattva provient d une des grottes du site de Yungang. Il est traditionnellement assis les jambes pendantes et ici les chevilles croisées. Il présente des influences occidentales marquées comme la rangée de palmettes du soubassement ou les amples drapés épousant les formes du corps. Ce style est caractéristique de la première phase de construction des grottes. Dans le bouddhisme, on trouve trois temps : passé, présent et futur. Sur chacun de ces temps règne un buddha. Maitreya est le buddha des temps futurs. En attendant l Eveil, il est encore bodhisattva. Pendant la dynastie des Wei du nord ( ), le bouddhisme n est pas une religion encore complètement établie. Bien qu elle soit déclarée religion officielle, elle subit une lourde persécution sous l empereur Taiwudi ( ), protecteur du taoïsme. Son successeur, Wenchengdi ( ), décide en 26