Plan de nivellement au Nord de Strasbourg, antérieur aux transformations de la Neustadt numérisation et modélisation graphique

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1 Thierry Hatt, Catherine Xandry Membres associés de l équipe Arche 3400, UdS Avril 2014 Projet franco allemand Metacult (METissages, Architecture, CULTure) de Karlsruhe, Mayence et Strasbourg Transferts culturels dans l architecture et l urbanisme, Strasbourg, Plan de nivellement au Nord de Strasbourg, antérieur aux transformations de la Neustadt numérisation et modélisation graphique I. Les techniques des géomètres... 3 I. Arguments pour une datation... 7 II. Le bâti... 9 III. Occupation du sol IV. Démonstration du remblaiement du Quartier des Quinze I. Conclusion

2 Figure 1, source des données, le plan ancien géorectifié, géoréférencé, parties utiles découpées, plaqué sur le plan relief de 1863 en fond 2

3 Ce travail s inscrit dans l élaboration continue depuis 2002 d un système d information géographique de Strasbourg 1. Après l étude du modèle numérique de terrain lidar de la Communauté urbaine de Strasbourg de janvier , l étude du nivellement des fortifications de la Ville en , celle du dérasement des fortifications en , nous étudions un plan 5 découvert aux Archives de la Ville et de la Communauté Urbaine de Strasbourg par Catherine Xandry. Nous l appellerons «Plan Ancien» (PA). Ce plan décrit par arpentage et nivellement un paysage parcellaire au Nord de Strasbourg, entre le parc de Contades à l Ouest et la rue du Général Conrad à l Est. La partie sud, terrain militaire, n est pas relevée, la limite nord est située sur le canal de la Marne au Rhin. Le plan est très abîmé aux pliures et il a été réparé maladroitement, un papier collant non transparent sur la face avant masque une partie de l information. Les procédures utilisées pour cette étude sont les mêmes que pour celle des plans de dérasement de 1919, géorectification et géoréférencement sur la base du cadastre «licence libre» au 1/2000 de la CUS :, numérisation des 700 cotes d altitude (Figure 1), construction de la modélisation 3D, (Figure 27), comparaison du modèle obtenu avec le modèle numérique de terrain de la Ville de janvier 2008, (Figure 28, Figure 29). On trouvera un plan de repérage en Figure 30. Figure 2, réparations anciennes qui oblitèrent le plan I. Les techniques des géomètres On peut lire 700 cotes d altitude. Ces cotes sont nombreuses sur les parcelles «en lames de parquet» et peuvent faire penser à un traitement individualisé en vue d aménagements futurs. La répartition de ces cotes est inégale, elles sont très denses sur les parcelles en lanières 6 de l Est (entre Allée de la Robertsau et Canal des Français) alors que ce n est pas le cas à l Ouest du PA. Elles sont calculées au millimètre près ce qui semble étrange pour mesurer l altitude de parcelles de labours. 1 Publications sur ce thème disponibles à l adresse : Thierry Hatt ; vérifié en avril Modèle publié dans : Tabouret R., Hatt Th., Grigorovski A., Strasbourg de la grande île à la Neustadt, dans «Strasbourg, la formation d une ville et ses représentations», Lyon, 2013, p «Modélisations graphiques d un plan de nivellement de Strasbourg en 1774», Comité Français de Cartographie, mai 2014, p : de nivellement Strasbourg 1774; vérifié en avril «Plans de dérasement des fortifications Strasbourg, , numérisation et interprétation graphique» ; 34 p. ; adresse vérifiée en février 2014 : Plans derasement La cote de ce plan est AMC67482_316MW ; Les AVCUS nous ont fourni une image jpeg de qualité suffisante pour une exploitation. 6 La plus étroite de ces parcelles mesure 182 m de longueur pour 2.3 m de largeur! 3

4 Figure 3, nombreuses mesures d'altitude sur les parcelles en lanières, repères autour du pavillon Joséphine à l Orangerie Figure 4, vue du pavillon Joséphine à l'orangerie 7 7 Les photographies du plan relief de 1863 sont de Thierry Hatt, février 2012, Exposition du Grand Palais, Paris 4

5 Les parcelles sont numérotées au crayon, il y a de nombreux repères marqués «B. M.», dont le sens échappe au géomètre moderne interrogé «balise»? «borne» «maître»? Figure 5, repères et numérotation des parcelles Au Sud de l Orangerie les géomètres ont tracé des lignes directrices pour gérer les stations de mesure et couvrir l espace mesuré ces lignes directrices sont absentes sur le reste du plan. Ceci montre l intérêt particulier pour cette partie de l espace et la nécessité de le couvrir en entier. Figure 6, tracé de lignes directrices des géomètres sur les parcelles à lanières de l Est du plan (absentes ailleurs). 5

6 Les cotes d altitude mesurées utilisent, est ce par hasard?, le même repère absolu que le modèle numérique de Pour le montrer nous avons comparé sur les deux plans PA et 2008 les altitudes de deux espaces inchangés depuis le XVIII siècle pour l un et le début du XIX siècle pour l autre : les rondspoints des Contades et le pavillon Joséphine à l Orangerie. La similitude entre les deux systèmes de mesure est remarquable sauf un écart de 30 cm au Sud et au N O du pavillon Joséphine. Figure 7, coïncidence des altitudes entre le plan étudié et 2008 Figure 8, vue base oblique de l'orangerie sur le plan relief de

7 I. Arguments pour une datation Le plan est tamponné plusieurs fois de marques allemandes : «Eigentum der Stadt Strassburg», ce tampon recouvre une des réparations, celles ci sont donc plus anciennes, et «Denkmal Archiv Strassburg», sur une marque impériale. Est ce un document considéré comme «ancien» avant 1918 pour qu il soit estampé Denkmal Archiv? Figure 9, tampons de l'empire allemand On trouve des notations en allemand et en français : Figure 10, notations en français et en allemand Le mélange de français et d allemand, courant sur les documents officiels de la Ville (cadastre par exemple) après 1870, ne permet pas de dater le plan. La référence aux «Ponts et chaussées» permettrait peut être de risquer une date antérieure à 1870? Mais changer de référentiel d altitude n est pas une mince affaire et il est tout à fait possible que cette cote ait été utilisée encore du temps allemand avant que le Nomal Null de la Mer du Nord ne s impose. D autre part quelle est la référence où l on soustrait 19 cm? On ne le sait pas mais on constate une préoccupation de comparaison. Le calcul d une échelle en allemand (Figure 10), suggère une récupération d un plan français antérieur ou bien un travail commun entre francophones et germanophones ; une longue inscription qu on devine en français est rendue illisible par des papiers collants opaques. L aménagement hydraulique est plus avancé que sur le cadastre Napoléon de 1840 ou sur le plan relief de 1863, laisses et méandres de l Ill et l Aar ont été comblés la plupart, (Figure 11) ; la rencontre de l Ill et du canal de la Marne au Rhin a été finie d aménager 7

8 Figure 11, comparaison 1840 plan étudié entre Aar et Ill La description du parcellaire est elle très simplifiée ou représentée sommairement? Les lanières ont complètement disparu sur la Figure 11, ont elles été rachetées et rassemblées entre les deux dates? Ce n est pas le cas du tout à l Est du plan où le parcellaire en lanières est complètement décrit et très finement. Figure 12, plan relief de 1863, divergence de l'ill et de l'aar, Contades au premier plan et à l avant plan la digue du «retranchement» 8

9 II. Le bâti Le bâti du plan étudié est très différent de celui du plan relief de 1863 (Figure 14, Figure 15, Figure 16, Figure 25) ce qui peut laisser supposer soit un délai assez long entre les deux plans et peut être les destructions du siège de 1870, le blocus prussien étant organisé également au Nord de Strasbourg soit que les géomètres l ont considéré comme peu intéressant parce qu ils avaient un autre projet? Le témoignage de Gustave Fischbach permet de trancher (p ) : le 17/08 le couvent du Bon Pasteur est détruit au canon (d où les pointillés visibles sur la Figure 15) et par le feu ainsi que les «sapins de l Orangerie» qui sont mis à feu. Page 38 il indique : «la ville était à peu près dégagée du côté Nord, des bâtiments et des arbres les plus gênants pour la défense». Autrement dit la banlieue proche a été systématiquement nettoyée (Figure 17), des abris possibles pour l ennemi ce qui permet de comprendre pourquoi le bâti est si différent sur le PA par rapport au plan relief de 1863 (voir Figure 18). Un décompte approximatif des éléments bâtis montre une forte augmentation pour le PA (254) contre 175 pour le plan relief de 1863, nombre de constructions sont communes, donc des reconstructions, beaucoup ont disparu (au bord de l Ill les cabanons de jardinier), d autres sont nouvelles. Figure 13, fortes contradictions entre les représentations du bâti entre 1863 et le plan antérieur à 1880 Figure 14, simplification extrême du bâti du PA ou différences réelles? 9

10 Figure 15, comparaison du bâti 1863 plan étudié, les pointillés sur l aile en U du Bon Pasteur indiquent probablement une reconstruction partielle (attention : le Nord est vers le bas), le bâti à droite est complètement différent de 1863 Figure 16, plan relief de 1863, bâtiment en U du Bon Pasteur, aile indiquée en pointillés démolie sur le PA 10

11 Figure 17, destructions de guerre banlieue Nord de Strasbourg 11

12 Figure 18 le bâti : différences entre 1863 et

13 Le bain public dans l eau de l Aar, au droit des Contades n existe pas sur le cadastre de 1840, ni sur le plan relief de 1863, il est présent sur ce plan et sur d autres des années Figure 19, bain de rivière sur l'aar Les terrains militaires du Sud n ont pas été touchés par la campagne de mesures, il n y a aucune trace d aménagement des nouvelles fortifications postérieures à 1880, ni aucun tracé même provisoire des lotissements futurs de la Neustadt, comme on peut les voir crayonnés sur le cadastre de 1840, (Figure 21), le plan est donc antérieur à ces aménagements. 13

14 Figure 20, les terrains militaires non aedificandi ne sont pas impliqués dans l'opération de mesure Figure 21, crayonné des projets de lotissement du quartier, ici mise en valeur par traitement de l'image, sur le fond du cadastre de

15 III. Occupation du sol D après ce que nous connaissons des structures du parcellaire du plan relief de 1863 on peut en déduire l occupation du sol, deux cartes (Figure 25, Figure 26), confrontent les deux résultats. La comparaison montre de grandes similitudes d ensemble : parcs, jardins de loisir et de production entre Ill et Aar et sur les rives, labours vers l Est. La comparaison à l échelle du bâti montre par contre des différences importantes. On sait qu en cas de guerre l armée démolissait hors les murs les bâtiments pour ôter à l ennemi de possibles abris, c est corroboré par G. Fischbach. IV. Démonstration du remblaiement du Quartier des Quinze Les graphiques de la Figure 29, coupes transversales N S et W E, en comparaison des altitudes du plan étudié et 2008 montrent le volume considérable du remblai sur cette partie de la Neustadt, en moyenne deux mètres d épaisseur. Le lissage du relief du plan étudié est dû au faible nombre de cotes, le caractère heurté du relief de 2008 est au contraire lié à la précision, un point par mètre. Confrontons les deux modèles numériques de terrain (Figure 22). Notre choix s est porté sur l Orangerie et les Contades, comme référence d espaces non remblayés, d une part, d autre part sur un grand rectangle du quartier des Quinze restreint, de l Allée de la Robertsau à l Ouest à la rue de l Yser à l Est, au Nord l axe Schickelé Westercamp, au Sud, la rue Goethe. En calculant la différence entre les altitudes des deux modèles on trouve que les remblais nécessaires pour porter la surface de 1875 au niveau de l actuelle ont été pour le quartier des Quinze de m 3, soit plus de m 3 par ha. Par contraste les volumes sont beaucoup plus faibles pour l Orangerie et correspondent au creusement des lacs et aux restes des fortifications prussiennes de 1880 au bord du canal de la Marne au Rhin. Pour ce qui est des Contades le solde remblais moins déblais n est que de 1000 m3, de l ordre de 300 m3 de déblai par ha. Les simulations d inondation, (Figure 23,Figure 24 ), à l altitude moyenne de 1875, soit m montrent l efficacité de ce remblaiement. I. Conclusion Les indices du PA confrontés au témoignage de G. Fischbach permettent d affirmer que ce nivellement est une initiative prise après 1870, au plus tôt vers 1875, certainement en vue des aménagements de la Neustadt mis en place dès L intérêt de ce plan est double : il est antérieur aux travaux d extension de la Neustadt, il fournit une référence altimétrique de comparaison dont nous avons montré le sérieux en comparant les cotes d altitude entre le plan étudié et 2008 (Contades et Orangerie) qui se sont révélées identiques, il permet de démontrer l importance du remblaiement du Quartier des Quinze au cours de l aménagement de la Neustadt. 15

16 Zone test 1875 Z min 1875 Z max 2008 Z min 2008 Z max Remblai m3 Déblai m3 Volume net Surface m2 Surface ha Volume/ha Quartier des Quinze restreint , , ,15578 Orangerie , , ,6633 Contades 137, ,2 307,

17 Figure 22, démonstration du niveau de remblaiement du quartier des Quinze 17

18 Figure 23, simulation d'inondation à m (soit la moyenne d'altitude) sur le modèle numérique de 1875 Figure 24, simulation d'inondation à m (soit la moyenne d'altitude 1875) sur le modèle numérique de

19 Figure 25, typologie des espaces cultivés, fond de plan relief de 1863 Figure 26, confrontation avec l'étude de l'occupation du sol du plan relief de

20 Figure 27, modèle numérique de terrain pour le plan étudié plaqué sur le MNT 2008, les références d'altitude sont les mêmes la légende des couleurs aussi 20

21 Figure 28, MNT 2008, fond de référence au pas 50 cm et précision de + ou 15 cm 21

22 Figure 29, coupes transversales N S et W E, en comparaison des altitudes du plan étudié et

23 Figure 30, repérages sur le plan ancien 23

24 Références Plan coté de nivellement du quartier des Quinze, vers 1875, AVCUS, cote AMC67482_316MW, numérisation AVCUS Fischbach, Gustave ( ), "Guerre de Le siège et le bombardement de Strasbourg", 5eme édition, 1871, 397 p plan relief, lieu de conservation : musée des plans reliefs, Paris, image zénithale, photographie et numérisation : musée des plans reliefs, mise à disposition DRAC, assemblage Th. Hatt, 2012 Table des figures Figure 1, source des données, le plan ancien géorectifié, géoréférencé, parties utiles découpées, plaqué sur le plan relief de 1863 en fond... 2 Figure 2, réparations anciennes qui oblitèrent le plan... 3 Figure 3, nombreuses mesures d'altitude sur les parcelles en lanières, repères autour du pavillon Joséphine à l Orangerie... 4 Figure 4, vue du pavillon Joséphine à l'orangerie... 4 Figure 5, repères et numérotation des parcelles... 5 Figure 6, tracé de lignes directrices des géomètres sur les parcelles à lanières de l Est du plan (absentes ailleurs) Figure 7, coïncidence des altitudes entre le plan étudié et Figure 8, vue base oblique de l'orangerie sur le plan relief de Figure 9, tampons de l'empire allemand... 7 Figure 10, notations en français et en allemand... 7 Figure 11, comparaison 1840 plan étudié entre Aar et Ill... 8 Figure 12, plan relief de 1863, divergence de l'ill et de l'aar, Contades au premier plan et à l avant plan la digue du «retranchement»... 8 Figure 13, fortes contradictions entre les représentations du bâti entre 1863 et le plan antérieur à Figure 14, simplification extrême du bâti du PA ou différences réelles?... 9 Figure 15, comparaison du bâti 1863 plan étudié, les pointillés sur l aile en U du Bon Pasteur indiquent probablement une reconstruction partielle (attention : le Nord est vers le bas), le bâti à droite est complètement différent de Figure 16, plan relief de 1863, bâtiment en U du Bon Pasteur, aile indiquée en pointillés démolie sur le PA Figure 17, destructions de guerre banlieue Nord de Strasbourg Figure 18 le bâti : différences entre 1863 et Figure 19, bain de rivière sur l'aar Figure 20, les terrains militaires non aedificandi ne sont pas impliqués dans l'opération de mesure Figure 21, crayonné des projets de lotissement du quartier, ici mise en valeur par traitement de l'image, sur le fond du cadastre de Figure 22, démonstration du niveau de remblaiement du quartier des Quinze Figure 23, simulation d'inondation à m (soit la moyenne d'altitude) sur le modèle numérique de Figure 24, simulation d'inondation à m (soit la moyenne d'altitude 1875) sur le modèle numérique de Figure 25, typologie des espaces cultivés, fond de plan relief de Figure 26, confrontation avec l'étude de l'occupation du sol du plan relief de Figure 27, modèle numérique de terrain pour le plan étudié plaqué sur le MNT 2008, les références d'altitude sont les mêmes la légende des couleurs aussi Figure 28, MNT 2008, fond de référence au pas 50 cm et précision de + ou 15 cm Figure 29, coupes transversales N S et W E, en comparaison des altitudes du plan étudié et Figure 30, repérages sur le plan ancien