Chapitre VII De la guerre aux débuts de la prospérité ( )

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1 Chapitre VII De la guerre aux débuts de la prospérité ( ) INTRODUCTION La période allant de 1914 à 1924 est caractérisée par deux points La guerre elle-même, La difficile recherche d un équilibre de paix. Le cadre est la guerre totale. À l origine, ce concept de «guerre totale» forgé au XIX e siècle par l Allemand Clausewitz signifie que le conflit fait appel à l ensemble des ressources économiques du pays. Pour la Première Guerre mondiale, ce concept est bien plus large : Mobilisation militaire, Mobilisation économique qui inclut toutes les activités, Mobilisation des «esprits» qui a différents aspects : Le «bourrage de crânes» (la propagande), La mobilisation culturelle, La mobilisation au quotidien, D où la notion de «front intérieur». Cette mobilisation totale de l ensemble de la société est sous-tendue par l idée que l enjeu de la guerre est la survie de la Nation elle-même. Cette idée explique par ailleurs l un des facteurs qui ont fait que les sociétés ont tenu aussi longtemps pendant cette guerre : le consentement des populations à la guerre, le sentiment qu avaient les soldats qu il fallait défendre leur famille contre des «barbares». Dans ce cadre, les relations internationales deviennent particulièrement importante : les pays belligérants doivent convaincre de nouveaux alliés d entrer en guerre d une part et, d autre part, préparer la paix, c est-à-dire définir des buts de guerre

2 I. LES RELATIONS INTERNATIONALES PENDANT LA GRANDE GUERRE 1. Jusqu en Les entrées en guerre Les Puissances centrales Allemagne, Autriche-Hongrie convainquent l Empire Ottoman au début du conflit d entrer en guerre le 1 er novembre 1914 : l Empire Otoman veut profiter de la guerre pour affaiblir la Russie et, ainsi, protéger les Détroits. Autre pays qui entre en guerre aux côtés des Puissances centrales : la Bulgarie. Elle entre en guerre en 1915, quand la Russie connaît un fort recul militaire. Son but est, comme l Autriche- Hongrie, de vaincre la Serbie. Le roi de Bulgarie, appelé «tsar», est de plus d origine allemande. Les Alliés Ils ont gagné le petit jeu des entrées en guerre. L Italie : la Triplice est défensive, et Rome n entre pas en guerre. Très divisée, entre neutralistes et bellicistes (extrême-droit et une partie des syndicats : Mussolini). Les Alliés vont gagner l Italie à eux, en promettant à Londres de grandes concessions territoriales contre l Autriche-Hongrie, le littoral dalmate (Croatie), empire Ottoman. Texte flou, obère la paix future. Mais l Italie entre en guerre le 23 mai La Grèce : très divisée : un roi qui est pro-allemand, un homme politique, Venizellos, qui veut profiter de la guerre pour gagner des territoires contre la Turquie. Elle entre en guerre en octobre La Roumanie : veut récupérer la Transylvanie (hongroise). Entre en guerre en 1916, à l occasion d une offensive russe contre l Autriche-Hongrie. Surtout, les Alliés obtiennent l entre en guerre des États-Unis. 2. Les buts de guerre Partie très importante de la guerre, car conditionne la paix future. Dans la détermination de ces buts de guerre, les aspects économiques et territoriaux sont les plus importants. Du côté des Alliés, ils impliquent un démantèlement de l Autriche-Hongrie et un très fort affaiblissement de la Pologne. Pour le Royaume-Uni, il s agit également de réduire à néant la flotte militaire allemande est un tournant à divers titre : c est l entrée en guerre des États-Unis, la crise morale qui touche les pays belligérants, et la révolution russe

3 L entrée en guerre des États-Unis Pays divisé, car plus proche des Démocraties française et anglaise, pour des raisons idéologiques. Mais l implication au côté des Démocraties de la Russie autocratique pose problème d une part et d autre part il existe une forte immigration allemande : l opinion publique est ainsi divisée à cause de la doctrine Monroë. Les USA sont neutres jusqu en 1917, puis s engagent. Pourquoi? La guerre sous-marine à outrance (31 janvier 1917) : l Allemagne veut couper l approvisionnement de la Grande-Bretagne et empêcher les États-Unis de ravitailler les Démocraties et de leur fournir des prêts. Le télégramme Zimmermann : l Allemagne propose au Mexique d entrer en guerre contre les États-Unis pour récupérer des territoires perdus au XIX e siècle. Le fort soutien financier des États-Unis aux Alliés, Les États-Unis entrent en guerre avec des buts qui sont cependant très différents des Alliés : 14 points du 8 janvier 1918 : réduction des armements, Société des Nations, liberté des mers, fin de la diplomatie secrète Cette entrée en guerre est, militairement, l une des trois raisons de la victoire alliée (troupes fraîches) avec la mise au point du Char de Renault et la maîtrise des airs. La crise morale Mutineries en France, opposition politique à la guerre (sociaux-démocrates et catholiques) au printemps 1917 en Allemagne. Surtout Russie. Tournant de la guerre. La Révolution russe se fait en deux temps : révolution de février-mars 1917 : mise en place d un gouvernement modéré, qui veut poursuivre la guerre. Remplacé en octobre-novembre 1917 par le pouvoir bolchevik de Kénine. Deux conséquences : les traités secrets sont publiés, la guerre à l Est s arrête, puisque la Russie bolchevique sort de la guerre. Les bolcheviks inaugurent une nouvelle diplomatie qui imbrique diplomatie traditionnelle, d État à État, et des adresses directes aux peuples du monde, appelant en règle général au soulèvement. (24-25 octobre, 6-7 novembre). Les USA essayent d imposer aux Alliés leurs buts de guerre et essayent également de répondre à cette nouvelle diplomatie bolchevique : les 14 points ont aussi pour ambition de créer un espoir dont le but est de contrecarrer celui qui est créé par la Révolution bolchevique. 3. Fin de la guerre Au printemps 1918, dernière offensive de l Allemagne. Arrêtée par les Français sur la Marne (2e bataille de la Marne). À partir de ce moment-là, arrivée massive des soldats américains, la supériorité aérienne et les chars, ainsi que l essoufflement économique du Reich sous embargo finissent par faire pencher la victoire du côté des Alliés : à l été 1918, le front est percé par les

4 Alliés, la situation devient intenable pour l Autriche-Hongrie et l Allemagne en octobre L armistice est demandé et signé par l AH, puis par l Allemagne le 11 novembre Parallèlement, la révolution s étend : en Allemagne, l empereur Guillaume II doit abdiquer et est remplacé par un régime démocratique, la République de Weimar. L Autriche-Hongrie, sous le coup de différents mouvements révolutionnaires, se disloque. II. LA PAIX EST-ELLE INTROUVABLE? Bilan humain : 8 millions de morts, 6 millions d invalides. Un déficit des naissances énorme en Europe. Des destructions matérielles importantes. Des sociétés qui sont devenues beaucoup plus violentes sous l effet de la guerre. Des pays qui ne croient pas à leur défaite, particulièrement l Allemagne et qui attribuent la défaite à un «coup de couteau dans le dos», c est-à-dire à une supposé «ennemi intérieur» vite assimilé aux juifs en Allemagne. Des puissances victorieuses qui sont très affaiblies. La fin de la domination européenne sur le monde : le Japon devient une Puissance à part entière, les États-Unis, devenus première puissance économique mondiale à la veille de la guerre, sont désormais appelés à jouer un très grand rôle en tant qu exportateurs de capitaux et acteur des relations internationales. Les colonies, tout au long de l entre-deux-guerres et, surtout, après la Seconde Guerre mondiale, sont le cadre de demandes de plus en plus importantes d indépendance. 1. Les traités de paix Il y a plusieurs traités de paix (traités d Île de France). Le plus important est celui signé avec l Allemagne (traité de Versailles), imposé à l Allemagne en juin Ces traités sont le fruit du travail de la conférence de Paris, qui réunit les États vainqueurs. Mais les traités sont d abord le fruit des négociations entre trois hommes : le Français Georges Clemenceau, ligne dure, l Anglais Lloyd George, ligne craignant une hégémonie de la France en Europe, et l Américain Woodroow Wilson. Ce dernier impose la création d un organisme nouveau : la SDN. Clemenceau est modéré par les deux autres hommes, mais n empêche pas un traité dont les conditions sont dures : L Allemagne perd des territoires à l Est, où la Pologne est recréée. La Prusse orientale est séparée du reste du Reich. À l Ouest, l Alsace-Lorraine revient à la France, deux cantons sont rattachés à la Belgique, ainsi qu un petit territoire au Danemark. La Sarre est sous mandat de la SDN, La rive droite du Rhin est occupée, Les conditions les plus dures sont les conditions économiques : peu de destructions en Allemagne, il y a donc mise en place des réparations : 132 milliards de marks-or,

5 L Allemagne perd ses colonies, au profit de la France, de l Angleterre, du Japon et de la Belgique. Ailleurs : Autriche-Hongrie cesse d exister. Sont créés de nouveaux États : Tchécoslovaquie, Autriche, Hongrie, Yougoslavie. Italie ne gagne pas autant de territoires que les T secrets ne lui en promettaient : se sent trahie. À l Est, création de la Pologne, des États Baltes, de l Ukraine. Roumanie s agrandit, Bulgarie diminue. Empire Ottoman cesse d exister : Turquie actuelle : devait être en grande partie colonisée, mais Atatürk impose la mise en place de la Turquie actuelle. Liban, Syrie, Palestine sont réparties entre Français et Anglais. En Russie, qui perd énormément de territoire, les Bolcheviks conservent le pouvoir aux prix de grandes pertes territoriales. La guerre s y poursuit jusqu en 1922 : guerre civile avec financements extérieurs. Ces traités de paix provoquent en Europe une très grande instabilité jusqu en La France, grande bénéficiaire de ces traités tente d imposer une hégémonie sur le continent par le biais d un encerclement de l Allemagne : elle s allie à la Tch, la Roumanie, la Pologne, la Yougoslavie qui forment ce que l on appelle les alliances de revers. Cela provoque la «Guerre froide franco-allemande» : l Allemagne, dont le régime républicain est instable, refuse ou est incapable de payer les réparations. En 1923, la France décide alors d occuper la Rhur, pour utiliser l industrie allemande comme «gage» des réparations impayées et éventuellement détacher une partie de l Allemagne du reste de l Allemagne. Cela amplifie une crise économique et monétaire exceptionnelle en Allemagne : Le mark s écroule. En octobre 1924, il faut 40 milliards de marks pour acheter un dollar, contre 4 un an plus tôt. Deux tentatives de putsch profitent de la faiblesse républicaine Cadre de violences politiques nombreuses (Walter Rathenau est assassiné en 1922), Le putsch de la Brasserie à Munich le 8 novembre 1923 (coup Kapp en 1920), Ces tentatives de putsch échouent : Tentatives communistes de prises du pouvoir

6 Grève fait échouer la tentative de Hitler, Les communistes étaient mal préparés et réprimés par l armée. Cette crise va être résolue par deux facteurs : L intervention des États-Unis dans le jeu diplomatique européen, sur demande des Britanniques, qui n ont pu imposer une tentative économique et acceptation des Français de cette intervention. Le fait que l Allemagne mette fin, avec l aide de capitaux britanniques, à l hyperinflation, grâce à la collaboration de la Reichsbank et de la Banque d Angleterre à partir de novembre Stabilisation est terminée à l été Intervention américaine se fait par la mise en place d un Comité, le Comité Dawes. Comité de techniciens issus des pays vainqueurs de la guerre et qui bénéficient des Réparations ou de créances allemandes. Ce Comité se réunit au début de l année Il propose le plan suivant, pour cinq ans : Échelonnement du paiement des Réparations, Les paiements allemands sont garanties par une hypothèque sur le réseau ferré allemand et l industrie allemande, Leur paiement est géré par un Agent des Réparations, à Berlin, La Reichsbank est indépendante du gouvernement, Les paiements de 2,5 milliards de RM par an peuvent se faire en grande partie en nature, Un emprunt de 800 millions de RM est fourni à l Allemagne. La Ruhr est évacuée. Ce plan remet temporairement à flot l économie allemande et européenne. Il permet la mise en place d un système financier triangulaire : l Allemagne paye ses réparations, les États qui les reçoivent (Angleterre, Belgique, France) peuvent avec cet argent rembourser les énormes sommes qu ils doivent aux États-Unis, ces derniers investissent en Europe et principalement en Allemagne, ce qui permet d assurer une activité économique forte, nécessaire pour assurer le paiement des Réparations. C est ce qu on appelle la «diplomatie du dollar». Le plan Dawes permet l ouverture d une période dite de «prospérité», qui va de 1924 à 1929, et qui est marquée diplomatiquement par un rapprochement franco-allemand