«Le médecin profitera de sa connaissance du monde humain en toutes sortes de circonstances». Tzvetan TODOROV
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- Laurence Meloche
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1 «Le médecin profitera de sa connaissance du monde humain en toutes sortes de circonstances». Tzvetan TODOROV
2 Caramba, qu est-ce qui m attend?!
3 Quelques questions en guise de bienvenue Médecin / vétérinaire? La médecine est-elle: Une science? Humaine? Sociale? Quelle est la finalité des sciences en médecine? Usage que la médecine fait des sciences n a pas un but uniquement scientifique. Soulager et porter secours à des personnes!
4 Médecine et sciences humaines «Le médecin n est point le médecin des êtres vivants en général, pas même le médecin du genre humain, mais bien le médecin de l individu humain». Claude BERNARD, Introduction à l étude de la médecine expérimentale (1865). Les sciences humaines (philosophie, histoire, droit, sociologie, psychologie, anthropologie ) éclairent la médecine comme relation entre des personnes.
5 Petite bibliographie Médecine et sciences humaines. Manuel pour les études médicales, dir. J.-M. Mouillie, Les Belles Lettres, L éthique médicale et la bioéthique, D.Sicard, QSJ? n 2422, PUF, Dictionnaire de la pensée médicale, dir. D.Lecourt, PUF, Dictionnaire d éthique et de philosophie morale, dir. M.Canto-Sperber, PUF, 4ème éd., 2006.
6 S C I E N C E S H U M A I N E S E T S O C I A L E S 2013 Agata ZIELINSKI HISTOIRE et PHILOSOPHIE des SCIENCES
7 Histoire et philosophie des sciences Quel est le présupposé de cet intitulé? Dans quelle mesure la médecine est-elle une science? Pour répondre, nous demander d abord ce qu est une science: quel est le statut de la connaissance scientifique? Réflexion épistémologique.
8 Démarches scientifiques Sciences exactes. Mettre à jour les lois de la Nature, relations constantes et uniformes entre des phénomènes (objectivité). Expliquer: rechercher les causes. Modèle mathématique. Sciences humaines. Connaissance de la réalité humaine (part de subjectivité). Comprendre: rechercher ce qui donne sens à un phénomène ou un comportement: raisons, motifs
9 Science et connaissance But de la démarche scientifique: établir des connaissances. Définition : une connaissance est la formulation d un énoncé adéquat à la réalité, qui se veut universellement valable.
10 Qu est-ce que connaître? Aristote Connaissance théorique. Connaissance de ce qui ne change pas, des invariants: lois de la Nature. Savoir ou science (epistémè). Connaissance pratique. Connaissance du contingent, du particulier. Savoir-faire: art ou technique (technè) Éthique :délibérer et choisir ce qui est jugé bon dans une situation Où situer la médecine?
11 Qu est-ce que connaître? Connaissance empirique: à partir de l expérience, càd de nos sens. Mais les sens sont ne sont pas fiables. Platon. Ce qui s offre à nos sens est changeant (opinions approximatives). La réalité immuable s offre à la pensée. Descartes. Nos sens ne sont pas source de certitude (le bâton dans l eau paraît brisé). Seule la pensée peut atteindre une connaissance véritable, ie certaine.
12 Qu est-ce que connaître? A la question Suffit-il de voir pour savoir? Il faudrait donc répondre: Non. Pour connaître, les sens ne suffisent pas. Seule la raison peut constituer la réalité du monde. Le raisonnement scientifique doit s appuyer à la fois sur la raison et sur l expérience.
13 Les connaissances sont construites Notre rapport à la réalité n est pas direct, il est construit. Galilée (naissance de la science moderne). Le monde = livre écrit en langage mathématique. Kant: «La raison doit obliger la Nature à répondre à ses questions». Nous ne connaissons pas les choses telles qu elles sont, mais telles qu elles nous apparaissent. La connaissance scientifique: n est pas une simple description de la réalité, mais une explication qui prend place dans un cadre conceptuel prédéfini.
14 L ambition de la science Débarrasser l esprit des superstitions,approximations. Cf. Auguste COMTE: le positivisme (XIX ème s.). Science synonyme de progrès. Science peut tout expliquer. Produire des connaissances vraies. Distinguer: Connaissances générales: portent sur un ensemble (observations réalisées). Connaissances universelles: portent sur la totalité des éléments d un domaine - même ceux qui n ont pas été observés - par extrapolation.
15 La méthode scientifique La méthode expérimentale ou méthode hypothético-déductive. Observation des faits. Hypothèse (interprétation provisoire des phénomènes observés) et déduction des conséquences nécessaires de cette hypothèse. Vérification par expérimentation (confrontation de l hypothèse à la réalité à travers un dispositif expérimental).
16 La méthode scientifique Claude BERNARD, Introduction à l étude de la médecine expérimentale (1865) : «Une idée anticipée ou une hypothèse est le point de départ nécessaire de tout raisonnement expérimental.( ) À la suite d une observation, une idée relative à la cause du phénomène observé se présente à l esprit; puis on fait des expériences pour la contrôler». «Toute la connaissance humaine se borne à remonter des effets observés à leur cause.» Les connaissances scientifiques reposent sur le principe de causalité: tout effet a une cause.
17 Limites et critiques de la méthode scientifique Limites du principe de causalité: Pascal:«Comme une même cause peut produire plusieurs effets différents, un même effet peut être produit par plusieurs causes différentes». (Réponse au R.P. Noël, 1647) Hume: Ce qui est considéré comme causalité peut n être que forte corrélation. «Le contraire d un fait quelconque est toujours possible Le soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n est pas moins intelligible que l affirmation : il se lèvera». (Enquête sur l entendement humain, 1748) Distinguer entre certitude et probabilité.
18 Limites et critiques de la méthode scientifique Karl POPPER ( ): critique de l induction (partir d un cas particulier pour s élever à une loi universelle). Comment conclure d une expérience particulière à la vérité d un énoncé général, qui prétend à l universalité? Ex: si j ai vu des milliers de fois des corbeaux noirs, puis-je inférer que tous les corbeaux sont noirs? Il est logiquement impossible de prouver que tous les corbeaux sont noirs, car il faudrait recenser la totalité des corbeaux. En revanche, il suffit de voir un seul corbeau blanc pour réfuter la proposition.
19 Limites et critiques de la méthode scientifique Karl POPPER (suite) La démarche scientifique consiste donc pour Popper à tester une théorie, c est-à-dire à trouver les moyens de la réfuter. Une théorie non réfutable n est pas scientifique. Une théorie non encore réfutée (qui peut toujours être démentie par les faits) est provisoirement vraie.
20 Limites et critiques de la méthode scientifique Karl POPPER (suite) Est scientifiquement valable ce qui a résisté à l épreuve, à la réfutation. Critère de validité d une science = sa «réfutabilité». Cela permet d éliminer les théories fausses, et de montrer qu une théorie est meilleure qu une autre. Distinguer validité (cohérence) et vérité (conformité à la réalité).
21 Limites et critiques de la méthode scientifique Karl POPPER (suite): «Nous devons tester les théories aussi sévèrement que nous le pouvons; c est-àdire que nous devons essayer de les mettre en défaut, de les réfuter. ( ) Si nous ne prenons pas une attitude critique, nous trouverons toujours ce que nous désirons».
22 Limites et critiques de la méthode scientifique Thomas KUHN: les paradigmes, présupposés de la démarche scientifique. Cf. La Structure des révolutions scientifiques (1969) La démarche scientifique se réfère (implicitement) à des présupposés propres à une communauté scientifique ou à une époque. Un paradigme est un modèle dominant, en fonction duquel les scientifiques vont orienter leurs recherches. Le questionnement scientifique n est donc jamais totalement neutre. Les connaissances scientifiques ne progressent pas de façon continue, mais par des «révolutions» à l occasion d un changement de modèle.
23 Le statut de la médecine Science exacte ou science humaine? Connaissances scientifiques, càd générales, nécessaires (biologie, chimie, physique ). Modèle mathématique transposable à la médecine? La place du particulier exige d adapter ces connaissances à chaque cas, c est-à-dire à chaque personne. La médecine a à faire à des situations à chaque fois uniques. La vertu requise du médecin est l attention à la singularité de la souffrance, de la personne. La relation de soin n est pas mathématisable.
24 Le statut de la médecine La médecine, science ou art, connaissance scientifique ou empirique? Science car elle requiert des connaissances exactes, qui permettent d établir un diagnostic, en fonction de cas répertoriés. Art : savoir-faire et expérience. Renvoie à la pratique clinique. Utiliser les moyens adéquats en vue du bien visé: la santé. Tient compte du contexte, des particularités de la situation.
25 Le statut de la médecine «La médecine, une technique ou un art au carrefour de plusieurs sciences». Georges CANGUILHEM Le Normal et le pathologique
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