NOUVELLEs ROUMANIE. Les. Qui sème le vent Un vent mauvais souffle sur l'europe Les évènements qui affectent notre. SOMMAIRE Actualité.

Dimension: px
Commencer à balayer dès la page:

Download "NOUVELLEs ROUMANIE. Les. Qui sème le vent Un vent mauvais souffle sur l'europe Les évènements qui affectent notre. SOMMAIRE Actualité."

Transcription

1 Numéro 62 - novembre - décembre 2010 Les NOUVELLEs de ROUMANIE SOMMAIRE Vie internationale Moldavie Dix ans de Nouvelles Politique Economie Social Evénements Faits divers, Vie quotidienne Enseignement, Santé Religion Environnement Dossier Tsiganes Minorités Sports, Insolite Connaissance et découverte Peinture, Exposition Cinéma Littérature Mémoire, Histoire Tourisme Libre propos Vie pratique, Abonnements Coup de coeur 3 à 5 6 et 7 8 à et et à à et et et à à et à et à à et Dix Ans de Nouvelles de Roumanie Parution fin novembre Lettre d information bimestrielle Qui sème le vent Un vent mauvais souffle sur l'europe Les évènements qui affectent notre continent donnent malheureusement matière à parodier la triste expression de Pétain en 1941, dénonçant pêle-mêle les actes de résistance à l'occupant nazi et les "fauteurs responsables de la défaite de la France" d'alors. Car l'histoire le montre: quand çà va mal, il faut trouver des boucs émissaires. A l'époque, il s'agissait des Juifs, des Franc maçons et déjà des Tsiganes. Certes, aujourd'hui, on ne peut comparer l'expulsion de ces derniers aux convois de déportation et aux camps de concentration. Mais, comme l'a rappelé justement la commissaire européenne, la Luxembourgeoise Viviane Reding, inquiète des mesures prises par le gouvernement français cet été, ils furent l'aboutissement d'un processus d'une dizaine d'années, stigmatisant les minorités, travaillant l'opinion, déclenchant des crispations identitaires que l'embrasement de l'europe allait rendre funestes. En mal de popularité, des dirigeants ne reculent pas à nouveau devant la tentation de caresser la fibre xénophobe, voire raciste, sachant qu'ils trouveront un écho favorable dans une large frange de l'électorat. Silvio Berlusconi en est l'illustration, chez nos voisins transalpins. Alors que l'an passé, une femme avait été poussée sous une rame de métro à Rome, parce qu'elle parlait roumain, cette fois-ci c'est une infirmière roumaine qui a été violemment agressée dans le même métro. Laissée pour morte dans l'indifférence des passagers, elle a succombé quelques jours plus tard. Quand à son assassin, il a été applaudi pour son geste "purificateur" par des dizaines d'italiens, lors de son transfert en prison... La France, elle, s'est réveillée fin juillet, en se demandant si elle n'avait pas la berlue. Comment avait-elle pu ignorer jusqu'ici ce terrible problème des Tsiganes que le chef de l'etat, pris dans la tourmente des affaires et des scandales politiques, venait de sortir de son chapeau? Une France qui n'avait vraiment pas de chance puiqu elle avait apparemment récupéré tous les mauvais sujets de cette communauté l'espagne, elle, étant vernie, n'accueillant que ses bons éléments, raison pour laquelle elle n'envisage sans-doute pas de mesures d'expulsion! Clouer au pilori une minorité qui dérange, dont l'intégration se révèle compliquée et demandera du temps, est une voie dangereuse pour une Europe qui a réussi enfin à surmonter ses divisions et où il y a encore très peu de temps sévissait l'épuration ethnique. Nicolas Sarkozy, pour des calculs politiciens, prenant ses compatriotes pour des imbéciles, l'emprunte malheureusement et le crédit de la France en souffre déjà beaucoup. "Européens, vous avez la mémoire courte!" serait-on tenté de semoncer, raillant Vichy, si le sujet n'était aussi grave. Ou plutôt "Qui sème le vent, récolte la tempête" Henri Gillet 1

2 Un document exceptionnel pour mieux comprendre la Roumanie et les Roumains de ce début du XXIème siècle A l'occasion de leur Xème anniversaire Les Nouvelles de Roumanie proposent un recueil hors série Vie internationale La Securitate avait tenté en vain de faire d'oana Lungescu une espionne Une Roumaine porte-parole de l'otan Le siège de l'otan à Bruxelles l'a confirmé: Oana Lungescu va devenir sa porte-parole officielle en remplacement de James Appathurai dont le mandat se termine le 1er décembre. Journaliste, réfugiée en occident en 1985, la Roumaine a réalisé de nombreux reportages sur l'alliance Atlantique, l'union Européenne et ses pays membres, depuis 1997, date à laquelle elle a rejoint le service roumain de la BBC en tant que rédactrice en chef adjointe. En 2009, elle avait raconté dans une interview comment la Securitate avait tenté d'en faire une espionne. 2 Dix Ans de Nouvelles de Roumanie (Septembre août 2010) Jamais un tel travail, aussi bien en Roumanie qu'en France, fruit d'une décennie de recherches, d'enquêtes, d'interviews, n'avait été réuni et synthétisé en un seul document, permettant de comprendre l'évolution de ce pays depuis la Révolution 520 articles, 30 éditoriaux 80 signatures, 580 photos et caricatures La sélection du meilleur des 60 numéros des Nouvelles de Roumanie déjà parus, reliée en un unique album de 450 pages Couverture cartonnée Dix Ans de Nouvelles de Roumanie est disponible uniquement sur commande au prix de 30, port compris, pour la France, 35 hors France tarif de souscription (Prix normal : 40 et 45 ) Tirage limité à 500 exemplaires (arrêt de la souscription dès épuisement du stock) Parution prévue au 30 novembre 2010 Attention: dernier avis Commande dès aujourd'hui Chèque bancaire ou postal joint ou virement, à l'ordre de ADICA "Les Nouvelles de Roumanie" - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, NANTES -France En 1983, alors qu'elle était encore étudiante en anglais et espagnol à l'université de Bucarest, Oana Lungescu fut convoquée par l'agence du tourisme national sous prétexte de faire des traductions. En fait, elle fut reçue par un officier de la Securitate qui lui offrit un passeport - chose rare à l'époque - et des médicaments pour son père qui souffrait d'un cancer. En échange, il lui était demandé de surveiller et d'espionner des proches établis à l'étranger. La jeune femme refusa la proposition tout en se demandant ce qui lui avait valu cette démarche. Elle se remémora qu'elle avait fréquenté assidument la bibliothèque du British Council de Bucarest, empruntant des ouvrages d'écrivains aussi "subversifs" que T.S. Eliot, Iris Murdoch et John Fowles. Faisant aussi des traductions ou servant occasionnellement d'interprète, elle avait rencontré quelques sujets de "Sa gracieuse Majesté" et avait surtout un petit copain britannique de 23 ans, suspecté comme tous les étrangers d'activités d'espionnage. Des faits qu'elle avait omis de signaler à la Securitate, ainsi que l'obligeait la loi. En outre, sa mère avait été autorisée à rendre visite en Allemagne à des parents et n'était pas revenue. Autant de mauvais points qui donnaient prise à la Securitate dont on disait à l'époque qu'un Roumain sur dix était un informateur, ce que la nouvelle porte-parole de l'otan relativise, avançant le chiffre de collaborateurs, soit un Roumain sur trente, pour une population de 23 millions de personnes. "Leur boulot, c'était de violer les droits de l'homme tous les jours" Oana Lungescu a eu la possibilité de consulter aux archives de la CNASS le dossier que la police de Ceausescu avait établi sur elle, notant qu'il n'était pas mentionné qu'elle avait éclaté en sanglots quant elle avait refusé la proposition de collaboration avec la Securitate, mais que tout de suite l'officier interrogateur l'avait désignée comme sujet à surveiller dans un document classé "Strictement secret", préconisant de mesures de surveillance comme l'écoute téléphonique et l'ouverture de son courrier. Elle a ainsi retrouvé trace de lettres photocopiées, annotées à l'encre rouge ou noire, des transcriptions de conversations téléphoniques relevant du théâtre de l'absurde de Ionesco: "Interlocuteur 1: hello, Interlocuteur 2: Hello; Interlocuteur 1: Comment çà va, Interlocuteur 2: çà va, il fait beau, et chez toi?" Mais aussi des confidences plus intimes, portant sur les derniers jours de son père. Elle a découvert aussi qu'un nom de code lui avait été attribué: Lorena. En 1985, Oana Lungescu fut autorisée à rejoindre sa mère en Occident, mais elle fut surveillée par plusieurs de ses compatriotes jusqu'aux derniers jours de 1989 et le déclenchement de la "Révolution". Aujourd'hui, elle s'interroge encore sur cette armée d'espions et de "scribes" payés à collecter des détails triviaux et sans importance, à photocopier des lettres ou à écouter pendant des heures les conversations téléphoniques, ces milliers d'enfants, dont certains avaient tout juste dix ans, recrutés pour rapporter les propos de leurs parents ou de leurs professeurs. Ses retours en Roumanie la découragent quand elle se rend compte qu'aujourd'hui encore nombre de juges, policiers, politiciens, hauts fonctionnaires, ayant entretenu des liens notoires avec la Securitate, sont encore en place. "Ils ont un objectif caché" s'emporte-t-elle "saboter les vraies réformes", argumentant: "Leur boulot, c'était de violer les droits de l'homme et du Citoyen tous les jours Et maintenant, ils sont censés faire l'inverse Comment peut-on attendre d'un éléphant qu'il se transforme en ballerine?". Oana Lungescu a dénombré au moins 700 anciens securistes occupant toujours aujourd'hui des fonctions de premier plan. Elle s'est promis de retourner à Bucarest pour rencontrer ses "deux parents" de la Securitate, chargés de la surveiller, qu'elle a réussi à identifier. Enfin, elle peut jubiler: avec toutes les couleuvres que Ceausescu a dû avaler depuis son exécution, il ne doit pas arrêter de se retourner dans sa tombe... Une Roumaine porte-parole de l'otan! Oana Lungescu a pu consulter le dossier que la Securitate avait établi sur elle avant et après qu'elle ait quitté la Roumanie. 223

3 4 ARAD CLUJ TIMISOARA BAIA CHISINAU Le président allemand est Moldave La réélection de Horst Köhler à la présidence de l'allemagne, le 24 mai dernier, constitue pour les médias roumains et moldaves un grand motif de fierté. Le chrétien-démocrate a été réélu face à la sociale-démocrate Gesine Schwan, donnant ainsi comme le remarque Cotidianul, "une bouffée d'oxygène à son parti, avant les élections législatives prévues cette année". Mais le quotidien de Bucarest est fier avant tout parce que l'ex-directeur du Fond monétaire international, âgé de 66 ans, a des origines roumaines et moldaves. Si sa mère est originaire de Brasov, lui est né en République Moldave, dans la région connue jadis comme la Bessarabie. Sa famille, raconte Cotidianul, a vécu en Moldavie jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cet "Allemand de Bessarabie", comme titre d'ailleurs le quotidien, a récemment rappelé ses origines lors d'une rencontre avec des étudiants moldaves: "Je suis un Moldave, Allemand de Bessarabie. En 1939, quand Hitler et Staline ont partagé l'europe, mes ancêtres ont dû choisir entre adopter la citoyenneté russe ou retourner dans leur pays d'origine. Même si mes parents ont choisi de quitter la Moldavie, je continue à être attaché à ce pays!" Vie internationale Dans l'imaginaire de Bruxelles, Roumanie et Bulgarie ont toujours été considérées comme un duo indissociable, ce qui irrite les deux capitales, associées dans toutes les enquêtes comme étant indécrottablement les dernier et avant-dernier de la classe. Lorsqu'il fut question de l'adhésion à l'ue, Sofia a essayé de faire cavalier seul, la mauvaise réputation de Bucarest handicapant sa candidature. Puis la situation s'est inversée quand les résultats économiques de la Roumanie l'a faite comparer aux Tigres d'asie du Sud-Est. Aujourd'hui, retour à la case départ Bucarest a mauvaise presse et Sofia, inquiète des menaces de Sarkozy, ne voudrait pas rater le train de Schengen à cause d'elle. Depuis la capitale bulgare où il est correspondant du Courrier International, rejoignant ainsi son pays natal, Alexandre Lévy, ancien journaliste au Monde, fait le point. Sur la route de Schengen on se pousse, on se bouscule. On gesticule beaucoup et l'on finit par faire des faux-pas. Mais une chose est sûre: Bucarest et Sofia sont impatients de rejoindre la zone de libre circulation. Et vite! Si possible en mars 2011: pour les deux pays, bénéficiant d'un monitoring renforcé de la part de Bruxelles depuis leur adhésion dans l'union Européenne en 2007, il s'agit d'une question de principe, voire d'honneur, que de remplir les critères exigés par le Gotha européen. Mais est-ce réaliste? Est-ce que la Bulgarie et la Roumanie vont continuer à faire route commune, pour le meilleur et le pire comme jusqu'à présent, ou est-ce que leur tandem fera les frais de la récente polémique sur les Roms? Les Bulgares ont préféré la fermer C'est là que les choses se compliquent. A Bucarest pour commencer, où la récente démission du ministre de l'intérieur, Vasile Blaga, a jeté un doute de plus sur les capacités du pays à rejoindre la zone Schengen dans les délais. La Roumanie s'était déjà retrouvée sous le feu L'entente Bucarest-Sofia Puisque Paris vaut bien Algarade entre Nicolas Sarkozy et Traian Basescu lors du dernier sommet de Bruxelles. des critiques de Paris qui par la voix de Pierre Lellouche - et plus récemment de Frédéric Lefèvbre - a menacé de s'opposer à la candidature roumaine pour cause de mauvaise intégration des Tsiganes. Mais est-ce bien cette sollicitude soudaine de Paris pour les Roms qui a motivé l'éventuel embargo français? Le porte-parole de l'ump a aussi d'autres explications: "La Roumanie a attaqué assez violemment notre pays, nous a donné des leçons", s'est-il plaint. C'est vrai que Bucarest n'est pas resté complètement insensible à la campagne d'expulsion de Roms de l'hexagone: des responsables roumains ont accusé Paris de "populisme", demandant l'arrêt des mesures ciblées contre la communauté tsigane. "On ne parle pas comme ça à la France", avait déclaré Pierre Lellouche à propos des critiques de la Commission européenne. Et ça, les Bulgares l'ont compris, parce qu'ils ne l'ont pas ouvert. "Nous, on n'a pas de problèmes avec la France", a déclaré à plusieurs reprises le Premier ministre Boïko Borissov, en insistant lourdement sur le nous. Au dernier sommet européen, il est allé plus loin en prenant clairement ses distances avec Bucarest. "Nous ne sommes pas une fédération à ce que je sache, nous pouvons adhérer dans Schengen chacun de son côté", a-t-il encore dit, en mettant ainsi fin au couple quelque peu artificiel constitué par la Bulgarie et la Roumanie encore du temps des négociations d'adhésion à l'ue. mise à mal par les exigences de Nicolas Sarkozy une messe Schengen vaut bien un divorce! Tout cela parce que le chef du gouvernement bulgare affirme avoir obtenu de Nicolas Sarkozy himself la bienveillance française envers Sofia et ses Roms - certes beaucoup moins nombreux que ceux de Roumanie - mais dont la vie n'est pas sensiblement différente des deux côtés du Danube. Schengen vaut bien un divorce, surtout après un mariage arrangé! Présidents roumains et bulgares bizarrement bras dessus-dessous Presque 95%. C'est la très forte proportion de fonds européens alloués à la Roumanie qui ne sont pas utilisés. En déplacement en Roumanie, le directeur de la Commission européenne pour la Roumanie, Joost Kuhlmann, a affirmé qu'une réforme de l'administration, vers plus de transparence et moins de bureaucratie, était impérative. Evoquant les problèmes de trésorerie de l'etat roumain, alors même que la quasi-totalité de l'argent européen n'est Rencontre au sommet sur le Danube entre les présidents bulgare Parvanov (à gauche) et roumain Basescu (au centre). pas utilisé, il a jugé la situation "paradoxale" et espère que "la Roumanie parviendra à mettre en place, avec l'aide de la Banque mondiale, un système permettant de réduire la bureaucratie et d'accélérer l'absorption des fonds". "C'est tout à fait normal que les fonds ne soient pas utilisés" réagit un lecteur du Petitjournal.com., Français établi en Roumanie: "Si des travaux d'infrastructure ne génèrent pas de bakchichs pour le signataire du marché de travaux, Si seulement c'était aussi simple Dans cette équation, on a oublié le président bulgare, l'ex-communiste, Gueorgui Parvanov. Oui, cet homme existe bel et bien (il en est même à son second mandat) et il n'a de cesse depuis l'arrivée au pouvoir de la droite bulgare incarnée par Borissov de faire des croche-pattes au gouvernement. C'est la cohabitation à la bulgare; et c'est souvent très animé. Ainsi sur la question Roms, le Président a fini par se démarquer de l'attitude "compréhensive" du gouvernement et a critiqué à demi-voix la France. Plus malin encore, il a fait équipe avec son homologue roumain, Traian Basescu, qui était en visite officielle à Sofia le 23 septembre, pour affirmer la volonté des deux pays à avancer ensemble sur la route de Schengen. Et pour redire que l'adhésion à cet espace ne pouvait d'aucune manière être liée à l'affaire des Roms. Une position qui, paradoxalement, coïncide avec celle exprimée par l'ambassadeur de France à Sofia visiblement pas au courant du "deal" entre Borissov et Sarkozy - à condition bien évidemment que ce dernier ne soit pas une invention du Bulgare. Trois jours plus tard, c'était au tour du ministre de l'intérieur bulgare, Tsvetan Tsvetanov, d'essuyer les plâtres à Bruxelles. Schengen, toujours. Globalement, tout s'est plutôt bien passé pour le patron de la police bulgare qui y rencontré de nombreux responsables européens, chargés de la libre circulation. "L'année prochaine, en mars ou avril, nous adhérons à Schengen!", s'est-il félicité. Une visite à peine assombrie par une phrase malencontreuse sur les Roms que des journalistes ont déniché dans une de ses interviews fleuves dans la presse bulgare. "Ces milieux sont un incubateur qui génère de la criminalité", avait-il déclaré. Des propos jugés "inacceptables" par la Commission. Décidément! La réalité des mafias beaucoup plus inquiétante que celle des Roms Enfin, pour certains à Sofia la question de Schengen n'est pas automatiquement liée à celle des Roms, mais à des réalités qu'ils jugent bien plus préoccupantes. Celle de l'infiltration de diverses mafias, notamment russes, et de la capacité - voire la volonté - des autorités de Sofia d'y faire barrage. L'ironie du sort aura voulu que quelques journalistes d'investigation aient révélé juste à ce moment-là la présence sur le sol bulgare d'un certain Konstantin Tsiganov (ou Cyganov), considéré par de nombreux spécialistes, russes comme américains, comme le parrain d'une des plus puissantes organisations criminelles ex-soviétiques, "Ouralmach" d'ekaterin-bourg. Ce dernier a vécu en Bulgarie jusqu'en mars 2008, sans être nullement inquiété, à la tête d'une impressionnante galaxie d'entreprises, alors qu'il était officiellement recherché par Moscou. Il a même été naturalisé bulgare en "A lui tout seul cet homme illustre les problèmes sécuritaires de la Bulgarie - qui peuvent être transposés à l'espace Schengen lorsque le pays y adhérera", estime Atanas Tchobanov, auteur des premiers articles sur les ambitions immobilières de Tsiganov sur la cote bulgare. En mars 2010, le contre-espionnage bulgare a considéré que Tsiganov constitue une "menace pour la sécurité nationale" du pays. Depuis cette date il attend, en compagnie d'un de ses associés, son expulsion vers la Russie dans un centre de détention administrative près de Sofia. Mais Moscou affirme aujourd'hui ne pas connaître cet homme Alexandre Lévy (Sofia) Des fonds européens quasi-inutilisés ces travaux ne se feront pas. Ayant une micro-pelle pour mon usage personnel dans un village de Roumanie, j'ai été amené a m'en servir pour la municipalité. Il m'a été demandé de faire une facture du double de la quantité réelle exécutée. J'ai demandé au Maire pourquoi il ne faisait pas la demande de fonds européens pour sa commune. Il m'a répondu que les fonds étant soumis à contrôle, çà ne l'intéressait pas car il ne pouvait rien prendre". 225

4 6 ARAD BAIA TIMISOARA NITCHIDORF SAPANTA M. CIUC PLOIESTI BOTOSANI INTORSURA BUZAULUI CHISINAU La Moldavie devient membre de la Cour Pénale Internationale La Moldavie deviendra, le 1er janvier prochain, le 114e pays à reconnaître la juridiction de la Cour Pénale internationale (CPI) dont le but est de juger les auteurs de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocides. Le Parlement de Chisinau a ratifié, le mois dernier, le Statut de Rome, traité fondateur de la CPI, qui constitue une condition sine qua non dans le processus de rapprochement avec l'ue. Au total, 55 députés ont voté en faveur de la ratification, le groupe communiste ayant boycotté le vote, comme il le fait systématiquement depuis l'arrivée aux affaires de l'alliance pour l'intégration européenne. Le Statut de Rome de la CPI a été adopté, le 17 juillet 1998, dans le but de créer une instance internationale compétente et permanente visant à juger les auteurs de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocides. Le traité est entré en vigueur le 1er juillet 2002 et la Cour, dont le siège est à La Haye (Pays-Bas) est aujourd'hui pleinement opérationnelle. Sur le plan financier, la Moldavie participera à hauteur de 0,002% de son budget, comme elle le fait déjà pour l'onu. À ce jour, une trentaine d'états, dont la Russie et les États-Unis, ont signé le traité, mais ne l'ont pas ratifié. Moldavie Un référendum organisé en Moldavie le 5 septembre dernier et dont l'objet était de permettre l'élection directe du futur chef de l'etat afin de mettre fin à des mois de crise politique, a été invalidé, seuls 29,67% des électeurs s'étant rendus aux urnes alors qu'une participation d'un tiers (33,34%) était exigée pour entériner le résultat. Près de 90 % des votants s'étaient prononcés en faveur de l'initiative gouvernementale. Ex-république soviétique, la Moldavie, dont la population est aux deux tiers d'origine roumaine, n'a plus de président depuis plus d'un an. Le pays est en crise depuis les émeutes d'avril 2009 qui ont débarqué les communistes (à la tête du pays depuis 2001), et les législatives de juin 2009 qui ont donné la victoire à une coalition hétéroclite de partis pro-européens. Forte de 53 députés sur 101, celle-ci a échoué à faire élire par le Parlement son candidat à la présidence car elle n'a pas pu réunir les 61 voix nécessaires. La Constitution stipule qu'en cas d'échec répété, le Parlement doit être dissous. Pour éviter que la crise ne se prolonge indéfiniment, les rapports de force entre les deux blocs semblant stables, la coalition libérale-démocrate avait proposé ce référendum qu'elle pensait faire suivre d'une présidentielle et de législatives. "Les rues de la capitale étaient vides et les bars pleins", s'est désolé le quotidien Timpul, à l'annonce du résultat, avant d'analyser "L'Alliance pour l'intégration Européenne, au pouvoir, a perdu ce référendum et le duel avec les communistes parce que, désunie, elle a essayé d'enterrer trop tôt ces derniers. Un peu sonnés par leur échec, les leaders libéraux et démocrates, qui comptaient sur un succès que leur promettaient les sondages, on tenté quelques explications. "Les communistes, l'absence de coordination au sein de la coalition au pouvoir et l'indifférence des citoyens [ ] ont causé l'échec du référendum", a déclaré à l'afp Mihaï Ghimpu, chef du Parlement et président par intérim. Les communistes, qui avaient appelé au boycott de la consultation, ont exulté. "Un réel vote de censure contre le gouvernement actuel", estimait sur l'agence russe Ria-Novosti l'ex-président communiste Vladimir Voronine. Après ce désaveu, le président intérimaire n'avait plus d'autre choix que de dissoudre le Parlement et d'annoncer la tenue d'élections législatives qui se tiendront le 28 novembre prochain, les troisièmes depuis avril Délégitimé, en proie à des divisions portant sur des intérêts et appétits individuels, le gouvernement actuel est plus vulnérable aux tentatives de Moscou de reprendre l'initiative dans la région, notamment sur la question de la Transnistrie sécessionniste qui souhaite son rattachement à la Russie, tandis que certains évoquent de plus en plus ouvertement une union de la Moldavie à la Roumanie, les deux pays partageant la même langue. Devant cette impasse et l'absence de perspectives, il est fort à parier que les 4,5 millions d'habitants de ce pays considéré comme le plus pauvre d'europe, et qui ne sont déjà plus que 3 à 3,5 millions sur place, continueront à émigrer. Un quart de la population moldave vit en effet à l'étranger. Après avoir voté déjà trois fois en dix-huit mois les Moldaves retourneront aux urnes fin novembre. Echec du référendum nouvelles élections fin novembre Toujours sans président la Moldavie s'enfonce dans la crise EDINET CHISINAU TIRASPOL Moldavie Les Russes trônent en tête du classement, ce qui n'est pas pour surprendre, avec Vladimir Lisin (15,8 milliards de dollars). Dans les autres anciennes républiques soviétiques, il est suivi par l'ukrainien Renat Ahmetov (5,23 milliards de dollars), le Georgien Bidzina Ivanishvili (4,8 milliards de dollars), le Kazakh Vladimir Kim (3,7 milliards de dollars), le Biélorusse Vladimir Peftiev (un milliard de dollars) et en dernière position arrive le plus riche moldave, Anatol Stati (500 millions de dollars). D'après Delo, les Moldaves ont bâti principalement leur fortune dans le pétrole, le gaz, le secteur financier, l'immobilier et la vente d'automobiles. Le classement ne prend pas en compte les milliardaires de la république sécessionniste de Transnistrie, dont les avoirs sont encore plus opaques, basés sur des trafics de toutes sortes. Toutefois, le journal estime que Vladimir Smirnov, le fils du président, à la tête de la compagnie Sheriff qui contrôle la plus grande partie de l'économie transnistrienne, ses grandes surfaces et son club de foot, peut figurer en bonne place dans le classement des milliardaires moldaves. Il s'y retrouve d'ailleurs en bonne compagnie avec Oleg Voronine, huitième fortune moldave, fils de l'exprésident communiste de Moldavie, Vladimir Voronine. Le classement des dix premières fortunes moldaves : 1-Anatol Stati: 500 M$, 58 ans, président du groupe financier-industriel Ascom (gaz et pétrole au Kazakhstan et en Afrique) 2-Vladimir Plahotniuc: 300 M$, président du conseil Les milliardaires moldaves sont moins riches que leurs voisins Voronine Junior, fils de l'ancien président communiste, et huitième fortune du pays. Pour la première fois, le journal ukrainien Delo a réussi a établir un classement des grosses fortunes de l'ancienne CEI (Communauté des Etats Indépendants, créée par Boris Eltsine, qui a succédé à l'urss), à l'exception des pays du Caucase, hormis la Géorgie. Surprise les milliardaires moldaves viennent en dernière position. Inquiétude pour un journaliste de Transnistrie Amnesty International se déclare inquiète pour Ernest Vardanean, journaliste, actuellement détenu dans la province sécessionniste de Transnistrie, inculpé de "haute trahison sous forme d'espionnage". Ernest Vardanean a été arrêté devant chez lui, à Tiraspol, par un groupe d'hommes armés le 7 avril Le 9 avril, il a été placé en détention provisoire dans l'attente de son procès par le tribunal de Tiraspol, décision maintenue par la Cour suprême de Transnistrie le 16 avril. Aucune date n'a été fixée pour son procès. Le 11 mai dernier, dans une vidéo passée sur la principale chaîne de télévision de Transnistrie puis mise en ligne sur internet, le journaliste, forcé de témoigner contre lui-même et de s'avouer coupable, est paru, exprimant ses regrets pour cette "terrible erreur". Il est passible d'une peine de 12 à 20 ans d'emprisonnement. d'administration de Victoria bank, ancien directeur général de Petrom-Moldova 3-Nicolae Ciornâi: 120 M$, fondateur du groupe Agro Management, complexe agro-alimentaire, produits pétroliers en Russie et Roumanie, originaire d'odessa. Président du club de football FC Zimbru. 4-Alexandru Pincevschi: 100 M$, immobilier, réseau de stations services vendu à Lukoil, président de la communauté juive de Moldavie 5-Vasile Chirtoca: 90 M$, importexport de voitures, immobilier, originaire d'odessa 6-Gabriel Stati: 70 m$, 34 ans, fils d'anatol Stati, pétrole, finance, immobilier, secteur pharmaceutique. A gagné son premier million à 22 ans ; a fait un an d'études à La Sorbonne. Ancien président de l'union des étudiants et des jeunes de Moldavie. 7-Iurii Druker: 75 M$, agro-alimentaire, nationalité américaine et moldave depuis Oleg Voronine: 70 M$, président de la Fincombank, fils de l'ancien président communiste Vladimir Voronine ( ) 9-Ion Sturza: 30 M$, 50 ans, agro-alimentaire, agent d'influence pour les relations extérieures et les groupes d'amitié avec l'étranger, ancien dirigeant de Rompetrol Moldavie et proche de Dinu Patriciu (Rompetrol, plus grosse fortune de Roumanie), ancien vice-premier ministre de Moldavie (1999) 10-Vlad Filat: 30 M$, tabac, immobilier, affaires avec la Roumanie, études à Iasi. Premier ministre de Moldavie depuis La Moldavie et la Roumanie prévoient de légaliser le jeu en ligne Cela est vrai aux USA, mais c'est aussi vrai dans les pays d'europe de l'est. La Roumanie et la Moldavie se tournent désormais vers le secteur du jeu en ligne comme une manière de générer plus d'impôts. Selon certaines estimations, les roumains dépensent plus de 500 millions d' pour miser en ligne chaque année, pour la plus grande partie, dans des casinos situés dans d'autres pays. Il n'existe pas de lois particulières qui interdisent le fonctionnement des casinos en ligne dans le pays, mais les compagnies roumaines ne peuvent pénétrer ce marché. En Moldavie, le jeu en ligne est interdit, cependant comme dans d'autrtes pays dans la même situation, de nombreux citoyens jouent sur des sites de poker ou de casino en ligne étrangers, contournant la loi et envoyant leur argent à l'étranger 7

5 8 BAIA SATU UNGHENI ARAD TIMISOARA PLOIESTI VASLUI CHISINAU Boues toxiques : bombes à retardement sur le Danube La coulée de m3 de boue rouge, survenue le lundi 4 octobre, à Ajka, en Hongrie, a fait 9 morts, dévasté sept villages, pollué les sols sur hectares, tué les plantes et détruit l'écosystème des rivières, probablement pour des années. Mais les organisations écologistes regardent désormais au-delà d'ajka. Selon elles, l'europe n'est pas à l'abri d'une nouvelle catastrophe. Ailleurs en Hongrie, à Almasfuzito, ou en Roumanie, à Tulcea, et dans la plupart des anciens pays communistes, d'immenses bassins chargés de millions de mètres cubes de boues toxiques sont autant de bombes à retardement qui menacent le Danube. La transformation de la bauxite en aluminium produit chaque année 70 millions de tonnes de boues rouges extrêmement alcalines, contenant de l'arsenic, de la soude caustique et de nombreux métaux lourds. La plupart des 150 exploitations minières dans les Balkans présentent des "risques sérieux pour l'environnement", s'est aussi inquiétée une porte-parole du Programme des Nations unies pour l'environnement. "La région est remplie de sites qui ont souvent été abandonnés lors du conflit en ex-yougoslavie, qui n'ont pas été proprement fermés et qui n'ont plus de propriétaire", a-t-elle expliqué, estimant que "les problèmes de pollution sont à certains endroits vraiment très sérieux". Anniversaire Dix ans après le lancement de la revue, Voici dix ans exactement, Henri Gillet et Dolores Sirbu-Ghiran lançaient Les Nouvelles de Roumanie. Peu de gens prédisaient une aussi longue vie à cette revue qu'ils mènent à deux, ce qui ne manque pas de surprendre nombre de lecteurs. Pour répondre à leur curiosité, et alors que vient de paraître "Dix Ans de Nouvelles de Roumanie", retraçant à travers une sélection de plus de 500 articles et autant de photos cette épopée, Henri Gillet s'est interviewé lui -même, livrant les secrets d'une aventure à dormir debout. -Henri Gillet : Pourquoi cet intérêt pour la Roumanie? -Henri Gillet : C'est la plus vieille motivation du monde: l'amour! Quand on aime quelqu'un, on a envie de partager son univers. Ceci dit, dans les couples franco-roumains que je connais, j'ai souvent noté que c'est le partenaire français qui montrait le plus d'enthousiasme et de curiosité pour la Roumanie, s'y investissait comme si le Roumain ou la Roumaine se disait "J'ai déjà donné" ou "J'en ai assez bavé là-bas". A contrario, il m'est arrivé de rencontrer des Roumains ou Roumaines que leur partenaire français humiliait à cause de leur origine. Je crois qu'ils restaient avec ces rustres uniquement parce qu'ils étaient dans des situations de dépendance. "J'étais un journaliste frustré qui avait envie de devenir enfin un journaliste" -Comment vous est venue l'idée de créer les Nouvelles de Roumanie? -H.G. : A 55 ans, voici donc dix ans, j'ai dû prendre ma pré-retraite de journaliste du quotidien régional où je travaillais depuis 30 ans. Bien content! Je me suis dit que j'allais enfin pouvoir être journaliste, en créant ma propre revue. Que je n'aurais pas à courir pour rendre un article "définitif" dans les deux heures qui suivent alors que je ne connaissais rien au sujet. Que je me consacrerais à ce qui me semblait intéressant. Que je n'aurais plus à bâcler un sujet en quelques lignes quand il demande des développements. Que je pourrais faire enfin des titres qui veulent dire quelque chose et non plus réducteurs. Que je choisirais mes reportages et qu'on ne me les imposera pas pour faire plaisir à l'un ou à l'autre, etc. Bref, j'étais un journaliste frustré qui avait envie de commencer une carrière de vrai journaliste! Bien sûr, la Roumanie que je pratiquais depuis la Révolution s'imposait comme toile de fond ma compagne étant Roumaine, d'autant plus qu'il y avait un véritable manque d'information et de suivi du pays. -Ne vous faisiez vous pas des illusions? H.G. : C'était le risque, mais au final, je n'ai pas été déçu. Faire une revue s'avère bien plus riche que d'écrire simplement des articles. Cela correspond à l'idée que je me faisais de ce métier quand j'étais adolescent. Je ne rêvais pas tant de devenir grand reporter, voyageant à travers le monde - ce que d'ailleurs j'ai réalisé en partie, à mes propres frais et à mon initiative, suivant la guerre du Vietnam, vivant la chute de Saigon, la guerre civile en Irlande du Nord, chassant le crocodile avec des Indiens en Amazonie jusqu'à la "Révolution" roumaine. Non, le type de journaliste que j'admirais - que j'admire toujours - et enviais, était celui que l'on voyait dans les westerns américains, comme par exemple dans "L'homme qui tua Liberty Valence": celui qui écrit les articles dénonçant les exactions des bandes de brigands qui terrorisent la région, les tapent sur sa linotype, assemble les caractères de plomb, les sort sur sa rotative, va vendre son journal jusqu'à ce que ces hordes de bandits viennent saccager son imprimerie, le passent à tabac, le menacent Et qui recommence inlassablement son boulot. Heureusement aux Nouvelles de Roumanie, la vie est plus tranquille! Henri Gillet répond aux questions d'henri Gillet Les Nouvelles de Roumanie : une aventure à dormir debout! Le succès où on ne l'attendait pas -C'était un pari tout de même de lancer une revue indépendante, sans concours extérieur, sans publicité? -H.G.: Oui Et çà l'est toujours, dix ans après. Il fallait trouver les lecteurs. Je savais qu'ils existaient potentiellement, ayant rencontré tellement de compatriotes passionnés de Roumanie au cours de mes voyages. Je me suis procuré des adresses, j'ai fait des "mailings". J'ai même acheté un fichier d'entreprises travaillant avec la Roumanie à la Chambre de commerce de Nantes. Il nous a été facturé 15 ou F, alors que, généralement, il était donné gratuitement pour aider ceux qui démarraient. Enfin Je me suis dit que des chefs d'entreprises investissant en Roumanie devaient être les premiers à vouloir savoir ce qui s'y passait. Ne serait-ce que pour leurs affaires Eh bien non! En tout et pour tout, pour un millier d'envois, nous avons recueilli trois abonnements! Malgré des relances et des numéros gratuits! Je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer? Et c'est toujours le même manque de curiosité dans ce milieu. Je n'en reviens toujours pas qu'on puisse investir dans un pays sans s'y intéresser, en ne pensant qu'aux profits qu'on peut en tirer. La taque-taque-tique du gendarme Çà n'a pas été plus fameux, côté administrations. La France étant un partenaire de choix de la Roumanie, y envoyant de nombreuses missions, j'imaginais que les fonctionnaires expédiés là-bas, ne connaissant rien au pays, seraient heureux d'être informés. Rien! La Gendarmerie nationale chargée de moderniser son homologue roumaine a dépensé des milliers d'euros pour une formation à la va-vite de quatre-cinq jours, faite de poncifs et de lieux communs, censée présenter la Roumanie à ses futurs coopérants alors qu'un simple abonnement de 490 F aux Nouvelles, leur aurait permis d'en savoir tellement plus! J'ai ainsi découvert que l'intérêt de ces missions et organismes pour le pays où ils intervenaient était calqué sur leurs horaires de bureau, pas très exigeants. Ceci dit, j'ai rencontré des chefs d'entreprises qui m'ont épaté. Se donnant à fond, en bavant à cause des difficultés incommensurables rencontrées sur place, tenant bon, pour eux, pour leur personnel, et pour cette Roumanie qu'ils avaient souvent des raisons de maudire, entre bakchichs, contrôles pinailleurs, bureaucratie, indolence. Même état d'esprit, chez des coopérants français, admirables, disponibles, à l'écoute de La lecture de la presse roumaine, moment incontournable de la journée pour Henri Gillet. leurs interlocuteurs. -Où avez-vous trouvé vos lecteurs? H.G. : Finalement, nous les avons rencontrés là où on ne s'y attendait pas, car le prix de l'abonnement, qui ne représentait pas grand-chose pour un patron qui fait passer çà dans ses frais ou une administration subventionnée par l'etat, pouvait se révéler dissuasif pour des abonnés individuels. Ce sont pourtant eux, les passionnés de la Roumanie, membres d'associations, de comités de jumelage, ayant retroussé leurs manches pendant et après la "Révolution", lié des relations intenses avec leurs amis roumains, demandeurs de toujours plus d'informations, qui forment le gros contingent de nos abonnés. Le premier numéro nous avait amené 23 abonnés. Çà ne nous a pas découragé, car on tirait à plus d'un millier d'exemplaires, distribués gratuitement pour nous faire connaître, un chiffre qui nous donnait un peu le vertige. On savait qu'il fallait être patient. On s'était fixé un cap à ne pas dépasser: F de déficit. En fait, on est allé jusqu'à F et, alors que nous commencions à nous poser des questions, les comptes se sont redressés. C'était loin d'atteindre l'équilibre, mais encourageant. -Qui finalement fait les Nouvelles de Roumanie? -H.G. : Nous deux de A à Z. En empruntant il est vrai de plus en plus des éclairages extérieurs, pour ne pas tourner en rond. Ils sont souvent "reconditionnés" ou enrichis pour répondre à l'attente de nos lecteurs qui, en dix ans pour les plus anciens, à travers plus de 3000 pages de reportages et articles fouillés, sont devenus des connaisseurs de la Roumanie. -Vous n'êtes pas un peu rêveurs? H.G. : Il existe une contrepartie aux risques pris et au travail énorme fourni. Je dirais que c'est une fierté pour nous de faire partie de ces rares revues qui ne pensent pas en termes économiques, mais se soucient avant tout de faire partager leur passion à leurs lecteurs. En les informant bien, on sait qu'on aide indirectement la Roumanie. Un modèle serait La Hulotte, publication faite en Champagne-Ardennes depuis des années par un ou deux passionnés, et qui est devenu une référence dans le monde, notamment auprès des spécialistes, racontant la vie des animaux sauvages, des renards, des hérissons, des arbres et des fleurs d'europe. A la fois amusante et très rigoureusement documentée, ce "journal le plus lu dans les terriers" m'émerveille. Alors, on espère que, plus tard, Les Nouvelles, par leur richesse et diversité, serviront aussi de référence à ceux qui entreprendront des recherches sur la Roumanie au tournant de ce nouveau siècle. Ce serait notre plus belle récompense! (à suivre page 10) 9

6 10 ARAD CLUJ TIMISOARA BAIA CHISINAU Dix Ans de Nouvelles de Roumanie : un moment magique après en avoir tellement bavé! -Pourquoi vous êtes vous lancés dans la réalisation de Dix Ans de Nouvelles de Roumanie? -H.G. : Ce n'est pas mon idée, mais celle d'un copain qui m'a vivement incité à marquer cette échéance en réunissant les articles les plus évocateurs de cette décennie. Je lui en veux encore, car je n'ai rien vu du printemps et de l'été. Au départ, je pensais que çà ferait une cinquantaine de pages et que çà nous prendrait une quinzaine de jours. Finalement, on est arrivé à plus de 450 pages, six mois de travail, soit plus de 600 heures en plus des numéros habituels à sortir, des reportages et déplacements en Roumanie à continuer. On est sur les genoux et en outre, il faut rattraper ce qu'on a dû laisser de côté. "Cerise sur le gâteau" dans l'évaluation du prix de vente de l'ouvrage (30 en souscription) dont je souhaitais qu'il nous laisse une marge d'environ 5 pour subvenir aux éventuelles mauvaises surprises, j'ai oublié de prendre en compte deux ou trois éléments dont le surcoût de l'expédition, Dix Ans pesant 1200 grammes! Si bien qu'il s'agira d'une opération ric-rac. Heureusement, il y a eu le moment magique où l'imprimerie nous a présenté le fruit de ce travail: il était si beau qu'on était comme des parents devant leur nouveau-né. On trouvait qu'il était vraiment unique! Cela nous a largement récompensés. (suite de la page 10) On ne va pas souhaiter que la Roumanie connaisse une révolution annuelle pour relancer les ventes! -Où en êtes vous maintenant? -H.G. : Nous avons autour de 600 abonnés. Le maximum a été atteint voici deux ans, avec 700. Depuis, on enregistre un tassement: la Roumanie intéresse moins, elle s'est banalisée en entrant dans l'ue. Nos lecteurs vieillissent aussi. Pourtant la revue s'améliore au fil des ans, ayant donc recours à davantage de collaborateurs extérieurs, n'hésitant pas à varier les sujets, à augmenter le nombre de pages, ayant acquis une véritable expertise sur la Roumanie. C'était un peu prévisible. On ne va pas souhaiter que ce pays connaisse une révolution annuelle pour relancer les ventes! Côté finances, c'est mieux. Le déficit a été résorbé au fil des années. Toutefois, j'oublie toujours d'inclure dans les comptes le fait que les abonnements constituent une avance de trésorerie qu'il faudrait les rembourser si nous étions obligés d'interrompre brutalement la parution. Depuis maintenant cinq ans, nous sommes à l'équilibre, en incluant désormais dans notre budget les frais de nos déplacements en Roumanie. Cela n'est rendu possible qu'en travaillant bénévolement. J'ai fait un rapide calcul: depuis dix ans, à deux, nous avons consacré environ heures aux Nouvelles ce qui fait, avec le léger solde positif enregistré, une rétribution de 5 centimes d'euros chacun de l'heure! -Pourquoi ne pas passer à Internet et à la publicité? H.G. : Souvent, des amis de la revue nous poussent à imaginer des solutions pour rendre plus confortable la situation. La publicité? 600 abonnés - même si la revue circule et toucherait d'après nos estimations entre 3000 et 5000 lecteurs - ne présentent aucun intérêt pour un annonceur. En outre, çà nous demanderait du temps et puis on aurait l'impression de vendre un peu notre âme. Passer uniquement en version Internet? L'économie réalisée ne serait pas décisive et beaucoup de nos lecteurs rechigneraient à cette perspective. Ils sont, comme nous, de la "génération papier". Ceci dit, nous devrions avoir bientôt un site Internet, mais qui ne concurrencera pas la version imprimée. Trouver d'autres abonnés? On a fait le maximum dans ce domaine et on en prend notre parti. Autant dire que Les Nouvelles de Roumanie ne peuvent exister qu'en entretenant le feu sacré de la passion et que ce serait marcher sur la tête si l'objectif était de viser la rentabilité! Elles s'arrêteront un jour - Quand? Nous n'en savons rien - quand nous ne pourrons plus continuer, car je ne vois pas quelqu'un de sensé prendre le relais. Il faut être fou pour se lancer dans une telle aventure. "On est parfois pas loin de l'overdose" Avec Vali (à gauche) et Dodo Nita (à droite) -N'avez-vous pas envie de renoncer parfois? -H.G. : Bizarrement, çà ne nous traverse pas trop l'esprit. Pourtant c'est lourd. Huitdouze heures chaque jour, consacrées intégralement à ausculter la Roumanie, y compris le week-end et les fêtes dont nous avons perdu la notion. Une journée commence par l'ordinateur qu'on allume: revue de presse roumaine, dernières nouvelles, sélection des sujets à traiter, recherche d'informations complémentaires, de documentation, puis vient le moment de "l'intendance" - courrier, abonnements, comptabilité - puis la préparation techniques des numéros à venir - mise en page, impression, expédition, organisation des reportages - avant de se consacrer enfin à la rédaction, moment censé être le plus calme et le plus enrichissant. Cela nous conduit souvent à heures dans des journées entrecoupées d'appels téléphoniques avec la Roumanie. Ce qui reste de la soirée est souvent consacré à la lecture de documents ou ouvrages ayant trait à ce pays, à regarder la télé roumaine. Quand aux rares vrais moments de détente... c est pour inviter des amis roumains ou rendre visite à des franco-roumains. On est en pleine overdose! -Il y a quand même des bons côtés H.G.: Heureusement, nos séjours en Roumanie sont de véritables évasions. Mais ils se révèlent encore plus fatigants car il faut continuer "à faire tourner la boutique" à distance, réaliser des interviews, entreprendre des enquêtes, honorer des rendez-vous, tout en écrivant des articles pour ne pas prendre trop de retard et bien sûr gérer toute l'intendance d'un voyage: faire la route, location de voiture, réservations d'hôtels. J'en reviens transporté par ce que j'ai vécu, mais épuisé. Et, au retour, il faut rédiger, vite préparer le prochain numéro, relancer la machine. C'est simple: entre préparation et concrétisation, un voyage d'un mois c'est trois mois de travail. Pour revenir à la question, je dois avouer qu'arrêter Les Nouvelles de but en blanc nous créerait un grand vide et je ne sais pas comment on arriverait à le combler. Des lecteurs exigeants mais qui le sont aussi vis-à-vis d'eux mêmes - Les Nouvelles de Roumanie sont-elles sous influence? -H.G: Oui, sous celle de ses lecteurs. Mais c'est à double tranchant. Je rêvais d'un journal qui ne soit fait qu'en fonction d'eux. C'est à dire de lecteurs exigeants, mais qui le sont aussi vis-à-vis d'eux-mêmes, de ce qu'ils veulent savoir de la Roumanie: pas de clichés, pas d'articles ou bien d'interviews de complaisance. Mais agréable et facile à lire. Incitatif. C'est donc notre ligne rédactionnelle, dérangeante parfois parce qu'on n'hésite pas à dire les choses telles qu'elles nous apparaissent et que cela peut égratigner certaines susceptibilités. Nous avons l'ambition de traiter un maximum de domaines, de manière efficace, documentée et de ne pas faire perdre leur temps aux lecteurs. Donc "exit" les propos convenus, ne servant à rien, les entretiens avec les politiciens, ministres, hauts fonctionnaires ou diplomates qui ont besoin d'un parapluie avant de parler. Ce qui nous intéresse, ce sont les Roumains de terrain, quelque soit leur milieu! Et il y a beaucoup matière à dire. Cela m'amuse de rencontrer des gens qui me demandent "Mais qu'est-ce que vous allez pouvoir raconter dans votre prochain numéro?". Il y a tellement de choses que nous devons laisser de côté, faute de temps et de moyens -Dix ans, çà réserve des moments forts? -H.G.: Des moments magnifiques, vous voulez dire. Des Rencontre de Dolores Sirbu avec le roi Michel dans sa maison de Versoix, en Suisse. moments remplis d'émotion, de surprise, de tendresse. Suivre les villageois des vallées dans leur transhumance avec leurs troupeaux vers les hauteurs des Monts Apuseni, se perdre dans le delta du Danube sur les traces des flamants roses, découvrir la vie des paysans csango, écouter le récit des rescapés du canal du Danube à la Mer Noire, partager le quotidien des bûcherons du Maramures, s'émerveiller devant de vieilles personnes qui racontent la France de leurs rêves sans jamais avoir pu y aller Je n'ai pas souvenir de mauvais moments particuliers. Si ce n'est l'appréhension ressentie chaque fois que je prends le volant, tant il me paraît risqué de conduire en Roumanie. "Les Roumains me donnent parfois envie de les secouer" - Quelle impression vous laissent les Roumains? -H.G.: Je dois être privilégié, car j'ai rarement à faire, sinon jamais, à ceux que décrivent les médias occidentaux. Je ne côtoie que des Roumains de qualité, qu'ils soient de simples paysans ou des intellectuels. D'ailleurs, je ne vois pas ce que j'irais chercher auprès des autres, c'est-à-dire les margoulins qui volent leur pays et désespèrent leur peuple. Les nombreux Roumains que je connais m'impressionnent par leur connaissance de la vie, leur profondeur humaine. Ils se sous-estiment trop, ce qui me donne envie parfois de les secouer. Deux choses m exaspèrent cependant chez eux: leur propension à considérer que les Tsiganes ne sont pas des êtres humains et à faire porter aux Juifs la responsabilité des malheurs de leur histoire sans vouloir chercher à en savoir plus. -Au final, regrettez-vous de vous être jeté avec Dolores dans l'aventure des Nouvelles de Roumanie? -H.G.: Je devrais! Quand je pense au stress quotidien, notamment lorsque le bouclage de la revue approche, que l'ordinateur tombe en Lors d un concert, suivi d une interview de Gheorghe Zamfir panne et que je deviens d'une humeur massacrante, ce qui n'est pas mon naturel du moins j'espère. D'un autre côté, s'entendre dire par un ambassadeur de France en poste à Bucarest qu'il se plonge dans Les Nouvelles, dès qu'elles lui parviennent, car elles lui permettent de mieux connaître le pays ou bien recevoir un d'un lecteur s'impatientant de ne pas avoir encore sa revue çà fait oublier beaucoup de désagréments. Propos recueillis par Henri Gillet 11

7 12 ARAD CLUJ BAIA TIMISOARA R. VÂLCEA PLOIESTI Remaniement ministériel CHISINAU Le Premier ministre Emil Boc a procédé début septembre au changement de six des seize ministres de son gouvernement. Ainsi, le ministre de l'agriculture Mihail Dumitru a été remplacé par Valeriu Tabara, le ministre des Finances Sebastian Vladescu par Gheorghe Ialomitianu, le ministre du Travail Mihai Seitan par Nelu Ioan Botis, le ministre des Communications Gabriel Sandu par Valerian Vreme, le ministre de l'economie Adriean Videanu par Ion Ariton, et celui des Transports Radu Berceanu par Anca Boagiu. Ceux qui pourraient changer le pays sont exclus Le système politique exclut "les plus énergiques et idéalistes", selon une étude du think tank britannique Oxford Analytica. Ce document affirme que la Roumanie continue de présenter des caractéristiques identiques à celles qui ont conduit le pays à faire du surplace après "Les millions de Roumains qui détiennent les valeurs et l'énergie nécessaires pour que le pays aille dans la bonne direction sont exclus du pouvoir et beaucoup préfèrent partir plutôt que de vivre dans un pays qui stagne", indique-t-il. Le rapport pointe aussi du doigt l'absence de véritables projets de développement du pays de la part des partis politiques, "le poids de la bureaucratie, les fardeaux que sont la corruption et le népotisme", et insiste sur "le désenchantement des classes moyennes vis-à-vis des élites politiques" mais aussi sur leur "apathie qui les empêche de remplacer ces politiciens incompétents". Politique Débat torride sur la légalisation de la prostitution Le député démocrate-libéral Silviu Prigoana (PD-L, pro-basescu) a déposé, lundi 6 septembre, une proposition de loi visant à dépénaliser et encadrer la prostitution. Dans une Roumanie à majorité orthodoxe, l'église et des hommes politiques de tous bords ont crié au scandale, d'autant que le pays reste toujours affecté par la traite des êtres humains. Le texte devait être débattu fin octobre au parlement. Silviu Prigoana à l'origine de l'initiative. Silviu Prigoana a indiqué que sa proposition de loi sur la légalisation de la prostitution s'inspirait "de la législation allemande, traduite et mise sur la table par les députés et sénateurs roumains" sous une forme un peu modifiée. D'après lui, "dans tous les pays où l'eau chaude est courante" une telle règlementation existe. Le député PDL a montré que dans tous les journaux roumains, à la rubrique des petites annonces, on trouvait des offres de services sexuels non règlementés. La proposition de loi définit "le plus vieux métier du monde" comme "une activité autorisée à caractère sexuel" pouvant s'exercer à domicile ou dans des "bordels". Jusqu'ici les filles prises sur le fait encouraient jusqu'à 3 ans de prison. Le texte fixe aussi un âge minimum requis de 20 ans pour les prostituées et de 16 ans pour les clients. Par ailleurs, il reconnait un droit à des notes de frais et à un carnet de santé pour les personnes qui travaillent dans ce domaine. "Le clergé roumain considère l'initiative du député Silviu Prigoana comme un attentat à la dignité humaine, à l'institution sacrée de la famille et à la morale publique", a fait savoir l'église orthodoxe roumaine (BOR) dans un communiqué publié mardi. "Le clergé roumain maintient sa position exprimée publiquement selon laquelle la loi sur la prostitution ne résout pas un problème social grave mais au contraire l'amplifie sous la forme d'un esclavagisme financier", poursuit le texte. "Un cadeau pour l'anniversaire du Premier ministre" "L'initiative de Silviu Prigoana n'est absolument pas sérieuse, surtout dans un tel contexte, quand la situation économique est désastreuse, quand les retraites diminuent et les prix augmentent", a estimé le porte-parole du Parti social démocrate (PSD, opposition), Radu Moldovan. Selon lui, cette proposition de loi pourrait expliquer pourquoi Silviu Prigoana vient de réintégrer le parti présidentiel, quelques mois après l'avoir quitté. "Cela a peut-être été une condition pour qu'il revienne, histoire qu'il ne réapparaisse pas les mains vides. Et comme le projet a été annoncé le jour de l'anniversaire d'emil Boc, il se peut qu'il ait été un cadeau pour le Premier ministre", a ajouté Radu Moldovan. Interrogé sur les intentions de vote des sociaux-démocrates, le porte-parole répond : "Je n'ai rien à dire concernant des questions aussi peu sérieuses". À son tour, le député libéral Mihaita Calimente, a déclaré qu'il ne voterait jamais en faveur d'une loi légalisant la prostitution. "Le PDL ne s'occupe pas des problèmes de la Roumanie", a-t-il dénoncé, ajoutant "il est probable que Monsieur Prigoana se soit imaginé qu'il résoudrait le problème des retraites avec l'argent des prostituées". De leur côté, les formations partenaires du PDL, dont l'union Démocrate des Magyars de Roumanie (UDMR), ne rejetaient pas d'emblée l'initiative de Silviu Prigoana mais attendaient le débat au Parlement. Raluca Dumitriu (Gândul) Traduit par Miruna Mitranescu (Le Courrier des Balkans) Politique Ce matin, j'ai présenté ma démission. C'est un geste d'honneur", a indiqué Vasile Blaga, dont le ministère avait été mis en cause par le président Traian Basescu pour les actes d'"indiscipline" enregistrés lors de cette marche. "Je respecte le droit des policiers de manifester mais uniquement dans un cadre légal", a-t-il ajouté. Selon le quotidien Gandul, le président Basescu aurait demandé la veille à Vasile Blaga de limoger les chefs de la police et de la gendarmerie, ce que ce dernier aurait refusé. Mais les deux hommes devaient présenter leur démission le lendemain. Laissant entendre qu'il regrettait cette décision "personnelle", le Premier ministre Emil Boc a nommé dans la foulée un successeur, en la personne de Traian Igas, un sénateur du Parti démocrate libéral (PDL, au pouvoir) sans expérience dans l'administration. Le président Basescu a aussitôt entériné cette nomination. La démission de Vasile Blaga est intervenue sur fond de polémique sans précédent autour des droits et des obligations des forces de l'ordre, après que 5000 policiers eurent protesté vendredi contre une baisse de 25% de leurs salaires. Après s'être rassemblés devant le gouvernement, comme ils y avaient été autorisés, ils se sont rendus au palais présidentiel, où ils ont réclamé la démission du chef de l'etat et scandé des injures à son adresse. Plusieurs d'entre eux ont jeté leurs casquettes par terre en signe de protestation, du jamais vu en Roumanie. Menaces sur l'adhésion à l'espace Schengen? Le ministre de l'intérieur avait aussitôt dénoncé cette manifestation, soulignant que les responsables syndicaux ayant encouragé les policiers à "enfreindre la loi" seraient sanctionnés. Le président Basescu avait de son côté annoncé samedi qu'il renonçait à la protection de la police, accusant les manifestants d'avoir "sapé l'autorité de l'etat." Des policiers en colère provoquent la démission du ministre de l'intérieur Le ministre roumain de l'intérieur Vasile Blaga a démissionné lundi 27 septembre après une manifestation controversée de 5000 policiers, alors que des voix de la majorité comme de l'opposition craignent que son départ ne retarde l'entrée du pays dans l'espace de libre circulation de Schengen, prévue en mars prochain. Les politiciens, qui ont rédigé le projet de loi visant à taxer sorciers et médiums, ont trouvé une raison à son rejet par le Sénat. En effet ils pensent que les législateurs n'ont pas voulu donner leur aval de peur d'être la cible de malédictions ou du mauvais œil. Alin Popoviciu et Cristi Dugulescu, membres du Parti Démocrate Libéral, voulaient notamment que les sorciers et les diseurs de bonne aventure produisent des reçus à leurs clients et qu'ils soient tenus responsables des mauvaises prédictions. Une célèbre sorcière roumaine, "Ce qui est encore pire, c'est qu'ils ont participé à cette action illégale en portant l'uniforme et les symboles de l'etat", avait-il déploré. Le Premier ministre Emil Boc lui a emboité le pas et a lui aussi renoncé à la protection policière. Ce qui a donné lieu pour les deux hommes à des scènes inhabituelles et passibles de contravention Le Président, au volant de sa voiture, téléphonant en conduisant, le Premier ministre brûlant des feux rouges. En annonçant sa démission, Vasile Blaga a par ailleurs souligné, visiblement ému, que le ministère de l'intérieur était confronté au "défi le plus important après l'entrée de la Roumanie dans l'union Européenne" en janvier 2007, à savoir l'adhésion à l'espace Schengen de libre circulation des personnes, prévue en mars "Aucune suspicion ne doit planer sur ce ministère en ce moment", a-t-il lancé, assurant que la Roumanie avait "rattrapé les retards" sur ce dossier. Selon des sources citées par les médias locaux, des responsables du PDL, dont Emil Boc, avaient tenté de le convaincre de revenir sur sa décision, redoutant que la nomination d'un nouveau ministre, moins familier de ce dossier, ne provoque des retards supplémentaires. L'un des leaders de l'opposition, le social-démocrate Mircea Geoana, a pour sa part vanté le "travail sérieux" du démissionnaire, estimant que son départ risquait de "mettre en danger l'objectif" d'adhésion. Ce changement à la tête du ministère intervient à un moment où plusieurs pays membres de l'ue évoquent un possible report de l'entrée de la Roumanie dans cette zone, arguant d'une "préparation insuffisante". Les autorités françaises ont pour leur part lié ce dossier au règlement du problème des Roms, dont plusieurs centaines ont été renvoyés vers la Roumanie et la Bulgarie, dans le cadre d'un durcissement de la politique de Paris envers cette minorité. Mihaela Rodina (AFP) Les sorciers et diseurs de bonne aventure ne seront pas taxés Maria Campina, a défendu qu'il serait difficile de taxer les milliers de pratiquants d'art occulte étant donné les sommes aléatoires qu'ils recevaient pour leurs services. La situation n'est pas claire quant à savoir si le projet de loi sera révisé ou non. 13

8 14 BAIA CLUJ ARAD TIMISOARA PLOIESTI GIURGIU Duster : bonnes et mauvaise surprises Près d'un an après le lancement du Duster, le véhicule tout-terrains low-cost de Dacia, fabriqué dans son usine de Movieni, près de Pitesti, et commercialisé depuis neuf mois en France, le magazine roumain Capital a voulu connaître l'avis d'un acquéreur français qui avait déjà effectué 7000 km à son volant. Le modèle analysé est le Duster 1.5 DCI 85 4X2 Laureate. Son propriétaire s'avoue fortement déçu par la consommation du véhicule: 6,6 litres au 100 km sur route, alors que l'ordinateur de bord affiche 5,3 l et que la publicité annonce 4,9 l, soit une différence de 34,7 %. Cette consommation grimpe même à 7,5 l avec passagers et bagages à bord contre 5,7 l indiqués dans la brochure publicitaire. Autre motif d'insatisfaction: les vibrations du véhicule qui se traduisent même par des tremblements du rétroviseur intérieur. Par contre, cet automobiliste se déclare enchanté par la tenue de route et le sentiment de sécurité procuré par le Duster ainsi que pas son système de climatisation. Economie Dacia et sa maison mère, Renault, savent soigner leur pub personnes ont participé au second Grand Pique-Nique de la marque, dimanche 19 septembre sur 2 sites, Mousseaux sur Seine (78) et Cublize (69). Près de véhicules Dacia, essentiellement des Logan et des Sandero, ont fait le déplacement pour cette journée que le constructeur a voulu placer sous le signe de la convivialité. La première édition de ce "raout" avait attiré 4000 personnes le 27 septembre Nous venons pour rencontrer d'autres personnes, discuter, passer un bon moment j'aime bien le principe il peut y apparaître une sorte d'entraide" ont confié des participants qui avaient effectué plusieurs centaines de kilomètres pour ne pas manquer ce rendez-vous. Outre le pique-nique géant, de nombreuses animations étaient proposées aux membres de la "communauté Dacia": activités nautiques, jeux gonflables, démonstrations du 4 4 Duster, low cost tout-terrains... Bernard Cambier, le directeur commercial France de Dacia, à l'origine de l'initiative, se félicitant de la Dacia Attitude : "C'est à la fois l'achat malin et la recherche du juste nécessaire au juste prix. Il y a une véritable fierté Dacia et le succès du pique-nique démontre bien l'attachement de nos clients à leur marque". Pour clore l'événement, les participants se sont rassemblés pour une photo souvenir qui, vue du ciel, formait le leitmotiv de cette journée : "J'aime ma Dacia" (à Mousseaux) et "Dacia 2010" (à Cublize). Près d'un Européen sur trois veut mettre moins de 8000 euros dans sa voiture 7500 participants au 2ème grand pique-nique du constructeur automobile La Dacia Attitude Bernard Cambier a profité de ce pique-nique pour vanter les mérites de sa marque, rappelant l'épopée de la Logan. Lancée dans l'hexagone en 2005, la nouvelle Dacia est devenue en 6 ans seulement un acteur incontournable du marché automobile français. A la fin août, Dacia se plaçait en 4ème position sur les ventes à particuliers avec immatriculations (derrière Renault, Peugeot et Citroën), soit une part de marché de 8,2% et une progression de +125% en un an. Depuis le début de l'année, Sandero est devenu le véhicule le plus vendu à des particuliers en France. Duster, le dernier-né de la marque, se positionne déjà numéro 3 du segment des tout-terrains, 6 mois après sa commercialisation. Pour Dacia qui revendique le concept du véhicule low-cost, la montée en flèche de la marque reflète une évolution des mentalités chez les consommateurs. Alors qu'avant, les clients hésitaient à acheter une telle voiture, aujourd'hui, selon l'enquête Cetelem de 2010, 29% en moyenne des clients dans les principaux marchés européens ayant l'intention d'acheter un véhicule neuf pensent dépenser moins de 8000 euros. Si l'importance du rapport qualité/prix a été amplifiée par la crise économique, une tendance de fond de consommer moins et mieux est bien engagée. "Dacia a su anticiper cette évolution des mentalités avec sa gamme de véhicules fiables au rapport prix/prestations imbattable" conclut avec fierté Bernard Cambier qui souligne que Dacia a été élue 2ème marque automobile la plus appréciée par ses clients en France, par une enquête SOFRES-Journal de l'automobile. Economie En vigueur depuis le 1er mai 2009, l'impôt minimum, payable par toutes les sociétés immatriculées au Registre du commerce, qu'elles soient actives ou suspendues, bénéficiaires ou en perte, a soulevé de nombreuses critiques. Compris entre 2200 lei (environ 500 euros) pour les sociétés ayant un chiffre d'affaires allant de 0 à lei (environ euros) et de lei (environ euros) pour les entreprises ayant un chiffre d'affaires de plus de 129 millions de lei (environ 31 millions d'euros), cette mesure avait pour but initial de réduire l'évasion fiscale. L'introduction de cet impôt aurait toutefois causé la faillite de petites et moyennes entreprises en Roumanie et la perte de emplois, si on en croit les organisations patronales. La fin de l'impôt minimum a donc été vécue comme un Ces derniers mois, environ 2500 entreprises roumaines ont installé leur siège social en Bulgarie, notamment à Ruse, en face de Giurgiu, distante de moins de 70 km de Bucarest, pour échapper aux mesures draconiennes prises par leur gouvernement afin de lutter contre la crise dans le cadre de l'accord avec le FMI. Confrontées à la même situation économique, les autorités des deux pays ont réagi de façon opposée, en ce qui concerne les taxations. Si Bucarest et Sofia ont Le gouvernement renonce à l'impôt minimum sur les sociétés L'impôt minimum sur les sociétés vient d'être remplacé pour le quatrième trimestre 2010 par un impôt sur le profit, dont les premiers effets ne seront pas immédiats. Le gouvernement a également annoncé qu'il continuera sa lutte contre l'évasion fiscale avec la création d'un nouvel impôt forfaitaire en 2011 Nouvel emprunt auprès du FMI en 2011 soulagement chez les entrepreneurs, qui restent toutefois prudents sur la reprise des investissements. "L'annulation de l'impôt minimum aura un effet bénéfique. Mais les patrons ne savent pas ce qui les attend l'année prochaine et quel nouvel impôt va introduire le gouvernement", a indiqué pour le quotidien Gandul Florin Parvu, vice-président du Conseil national des petites et moyennes entreprises de Roumanie (CNIPMMR). Car le gouvernement n'entend pas abandonner sa lutte contre l'évasion fiscale et parle déjà de réintroduire en 2011 un nouvel impôt minimum. "Ce qui est sûr, c'est que les entreprises ne commenceront pas à investir avant de savoir quel impôt surprise leur prépare le gouvernement l'année prochaine" a réagi Florin Parvu. Jonas Mercier ( La Bulgarie a attiré 2500 entreprises roumaines ces dernier mois La Roumanie va contracter un nouvel emprunt auprès du FMI en 2011, a annoncé, le président Traian Basescu devant le Parlement. Il a justifié cette décision par le fait que "personne, à l'heure actuelle, ne veut prêter à la Roumanie sur le long terme en raison des déficits structurels". Le chef de la mission du FMI en Roumanie, Jeffrey Franks, a déclaré que ce nouvel accord porterait sur "une somme plus petite". "Il n'y a pas de motif à avoir un programme aussi important que celui qui existe actuellement (20 milliards d'euros). Il a ajouté que ce nouvel accord consisterait sans doute en un accord de type "precautionary". En clair, l'argent ne sera pas versé sur le compte de l'etat roumain, mais restera à Washington et ne pourra être dépensé que si des "situations imprévues" apparaissent. décidé de maintenir leur taxe sur les profits au même niveau, 16 % pour la première et 10 % pour la seconde, le taux de TVA est passé à 24 % pour l'une et seulement à 20 % pour l'autre. La Bulgarie a, en outre, décidé d'aider le milieu économique en luttant contre la bureaucratie, baissant le capital initial nécessaire à la création d'entreprise de 2500 à 1 et le délai pour effectuer les démarches à une semaine, contre 50 et au moins deux semaines. Mais c'est surtout le cadre d'incertitude politique qui décide les hommes d'affaires roumains à passer la frontière : "En Roumanie, la législation et la fiscalité changent d'un jour sur l'autre, on ne peut avoir aucune garantie si on veut se lancer" confie un jeune Bucarestois de 23 ans qui vient d'ouvrir une télévision en ligne. Toutefois, si les taxes et le coût de la min d'œuvre restent relativement faibles dans les deux pays par rapport au reste de l'ue, la carence des infrastructures reste un obstacle majeur à leur développement et attractivité. Cent bancs d'essais pour Renault Renault a inauguré le 15 septembre, dans les environs de la capitale roumaine, un centre technique pour tester ses nouveaux modèles. Celui-ci vient en complément des centres d'essais d'aubevoye et de Lardy en France et sera principalement dédié à la mise au point des véhicules et de la mécanique issue de la plate-forme de la Logan Situé dans la commune de Titu, entre l'usine Dacia de Pitesti et le centre d'ingénierie Renault à Bucarest, ce centre devient une partie intégrante de Renault Technologie Roumanie. Selon un communiqué de presse du constructeur, il comprend cent bancs d'essais destinés à des véhicules complets et à leurs composants. Dix types de pistes sont prévus, d'une longueur totale de 32 km, pour analyser le comportement des véhicules. Un anneau de vitesse, des chaussées déformées, une zone de projection sous caisse ou des gués peuvent reproduire la majorité des conditions de circulation. Traian Basescu, présent lors de l'inauguration, n'a pas cessé de louer le constructeur automobile français pour ses investissements en Roumanie, ajoutant que la privatisation de Dacia en 1999 a été "l'une des meilleures décisions des gouvernements d'après 89". 15

9 Social Cachez cette crise qu'on ne saurait voir 16 TIMISOARA BAIA ARAD BRAN GIURGIU M. CIUC CHISINAU Achetez roumain! Le ministère de l'economie, du Commerce et du monde des Affaires vient de lancer un nouveau programme baptisé "Acheter roumain" qui vise à relancer la production interne et fait partie du plan national de lutte contre la crise. Financé par des fonds européens, à hauteur de 5,2 millions de lei (1,23 M ), ce programme prévoit notamment des mesures pour encourager et orienter les consommateurs vers des produits locaux. Les autorités prévoient d'aider les producteurs locaux en simplifiant le cadre législatif, et de mettre en place une certification des produits roumains. Pour mieux atteindre les consommateurs, le ministère a aussi annoncé avoir réservé le nom de deux domaines Internet, destinés à promouvoir ces produits: et Seul petit hic, le second nom a déjà été réservé par un site d'informations, Hotnews.ro, pour montrer le manque de cohérence des politiques publiques du gouvernement. Gazoduc Szeged-Arad Les chefs de gouvernement de la Hongrie et de la Roumanie ont inauguré un nouveau gazoduc de 109 kilomètres reliant la ville hongroise de Szeged (sud) à Arad, d'une capacité d'acheminement de 3 milliards de mètres cubes de gaz par an. Le projet, d'un montant de 75 millions d'euros, a démarré en Il a été mené par une filiale de la compagnie pétrolière et gazière MOL en Hongrie, et par la société Transgaz en Roumanie. Ecrivain et journaliste suisse, Noël Tamini connaît bien la Roumanie où il vit près de la moitié de l'année dans la maison qu'il a acquise voici plusieurs années près de Baia Mare. Au contact quotidien de la population, il nous livre ses impressions au jour le jour sur la crise qui affecte les Roumains, mais qui n'apparaît pas toujours de façon évidente à la campagne. "Cachez cette crise qu'on ne saurait voir" aurait dit Molière. Mme X., bugetara (fonctionnaire), depuis quelques années au Trésor public, et détentrice d'un master en management depuis juillet dernier, m'a fait voir sa fiche de salaire: 460 lei, net. Son mari, de la Garde financière, pareil: un peu plus de 500 lei. Donc même pas 250 euros à eux deux. C'est triste, voire glacial à dire, car je songe aux besoins de la grande majorité des Roumains dès l'hiver. Toutefois, il y a des faits qui continuent d'étonner. Ainsi, en août, avec une famille amie j'ai vécu dix jours de rêve à Baile Felix, où le prix d'entrée au grand ensemble de piscines a sensiblement augmenté en un an. Eh bien, c'était plein, et même débordant durant le week-end. Sans doute que la vraie pauvreté est cachée, ou discrète. On ne l'aperçoit pas, ou pas encore, ni dans les grandes surfaces (on achète sûrement moins et moins cher), ni dans les restaurants. Mes amis citadins en conviennent. "On tuera quand même le cochon en décembre" Les Roumains pensent que sous Basescu, on vit encore plus mal que du temps de Ceausescu. -Tu vois, Nicolae, toi qui disais que personne ne pourrait te dépasser. (caricature de Vali) Par contre, dans le village où je vis, mon copain paysan me disait l'autre jour: "La crise? Quelle crise pour nous autres qui continuons à vivre comme avant? Nous avons notre jardin, des vignes et des champs. Donc des légumes, du vin, des pommes de terre - au Maramures on dit pitchiotsh - du maïs, du blé. Et on tuera le cochon en décembre. On arrivera bien à payer les taxes diverses. Et si l'on n'a pas besoin de médicaments chers... La crise, si elle nous frappe vraiment, elle touchera surtout les gens qui ont abandonné les travaux des champs, quand ils ont gagné de l'argent...". Curieusement, lui et sa femme, leur modeste retraite (un peu plus de 300 euros par mois à eux deux) leur fait gagner plus que le couple de budgetari, dont, comme on sait, le salaire a été amputé de 25%. Mon copain a récolté beaucoup de blé cette année, et il a fini par me dénicher, du côté de Târgu Lapus, un vrai moulin à l'ancienne, marchant à l'eau et aux meules de pierre. Nous aurons enfin de la farine intégrale, pour faire du pain complet! Pareil pour le maïs, en suffisance, pour gens et bêtes. C'est triste à dire et à voir, mais il y a malheureusement quantité de terrains agricoles délaissés, en friche. Dans une Roumanie à l'agriculture naguère si prospère...on dit qu'aujourd'hui l'on importerait près de 90% des produits agricoles du marché! Une grande partie de ces surfaces laissées à l'abandon le sont bien évidemment par spéculation: pour être vendues à ceux qui, étrangers ou Roumains, ont de quoi investir. Rébellion face aux banques Là-dessus, ce n'est pas toujours drôle pour les gens aisés. Je sais une dame, cadre dans la fonction publique, qui avait de quoi faire des affaires, pensait-elle. Avant qu'il soit question de crise, elle a emprunté, et elle a acheté des terrains. Oui mais voilà, sans grande expérience en ces choses-là, elle a fait un emprunt en... francs suisses! "C'est, dit-elle, ce que l'on nous conseillait alors..." Or, cette monnaie s'est sensiblement appréciée depuis lors (d'environ 16% cet été!)... et faut payer les traites durant 15 ans! En outre, avec la crise la valeur des terrains achetés a chuté... Il y a depuis quelque temps un mouvement de "rébellion" face aux banques, qui ont encore trop tendance à essayer de berner le Roumain moyen, trop souvent naïf. "Grâce à Internet, m'a dit une employée de l'etat elle-même aux prises avec des problèmes bancaires, des clients qui s'estiment floués commencent à réagir, à se mobiliser, à former des groupes, surtout à Bucarest. Il y a des lois, mais les banques, attachées à faire un maximum de profit, crise ou pas crise, sont habiles à tourner la loi, à introduire dans leurs conditions des clauses, des réserves, pas évidentes pour le profane. Heureusement, conclut-elle, grâce à l'union européenne, qui souffle un vent de régularisation, nous pouvons garder l'espoir". Réactions de certains banquiers: "Si au bout du compte nous étions perdants, nous nous retournerions contre l'etat!". Ce sont là des bizarreries pour un Helvète surtout, où l'on a, disons, un peu d'avance dans ces domaines. Ainsi du délai pour résilier un contrat. Ainsi du taux maximum du crédit: usuraire à plus de 16% si je ne m'abuse. Avoir de quoi tenir l'hiver et arriver en santé au printemps Il est d'autres anomalies qui m'interloquent aussi, et même plus, mais qui paraissent laisser de marbre le Roumain, habitué depuis si longtemps à avaler de grosses couleuvres. Un cas. Arrive un jour ici un ami français que j'ai initié à la Roumanie dès l'été Nous voici ensemble à la maison de mon copain paysan, natif de Rozavlea (Maramures). Je lui dis: "N'est-ce Soixante cinq ans, c'est désormais l'âge de départ à la retraite pour les Roumains, les pensions devant continuer à être calculées sur la base moyenne de 39,5 % du salaire brut. Les députés ont adopté mi-septembre le projet de réforme des retraites. Cette réforme a été "imposée" par l'accord avec le FMI, puisque la Roumanie s'est engagée à réduire son déficit public à 6,8% cette année, contre 7,2% l'an passé. Or, le système public roumain des retraites enregistre un déficit croissant depuis 2008, déficit qui devrait atteindre 3 milliards d'euros à la fin En pas qu'à Rozavlea il y aurait pas moins de 87 policiers ruraux?". Il le confirme. Et auparavant? "Deux seulement". Dans notre village, c'est pareil et différent à la fois. Il y a quelques années on dénombrait 5-6 employés à la mairie. Maintenant, pas moins de employés municipaux. Comprenne qui pourra. Ou qui sait les mœurs politiques des pays encore novices en démocratie. J'interroge là-dessus le vice-maire de Tirgu Lapus, une grosse bourgade à 42 km au sud de Baia Mare. Pour Rozavlea, ilconfirme. "Et dans votre petite ville, combien de policiers ruraux?". Réponse: "Deux", comme autrefois. En général, les gens ont tellement de soucis pour faire bouillir la marmite, et guère le temps de penser à plus, ou à plus long terme. Avoir de quoi tenir l'hiver et arriver en santé au printemps, voilà à quoi pense, depuis toujours, le paysan, le vrai. Dans ce but, dans mon village deux familles se sont mises à cultiver des poireaux, à mon exemple: après qu'ils eurent vu que ce légume peut supporter les rigueurs hivernales de par ici. "Qu'est-ce qui a changé?... Le volume des poches!" Au-delà du souci de la nourriture, les gens paraissent résignés, ou depuis trop longtemps déçus, sans plus guère d'illusions. Il y aura, sauf erreur, des législatives dans deux ans. "Je crois bien que je n'irai pas voter, m'a dit l'épouse de mon copain paysan. Ce sera la première fois depuis...". Depuis qu'on se gargarise du mot démocratie, et que certains, toujours les mêmes, ne cessent de s'emplir les poches. C'est un mot, buzunar, poche, qui revient souvent dans les conversations. J'ironise parfois ainsi quand on me demande: "Pour vous, un étranger, qu'est-ce qui a changé en Roumanie avec les années?" Réponse: "Le volume des poches..." Noël Tamini Les Roumains vont aussi travailler jusqu'à 65 ans La loi de réforme des retraites, qui fait partie des réformes convenues par l'etat roumain avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'union européenne, a été adoptée mi-septembre. Fin des régimes spéciaux, départ en retraite à 65 ans, pensions calculées sur la base moyenne de 39,5 % du salaire brut Décryptage de la nouvelle législation. cause, notamment, le facteur démographique. Depuis 1989, la Roumanie a perdu 3,6 millions de salariés et vu le nombre de retraités augmenter de 2,2 millions. Une tendance qui va continuer; rien que l'an dernier, salariés ont quitté le marché du travail. Pour sortir de cette impasse et faire face à la baisse des cotisations, la nouvelle loi prévoit, sans surprise, l'allongement progressif de la durée du travail: l'âge de la retraite sera progressivement relevé à 65 ans, d'ici 2015 pour les hommes et d'ici 2030 pour les femmes. L'amendement qui prévoyait de fixer l'âge de la retraite à 63 ans pour les femmes a finalement été rejeté. Dans les faits, la réforme devrait changer le comportement des salariés roumains, nombreux à partir à la retraite anticipée. "Dans la pratique, l'âge de départ à la retraite est actuellement de 56 ans et six mois pour les hommes, alors qu'il devrait être de 63 ans, et de 55 ans et sept mois pour les femmes, contre 59 ans, selon la loi", a rappelé le Premier ministre Emil Boc aux députés pour justifier la réforme, ajoutant "On ne peut pas continuer avec ce système de retraite anticipée". (lire la suite page 18) 17

10 18 ARAD ZALAU HUNEDOARA BAIA CURTEA DE ARGES BACAU CHISINAU Cinq Kiabi ouverts en moins d'un an Kiabi, l'enseigne du Nord de la France, spécialiste de la mode à petit prix, a ouvert au premier semestre 2010 les cinq magasins prévus pour l'année Quatre sont situés à Bucarest, le cinquième est implanté à Constanta. Kiabi Roumanie compte 149 collaborateurs, dont 146 roumains et dispose aujourd'hui d'un réseau de 404 magasins, dont 85 à l'étranger (Espagne, Italie et Roumanie), soit plus de 8500 salariés. Une capitale moins intéressante En 2010, Bucarest a régressé à l'avant dernière place des 36 centres d'affaires européennes de dimension internationale recensés, juste devant Athènes, d'après une enquête menée auprès de 500 cabinets de consultance immobilière par l'agence Cushman&Wakefield. La capitale roumaine, considérée l'an passé comme étant la ville la plus intéressante au vu des coûts salariaux pratiqués, a reculé de quatre places. Hommage dérangeant Mis sous pression par la gauche qui avait réclamé sa démission, le président de l'assemblée nationale française, Bernard Accoyer (UMP), a commis un lapsus le mercredi 29 septembre, en saluant, dans l'hémicycle, le Turc Mevlüt... Ceausescu en lieu et place de Mevlüt Cavusoglu. A l'ouverture de la séance, Bernard Accoyer avait pris la parole pour "souhaiter la bienvenue à une délégation de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'europe, conduite par son président". (suite de la page 17) Dix d'espérance de vie en moins que dans le reste de l UE Salariés-retraités: la rupture de l équilbre En 20 ans, la Roumanie a perdu 1,6 millions de salariés et enregistré 2,2 millions de retraités ou pensionnés supplémentaires. Si la Roumanie s'aligne sur ses voisins européens en portant l'âge de la retraite à 65 ans, le pays a un contexte bien différent, notamment une espérance de vie beaucoup plus faible. "Cette mesure va aider le système d'assurance et alléger la dette publique, mais en Roumanie l'espérance de vie est de dix ans plus faible que dans l'ue. Résultat, les gens ne profiteront pas de leur retraite", affirme le sociologue Alfred Bulai, dans le quotidien Evenimentul Zilei. La loi prévoit aussi la suppression des régimes spéciaux et le maintien du point de retraite à 39% du salaire moyen brut (soit 175 euros) alors que les syndicats réclamaient sa hausse à 45% du salaire moyen brut (220 euros). "Le nombre de retraités est en hausse, celui des salariés baisse", a justifié le nouveau ministre du Travail, le démocrate-libéral Ioan Botis, rappelant que le pays ne compte que 0,8 cotisant pour un retraité et ne peut donc pas se permettre cette augmentation. Cette réforme est loin de faire l'unanimité. Son vote a soulevé la colère de l'opposition, libérale et social-démocrate. Le Parti social démocrate a ainsi déposé un recours devant la Cour constitutionnelle pour faire invalider la loi, qui l'ont rejetée, et les syndicats ont inclus l'opposition à la loi dans leurs revendications, nombreuses en ce moment. D'autant que cette réforme contestée pourrait bien ne pas être suffisante pour endiguer le déficit. "Cette loi se veut une réponse au contexte démographique et social de plus en plus défavorable de la Roumanie. Mais je suis sceptique quant à une réduction véritable du déficit endémique du système des retraites", estime Mihai Bobocea, secrétaire général de l'association pour les retraites administrées par des établissements privés. Le PSD et le PNL ont annoncé qu'ils allaient démarrer une nouvelle procédure de suspension du président si jamais il promulguait cette loi. L'opposition estime en effet que le vote de la loi par la Chambre des députés, le 15 septembre, a été truqué, la présidente de la Chambre annonçant 170 votes, alors qu'un nombre inférieur de députés était présent dans l'hémicycle. Le président Basescu a, lui, proposé que la loi soit revotée pour que la mesure d âge concernant les femmes soit ramenée de 65 à 63 ans. Marion Guyonvarch ( Pour les trois quarts des Roumains, la corruption augmente Selon un sondage d'opinion publié par le quotidien Adevarul (La Vérité), 75% des Roumains pensent que la corruption a augmenté au cours des cinq dernières années, 6% pensent qu'elle a régressé et 13% qu'elle est restée au même niveau. Les institutions auxquelles les Roumains font plus de confiances sont l'armée (51%), les établissements d'enseignement (43%), mairies (39%), les institutions de santé publique (31%), les Conseils départementaux (26%) et la Préfecture (25%). Evénements Le dossier et l'arrestation de Sorin Ovidiu Vantu (SOV), patron du groupe de medias Realitatea- Catavencu et de trois chaînes de télévision, puise ses origines dans une vieille affaire, le scandale du Fonds national d'investissement (FNI). Ce fonds de placement, qui promettait des gains faramineux aux épargnants, avait séduit des centaines de milliers de Roumains à la fin des années Mais en 2000, ce système pyramidal s'était écroulé et épargnants avaient été spoliés, le fonds ne disposant en réalité que de cinq millions de dollars, loin des 100 millions qu'il revendiquait. Nicolae Popa était le gérant de la société Gelsor qui administrait le fonds. Sitôt le FNI effondré, il avait pris la fuite, avait été condamné par contumace en 2006 à 15 ans de prison, avant d'être finalement arrêté en Indonésie en décembre 2009 et en passe d'être extradé en Roumanie. Sorin Ovidiu Vantu, considéré comme le cerveau et le vrai maître d'œuvre du FNI avait été condamné à deux ans de prison dans un dossier annexe, mais n'y a passé aucun jour, en raison de la prescription des faits. Jusqu'ici, seule une comparse de cette escroquerie géante, Ioana Maria Vlas, président de SOV Invest, qui s'était enfuie en Israël, avant de se rendre finalement aux autorités roumaines, condamnée en 1983 à dix ans de prison, libérée ces jours derniers, s'indignant du fond de sa cellule que son patron ne l'y ait pas suivie. Un SMS malencontreux Le passé a cependant rattrapé SOV début septembre, à la suite d'une bévue, les enquêteurs ayant intercepté un de ses SMS permettant de l'accuser aujourd'hui d'avoir transféré euros à Nicolae Popa pour l'aider dans sa fuite et à garder le silence. Arrosant généreusement les autorités, politiciens, juges, journalistes, etc., SOV avait jusqu'ici La Suisse a interdit l'importation de chevaux en provenance de Roumanie en raison de foyers d'anémie infectieuse des équidés déclarés dans ce pays. Cette maladie animale est inoffensive pour l'homme. En 2009, près de 6000 foyers d'anémie infectieuse des équidés ont été déclarés en Roumanie. La maladie a été signalée dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne et en Grande- Bretagne, à la suite d'échanges commerciaux. La maladie, non dangereuse pour l'homme, n'a pas été déclarée en Suisse. Les inspections de l'union européenne ont montré des lacunes dans les mesures de protection prises par la Roumanie. Pour protéger la population équine suisse, les importations de chevaux en provenance de ce pays ont été interdites. A l'heure actuelle, les importations de chevaux en provenance de Roumanie sont rares en Suisse. Mais l'anémie infectieuse équine est régulièrement signalée SOV : trois petits jours en prison et puis s'en va Sorin Ovidiu Vântu, ancien repris de justice sous Ceausescu, devenu l'une des plus grosses fortunes du pays et magnat de la presse, a été arrêté le jeudi 9 septembre, alors qu'il était dans l'œil de la Justice depuis une dizaine d'années. Considéré comme le plus grand escroc roumain, placé en garde à vue pour 24 heures, puis en détention provisoire pour 29 jours il a finalement été relâché soixante douze heures plus tard. toujours su échapper aux poursuites ou à les repousser, utilisant sa fortune et son empire de presse. Pour le rendre inoffensif à son égard, il deviendra même le patron d'academia Catavencu le Canard enchaîné roumain prompt à dénoncer les turpitudes des autres, écartant toute envie de fouiner dans les siennes. SOV avait cependant commis une faute majeure l'an passé, prenant fait et cause en faveur de Mircea Geoana, le candidat du PSD à l'élection présidentielle, ses journaux et télévisions tirant à boulet rouge sur Traian Basescu, qui l'a finalement emporté, et appelant à voter pour son adversaire. De là à penser que son arrestation est une vengeance du Président, il n'y a qu'un pas facile à franchir, d'autant plus, qu'avec la crise, SOV a vu sa fortune fondre comme neige au soleil, rendant ses moyens de pression plus aléatoires. SOV était donc dans l'œil du cyclone comme les autres magnats roumains, adversaires de Traian Basescu l'an passé, Dinu Patriciu - plus grosse fortune du pays -, Dan Voiculescu, qui prennent aujourd'hui peur et tente de négocier avec le pouvoir. Certes, avec les mesures prises pour lutter contre la crise, le Président et le gouvernement sont devenus très impopulaires, mais s'en prendre à des personnages aussi douteux qu'honnis leur permet de détourner l'attention. D'ailleurs l'arrestation de SOV a monopolisé l'attention du monde politico-médiatique. Le magnat s'est indigné de son placement en détention, affirmant que "le pays vivait sa période la plus sombre depuis 1989". Mais, conservant ses appointances dans le système, il espérait surtout sortir rapidement de prison, ses avocats travaillant pour négocier une remise en liberté pour "raisons de santé". Il ne se trompait guère Trois jours plus tard, il était libéré et soumis à un contrôle judiciaire. Bruxelles pourra une nouvelles fois tonner contre le manque de volonté de Bucarest dans la lutte contre la grande corruption. La Suisse interdit l'importation de chevaux depuis la Roumanie en Italie ou en France. Les animaux issus des régions concernées devraient être testés avant d'être importés. La maladie est parfois bénigne. Mais elle peut aussi engendrer une forte fièvre, un amaigrissement et même parfois conduire à la mort de l'animal. Un cheval touché une fois par la maladie reste toute sa vie porteur du virus et peut ainsi infecter d'autres animaux. Les chevaux touchés doivent être éliminés pour éviter sa propagation. 19

11 20 TIMISOARA ARAD SATU GIURGIU BACAU VASLUI TARGOVISTE Première fusée spatiale roumaine La première fusée spatiale roumaine, Helen 2, a été lancée le 2 octobre par l'association roumaine d'aéronautique. La fusée a décollé du navire NSSL 281 Constanta, depuis la mer Noire et a atteint l'altitude de mètres. Un premier essai avait été effectué l'an dernier, mais le ballon d'air chaud qui devait hisser la fusée jusqu'à mètres, d'où elle devait être lancée, n'avait pas fonctionné. L'association roumaine est inscrite dans la compétition Google Lunar X Price, dont le but est l'envoi d'une fusée sur la lune d'ici à 2015, sans équipage humain, par des entrepreneurs privés, avec à la clé un prix de 30 millions de dollars à gagner pour le premier qui réussira. Vingt concurrents sont sur les rangs, dont de nombreuses équipes américaines. La fusée roumaine se veut écologique utilisant un mélange d'eau oxygénée à 70 % qui se volatilise en 3 millièmes de seconde et un catalyseur, ne laissant que de la vapeur chaude dans l'atmosphère. Poulets frits Le record mondial de la plus grande friture de poulets du monde a été établi à Cluj. Une vingtaine de cuisiniers ont mis leurs efforts en commun pour faire frire, durant deux heures, quelque 210 poulets. Le coordonateur de l'événement, Radu Zarnescu a indiqué que la volaille avait été cuite dans "une seule poêle en inox de 15 mètres carrés, construite en Bulgarie spécialement pour l'occasion". Le record, homologué par la World Records Academy, a nécessité 50 litres d'huile, 25 bouteilles de gaz et a permis de servir 840 assiettes. Evénements Un vélociraptor qui fait enrager le Premier ministre Une équipe mixte des chercheurs roumains et américains a découvert une nouvelle espèce de dinosaure carnivore en Roumanie. Son nom scientifique, suspecté de relents politiques, "Balaur Bondoc", évoque celui du Premier ministre Boc, de quoi amuser la galerie. Des restes fossilisés et des fragments du squelette du Balaur Bondoc ont commencé à être découverts, il y a 10 ans, mais on n'a pas pu les rassembler jusqu'ici à cause de sa morphologie bizarre" a déclaré le chercheur roumain Zoltán Csiki, co-auteur de cette découverte. Le terme roumain "balaur" désigne un être mythique assimilé à un grand serpent à plusieurs têtes dans les anciens contes et on peut aussi le prendre comme synonyme pour dinosaure. Jusqu'ici, rien de surprenant. L'autre partie du nom intrigue et amuse les internautes roumains. "Bondoc" rime assez bien avec le nom de l'actuel - et peu populaire - Premier ministre roumain (Emil) Boc. Au point que les lecteurs du site hotnews.ro ont cru à une blague. Cela aussi parce qu'ils trouvaient des "ressemblances assez prononcées" entre la description du nouveau dinosaure découvert et leur premier ministre, gêné par sa petite taille. Certains voient dans le nom une "coïncidence géniale", tandis que d'autres soupçonnent la partie roumaine des scientifiques d'avoir malicieusement suggéré cette appellation pour faire enrager le Premier ministre. Ce dinosaure ressemble à un vélociraptor. De la taille d'une dinde surdimensionnée, il vivait en Europe, il y a 70 à 80 millions d'années. Ce vélociraptor bipède était lourd. Il avait des membres ramassés et des os soudés, particularités assez surprenantes qui, selon les chercheurs, ont donné le nom de "bondoc" (trapu en français). Il était doté d'une paire de griffes sur chacune de ses pattes arrières pour saisir ses proies. L'animal pouvait mesurer de 1,80 à 2,10 mètres de long avec sa queue. "Le Balaur représente une nouvelle espèce de dinosaure prédateur qui est très différente de tout ce que nous connaissions. Son anatomie montre qu'il devait probablement chasser ses proies différemment que ses cousins vélociraptors, moins trapus, qui vivaient alors ailleurs sur la planète", déclare le chercheur Stephen Brusatte, de l'université Columbia. Selon les scientifiques, les caractéristiques de cette espèce reflètent la faune spéciale de l'europe à la fin de l'ère des dinosaures, quand le continent européen était en grande partie recouvert d'eau. D'autres fossiles ont été découverts dans les couches géologiques où se trouvait le Balaur bondoc, dont des sauropodes miniatures de la taille d'une vache, ainsi que de très petits dinosaures dits à bec de canard, précisent les Je suis Balaurul Bondoc. je mange les salaires, les pensions et allocations sur place (pe loc)... Caricature d Emil Boc, une blague peu appréciée par l intéressé. De la taille d'une dinde surdimensionnée, le vélociraptor vivait en Europe, il y a 70 à 80 millions d'années. chercheurs. Le Balaur Bondoc ne devait pas être si petit à leur côté. Cristina Dascalu (Le Soir) Evénements Tous les passagers embarquent à Bucarest, jeudi vers 17h, à bord d'un avion de Wizzair, une compagnie hongroise à bas coûts mais aux affaires florissantes En France, les contrôleurs aériens sont en grève mais les avions de la compagnie parviennent à décoller et atterrir sans difficulté à Beauvais jusqu'à la mi-journée. Chacun attache donc sa ceinture, convaincu que dans trois heures il atterrira sans problème en France Après 2 h 30 de vol, coup de théâtre Le pilote annonce que l'avion se posera finalement à Bruxelles. Les hôtesses tentent de calmer les passagers à coups d'explications douteuses "On pensait qu'il y aurait encore des contrôleurs à Beauvais, on s'est trompés", lance l'une d'entre elles. "Il n'y a plus personne là-bas Mais rassurez-vous, on va affréter une navette pour Beauvais". "Bon courage!" Agacés mais démunis, les passagers descendent de l'avion, digérant mal les "bon courage" lancés par le personnel de bord qu'ils ne reverront plus. Aéroport de Bruxelles-Charleroi, 19 h 10 On récupère ses bagages, on se renseigne auprès des hôtesses d'accueil. "La compagnie Wizzair vous envoie des autocars pour vous ramener à Beauvais". Chic, tout le monde se précipite dehors et attend patiemment les véhicules salvateurs Tout va très bien Madame la Marquise Deux heures passent, les coups de fils aux parents, aux amis, aux conjoints pleuvent. Le tonnerre gronde à Bruxelles Trois autocars flambants neufs font leur apparition sous les hourras des naufragés Mais reste une question à régler: il faut trois heures pour relier Bruxelles à Beauvais, y aura-t-il une navette Beauvais-Paris aux alentours de minuit? "Oui", répondent fermement les agents de l'aéroport qui assurent que la compagnie a tout prévu. Tout le monde embarque donc dans les autocars, tout en demandant s'il ne serait pas plus simple de rejoindre directement Paris, sans passer par Beauvais. "On a des consignes", lance l'un des chauffeurs. "Il n'y a aucun problème, rassurez-vous!". Trois heures de route, sous une nuit d'encre et les orages du nord de la France Voilà déjà quatre heures que les passagers auraient dû atterrir à Beauvais Le silence s'installe, beaucoup se sont endormis. Aéroport fermé, aucune navette à l'horizon Bucarest-Beauvais, un jour de grève en France... Les naufragés du low cost à la hongroise Une nuit blanche dans le froid, sans eau, sans nourriture, sans information C'est le calvaire qu'une centaine de passagers a vécu dans la nuit du jeudi 23 septembre au vendredi 24 à l'aéroport de Beauvais-Tillé, à la suite du mouvement de grève nationale contre la réforme des retraites. Récit "Beauvais, terminus!" Mais où sont les navettes? Les cars déchargés s'enfuient au loin, une centaine de passagers échangent des regards ahuris. Il n'y a pas de navette. La seule solution pour rejoindre Paris, destination finale de ces malheureux voyageurs, c'est le taxi. Deux-cents euros la course, c'est tarif de nuit. Les plus fortunés s'engouffrent à trois ou quatre dans les quelques voitures qui attendent là. Les autres s'y refusent. "C'est plus cher que le prix de mon billet", s'indigne un jeune entrepreneur français qui revient de son premier voyage d'affaires en Roumanie. "Ils m'ont déjà fait payer une surtaxe sous prétexte que mon ordinateur portable ne rentrait pas dans mon sac à dos, ça suffit! J'attends ici". Comme lui, beaucoup croient encore à un miracle qui ne viendra pas. Anne, ma sœur Anne ne vois-tu rien venir? L'aéroport est fermé, visiblement aucune navette avant l'aube, il est une heure du matin. Commence alors une longue nuit dans le froid, sans eau, sans nourriture, sans information. Les lignes téléphoniques de la compagnie sonnent dans le vide. Alertés par certains passagers, les pompiers promettent de trouver une solution. "On fait notre possible pour vous apporter de l'eau et des couvertures ou, mieux, pour vous trouver un véhicule pour rentrer à Paris". Les heures défilent, aucune aide à l'horizon. Le low-cost a aussi ses surprises. "C'est parce qu'on est Roumains qu'on ne fait rien pour nous?" "C'est parce qu'on est roumains qu'on ne fait rien pour nous?", s'interroge Cristina, 33 ans, une sociologue venue visiter la France pour la première fois. "Ça fait 10 heures qu'on n'a pas bu une goutte d'eau, on n'a rien dans le ventre, il fait un froid hivernal, c'est inhumain de faire ça aux gens", ajoute-t-elle. A ses côtés, un groupe d'ados danse sur de la musique hip hop, d'autres s'amusent avec de vieilles bicyclettes en fer trouvées sur le parking de l'aéroport, des vieillards s'emmitouflent en prévision d'une longue nuit d'attente Il est 3 h 30 du matin. Quatre jeunes femmes décident de s'aventurer dans la campagne picarde pour rejoindre la gare de Beauvais. "On va bien trouver un train pour nous ramener à Paris", lancent-elles pleines d'espoir. Traînant près de deux heures leurs valises à roulettes le long des champs puis des quartiers résidentiels de la ville, elles arrivent à la gare, transies de froid. "Après tout ça, on va bien dormir, la journée est foutue!", bougonne Nicoleta. "La compagnie, elle, elle ne l'a pas perdue sa journée en nous faisant voyager coûte que coûte, sans annuler son vol ". Le premier train pour Paris part à 5 h 08. Le temps de boire enfin une gorgée d'eau et d'oublier cette longue nuit de galère Mehdi Chebana 21

12 22 ARAD TIMISOARA BAIA ALBA IULIA BACAU BUZAU SLOBOZIA Elle se laisse violer par peur de l expulsion Un policier, deux CRS et deux agents de la police ferroviaire de la SNCF, âgés de 32 à 40 ans, ont été condamnés à Mulhouse à un à deux ans de prison ferme pour avoir violé, entre 2005 et 2006, une prostituée roumaine. Le tribunal a aussi accordé à la victime euros de dommages et intérêts. Il n'a pas délivré de mandat de dépôt contre les cinq hommes, tous suspendus de leurs fonctions. L'enquête a montré que chaque groupe avait agi indépendamment des autres, et sans violence. La victime, en état de "sidération", était terrorisée à l'idée d'être expulsée en Roumanie. Frappée et morte dans l'indifférence Maricica Hahaianu, une infirmière roumaine de 32 ans, a été agressée par un jeune Italien dans le métro de Rome. Tombant à la renverse, elle est restée allongée sur le sol sans qu'aucun passager ne vienne à son secours. Plongée dans un coma profond, la jeune femme est décédée trois jours plus tard. Son agresseur a été identifié et arrêté grâce aux caméras de surveillance. Celui-ci, Alessio Burtone, 20 ans, a été applaudi par des dizaines d'italiens, lors de son transfert à la prison. Il risque 18 ans de détention. Si le crime xénophobe n'est pas encore établi, c'est la seconde fois en un an, qu'une Roumaine est victime d'acte de violence mortelle dans le métro de la capitale italienne. Une jeune surveillante médicale, gardant des personnes âgées, avait été poussée sous une rame par un passager qui l'avait entendu parler roumain et était morte déchiquetée. L'ex-tennisman Ilie Nastase fait encore des siennes Faits divers L'ancien champion de tennis Ilie Nastase, qui vit la plupart du temps à Paris, est visé par une enquête du Conseil national anti-discrimination roumain (CNCD) pour avoir tenu des propos "potentiellement discriminatoires et racistes" envers les Roms. Dans une déclaration au quotidien ProSport, Ilie Nastase a affirmé que s'il avait été le président de la Roumanie il aurait "envoyé les Tsiganes dans le Harghita", département du centre du pays peuplé majoritairement de Hongrois de souche."cela modifierait la composition ethnique de la région", a-t-il ajouté. Pour lui, Ceausescu a "eu tort de ne pas faire ce que les Russes on fait en Bessarabie", en rattachant à cette ancienne province roumaine la Transnistrie russophone, créant ainsi la République soviétique de Moldavie. Et alors que le durcissement de la politique des autorités françaises visant les Roms a suscité un tollé international, l'ex-champion assure que le président français Nicolas Sarkozy a raison: "Je vois que des politiciens de Roumanie et d'autres pays condamnent les Français, qu'ils parlent des droits de l'homme et de la libre circulation. Mais moi, ça me dérangerait de voir que quelqu'un installe sa tente devant ma maison, qu'il m'agace en mendiant ou qu'il fait peur aux enfants", a-t-il lancé. Coutumier des polémiques et des gestes provocateurs, l'ancien joueur, âgé de 62 ans, avait récemment copieusement injurié une journaliste pour avoir voulu le filmer dans la rue à l'aide de son téléphone portable. Il se promenait à Timisoara avec sa nouvelle conquête (notre photo), Brigit Sfat, une ex top-modèle de 33 ans, qui a effectué deux ans de prison pour son implication dans un enlèvement et était mariée à une figure du monde interlope, à la tête d'un réseau de boites de nuit, mort de façon suspecte. 28 enfants sauvés de l'esclavage à Londres Au cours d'une perquisition dans 16 maisons, la police londonienne a récupéré 28 enfants roumains, portant des traces de coups ou d'une saleté repoussante, forcés de mendier ou de voler, arrêtant également les 8 adultes, hommes ou femmes, qui les exploitaient. Ces mineurs avaient été acheminés par un réseau spécialisé qui avait versé une somme d'argent à leurs parents. C'est une voisine, intriguée de voir autant d'enfants s'entassant dans une maison riveraine, qui avait donné l'alerte. Parmi ceux-ci, une fillette de 12 ans était enceinte.l'enquête a été menée en collaboration avec la police roumaine qui avait procédé peu avant à l'arrestation de 24 trafiquants d'êtres humains du quartier de Tandara, à Bucarest, impliqués dans l'envoi de plus de 200 enfants en Grande Bretagne., au cours d'une descente baptisée "Opération Golfe". Trafic de cigarettes démantelé Les autorités roumaines ont annoncé le 30 juillet avoir démantelé un réseau de trafic de cigarettes depuis l'ukraine et la Moldavie et saisi paquets d'une valeur estimée à 1,1 million d'euros. Les membres du réseau introduisaient les cigarettes de manière illégale par la frontière du nord-est, assurant leur collecte, stockage et vente sur le marché noir, à Bucarest ainsi que dans les départements de Constanta, Neamt et Covasna. Les policiers ont effectué 50 perquisitions simultanées dans six départements du pays, 55 personnes devant être entendues dans ce dossier. En 2009, 7,35 millions de paquets de cigarettes de contrebande ont été saisis en Roumanie, d'une valeur estimée à 7,2 millions d'euros, selon des statistiques de la police aux frontières. Un chiffre en forte augmentation par rapport aux années précédentes. La plupart des cigarettes provenaient d'ukraine et de Moldavie. Faits divers Vie quotidienne Grand magasin symbole de l'ère communiste, Cocor a fait peau neuve et vient de rouvrir ses portes, le 2 octobre. Design, chic et moderne, l'enseigne a pris un virage à 180 degrés et s'est orientée vers les marques haut de gamme et de luxe. Depuis des mois, les publicités et les jeux de lumière s'étalaient déjà sur sa façade et annonçaient une réouverture prochaine. Chose faite la semaine dernière, Cocor ayant officiellement fait son grand retour dans la vie des Bucarestois. Véritable institution, Cocor est né dans les années 1970 et est rapidement devenu l'enseigne symbole du modernisme de la société communisme. Jusqu'en 2008 le grand magasin du boulevard Bratianu a ainsi vendu "de tout", des robes de mariées aux chaussures, en passant par des articles de sport. Après deux Le divorce arme secrète pour les mafieux ans de travaux et un investissement de 25 millions d'euros, le Cocor nouveau n'a plus grand-chose à voir avec celui d'antan et prend une toute autre direction : le haut de gamme. Oublié le magasin populaire, Cocor s'adresse désormais aux classes moyennes et supérieures. Désormais baptisé Cocor Store, le magasin s'étale sur mètres carrés, répartis sur sept étages, et va accueillir des marques connues, internationales, certaines très haut de gamme, comme Dior, Ferré ou Just Cavalli. Malgré la crise, et des prix supérieurs de 20 à 30% à ceux des malls (40 euros le mètre carré), près de 85% des espaces commerciaux ont déjà été loués. Et le manager des lieux, Dan Barbulescu affirme que "les 15% restants seront occupés d'ici à décembre". Prévisions: visiteurs par mois La consommation individuelle moyenne de viandes des Français s'est établie à 87,8 kg en 2009, selon des chiffres diffusés par FranceAgriMer. Elle a progressé de 10,1 kg par rapport à son niveau en La baisse par rapport au pic atteint en 1998 est toutefois de 6,7 kg par habitant. Dans l'ue, la consommation de viandes par habitant va de 34 kg par an en Roumanie et 49 kg par an en Bulgarie, à 104 kg en Espagne et 135 kg pour Chypre. Parier sur le luxe, alors que la Roumanie traverse une crise profonde et que les consommateurs restreignent leur budget, peut sembler risqué. Mais Cocor Store mise sur le long terme et souhaite attirer les marques qui veulent s'implanter Peu de temps après avoir été emprisonnés, en février dernier, des chefs asiatiques d'un réseau mafieux organisé, comprenant des Chinois, Vietnamiens, Roumains et Moldaves, opérant dans le quartier du Dragon rouge de Bucarest, ont entrepris de sauver la plus grande partie de leur fortune en demandant la levée de sa mise sous séquestre, divorçant à cette fin de leurs épouses roumaines et la transférant sur leur nom. La juridiction de Buftea, proche de Bucarest, a entériné cette démarche estimant que les épouses avaient contribué à 60 % à la vie du ménage avant l'incarcération de leur mari et leur attribuant la même part du bas de chaussette" familial! La mise sous séquestre des biens pourrait donc être levée à moins que l'intention frauduleuse du procédé ne soit établie. Le Vietnamien Hoa Le Duc et le Chinois Pham Trong Dung à la tête d'un réseau d'une quinzaine de criminels ont accumulé environ 600 millions d'euros en l'espace de quatre ans, grâce au blanchiment d'argent, la contrebande, l'évasion fiscale, etc., leur organisation ayant des ramifications dans toute l'europe de l'est et en Asie. Oublié le magasin populaire symbole du modernisme communiste Cocor vise désormais le haut de gamme ou se développer en Roumanie. Pour les séduire, Cocor met en avant le potentiel de croissance du marché roumain, le pouvoir d'achat des Bucarestois et l'attrait du luxe chez les consommateurs. Le groupe compte aussi profiter de la reprise économique, annoncée en Lors de l'inauguration, le manager Dan Barbulescu affichait une confiance totale. S'il table sur un profit d'un euro symbolique en 2010, il estime qu'en 2011, Cocor "atteindra un chiffre d'affaires de 4,5 millions d'euros et un profit de 1 million d'euros". Pour atteindre cet objectif, Cocor peut aussi compter sur les revenus publicitaires générés par la diffusion de clips sur la façade du bâtiment, dont 40% sont des publicités payantes. Une campagne d'un mois (soit 4500 passages) coûte euros. Idem avec le parking de 200 places, où les tarifs sont deux fois plus élevés que dans le reste du centreville (5 lei, 1,2 pour une heure). Reste à voir si le nouveau visage de Cocor va séduire les Bucarestois. Selon les prévisions, le magasin devrait accueillir près de visiteurs par mois. Marion Guyonvarch ( Les Roumains mangent peu de viandes "La part des viandes blanches, particulièrement de volailles, s'accroît au détriment des viandes chevaline, ovine et bovine en France", observe FranceAgriMer. La consommation individuelle de viande bovine est ainsi passée de 30,1 kg en 1970 (39 %) à 25,4 kg en 2009 (29 %). Celle de porc a progressé de 30,7 kg en 1970 (39 %) à 34,3 kg en 2009 (39 %), et celle de volailles de 12,2 kg (16 %) à 24,2 kg (28 %). 23

13 24 ARAD SATU CLUJ TIMISOARA GIURGIU SF. GHEORGHE CHISINAU Enseignants en colère Environ 6500 enseignants roumains ont manifesté mardi 5 octobre à Bucarest afin de protester contre la baisse de leurs salaires dans le cadre d'un plan d'austérité. "L'année dernière à la même période, mon salaire mensuel net était de lei (421 ), aujourd'hui, après les coupes de 25 % et de certaines primes, il est de lei [281 ). On s'en sort seulement grâce à l'aide de la famille", expliquait Oana Leauta, professeur de mathématiques dans un lycée de Bucarest, venue manifester devant le siège du gouvernement. "Dans la nouvelle grille harmonisé des salaires, les professeurs sont au bas de l'échelle, ce n'est pas normal", a-t-elle ajouté. Mauvaise opinion Un sondage de l'institut roumain d'évaluation et de stratégie, effectué entre le 6 et le 8 septembre sur un échantillon de 1316 personnes, publié le jour de la rentrée des classes, n'invite pas à l'enthousiasme. En effet, 61% des Roumains ont une image mauvaise ou très mauvaise de l'école roumaine, alors que seulement 36% ont confiance dans cette institution. Par ailleurs, plus de 60% des répondants ont affirmé qu'ils préfèreraient envoyer leurs enfants à l'étranger pour leur offrir une meilleure éducation. Enseignement Les mauvais résultats du bac : "Ce n'est qu'un premier pas " Avec 69,30 % de succès à la première session du baccalauréat cette année, l'enseignement roumain a enregistré son plus mauvais résultat depuis des décennies. La deuxième session n'a pas arrangé la situation puisque seulement 32,31 % des recalés de juin ont été admis au lieu de 72,64 % l'an passé. Daniel Funeriu (notre photo) n'a cure de ces résultats catastrophiques. Le ministre de l'enseignement entend lui redonner sa crédibilité et en premier lieu à cet examen symbole que constitue le bac. Une tâche immense car elle sous entend de mettre un terme à la corruption, aux arrangements, aux intérêts, aux fraudes, à la baisse générale du niveau scolaire Le ministre a prévenu. Il sévira de la même façon l'an prochain. Les candidats bacheliers font les frais de cette détermination. Qu'on en juge sur les pourcentages de réussite à la première session de la dernière décennie: 84,16 % (2000), 86,28 % (2001), 86,71 % (2002), 76,82 % (2003), 84,60 % (2004), 84,76 % (2005), 79,60 % (2006), 82,08 % (2007), 77,24 % (2008), 81,47 % (2009), 69,30 % (2010). Mais il s'agit pour eux d'en faire des diplômés reconnus dans toute l'europe et acceptés dans ses universités. Il est plus que temps à en juger par les récentes statistiques publiées par Eurostat, portant sur la deuxième moitié de la décennie qui s'achève et 30 pays européens. Ainsi il apparaît que la Roumanie, en compagnie de la Bulgarie, y est dernière dans quasiment tous les chapitres. Elle figure à la dernière place au niveau des compétences essentielles. En 2006, 53,5 % des élèves de 15 ans lisaient sans comprendre leur texte. Ils n'étaient que 40 % en La Bulgarie suit avec 51 %, puis la Turquie 32 %. La moyenne de l'ue était de 24,1 % (21,3 % en 2000), France et Belgique, 22 %, Hongrie, 20 %. Ces carences n'affectent pas que les scolaires. Les Roumains de 25 à 64 % sont également les derniers en Europe à bénéficier d'une formation continue (1 %), au même niveau que les Bulgares. Même les Turcs (2 %) sont devant. Dans ce domaine, la situation n'est pas non plus très glorieuse pour les Belges et les Français (8 %), alors que les Suédois (33 %) et les Danois (29 %) caracolent en tête. Seul le chapitre de l'abandon scolaire des jeunes permet à la Roumanie d'échapper à la dernière place, huit autres pays faisant moins bien. 19 % pour les Roumains, 18 % pour les Bulgares, 50 % pour les Turcs, la moyenne européenne se situant à 14,9 %. Commentant les mauvais résultats du bac, Daniel Funeriu avait déclaré: "Ce n'est qu'un premier pas, il reste encore beaucoup à faire avant de rejoindre les normes éducationnelles européennes". Handicapés, Noirs et Jaunes Le ministère de l'education veut équiper toutes les maternelles du pays en poupées "handicapées". Ce projet prévoit que chaque unité scolaire possède des poupées montrant des déficiences physiques ou ayant des origines africaines, caucasiennes ou asiatiques. "L'utilisation de ce type de poupées est une modalité essentielle pour habituer l'enfant au monde dans lequel il vit et pour lui faire comprendre que les personnes différentes ne doivent pas être exclues", se justifie-t-on au ministère de l'education. Les syndicats ont fait cependant savoir que "le personnel didactique et les enfants avaient d'autres besoins pour une éducation de qualité". L'achat de poupées fait partie d'un programme plus ample visant à fournir du matériel pédagogique de qualité aux enfants faisant leur rentrée à l'école. Ce projet a été estimé à neuf millions de lei (plus de deux millions d'euros) et sera cofinancé par la Banque de développement du Conseil de l'europe et le gouvernement roumain. Le rapprochement fait entre handicapés, Africains ou Asiatiques ne semble pas avoir suscité de commentaires. Santé C'est le plus gros succès enregistré par le système médical roumain cette dernière décennie: 40 % des médecins étrangers répertoriés en 2008 en France étaient roumains. La moitié des anesthésistes inscrits ces trois dernières années en France sont aussi roumains. Reste que 2010 et 2011 seront les dernières années où seront formés des jeunes médecins motivés en Roumanie. Depuis 2003, décrocher une place en médecine est en effet devenu chose aisée. Actuellement, il suffit d'avoir à peine la moyenne pour avoir accès au cours d'anatomie. Comment en sommes-nous arrivés là? La réponse est simple: en 2010, un chauffeur du ministère de la Santé est mieux rémunéré qu'un chirurgien. L'argent, source de tous les maux du système, en est aussi la solution. Par ailleurs, s'il a su s'adapter en France, il y a longtemps que le médecin roumain s'est adapté en Roumanie. Le nouvel organe qui assure sa survie est le "plic" - l'enveloppe. L'enveloppe, nom odieux tant pour les patients que pour les médecins, mais que tous utilisent tacitement. Jusqu'à ce que, récemment, la Caisse nationale d'assurance-maladie mette en place un "régime de terreur" (pour reprendre les termes d'un communiqué de presse de la nationale de médecine familiale) et instaure de sévères amendes pour les prescriptions suspectes d'arrêt de maladie (une forme évoluée de l'enveloppe). C'est en pratique le premier geste par lequel un organisme d'etat inscrit l'"enveloppe" dans un cadre pénal. "Je t'offre la vie et toi, qu'est-ce que tu m'offres?" "Aujourd'hui, voler n'est plus une nécessité vitale, mais seulement l'un des moyens de satisfaire au plus vite nos caprices et nos plaisirs", écrivait récemment un lecteur. Pour la plupart des médecins roumains [qui débutent souvent à 350 euros par mois], l'enveloppe n'est pas l'expression d'un vol, mais d'un dû qui leur revient de droit. L'impuissance de l'etat à honorer leur rôle social à sa juste valeur est compensée par le patient. Le médecin demande la reconnaissance de son droit divin ("Je t'offre la vie, et toi, qu'est-ce que tu m'offres?") et le patient remplit volontairement son devoir naturel ("Je t'offre le fruit de mon travail pour que tu m'accordes plus de jours d'arrêt de maladie"). Les cas extrêmes sont un phénomène marginal. Je connais des professeurs titulaires de chaires de médecine qui gagnent euros par mois pour leurs interventions, mais aussi des spécialistes de renom qui ne demandent pas un sou en plus. La plupart des Un chauffeur du ministère de la Santé est mieux rémunéré qu'un chirurgien La médecine malade des pots-de-vin Pratique courante dans le système de santé roumain, le dessous-de-table a de beaux jours devant lui. Il permet en effet à ce système de survivre. Dans une tribune sur le site internet hotnews.ro, le journaliste roumain Vlad Mixich s'interroge. Dans un hôpital, un Roumain placarde l avis suivant: Si on vous a demandé ici un bakchich, téléphonez au... médecins prennent ce qui leur est offert et, qu'on leur glisse ou non une enveloppe, opèrent. Comme dans les formes primaires d'organisation sociale, la médecine est établie sur la base de critères subjectifs et variables. Le dysfonctionnement ici n'est pas lié à la pratique de l'enveloppe, mais à l'interprétation que la société fait de ce comportement. Si le médecin prend des pots-de-vin pour bien faire son travail, se dit le mécanicien, pourquoi n'en prendrais-je pas? Actuellement, la baisse de 25 % des revenus des médecins (mesure d'austérité du gouvernement affectant toute la fonction publique), doublée du renforcement des contrôles, est l'une des plus grandes idioties jamais appliquées dans le système médical roumain. Ce tandem monstrueux ne fera que pousser les jeunes professionnels hors de Roumanie. L'enveloppe renforcera son existence au détriment du confort moral des médecins et du bien-être matériel des patients, mais couvrira l'incompétence de l'etat. Il faudrait un nouveau Carol Davila Car ce système ne peut pas changer de l'intérieur tant qu'il n'y a pas de démarcation nette entre le secteur privé et le secteur public (les chefs de service des hôpitaux publics sont souvent aussi directeurs de clinique privée). La seule solution serait de répéter l'expérience réussie menée en 1853 par le ministre de la Justice Barbu Stirbei, qui avait placé à la tête du système de santé un expert étranger, indépendant des intérêts locaux, bon organisateur et bon diplomate. Il s'agissait de Carol Davila, médecin devenu roumain, d'origine mystérieuse*, qui a conduit une médecine roumaine rétrograde sur la voie de la modernité. Sortir l'enveloppe des poches des blouses blanches pour la mettre en vue sur la table ne serait efficace que dans un contexte de privatisation massive du système médical (privatisation des assurances médicales, fermeture de nombreux hôpitaux en milieu urbain). Dans le cas contraire, qu'on soit ou non disposé à l'admettre, l'enveloppe est ce qui maintient le système médical roumain en état de marche. Vlad Mixich (Hotnews.ro) *Il s'agissait d'un "enfant de l'amour" caché pour éviter le scandale, dont le père était le musicien Franz Liszt et la mère une princesse espagnole, sans-doute parente de la femme de Napoléon III, l'impératrice Eugénie. Le garçon grandit à Nantes où il fut recueilli et élevé par un médecin, Ange Guépin, avant d'être envoyé par l'empereur en Roumanie. 25

14 26 ARAD TIMISOARA SATU HUNEDOARA BACAU VASLUI La cathédrale de la Rédemption du Peuple sera l'un des plus grands lieux de culte en Europe PLOIESTI Les travaux de la cathédrale de la Patriarchie de l'eglise orthodoxe roumaine La crainte d'accoucher A la suite de la tragédie de la maternité de Giulesti, à la fin de l'été à Bucarest, entraînant le décès de six nouveau-nés, faute de surveillance, le nombre de Bucarestoises choisissant d'accoucher dans une clinique privée a fortement augmenté, passant au rythme annuel de 2000, pour 3000 au niveau national, la Roumanie enregistrant naissances par an, dont dans la capitale. Un choix qui n'est pas à la portée de toutes les Roumaines car il en coûte entre 550 à Iasi et 2100 et jusqu'à 5000, le prix moyen se situant à Le nombre de projets de maternités privées a également augmenté. 20 % des Roumains ne voient le médecin qu'une fois par an D'après une enquête pour Medlife, un Roumain sur cinq seulement va voir le médecin chaque année, 13 % n'y allant jamais, 30 % s'y rendant 2-3 fois par an et 29 %, 5-6 fois. Les Bucarestois sont les plus attentifs à leur santé, 40 % consultant leur médecin 5-6 fois par an et 52 % choisissant de se faire traiter dans des cliniques privées, contre 44 % au plan national. Religion "Un don de Toi pour l'eternité" ont débuté le mercredi 3 septembre. Cet imposant édifice religieux, sujet de controverses depuis des années pour son emplacement et son coût, est appelé à devenir l'un des plus grands lieux de culte en Europe. La cathédrale de la Rédemption du Peuple, un don de Toi pour l'éternité", voilà le slogan de l'église orthodoxe roumaine pour assurer la popularité de la construction d'une immense cathédrale au centre de Bucarest, la capitale de la Roumanie. Derrière la formule, se cache aussi un appel aux dons. La patriarchie roumaine, soucieuse de ne pas irriter l'opinion publique en demandant un financement à l'état, a contracté un emprunt bancaire de 200 millions d'euros pour débuter les travaux. "Nous pourrons rembourser cet argent dans les quinze ou vingt ans à venir grâce aux dons des croyants", estime Constantin Stoica, le porte-parole de l'église. Dans sa partie supérieure, cette cathédrale atteindra 120 mètres. Elle aura une surface de mètres carrés et pourra accueillir jusqu'à fidèles. Elle comprendra aussi un parking souterrain de 250 places et sera équipée de 12 ascenseurs. "Nous aménagerons également des espaces où les pèlerins pourront manger, car ils devront se nourrir et pas seulement de manière spirituelle", a déclaré le patriarche Daniel, lors de l'appel d'offres organisé par l'église en juin dernier et auquel ont été présentés sept projets. Crucifix au Parlement et dans les salles de classe L'Église orthodoxe a repris, depuis la chute du régime communiste, une place prépondérante dans la société roumaine. D'après le dernier recensement de 2002, plus de 85 % des 21 millions de Roumains se déclarent de confession orthodoxe, alors que l'église est l'institution dans laquelle ils ont le plus confiance, selon un sondage effectué en Aujourd'hui, on compte près de quarante séminaires et une douzaine de facultés de théologie à travers le pays. Environ églises ont été construites depuis La présence de la religion se retrouve également dans les sphères de l'état, officiellement laïque. Un crucifix domine l'hémicycle du Parlement. Dans les salles de classe, la présence d'icônes est par ailleurs largement répandue. Les cours de religion, théoriquement facultatifs, sont clairement partisans de l'orthodoxie. C'est ce dernier point qui irrite le plus la société civile, qui dénonce un "endoctrinement et une entrave à la liberté de conscience". "On apprend aux élèves qu'ils seront punis par Dieu s'ils ne sont pas sages, que Dieu a fait le monde en six jours, que la religion orthodoxe est la meilleure des religions. Ce n'est pas une information neutre et c'est grave car à ces âges, les jeunes sont encore malléables", dénonce Remus Cernea, le président de l'association humaniste de Roumanie et l'un des plus fervents défenseurs de la laïcité. Une symbolique embarrassante L'omniprésence de la religion dans l'espace public s'explique, selon le théologien Mihail Neamtu, par le traumatisme laissé par le communisme. "À Bucarest, plus de vingt églises ont été rasées par le régime de Ceausescu. Après cette destruction de la présence religieuse dans l'espace public, on assiste à un processus de récupération qui atteint des sommets", explique-t-il. Et certains de ces excès peuvent avoir une symbolique embarrassante. La cathédrale de la Rédemption du Peuple va en effet être construite dans le parc du gigantesque palais du Parlement de Bucarest, connu dans le monde entier pour être le symbole de la mégalomanie de Nicolae Ceausescu. Jonas Mercier (La Croix) Religion L'archevêque de Tomis a toujours eu une réputation sulfureuse. Que ce soit à cause de sa promotion étonnamment rapide, de ses liens avec l'ancien Premier ministre Adrian Nastase, considéré comme le politicien les plus corrompu de Roumanie - un titre difficile à décrocher tant la concurrence est grande - ou bien son engagement à la Securitate en 1987, qu'il a eu bien du mal à justifier par la suite. Au point qu'à la suite de révélations dans le quotidien Romania Libera, parues en 2009, le parquet de Constantsa s'est senti obligé de s'autosaisir et de le mettre en examen pour corruption et complicité de faux intellectuel. Cette fois-ci l'ips (Inalt Prea Sfintia Sa, Sa Très Haute Sainteté) est mis en cause pour son sens aigüe de la famille. Voici dix ans, Teodosie avait légué à l'eglise Orthodoxe Roumaine un hectare de terrain reçu en héritage. Ce don avait été fait au profit d'une Fondation qu'il avait créée, devenant son président, comprenant douze membres, tous ses parents, frères, sœurs, neveux, etc. Son but, très noble, était de venir en aide au monastère de Dorna Arini dans le judet de Suceava. Les statuts, très vagues, indiquaient qu'il s'agissait d'aider à l'aménagement et au développement du monastère, de construire de nouveaux édifices, d'organiser diverses activités, notamment médicales mais aussi économiques, en créant des sociétés commerciales. Pour faciliter son fonctionnement, il était précisé que l'ips avait le droit exclusif de choisir les membres du conseil directeur, d'attaquer en justice les décisions de ce dernier si elles n'étaient pas conformes à la loi. Les membres fondateurs avaient également le droit de se verser des rémunérations et des frais de représentation. Excellent administrateur, Teodosie, grâce à des donations, a multiplié les avoirs de sa fondation qui comprend désormais un hôtel, deux maisons, 19 hectares de terrain, des bâtiments de production agricole le tout à usage familial. Le monastère est resté avec le strict nécessaire pour poursuivre sa mission: église, clocher, dortoir pour les moines, habitation pour le Père supérieur (staret) et un demi-hectare pour le foin. Le fisc s'intéresse cependant aux bonnes affaires de Sa Très Haute Sainteté. Plusieurs biens de l'archevêché de Tomis "Fais ce que le pope dit Ne fais pas ce qu'il fait" Les bons plans de Sa Très Haute Sainteté Teodosie L'IPS Teodosie, archevêque de Tomis (Constantsa) est l'un des personnages les plus controversés de l'église orthodoxe. De nouvelles révélations parues dans la presse le mettent encore sur la sellette, mais attirent aussi l'attention sur certaines pratiques qui heurtent les fidèles. ont été mis sous séquestre pour une dette non réglée de un million d'euros vis-à-vis de l'etat: le palais épiscopal, des terrains, des voitures. Par ailleurs, les nombreux comptes détenus par l'institution dans plusieurs banques ont été bloqués. Deux d'entre eux sont gagés pour un crédit de souscrit par l'archevêché, destiné à achever les travaux de l'hôtel de Dorna Arini, inclus depuis dans le patrimoine de la fondation contrôlée par la famille de Teodosie. Petits arrangements et gros profits Le cas de l'ips de Tomis n'est pas le seul à avoir choqué les Roumains. Une décision de justice a permis à une fondation humanitaire orthodoxe de récupérer plus de hectares de forêts, propriétés de l'etat jusque là, ainsi que 160 bâtiments construits par celui-ci après 1949, donc durant l'époque communiste. Cette fondation se trouve ainsi à la tête d'un patrimoine forestier de ha, soit 1900 km2 ou près d'un tiers d'un département français. Un fait unique en Europe. En outre, grâce à une ordonnance d'urgence prise par le gouvernement Nastase en novembre 2004, juste avant l'élection présidentielle où celui-ci était candidat, cette fondation a échappé à l'impôt qu'elle devait verser sur les revenus du domaine qu'elle exploitait, situation qui n'a pas changé aujourd'hui. La fondation, sous couvert de son archevêché, s'était engagée à couvrir les frais d'administration et d'entretien de son domaine et à procéder à la restauration et la conservation du patrimoine immobilier. Mais c'est l'etat qui doit prendre en charge les salaires des moines, des prêtres, les pensions de leurs veuves, les dépenses des écoles. Les revenus encaissés par la fondation n'ont servi ni à restaurer des monuments ou bâtiments religieux, ni à financer des actions sociales, vis-à-vis des vieux ou des enfants abandonnés, comme s'y était engagé l'archevêque qui a traduit en justice l'etat. Le plus étonnant est que cette fondation est une personne juridique de droit privé, défendant les intérêts de personnes physiques et non une institution de culte orthodoxe. L'Hôtel que Sa Très Haute Sainteté Teodosie a fait construire à Dorna Arini. 27

15 28 ARAD TIMISOARA SATU DEVA T. SEVERIN BOTOSANI PLOIESTI FOCSANI Arsenic dans l'eau Des études en cours, dans le cadre du projet européen AquaTrain, indiquent que plusieurs pays d'europe orientale ne sont pas à l'abri de pollutions de leurs nappes phréatiques, généralement dues à leur surexploitation. En Roumanie et en Hongrie, "de 20 % à 30 % des prélèvements d'eau montrent depuis peu des taux d'arsenic supérieurs à la limite de potabilité", a expliqué Romain Millot, responsable d'aquatrain. La surexploitation des aquifères réserve en effet parfois de mauvaises surprises, comme l'apparition de polluants dits "géogéniques". Le cas le plus célèbre est celui du Bangladesh, où l'augmentation des besoins en eau depuis les années 1960 a conduit à forer de plus en plus profondément, là où l'eau est chargée en arsenic d'origine naturelle. Un décès sur cinq est, dans ce pays, attribuable à une contamination chronique à ce métalloïde. Au niveau mondial, le surpompage des eaux souterraines a plus que doublé au cours des cinquante dernières années. L'étude indique qu'en 2000, environ 734 km3 d'eau ont été prélevés dans les aquifères, à des fins de consommation mais surtout d'irrigation. En 1960, le rythme de prélèvement n'était que de 312 km3 par an. La quantité d'eau non renouvelée par les précipitations est passée de 126 km3 à 283 km3 par an au cours de la même période. Chaque année, les nappes phréatiques mondiales s'appauvrissent donc globalement de 4 km3 supplémentaires - mais cette tendance s'accélère nettement depuis la fin des années Environnement Journée propre pour changer les mentalités Le samedi 25 septembre près de volontaires ont participé à "Let's Do It Romania", une opération de ramassage des ordures organisée à travers tout le pays. Bilan de l'opération : plus de sacs collectés. Récit d'une journée qui visait à nettoyer le pays mais surtout à changer les mentalités. Lors d'une première phase, des volontaires ont sillonné le pays pour recenser les tas de déchets. Une carte sur laquelle figurait plus de 6000 "tas" a ainsi été établie. Chaque équipe de volontaires s'est ensuite vue attribuer une ou plusieurs de ces zones à nettoyer. "Nous nous sommes inspirés de l'expérience réalisée dans d'autres pays, en Lituanie, Estonie, Slovénie", expliquait Anamaria Hancu, l'une des organisatrices quelques jours avant le jour J. "On y travaille depuis un an, en partenariat avec les autorités locales, et surtout avec des volontaires. On table sur plusieurs dizaines de milliers de participants. Nous savons qu'on ne nettoiera pas le pays dans son intégralité mais on veut montrer qu'on peut faire quelque chose, et on espère faire prendre conscience aux gens qu'on ne jette pas les ordures dans la nature." "Ici, on ramasse ce que les chauffeurs ont jeté par la fenêtre" Bucarest: rendez-vous donné à 9h30 dans le quartier de Berceni au point d'enregistrement. L'organisation distribue gants, masques de protection et sacs poubelles. L'équipe de neuf personnes se sépare en deux groupes. Direction le village de Berceni pour les premiers, la "ceinture" (périphérique de Bucarest) pour les autres. Le long du périphérique, les camions défilent. Dans les herbes, en bordure de la chaussée, le spectacle est désolant: bouteilles - d'eau, de bière, de soda - sacs plastiques, gobelets de café, couches pour bébé, composants électroniques, jantes de voiture, verres, papiers, pneus, culottes, chaussures... Certains déchets sont à moitié décomposés, cachés sous les herbes hautes, à demi enfouis sous la terre. La collecte est longue et difficile. Pendant quatre heures, Loredana, Flori, Mihaela et Ionut courbent le dos et "peignent" consciencieusement les herbes, ramassant mégots, emballages, riant des découvertes surprenantes et pestant contre ceux qui jettent tout et n'importe quoi dans la nature. "Ici, on ramasse ce que les chauffeurs ont jeté par la fenêtre. Ce n'est pourtant pas dur d'attendre d'être à la maison pour le faire", s'énerve Flori. "Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de déchets, je dois être trop optimiste. Cela me met en colère, j'espère vraiment que les gens qui passent en voiture et nous voient nettoyer leurs déchets vont se réveiller et cesser d'agir ainsi", lance Mihaela. Deux automobilistes s'arrêtent, viennent prêter main forte une dizaine de minutes. "On vous a vus en passant et on s'est dit qu'on allait venir vous aider, même dix minutes. Nous aussi on est choqué quand on va à la montagne, à la campagne et qu'on voit des déchets partout. C'est important de faire quelque chose", explique l'un d'entre eux.15h : les cinq cent mètres alloués à l'équipe de Loredana sont propres. Bilan de la journée : 44 sacs, soit 9 par personnes. L'autre partie de l'équipe, à Berceni, en a collecté 75. "Nous sommes fiers de nous", sourit Loredana, "j'espère que cette action va changer les mentalités". Dans l'après-midi, des camions-poubelles - mis à disposition par des sociétés ou des collectivités publiques partenaires de l'organisation - ont ramassé les sacs laissés en bord de route. Au total, plus de sacs ont ainsi été collectés dans le pays. Marion Guyonvarch ( Tsiganes, Roms, Manouches, gens du voyage On se perd dans les dénominations. Pourquoi cette diversité? Chaque Etat a incorporé à sa langue nationale une terminologie pour qualifier "ses" Tsiganes. En France, depuis le XVIème siècle, avant que ne se généralise l'expression "gens du voyage", le terme habituel était "Bohémien" et le mot savant, forgé par les philologues du XIXe siècle, "Tsigane". Les Anglais parlent de Gypsies, les Espagnols de Gitanos, les Italiens de Zingari. Dans l'empire des Habsbourg, le vocable allemand Zigeuner l'a emporté sur tous les autres. Après 1860, les Etats d'europe centrale et les Balkans ont, à leur tour, nationalisé leurs populations Tsiganes sous les termes tchèque de Cikan, hongrois de Cigany, etc. Dans les provinces historiques de Roumanie - la Moldavie et la Valachie -, gouvernées par des princes chrétiens sous domination ottomane, les Tsiganes, esclaves jusqu'en 1857, étaient appelés Tsigani. A chaque terme employé correspond ainsi une réalité historique ancienne et diverse. "Vagabonds ethniques" en France depuis 1912 Pourquoi certaines dénominations ont-elles une connotation péjorative? En Europe, dans les années , des "politiques Tsiganes" répressives, adoptées quasi simultanément dans chaque pays, créent des statuts collectifs d'enregistrement. La terminologie devient dépréciative. A la diversité anthropologique antérieure succède une unification administrative des termes. En France, par la loi de celle qui institue le carnet anthropométrique -, tous les Français enregistrés sous le "régime des nomades", qu'ils aient été ou non des Tsiganes au sens culturel du terme, deviennent des Romanichels ou des "vagabonds ethniques". C'est à partir de 1969 que s'impose l'expression "gens du voyage", toujours en vigueur. Le terme "Rom" semble l'emporter sur tous les autres. Pourquoi? Dans les années 1970, les intellectuels de l'union romani, issus du bloc soviétique, ont créé un mouvement politique international. Ils ont choisi le terme générique "Rom" pour désigner toutes les communautés Tsiganes d'europe. Après la chute du mur de Berlin en 1989, les institutions européennes ont forgé une sorte de novlangue autour des Roms. Combien de fois avons-nous pu lire que les dix millions de Roms actuels forment la plus importante "minorité transnationale" d'europe? On voit comment l'instrumentalisation des termes forge un mythe politique: celui d'un nomadisme tsigane sans frontière. 80 % des Tsiganes n'ont jamais bougé depuis le XVème siècle Dossier Tsiganes "On naît et on meurt sous le regard des gendarmes" Depuis la fin du Moyen Age, l'histoire des Tsiganes se confond avec celle des nations européennes où ils vivent, explique Henriette Asseo, historienne, professeure à l'ecole des hautes études en sciences sociales dans un entretien avec Mattea Battaglia pour le quotidien Le Monde. Un éclairage à notre dossier consacré à cette communauté et aux mesures d'expulsion prises par le gouvernement français. Cela contribue à la "déterritorialité" historique. Pourtant, 80 % des Tsiganes n'ont jamais bougé depuis le XVème siècle. Si ce n'est pas le nomadisme, qu'est-ce qui fédère les différents groupes? On touche au paradoxe tsigane essentiel : comment une culture dotée d'une langue, de traditions familiales, d'une cosmogonie a-t-elle pu perdurer sans le support de traditions savantes? La langue, le romani, est jusqu'à nos jours au cœur de la structuration anthropologique, même dans les familles où elle n'est plus d'usage vernaculaire. Un tchatcho rom (un "vrai Rom") parlera de son monde, de ses relations, en évoquant le cercle de mare roma (ses Roms) ; il parlera po romane (pour les siens), et pas po gadgikane (pour les gadjos, les non- Tsiganes). En Europe dès la fin du Moyen Age Et l'origine indienne remontant au Xe siècle, dont on parle habituellement? L'idée que les Tsiganes sont issus d'une migration unique est en vogue. Mais outre qu'elle fait appel à un organicisme douteux, elle est absurde en termes de démographie historique. La langue romani atteste de l'enracinement des Tsiganes en Europe à la fin du Moyen Age. Elle est, comme la majorité des langues de notre continent, indo-européenne. Mais ses caractéristiques les plus intéressantes sont la composante néo-persane, du IXe siècle, et l'importance du vocabulaire grec, qui prouve une longue présence dans l'empire byzantin. Pourquoi apparaissent-ils en Europe occidentale seulement au Moyen Age? Le Moyen Age est une période d'intense mobilité et d'accueil des étrangers - pour peu qu'ils soient chrétiens. Les ancêtres des Tsiganes font partie des royaumes byzantins concurrents à partir de 1270 (la principauté de Morée, l'empire de Trébizonde, etc.), alliés les uns à Venise, les autres à l'empereur, d'autres encore à la monarchie espagnole. Les Tsiganes, sous les noms d'aegyptianos ou de gens cinganorum ("Egyptiens" et "Tsiganes"), sont un élément des migrations balkaniques du Moyen Age vers les péninsules italienne et ibérique. Leurs chefs ont circulé dans toute la chrétienté avec des sauf-conduits ecclésiastiques ou impériaux, frappant l'imagination. Le Journal d'un bourgeois de Paris décrit l'arrivée, en 1427, de ces cavaliers "de terrible stature". (lire la suite page 30) 29

16 30 ARAD TIMISOARA TG. JIU T. SEVERIN BAIA SF. GHEORGHE BUZAU CHISINAU Une longue présence en Europe XIVe-XVe siècles Les populations Tsiganes s'enracinent en Europe, à partir de Byzance L'esclavage des Roms est aboli en Europe orientale En France, le premier recensement des "Bohémiens et nomades" dénombre personnes itinérantes, dont Bohémiens La Chambre des députés vote un ordre du jour pour débarrasser le pays des "incursions des bandes de romanichels" La loi du 16 juillet sur "l'exercice des professions ambulantes" institue le carnet anthropométrique, obligatoire jusqu'en Des Roms participent à la révolution russe. Création du Théâtre Romen à Moscou Au moins Tsiganes européens meurent dans le génocide Tous les Etats du bloc communiste promulguent des lois anti- Tsiganes et interdisent définitivement le "nomadisme" Constitution du Comité international tsigane, qui deviendra l'union romani. La Journée internationale des Roms sera fixée au 8 avril Le 5 juillet, le Parlement français adopte la loi relative à "l'accueil et l'habitat des gens du voyage" seules 42 % des places d'accueil jugées nécessaires avaient été aménagées Initiative européenne pour la Décennie de l'inclusion des Roms. (suite de la page 29) Age d'or et persécutions L'âge d'or dans les Etats d'europe, mythe ou réalité? C'est une tout autre histoire. Dans les Etats princiers comme la France, la Suède, la Prusse, l'ecosse ou l'angleterre, la Pologne ou le duché de Piémont, les Bohémiens forment des compagnies militaires, qui circulent au gré des lignes mouvantes de la guerre. Les hommes excellent dans l'art militaire, leurs femmes dans l'art divinatoire (le "mestier de Bohémienne"). Avec l'ambivalence des représentations : une intégration à la culture baroque et une méfiance ecclésiastique. On identifie la Zingara ou la Bohémienne par son code vestimentaire. Peinture, ballets de cour, opéras, elle devient un archétype de la culture occidentale, de Cervantès à nos jours. Ont-ils toujours été persécutés? Oui et non. La fin du XVIIe siècle clôt un "certain âge d'or". Prenons quelques exemples. Une pluie d'édits détruit les compagnies bohémiennes. Louis XIV, en juillet 1682, pour réduire sa noblesse frondeuse, condamne les Bohémiens aux galères et interdit aux seigneurs de les accueillir. Le triptyque savant de l'époque - érudits, clercs et légistes - emboîte le pas et produit l'archétype du "Bohémien errant". En Espagne, une rafle des Gitanos a lieu en La logique n'est pas la même: il s'agit de normaliser l'hispanidad en interdisant une culture gitane prospère - les Flamencas. Une partie des Tsiganes parvient pourtant à stabiliser sa généalogie. Elle forme la souche des familles manouches ou sinti, demeurées itinérantes. Le philosophe Kant a ainsi utilisé les informations du Zigeuner Christoph Adam, qui se disait "Tsigane allemand", et qui n'était autre que l'un des ancêtres de Django Reinhardt. Et au XXe siècle? Que dire du carnet anthropométrique, créé en 1912? La loi française de 1912 s'intègre dans la création d'une "politique tsigane" européenne. Entre 1910 et 1930, tous les Etats européens mettent en place un régime administratif d'exception fondé sur des fichiers anthropométriques, photographiques et généalogiques. Le "régime des nomades" français s'applique aux familles entières, de façon transgénérationnelle. On naît et on meurt sous le regard de la gendarmerie, des préfectures, des brigades mobiles, enfermé dans un statut, quels que soient l'occupation, le mode de vie. Le carnet anthropométrique d'une simple ouvrière en vannerie compte 200 pages et visas! "Le curriculum vitae du nomade", peut-on lire dans le Journal de la gendarmerie en La "science raciale" d'himmler et les internements par Vichy Quel est le sort des Tsiganes durant la seconde guerre mondiale? Cette question est au cœur de la nouvelle historiographie du génocide, car elle touche à l'obsession raciale des nazis. Dès 1933, toutes les grandes villes d'allemagne ouvrent des camps d'internement (Zigeunerlager) et à partir de 1936, Himmler radicalise la politique anti-tsiganes, dite Zigeunerpolitik. La "science raciale" impose des critères généalogiques plus sévères encore que pour les juifs: si un seul des grandsparents est repéré comme Zigeuner, l'ordre de détention "préventive" est donné. Dans le Grand Reich, 90 % des familles sont exterminées. Le décret du 16 décembre 1942 ordonne leur transfert à Auschwitz-Birkenau, où est créé un "camp de familles". Mengele va y mener ses expériences médicales. Dans le reste de l'europe occupée, les recensements des années 1930 ont facilité les rafles. Chaque Etat collaborateur ou satellite a persécuté ses Tsiganes nationaux. Au total sont exterminées au moins personnes sur un à deux millions, entre 40 % et 90 % selon les régions. Héritage communiste doublement dramatique La France occupée constitue-t-elle un cas particulier? Oui. Le 6 avril 1940, un mois avant l'invasion des troupes allemandes, les familles enregistrées dans le "régime des nomades" sont assignées à résidence. Elles sont les principales victimes de l'ordonnance allemande du 4 octobre 1940, qui demande aux autorités françaises d'arrêter les Tsiganes en zone occupée personnes de nationalité française sont internées en famille dans trente "camps pour nomades", dont cinq situés en zone libre. Les plus importants sont ceux de Montreuil-Bellay, Jargeau et Poitiers; les conditions y sont terribles car il y a une majorité d'enfants. Y a-t-il eu une reconnaissance après la guerre? Les "nomades" sont les derniers internés administratifs à être libérés en 1946, pour aussitôt être réenregistrés dans le "régime des nomades". Longtemps après la guerre, les démarches administratives pour obtenir le statut d'interné politique n'ont été soutenues par aucune institution; ils sont peu nombreux à l'avoir acquis. En 1969, le carnet anthropométrique a cédé la place au carnet de circulation, imposé à des Français désormais enregistrés comme "gens du voyage". On a créé de nouvelles formes de discrimination légale, dont l'absence de carte d'identité et des restrictions au droit de vote. A l'est, quelle est leur situation sous les régimes communistes? Change-t-elle après la chute du Mur? L'héritage communiste est doublement dramatique. La première raison est sociale: on interdit aux Roms, à partir des lois de 1958, leur culture et leurs modes de vie. Ils deviennent des "citoyens d'origine tsigane", ouvriers dans les complexes industriels de type stalinien. Les Roms sont les laissés-pourcompte de la transition. Prolétarisation dans les ghettos, expropriation : ces conditions favorisent un mouvement migratoire. La seconde raison est politique. Dans une démocratisation inégalitaire, où les nationalités sont manipulées comme en Yougoslavie, l'intelligentsia romani a de grandes difficultés à imposer sa participation à la vie politique. Les partis d'extrême droite, comme le parti Jobbik en Hongrie, appellent ouvertement à la "solution finale" de la question rom. Ces discours risquent de contaminer la vision occidentale. Comment l'historienne que vous êtes analyse-t-elle la conjoncture actuelle? Comme au début du XXe siècle, on est en train, de manière concertée et sur un plan international, de transformer des groupes sociaux, diversement discriminés dans leur pays et n'ayant aucun lien entre eux, en une catégorie politique unique, ethniquement responsable de sa discrimination. On retrouve aujourd'hui les deux volets de la "politique tsigane" : la disqualification de nationaux, chez nous les "gens du voyage", et la création d'un ennemi commun, le "vagabond ethnique", une figure policière internationale récurrente, à la fois visible et insaisissable. Chose étrange, cette offensive intervient au moment même où, en France, la politique dite de reconnaissance semble avancer: le matin du 18 juillet 2010, Hubert Falco, secrétaire d'etat à la défense et aux anciens combattants, a rendu un hommage national aux internés Tsiganes de France lors de la commémoration de la rafle du Vél' d'hiv. Et grâce à l'acharnement d'un instituteur, Jacques Sigot, les vestiges du camp de Montreuil-Bellay viennent tout juste d'être classés monument historique. Propos recueillis par Mattea Battaglia (Le Monde) Auto-école et permis de conduire obligatoire pour les propriétaires de charrettes à Sfântu Gheorghe Les quelques deux cents propriétaires de charrettes de Sfântu Gheorghe (préfecture du judet de Covasna) sont entrés dans une colère noire après que le maire ait fait savoir qu'à partir du 1er janvier, ils ne pourraient circuler dans la ville que s'ils étaient titulaires d'un permis de conduire spécifique pour attelage. Antal Arpad, d'origine magyare, a expliqué sa décision en indiquant "qu'il y avait trop de mineurs ou adultes qui les conduisaient ivres, sans savoir déchiffrer les panneaux routiers, provoquant la panique dans les rues et constituant un véritable danger aussi bien pour les automobilistes que les piétons". La majorité des conducteurs de charrettes étant des Tsiganes, le maire leur a demandé par lettre de déclarer la superficie de terrains agricoles ou forestiers dont ils étaient propriétaires ou locataires, justifiant l'usage de leur véhicule, posant cette question: "S'ils n'en n'ont pas, estce qu'il ne leur sert pas avant tout à voler?". Personne ne s'étant empressé de répondre, les destinataires de sa missive ayant affirmé qu'ils étaient analphabètes et qu'il leur fallait trouver quelqu'un sachant lire et écrire, Anton Arpad a décidé de mettre en place des cours d'alphabétisation pour leur apprendre à distinguer les panneaux routiers afin de leur permettre de se présenter ensuite devant une commission d'examen formée de représentants de la mairie, de la police locale et routière. Le maire a menacé d'interdire purement et simplement la circulation des charrettes dans Sfântu Gheorghe si ses injonctions n'étaient pas suivies d'effet, ajoutant "qu'il n'était pas le premier maire, ni le dernier, à prendre ce genre de mesure, la circulation des charrettes étant interdite dans les villes de nombreux pays, conformément à la législation européenne". 31

17 Dossier Tsiganes Et pendant cinquante ans on n'entendit plus parler des Tsiganes ARAD SATU TIMISOARA SF. GHEORGHE BACAU URZICENI VASLUI Les Roumains les plus nombreux dans les autres pays de l'ue Avec quelque 2,4 millions de ressortissants, les Turcs représentent le plus grand groupe de population étrangère établi dans l'ue, suivis par 2 millions de Roumains, premier groupe de citoyens européens vivant dans un autre pays que le leur, a indiqué Eurostat. Au total, 31,9 millions d'étrangers ont été recensés début 2009 dans les 27 pays de l'ue, soit 6,4% de la population européenne totale. Sur ces 31,9 millions d'étrangers, 11,9 millions étaient ressortissants d'un autre Etat de l'ue, selon l'office des statistiques européen. Les pays accueillant les plus grands contingents d'étrangers sont l'allemagne (7,2 millions d'étrangers), suivis par l'espagne (5,7 millions), le Royaume-Uni (4 millions), l'italie (3,9 millions) et la France (3,7 millions). Mais c'est le Luxembourg qui accueille la plus importante part d'étrangers (44% de sa population), suivi par la Lettonie (18%), contre 8,8% en Allemagne ou 5,8% en France, et moins d'1% en Pologne, Roumanie ou Bulgarie. Parmi les 19,9 millions d'étrangers originaires de pays extérieurs à l'ue, 7,2 millions venaient d'autres pays d'europe, 4,9 millions d'afrique, 4 millions d'asie et 3,3 millions du continent américain. Outre les Turcs, les plus importants groupes de citoyens non ressortissants de l'ue sont les Marocains (1,8 million) et les Albanais (1 million). Derrière les Roumains, les groupes les plus importants d Européens vivant dans un autre pays de l'ue que le leur sont les Polonais (1,5 million) et les Italiens (1,3 million). De l'impératrice Marie-Thérèse d'autriche qui s'était mis en tête d'intégrer les Tsiganes au processus de modernisation des marches de son empire en les incitant à se fixer dans les villes et les villages à Ceausescu, qui avait le projet les faire participer à la construction du socialisme, les tentatives de régler le problème de cette communauté ont été aussi nombreuses que leur échec, comme le rappelle Luc Rosenzweig dans la revue Causeur. Aux confins de deux empires multinationaux, l'empire ottoman et la double monarchie austro-hongroise, les "gens du voyage" trouvaient un biotope favorable à leur mode de vie et à leurs activités. Le pouvoir central était lointain, ses fonctionnaires locaux aisément corruptibles, et leur nomadisme leur permettait de remplir quelques fonctions économiques dans des provinces rurales à l'écart des grandes voies de circulation. Marchands de chevaux qu'il élevaient et sélectionnaient, rémouleurs, rétameurs et rempailleurs, musiciens et comédiens ambulants, ils compensaient leur mauvaise réputation - pas toujours usurpée - de voleurs de poules par une utilité sociale qui n'avait pas échappé, par exemple, à l'impératrice Marie-Thérèse d'autriche. Dans l'europe des Empires : l'échec de l'intégration Celle-ci, au début du XVIIIème siècle, s'était mis en tête de les intégrer au processus de modernisation des marches de son empire en les incitant à se fixer dans les villes et les villages et à mettre leur compétences techniques au service de la collectivité. Dans l'ensemble, ce fut un échec, car la cohabitation entre ces Roms sédentarisés et les autres peuples se révéla quasi impossible: le refus d'assimilation des premiers au mode de vie majoritaire, leur endogamie stricte confortaient chez les Hongrois, les Slaves et les Roumains des préjugés déjà bien ancrés. Privés de leurs créneaux économiques par le développement des techniques et des transports, les tribus roms ou tziganes se trouvèrent bien souvent réduites à la mendicité ou à la délinquance. Le dépeçage des empires autrichien et ottoman après la première Guerre mondiale leur conféra la nationalité des nouveaux pays où ils se trouvaient au début des années vingt du siècle dernier, mais cela n'eut que peu d'effet: la liberté de circulation en Europe centrale faisait d'eux des saute-frontières au passeport changeant et à la conscience nationale peu développée. La situation changea radicalement pendant et après la deuxième Guerre mondiale: les Roms vivant dans les pays directement occupés par les nazis (Bohème- Moravie, Yougoslavie, Grèce) furent pour la plupart exterminés dans les camps de la mort. Ceux qui étaient restés dans les pays alliés de l'allemagne (Roumanie, Hongrie, Bulgarie) eurent plus de chance: beaucoup d'entre eux ont survécu, car les fascistes locaux étaient moins motivés et moins efficaces que les Allemands dans la furie à vouloir faire disparaître les "peuples inférieurs" de la surface du globe. La glaciation communiste plus intégratrice que l'exploitation capitaliste Puis vint la glaciation communiste. Entre 1945 et 1948, date du "coup de Prague" qui vit la Tchécoslovaquie tomber dans l'escarcelle de Staline, une migration des Roms de Roumanie, de Hongrie et de Bulgarie vers la Slovaquie avait eu lieu, ces derniers ayant vite compris que les communistes allaient s'occuper d'eux à leur manière. À l'instar de Marie-Thérèse, mais avec des méthodes plus musclées qu'elle, ces derniers avaient le projet les faire participer à la construction du socialisme dans le cadre des directives élaborées par les divers bureaux politiques des partis communistes locaux. Cela valut également plus tard pour la Slovaquie, où les Roms avaient cru trouver un pays plus accueillant à leur mode de vie traditionnel. Défense de bouger, de partir à l'aventure sur les routes et les chemins, tous à l'usine, aux champs et sur les chantiers. Gare au "parasitisme" qui vous conduisait tout droit dans les "camps de rééducation à régime sévère". Pendant un demi-siècle on n'entendit plus parler des Roms de derrière le "Rideau de fer". En Occident, seuls quelques spécialistes se préoccupaient de cette question, car les défenseurs des droits de l'homme avaient d'autres motifs pour condamner le communisme stalinien: le Mur de Berlin, puis le Goulag suffisaient à occuper l'esprit et le temps des opposants au "socialisme réellement existant". D'un autre côté, la maxime cachée de ces régimes - "faites semblant de travailler et l'etat fait semblant de vous payer" - se révélait plus intégratrice des Roms que l'exploitation capitaliste. L'ouvrier tchèque, hongrois ou roumain "accrochait son chapeau" à sa patère dans l'entreprise d'etat, touchait son maigre salaire, et filait ailleurs la moitié du temps pour travailler au noir ou "perruquer" dans son atelier. Son collègue rom bullait à l'usine avant d'aller faire la fête avec les siens dans les HLM lugubres qu'on leur avait attribués à la lisière des villes, ou dans leurs masures à la campagne. Chacun son truc. Le caractère policier de ces régimes et la surveillance généralisée des populations par les "organes" de l'etat communiste dissuadaient les potentiels maraudeurs de cette communauté d'exercer leurs activités. Les peines très sévères appliquées à ceux qui se rendaient Comment les Roms expulsés de France sont-ils accueillis en Roumanie? Nicoletta Bitu. Ces "rapatriements" sont très médiatisés ici. Il y avait beaucoup de journalistes à la descente des avions. Les Roms se sont sentis agressés par les médias, le climat était très tendu. Du coup, nous, les associations, on a eu du mal à les approcher. Ils sont donc repartis seuls vers Bucarest, où ils ont coupables "d'atteinte à la propriété du peuple" limitaient le nombre des récupérateurs de métaux habiles à s'accaparer le cuivre des bâtiments publics et des lignes électriques. Seuls sévissaient, aux abords des hôtels et des gares, des changeurs furtifs et clandestins de devises fortes en monnaie locale qui arnaquaient joyeusement les touristes occidentaux. Le mistigri refilé aux pays riches Après l'écroulement du communisme, cet équilibre fut rompu: pour survivre il fallait travailler, et pas seulement pointer à l'usine et faire semblant. Le chômage fit son apparition, frappant prioritairement ceux dont la qualification professionnelle était minimale et la productivité insignifiante, ce qui était le cas de la très grande majorité de la population rom. La ghettoïsation de fait et le peu d'importance accordée par la culture rom à l'éducation donnée hors de la communauté avait abouti à la constitution d'un système scolaire à deux vitesses: une éducation au rabais pour les Roms et les écoles de qualité pour les autres. "Horreur!" s'écrièrent les belles âmes de l'union Européenne venues inspecter les pays candidats à l'adhésion à l'ue. "Mélangez-moi tout cela vite fait, sinon vous n'aurez pas un sou de Bruxelles!". Cela eut pour conséquence que les dirigeants des pays concernés, qui étaient persuadés que cette "déségrégation" brutale était vouée à l'échec, virent sans trop de chagrin les Roms filer vers l'ouest, quand ils ne les poussaient pas discrètement à déguerpir. La solution consistant à "européaniser" le problème, c'est-à-dire passer en douce le mistigri aux pays riches au nom de la liberté de circulation, n'était pas pour déplaire aux nouveaux dirigeants roumains et bulgares. Luc Rosenzweig (Revue Causeur) "Les Roms ne vont pas refaire leur vie ici avec 300 euros" Alors qu'un millier de Roms avaient été renvoyés vers la Roumanie et la Bulgarie fin août, Nicoletta Bitu, coordinatrice de programme à l'ong roumaine de défense des droits des Roms, Romani Criss, a évoqué la situation de ces familles à leur retour dans les colonnes du quotidien "L'humanité". pris des bus pour rentrer chez eux. Cette question est très récente en Roumanie. C'est seulement il y a un mois, sur pression de la France, que le ministère du Travail a nommé un secrétaire d'état chargé de la question des Roms, Valentin Mocanu. Dans quelles conditions ces Roms vivent-ils en Roumanie? Nicoletta Bitu. Ils n'appartiennent pas tous au même groupe social. Entre eux, ils sont très différents. Certains vivent bien, ils font partis de la classe moyenne plutôt pauvre. Ils se sont retrouvés au chômage et ont donc choisi d'émigrer. D'autres sont vraiment très pauvres. Tous ne sont pas discriminés mais ceux qui le sont ont des problèmes d'accès au travail, à la santé, à la justice. Sans parler des abus de la police à leur égard. Il existe aussi de graves conflits entre Roms et non-roms. ( suite page 34) 33

18 Dossier Tsiganes Tsiganes: "pauvres, illettrés et condamnés à vivre en marge de notre société civilisée" 34 ARAD TIMISOARA BAIA ROSIA M. T. MAGURELE FOCSANI CERNAVODA (suite de la page 33) Le racisme contre les Roms estil très présent? Nicoletta Bitu. Il a augmenté depuis l'entrée de la Roumanie dans l'union européenne en Par exemple, on applaudit ici les discours de Berlusconi et de Sarkozy. Les autorités roumaines se disent qu'elles peuvent désormais dire ce qu'elles veulent des Roms sans être accusées de racisme Comment les Roumains perçoivent-ils les expulsions de Roms depuis la France? Nicoletta Bitu. Les Roumains sont obsédés par l'idée que les Roms ternissent l'image du pays à l'étranger. L'opinion publique ne critique pas ces expulsions, parce que ce sont des Roms Très peu de gens ici s'opposent à ces expulsions. La gauche et la droite approuvent. Il n'y a que les associations de Roms et des droits de l'homme qui remettent en question ces "rapatriements ". Sur quelle base critiquez-vous ces expulsions? Nicoletta Bitu. Je ne comprends pas que la France ait laissé s'installer des campements de Roms pendant dix ans pour les rapatrier ensuite en Roumanie. C'est un atout électoral pour Sarkozy, comme ça l'est pour Berlusconi. La question des Roms devient un miroir idéologique de la droite. Que vont-ils devenir en Roumanie? Nicoletta Bitu. Certains vont rester ici et d'autres vont retourner en France. Ce n'est pas avec les 300 euros que le gouvernement français leur donne qu'ils vont refaire leur vie ici. Entretien réalisé par Marie Barbier (L'Humanité) Après plusieurs semaines d'agitation autour des Roms roumains et bulgares et l'accélération des démantèlements des camps et des retours "volontaires", le ministère de l'intérieur a publié une statistique censée justifier les actions menées en raison d'une augmentation exponentielle de la délinquance liée aux citoyens roumains en région parisienne. Pour Olivier Peyroux, directeur adjoint de l'association Hors la rue, qui s'occupe des problèmes des Roms, il s'agit d'un mauvais coup porté aux efforts d'intégration. Parmi les chiffres annoncés, 49 % des actes de délinquance auraient été commis par des mineurs roumains. Les données présentées sont discutables, car elles portent sur des mises en cause et non des condamnations (sans doute moins nombreuses). Elles ont pour objectif de démontrer l'inadaptation de ces populations. Contrairement à ce qui est insinué, loin de s'agir d'un trait culturel qu'on voudrait faire porter à l'ensemble des Roms roumains, l'augmentation des mineurs délinquants s'explique par la présence depuis 2009 d'un groupe particulier, bien identifié. Déjà connu au Royaume-Uni et en Espagne dès 2003, spécialisé dans les arnaques aux distributeurs automatiques de billets, ce réseau contraint des mineurs à commettre des vols pour son compte. Ces derniers sont fréquemment interpellés, ce qui constitue l'essentiel de l'augmentation des mises en cause présentées par le ministère de l'intérieur. L'incapacité à arrêter les membres du réseau, l'absence de dispositif pour la protection des mineurs victimes d'exploitation et le manque de moyens affectés à la protection judiciaire de la jeunesse sont les principales causes de cet échec. La lutte contre la délinquance avant l'intérêt des enfants Des phénomènes d'exploitation de mineurs touchent d'ailleurs d'autres nationalités et sont en augmentation depuis deux ans, et il ne s'agit pas d'une caractéristique ethnique propre aux Roms. La lutte contre ces phénomènes nécessite aussi de travailler davantage en partenariat: justice, police, protection de l'enfance, associations spécialisées, pays d'origine. De telles initiatives ont donné des résultats. Espérons qu'elles puissent continuer à être développées. Cette statistique, qui pour la première fois cite explicitement les ressortissants d'un pays, doit permettre de faire accepter un accord bilatéral entre la France et la Roumanie que le Parlement ratifiera en octobre. Ce dernier, s'il était voté, permettrait de renvoyer des mineurs isolés, sans véritable enquête sociale dans le pays d'origine et sans passage devant le juge pour enfants. L'objectif affiché est la lutte contre la délinquance plutôt que l'intérêt supérieur de l'enfant qui devrait pourtant primer. Quant à l'efficacité de cette mesure, il faut rappeler qu'en 2002, lorsque des mineurs roumains (n'appartenant pas à la communauté rom) avaient été utilisés pour piller les horodateurs, leur renvoi dans le cadre des précédents accords signés avec la Roumanie à l'initiative du ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, a eu des effets très limités. Une quarantaine de retours en trois ans, sans véritable intégration en Roumanie, et parfois des enfants récupérés par des réseaux et exploités dans d'autres pays d'europe. Se cacher dans des endroits insalubres Pourtant, d'autres solutions existent. Une grande partie des enfants utilisés pour ramener de l'argent ont réussi à apprendre un métier en France. Une étude du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), portant sur 100 jeunes Roumains de cette époque passés par l'aide sociale à l'enfance de Paris, a montré que 97 % d'entre eux ont pu valider une année scolaire ou obtenir un diplôme. Quittons le terrain des enfants en situation d'exploitation pour revenir aux mineurs roms vivant dans les camps en France, cibles des actions spectaculaires de ces dernières semaines. Les enfants ont souvent été les premières victimes de ces opérations. La peur de l'expulsion a conduit beaucoup de familles avec des enfants en bas âge dont les conditions de vie étaient déjà difficiles à quitter leur terrain, pour se cacher dans des endroits insalubres (tunnels, pavillons en démolition...). Des enfants allant à l'école depuis plusieurs années risquent de renoncer à leur scolarité à la suite de leur éloignement géographique par les forces de l'ordre. La plupart du temps, la destruction de leur logement de fortune par des bulldozers se fait devant leurs yeux. Si cette politique, dont les principaux résultats sont la déscolarisation et la mise en danger de mineurs, doit cesser au plus vite, que peut-on faire? L'exemple des Tsiganes yougoslaves "normalisés" Afin de sortir de l'idée que les Roms des pays de l'est, malgré leur nombre restreint, estimé à , sont incapables de s'intégrer en France, il est intéressant de revenir sur la migration yougoslave, plus ancienne que celle des autres pays de l'est et donc mieux à même d'illustrer les différentes étapes du processus migratoire. Celle-ci a commencé dès la fin des années 1960 et s'est en grande partie "normalisée". Cela n'a pas empêché, il est vrai, l'apparition de groupes ayant des activités illégales. Malgré tout, la majorité des migrants roms d'ex- "Liberté, Egalité Expulsé" L'équipe du Service Roumain de Comédie, qui anime la célèbre émission télévisée "Divertis" sur Pro TV, a remporté un franc succès en présentant un clip de six minutes baptisé en français "Liberté, Egalité Expulsé", se moquant de Sarkozy. Le sketch commence par une scène où on voit un Tsigane mendier devant la statue du général De Gaulle à Bucarest, interpellant les passants en tendant la main "Si vouplait Mousieur", parodiant la bouffonnerie passée dans l'émission de Laurent Ruquier sur Antenne 2, qui avait scandalisé les Roumains. Le clip, qui a fait le tour de l'europe, a été tourné dans un vrai village tsigane, Balteni, proche de la capitale, avec la complicité de ses habitants. Yougoslavie ont su s'intégrer en France au point qu'ils sont devenus "invisibles" pour l'opinion publique. Les difficultés que les Roms roumains et bulgares éprouvent ne sont pas dues à la "culture rom" qui les condamnerait à être à la marge mais aux difficultés d'insertion sur le marché du travail. Permettre aux enfants roms vivant chez nous d'être scolarisés, d'accéder à la formation, notamment professionnelle, puis à l'emploi reste la seule voie pour permettre une intégration de ces familles roms dont le nombre, il faut le rappeler, est stable depuis plusieurs années et représente moins de 1 % des Roms de Roumanie. Pas de scolarisation dans les communes par peur de l'installation d'un campement Dans la pratique, il semble que la voie inverse soit privilégiée puisque, d'après l'étude du collectif Romeurope, seuls 10 % des enfants roms vivant en France et en âge d'être scolarisés le sont. Une des raisons est le refus de nombreuses municipalités, toutes couleurs politiques confondues, d'inscrire ceux-ci à l'école par peur de l'installation d'un campement. Suivre une formation professionnelle est quasiment impossible sans prise en charge par l'aide sociale à l'enfance. De même, l'accès à l'emploi est limité et complexe du fait des mesures transitoires pour les Roumains et les Bulgares. Au final, ces dispositions restrictives dont la France a déjà fait savoir qu'elle souhaitait les prolonger jusqu'à leur terme (31 décembre 2013) et l'accélération des destructions de camps privent les enfants roms d'accès à l'éducation, donc d'intégration. Petit à petit, ils se conforment aux clichés de la société majoritaire : pauvres, illettrés, et condamnés à vivre en marge de notre société civilisée. Olivier Peyroux (Directeur adjoint de l'association Hors la rue) À lire Les Tsiganes. Une destinée européenne, d'henriette Asséo, "Découvertes", Gallimard, rééd. 1994, 160 p., 14. Les Tsiganes en France, un sort à part, , d'emmanuel Filhol et de Marie-Christine Hubert, Perrin, 2009, 398 p., 22. Ces barbelés que découvre l'histoire, Montreuil-Bellay, , de Jacques Sigot, "Cages", Ed. Wallâda, 2010, 416 p., 30. Les Tsiganes ou le Destin sauvage des Roms de l'est, suivi du Statut des Roms en Europe, de Claire Auzias, Marcel Courtiade, "Documents", Ed. Michalon, 2001, 130 p., 13,72. Tsiganes. Sur la route avec les Roms Lovara, de Jan Yoors, Phébus, 2004, 288 p., 8,90. Le Vent du destin. Manouches, Roms & Gitans, de Michèle Brabo, Seuil, 2005, 140 p., 30. La revue Etudes tsiganes : tsiganes.asso.fr 35

19 36 ARAD SATU TIMISOARA TG. JIU TÂRGOVISTE BACAU Deux communautés dans la tourmente de l'histoire L'installation des Magyars et des Saxons en Transylvanie remonte à loin. Les premières tribus païennes hongroises venues des steppes d'oural en 896, se sont installées dans la plaine Pannonique et ont progressivement migré vers le sud-est de la Transylvanie. Au 12e siècle, le Roi Géza II de Hongrie, fait appel aux colons sicules, peuple guerrier aux origines incertaines (probablement turco-mongole) pour défendre les frontières à l'est, et aux Saxons (originaires de Franconie), pour développer l'économie et assurer la défense au nord-est et au sud de Transylvanie. Jusqu'à aujourd'hui, au grand dam des Roumains, les Magyars se sont toujours considérés comme les occupants légitimes de la Transylvanie, ainsi qu'en rend compte une blague où chacun en prend pour son grade. A la tête de ses troupes, Attila (ci-contre) fait une halte devant un lac splendide. La nature vierge l'éblouit. Il attache son cheval à un arbre, se déshabille, pose ses vêtements sur la berge et se glisse dans l'eau, ordonnant à ses soldats d'en faire autant. Il apprécie fort cet instant, et lance : "Soldats, goutez ce moment unique d'être les premiers hommes sur la terre à profiter de ce joyau de la nature"... ii déchante vite en sortant de son bain: vêtements et chevaux ont disparu. Les Roumains étaient déjà là! Minorités Volonté d'enracinement pour les uns, départ La Transylvanie, "Pays de l'autre côté des montagnes", occupe la dépression centrale de la Roumanie, entourée par les Carpates. C'est là que des Magyars et Saxons présents depuis plusieurs siècles ont su préserver leur identité et leur langue. Après 1989, ces deux communautés ont entretenu des rapports spécifiques avec les "nations mères", l'allemagne et la Hongrie, ainsi que le rapporte Emilia Iftime, dans un article publié par "Regard sur l'est". Les Magyars vivant aujourd'hui en Transylvanie ( dans toute la Roumanie d'après le recensement de 2002) font de cette minorité la plus nombreuse de la région. Sa concentration dans les départements de Covasna et de Harghita, où sont installés Magyars, appelés Sicules, reste déterminante pour son influence politique et son activisme. Leur présence en majorité sur ce territoire a permis la formation d'une identité régionale particulière pour cette population, donnant lieu à des revendications portant sur les droits collectifs et l'autonomie territoriale régionale. Ce désir a caractérisé le discours politique des élites magyares de l'union Démocratique des Magyars en Roumanie (UDMR), dès sa création en décembre Sans conteste, la préservation de l'identité représente un élément essentiel pour la minorité magyare de Transylvanie. Elle va de pair avec la politique de la Hongrie, "nation mère", construite durant la période post-communiste sur des principes de maintien des Magyars en Transylvanie pour perpétuer leur identité ethnolinguistique et culturelle. Le sentiment de responsabilité envers les Magyars vivant à l'extérieur de ses frontières, se retrouve dans l'article 6 de la Constitution hongroise, révisé en De la magyarisation forcée à la roumanisation Magyars et Saxons C'est dans ce contexte que fut adoptée en 2001 par le Parlement de Budapest "la loi du Statut" prévoyant des mesures économiques, sociales et culturelles pour les minorités hongroises à condition de bénéficier d'un certificat d'identité hongrois délivré par les consulats hongrois en Roumanie sur des critères de connaissance de langue et de pratique des coutumes magyares. Limitant le groupe de bénéficiaires aux seuls Magyars citoyens et résidents des pays voisins (Croatie, Serbie, Monténégro, Roumanie, Slovénie, Slovaquie et Ukraine), se trouvant dans cette situation par les traités de paix conclus à la fin des deux guerre mondiales, cette loi empruntait à la notion de "nation hongroise", des fondements ethno-territoriaux. Le gouvernement roumain à qualifié cette loi de "substitut pour une seconde nationalité"; son adoption en Hongrie, a donné lieu à un différend entre la Roumanie et la Hongrie qui s'est apaisé par un amendement en 2003, en limitant les effets sur insistance de l'union Européenne qui redoutait l'extension de contentieux et revendications ethniques. Avec l'instauration de l'empire austro-hongrois en 1867, la langue hongroise était devenue obligatoire en Transylvanie. Pendant cette période les autorités hongroises ont mené une politique de magyarisation forcée, le contrôle d'etat était introduit dans les écoles confessionnelles et ce en dépit d'une majorité de locuteurs non magyars. A la fin de l'année 1918, lors de l'unification avec la Roumanie, la Transylvanie était fortement magyarisée en termes politiques, administratifs et culturels. Ce qui détermina le gouvernement roumain à mener activement une politique inverse de "roumanisation". L'administration locale a été progressivement investie par des fonctionnaires venus de Bucarest, la langue roumaine étant la seule déclarée légale dans la vie publique et l'administration; de plus une loi en 1924 obligeait les enseignants à passer un examen de langue roumaine, ce qui a réduit considérablement le nombre des personnes qualifiées pour soutenir l'éducation dans les nombreuses écoles en langues minoritaires, magyares ou allemandes. pour les autres... destins différents pour les deux principales minorités de Transylvanie au "Pays de l'autre côté des montagnes" Pour rétablir les droits aux minorités nationales profondément affectées par les régimes qui se sont succédé entre les deux guerres, fut adoptée en Roumanie en 1945, un acte normatif de grande importance en termes de reconnaissance des droits linguistiques aux minorités (la loi n 86/1945) Cette loi permettait l'utilisation des langues minoritaires dans les rapports avec l'etat pour les locuteurs autres que de langue roumaine, déclarée comme officielle. "Villes fermées" sous Ceausescu Après l'instauration du régime communiste sur les fondements de la Constitution de 1952, fut créée la Région Autonome Magyare, où étaient instituées l'utilisation de la langue magyare dans l'administration et la nomination de fonctionnaires appartenant à la minorité magyare ou prouvant leur connaissance de la langue magyare. Les années 1970 seront marquées par l'initialisation d'une politique d'assimilation et d'homogénéisation culturelle accompagnée par l'institutionnalisation des villes fermées, ce qui barrait l'accès à la culture et l'enseignement en langues maternelle, pour la population empêchée de s'installer dans des grandes villes comme Cluj, Târgu Mures, Brasov ou Sibiu, à forte concentration magyare ou saxonne. Embellie des droits et pratiques linguistiques depuis 1990 Dès son entrée dans l'union Européenne, la Roumanie a ratifié la Charte Européenne des langues minoritaires et régionales. La loi de ratification n 282 de 2007, reconnaît les langues allemande et magyare comme langues minoritaires, conformément aux dispositions de la Charte. Cette démarche s'inscrit dans la réaffirmation des droits linguistiques, que la Roumanie entendait garantir aux minorités nationales. La constitution adoptée en 1991 garantissait des droits linguistiques aux minorités nationales. Sur cette base ont été adoptées la loi n 215 de 2004 concernant l'administration locale et la décision gouvernementale n 1206 de 2001 réglementant l'utilisation de la langue maternelle pour les minorités nationales. Ainsi, dans les circonscriptions administratives où la population minoritaire dépasse 20%, les populations magyare ou saxonne peuvent utiliser leur langue dans la communication orale ou écrite avec l'administrations locale, lors des cérémonies officielles ou bénéficier d'une signalétique bilingue. Les droits linguistiques ont été étendus à l'administration déconcentrée par la constitution adoptée en L'impact de ces dispositions législatives sur les minorités magyare et saxonne en Transylvanie, est très inégalement reparti en raison de la différence significative de leur densité. Même dans les départements de Brasov ou Sibiu où il ne reste qu'une dizaine de milliers de Saxons, mais qui concentrent 60 % de cette communauté en Transylvanie, les lois n'affectent respectivement que 1,55 % et 0,75 % de la population. Pour les locuteurs de langue magyare, ces dispositions ont un impact beaucoup plus significatif; dans les départements de Harghita, de Covasna et de Mures qui regroupent 68 % des Magyars de Transylvanie, les lois concernent entre 39 % et 85 % de la population. Par manque de moyens, certaines administrations trouvent difficilement du personnel qualifié ou des traducteurs connaissant la terminologie de leur spécialité (juridique et administrative) en langues minoritaires, ce qui limite encore l'impact de la loi. La Roumanie montre l'exemple Des groupes ultra-nationalistes magyars, souvent venus de Hongrie, organisent de temps en temps des manifestations, réclamant l autonomie ou l indépendance de la Transylvanie, mais ils représentent un courant minoritaire sur place. Dans le domaine de l'enseignement, la législation visant les minorités, concerne principalement la loi de l'enseignement n 84 de 1995 et l'ordonnance sur les programmes scolaires n 1529 de Les lois prévoient pour les écoles primaires des manuels de langue et littérature roumaines spécifiques pour les élèves de langue maternelle autre que le roumain. Il existe en Transylvanie des écoles, collèges, lycées (profil général, de spécialité et professionnel) repartis dans tous les départements, qui offrent aux minorités l'instruction en langues maternelles magyare ou allemande. Ainsi, dans le département de Harghita où 85 % de la population est magyare, il y a 23 lycées où l'enseignement est dispensé uniquement en langue magyare et 6 autres avec des sections adaptées. Dans le département de Sibiu qui concentre 36 % des Saxons de Transylvanie, il y a un lycée d'enseignement en langue allemande et 5 autres avec des sections adaptées. Les jeunes Magyars et Saxons peuvent poursuivre leurs études supérieures dans les centres universitaires de Târgu Mures, Sibiu ou Cluj. L'Université Babes-Bolyai est la seule qui organise l'enseignement dans les deux langues minoritaires. Ces dispositions font désormais de la Roumanie un pays phare de l'union Européenne dans le domaine de la protections des droits des minorités linguistiques. Emilia Iftime (Regard sur l'est) 37

20 38 ARAD TIMISOARA BAIA SINAIA M. CIUC BACAU Incorporée à la Hongrie de 1867 à 1918 En1867, la Transylvanie est incorporée à la Hongrie au sein de la monarchie austro-hongroise; elle devient partie intégrante de la Roumanie après la dissolution de l'empire, en Dans les premiers mois de l'unification avec la Roumanie, les autorités roumaines imaginent un partage de pouvoirs entre la majorité roumaine et les autres minorités, magyares et saxonnes. Toutefois, ce choix est rapidement abandonné au profit d'un système centralisé, laissant ces minorités sans prérogatives spécifiques. Les Magyars de Transylvanie doivent alors s'accommoder du statut de minorité nationale et ils créent en 1921, le parti de l'union Magyare pour défendre leurs intérêts (reconnaissance de droits collectifs pour cette minorité: droit à un territoire propre et à l'autodétermination économique et spirituelle). Après l'instauration du régime communiste, le gouvernement roumain mènera une politique ambiguë vis-à-vis de cette minorité. En 1952 sous la pression de Staline est créée la Région autonome magyare, (actuellement les départements de Harghita, de Covasna et le Nord de celui de Mures) qui restera néanmoins sans réelle autonomie politique, comme le reste de la Roumanie, mais où le bilinguisme sera pratiqué dans l'administration publique. Avec l'adoption de la constitution de 1965, une nouvelle organisation administrative sera mise en place autour d'un découpage territorial sans critère ethnique. Minorités Au cours du dernier quart de siècle, 90 % des Saxons ont regagné l'allemagne Les Saxons, culturellement germanophones, sûrs de leur tradition de communauté minoritaire, reconnue par une majorité, n ont pas été perçus par le pouvoir roumain d'après 1918 comme une minorité revendicatrice d'autonomie territoriale. Mais celà va changer, lors de l arrivée de Hitler au pouvoir en allemagne. Avec la montée des tensions interethniques, consécutives aux assimilations forcées, certaines franges de la population saxonne se sont radicalisées et adhèrent aux idéologies fascistes. Obligés de s'engager dans les Waffen- SS, peu de Saxons réchappent de la guerre, et ceux qui retournent en Transylvanie, après 1945, sont dépossédés de leurs biens, droits civils et politiques et déportés en URSS, avec une partie de leur famille. Le sentiment de frustration, déjà sous-jacent au sein de la minorité saxonne, s'accentue durant la période communiste amenant nombre d'entre eux à s'interroger sur leur volonté de continuer à vivre en Transylvanie. Profitant de la loi allemande de 1953, l'exode des Saxons transylvains vers l'allemagne fédérale ne fait que croître. Le rythme des départs entre 1953 et 1989 est approximativement de personnes par an. Les recensements enregistrent ainsi de Saxons en Transylvanie en 1977 mais seulement en 2002, dont dans les départements de Brasov et Sibiu, d'après le recensement de la population de Ainsi en un quart de siècle, 90 % des Allemands ont regagné l'allemagne, laissant des cités désertées, dont les habitations ont été depuis souvent squattées par les Tsiganes et se retrouvent aujourd'hui dans un piteux état. Durant la période communiste, ce retour aux sources a été largement facilité par les "rançons" -plusieurs dizaines de milliers de marks- que Bonn versait alors au régime de Ceausescu pour chacun de ses nationaux récupéré. Double nationalité après le retour aux sources A Cund, village isolé de la Roumanie profonde, on assiste au retour de Saxons. Le parcours des Saxons renvoie à une identité ethnoculturelle caractérisée par une certaine mobilité. Les Saxons de Transylvanie se sont largement installés en Allemagne de manière définitive. Leurs démarches ont été facilitées par la législation allemande qui considérait les minorités germanophones de l'europe de l'est comme appartenant culturellement à la nation allemande avant même leur arrivée en Allemagne. Les candidats au départ devaient déclarer auprès de l'ambassade leur appartenance à la minorité germanophone et prouver la pratique de la langue et des coutumes allemandes, critères déterminants pour l'obtention de l'ordre d'admission en Allemagne. Le Forum Démocratique des Allemands de Roumanie, créé en 1990, instance politique siégeant à Sibiu (1), représentative de la minorité germanophone, s'est impliqué dans l'application de la politique d'émigration saxonne vers l'allemagne, intervenant auprès de l'ambassade allemande, pour faciliter le traitement des dossiers. Les Saxons installés en Allemagne bénéficient de la double citoyenneté, ce qui grâce à un riche réseau associatif, facilite les échanges entre ceux déjà établis en Allemagne et ceux restés en Roumanie: nombre de Saxons se sont installés dans une mobilité "pendulaire", revenant en Roumanie pour développer des activités économiques ou culturelles. Emilia Iftime (1) Karl Johannis, le maire de Sibiu est un élu du Forum Démocratique des Allemands de Roumanie. Il a été réélu en juin 2009 dès le 1er tour avec 87,1 % des voix. Minorités Holger Hihn, 35 ans, est installé dans le village de Cund, à proximité de la ville médiévale de Sighisoara. "Ma famille a émigré en Allemagne en 1986 lorsque j'avais 8 ans, explique-t-il. J'ai travaillé pour une compagnie de transport, mais ma passion, c'était les chevaux. Je rêvais d'avoir mon troupeau, or mes revenus en Allemagne ne le permettaient pas. J'allais souvent en Transylvanie en utilisant les camions de ma compagnie et j'ai rencontré des investisseurs allemands qui m'ont donné envie d'y rester. Il y a sept ans, j'ai posé mes bagages à Cund, et je ne le regrette pas une seconde". En 1930, la Roumanie comptait une communauté de Allemands. Aujourd'hui, il n'en reste que Environ d'entre eux, craignant l'entrée de l'armée russe en Europe, ont fui vers l'allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale. Pendant le régime communiste, le dictateur Nicolae Ceausescu les a "vendus" à l'allemagne, un "commerce" qui rapporta à l'etat roumain plus d'un milliard de deutschemarks (l'équivalent de 500 millions d'euros). Cet exode se poursuit dans les années 1990, les Allemands quittant la région en masse pour échapper à la transition chaotique de la Roumanie vers l'économie de marché. Les villages désertés témoignent encore de cette hémorragie, qui a privé la Roumanie d'un atout économique important. "Je n'avais jamais imaginé que j'irais vivre à la campagne" Autrefois désertés, des villages reprennent vie et s'ouvrent au tourisme Mais la roue de l'histoire commence à tourner en sens inverse. "Les jeunes Allemands reviennent et investissent en Roumanie, explique Holger. C'est ici que j'ai pu accomplir mon rêve, mon troupeau compte aujourd'hui dix chevaux de race. Si on veut faire du cheval en Allemagne ou en France, on se heurte toujours à une clôture, tout est fermé. A Cund, je peux faire des dizaines de kilomètres à cheval en ne voyant que des collines et des forêts. Le retour des Allemands en Transylvanie Ils sont de retour. Des milliers d'allemands reviennent s'installer dans les villages de Transylvanie, région du centre de la Roumanie, qu'ils avaient désertée après la chute du régime communiste en Ce phénomène de retour en masse a commencé en 2000, lorsque la Roumanie démarrait les négociations d'adhésion à l'union européenne. Sept ans plus tard, le pays devenait membre à part entière de l'ue et son envol économique a changé la perception de la minorité allemande qui l'avait quitté il y a vingt ans. Après avoir quitté en masse la Roumanie, certains Saxons y reviennent, ce qui donne l'occasion de réjouissances locales. Les touristes adorent et je peux développer mon affaire". Dans ce village isolé de la Roumanie profonde, un autre Allemand vante les vertus économiques de la Transylvanie. En 2003, Jonas Schäfer, 37 ans, a quitté Hambourg et sa vie mouvementée d'ingénieur du son dans l'industrie de la musique. "Je rêvais de m'installer à New York ou à Londres, je n'avais jamais imaginé que j'irais vivre à la campagne", avoue-t-il. Il était venu rendre visite à son père qui avait créé à Cund une fondation qui s'occupe de la réinsertion de jeunes Allemands délinquants. Séduit par le rythme de vie très paisible des 140 familles du village et par ses paysages, Jonas décide d'y passer quelque temps pour aider son père. Il achète pour euros une vieille maison allemande qu'il rénove. "Je l'ai mise sur Internet parce que je voulais faire des échanges touristiques, se souvient-il. En seulement quelques jours elle a été louée pour dix-huit semaines. C'est alors que je me suis rendu compte de l'énorme potentiel touristique de la Transylvanie". Aujourd'hui, Jonas Schäfer possède trois gîtes dans le bourg et gère sept maisons rénovées. C'est ici que j'ai trouvé la vie dont j'avais rêvé" Petit à petit l'image des villages allemands désertés commence à changer. Il suffit de sillonner la Transylvanie pour constater l'ébullition touristique de la région, celle-là même qui a donné naissance au mythe de Dracula. L'un de ses habitués n'est autre que le prince Charles, qui vient tous les ans s'y ressourcer. L'héritier du trône du Royaume-Uni a acheté une maison dans le village de Viscri, à proximité de la ville de Brasov (Kronstadt, en allemand). L'injection de fonds européens dans ces petits villages devrait leur permettre de renaître de leurs cendres. "Si j'avais à recommencer, je ferais exactement le même choix, conclut Jonas Schäfer. C'est à Cund que j'ai trouvé la vie dont j'avais rêvé". Mirel Bran (Le Monde) 39

21 40 ARAD TIMISOARA BAIA SLATINA BACAU "Va faire le maçon" Les violences racistes ont tendance à persister dans les championnats d'europe de l'est. Les Tsiganes en sont les principales victimes, plus particulièrement en Roumanie et en Hongrie. Ainsi, c'est souvent lors des derbys opposant les équipes de la capitale roumaine que les tensions sont les plus importantes. Au début des années 2000, lors d'une rencontre opposant le Dinamo et le Rapid Bucarest., une banderole de 60 mètres de large soulevée par personnes affichait le slogan suivant: "Mort aux Tsiganes". En mars 2008, l'ouverture du score par le Rapid Bucarest, club historique des cheminots de la ville supporté aujourd'hui par un bon nombre de Tsiganes, provoquait un déchaînement de violence chez les fans du Steaua qui contraignait l'arbitre à arrêter la rencontre. Plus généralement, le raccourci Rom-Roumain est largement opéré. Dans les championnats étrangers, les joueurs roumains subissent le même sort que les joueurs d'origine rom en Roumanie. Chivu, joueur évoluant à l'inter Milan et capitaine de la sélection roumaine, déclarait ainsi en décembre 2008 : "Arrêtons de nous cacher. Le racisme y en a tellement. Dans tous les stades, j'entends de tout, comme 'Tsigane, va faire le maçon'." Les Roms eux-mêmes ont du mal à revendiquer leur propre identité, notamment lorsqu'ils doivent s'expatrier pour jouer ou entraîner à l'étranger. Révéler leur identité reviendrait en effet à mettre en danger leur pratique sportive. Simon Bénard (Sport et Citoyenneté) Sports Exploit mondial pour quatre jeunes spéléologues roumaines Quatre spéléologues roumaines n'ayant guère plus de vingt ans ont été la première équipe féminine au monde à descendre à plus de mille mètres sous terre, fin septembre. Elles ont atteint la côte de mètres dans l'aven Berger, dans le sud de la France, y séjournant 22 heures. Adina Micula, Cristina Ianc, Raluca Ianc, originaires du Bihor (Oradea) et Mihaela Manisor (Cluj), régions où il existe de nombreuses grottes, faisaient partie d'une expédition de neuf spéléologues roumains, emmenés par le président de leur fédération nationale, Viorel Lascu, qui a considéré qu'il s'agissait d'un véritable exploit à la portée seulement jusqu'ici de spéléologues masculins confirmés. Les jeunes filles ont dû franchir des canyons souterrains, lutter contre une montée subite des eaux et descendre en rappel des cascades, ne prenant pratiquement aucun repos pendant une trentaine d'heures. Un arbitre à la dimension européenne Cristi Balaj est considéré comme le meilleur arbitre roumain. Il a officié pour la première fois en UEFA, lors de la rencontre opposant l'ac Milan à l'aj Auxerre, en septembre. "Je n'avais jamais arbitré devant spectateurs" s'est-il enthousiasmé, à l'issue de la rencontre. "C'est fantastique mais dès le premier coup de sifflet, j'avais oublié l'environnement, j'étais très concentré". L'arbitre a connu trois situations litigieuses, dont une simulation de l'attaquant milanais Seedorf: "ma décision prise, personne n'a discuté en Roumanie, çà aurait été des palabres sans fin" commente-t-il, ajoutant que les joueurs roumains ne progresseront pas s'ils se bornent à contester. Cristian Balaj a reçu 5000 de l'uefa pour cette rencontre. En Roumanie, il touche pour toute la saison. Un match de ligue I y est rémunéré 1500, les arbitres de touche percevant 1000 chacun. Les tarifs baissent rapidement quand on change de catégorie: 280 pour la ligue 2 et 140 pour la ligue 3. Des sommes loin de l'espagne où les "hommes en noir" de Ligue I encaissent 3200 par match et peuvent arriver à par saison. Boxe : Bute conserve son titre de champion du monde Le boxeur roumain Lucian Bute a conservé son titre de champion du monde dans la catégorie des super moyens en battant par KO l'américain Jesse Brinkley, à Montréal. Lucian Bute a gagné les six dernières rencontres où il a remis en jeu sa ceinture de l'ibf (Fédération internationale de boxe), qu'il détient depuis le 20 octobre La presse canadienne, pays où il vit et s'entraîne depuis plusieurs années, a largement loué la performance du Roumain. Avec cette victoire, Lucian Bute est en train de construire sa légende. Depuis le début de sa carrière professionnelle, en 2003, il n'a perdu aucun des matchs qu'il a disputés. Insolite Quand Vasile Badescu, effectuant une ronde dans les rues de Iasi, a entendu le jeune Stefan Aneculaesei raconter à ses copains une blague sur les agents de la police, son sang n'a fait qu'un tour. "Tu sais comment un flic change une ampoule? Il monte sur les épaules de ses compères et il attend qu'ils tournent!". Le jeune homme en a été quitte pour une amende de 50 Le mal du pays Dorinel, 12 ans, n'avait suivi qu'à contrecœur ses parents partis travailler dans le nord de l'italie. Il a suffi d'une dispute avec sa mère pour que le garçon prenne ses cliques et ses clacs et décide de rejoindre sa gand-mère à Cornu, dans le judet de Prahova, sans en parler autour de lui. Ses parents, affolés en constatant sa disparition, ont alerté les carabinieri qui ont pu le suivre à la trace grâce aux coups de fils qu'il passait avec son portable en Roumanie mais sans réussir toutefois à lui mettre la main dessus. Toutefois, le gamin a pu être localisé plus précisément lors de sa dernière conversation avec sa grand-mère, depuis la piata Victorei, devant le siège du gouvernement, à Bucarest. Interpol a été immédiatement alerté et l'a intercepté à cet endroit, le conduisant jusque chez son aïeule, à une centaine de kilomètres de là. Les autorités ne s'expliquent cependant pas comment il a pu franchir les frontières, échapper aux contrôles et aux recherches, parcourir plus d'un millier de kilomètres, sans avoir un seul papier, ni le moindre argent sur lui. Parfait pour les "idiots"! Dans un article publié en 2009 dans le "Wall Street Journal", la général Pacepa confie qu'au milieu des années 60, Ceausescu, désireux de lancer une production d'automobiles roumaines, lui avait demandé de se procurer une licence de fabrication d'un constructeur occidental, et de voler tout ce qu'il pouvait de technologie. Le choix s'était arrêté sur Renault, firme nationale, car le "conducator" avait horreur des entreprises privées. Quand l'ancien chef du contre-espionnage roumain lui parla de la R12, au confort très limité, qui allait devenir la célèbre Dacia, Ceausescu se serait exclamé "C'est assez bien pour les idiots!" en désignant ses compatriotes. Quand on lui présenta la voiture, il s'emporta "C'est trop luxueux pour les idiots!" et fit retirer le chauffage arrière, le branchement radio et le feu de signalisation droit. A la sortie de la première Dacia, son verdict final fut : "Parfait pour les idiots!". Un détenu de la prison de Rahova a intenté un procès à la chaîne de télévision National TV pour avoir abusé de l'utilisation de pauses publicitaires durant un film. Le prisonnier, condamné à 25 ans de prison, affirme dans sa plainte que "le film s'est mélangé avec les publicités dans son esprit et qu'il n'a plus rien compris", si bien qu'il considère avoir été "trompé" par National TV. Les policiers ne sont pas des imbéciles Les faits se sont passés en septembre 2008, alors que le film historique Stefan Cel Mare (Etienne Le Grand) était programmé sur ce poste de télévision. "S'ils comptaient mettre des publicités pendant le film, il fallait le dire, car moi j'aurais choisi de regarder une autre chaîne" lit-on également dans la plainte du détenu. Le directeur de National TV, Mihai Mos, a été surpris par la convocation du pour atteinte à la dignité d'un représentant de l'ordre public dans ses fonctions et à l'honneur de l'institution qu'il représentait. Interloquée, sa hiérarchie lui a demandé de plus amples explications. "Il m'a aussi traité à voix haute de tous les noms" a-t--il tenté de se justifier, ce qu'il avait omis de rapporter dans son procès-verbal. Passer pour un imbécile était plus grave! Sur les routes de Roumanie... Cinq Logan Dacia de la police entièrement neuves, équipées de nouveaux radars de vitesse indétectables, se sont rentrées dedans sur l'autoroute A1, qui relie Bucarest à Pitesti. Les véhicules se dirigeaient vers le Maramures et devaient renforcer le parc automobile des sections de police du nord du pays pour effectuer des contrôles sur les routes de la région. C'est un panneau de limitation de vitesse, sur l'un des tronçons de l'autoroute, qui a poussé le policier qui conduisait la Logan Dacia en tête de la colonne de neuf voitures à freiner brusquement. Trois des cinq voitures impliquées dans l'accrochage n'ont pas pu continuer leur route, alors que deux policiers ont reçu une amende et un retrait de deux points sur leur permis. Aucune victime n'a été enregistrée, ni dans le rang des policiers, ni dans celui des précieux radars. Détenu mécontent de la télé tribunal, déclarant: "Je n'arrive même pas à croire qu'on ait fait un dossier pour cette blague." Iordache Stroe, le plaignant, a demandé 50 millions d'euros de dommages et intérêts, avant de revoir ses ambitions à la baisse dans une seconde lettre, respectivement de lei, soit un peu plus de 42 millions d'euros. Les deux partis devraient se retrouver au tribunal prochainement. Contrôles de vitesse : la police se piège 41

22 ARAD BAIA GHERLA CLUJ BACAU CHISINAU Peinture Mariana Mihut peintre d une âme roumaine joyeuse et accueillante Connaissance et découverte L univers de Mariana Mihut Connaissance et découverte 42 TIMISOARA Un coin de paradis En regardant les toiles de Mariana Mihut,ceux qui ne connaissent pas les Apuseni éprouvent le désir de découvrir le quotidien et le cadre de vie de leurs habitants. Ceux qui les connaissent revivent avec un immense plaisir des souvenirs de ces contrées bucoliques avec des gens simples et accueillants, des oies et des vaches sur les routes, des cigognes sur les cheminées des mules de foin et des maisons perchées sur les collines. Sa sincérité, ses couleurs chaudes, sa délicatesse et sa féminité réunies aident l'artiste, heureuse de vivre et de peindre dans ses montagnes, à magnifier son hameau dans un coin de Paradis. Il n'est alors pas étonnant que ses expositions connaissent un succès grandissant à travers l'europe. Festival mondial des Naïfs à Verneuil sur Avre (29) et à Katovice en Pologne, invitations trois ans de suite à la "Muestra de Arte Naif Europeo" de Madrid, premier Prix au Festival International de Bucarest, exposition au Grand Palais de Paris, à "L'Art en Capital" à Soisy sous Montmorency-Enghien (Val d'oise) pour rendre hommage au Douanier Rousseau à l'occasion du centenaire de sa mort le talent de Mariana Mihut, invitée d'honneur de multiples salons, admise en 2010 dans le prestigieux "Groupe International des Primitifs Modernes dit "Naïfs", est de plus en plus reconnu. Mais aucune de ces consécrations ne peut remplacer dans son cœur l'immense bonheur éprouvé en décembre 2006, lorsqu'elle a exposé au Musée d'art Naïf du Vieux Château de Laval, la ville natale du Douanier Rousseau aux côtés d'une toile du maître, arrivée des USA, "Le Portrait de Madame M". En mai 2005, les Nantais découvraient avec ébahissement les toiles d'art naïf de Mariana Mihut. Cette jeune femme timide et modeste, née dans une famille de peintres paysans autodidactes de Brusturi, au pays des Motsi, dans les Apuseni, que l'on ne peut toujours rejoindre qu'en tracteur ou charrette, exposait pour la première fois à l'étranger. C'était le jour de ses trente ans. Depuis, l'artiste, qui n'a abandonné ni son village, ni sa simplicité, a présenté ses œuvres à de nombreuses occasions en Europe. Mariana Mihut est née au sein d'une famille de peintres paysans de Brusturi, dans le judet d'arad. Ce village de montagne des Apuseni, blotti dans les Carpates d'ouest se trouve en plein cœur du pays des Motsi, population qui s'adonne à l'élevage, au travail du bois, à la culture des arbres fruitiers et au travail dans les mines d'or. Très tôt, auprès de son grand père Petru Mihut et de sa grande tante Rodica Nicodim, peintres naïfs reconnus en Roumanie et à l'étranger, l'enfant découvre et cultive son don. Adolescente, Mariana devient la troisième héritière de l'ancêtre Ion Nita Nicodim, son arrière grand père, mort en 1972, le plus célèbre peintre naïf du pays. Artiste paysan autodidacte, ce dernier a immortalisé sur des toiles tendues sur des cadres de ses ruches, la vie du village jalonnée par des "temps": "le temps des agneaux", "de la fenaison", "des cerises" ou "du ramassage des pommes", " des veillées hivernales", "des mariages ou des grandes fêtes religieuses", etc. Dans les toiles, on aperçoit souvent, au fond de la vallée, l'église du village, construite avant 1755, entièrement en bois, remplacée en 1831 par l'actuelle, en dur. Le "calendrier illustré" du bonheur simple des habitants des Apuseni La peinture de ce fondateur de "l'école de Brusturi" et de ses disciples est un touchant et magnifique "calendrier illustré" de la vie des habitants, de leurs traditions ancestrales, de leur bonheur simple et sincère d'y vivre. Rodica Nicodim et Petru Mihut, reconnus par leurs pairs, ont été médaillés dans des Salons internationaux de peinture naïve. Le jour, ils travaillaient aux foins ou dans les vergers et le soir, surtout l'hiver, au cours de longues veillées, ils peignaient. Aujourd'hui ils ont du mal à répondre aux sollicitations de participation aux festivals et salons nationaux, aux commandes pour les Etats-Unis. La thématique des quatre peintres se ressemble, mais quelle originalité dans l'interprétation, le regard et les couleurs de chacun! Les toiles de la jeune Mariana, tout aussi riches en personnages et objets réunis dans une atmosphère de fête, laissaient déjà percevoir une âme de poète à travers des harmonies chaudes. Beaucoup de féminité et de grâce dans le blanc et le rose des fleurs de cerisiers et de pêchers, promesse d'espoir et de vie. Quitter son village à 29 ans, son grand père, sa famille, pour vivre à la ville, a été un tournant. Depuis, par une alchimie de la mémoire, de la nostalgie aussi, l'artiste magnifie ce qu'elle a perdu. Ainsi elle leur transmet, à présent, une lumière, une beauté magique: le blanc étincelant et pur de la neige, le bleu souriant du ciel, le rouge intense de l'automne ou le jaune riche de l'été. Mais ce qui brille encore plus, comme l'or des entrailles de ces montagnes, c'est l'âme roumaine joyeuse et accueillante, sublimée dans ce minuscule village des Apuseni. Mariana Mihut est venue vers nous comme une fée, les bras pleins d'objets offerts par une nature nourricière authentique et avec des yeux pleins d'émerveillement, invitant à partager son regard plein de tendresse et le même bonheur que le sien. Doïna Le Noay (voir ci-contre quelques uns des tableaux de Mariana Mihut). 43

23 44 SAPÂNTA BAIA ARAD TIMISOARA TÂRGOVISTE BACAU CHISINAU Grigorescu hors cote "Car cu boi" (La charrette à bœufs), le tableau le plus connu du plus célèbre peintre roumain, Nicolae Grigorescu ( ), a été cédé pour le prix de au cours d'une vente aux enchères d'œuvres d'art à Bucarest, fin septembre, dont le montant total, , a battu tous les records atteints jusqu'ici en Roumanie. Provenant d'une collection privée, l'œuvre se classe au deuxième rang de l'histoire des transactions de la peinture roumaine, juste derrière "Aise" (Ails) de Camil Rusu, vendu en 2009, et devant "Garoafe" (Les œillets) de Stefan Lucian ( ) et "Maci" (Les pavots, ) du même peintre. Goga marié à une espionne d'hilter Dans un livre consacré à Octavian Goga, un de ses descendant révèle que Veturia, sa femme, était un agent d'hitler, recruté par les services allemands dès 1914, lors du festival de Bayreuth. Goga était un important écrivain roumain de l'entre deux Guerres, ministre et Premier ministre fascisant, mort de façon suspecte en 1938, officiellement d'une attaque cérébrale, à l'âge de 58 ans. Le couple s'était connu à la quarantaine, alors que chacun était marié de son côté, le roman d'amour cachant en fait une mission confiée à l'espionne par le IIIème Reich, prête à tout pour réussir, exerçant également son charme sur Carol II et le maréchal Antonescu. Une magnifique exposition sortie de son oubli par Grenoble Isère Roumanie Le cimetière joyeux de Sâpinta prêt à entamer son tour de France! Exposition Connaissance et découverte C'est une belle histoire que l'on doit à Grenoble Isère Roumanie! Ce regroupement d'associations de Savoie œuvrant pour la Roumanie a sorti de l'oubli, voici deux ans, une extraordinaire exposition qui se propose d'amener le cimetière joyeux de Sâpinta jusque dans nos communes françaises, belges ou suisses. Et, où elle passe le succès est garanti. Depuis 2004, le cimetière joyeux de Sapânta dans le Maramures fait partie du patrimoine culturel universel classé par l'unesco. Au colloque des monuments funéraires qui s'est tenu aux USA en 1998, il s'est même classé au premier rang en Europe et au second dans le monde, après la Vallée des Rois en Egypte. Au début des années 90, alors que les portes de la Roumanie s'ouvraient à nouveau aux visiteurs, les autorités françaises avaient décidé de lui consacrer une exposition itinérante destinée à circuler dans le centre-est de la France. Mais à la fin de sa tournée, elle fut entreposée à Annecy et complètement oubliée. C'est là que Grenoble Isère Roumanie (GIR) l'a dénichée, voici deux ans. Eblouie par la qualité de la présentation du principal monument touristique de Roumanie après le palais de Ceausescu et le château de Bran (Dracula), l'association qui en est devenue le dépositaire a décidé de la faire connaître dans sa région. Le succès fut tout de suite au rendez-vous, bien que le circuit d'exposition fut organisé sur un mode plutôt confidentiel. Il n'y avait là rien d'étonnant tant le sujet sortait de l'ordinaire et que les associations ou comités de jumelages la proposant, souvent à la recherche d'un thème pour faire connaître à l'extérieur leurs activités, étaient heureux de présenter une image autre de la Roumanie que celle habituellement malmenée dans la presse. Cette réussite a décidé GIR à la faire circuler en France, Belgique ou Suisse, la proposant à ceux qui en feront la demande pour une dizaine de jours et un coût de 200 (hors assurance et envoi), somme destinée à couvrir les frais de restauration de certaines pièces qu'elle a entreprise. Epitaphes traduites en français L'exposition propose des répliques de sculptures du cimetière joyeux avec leurs épitaphes traduites en français, souvent touchantes comme celle-ci: "Veuillez bien me regarder/ car tant que j'ai vécu/ j'aimais beaucoup m'amuser/ avec mes frères./ Ils chantaient, moi je dansais/ et nous divertissions les gens/ mais quand j'ai voulu me marier/ voilà la mort qui vient me chercher/ et qui m'a pris la vie./ Vous, mes chers parents/ consolez-vous avec mes autres frères./ Je vous dis à tous, Adieu/ et ne m'oubliez pas". Ce sont ainsi 29 panneaux en chêne de 50 cm sur 70, sculptés polychromes, qui sont proposés, une stèle complète d'1,70 m, 5 panneaux de présentation, 11 sous-verres. Et aussi, en parallèle, des poésies roumaines et françaises sur le thème de la mort dédramatisée avec des textes de Mihai Eminescu et Georges Brassens, ainsi qu'une brève visite du cimetière avec un diaporama de 6 minutes sur clé USB. Un magnifique album "Sapinta, le cimetière joyeux", aux éditions Jacques Hess peut être également présenté à la vente. Cette exposition prend place dans le coffre d'une voiture, sièges arrière rabattus, et encore plus facilement dans celui d'un break mais il faut aller la chercher et la ramener à Grenoble. GIR pense donc que le plus judicieux serait de la faire tourner dans une même zone géographique pour limiter les frais. Pour toute information, s'adresser à Grenoble Isère Roumanie, 2 rue du Pont saint Jaime, Grenoble (tel: , seulement lors de la permanence de l'association, le mardi de 16 h à 19 h). courriels: giroumanie@yahoo.fr ou contact@gir.asso.fr, site: gir.asso.fr. CInéma Une semaine passée aux Etats généraux du film documentaire de Lussas à voir des films venus du monde entier, à les commenter sans fin aux terrasses qui bordent la seule rue de ce village ardéchois de habitants, rue que l'on descend, puis remonte sans cesse, offre une plongée saisissante dans toutes les questions qui agitent nos sociétés et dans toutes les problématiques qui sont au cœur des réflexions des historiens. Car le documentaire a à voir avec la trace, le réel, le récit. Il est au cœur de l'ère du témoin et fait entendre la parole d'hommes et de femmes qui sont toujours des survivants. Il offre parfois une nouvelle déclinaison de la constitution d'archives orales. Ainsi, les fragments du projet documentaire de Stefano Savona, L'Orange et l'huile. Cent paysans siciliens, certains presque centenaires, disent la faim, le jour où enfin ils furent rassasiés, et la façon dont la grande histoire - le fascisme pendant lequel ils grandirent, l'arrivée des Américains en 1943, le socialisme et le communisme - joua dans leur vie. C'est encore la bouleversante Fengming, histoire d'une femme chinoise de Wang Bing. La Chine d'aujourd'hui se construit sur l'effacement de l'histoire de sa révolution, de la violence qui fut faite aux hommes et aux femmes qui la servirent, avant même la Révolution culturelle. Car Fengming raconte comment sa vie fut brisée par le "mouvement antidroitier" (1957) qui la conduisit au travail forcé censé la "rééduquer". Des faux airs de Charlie Chaplin C'est probablement le film du Roumain Andrei Ujica au titre provoquant, Autobiographie de Nicolae Ceausescu qui amène à réfléchir avec le plus de nouveauté sur ce qu'a été le communisme, sur le spectacle qu'il s'est donné à lui-même et a donné au monde, et sur les façons de le raconter. Andrei Ujica a choisi de monter seulement les images officielles, un millier d'heures conservées dans les archives dont il tire trois heures destinées à construire le récit de la vie d'un dictateur qui a parfois, de façon troublante, des faux airs de Charlie Chaplin. Le film s'ouvre sur les obsèques grandioses de Gheorghe Gheorghiu-Dej, dans la lignée de celles de Lénine ou Staline, Autobiographie de Nicolae Ceausescu, documentaire fleuve de trois heures, évènement du festival de Lussas Retrouver l'homme caché derrière la saga demeure une gageure Connaissance et découverte Après avoir assisté aux Etats généraux du film documentaire de Lussas, l'historienne Annette Wieviorka nous livre ses réflexions sur Autobiographie de Nicolae Ceausescu, film fleuve d'archives de 3 heures dont nous avions fait état dans le numéro 60 et qui devrait sortir en France dans quelques mois. même si le temps des momies embaumées et des mausolées est révolu depuis le XXe congrès du Parti communiste de l'union soviétique et la dénonciation du culte de la personnalité. Tout un peuple est censé communier dans la disparition du fondateur de la Roumanie communiste. Puis les archives donnent à voir la construction d'un nouveau conducator, célébré par les puissants de ce monde qui viennent le visiter et qu'il visite à l'étranger. De Nixon à De Gaulle en passant par la reine d'angleterre, tous recherchent le lien avec une Roumanie qui semble faire preuve d'indépendance à l'égard du monde communiste. Les archives le rappellent, conservant le discours où Ceausescu condamne avec une grande fermeté patriotique l'intervention du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie. Ceausescu lors de sa visite en Corée du Nord aux côtés de Kim Il-sung ( ) fondateur et premier dirigeant de la Corée du Nord, de 1948 jusqu'à sa mort, père du dirigeant actuel Kim il Jong. Ce voyage devait changer la nature du régime roumain. La joie puérile de Kim Il Sung et du Conducator Les archives montrent l'évolution vers toujours davantage de pouvoir personnel, la fascination du dictateur pour les grandes liturgies communistes, celles organisées en son honneur quand il rend visite à Mao Zedong ; mais surtout la mise en tableaux vivants de l'histoire de la Roumanie par les Nord- Coréens et la joie puérile qui saisit Kim Il-Sung et Ceausescu regardant de conserve ce spectacle. Le corps humain, la masse des corps humains, sont les acteurs même de la propagande. La Corée du Nord désormais inspire un dictateur de plus en plus coupé de la réalité et qui, à l'instar de Maurice Thorez, associe de plus en plus son épouse Elena à l'exercice du pouvoir, comme si le pouvoir absolu nécessitait le resserrement des liens avec la seule personne à laquelle l'unissent confiance et affection. Le film se clôt comme il s'est ouvert, par le procès des époux Ceausescu. Les plus âgés n'ont pas oublié ces images qui ont fait le tour des télévisions du monde entier. Il n'y a plus de mise en scène grandiose, plus de spectacle comme lors des grands procès staliniens. Deux vieillards seuls, dans une pièce sommairement meublée, sommés de reconnaître qu'ils ont commis à Timisoara un génocide et qui s'y refusent. (suite page 46) 45

24 46 ARAD TIMISOARA BAIA BACAU CALUGARENI ROVINE (suite de la page 45) CHISINAU Aujourd'hui la propagande est remplacée par la "com" Ce film saisissant (qui devrait sortir en salle dans quelques mois) pose néanmoins de très nombreux problèmes. Rien, ou presque rien, n'est donné au spectateur pour imaginer le hors-champ de la propagande: la situation économique catastrophique, l'omniprésence de la police politique. Aucune incrustation ne permet de situer les scènes ou les personnages. La culture du spectateur est censée y suppléer. La personnalité de Ceausescu reste largement opaque, même si de rares archives rendent compte de sa vie privée: une partie de volley-ball où son corps est montré dans toute sa gaucherie, la mort, la mise en bière et l'enterrement de sa mère qui atteste la modestie de ses origines. Retrouver l'homme derrière la saga mise en scène par les archives reste une gageure. Mais voir, revoir le spectacle que les régimes communistes ont donné à leur peuple donne beaucoup à réfléchir sur l'époque dans laquelle nous vivons. Le mot propagande est désormais désuet. Il a été remplacé par la "com". Les autorités des Etats démocratiques n'ont plus le monopole des images que tout un chacun peut désormais produire. Et pourtant la politique - cet été nous l'a bien montré - demeure bien une mise en scène du réel et un spectacle offert au monde. Cinéma Petits et grands mensonges des films historiques Connaissance et découverte Tous les Roumains savent que Michel Le Brave a gagné la bataille de Calugareni, tout comme Mircea le Vieux a remporté celle de Rovine ou encore qu'etienne le Grand et Vlad Tepes étaient amis et qu'ils ont opposé leurs poitrines comme boucliers face à l'invasion turque permettant aux Occidentaux de construire tranquillement leurs cathédrales. Voilà ce que racontent les livres d'histoire et les films historiques roumains. Mensonges et bêtises affirme l'historien Marius Diaconescu. Au cours de l'émission, "Qui est la Roumanie?", diffusée sur les ondes de Radio France Internationale, l'historien Marius Diaconescu a mis en miettes les mythes historiques dans lesquels sont enracinés la conscience populaire roumaine. "Vingt ans après la "Révolution", nous somme encore tributaires de l'historiographie communiste nationaliste" s'est-il emporté, déplorant que prédomine toujours dans les livres d'histoire, mais aussi à l'écran, une présentation falsifiée des "héros" de l'histoire du pays qui imprègne la conscience des élèves. Et de rappeler l'accueil hostile des académiciens reçu par le livre du professeur Lucian Boia qui tentait de remettre d'aplomb certaines idées toutes faites. Etienne le Grand et Vlad Tepes n'ont jamais été amis "Pour nous les Roumains, la bataille de Calugareni (1595), dans la vallée de Prahova, est un très grand succès. La vérité est toute autre. Si Michel le Brave a provoqué des pertes importantes dans les rangs de l'armée ottomane, le soir, conscient que ses forces étaient insuffisantes, il s'est replié dans les montagnes, attendant l'aide de Sigismond Bathory, prince de Transylavnie, et les Turcs ont occupé Bucarest et Târgoviste", capitale de la Valachie, soutient l'historien. Même chose pour la bataille de Rovine (1395), en Valachie. Tout le monde a appris que Mircea le Vieux a vaincu le sultan Baiazid. Même Eminescu a fait un poème glorifiant cette victoire. "Rien de cela n'est vrai" assène Marius Diaconescu. "S'il avait gagné, pourquoi se serait-il réfugié deux ans et demi en Transylvanie, s'agenouillant devant le roi de Hongrie, Sigismond de Luxembourg? Pourquoi à quatre reprises, les Hongrois ont tenté de le remettre sur le trône sans réussir, les Turcs le chassant chaque fois?". Et l'historien de s'indigner: "Etre patriote, ne veut pas dire se mentir". "Les Roumains d'aujourd'hui ont appris leur histoire dans les manuels scolaires, mais pour chaque chapitre d'une demie page sur Etienne le Grand ou Iancu de Hunedoara ils ont vu deux ou trois film ou émissions télévisées qui reprennent chaque fois les mêmes contrevérités ou approximations, entretenant les mythes" constate-t-il, enchaînant: "Les metteurs en scène, les acteurs ont ainsi construit des personnages n'ayant rien à voir avec la vérité comme le plus célèbre cinéaste roumain Sergiu Nicolaescu. Mais pas seulement lui. Ainsi dans le film "Pintea le Brave", on montre les Roumains luttant contre l'oppression des Habsbourg Il n'en est rien. Pintea le Brave était en fait un voleur de grand chemin et les Habsbourg nous ont aidés dans notre lutte contre les Hongrois". Autre cliché bien ancré dans la conscience roumaine, la prétendue amitié entre Etienne le Grand et Vlad Tepes, vantée dans les films historiques : "On raconte que le roi moldave a volé au secours de Vlad Tepes pour défendre Cetatea Chilia menacée par les Turcs. En fait, il n en était rien... les Turcs attaquaient la place forte depuis la mer et Etienne le Grand depuis les terres. Les deux armes collaboraient contre Tepes!" soutient l'historien. Michel Le Brave est un des personnages historiques roumains le plus mis en scène. Littérature J'ai espéré comme tout le monde qu'après la chute de la dictature les choses seraient clarifiées et que ceux ayant eu des responsabilités horribles ne jouiraient plus de pouvoir ou d'influence", a déclaré Herta Muller lors d'une conférence de presse. Selon elle, les membres de la Securitate "sont partout, ils ne se sont pas évaporés". "Ce n'est pas normal qu'ils détiennent toujours des fonctions importantes, qu'ils en profitent pour s'assurer une deuxième vie après la dictature", a-t-elle regretté, ajoutant: "C'est ce qui a déçu tout le monde, pas seulement moi". Issue de la minorité germanophone de Roumanie, Herta Müller, 57 ans, avait été persécutée par la Securitate pour avoir refusé de collaborer, avant de s'exiler en Allemagne en Ses romans, dont La convocation et Le renard était déjà le chasseur, décrivent la terreur et les humiliations subies sous le régime totalitaire de Ceausescu. Evoquant le cas du poète Oskar Pastior, son ami mort en 2006 dont elle a récemment appris la collaboration avec la Securitate, elle a appelé à juger les informateurs "au cas par cas, en analysant les circonstances" de leur collaboration. Alors que nombre d'informateurs l'ont été "pour avancer Interrogée sur la résistance des intellectuels via la culture à la dictature communiste, Herta Müller a répondu: "ce n'est que du vent. Lorsque j'ai eu des problèmes avec le régime, la plupart se sont tus et la dureté de la dictature roumaine est également due à l'élite intellectuelle qui a trouvé refuge dans la culture lui permettant de Herta Müller toujours hantée par le passé communiste de la Roumanie Connaissance et découverte La romancière de langue allemande et d'origine roumaine Herta Müller a évoqué les fantômes du communisme, regrettant que la Roumanie n'ait pas réglé ses comptes avec le passé, lors de son premier garder une neutralité politique très confortable. C'était une façon de garder son honnêteté personnelle, de ne pas se salir, mais ce n'était pas une insurrection, quelque chose qui dérange le clan des Ceausescu et les sécuristes. Si les intellectuels avaient été plus nombreux à déranger cette dictature, elle ne se serait pas tant durci. En fin de dans leur carrière ou gagner de l'argent (...), Oskar Pastior n'a pas eu de choix", après être rentré d'un camp d'union soviétique où il avait été enfermé pendant cinq ans, à l'instar de nombreux autres membres de la minorité allemande de Roumanie. "Il était un homme brisé, s'il n'avait pas accepté de collaborer il aurait été emprisonné", a-t-elle dit à propos de l'écrivain dont la détention a inspiré son roman Atemschaukel (la Balançoire du souffle). Peu connue en Roumanie avant le prix Nobel, Herta Müller y est aujourd'hui l'un des écrivains les mieux vendus, sept de ses œuvres ayant jusqu'ici été traduites en roumain. L'annonce de sa visite de deux jours à Bucarest a d'ailleurs suscité un énorme intérêt, les billets pour un débat en compagnie de l'écrivain et éditeur roumain Gabriel Liiceanu s'étant vendus comme des petits pains. Habillée de noir et légèrement mal à l'aise en raison de la curiosité des journalistes, elle a assuré n'avoir "changé qu'à l'extérieur" depuis la récompense octroyée par l'académie suédoise, en plaisantant sur les contraintes découlant de cette nouvelle célébrité: "Je n'arrive plus à me soustraire aux conférences de presse". Parlant en roumain, tout en s'excusant de ne plus très bien maîtriser cette langue, elle a évoqué les difficultés à "transposer une réalité, même inventée, fictionnelle, sur le papier. C'est ce à quoi je travaille". Et d'assurer que ses "livres semblent mieux écrits dans leur version roumaine". Règlement de comptes avec les intellectuels roumains comptes, personne à l'est n'a emmené sa machine à écrire à la police, comme nous l'avons fait pour avoir l'autorisation de nous en servir". Herta Müller fait référence à l'obligation pour les écrivains d'enregistrer leur machine à écrire pour pouvoir être identifiés au cas où il y aurait eu des manifestes ou des écrits subversifs. Liliana Lazar Prix de la Francophonie La jeune écrivaine roumaine Liliana Lazar, qui vit à Gap, dans le sud de la France, a été couronnée du Prix des cinq continents de la Francophonie, par le jury réuni le 27 septembre au siège de l'organisation internationale de la Francophonie à Paris. Pour son premier roman Terre des affranchis, la jeune femme de 38 ans fait une entrée réussie sur la scène littéraire. Le jury, composé d'écrivains francophones (dont le Prix Nobel Jean-M. Le Clézio), a choisi de récompenser son texte, considéré comme "un conte cruel, politique et métaphysique où, dans la lutte entre le bien et le mal, devant la brutalité des faits, il n'y a pas de rédemption". L'action de ce roman se déroule dans la Roumanie d'avant et après Ceausescu où une famille Luca vit recluse à la lisière du village de Slobozia. Le fils Victor commet un crime et va devoir vivre caché de longues années. Son besoin de rédemption l'amènera à accepter une mission secrète: être copiste afin de sauver les écrits des saints, interdits sous le régime communiste. 47

25 48 ARAD TIMISOARA BAIA BACAU CHISINAU Florica Sas première des explorateurs roumains Le premier des explorateurs roumains est une exploratrice. Son cas est exemplaire: Florica Sas ( ) est quasi-inconnue aussi bien en Roumanie qu'à l'étranger, elle passe le plus souvent pour hongroise parce que née en Transylvanie, on sait très peu de choses de sa vie, on a très peu de portraits d'elle, et seul le fait qu'elle parlait aussi le valaque, sa langue maternelle témoigne de ses origines. On sait seulment qu'elle était déjà orpheline à 12 ans. En 1848, les Roumains de Transylvanie se soulèvent contre la domination austro-hongroise sous la conduite du révolutionnaire Avram Iancu. La répression qui s'ensuit signifie pour elle exil, esclavage et probablement prostitution dans une auberge de luxe d'istanbul. Un destin à la Kyra Kyralina de Panaït Istrati. En tout cas c'est là que l'explorateur britannique Samuel White-Baker la remarque, en tombe amoureux et la rachète en Elle a 31 ans. Florica l'accompagne dans l'expédition de à la recherche des sources du Nil, et découvre avec lui le lac Albert. Ce furent cinq années d'efforts dans un pays totalement inconnu, avec des problèmes de logistique, d'hygiène et de diplomatie inédits pour un Européen. (suite page 50) Mémoire Connaissance et découverte Jack l'éventreur aurait-il trouvé son maître en Roumanie? C'est ce qu'on peut penser en lisant l'ouvrage de Traian Tandin "Cei mai odiosi 100 criminali romani" qui conte l'histoire effroyable de la plus grande criminelle roumaine de tous les temps. Une perversité à faire frémir, que d'aucuns qualifieront de féminine, mais loin cependant de la bestialité du tueur des faubourgs de Londres Vera Renczi, le nom de famille que lui a légué son second mari, est née dans les dernières années du XIXème siècle, à Bucarest où elle passera les treize premières années de sa vie. Issue de la petite noblesse roumaine, elle était la fille d'un homme d'affaires hongrois et d'une très jolie magyare. A la mort de sa mère, l'adolescente rejoindra son père dans sa propriété de Berkerekul Mare, une ville serbe de l'empire austro-hongrois. Livrée à elle-même, Vera accumulera les aventures amoureuses, ce qui lui vaudra les honneurs de la Une d'un journal local, étant impliquée dans un scandale mêlant des lycéennes, des banquiers et hommes d'affaires. Déconsidérée, ce fut un véritable miracle de la voir demandée en mariage par un riche banquier autrichien, Karl Schick, à l'âge de 18 ans. La jeune épouse va prendre au sérieux son rôle. Dévouée, attentive, elle s'occupe bien de son fils, Lazlo. Mais au bout d'un an, son mari disparaîtra pour ne jamais revenir. Vera expliquera qu'il l'avait quittée et qu'il s'était tué dans un accident de la route en Roumanie. Future veuve dévouée et déjà éplorée Vera Renczy a empoisonné La veuve noire La beauté stupéfiante d'une mante religieuse. La jeune "veuve" porta quelques temps le deuil puis se remaria avec un notable également très riche, Joseph Renczi, sa très grande beauté faisant oublier sa réputation de femme à hommes. Il y eut très vite de l'eau dans le gaz du couple. Joseph renoua avec ses vieilles habitudes de prendre des maîtresses et trompa abondamment sa femme, laquelle entra en fureur en apprenant les rumeurs qui courraient sur lui, le menaça violemment, les disputes devenant quotidiennes. Le mari ne voulut rien entendre et continua ses escapades amoureuses. Quelques temps plus tard, il tomba mystérieusement malade, alors qu'il était de constitution solide, et ne put quitter le lit, veillée pendant des mois, avec un dévouement exemplaire, par son épouse, jusqu'à ce qu'il rende l'âme. Sa disparition n'entraîna aucune question de la part des autorités locales. Vera porta à nouveau le deuil, puis son naturel reprit vite le dessus et elle recommença à collectionner les amants. La châtelaine de Berkerek partit mener une vie de patachon à Vienne, accumulant les orgies nocturnes, entourée d'une cour de soupirants et admirateurs. La jolie blonde prenait cependant le temps d'aller souffler dans sa propriété de Serbie. En moins de dix ans, plus de trente amants la rejoignirent sans qu'aucun ne réapparaisse. La Roumaine prenait bien soin de n'y inviter que des étrangers de passage à Vienne, sur lesquels les autorités locales n'avaient pas d'informations ou de signalements. Imprudence fatale et aplomb qui sidère les enquêteurs Toutefois, la jeune femme commit une imprudence en se liant avec un banquier serbe de vingt ans son aîné, répondant au nom de Milorad. Marié, il prétextait ses affaires pour aller retrouver quelques jours Vera. Sa femme s'étonna cependant d'une absence trop prolongée sans qu'il ne donne de nouvelles. Elle ne fut pas longue à découvrir sa liaison et alerta la gendarmerie, demandant l'ouverture d'une enquête. ses maris et une trentaine d'amants avant d'être confondue pendant roumain de Jack l'éventreur Vera reçut ainsi la visite des représentants de la maréchaussée, s'exclamant avant qu'ils n'ouvrent la bouche: "Je sais pourquoi vous venez!". Elle ne nia pas sa relation avec le banquier, reconnaissant par écrit qu'ils étaient amants depuis plusieurs mois, avant de leur confier, indignée, qu'elle avait rompu en apprenant que Milorad était marié, ajoutant "Je crains qu'il n'ait mis fin à ses jours". Suffoqués, les gendarmes ne trouvèrent rien à redire et s'en retournèrent gros Jean comme devant. C'était sans compter avec la ténacité de la femme du disparu qui entreprit une enquête parallèle, découvrant que de nombreux hommes croisés par Vera n'avaient jamais ensuite donné signe de vie. C'était le cas de ses deux premiers maris, mais aussi de son fils Lorenzo. En outre, elle avait mis la main sur un billet amoureux que Milorad avait laissé traîné dans sa poche, montrant qu'il était loin d'avoir en tête l'idée d'un suicide et pensait surtout aux gaudrioles à venir. Les gendarmes furent donc contraints de faire une deuxième visite à la châtelaine de Berkerek qui, cette fois-ci, à leur stupéfaction, nia violemment avoir connu Milorad, malgré ses déclarations écrites précédentes. Puis, devenant hystérique, Vera se mit à hurler "Je ne suis pas une criminelle!" devant des pandores pantois qui ne l'accusaient de rien. Une perquisition fut ordonnée qui ne donna rien. Une crypte digne d'un film de Dracula Restait cependant à visiter la crypte du château. La Roumaine ne fit aucune difficulté pour y conduire les gendarmes. Elle leur paraissait absente en les précédant dans les escaliers en spirale. Une vision digne d'un film de Dracula les attendait. Trente cinq cercueils en zinc étaient disposés en cercle. Sur chacun d'entre eux figurait un nom en lettres gothiques. La crypte n'était éclairée que par des candélabres. Au milieu se trouvaient un fauteuil, avec à proximité un chandelier dont le cierge était à moitié consumé, une table sur laquelle étaient disposés un seau à glace contenant une bouteille de champagne vide et une coupe. Dans un monologue sinistre, sans l'apparence d'une moindre émotion, Vera Renczi commença la confession de ses 35 Révolution an XX Six mois après la chute du régime, la plupart des questions restaient sans réponse: en particulier, quel a été le jeu exact de l'armée dans la "révolution"? Et que sont devenues les troupes de la Securitate, officiellement dissoute? Une chose en revanche semblait sûre: le rôle démesuré et déformant joué par la télévision a mystifié la presse internationale et l'opinion mondiale, fascinées par un scénario sur mesure, mettant aux prises les "méchants" sbires de la Securitate et le "bon" peuple insurgé. La vérité se situe probablement entre les deux hypothèses extrêmes, celle d'une mise en scène dont certains fils remonteraient jusqu'à Moscou et celle d'un héroïque soulèvement populaire. L'apparition sur le devant de la scène d'hommes de l'ancien régime a renforcé les soupçons pesant sur la spontanéité de Connaissance et découverte crimes. Elle ne s'effondra que lorsqu'elle évoqua le meurtre de son fils qu'elle avait décidé de supprimer parce qu'il avait découvert son secret macabre. Elle raconta son premier assassinat, celui de son mari Karl Schick, lui versant chaque soir une dose d'arsenic dans le verre de vin qu'il avait l'habitude de déguster, pour le punir des infidélités qu'elle suspectait. Elle avoua ne pas supporter l'idée d'une rivale alors, de nombreuses, comme c'était le cas de son second mari, Joseph Renczi, lui paraissait intolérable! Elle lui avait donc réserver un traitement particulier, le veillant pendant des mois sur son lit de souffrances, lui servant des verres de vin empoisonnés pour l'enfermer finalement dans le cercueil qui lui était destiné avant qu'il n'ait rendu son dernier souffle. Et ainsi de suite. Milorad, la dernière victime de sa liste, avait eu finalement de la chance. La strychnine avait remplacé l'arsenic pour que l'effet soit immédiat. Vociférant dans sa cellule contre ses fantômes Vera Renczi se délectait à l'idée qu'elle avait été la dernière femme de la vie de ses amants. Pendant quinze ans, elle est retournée les veiller dans la crypte, s'entretenant avec leurs fantômes. Lors de son procès, seul le côté judiciaire fut évoqué alors qu'elle constituait un fabuleux champ d'investigation pour les psychanalystes ou psychiatres. Sans surprise, elle fut condamnée à mort. Mais à cette époque, la Yougoslavie où elle fut jugée n'appliquait pas cette sentence aux femmes et sa peine fut commuée en prison à vie. Schizophrène, la plus grande criminelle roumaine de tous les temps sombra dans la folie, vociférant dans sa cellule à longueur de journée contre ses fantômes. Internée dans un asile, elle mourut peu avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Vera Renczi est connue dans l'histoire sous le nom de "La veuve noire". Sa biographie et son parcours criminel auraient été la source d'inspiration de la pièce de théâtre de Joseph Kesselring Bodies in our Cellar, devenue Arsenic et vieilles dentelles. Extrait de Cei mai odiosi 100 criminali romani de Traian Tandin, Editions Tritonic. Un scénario sur mesure pour une transition chaotique la "révolution" roumaine. Deux hommes notamment ont joué un rôle clé dès les premiers instants du soulèvement: Ion Iliescu, ancien secrétaire du comité central tombé en disgrâce, et Petre Roman, directeur de l'institut polytechnique de Bucarest et membre du PCR, qui furent parmi les premiers à se présenter devant les caméras de la télévision roumaine "libérée". (suite page 50) 49

26 50 ARAD TIMISOARA BAIA TÂRGOVISTE M. CIUC SIGHISOARA L'ancienne esclave devient "lady" anglaise Là, le don de Florica Sas pour les langues, ses capacités d'adaptation, sa connaissance des sociétés et des cultures non-européennes (acquise en milieu ottoman), son réalisme, sa résistance physique et son courage, font dire à Baker que sans elle, il serait certainement mort sur place. Le roi d'ounyoro, royaume riverain du lac, avait offert à Baker de lui racheter Florica pour en faire sa reine. Il l'épouse au retour à Londres, et comme il est sir, elle devient une lady anglaise sous le nom de Florence White-Baker. Il est membre de la Royal Geographic Society et c'est elle qui, carnets de notes à la main, l'aide à rédiger et relit les textes de ses conférences. Très discrète sur son passé (qui suscitait des curiosités pas toujours bienveillantes dans le milieu huppé londonien), elle s'attacha à être une parfaite épouse, n'écrivit jamais de mémoires et ne se mit jamais en avant. Par ailleurs, c'est autour du lac Albert, découvert par Florica Sas et Samuel White-Baker, que se situe, vingt ans après leur découverte, l'épopée d'edouard Schnitzler. Cet aventurier alsacien s'y fit nommer gouverneur du Haut-Nil sous le nom d'"emin-pacha" par le Khédive d'egypte. Destitué en 1889 par Stanley, il s'installa sur le Haut-Congo où il régna en tyran absolu, mais adulé par sa féroce garde d'amazones locales. C'est de cette histoire réelle que Joseph Conrad s'est inspiré pour écrire Au cœur des ténèbres. Ion Cepleanu Connaissance et découverte (suite de la page 49) A leur côté, un troisième homme, Silviu Brucan, ancien théoricien du PC passé à l'opposition à Ceausescu, est vite apparu comme l'éminence grise du nouveau pouvoir. Au lendemain de la chute du régime, le CFSN, réunissant d'anciens membres du PC, des militaires, des intellectuels et les rares dissidents connus, comme Mircea Dinescu ou Doïna Cornea, prenait la direction du pays et lançait un processus de démocratisation. Le 28 décembre 1989, le rôle dirigeant du Parti était aboli. Puis l'avortement était à nouveau autorisé; la peine de mort et la censure étaient abolies; les restrictions de chauffage et d'électricité supprimées, comme le programme de "systématisation rurale" qui prévoyait la disparition de la moitié des villages. Mais le fragile consensus s'est très vite effrité. Face à la contestation de la rue, le nouvel homme fort - Ion Iliescu - et son équipe, adoptant une position défensive, ont multiplié les volte-face. Le 12 janvier 1990, face à quelques milliers de manifestants anticommunistes, ils ont ainsi annoncé l'interdiction du PC et un référendum sur la réintroduction de la peine de mort, deux mesures sur lesquelles ils devaient revenir huit jours plus tard. Iliescu légitimé par les urnes, mais... Le 1er février 1990, le CSFN, accusé par les partis nouvellement créés (ou recréés) de vouloir monopoliser la "révolution", acceptait de partager le pouvoir au sein d'un Comité provisoire d'union nationale (CPUN), sorte de Parlement transitoire réunissant 54 organisations politiques et chargé de mener le pays jusqu'aux élections. Le 20 mai 1990, les Roumains plébiscitaient le président du Front de Place de l Université à Bucarest, en mai salut national (FSN) Ion Iliescu, élu président de la République avec 85% des voix, et donnaient la majorité absolue au FSN dans les deux chambres (66,3% des voix à l'assemblée des députés, 67% au Sénat). Les deux partis historiques - le Parti national libéral et le Parti national paysan - étaient devancés par l'union démocratique hongroise de Roumanie (émanation de la minorité magyare), devenue la première force d'opposition au Parlement. Formellement légitimé par les urnes, le président Iliescu n'a pas réussi à stabiliser la situation et a même opéré un brusque virage, lourd de menaces. Le 13 juin 1990, il envoyait les forces de l'ordre disperser les derniers "golans" (voyous, le terme employé par Iliescu à leur encontre) qui occupaient depuis le 22 avril la place de l'université, au centre de Bucarest, baptisée "zone libérée du communisme". Puis, le 14 juin, plus de mineurs, répondant à l'appel du président Iliescu, venaient faire de l'ordre à Bucarest où ils semèrent la terreur durant deux jours. Les sièges des deux partis "historiques" ont été saccagés, comme les locaux du journal d'opposition Romania Libera. Les affrontements ont fait officiellement six morts et 502 blessés et plus de personnes ont été arrêtées. La Roumanie semblait au milieu de l'année 1990 cumuler tous les handicaps que l'on retrouvait ici et là dans les autres anciens pays satellites de l'urss: un vide politique qui sera long à combler, une grave crise économique et des risques d'explosion nationaliste visant essentiellement les Tsiganes et les Magyars. Le 20 mars 1990, des affrontements à Târgu Mures opposant des nationalistes roumains à des membres de la minorité magyare ont fait officiellement cinq morts et plus de deux cents blessés. Enfin, six mois après le renversement du régime, le pouvoir ne semblait toujours pas avoir une idée claire de la politique économique qu'il allait suivre pour redresser le pays. Les Occidentaux, appelés à la rescousse, ne cachaient pas leur réserve, voire leur méfiance, à l'égard d'une transition lourde d'incertitudes. Véronique Soulé (L'état du monde 1991, La Découverte, Paris, 1990) Tourisme Si l'italie et la France sont les principaux pays dans le monde où la truffe est considérée comme un diamant noir, aux vertus gustatives incomparables, la Roumanie pourrait bientôt les rejoindre. Deux amateurs de ce champignon ascomycète ectomycorhizien (!), de la région d'oradea, un Hongrois et un Roumain, ont décidé d'en faire un produit touristique, créant une société et lançant un site internet www. Truffoir.ro non sans s'être assuré au préalable le concours d'un chef cuisinier français d'un grand hôtel de Bucarest sachant accommoder ce précieux mets. Leur ambition est double: attirer des touristes en mal de circuits sortant des sentiers battus en guidant leurs pas dans les forêts de Transylvanie à la recherche de ce prestigieux champignon, qui y est déjà présent sous plusieurs formes, y compris la fameuse truffe blanche, la plus recherchée, dont la qualité serait équivalente à la réputée truffe de Bourgogne. Mais aussi développer la capacité de production, et ultérieurement d'exportation, de la Roumanie dans ce domaine, le terrain s'y prêtant. Le marché français serait déficitaire, malgré l'existence de trufficulteurs dans l'hexagone, important des truffes de Nouvelle Zélande tout comme on importe des noix et escargots de Roumanie ou du foie gras de Hongrie. Plants de chênes de France Afin d'aider l'expérimentation, des pépiniéristes français ont envoyé en Roumanie des plants de chênes adaptés pour voir s'ils y prenaient racine. Dans le même temps, les deux promoteurs du projet ont fait dresser des chiens "romana-bascolo", spécialistes dans la recherche des truffes avec l'avantage sur les cochons de simplement les humer sans commencer à les croquer. Ils ont ensuite envoyé un présentant leur A la poursuite du diamant noir dans les forêts de Transylvanie Connaissance et découverte Et si la Roumanie ramenait sa truffe? La Roumanie est souvent invitée à développer une vocation de tourisme rural, proche de la nature. Va-t-elle devenir aussi une destination recherchée par les amateurs de truffes? Deux passionnés, un Hongrois et un Roumain, aidés par un voyagiste français, l'espèrent. Mis sur le grill par la ministre du tourisme, Elena Udrea, qui reprochait à l'agrotourisme d'être à la base de la principale évasion fiscale du secteur du tourisme, soit 40 %, les représentants de l'antrec (Association Nationale de Tourisme Rural, Ecologique et Culturel) ont réagi en pointant du doigt les projet aux 850 agences de voyages roumaines, leur proposant de s'y associer et les conviant à une démonstration dans une forêt des Carpates orientales, près de Miercurea Ciuc. Las! Une seule a répondu française par-dessus le marché: MCTransylvania, établie à Târgu Mures. Son directeur, Jean-Michel Corbet s'est donc rendu sur place et, flanqué de son "romanabascolo", a commencé ses fouilles. Dix minutes plus tard, il avait déjà trouvé plusieurs truffes. Pourtant l'affaire n'était pas simple : la neige formait un tapis de 20 centimètres et le chien devait encore creuser la même profondeur pour les dénicher. Cette froide matinée s'est terminée à Miercurea Ciuc, dans l'unique restaurant de truffes de Roumanie, le San Gennaro (St/u Petofi Sandor 15, tel: ), tenu par un Italien de San Remo répondant au patronyme d'italo. Au menu et au choix: brouillade, tagliatelles, petite salade, coquille Saint Jacques, tournedos Rossini aux truffes bien sûr! Week-ends truffes Déjà les idées germent à MCTransylvania pour lancer le "truffitourisme", tout en l'alliant à des visites touristiques plus classiques: week-end truffes en Transylvanie, dans les forêts proches de Sighisoara. A la poursuite du diamant noir, les participants râperaient ensuite leurs truffes dans la cuisine de leur pension, en accomoderaient les plats et pourraient aussi les emporter chez eux. Mais attention si la valeur des truffes n'attend pas le nombre des années - elles mettent environ trois mois à pousser - leur odeur ne souffre aucun délai et il est prudent de les conserver à l'écart, au frigo. Pour l'instant, aucun tour-opérator français ne s est manifesté. Mais Jean-Michel Corbet est patient. D'expérience, il sait qu'il faut un à deux ans pour qu'un produit démarre. Pèlerinages et tourisme au noir monastères qui feraient bien pire en hébergeant des touristes au noir ou en minorant les déclarations au fisc, notamment en Moldavie, Bucovine et Bihor. Cela n'a pas été du goût de la Patriarchie qui a répliqué en indiquant qu'il ne s'agissait pas de touristes mais de pèlerins et que les monastères en cause pratiquaient des prix de pension volontairement bas (10 lei par jour et par personne, soit un peu plus de 2, pour le gîte et un couvert de 2 repas), délivrant toujours des quittances. A la mi-août, l'archevêché d'arges et Muscel (Pitesti) avait été condamné à près de 2500 d'amende par la Garde Financière pour défaut de déclaration des personnes hébergées. 51

27 Libres propos La Roumanie Connaissance et découverte ou "le génie de l'échec" 52 ARAD TIMISOARA BAIA TÂRGOVISTE BACAU Les Hongrois premiers visiteurs de la Roumanie Au cours des huit premiers mois de l'année, le nombre de nuitées de touristes en Roumanie a diminué de 10,8 %, cette baisse se limitant à 0,1 % pour les étrangers (5,19 millions). Les Européens fournissent de très loin le plus gros contingent de visiteurs (94,8 %), 60,3 % venant de l'union Européenne. Parmi ces derniers, 39 % viennent de Hongrie, 16,8 % de Bulgarie, 8,8 % d'allemagne, 7 % d'italie, 6 % d Autriche. Français, Belges et Suisses se situent en retrait, devançant toutefois les Britanniques et les Espagnols. Sur la même période, le nombre de Roumains se rendant à l'étranger (7,5 millions de sorties du territoire) a chuté de 7,5 %, les trois quarts utilisant un moyen de transport routier. Au plan du tourisme domestique, il faut noter que le nombre des Roumains prenant des vacances chez eux a baissé de 15,2 % en août, avec 2,52 millions de nuitées enregistrées. Impatience Humour Un fidèle scrute avec attention l'assistance pendant la messe et se penche vers le pope, lui chuchotant à l'oreille: -Mon père, regardez derrière vous... les choristes sont en train de jouer au poker. -Je sais mon fils, mais je dois terminer, avant, mon prêche. C'est une parole de Cioran qui, en 1991, évoque la situation de la Roumanie, après la chute de Ceausescu. La Roumanie ou le génie de l échec... Cette phrase m'a poursuivi dans chacune de mes visites des campagnes de Transylvanie. Rares furent nos hôtes à ne pas la suggérer explicitement. Et pourtant! Quand il s'est agi d'aller à la rencontre des locaux, c'est à bras ouverts que nous fûmes accueillis: des grands-mères alertes, malgré leur grand âge, nous proposant de visiter leur intérieur traditionnel, décoré d'assiettes, d'icones et de foulards qu'elles ont-elles-mêmes tissés; l'autre, la fabrication de fromage de buffle; l'autre, la dégustation de salaison maison ou de tsuica, eau de vie de prunes qui, de 50 à 70, se sert en apéritif de 10h du matin à 20h le soir même; l'autre, enfin, nous invitant à manger à sa table, notre arrivée annoncée, le repas avait été préparé tout spécialement pour nous. Des braves gens, tant leur simplicité émerveille et vaut bien des philosophies de vie. "Comment ne pas penser à la grandeur de ce pays!" Quand il s'est agi d'échanger sur les pratiques, les moyens de subsistance de cette agriculture pas encore de montagne mais de terres reculées, souvent en friche, familiales et parfois travaillées par de vieux paysans (les jeunes ont tous quitté ces contrées perdues, traversées de chemins chaotiques, pour la ville ou le reste de l'europe), au sens vrai et terrien du terme, et malgré la barrière linguistique, les gestes furent loquaces et les conversations, soutenues sur leur vie à eux, comme sur la nôtre. Quand, enfin, dans nos virées en ville, les fastes architecturaux du XIXe contrastent avec les prétentions, déglinguées ou de guingois, des bâtiments grisonnants de style communiste (ces grands ensembles urbains de l'ère communiste, comme signe de la réussite sociale et d'un prétendu modernisme); quand dans ces vallées, sur ces plateaux verdoyants sous le soleil chaud de septembre, à chaque pause que nous prenions, l'immensité des paysages, leur diversité, tout autant que le charme de ces bourgs qui s'étendent sur plusieurs kilomètres, plantés de petites maisons carrées, en bois ou en pierre, se découvraient à nos yeux apaisés, comment alors ne pas penser à la grandeur du pays. Pays de contrastes, la Roumanie semble s'être arrêtée à ce XIXe siècle européen avide de justice, de progrès et de liberté éclairée. Cluj offre, dans ses vieux quartiers et sur les murs de ses vieilles bâtisses, l'impression surannée d'une ambition démesurée et dépassée. Signe d'autres temps, pourtant plus récents: cet enchevêtrement anarchique de fils et autres câbles électriques qui barrent le ciel. "C'est un pays malade" Et pourtant! Rien d'oppressant. Juste le sentiment de et autres câbles électriques qui barrent le ciel. Cluj et son enchevêtrement anarchique de fils quelque chose d'inachevé, comme le fut aussi cette malheureuse aventure révolutionnaire du communisme. Et pourtant! "C'est un pays malade!" J'avais cru entendre: "un pays de malades". Terrible mais tenace impression du désespoir, non pas d'une ou de deux personnes, mais de la société dans son ensemble. D'abord, au sujet d'une Europe qui ouvre ses portes, mais qui édifie, à l'intérieur même du territoire de son extension, des frontières et des murs. A discuter de cette ouverture, on sent bien que le miracle européen est un mirage qui, très facilement, abandonne sur le côté celles et ceux qui se sont raccrochés tardivement. Le développement de l'espagne, du Portugal ou de la Grèce, au moment de leur adhésion et pendant quelques décennies, est, la crise en atteste, une illusion. La lucidité roumaine en prend, désespérément, acte. Cette ouverture n'est pas nouvelle, et très tôt, dans le siècle, nombreux furent celles et ceux qui, œuvrant à la libre circulation, prirent leur envol pour la partie occidentale du continent. Ils le font toujours. Et la Roumanie institue le nomadisme de ses bras comme de ses cerveaux. "La Roumanie n'est plus une terre promise, mais une terre de transit" Six mois, loin de leur maison, toujours en chantier, pour des travaux saisonniers, un salaire de misère que nous dénoncerions, nous autres, de ce côté-ci de l'europe, mais que tous considèrent comme une aubaine (le chantier repartira à leur retour). Le pays n'est pas, n'est plus la terre promise, mais une terre de transit. "J'ai fui notre splendeur de patrie parce qu'elle avait sur moi un effet dissolvant. Mais pour être juste, l'occident ne m'a guère mieux réussi. Je le déteste pour ce qu'il est, et surtout pour ce qu'il espère Le bilan de mon séjour ici (35 ans!) est, comme tu vois, plutôt négatif ". (Lettre de Cioran à Constantin Noïca, 02/01/1973). "Sur notre peuple, plus que jamais je pense qu'aucune illusion n'est permise. J'éprouve à son égard une sorte de mépris désespéré. Je dois reconnaître néanmoins que le fatalisme valaque m'a marqué comme vous marque une maladie ou une illumination. On n'échappe pas à ses origines, aux nôtres tout spécialement". (Lettre de Cioran à son frère, Aurel Cioran, 30/08/1979). Une jeunesse en transit, qui vise et lorgne sur un Eldorado et laisse, celles et ceux que le communisme avait occupé (tous ont pu nous dire, avec quelque nostalgie, en dissociant la Humour Salaires roumains Salaire oignons : quand tu le reçois, il te fait pleurer Salaire accro: il ne te sert à rien, te fait souffrir, mais tu ne peux pas t'en passer Salaire diététique : il te fait manger de moins en moins Salaire athée : tu doutes de son existence Salaire magique : tu te demandes par quel mystère il disparaît si vite Salaire tempête : tu ne sais pas quand il va arriver et combien de temps çà dure Salaire humour noir : tu devrais en pleurer et çà te fait rire Salaire préservatif : çà te coupe l'envie Salaire frustré : c'est quand tu en a envie qu'il te dit non Salaire menstruel : il vient une fois par mois et dure quatre jours. Pas bêtes En pleine crise, deux patrons bavardent : -Tu payes toujours tes gars? -Non et toi? -Non plus, mais ils viennent quand même bosser -Chez moi aussi! -Tu sais quoi? Je leur demande même une taxe d'entrée sur le chantier. répression politique de toute l'activité sociale, combien l'ère Ceausescu leur garantissait, à défaut d'une réussite, un statut et une position sociale qu'ils ne retrouvent plus aujourd'hui). "Rompre avec une identité, mais sans pouvoir y échapper" L'ouverture et l'intégration européenne est une promesse d'installation ailleurs, mais pas de retour au pays. Un nomadisme comme une nécessité, un devoir être. Je peux alors saisir ce qui, dans le parcours de Cioran, lui fait renoncer à Sibiu et à la Transylvanie de son enfance. Il n'y retournera pas et fera de l'exil le moteur de sa pensée. Rompre avec une identité, mais sans pouvoir échapper à ce terreau. Ce chef d'entreprise dont tout le discours disqualifie la main d'œuvre roumaine, sans préciser que les conditions de rétribution sont telles qu'il serait bien ridicule d'en faire plus pour si peu (350 /mois de revenu moyen). Ce patron, en entrepreneur libre, à la mode libérale qui conçoit ses hôtes comme autant de futurs, potentiels investisseurs! Et les Rroms qui n'inspirent aucune confiance, alimentent une répulsion physique, une haine virulente (j'ai cru entendre un de mes interlocuteurs parler, à leur sujet, de "déportation dans des camps"). Et la révolution de décembre Un coup d'etat! Que nenni! La vieille recette de la Roumanie: Pleacà ai nostri, vin ai nostri - "Ce sont les nôtres qui s'en vont, ce sont les nôtres qui viennent". Les arcanes de l'ancien régime, les us et coutumes publiques: tout indique, malgré le vernis de démocratisation, que rien n'a été démantelé, que tout demeure, dans l'inachevé autant que dans la corruption de ses édiles. Une révolution sans le peuple! Et malgré l'échec, reste le génie, cette vitalité à l'œuvre. Le soleil de Septembre évoquait toutes ces possibilités à venir. Pigiconi (Blogger, 3 octobre 2010) Problème Le ministre de l'economie et celui des Finances discutent autour d'un buffet, lors d'une réception. Le premier demande: -Tu veux prendre encore quelque chose? -Je veux bien mais à qui? Conseil Blagues de crise Un garçon plein d'énergie entre dans une banque et demande : -Je voudrais lancer une petite affaire Comment je dois faire -Le mieux c'est d'en acheter une grosse et d'attendre un peu. 53 Connaissance et découverte

28 54 ARAD TIMISOARA BAIA BRA- TÂRGOVISTE BACAU Capter les chaines françaises avec la TNT Les Francophones établis en Roumanie, mais aussi les Francophiles se demandent souvent de quelle manière ils pourraient capter les chaînes françaises, en dehors du câble roumain qui ne leur propose pas toujours les canaux les plus intéressants. Un de nos lecteurs a pris un abonnement à Canal satellite, mais trouvant que c'était trop compliqué à gérer, a opté depuis pour la TNT (Télévision numérique terrestre) et bénéficie ainsi de 18 chaines gratuites (pour l'instant) dont Arte et la Cinq. L'équipement lui est revenu au total à une centaine d'euros, y compris l'achat d'une parabole en Roumanie (environ 30 ) qu'il faut régler sur le satellite Astra 1C, 1 E. L'acquisition du récepteur TNT s'est faite en France, et se trouve dans des magasins style Bricodépôt ou Carrefour, ou sur Internet. L'installation se fait en dix minutes pour quelqu'un qui s'y connaît, sinon il vaut mieux demander l'intervention d'un professionnel. Attention, toutefois: notre lecteur s'est trouvé confronté à un problème qui lui a paru insurmontable: Il a passé trois jours en vain à vouloir faire fonctionner son système. Dépité, il l'a ramené en France où le vendeur lui a indiqué qu'il fallait le débrider (mettre en service) sur place avant de l'installer ailleurs dans le monde. Aussitôt dit, aussitôt fait et dès le soir de son retour en Roumanie, il captait les chaînes promises. Précision: le récepteur est fourni avec une carte gratuite valable cinq ans pas d'inquiétude à avoir pour la suite, la TNT devenant devenir gratuite d'ici peu. A savoir La nouvelle vignette automobile est électronique Infos pratiques Depuis le 1er octobre 2010, la vignette automobile, ce petit bout de papier rond collé derrière le pare-brise a disparu dans sa forme précédente pour devenir électronique, système déjà utilisé dans certains pays de l'espace communautaire. Comme cela fonctionne? Pour mémoire, la vignette format papier et maintenant format électronique atteste du paiement par l'utilisateur d'une voiture de la taxe de circulation sur les routes nationales de Roumanie. Les montants et les périodes de validité sont établis par la Compagnie nationale des autoroutes et des routes nationales de Roumanie (CNADNR). La vignette électronique donne lieu à l'enregistrement du véhicule concerné dans une base de données, dénommée SIEGMCR (1) pendant toute la période de validité de la vignette. Le contrôle du paiement de la vignette se fait, de manière automatique, comme suit: - Caméras vidéo placées sur les routes - les caméras peuvent enregistrer la plaque d'immatriculation de la voiture et vérifier le paiement de la vignette ; - Agents de contrôle du trafic qui eux-mêmes font appel à la base de données SIEGMR. Où acheter la vignette electronique et quel type? La vignette électronique peut être achetée dans des stations - services (MOL, ROMPETROL, PETROM et OMV) mais également auprès des guichets de la poste roumaine ou des unités de la CNADNR. Il existe plusieurs types de vignettes selon la durée de circulation sur le réseau des routes nationales de Roumanie, durée du trajet ainsi que durée de stationnement. A noter que l'on peut déduire que pour ceux qui n'utilisent leur voiture qu'en ville, la vignette n'est pas obligatoire - Vignette à durée de validité de 7 jours - 3 euros - Vignette à durée de validité de 30 jours - 7 euros - Vignette à durée de validité de 90 jours - 13 euros - Vignette à durée de validité de 12 mois - 28 euros Sanctions Le fait de circuler sur les routes nationales sans avoir payé la vignette est sanctionné par une amende comprise entre 250 lei et 4500 lei (environ 60 et 1000 euros). Le Petitjournal avec le Cabinet Gruia Dufaut, Avocats - Paris & Bucarest (1) Système informatique d'émision, de gestion, de monotorisation et de contrôle de la vignette. Humour Bula à l'école - Quel métier ont vos parents? interroge la professeur : - Papa est ingénieur, dit Gheorghe. - Papa est mécanicien, dit Ionel. - Papa est chef, dit Bul?. - Comment donc, Bul?? demande, surprise, la prof. - Il a 500 personnes sous lui. (subordonnés) - De quoi s'occupe-t-il donc? - Il tond l'herbe au cimetière. Frayeur Blagues Deux voleurs masqués font irruption dans un bureau -Que personne ne bouge, c'est un hold-up. La comptable soulagée : -Ah, bande d'idiots, vous m'avez fait peur J'ai cru que c'était la garde financière! CHANGE* (en nouveaux lei, RON**) Euro =4,32 RON (1 RON = 0,23 ) Franc suisse = 3,2 RON Dollar = 3,08 RON Forint hongrois 1 = 0,02 RON (1 = 274 forints) *Au 23 octobre 2010 ** 1 RON = anciens lei Les NOUVELLES de ROUMANIE Numéro 62, nov. - déc Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie Nantes, France Tel. : adica@wanadoo.fr Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Laurent Courderc, Jonas Mercier, Marion Guyonvarch, Vlad Mixich, Medhi Chebana, Mihaela Rodina, Alexandre Lévy, Raluca Dumitriu, Mirana Mitranescu, Noël Tamini, Cristian Dascalu, Henriette Asseo, Mattea Battaglia, Luc Rosenzweig, Mani Barbier, Olivier Peyroux, Emilia Iftime, Mirel Bran, Vali, Simon Bénard, Doina Le Noay, Annette Wieviorka, Traian Tandin, Iona Cepleanu, Véronique Soulé, Pigiconi, Jean-Michel Corbet. Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet. Impression: Helio Graphic 2 rue Gutenberg Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN Dépôt légal: à parution Prochain numéro: janv ABONNEMENT Infos pratiques Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 TTC / an Associations et particuliers : 80 TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 à 61 par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 ). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 ), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 ). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 ) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 ). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et ) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80, qui veut abonner un ami roumain, à 30, paiera donc 110 ). Nom: Adresse:.. Code postal:...ville... Pays:...Tel:... Fax: . Cachet, signature : Paiement France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie NANTES - France. 55

29 Lucia Nica... la Révolution, les icônes La Révolution a été une libération pour Lucia Nica. Une libération pour le génie créatif de cette artiste-peintre de Sibiu, qui avait suivi le lycée des Beaux arts de sa ville, rêvait d'une carrière où les expositions dans les galeries d'art s'enchaîneraient, mais était confinée jusque là à illustrer du papier d'emballage de cadeaux. D'un seul coup, en décembre 1989, les talents, aspirations, éclataient au grand jour à travers tout le pays. Un souffle, une envie d'entreprendre balayait les esprits, portés par une immense énergie. Lucia démissionna de son travail et comme beaucoup de ses compatriotes fût happée par la religiosité qui habitait ses temps nouveaux. Mais en tant qu'artiste. A cette époque-là, chaque Roumain voulait se procurer des icônes, interdites jusque-là. Justement, une petite annonce dans un journal local informait de la prochaine naissance d'un atelier à Sibiu, recrutant des peintres. La jeune femme fut sélectionnée. Une nouvelle vie commençait alors. Recevant l'aide et les conseils d'une amie, elle se lança dans la décoration d'une église de Slobozia, puis de Fagaras. "En m'imprégnant de ce milieu, je découvrais peu à peu le sentiment religieux", confie aujourd'- hui Lucia. L'artiste dévora les livres d'art sacré, l'intériorisant, en saisissant les symboles, tout en évitant de tomber dans une expression figée par le rituel pour laisser place à la créativité. Elle installa son atelier dans son appartement. Symbole religieux à l'est forme d'art à l'ouest 56 Couleurs, formes de nombreuses icônes sur bois naissent depuis sous ses délicats coups de pinceau. Son travail minutieux requiert souvent l'usage d'une loupe pour les détails, les ornements à la feuille d'or. Aux méthodes mises en pratique autrefois par les écoles byzantines, elle ajoute une touche d'art naïf qu'elle apprécie. Une icône lui demande une semaine de travail, mais parfois deux mois quand il s'agit de triptyques, de miniatures. La notoriété de l'artiste a vite grandi. Exposition dans des galeries, commandes pour les églises, dont le monastère orthodoxe de Lectoure, dans le Gers. Lucia Nica a trouvé assez vite le chemin d'une Europe séduite par cette expression artistique venue du tréfonds de l'âme orthodoxe, mais reçue avant tout en Occident comme une forme d'art plutôt qu'un symbole religieux, alors que, pour elle, les deux sont intimement liés. Première exposition à Munich, en 1992 mais aussi première occasion de sortir de Roumanie, puis Norwich, en Angleterre. C'est en Normandie et en Bretagne, que l'artiste, à partir de 1995, va établir durablement sa réputation. Sibiu est jumelée avec Rennes qui y a ouvert une "Maison d'ille et Vilaine", conviant Lucia à y exposer. Ce fut l'occasion d'une rencontre décisive avec un couple de photographes de la région rennaise, les Carret qui, d'admirateurs, se sont transformés depuis en "manager-imprésario" bénévoles. En 1996, la Bretagne sera pour l'artiste, le théâtre d'une expérience peu ordinaire. Saint-Brieuc l'invita. Dans ce pays catholique, ses icônes orthodoxes provoquèrent un tel engouement qu'une quinzaine de Bretonnes lui demandèrent de les initier à son art, la pressant de rester jusqu'à ce qu'elles aient terminé leur propre œuvre. La mamaliga "ca la mama acasa" Décidément, à défaut d'être honnête, cette "Révolution" a changé bien des destins. Dumitru, électricien de Botosani, en Moldavie, avait décidé à l'époque de tenter sa chance en Allemagne. A son retour, il rencontra Lucia, devenue sa compagne. Débordant d'un entrain communicatif, il décida de concrétiser son tempérament de fonceur. Il aménagea un camion aux couleurs d'ursus, la grande bière nationale, transportant une trentaine de tables et tout le matériel adéquat, entreprenant de faire le tour des fêtes de Transylvanie, servant bières, coca, saucisses et mici-frites. Des tournées épuisantes qui l'ont conduit depuis deux ans à se concentrer sur les festivals culturels. Mais la concurrence étant rude - Heineken, Stella-Artois - le Moldave qui n'a pas son pareil pour faire la mamaliga, une recette héritée de sa mère, s'est reconverti en plats traditionnels, tocanita (ragoût de poulet, de porc, de bœuf), mijotés au feu de bois et qu'il sert en costume local, une charrette croulant sous les géraniums et pétunias lui servant de réception et d'accueil. Mais la crise est passée par là. Même dans les fêtes, les gens comptent leurs sous et les jeunes se contentent de boire. Alors, les occasions de prendre son camion s'espacent. Dumitru, changeant une nouvelle fois de tablier, se consacre donc à l'intendance exigeante qui entoure le travail de Lucia, préparant soigneusement le bois de tilleul pour ses icônes. Ainsi peut-elle se consacrer entièrement à son art. Au printemps dernier, le couple a connu la consécration, en étant invité à exposer à l'unesco, à Paris.

Janvier 2014 - BIG DATA : Affaires privées, données publiques

Janvier 2014 - BIG DATA : Affaires privées, données publiques Janvier 2014 - BIG DATA : Affaires privées, données publiques METHODOLOGIE Etude qualitative Social Panel réalisée par Treize articles - Web Lab Une vingtaine de femmes très connectées issues de la communauté

Plus en détail

La Constitution européenne

La Constitution européenne La Constitution européenne "Le Parlement européen approuve la Constitution et appuie sans réserve sa ratification"(*): elle éclaire la nature et les objectifs de l'union, renforce son efficacité et son

Plus en détail

CORRECTION BREVET BLANC 2

CORRECTION BREVET BLANC 2 CORRECTION BREVET BLANC 2 PARTIE 1: Histoire Question 1: Expliquer les repères qui correspondent aux dates suivantes: 622 / 1598. 622: l'hégire, Mahomet et ses compagnons quittent La Mecque pour Médine,

Plus en détail

LES RECOURS EN CAS DE NON PAIEMENT DE LA PENSION ALIMENTAIRE

LES RECOURS EN CAS DE NON PAIEMENT DE LA PENSION ALIMENTAIRE LES RECOURS EN CAS DE NON PAIEMENT DE LA PENSION ALIMENTAIRE Le cadre général Lorsque le juge aux affaires familiales a fixé la pension alimentaire pour un époux ou pour les enfants, cette décision s'impose

Plus en détail

Le conditionnel présent

Le conditionnel présent Le conditionnel présent EMPLOIS On emploie généralement le conditionnel présent pour exprimer: une supposition, une hypothèse, une possibilité, une probabilité ( certitude); Ça m'étonnerait! J'ai entendu

Plus en détail

Affiliation Cash Livre PDF Gratuit Cliquez Ici Pour Télécharger Merci!

Affiliation Cash Livre PDF Gratuit Cliquez Ici Pour Télécharger Merci! Enfin, Voici l'information que VOUS attendiez depuis longtemps. Vous allez découvrir une méthode inédite et des secrets que la plupart des affiliés ne connaitront jamais... Par: Mustapha GASSEM Le Dans

Plus en détail

GUIDE POUR AGIR. Comment identifier ses. SAVOIR-FAIRE et. ses QUALITÉS J ORGANISE MA RECHERCHE. Avec le soutien du Fonds social européen

GUIDE POUR AGIR. Comment identifier ses. SAVOIR-FAIRE et. ses QUALITÉS J ORGANISE MA RECHERCHE. Avec le soutien du Fonds social européen GUIDE POUR AGIR Comment identifier ses SAVOIR-FAIRE et ses QUALITÉS J ORGANISE MA RECHERCHE Avec le soutien du Fonds social européen Identifier ses savoir-faire et ses qualités, pour quoi faire? Vous ne

Plus en détail

Projet de loi de régulation et de séparation des activités bancaires Intervention générale

Projet de loi de régulation et de séparation des activités bancaires Intervention générale Nom du sénateur Eric Bocquet Groupe Communiste Républicain Citoyen Sénateur du Nord Paris, le 19 mars 2013 Projet de loi de régulation et de séparation des activités bancaires Intervention générale Monsieur

Plus en détail

Association. Principes généraux.

Association. Principes généraux. Page 1 Association. Le 1er juillet 1901, Pierre WALDECK-ROUSSEAU fait adopter, au terme d'une longue bataille parlementaire, une loi d'une portée considérable : relative au contrat d'association qui garantit

Plus en détail

Comment faire plus d'argent cet été!

Comment faire plus d'argent cet été! Comment faire plus d'argent cet été! Je vais prendre ça vraiment cool cet été. Le 23 juin, je me retire à la campagne. Je vais prendre de longues vacances. Des vacances au cours desquelles je ferai du

Plus en détail

Lisez ATTENTIVEMENT ce qui suit, votre avenir financier en dépend grandement...

Lisez ATTENTIVEMENT ce qui suit, votre avenir financier en dépend grandement... Bonjour, Maintenant que vous avez compris que le principe d'unkube était de pouvoir vous créer le réseau virtuel le plus gros possible avant que la phase d'incubation ne soit terminée, voyons COMMENT ce

Plus en détail

Loi organique relative à la Haute Cour

Loi organique relative à la Haute Cour Loi organique relative à la Haute Cour Dahir portant loi organique n 1-77-278 du 24 chaoual 1397 (8 octobre 1977) relative à la Haute Cour (1) Louange à Dieu Seul! (Grand Sceau de Sa Majesté Hassan II)

Plus en détail

NOUVEAU TEST DE PLACEMENT. Niveau A1

NOUVEAU TEST DE PLACEMENT. Niveau A1 NOUVEAU TEST DE PLACEMENT Compréhension écrite et structure de la langue Pour chaque question, choisissez la bonne réponse parmi les lettres A, B, C et D. Ne répondez pas au hasard ; passez à la question

Plus en détail

En conséquence, toutes les banques qui souhaitent notes de commerce, doit obtenir l'autorisation de la Commission.

En conséquence, toutes les banques qui souhaitent notes de commerce, doit obtenir l'autorisation de la Commission. Le système bancaire Shvetsarii caractérisé par des règles strictes. Toutes les banques et institutions financières impliquées dans les activités bancaires, doivent s'inscrire auprès de la Commission bancaire

Plus en détail

Le chèque : Informations et Recommandations

Le chèque : Informations et Recommandations Le chèque : Informations et Recommandations Protégez vous contre les risques de fraude sur les chèques que vous détenez et émettez. Vous utilisez des chèques bancaires, les recommandations qui suivent

Plus en détail

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES Tout à l heure, le Président de la République m a demandé, avec le Premier ministre, de vous apporter un certain nombre d éléments sur le contexte dans

Plus en détail

Les instruments d une bonne gestion financière: budget et prévisions

Les instruments d une bonne gestion financière: budget et prévisions Chapitre 9 Les instruments d une bonne gestion financière: budget et prévisions Savoir utiliser son argent est un art et un art qui paie. Comme toutes les ressources, l argent peut être utilisé à bon ou

Plus en détail

La stratégie de la SWX Swiss Exchange pour la place financière suisse

La stratégie de la SWX Swiss Exchange pour la place financière suisse La stratégie de la SWX Swiss Exchange pour la place financière suisse par Robert Wyss, SWX Swiss Exchange Auprès des bourses internationales, l'euphorie de la dernière décennie a disparu et les participants

Plus en détail

AFP Economie - Mardi 15 Janvier 2008-19:47 - Heure Paris (674 mots) ass-soc-gen

AFP Economie - Mardi 15 Janvier 2008-19:47 - Heure Paris (674 mots) ass-soc-gen AFP Economie - Mardi 15 Janvier 2008-19:47 - Heure Paris (674 mots) ass-soc-gen Mutuelle de retraite: 5.000 fonctionnaires dénoncent un "scandale de l'épargne" "C'est l'un des plus gros scandales de l'épargne

Plus en détail

LA LETTRE FORMELLE PROFESSIONNELLE COMMERCIALE ADMINISTRATIVE LA LETTRE DE RÉCLAMATION MODÈLES

LA LETTRE FORMELLE PROFESSIONNELLE COMMERCIALE ADMINISTRATIVE LA LETTRE DE RÉCLAMATION MODÈLES LA LETTRE FORMELLE PROFESSIONNELLE COMMERCIALE ADMINISTRATIVE LA LETTRE DE RÉCLAMATION MODÈLES Présentation d'une lettre Le courrier professionnel utilise classiquement deux présentations : "à la française"

Plus en détail

FICHE S PEDAGOGIQUE S. Bilan personnel et professionnel Recherche active d emploi

FICHE S PEDAGOGIQUE S. Bilan personnel et professionnel Recherche active d emploi FICHE S PEDAGOGIQUE S Bilan personnel et professionnel Recherche active d emploi 2 TABLE DES MATIERES PREMIERE PHASE : BILAN 1. Organisation de la phase de bilan 5 2. Fiches relatives à l'expression orale

Plus en détail

STATUT DU TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA MER. Article premier Dispositions générales SECTION 1. ORGANISATION DU TRIBUNAL. Article 2 Composition

STATUT DU TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA MER. Article premier Dispositions générales SECTION 1. ORGANISATION DU TRIBUNAL. Article 2 Composition STATUT DU TRIBUNAL INTERNATIONAL DU DROIT DE LA MER Article premier Dispositions générales 1. Le Tribunal international du droit de la mer est créé et fonctionne conformément aux dispositions de la Convention

Plus en détail

REGLEMENT INTERIEUR TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES

REGLEMENT INTERIEUR TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES RÉPUBLIQUE DU BÉNIN COUR CONSTITUTIONNELLE REGLEMENT INTERIEUR TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES Article 1 er : Le présent Règlement Intérieur est pris en application des dispositions de la Loi n 90-032

Plus en détail

FINANCES. 22/28 NOV 12 Parution irrégulière. Surface approx. (cm²) : 1278. Page 1/5 11 RUE DE L'ARBRE SEC 69001 LYON - 04 72 69 15 15

FINANCES. 22/28 NOV 12 Parution irrégulière. Surface approx. (cm²) : 1278. Page 1/5 11 RUE DE L'ARBRE SEC 69001 LYON - 04 72 69 15 15 Page 1/5 FINANCES QUELQUES RECOMMANDATIONS... Voilà, vous êtes enfin à la retraite. Fini le dimanche soir tristounet, les bouchons à huit heures du matin, ['attente - vaine - de ['augmentation... A vous

Plus en détail

COMMENT LA PENSION DE RETRAITE EST-ELLE CALCULÉE ACTUELLEMENT?

COMMENT LA PENSION DE RETRAITE EST-ELLE CALCULÉE ACTUELLEMENT? Introduction : Le 17 décembre 2002, la Commission européenne a adopté un «rapport d'évaluation des stratégies nationales en matière de pensions adéquates et viables» (1). Ce rapport indique que «Le rythme

Plus en détail

Navigation dans Windows

Navigation dans Windows Cours 03 Navigation dans Windows Comme je le disais en introduction, notre souris se révèle plus maligne qu'elle n'en a l'air. À tel point qu'il faut apprendre à la dompter (mais c'est très simple, ce

Plus en détail

de la commune organisatrice ou bénéficiaire, ci-après dénommée «société de transports en commun bénéficiaire». Par dérogation aux dispositions de

de la commune organisatrice ou bénéficiaire, ci-après dénommée «société de transports en commun bénéficiaire». Par dérogation aux dispositions de 15 MAI 2007. - Loi relative à la création de la fonction de gardien de la paix, à la création du service des gardiens de la paix et à la modification de l'article 119bis de la nouvelle loi communale (1)

Plus en détail

Inviter au plus vite tous les acteurs de la création, de l'édition, de la diffusion et de la lecture à des «États généraux du livre et de la lecture».

Inviter au plus vite tous les acteurs de la création, de l'édition, de la diffusion et de la lecture à des «États généraux du livre et de la lecture». Eléments pour une politique en faveur du livre et de la lecture Par Aurélie Filippetti, députée de Moselle, responsable du pôle Culture, audiovisuel, médias dans l équipe de campagne de François Hollande.

Plus en détail

Auxiliaire avoir au présent + participe passé

Auxiliaire avoir au présent + participe passé LE PASSÉ COMPOSÉ 1 1. FORMATION DU PASSÉ COMPOSÉ Formation : Auxiliaire avoir au présent + participe passé PARLER MANGER REGARDER J ai parlé Tu as parlé Il/elle/on a parlé Nous avons parlé Vous avez parlé

Plus en détail

Rebecca Léo Thomas Gaspard

Rebecca Léo Thomas Gaspard Parfois on va à l'école parce que nos parents n'ont pas le temps, ou sinon nos parents ne savent pas tout. On va à l école pour avoir un bon métier et une belle maison, pour développer notre intelligence,

Plus en détail

N 518 SÉNAT QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1991-1992

N 518 SÉNAT QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1991-1992 N 518 SÉNAT QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1991-1992 Rattache pour ordre au procès-verbal de la séance du 8 juillet 1992. Enregistre a la Présidence du Senat le 28 septembre 1992. PROPOSITION DE LOI

Plus en détail

SECTION 5. Élaboration d un plan de sécurité. Sachez où aller et quoi faire si vous êtes victime de mauvais traitements. Un guide pour les aînés

SECTION 5. Élaboration d un plan de sécurité. Sachez où aller et quoi faire si vous êtes victime de mauvais traitements. Un guide pour les aînés SECTION 5. Élaboration d un plan de sécurité Sachez où aller et quoi faire si vous êtes victime de mauvais traitements Un guide pour les aînés 43 SECTION 5. Élaboration d un plan de sécurité Les violences

Plus en détail

N de convention Audencia/MAE à rappeler pour toute candidature : 97/08

N de convention Audencia/MAE à rappeler pour toute candidature : 97/08 N de convention Audencia/MAE à rappeler pour toute candidature : 97/08 CONVENTION D'ACCUEIL D'ETUDIANTS AU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES DANS LE CADRE DES STAGES D'ETUDES I. CONDITIONS GENERALES DE

Plus en détail

CONTRAT CLIP ( Contrat de Location Informatique Pure ) John Dow entreprise de location-vente, réparation informatique et graphisme numérique.

CONTRAT CLIP ( Contrat de Location Informatique Pure ) John Dow entreprise de location-vente, réparation informatique et graphisme numérique. CONTRAT CLIP ( Contrat de Location Informatique Pure ) Résumé du contrat : Le Loueur (la société JOHN DOW) s engage à louer du matériel informatique au Client en l échange du payement d une somme mensuelle

Plus en détail

Banque aurait dû travailler seule et prendre des mesures beaucoup plus drastiques pour contrer cette poussée inflationniste.

Banque aurait dû travailler seule et prendre des mesures beaucoup plus drastiques pour contrer cette poussée inflationniste. Propos tenus par M. Rundheersing Bheenick, Gouverneur de la Banque de Maurice, lors de la conférence de presse, au lendemain de la réunion du Comité de Politique Monétaire du 28 mars 2011 Le but de cette

Plus en détail

La Stratégie de l'entame à Sans Atout

La Stratégie de l'entame à Sans Atout La Stratégie de l'entame à Sans Atout L ENTAME est la première pierre du Plan de la défense. Le choix de la couleur d entame est toujours le résultat d un raisonnement basé sur l écoute des enchères. Le

Plus en détail

https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/francais/familles/fiches/italie... LES PENSIONS ALIMENTAIRES A L'ETRANGER

https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/francais/familles/fiches/italie... LES PENSIONS ALIMENTAIRES A L'ETRANGER 1 sur 5 09/06/2010 12:24 LES PENSIONS ALIMENTAIRES A L'ETRANGER Convention de New York ITALIE L'Italie est partie : - à la Convention de la Haye du 25 octobre 1980, sur les aspects civils des enlèvements

Plus en détail

S'organiser pour ne plus se noyer dans l'information

S'organiser pour ne plus se noyer dans l'information S'organiser pour ne plus se noyer dans l'information S'organiser pour ne plus se noyer dans l'information Filtrer ce qui est important Filtrer les informations au regard de sa mission Transformer l'information

Plus en détail

Table des matières. Introduction 3. Plan d'affaires de CerviWeb 4. Procédure d adhésion 8. Méthode de paiement 9

Table des matières. Introduction 3. Plan d'affaires de CerviWeb 4. Procédure d adhésion 8. Méthode de paiement 9 1 Table des matières Introduction 3 Plan d'affaires de CerviWeb 4 Procédure d adhésion 8 Méthode de paiement 9 Procédure de paiement par Western Union / Money Gram 10 Activer votre adhésion 12 Que dois-je

Plus en détail

Les Français et le Tour de France 2015

Les Français et le Tour de France 2015 Les Français et le Tour de France 2015 Juillet 2015 Sondage réalisé par pour et LEVEE D EMBARGO : SAMEDI 4 JUILLET A 18H Diffusion et levée d embargo Ce sondage est réalisé pour et o Diffusé samedi à 18h00

Plus en détail

Du 1 avril 2013 au 31 mars 2014 DEMANDE D'ADMISSION/ FORMULAIRE D'INSCRIPTION AU TABLEAU DES MEMBRES À TITRE DE TRAVAILLEUR SOCIAL

Du 1 avril 2013 au 31 mars 2014 DEMANDE D'ADMISSION/ FORMULAIRE D'INSCRIPTION AU TABLEAU DES MEMBRES À TITRE DE TRAVAILLEUR SOCIAL er Du 1 avril 2013 au 31 mars 2014 DEMANDE D'ADMISSION/ FORMULAIRE D'INSCRIPTION AU TABLEAU DES MEMBRES À TITRE DE TRAVAILLEUR SOCIAL Étape 1 VOIR 015 Pour assurer le bon traitement de votre dossier, il

Plus en détail

S T A T U T S (Association loi 1901)

S T A T U T S (Association loi 1901) CERCLE DAMIEN KONDOLO (La Fraternelle de la République Démocratique du Congo en Europe) S T A T U T S (Association loi 1901) Nous, membres de diverses institutions philanthropiques, réunis en Assemblée

Plus en détail

Direction générale Personnes handicapées Au service du citoyen! Carte de stationnement pour personnes handicapées

Direction générale Personnes handicapées Au service du citoyen! Carte de stationnement pour personnes handicapées Direction générale Personnes handicapées Au service du citoyen! Carte de stationnement pour personnes handicapées Table des matières CARTE DE STATIONNEMENT POUR PERSONNES HANDICAPÉES 1. Qu est-ce que c

Plus en détail

Il n'y a rien de plus beau qu'une clef

Il n'y a rien de plus beau qu'une clef Il n'y a rien de plus beau qu'une clef (tant qu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre) Spectacle de contes, à partir de 12 ans. Durée 1h Synopsis Deux conteuses Une panne de voiture Un petit village vendéen

Plus en détail

Dans nos classes. La Résistance et la Déportation dans les manuels. Classe de troisième. Les leçons : Collection. Auteurs (sous la direction de)

Dans nos classes. La Résistance et la Déportation dans les manuels. Classe de troisième. Les leçons : Collection. Auteurs (sous la direction de) Dans nos classes La Résistance et la Déportation dans les manuels Classe de troisième Les leçons : Belin, avril 2003. Eric Chaudron, Remy Knafou. Leçons La 2 guerre mondiale. * Les grandes phases de la

Plus en détail

Le bridge c'est quoi? Laval Du Breuil École de bridge Picatou, Québec picatou@picatou.com

Le bridge c'est quoi? Laval Du Breuil École de bridge Picatou, Québec picatou@picatou.com Le bridge c'est quoi? Laval Du Breuil École de bridge Picatou, Québec picatou@picatou.com 1. Historique Le bridge moderne fait partie de la famille du Whist, popularisé au XIX e siècle par Edmond Hoyle

Plus en détail

Carte Familles nombreuses

Carte Familles nombreuses logo quadri n Carré Noir le 13-12 - 2004 Carte Familles nombreuses DE QUOI S AGIT-IL? 1 La carte Familles nombreuses vous permet d obtenir des avantages tarifaires ou autres chez certains commerçants affichant

Plus en détail

Questionnaire du projet Innocence

Questionnaire du projet Innocence 1 Questionnaire du projet Innocence Directives : Répondez de façon aussi détaillée que possible à chacune des questions suivantes ayant trait à votre dossier. Des réponses complètes et précises nous permettront

Plus en détail

L USAGE DES NEWSLETTERS BtoB. Enquête exclusive Niouzeo Septembre 2011

L USAGE DES NEWSLETTERS BtoB. Enquête exclusive Niouzeo Septembre 2011 L USAGE DES NEWSLETTERS BtoB Enquête exclusive Niouzeo Septembre 2011 L usage des newsletters dans les entreprises BtoB Introduction : Notre étude : Le terme «Newsletter» s est banalisé. Beaucoup d entreprises

Plus en détail

Les défauts et «fautes impardonnables» des candidats à l élection présidentielle

Les défauts et «fautes impardonnables» des candidats à l élection présidentielle COMMUNIQUE DE PRESSE Les défauts et «fautes impardonnables» des candidats à l élection présidentielle Sondage Harris Interactive pour M6-MSN-RTL Enquête réalisée en ligne par l'institut Harris Interactive

Plus en détail

CONVENTION ENTRE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ET LE ROYAUME DU MAROC RELATIVE AU STATUT DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE ET A LA COOPERATION JUDICIAIRE

CONVENTION ENTRE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ET LE ROYAUME DU MAROC RELATIVE AU STATUT DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE ET A LA COOPERATION JUDICIAIRE CONVENTION ENTRE LA REPUBLIQUE FRANCAISE ET LE ROYAUME DU MAROC RELATIVE AU STATUT DES PERSONNES ET DE LA FAMILLE ET A LA COOPERATION JUDICIAIRE Décret n 83-435 DU 27 mai 1983 (publié au J.O du1er juin

Plus en détail

Contrat Type DroitBelge.Net. Contrat de travail AVERTISSEMENT

Contrat Type DroitBelge.Net. Contrat de travail AVERTISSEMENT http://www.droitbelge.net infos@droitbelge.net Contrat de travail Auteur: Me Arnaud Carlot, avocat E-mail: (Bruxelles) arnaudcarlot@skynet.be Tel / @lex4u.com 02.346.00.02 Fax: AVERTISSEMENT Le contrat

Plus en détail

UNE CONFÉRENCE SOCIALE SOUS HAUTE TENSION!

UNE CONFÉRENCE SOCIALE SOUS HAUTE TENSION! Groupe CEolis Le spécialiste des comités d'entreprises, des CHSCT et des Syndicats Newsletter juillet 2014 Édito : Une France sans illusion... UNE CONFÉRENCE SOCIALE SOUS HAUTE TENSION! La 3ème conférence

Plus en détail

Résumé de l étude. Citoyenneté et participation. Les motivations à participer TABLEAU - PRINCIPALES MOTIVATIONS À PARTICIPER AUX

Résumé de l étude. Citoyenneté et participation. Les motivations à participer TABLEAU - PRINCIPALES MOTIVATIONS À PARTICIPER AUX Table des matières Recherche et rédaction Rock Beaudet Frédéric Lapointe de Asynchrolab Comité de suivi de l étude Steve Francoeur Nicolas Fournier Julie Richard Niki Messas Coordination Caroline Rioux

Plus en détail

RAPPORT # 2 GUIDE PRATIQUE POUR L'ENVOI DE E-MAIL EN VOLUME SUR INTERNET

RAPPORT # 2 GUIDE PRATIQUE POUR L'ENVOI DE E-MAIL EN VOLUME SUR INTERNET RAPPORT # 2 GUIDE PRATIQUE POUR L'ENVOI DE E-MAIL EN VOLUME SUR INTERNET Le but de ce rapport est de vous procurer une information valable pour vous assister dans le Marketing à paliers multiples en utilisant

Plus en détail

RECOMMANDATION 27 EFFICACITE DE LA COMMUNICATION, ENTRE LES CANAUX DE DISTRIBUTION ET LES ASSUREURS, ET RECIPROQUEMENT.

RECOMMANDATION 27 EFFICACITE DE LA COMMUNICATION, ENTRE LES CANAUX DE DISTRIBUTION ET LES ASSUREURS, ET RECIPROQUEMENT. RECOMMANDATION 27 EFFICACITE DE LA COMMUNICATION, ENTRE LES CANAUX DE DISTRIBUTION ET LES ASSUREURS, ET RECIPROQUEMENT. Dans la version de juin 1999 était encore mentionné «efficacité de la communication

Plus en détail

Rapport fin de séjour Bourse Explo'ra. Une année à Valencia, Espagne

Rapport fin de séjour Bourse Explo'ra. Une année à Valencia, Espagne Rapport fin de séjour Bourse Explo'ra Une année à Valencia, Espagne A) Vie pratique Logement: J'ai trouvé mon appartement en août, avant d'arriver sur Valencia, via internet. Je m'étais inscrite sur le

Plus en détail

ISBN 979-10-91524-03-2

ISBN 979-10-91524-03-2 ISBN 979-10-91524-03-2 Quelques mots de l'auteur Gourmand le petit ours est une petite pièce de théâtre pour enfants. *** Gourmand le petit ours ne veut pas aller à l'école. Mais lorsque Poilmou veut le

Plus en détail

Prévoyance collective, assurance santé et dépendance

Prévoyance collective, assurance santé et dépendance Juin 2012 Prévoyance collective, assurance santé et dépendance La Comarep vient de publier un état des lieux de la protection sociale complémentaire des branches à fin 2011. C est l occasion d en tirer

Plus en détail

Le Seven Card Stud. Club Poker 78

Le Seven Card Stud. Club Poker 78 Club Poker 78 Juin 2013 Introduction Le Seven Card Stud est une variante de poker née aux USA, au milieu du XIXe siècle. À partir des années 1930, ce jeu devient la variante la plus populaire dans les

Plus en détail

Comment avoir une banque sans banque. Tome 2

Comment avoir une banque sans banque. Tome 2 Comment avoir une banque sans banque Tome 2 Bonjour, Philippe Hodiquet à votre service. Je vous avais promis de mettre dans votre bibliothèque d'ebooks, un système économique fou furieux: une banque sans

Plus en détail

A Monsieur le PROCUREUR GENERAL Près la Cour d'appel de PARIS,

A Monsieur le PROCUREUR GENERAL Près la Cour d'appel de PARIS, Mme BEGUIN-NICOUD Eliane Boutique "Tentation" 13 rue raymond Daujat 26200 MONTELIMAR Eliane BEGUIN-NICOUD Chez M. Gardet Bernard 6 ter rue Voltaire 92800 - PUTEAUX DE LA CORRUPTION AU CRIME D ETAT Eliane

Plus en détail

GUIDE PRATIQUE. Droit d accès

GUIDE PRATIQUE. Droit d accès 111 GUIDE PRATIQUE Droit d accès QU EST-CE QUE LE DROIT D ACCÈS? page 2 COMMENT EXERCER SON DROIT D ACCÈS? page 3 POUR ACCÉDER A QUOI? page 5 QUELLE RÉPONSE ATTENDRE? page 6 QUAND ET COMMENT SAISIR LA

Plus en détail

https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/francais/familles/fiches/algeri... LES PENSIONS ALIMENTAIRES A L'ETRANGER

https://pastel.diplomatie.gouv.fr/editorial/francais/familles/fiches/algeri... LES PENSIONS ALIMENTAIRES A L'ETRANGER 1 sur 5 09/06/2010 12:21 LES PENSIONS ALIMENTAIRES A L'ETRANGER ALGERIE Imprimer cette page Textes de référence : - Code de la famille du 9 juin 1984 1. Les formes de dissolution du mariage - La répudiation

Plus en détail

Enquête exclusive CampusFrance - TNS Sofres Les étudiants étrangers en France : image et attractivité

Enquête exclusive CampusFrance - TNS Sofres Les étudiants étrangers en France : image et attractivité Enquête exclusive CampusFrance - TNS Sofres Les étudiants étrangers en France : image et attractivité Sommaire. Présentation de l étude. Recommandation de venir en France Les étudiants étrangers en France

Plus en détail

Copyright 2008 Patrick Marie.

Copyright 2008 Patrick Marie. 2008 Par Patrick Marie et Supply Money En vous procurant cet ebook Supply Money vous donne l'autorisation de le donner uniquement par le moyen de votre choix, à vos abonnés clients etc... A le seul condition

Plus en détail

1. Le roaming c est quoi?

1. Le roaming c est quoi? 1. Le roaming, c est quoi? 2. Quelques chiffres 3. Fixation des prix: encore beaucoup d interrogations? 4. Plafonnement légal en Europe 5. Situation en Suisse 6. Solutions préconisées par la FRC 7. Action

Plus en détail

Les mises à disposition de personnels ou de matériels

Les mises à disposition de personnels ou de matériels Les mises à disposition de personnels ou de matériels Les associations sont souvent confrontées à des besoins précis et ponctuels en matériel ou en personnel. Or, l'achat, la location ou l'embauche s'avèrent

Plus en détail

DOSSIER de présentation

DOSSIER de présentation Projet d Habitat Participatif intergénérationnel et écologique DOSSIER de présentation 2015 Sommaire Mots d Ecoravissants Présentation d Ecoravie Donnez du sens à votre argent Chiffres et dates Contact

Plus en détail

L'économie européenne se remet mais la reprise rencontre des risques majeurs

L'économie européenne se remet mais la reprise rencontre des risques majeurs L'économie européenne se remet mais la reprise rencontre des risques majeurs Les mesures d'austérité budgétaire prévues, ou en cours, entraînent les risques d'un nouveau déclin économique Genève, 18 janvier

Plus en détail

C R É D I T A G R I C O L E A S S U R A N C E S. Des attitudes des Européens face aux risques

C R É D I T A G R I C O L E A S S U R A N C E S. Des attitudes des Européens face aux risques C R É D I T A G R I C O L E A S S U R A N C E S Observatoire Ipsos-LogicaBusiness Consulting/Crédit Agricole Assurances Des attitudes des Européens face aux risques Fiche technique Ensemble : 7245 répondants

Plus en détail

De la discrimination à l extermination

De la discrimination à l extermination De la discrimination à l extermination La crise des années trente a réveillé en France l antisémitisme qui sommeillait depuis l affaire Dreyfus. Les groupes d extrême-droite mènent des campagnes dont la

Plus en détail

Ce qu il faut savoir avant de partir : faire respecter vos droits, c est notre but

Ce qu il faut savoir avant de partir : faire respecter vos droits, c est notre but Ce qu il faut savoir avant de partir : faire respecter vos droits, c est notre but Cinq millions de supporters sont attendus pour l Euro 2008 cet été. Malheureusement certains d entre eux risquent de rencontrer

Plus en détail

Révision de l ombudsman du texte sur le camp d extermination nazi de Sobibor en Pologne, diffusé au Téléjournal le 30 novembre 2009.

Révision de l ombudsman du texte sur le camp d extermination nazi de Sobibor en Pologne, diffusé au Téléjournal le 30 novembre 2009. Révision de l ombudsman du texte sur le camp d extermination nazi de Sobibor en Pologne, diffusé au Téléjournal le 30 novembre 2009. SOMMAIRE Un plaignant estime que le Téléjournal du 30 novembre a commis

Plus en détail

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations. PROCESSUS D ASSURANCE QUALITE MIS EN ŒUVRE APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE 1. Identification des circonstances déclenchantes de l acte de maltraitance. 2. Définition des objectifs correctifs. 3. Elaboration

Plus en détail

HiDA Fiche 1. Je crois que ça va pas être possible ZEBDA. Leçon EC1 - Les valeurs, principes et symboles de la république

HiDA Fiche 1. Je crois que ça va pas être possible ZEBDA. Leçon EC1 - Les valeurs, principes et symboles de la république HiDA Fiche 1 Education Civique Partie 1 La République et la citoyenneté Leçon EC1 - Les valeurs, principes et symboles de la république Je crois que ça va pas être possible ZEBDA Je crois que ça va pas

Plus en détail

OBJECTIFS : FÉDÉRER UNE COMMUNAUTÉ DE CONSOM ACTEURS VI. EXTRAITS DES RETOMBEES PRESSE DE L OPERATION 2014

OBJECTIFS : FÉDÉRER UNE COMMUNAUTÉ DE CONSOM ACTEURS VI. EXTRAITS DES RETOMBEES PRESSE DE L OPERATION 2014 SOMMAIRE I. ACAVU : MISSIONS ET AVANTAGES II. III. JEUX ET ANIMATIONS AU PROGRAMME OBJECTIFS : FÉDÉRER UNE COMMUNAUTÉ DE CONSOM ACTEURS IV. LE KIT DU PARTICIPANT! V. LE KIT DE l ANNONCEUR! VI. EXTRAITS

Plus en détail

LE TABAC CHEZ LES JEUNES

LE TABAC CHEZ LES JEUNES B1 LE TABAC CHEZ LES JEUNES Adolescent, la tentation est grande. Envie d épater les camarades, faire comme eux, aller à l opposé des recommandations des parents, le besoin de se sentir indépendant... bref,

Plus en détail

STATUTS DE L ASSOCIATION «FORUM EPFL» Version du 7 mai 2014

STATUTS DE L ASSOCIATION «FORUM EPFL» Version du 7 mai 2014 STATUTS DE L ASSOCIATION «FORUM EPFL» Version du 7 mai 2014 Le 31 octobre 2002 - journée historique, le Forum EPFL est devenu officiellement une association. Ces statuts définissent les fondements de l

Plus en détail

Service de presse 15 20 novembre 2014

Service de presse 15 20 novembre 2014 Service de presse 15 20 novembre 2014 40 ans après la ratification de la Convention européenne des droits de l homme (CEDH) Les droits fondamentaux remis en question Isabelle Bindschedler Un soutien pour

Plus en détail

NOM DE L ELEVE :.. Dossier à rendre complété avant le 16 Mars 2015 (afin de vous éviter le temps des formalités lors de la pré-rentrée).

NOM DE L ELEVE :.. Dossier à rendre complété avant le 16 Mars 2015 (afin de vous éviter le temps des formalités lors de la pré-rentrée). Dossier à rendre complété avant le 16 Mars 2015 (afin de vous éviter le temps des formalités lors de la pré-rentrée). NOM DE L ELEVE :.. Prénom : I. DOCUMENTS A RETOURNER A L ETABLISSEMENT Réservé à l

Plus en détail

CONSEIL SUPERIEUR DES INDEPENDANTS ET DES PME

CONSEIL SUPERIEUR DES INDEPENDANTS ET DES PME CONSEIL SUPERIEUR DES INDEPENDANTS ET DES PME F PRAT COM - compétence territoriale A2 Bruxelles, le 26 mai 2011 MH/AB/JP A V I S sur UNE PROPOSITION DE LOI MODIFIANT LA LOI DU 6 AVRIL 2010 RELATIVE AUX

Plus en détail

NOTRE PERE JESUS ME PARLE DE SON PERE. idees-cate

NOTRE PERE JESUS ME PARLE DE SON PERE. idees-cate NOTRE PERE JESUS ME PARLE DE SON PERE idees-cate 16 1 L'EVANGILE DE SAINT LUC: LE FILS PRODIGUE. Luc 15,11-24 TU AS TERMINE LE LIVRET. PEUX-TU DIRE MAINTENANT, QUI EST LE PERE POUR TOI? Un Père partage

Plus en détail

L ACTUALITÉ FÉDÉRALE

L ACTUALITÉ FÉDÉRALE L ACTUALITÉ FÉDÉRALE Des ressources naturelles pour tous les Canadiens Madelaine Drohan Correspondante canadienne de l hebdomadaire The Economist Elle contribue également sur une base régulière à une de

Plus en détail

Lettre motivation. En haut de la page

Lettre motivation. En haut de la page Lettre motivation Vous avez trouvé une offre de stage? Vous voulez envoyer une candidature spontanée? Ne perdez pas de vue que le stage doit représenter un intérêt commun pour les deux parties : l entreprise

Plus en détail

Payer sans chéquier : c est possible!

Payer sans chéquier : c est possible! Payer sans chéquier : c est possible! C NUM é. 5.03. p e e a e e, a Wa e au Payer sans chéquier : c est possible! Suite à un rejet de chèque sans provision ou parce que votre compte bancaire est à découvert,

Plus en détail

Cela a notamment conduit à l accroissement de la rentabilité du capital au détriment du travail dans toutes les économies occidentales.

Cela a notamment conduit à l accroissement de la rentabilité du capital au détriment du travail dans toutes les économies occidentales. 1 Contribution de Jean Pierre BRARD, député apparenté communiste de Seine Saint Denis, et de Bernard VERA, sénateur communiste de l Essonne, membres du groupe de travail Assemblée nationale Sénat sur la

Plus en détail

Partie II Assurance invalidité de longue durée

Partie II Assurance invalidité de longue durée Partie II Assurance invalidité de longue durée 1. Admissibilité et date d entrée en vigueur de la garantie D'une façon générale, les employés à plein temps ou à temps partiel (c.-à-d. affectés à un poste

Plus en détail