SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE. F. Manns

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1 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE F. Manns L auteur de la première lettre de Pierre aime manier le paradoxe: il n hésite pas à réunir le verbe «exulter» (agalliasthai) et «être attristé» (lupêthein) en 1,6, ou encore «souffrir» (paschein) et «être heureux» (makarioi einai) en 3,14. Le même heurt est répété en 4,13-16 où souffrance et joie sont associées. 1 P 4,12-16 souligne la nécessité de la souffrance (paschô) pour le chrétien et son lien avec la joie (agalliaô). Ce texte doit être replacé dans la dynamique de toute la lettre 1. Une sorte d inclusion littéraire souligne l importance du thème: en 1 P 1,6.8 l auteur employait déjà le verbe se réjouir associé au verbe souffrir. Une autre inclusion littéraire est à souligner en 1 P 1,6 l auteur évoque le «peu de temps» de l affliction des épreuves diverses et en 1,11 la succession souffrances-gloire est explicite. En 1 P 5,10 on retrouve le «peu de temps» de la souffrance dans la promesse faite aux chrétiens. Enfin le sens de cette association entre souffrances et joie est donné par une nouvelle inclusion qui rappelle que la fin des temps approche: en 1 P 1,9 le mot telos est employé et en 1 P 5,9 le verbe epiteleô revient. Le but de cette note n est pas tant de rappeler les antécédents bibliques et juifs de ce thème que de montrer la centralité du thème de la souffrance 1. Voir sur le thème : W. Nauck, «Freude im Leiden», ZNW 46 (1955) 68-80; P.V. Filson, «Partakers with Christ. Suffering in the First Peter», Interp 9 (1955) ; K.H. Schelkle «Das Leiden des Gottesknechtes als Form christlichen Lebens nach dem ersten Petrusbrief», Bibel und Kirche 16 (1961) 14-16; A.M. Stibbs, The First Epistle General of Peter, London 1966/3, ; J.L. de Villiers, «Joy and Suffering in I Peter», Neotest 9 (1975) 64-86; D. Hill, «On Suffering and Baptism in 1 Peter», NT 18 (1976) ; H. Millauer, Leiden als Gnade, Frankfurt 1976; L. Goppelt, Der erste Petrusbrief, Göttingen 1978, ; J. Holdsworth, «The Sufferings in 1 Peter and Missionary Apocalyptic», JSNT Suppl 3 (1980) ; M.-L. Lamau, Des chrétiens dans le monde, Paris 1988, P 1,6-9 met la joie présente en relation avec le salut et les privilèges eschatologiques. Le passage par l eschatologie est aisé car l imminence de la fin est ressentie. Les persécutions deviennent sujet de reconnaissance puisqu elles désignent les Eglises comme peuple de Dieu. La gloire de Dieu repose sur elles, comme la nuée reposait sur la tente du désert. Le nom du Christ qui provoque hostilité devient occasion de glorifier Dieu: le monde peut reconnaître le chrétien et celui-ci continue à faire le bien pour sanctifier le nom de Dieu. LA 49 (1999)

2 260 F. MANNS associée à la joie dans la 1 P. Une question se pose: d où vient cette association: du monde apocalyptique ou de la liturgie pascale? Le résultat de cette recherche nous fournira un élément important lorsqu il s agit de préciser le milieu littéraire de la 1 P. 1. Souffrances et joie dans 1 Pierre 1.1 Le serviteur souffrant Dans la 1 P la pensée du Christ serviteur souffrant est prédominante avec référence explicite à Is 53. Aucune autre épître ne met autant d insistance à rappeler cette prophétie ainsi que la Passion du Christ. Curieusement cette lettre est aussi celle qui développe la théologie du sacerdoce commun des baptisés. Ce que 1 P souligne c est que les chrétiens sont obligés de passer par le même chemin que leur maître du fait même de leur baptême. Le texte fondamental que 1 P exploite lorsqu il aborde le thème de la souffrance est Is 53. Cet oracle est une transmutation prodigieuse sous l influence des traditions prophétiques des données sacerdotales et cultuelles de l Ancien Testament 2. Le Serviteur ne reçoit pas le titre de prêtre. Cependant il exerce un ministère sacerdotal. Son sacerdoce est lié à un sacrifice nouveau qui est l offrande faite par le Serviteur de sa propre vie en victime expiatoire pour les péchés de l humanité. Pour tout sacrifice il faut un prêtre, une victime et l immolation de cette victime. Pour que le sacrifice soit efficace, il faut qu il soit accepté par Dieu. Or le Serviteur s offre lui-même volontairement au nom d autres hommes comme s il les rempla- 2. J. Schlosser, «Ancien Testament et Christologie dans la Prima Petri», in C. Perrot (ed.), Etudes sur la première épître de Pierre, Paris 1980, C est un élément de la formule kérygmatique qui est orchestré en 1 P 2,21. Voir H. Hegermann, Jesaja 53, Gütersloh La Lxx ne fait aucune allusion au sacerdoce du Serviteur, ni à aucune action rituelle à propos du péché. La Vulgate traduit Is 53,12 : «Et pro transgressoribus rogavit». Voir F.V. Filson, «Partakers with Christ. Suffering in the First Peter», Interp 9 (1955) ; K.H. Schelkle, «Das Leiden des Gottesknechtes als Form christlichen Lebens nach dem ersten Petrusbrief», Bibel und Kirche 16 (1961) 14-16; B. Schwank, «Le Chrétien normal selon le Nouveau Testament, 1 Pierre 4,13-16», Assemblées du Seigneur 29 (1973) 26-30; H. Manke, Leiden und Herrlichkeit. Eine Studie zur Christologie des 1 Petrusbriefes, Münster i.w. 1975; W. Horbury - B. McNeil (ed.), Suffering and Martyrdom in the New Testament, Cambridge 1981.

3 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 261 çait. Il est ensuite victime et Yahve accepte le sacrifice car il l a voulu. Le Serviteur est donc prêtre. Ce que les victimes expiatoires offertes au temple ne pouvaient réaliser, le Serviteur l obtient de Dieu, car il porte les fautes des multitudes et intercède pour les pécheurs. Le lien qui existe entre souffrance et gloire est identique à celui qui existe entre sacerdoce et royauté. Il nous faut relire le texte d Is 53 et voir l évolution de ce texte à travers ses relectures successives. Les réinterprétations d Is 53 se trouvent au livre de Za 12,13-13,1, au Ps 22, en Dan 12,1-4 et 2 Mac 7, L aspect «récompense» et «réhabilitation» dans le destin de l innocent frappé par les méchants fournit les moyens de la proclamation du triomphe du Messie. Le Ps 118,22 est interprété en ce sens. La version targumique parle du «fils rejeté» (ben) au lieu de la «pierre rejetée» (eben). Za 12 est une lamentation collective sur un martyr anonyme dont le sacrifice se transforme en bénéfice pour le peuple 3. Ce dernier est purifié. Tandis qu Is 53 avait en vue la restauration de Jérusalem après l exil, Za fait allusion à la victoire finale de Jérusalem sur les nations païennes dans le contexte d un conflit eschatologique. C est Yahve qui est l auteur du salut définitif dans les deux textes. Le modèle théologique du martyrisé de Za 12,10 est le Serviteur souffrant. Le Ps 22 se rapproche également des chants du Serviteur 4. Le juste est abandonné (Ps 22,2) comme Israël et Sion étaient abandonnés (Is 49,14). Il est humilié (Ps 22,25) comme le Serviteur (Is 53,4.7). Il n a plus l aspect humain (Ps 22,7-8; Is 52,14). Dès le sein maternel le juste appartient cependant à Dieu (Ps 22,10-11; Is 46,3). Yahvé le libère (Ps 22,32; Is 42,16), parce qu il est saint (Ps 22,4; Is 40,25). Le juste aura une descendance nombreuse (Ps 22,31-32; Is 53,10). Dan 12,1-4 qui entrevoit le triomphe final des justes 5 a recours au même vocabulaire qu Is On trouve de part et d autre rbym (Is 52,14-3. P. Lamarche, Zacharie IX-XIV : Structure littéraire et messianisme, Paris 1961, I.R. Parsons, «Suffering in the Psalms», ABR 20 (1972) B.J. Alfrink, «L idée de résurrection d après Dan 12,1-2», Bib 40 (1959) ; T. Baumeister, Die Anfänge der Theologie des Martyriums, Münster 1980, Nous ne dirons rien de la Tosephta du Tg Za 12,10, de Suk 52a, ni de Pesiqta Rabbati 37 qui présentent le Messie souffrant. Leur datation demeure discutée. On pourra se référer aux études de A. Goldberg, Erlösung durch Leiden. Drei rabbinischen Homilien über die Trauernden Zions und des leidenden Messias Efraim (PesR ), Frankfurt am Main 1978; J. Heinemann, «The Messiah of Ephraim and the Premature Exodus of the tribe of Ephraim», HTR 68 (1975) 1-15.

4 262 F. MANNS 15; Dan 12,2-4), mshkylym (Is 52,13; Dan 12,3.10), sdq (Is 53,11; Dan 12,3) et d t (Is 53,3.11; Dan 12,4). L évocation vague de la glorification du Serviteur en Is 52,13 est transposée maintenant sur un autre plan: celui du monde nouveau. Ce qui était affirmé pour la souffrance des hasidim dans le livre de Daniel est repris pour les martyrs maccabées en 2 Mac 7. Leur fidélité à l alliance leur vaudra l exaltation et la résurrection. La souffrance a une valeur d intercession en 2 Mac 7,37. Dans le targum d Isaïe l idée d intercession du serviteur est orchestrée. Dans le texte hébreu d Is 53 il est dit par deux fois que le Serviteur a été brisé (dakka) à cause de nos péchés (vv. 5 et 10). Dieu le brise, puis le rend à la vie. Le v. 12 s exprime ainsi: «C est pourquoi je lui donnerai une part parmi les nombreux et avec les fils il partagera le butin, parce qu il a livré à la mort son âme et parce qu il a été compté parmi les malfaiteurs. Et il a porté le péché des nombreux et a intercédé (yfgy ) pour les malfaiteurs». Le targum d Is 53 introduit par trois fois dans sa traduction le thème de l intercession du Serviteur. En Is 53,4 la version synagogale porte: «C est pourquoi il priera (yb y) pour nos péchés, et nos délits seront pardonnés à cause de lui». En Is 53,11 la traduction araméenne commente: «Dans sa sagesse il justifiera les justes et il priera (yb y) pour ( l) leurs péchés». Enfin en Is 53,12 le targum ajoute: «Et il priera (yb y) pour leurs péchés nombreux et aux révoltés il sera pardonné à cause de lui». Le targum d Is 53 se rapproche du targum de Lev 4,24: «Le prêtre fera l expiation (wykpr) sur eux et il leur sera pardonné». Dans le targum d Is 53,10 le Serviteur purifiera le reste du peuple de ses péchés: «Devant Dieu la volonté était de raffiner (lmsrf) et de purifier (ldk h) le reste de son peuple pour nettoyer (lnq h) leurs vies de leurs péchés». Le targum présente le Serviteur dans la fonction du prêtre qui purifie les péchés du peuple. Enfin en Is 53,5 il est dit que le Serviteur construira le sanctuaire qui a été profané à cause des péchés. Or, seuls les prêtres peuvent construire le Temple. Nous avons vu que le targum Jonathan Lev 4,20 emploie le verbe kpr. Quant au targum d Is 53 il a recours au verbe b y. Il cite implicitement la formule de l expiation rituelle pour interpréter les souffrances du Serviteur comme prière pour les péchés. L effet de l expiation et de la prière est identique: les péchés du peuple sont pardonnés. L intercession du Serviteur est supérieure à celle du prêtre, puisque les péchés des nombreux sont pardonnés. On sait que très tôt le judaïsme a assimilé l expiation et la prière. Le

5 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 263 témoin le plus ancien en est Sag 18,22. Le targum Jonathan Ex 32,30 reprend cette théologie: «Vous avez fait un grand péché. Je vais monter pour prier devant Yahve. Puissé-je expier pour vos péchés». Le targum Jonathan Nb 17,13 poursuit dans la même ligne: «Aaron se tint debout en prière au milieu et fit avec l encensoir une séparation entre les vivants et les morts». Il est clair que le tar gum d Isaïe insiste sur le sacerdoce du Serviteur qui exerce son activité sacerdotale par la prière 6. L intercession est cause du pardon en Targum Is 53,12. Le judaïsme hellénistique offre également plusieurs relectures d Is La première est celle de la Septante que nous retrouvons en partie dans les citations de 1 P. La seconde est celle de Sag 2,10 5,23, une homélie qui applique Is 53 à la communauté de la diaspora qui connaît la souffrance 7. Ainsi Sag 2,12 est une citation presque littérale d Is 53,10. Le sage possède la connaissance de Dieu et se nomme fils de Dieu (Sag 2,13). Le Serviteur qui est désigné comme pais mou (Is 52,13) avait également la connaissance de Dieu (Is 53,11). 2 Mac 7,34 donne aux justes le titre de paides ouranou. La présence du juste est insupportable pour l impie (Sag 2,14-16; Is 53,3). En Sag 5,1-2 le prélude de l exaltation du juste est annoncé en des termes qui se retrouvent en Is 53,2-7. Le 4 Mac s inspire clairement de cette source Souffrances et gloire L identité du Christ souffrant et du Christ glorifié ressort du fait que dans la 1 P le terme pathêmata est toujours associé à doxa (1,11; 4,13; 5,1). Le salut est possible seulement parce que Jésus a été ressuscité. Les chrétiens par leur baptême ont part à la nouvelle naissance rendue possible par la résurrection du Christ (1,3). La Passion de Jésus illumine l ecclésiologie. L Eglise est la communauté des élus (1,1). L élection est d abord celle de Jésus (2,4), puis celle de la communauté (5,13). L Eglise est une communauté d étrangers: elle est devenue le peuple de Dieu (2,10). Elle est aussi la maison de Dieu (4,17), une maison spirituelle (2,5) construite grâce à la 7. J. Suggs, «Wisdom of Solomon 2,10-5: a Homily based on the Fourth Servant Song», JBL 76 (1957) A. Dupont-Sommer, Le quatrième livre des Maccabées, Paris 1939.

6 264 F. MANNS pierre rejetée. Elle est le Temple construit par Dieu pour un sacerdoce saint. Elle exerce ce sacerdoce dans l offrande de la vie en communion avec le sacrifice du Christ dans sa Passion 9. Elle est aussi une fraternité (2,17; 5,9), la fraternité messianique rejetée par les hommes et choisie par Dieu. Le thème de la Passion du Christ parcourt toute la 1 P. Dans la salutation initiale en 1,2 il est question de l obéissance au Christ et de l aspersion de son sang. L obéissance de l homme est mentionnée avant l aspersion efficace. Le terme rhantismos peut avoir trois sens: au sens large il signifie purification et consécration effaçant la souillure et permettant le contact avec le monde sacré. L idée d expiation est présente lorsque le sang est évoqué. C est pour le bénéfice des pécheurs que le sang est répandu (Lev 5,10; 16,16). Enfin le terme peut se référer à une aspersion historique unique, celle qui a scellé l alliance avec Israël (He 9,18-21). Dans ce rite fondateur une double aspersion est faite, une sur l autel et l autre sur le peuple. Cette nuance d aspersion inaugurale d alliance convient bien au début de la lettre. Elle n exclut pas la notion d expiation en raison de la portée habituelle du sang du Christ (1,17). Dans le cadre de cette alliance l obéissance de l homme est soulignée. Dans l hymne qui ouvre la lettre l auteur fait allusion au témoignage prophétique qui annonçait la Passion et la glorification du Christ. En 1,18, après la proclamation de la loi de sainteté, il rappelle que les croyants ont été affranchis de la vaine conduite héritée des pères par le sang précieux comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ. Dieu l a ressuscité des morts et lui a donné la gloire. En 2,4.7 le symbole de la pierre rejetée par les constructeurs citation du Ps 118 évoque la passion de Jésus. En 2,21-25 en plein milieu d un code domestique un hymne qui contient des citations explicites d Is 53 célèbre le Christ qui a souffert pour nous reconduire au Pasteur. En 3,18-22 un nouvel hymne christologique orchestre la Passion et la Résurrection du Christ. En 4,13 le thème de la souffrance est associé à la joie. Qui souffre pour le nom du Christ doit savoir que l Esprit repose sur lui. 9. Voir les textes 1 P 2,19-20 où la grâce consiste à faire le bien et souffrir et 1 P 5,10-12 où la gloire des chrétiens est unie à leur souffrance.

7 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 265 Enfin en 5,1 l ancien est présenté comme témoin de la passion du Christ et comme celui qui doit participer à sa résurrection. Pierre se définit comme témoin des souffrances du Christ. 1.3 Lecture des principaux textes 1 P ne parle pas de la croix, mais développe le thème de la Passion mieux que les autres auteurs. Deux vocables reviennent: paschein en 2,21; 3,18; 4,1; et pathêmata en 1,11; 4,13; 5,1. Les termes techniques de la persécution ne sont pas employés (diogmos, tlipsis) ni ceux du procès (kategoria), mais seulement ceux de l épreuve et des souffrances. Le sang du Christ signifie le rachat (1,18-19) et la voie d obéissance (1,2). La Passion du Christ fournit la clé de la synthèse théologique de la lettre de Pierre. Le caractère salvifique de la mort de Jésus ressort du fait qu elle permet le changement de la conduite antérieure (1,18-19) et la libération du péché (2,24). Le chrétien qui accepte de faire la volonté de Dieu fait le bien (2,15.20; 3,17; 4,19) et la justice (2,24). Le salut implique une nouvelle relation avec Dieu auquel le chrétien a accès grâce à la Passion de Jésus (3,18). Ce salut se manifeste dès ici-bas par l annonce de la Passion (1,12) et se réalise dans le baptême (3,21). Le chrétien doit imiter le maître et souffrir en faisant le bien (2,19-20; 3,16-17). La victoire du Christ est aussi remportée sur les esprits désobéissants (3,19) et sur les puissances (3,22) qui sont soumises au Christ. Le leitmotiv de la souffrance et de la persécution revient en 1,6-7; 2,12; 3, ; 4, ; 5,8-10. Différentes hypothèses ont été faites pour dater cette persécution. Plutôt que de chercher à dater avec précision une persécution il est préférable de voir en 1 P un état d insécurité. Le terme peirasmos en 1,6 et 4,12 se rapporte à des brimades et des vexations plus qu à un événement déterminé. Dans l hymne d ouverture de l épître où Pierre célèbre la nouvelle naissance due à la résurrection du Christ la deuxième strophe illustre le thème de la joie dans les tribulations. Nous reproduisons la structure des vv. 6-8: 6: Vous tressaillez de joie 7: la valeur de votre foi plus précieuse que l or lors de la Révélation de Jésus 8: sans l avoir vu, vous l aimez sans le voir, mais en croyant vous tressaillez de joie.

8 266 F. MANNS La nécessité de souffrir pour arriver à la joie fait partie du message chrétien rappelé en Mt 5,11; Lc 6,22-23; Ac 5,41; Rm 5,3-4; 8,18; 2 Co 4,17; 6,10; 7,4; 8,2; 1 Thes 1,6; He 10, Ce n est pas la certitude de la vengeance future qui est le motif de la joie, mais l oeuvre du Christ est un motif suffisant de joie. Le paradoxe de la joie au milieu des tribulations n est pas sans rappeler celui des douleurs de l enfantement orchestré par le milieu apocalyptique 10. La troisième strophe place au centre la mention des souffrances du Christ et de sa gloire. Nous reproduisons la structure des versets 1,10-12: 10: Sur ce salut ont porté les investigations et les recherches des prophètes qui ont prophétisé sur la grâce à vous destinée 11: Ils ont cherché à découvrir qui et quelles circonstances avait en vue l Esprit du Christ qui était en eux quand il attestait à l avance LES SOUFFRANCES DU CHRIST ET LES GLOIRES QUI LES SUIVRAIENT 12: Il leur fut révélé que ce n était pas pour eux mais pour vous qu ils administraient ce message que vous annoncent ceux qui prêchent l Evangile dans l Esprit Saint envoyé du ciel, sur lequel les anges se penchent avec convoitise. L inclusion du pronom humas (vv ) délimite cette partie qui reprend les thèmes communs aux deux premières parties (sôteria et apocalypsis). La mention de l Esprit dans la troisième partie confère une dimension trinitaire à l hymne. Au centre de la structure l annonce des souffrances et de la gloire qui doit les suivre est bien mise en évidence. Le terme pathêmata est utilisé quatre fois dans 1 P. Les souffrances sont fréquemment mises en rapport avec la gloire dans le Nouveau Testament 11. Ce sont les prophètes qui ont prédit à l'avance ces souffrances et la gloire. A noter que le nom prophète est employé sans article 12. Généralement lorsqu il s agit des prophètes chrétiens le Nouveau Testament n emploie pas l article. Ce sont donc les pro- 10. Ez 38,39; Ag 2,6-7; Za 11,12; Jubilés 23; 2 Ba Rm 8,18; He 2,9; Lc 24, Excepté en Mt 23,34-37; 1 Tim 2,15; Ap 16,6 et 18,24. Pour les prophètes de l Ancien Testament le terme prophêtes est employé généralement avec l article excepté en Ac 2,30; 3,22; 7,37 et Mt 13,17.

9 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 267 phètes chrétiens qui en relisant les Ecritures ont approfondi les textes de l Ancien Testament qui prédisaient les souffrances et la gloire du Messie. L annonce de la Passion est une grâce: c est ce que traduit l expression hoi peri tês eis humas charitos prophêteusantes. Elle constitue le sommet de l histoire du salut. Enfin il faut rappeler que souffrances et gloire ne sont pas deux moments successifs, mais deux dimensions impliquées dans une seule et même expérience. C est dans le processus de mort que le don de l Esprit est fait. En 1,17 Pierre demande aux chrétiens de se conduire avec crainte sachant qu ils ont été rachetés par le sang précieux du Christ comme un agneau prédestiné. La typologie de l exode est reprise. La notion de rachat n a pas besoin de l arrière-plan hellénistique pour être expliquée. Dans la Bible les verbes padah et ga al s'appliquent d abord à des pratiques sociales et religieuses tels le rachat des premiers-nés (Ex 13,12-13) et le rachat familial (Lev 25,47-49) où un prix est versé. Dans le contrat de mariage l épouse est achetée 13. L idée de rançon comme prix payé est évoqué ici par la comparaison avec l argent et l or. Mais la rançon précieuse et non périssable est celle du sang, c est-à-dire une vie livrée, et plus précisément le sang du Christ. La valeur est à la fois celle de la personne, de la qualité du don et de la puissance bienfaisante du sacrifice. Jésus est ensuite comparé à l agneau. Il pourrait s agir soit de l agneau pascal soit du serviteur souffrant d Is 53. Il est probable, puisque Pierre fait état de l agneau prédestiné, qu il fasse allusion à la tradition juive des dix objets créés avant la création du monde 14. Sur cette liste figure l agneau que Dieu apporta pour le substituer à Isaac, agneau qui sera mis en rapport avec la Pâque. En 2,4-10 le Christ est désigné comme la pierre (eben) vivante rejetée par les hommes, mais choisie par Dieu. C est le Ps 118,22 qui est cité, psaume que le targum lisait «le fils (ben) rejeté». Déjà l Ancien Testament mettait souvent en rapport les termes pierre (eben) et fils (ben). Il suffit de lire Ex 28,29; Jos 4,6.21; 1 R 18,31; Is 54,12-13 ainsi que Flavius Josèphe, Guerre 5,272. Le contraste entre le rejet humiliant et l exaltation peut amener à traduire eben par clé de voûte. On pourrait retrouver dans les vv. 4 et 5 un écho de la dualité de position de la pierre, pierre de fondation de laquelle il faut s approcher et sur laquelle il faut s édifier, mais aussi de la clé de voûte qui assure l accès à Dieu en vertu de son 13. Qid 1, A.J. Saldarini, The Fathers according to R. Nathan, Leiden 1975, 306.

10 268 F. MANNS exaltation. Dans la construction du Temple spirituel quelle est la part des hommes? Ils doivent s approcher de Dieu. Ce mouvement d approche de Dieu repris en He 4,16; 10,22; 7,25; 12,22 est équivalent de la foi (2,7b). L Eglise est définie comme maison spirituelle, comme corps sacerdotal saint et lieu des sacrifices spirituels. Ex 19,6 est à l arrière-plan de cette présentation. A partir d Is 43,21 l épître voit dans le sacerdoce nouveau la proclamation des hauts faits de Dieu, proclamation accompagnée d un comportement adéquat. En 2,21-25 en plein milieu d un code domestique Pierre introduit un hymne christologique utilisé probablement par l Eglise. L hymne est délimité par une inclusion littéraire: v. 21: à ceci en effet vous avez été appelés Le Christ a souffert pour vous afin que vous suiviez ses traces v. 25: vous étiez en effet vous êtes revenus au Pasteur et surveillant de vos âmes vous étiez comme des brebis. Seule l exemplarité des souffrances du Christ peut exhorter les esclaves chrétiens. La portée rédemptrice de la Passion doit relever d une association préalable avec le thème de l exemplarité dans la liturgie primitive. Tout l hymne est constitué d emprunts à Is 53. L agneau muet d Is 53,7 inspire 1 P 2,23. «Il a porté nos péchés» reprend Is 53,4 et 53,12. L expression «Vous avez été guéris» est empruntée à Is 53,5. L image des brebis errantes et du berger renvoie à Is 53,6-7. Le poème du Serviteur de Yahve n est pas une simple citation, il fonctionne comme exhortation à suivre le Christ. Dans son silence et son refus de la violence Jésus qui se livre au Juge indique la voie parfaite. Il a souffert pour nous et à notre place pour nous libérer du péché. La mention de la vie pour la justice indique la voie à suivre. La valeur salutaire de l offrande du Christ est plus manifeste si on préfère la leçon epestraphete au passif: vous avez été ramenés. A l appui de cette variante on peut citer le parallèle du verbe passif iathete: vous avez été guéris. La portée rédemptrice renferme un élément paradigmatique. Elle implique non seulement la souffrance injuste, mais le don de soi à la place des autres. La dimension vicaire de la Passion ne peut être reprise comme l atteste le hapax de 3,18: une fois pour toutes.

11 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 269 Au v. 23 on retrouve un contraste saisissant entre le Serviteur qui se livre au juste Juge, au tribunal divin et les tribunaux humains devant lesquels Jésus a comparu en subissant sans répliquer. La double valeur des souffrances du Christ consiste d une part dans leur portée rédemptrice et d autre part dans leur exemplarité. «Le Christ a souffert vous laissant un exemple». Le thème de l imitation du Christ est sous-jacent à ce verset. L imitation de Dieu ne consiste pas à se hisser au niveau de Dieu, mais à obéir comme il a obéi. Au v. 22 le silence du Christ face à ses persécuteurs, thème fourni par la brebis et l agneau muets d Is 53,7 et par les récits de la Passion, est expliqué comme un signe d abandon total à Dieu qui prend en charge le juste. Jésus est livré aux mains des méchants et se livre lui-même à Dieu. Il faut voir ici moins l attitude de la victime qui s offre pour le péché des injustes que la confiance du Serviteur qui remet son avenir au juste juge. Au v. 25 reprenant l illustration biblique traditionnelle du berger et du troupeau suggérée d ailleurs par Is 53 l auteur rappelle la conversion, le retour vers le berger. Le passif epestraphete pourrait souligner que le berger lui-même vient chercher ses brebis. L association entre le rôle du berger et celui du gardien est ancienne: on la retrouve en 5,2.4 et en Ac 20,28. Ce verset suit le mouvement de Za 13,7-9 où la souffrance du berger introduit celle d un peuple purifié qui revient à son Dieu. L hymne nous propose ainsi une ancienne christologie du Serviteur qui se rapproche par plus d un aspect de celle des discours d Ac 3 et 4. L initiative de Dieu et l action salvifique du Christ sont bien mises en lumière dans ce schéma qui illustre le salut inconditionnel de Dieu selon la tradition prophétique. Le verbe epistrephô a le sens sotériologique d être reconduit. Ce sont donc les textes prophétiques de la restauration eschatologique qui constituent l arrière-plan de ce texte. L image du pasteur explicite le rapport personnel qui relie le Christ aux chrétiens. Ce rapport est absent de Is 53. L auteur du texte a changé la version apethanen en epathen, à cause de la fréquence de ce dernier verbe dans la lettre. Le rythme du passage est caractérisé par la répétition du pronom relatif hos. Les vv. 22 et 24 opposent le Christ qui n a pas commis de péché et nos péchés qu il a portés sur le bois. Les quatre premières propositions ont une formulation négative, tandis que les suivantes présentent l oeuvre du Christ de façon positive. Le v. 23 reprend le verbe paradidômi qui provient d Is 53,6.12. La répétition du verbe paschô aux vv. 21 et 23 est voulue pour présenter le Christ souffrant.

12 270 F. MANNS T.P. Osborne 15 explique les caractéristiques de 1 P 2,21-25, une parénèse doctrinale, par un contact direct avec Is 53, plutôt que par l emploi d un hymne antérieur. Le changement des pronoms en 1 P 2,24 vient de ce que ce verset est une combinaison de différentes citations d Is 53, En Is 53,4.5.6 il est question de hamartias hêmon, tandis qu en Is 53,12 il est question de hamartias autôn paredothe. Le Christ est présenté comme le modèle de tous ceux qui souffrent, les esclaves et les autres. Pour J. Schlosser 16 c est un élément de la formule kérygmatique qui est orchestré en 1 P 2,21. Cet hymne porte sur la Passion et est le seul qui contient l idée d expiation. Le code domestique du chapitre 3 fait appel de nouveau à des motifs christologiques. Après avoir énoncé la béatitude pour ceux qui souffrent pour la justice l auteur demande aux chrétiens de confesser la seigneurie du Christ. La sanctification du Christ par le témoignage vécu est exprimé en référence à la conscience. Mieux vaut souffrir en faisant le bien qu en faisant le mal. Le chrétien opprimé doit considérer sa situation à la lumière de la fin et de son imminence (4,7). Dans les vv qui prennent appui sur la citation du Ps 34 l auteur établit le privilège paradoxal des persécutés pour la justice et leur demande une piété courageuse acceptant le risque de s exposer aux questions du monde païen. Suit immédiatement une section christologique qui attire l attention sur les souffrances expiatoires du Christ. Il est possible que Pierre se soit servi d un texte préexistant 17. Cullmann y voit l indice de l existence d un credo comme contenu de la catéchèse pré-baptismale 18. La structure de ce passage selon Goppelt 19 serait basée sur l emploi du kai. Un triple rayonnement des conséquences de la Passion du Christ serait mentionné: l accès permanent à Dieu (v. 18); l oeuvre de salut pour les esprits en prison (vv ) et le salut des hommes à l abri du jugement (vv. 20b-21). Il faut noter également l opposition du pote (v. 19a) et du nun (v. 20a). Au v. 18 Pierre rappelle que le Christ a souffert pour les péchés une fois pour toutes. De nouveau on peut préférer la leçon epathen à apethanen. La Passion 15. T.P. Osborne, Christian Suffering in the First Epistle of Peter, Leuven Schlosser, «Ancien Testament et Christologie», R. Bultmann, «Bekenntnis und Liedfragmente im ersten Petrusbrief», in Coniectanea neotestamentica, 1947, O. Cullmann, Les premières confessions de foi chrétiennes, Paris Goppelt, Der erste Petrusbrief, 240.

13 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 271 a une portée sacrificielle (Lev 5,6) et une valeur de substitution. L expression «juste pour les injustes» est une allusion à Is 53, P emploie 12 fois le verbe paschein sur 30 emplois dans tout le Nouveau Testament. La conséquence de cette dimension sacrificielle est l accès à Dieu en vertu de la réconciliation. La fin du verset s intéresse de nouveau au Christ: Mis à mort dans la chair, vivifié quant à l esprit. L opposition exprimée ici est un rappel de la mort et de la résurrection. Le verbe prosagô se rattache à l alliance en Ex 19,4. Le verbe zôopoieô se rapproche du verbe egeirô en 2 Co 1,9 et Rm 4,17; 8,11; Jn 5,21. Sarx et pneuma désignent ici deux modes d existence, l existence terrestre et l existence céleste. Pneuma pourrait faire allusion cependant à l Esprit qui a ressuscité Jésus d entre les morts (1 Co 15,45; 2 Co 3,6 et He 9,14). L Esprit qui a poussé Jésus à réaliser l action sacerdotale suprême est l Esprit de la nouvelle Alliance (2 Co 3,6). La prédication du Christ aux esprits en prison a fait l objet de monographies importantes 20. Impossible de reprendre ici toutes les conclusions. Le fil conducteur de toute la section qui va de 3,12 à 3,22 ne souligne pas seulement la nécessité des souffrances en ce monde sur les traces du Christ, mais aussi le privilège actuel du chrétien qui par son baptême a reçu le salut, préfiguré dans l arche de Noé. Les esprits en prison ont été identifiés avec les anges déchus par certains 21. Comme Hénoch leur avait prêché (1 Hen 21,10) Jésus ferait la même chose. Cependant Hénoch avait annoncé aux esprits l impossibilité de trouver la paix. 1 P proclame par contre un message de salut. L interprétation qui voit dans les esprits les hommes rebelles de la génération de Noé est plus logique. Pierre remonte au premier acte de salut enregistré dans la Bible pour souligner avec plus de force le salut définitif et irrévocable apporté par Jésus. La Mishna Sanhedrin 10,3 avait affirmé que ni les gens de la génération du déluge ni les gens de la génération du désert 20. Shimada, «The christological credal Formula in 1Peter 3,18-22 reconsidered», AnJapB 5 (1979) ; M.L. Volpi, Battesimo e Diluvio (Ricerca su 1 Pt 3,20b-21 nel contesto di 3,18-21), Rome 1988; M.-E. Boismard, Quatre hymnes baptismales dans la première épître de Pierre, Paris 1961, y voit un credo baptismal auquel il ajoute 1P 4,6 et 1,20; C.H. Hunziger, «Zur Struktur der Christushymnen Phil 2 und 1 Petr 3», in E. Lohse (ed.), Der Ruf Jessu und die Antwort der Gemeinde, Göttingen 1970, ; B. Reicke, Disobedient Spirits and Christian Baptism. A Study of 1 Peter III,19 and its context, Copenhagen Pneuma est employé pour les âmes des défunts en Lc 24,37.39; He 12,23. La génération du déluge est présentée comme emprisonnée dans les textes de 2 Clém 6,8; Hermas, Le Pasteur 1,1,8; 9,28,7. Augustin reprendra cette interprétation en Epistulae 164,14-17 (PL 33).

14 272 F. MANNS n auraient part au monde futur, car ils n auront ni jugement ni esprit. Pour 1 P même les pécheurs du passé auront droit au salut. La nouvelle vie inaugurée par l Esprit du Christ transcende l histoire et est annoncée à ceux qui se sont éloignés de Dieu (3,19). W.J. Dalton 22 reprend l hypothèse d une hymne qui traite de l histoire du salut et qui se distingue par son unité interne. En 4,1-2 Pierre orchestre à nouveau le thème de la souffrance du Christ et la met en rapport avec celle des chrétiens: Puisque le Christ a souffert, vous aussi armez-vous de la même perception. En 3,18 la même expression avait été employée déjà. Sarx souligne la dimension humaine de la Passion. L invitation adressée aux chrétiens est celle d accepter les souffrances comme conformation à Jésus-Christ et dans le même esprit que lui et en acceptant la perception que le Christ en avait. La finalité de sa mort sacrificielle est soulignée en 2,24 («afin que nous vivions pour la justice») et en 3,18 («afin de vous amener à Dieu»). Cette conception d une mort productrice d une vie authentique est reprise au v. 2: une finalité est donnée à la souffrance. Elle est une vie selon la volonté de Dieu. La mort humaine est présentée comme pourvoyeuse de vie, comme passage à une vie supérieure. Le chrétien est invité à un combat incessant contre les moeurs païennes qui le guettent. Une coupure avec l empire du péché s avère nécessaire. «Celui qui a souffert dans sa chair a rompu avec le péché». S agit-il du Christ qui en a fini avec le péché ou du chrétien? Il faut préférer la seconde solution. Le Christ est mort en son humanité. Le croyant est mort lui aussi au cours de son existence d homme. De la mort jaillit la vie véritable. 2,24 l affirme: «Afin que morts aux péchés vous viviez pour la justice». Pour le croyant cette mort demeure une vérité de foi: il doit s armer de cette certitude. L union du croyant au Christ embrasse sa mort et sa résurrection. Au plan de l existence visible les croyants sont des perdants. Mais sur le plan du permanent et du lumineux ils sont appelés à partager la victoire du Seigneur sur la mort. Le thème des souffrances pour la foi est repris enfin en 4, L irruption d une situation nouvelle amène Pierre à y revenir. Il lui paraît nécessaire d insister sur le caractère spécifiquement chrétien des souffrances et il veut rappeler l importance décisive de cette dernière pour le peuple de Dieu. Dans la série des impératifs qui constituent cette exhortation on distingue trois temps la souffrance pour le Christ est un sujet de joie (vv. 22. W.J. Dalton, Christ's Proclamation to the Spirits. A Study of 1 Peter 3:18-4:6, Rome 1965.

15 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE ); le jugement sur l Eglise et le monde (vv ) et l attitude chrétienne fondamentale (v. 19). Nous ne nous attarderons qu au premier thème. Pierre rappelle que la fournaise éprouve et le but de l épreuve est de purifier la foi (1,7). L impératif présent suggère que même au sein d une persécution le chrétien doit se réjouir. La joie doit être la note dominante d une vie porteuse d une espérance vivante. L expression katho koinôneite («selon que vous participez») exprime non pas une éventualité, mais un fondement réel. Puisque les chrétiens participent effectivement à la souffrance, ils sont invités à saisir leur privilège: la joie. La joie est directement rattachée à la participation aux souffrances du Christ. Se réjouir en de pareilles circonstances à partir de l association au Christ, c est préparer le second moment de la joie: l exultation qui porte le sceau définitif au jour de la révélation de la gloire. La joie présente transfigure le temps qui reste à vivre dans la chair. Elle se fonde sur le passé et sur l avenir, sur le souffrances du Christ et sur sa glorification. Au v. 14 on retrouve le macarisme qui renvoie à la béatitude des persécutés en Mt 5,11 et Lc 6,22. La formule «au nom du Christ» rappelle le «en mon nom» de Mt 5,11 et 10,22. C est en raison du nom porté par les chrétiens qu ils sont persécutés. Le nom suffit à provoquer l outrage. Pour le croyant l attachement au Christ en est la cause profonde. La macarisme exprimé également en 3,14 signale une bénédiction déjà accordée. Cette situation ne dépend pas du sentiment de bonheur. Pierre donne un fondement à son affirmation: l Esprit de la gloire repose sur eux. Cela ne veut pas dire que l Esprit n est donné que dans les situations de persécution (cf. Mt 10,19), car l Esprit demeure sur le peuple eschatologique (2,5). Le verbe anapauetai au présent peut exprimer une présence continue de l Esprit. Le don de l Esprit par les prophètes rappelle que celui-ci peut établir son habitation en eux (Is 11,1; Nb 11,25). Par ailleurs la nuée de gloire (Ex 40,36) marquait elle aussi la proximité de Dieu. Elle était signe d alliance et sera assimilée par les pères à l Esprit. Les outrages subis au nom de Jésus définissent un privilège authentique, l appartenance au peuple de Dieu qui marche vers le temps de l accomplissement et que la gloire accompagne dans le ministère de l Esprit. L Eglise est le lieu de la présence de l Esprit. Les persécutions deviennent sujet de reconnaissance puisqu elles désignent les Eglises comme peuple de Dieu. Sa gloire repose sur elles, comme la nuée reposait sur la tente du désert. Le nom du Christ qui provoque hostilité devient occasion de glorifier Dieu: le monde peut reconnaître le chré-

16 274 F. MANNS tien et celui-ci voit dans l opposition qu il rencontre une confirmation de son propre statut. En 4,13 Pierre parle de la communion aux souffrances du Christ. L expression ne signifie pas seulement que les souffrances endurées ressemblent à celles vécues par le Christ. La communion déborde l idée de conformation au Christ dans le type de souffrance subie ou de celle d imitation qui fait l objet de 1 P 2, Il ne s agit pas non plus d une immersion mystique dans la Passion du Christ. La communion signifie que les croyants font l expérience des souffrances du Christ, qu ils les vivent dans la persécution pour son nom. La Passion se prolonge en quelque sorte dans ce type d épreuves. Cette communion s étend également à toute la fraternité dans le monde. Pierre ne conçoit pas l existence chrétienne en dehors de la souffrance. Enfin en 5,1 Pierre dans le cadre d un code domestique se définit coancien et témoin des souffrances du Christ et qui doit participer à la gloire qui doit se révéler. On sait qu au moment de la Passion Pierre était absent. L expression martus doit être entendue au sens de témoin oral de la vie et de l oeuvre du Christ. Il n est pas spectateur du supplice de la croix, mais initié à l humanité douloureuse de ce Jésus qui est le Messie d Israël. Nous retrouvons ici le couple antithétique participation à la souffrance-participation à la gloire qui structure la parénèse depuis 3,18. La participation à la gloire qui va éclater lors de la parousie appelée plutôt révélation dans l épître (1,7) est actuelle et durable. La pensée rejoint celle de Col 1,24. Unis dans les souffrances, les chrétiens le seront aussi dans la révélation de la gloire. Le peuple de Dieu s intègre au destin de son Seigneur. La communion a encore une autre dimension: elle s étend à toute la fraternité dans le monde (1 P 5,9). Les mêmes souffrances sont réservées à la totalité des frères. La joie jaillira en deux temps: tout d abord dans la souffrance actuelle: cette joie présente assurera ensuite un débordement d allégresse au dernier jour, «lors de la révélation de la gloire». Les persécutions deviennent occasion de rencontrer Dieu. L insécurité sociale des premières communautés pouvait conduire les chrétiens à de dangereux procès. Les réactions agressives de la population pouvaient être interprétées de différentes manières. Du point de vue eschatologique la haine du monde confirme la communauté dans sa foi d être la maison de Dieu sur terre (1 P 4,17-19). Du point de vue christologique, la souffrance des chrétiens est une participation à la destinée de leur Seigneur qui ne pouvait pas être accueilli par le monde parce qu il ne lui appartenait pas (1 P 2,21-25). Du point de vue parénétique les chrétiens doivent se comporter de manière irréprochable. Les injustices qu ils supportent sont

17 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 275 un témoignage à la gloire de Dieu (1 P 2,11-12). C est pourquoi ils doivent être prêts à rendre compte de l espérance qui est en eux (1 P 3,15). Le rapport aux persécutions se modifie dans la mesure où le martyre prend une signification théologique. Les croyants n ont pas en eux la vie que le Père donne par le Fils s ils ne sont pas prêts à mourir librement pour avoir part à sa passion. 1.4 L origine du thème Nous voudrions maintenant faire un pas de plus et déterminer l origine du thème de la joie dans la souffrance. Souffrances et joie dans la Bible et le judaïsme Dans l Ancien Testament souffrances et joie future avaient été depuis longtemps associées. Des promesses faites par les prophètes avaient pour but de relever le courage des exilés: aux épreuves succéderont les interventions salvifiques de Dieu. Isaïe, reprenant la terminologie de l exode, annonce que Dieu va consoler son peuple après ses souffrances. Il suffit de relire Is 40,1-11 et 52,7-12. Dans les grandes visions de restauration Dieu est celui qui essuie les larmes des visages (Is 25,6-12). La joie eschatologique est promise à ceux qui ont souffert l exil (Is 51,11; 61,7; 35,10). La même conviction est reprise pour le juste qui a connu la souffrance: «Je serai dans l allégresse» (Ps 31,8; cf. Ps 30,5). Le juste persécuté par excellence est le Serviteur souffrant qui après avoir été abaissé sera exalté (Is 53,11). Le livre de la Sag 3,4-6 relit ce texte en l appliquant au juste. Celui qui accepte la souffrance recevra une grande récompense. La séquence souffrances et joie attendue constitue un élément du message biblique. Au deuxième siècle avant J.-C. lorsque le judaïsme affronte l hellénisme une nouvelle réflexion sur la souffrance et sur le martyre voit le jour. Une place importante est faite à la joie. La souffrance acquiert une valeur positive comme indispensable mise à l épreuve de la fidélité à l alliance et comme purification de l homme en vue d un progrès spirituel. A ce titre elle peut être vécue avec persévérance, mais aussi avec le sentiment d un privilège: «Rendons plutôt grâces au Seigneur qui nous met à l épreuve, tout comme nos pères» (Judt 8,25). 2 Mac 6,12-17 et 4 Mac 9,29-32 affirment la valeur purificatrice de la souffrance. La souffrance

18 276 F. MANNS du juste est un exemple de foi et elle expie pour le peuple (2 Mac 6,28; 4 Mac 6,27-29; 17,21-22). Le Testament de Joseph 1 applique le schéma abaissement-exaltation au Patriarche. Souffrance et joie font partie d une seule et même dialectique. L apocalyptique L apocalyptique radicalise ce thème: aux calamités décrites comme les souffrances de l enfantement succèderont les splendeurs et la félicité d un monde nouveau. Suivre Dieu c est s engager à souffrir (2 Esd 13,16-19; 2 Ba 25; Jub 23,13-15). Mais le juste est appelé à se réjouir car ses souffrances sont pour Dieu (2 Mac 6,28-30; 4 Mac 7,22; 9,29; 11,12; Judt 8,25-27). Elles seront suivies de récompenses (Dan 7,21-23; 12,1-3; Joël 2; 2 Esd 6,18-25; 2 Ba 48,49-50; Tob 13,14; Sag 3,4-6). A Qumran le sentiment d appartenir à la génération de la fin conduit les sectaires à voir dans la souffrance un signe de miséricorde et de salut 23. Dans les Hymnes du maître de justice on trouve cette profession: «Dans les coups qui me frappent, je me suis complu... tu n as pas repoussé mon bonheur et tu n as pas déserté mon espérance» (1QH 9,10-12). «Et mon châtiment est devenu pour moi une joie et une allégresse et les coups qui me frappaient une guérison éternelle et un bonheur sans fin» (1QH 9,24-25). La joie est impliquée dans la souffrance car le juste affirme sa confiance en la miséricorde de Dieu. La souffrance est considérée comme une grâce (1QH 2,23). Comme l argent est raffiné dans le creuset des orfèvres Dieu purifie les siens. Le thème revient dans les Hymnes de Qumran où l imminence de la fin est ressentie. Selon CD 13,9 le Mebaqer de la communauté de Qumran doit être compatissant et ramener tous les égarés comme un berger son troupeau. Goppelt 24 rapproche 1 P 1,2 de la Règle de la communauté de Qumran 3,6-8: «C est par l Esprit Saint de la communauté, dans sa vérité, qu il sera purifié de toutes ses iniquités Et c est par l humilité de son âme à l égard de tous les préceptes de Dieu que sera purifiée sa chair, quand on l aspergera avec l eau lustrale et qu il se sanctifiera dans l eau courante». L association obéissance-purification-sanctification dans un 23. J. Carmignac, «La théologie de la souffrance dans les hymnes de Qumran», RQ 3 ( ) Goppelt, Der erste Petrusbrief.

19 SOUFFRANCES ET JOIE DANS LA PREMIÈRE LETTRE DE PIERRE 277 contexte d alliance est connue. A Qumran cette association prend place dans le cadre du bain d accès à la communauté. La formule d introduction de la lettre se rapporterait ainsi à l acte du baptême dont il est fait mention en 3,21. Nous avons ici une formulation kérygmatique de ce qui se produit dans le baptême. Selwyn est convaincu que le paradoxe souffrances-joie s explique par le milieu apocalyptique de la lettre 25. Le thème des douleurs de l enfantement d un âge nouveau est connu en Ez 38,39; Ag 2,6-7; Za 11,12; en Jub 23 et 2 Ba On ne peut douter de l importance que 1 P donne au thème de la révélation définitive. Est-ce l anticipation du jugement qui amène les chrétiens à se réjouir ou bien est-ce un autre motif? Rappelons pour le moment que le thème de la joie dans la souffrance parcourt tout le Nouveau Testament 26. La littérature sapientielle connaît également le thème de la persécution du juste, nous l avons vu. Plusieurs passages du livre de la sagesse sont repris en 1 P. Le juste est purifié comme l or au creuset (1 P 1,7). Cette image vient de Sag 3,6. Il aura un héritage exempt de corruption, de souillure et de flétrissure. Ces attributs sont ceux de la sagesse 27. Le jour de la visite de Dieu (1 P 2,12; Sir 2,14) remettra tout en ordre. C est pourquoi le chrétien doit être soumis à toute institution humaine: il doit honorer tout le monde, aimer la fraternité, craindre Dieu et honorer le roi (1 P 2,13-17). Cet ordre s inspire de Pr 24,21. 1 P 4,14 proclame la béatitude de ceux qui sont outragés pour le nom du Christ. Sir 14,20 proclamait heureux ceux qui suivent les voies de la sagesse, voies qui passent par la crainte de Dieu. De la littérature de la période des tannaim, qui prétendent prendre la succession des sages d Israël, un texte classique doit être cité. Il s agit du Midrash Sifre Dt 32: «R. Jose berabbi Jehoudit dit: Les souffrances sont aimables (hbybym) car le Nom de Dieu (maqom) repose sur celui qui est visité par les souffrances, car il est écrit: Le Seigneur ton Dieu te châtie. R. Nathan 28 berabbi Joseph dit: De même qu une alliance est faite 25. E.G. Selwyn, The first Episle of St Peter, London 1955, 130. C est aussi le point de vue de P.J. Achtemeier, 1 Peter, Minneapolis 1996, Mt 5,11; Lc 6,22-23; Ac 5,41; Rm 5,3-4; 8,18; 2 Co 4,17; 6,10; 7,4; 8,2; 1 Thes 1,6; He 10, Sag 4,2; 6,12; 18,4. La perspective de la récompense réservée aux cieux appartient aussi au judaïsme (1 Hen 48,7; 58,5; Ascension d Isaïe 8,25). 28. Dans la Mekilta c est R. Jonathan qui transmet cette tradition. Dans le Midrash Tehilim c est R. Nathan berabbi Jose.

20 278 F. MANNS avec la terre, de même une alliance est faite avec les souffrances, comme il est écrit: Le Seigneur ton Dieu te châtie. Et il est écrit: Le Seigneur ton Dieu te donne une bonne terre. Rabbi Simon ben Yochai dit: Les souffrances sont aimables, car trois dons furent donnés à Israël, dons que le monde voudrait avoir, mais c est avec des souffrances qu ils furent donnés: La Torah, la terre d Israël et le monde à venir. La Torah, car il est écrit: Pour connaître la sagesse et l enseignement (Pr 1,2). Et il est écrit: Heureux l homme que Dieu châtie et à qui il enseigne sa loi (Ps 94,12). La terre d Israël, car il est écrit: Le Seigneur te châtie, car il t introduit dans une bonne terre (Dt 8,7). Le monde à venir, car il est écrit: car le commandement est une lampe et la loi une lumière (Pr 6,23). R. Nehemiah dit: les souffrances sont chères, car comme les sacrifices sont agréés, de même les souffrances sont agréées. Pour les sacrifices il est écrit: Celle-ci sera agréée pour que l on fasse sur lui le rite d expiation (Lev 1,4). Pour les souffrances il est écrit: Ils expieront leurs péchés (Lev 26,43). Les souffrances expient plus que les sacrifices, car les sacrifices sont pris sur l argent, tandis que les souffrances sur le corps, comme il est écrit en Job 2,4: Peau pour peau. Tout ce que l homme possède, il le donne pour sauver sa vie. Quand R. Eliezer était malade, R. Tarphon, R. Joshua et R. Eleazar ben Azariah et R. Aqiba vinrent le visiter. R. Tarphon lui dit: Rabbi, tu es plus cher à Israël que le disque du soleil, car le soleil éclaire ce monde, mais toi tu as éclairé ce monde et le monde à venir. R. Joshua dit: Rabbi tu es plus cher à Israël que le don de la pluie, car la pluie donne la vie à ce monde, mais toi tu as donné la vie en ce monde et dans l autre. R. Eleazar ben Azariah lui dit: Rabbi tu es plus cher à Israël que le père et la mère, car le père et la mère engendrent pour ce monde, mais toi tu as engendré dans ce monde et dans l autre. R. Aqiba lui dit: Les souf frances sont aimables. R. Eleazar dit à ses élèves: Faitesmoi confiance. Il s assit et dit à R. Aqiba: Parle. Aqiba dit: Ce sont des textes bibliques que j interprète. 2 R 21,1-2: «Manassé avait douze ans quand il devint roi et pendant vingt cinq ans il régna sur Jérusalem. Il fit le mal aux yeux de Dieu». Un autre texte: «Proverbes de Salomon recopiés par les gens d Ezéchias, roi de Juda» (Pr 25,1). Est-il possible que le roi Ezéchias ait enseigné la Torah à l humanité entière et ne l ait pas enseigné à son fils Manassé? Mais c est malgré toute la peine qu il s est donnée et tout l effort qu il lui a consacré, qu il n a pas réussi à l élever au bien. Seules les souffrances l ont ramené sur le droit chemin, comme il est écrit: Dieu parla à Manassé et à son peuple, mais ils ne l écoutèrent pas. Et Dieu suscita contre eux les chefs de l armée du roi d Assyrie et ils se saisirent de Manassé qu ils mirent aux fers. Ils le liè-

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