Le dessin des meules va-et-vient et rotatives

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1 Le dessin des meules va-et-vient et rotatives Groupe-Meule : Luc Jaccottey (Dir.) Comme pour tout artefact archéologique, l'étude des meules doit être accompagnée d'un dessin. Cette représentation graphique a pour but de rendre facilement compréhensible les différentes caractéristiques morphologiques, techniques et tracéologiques des meules. Un rapide survol de la bibliographie montre que les dessins de ce type d outillage sont très variés à la fois dans l échelle utilisée, mais aussi dans les types de représentation. La décision d une mise en commun des données passe par la nécessité d une relative uniformisation des représentations des meules. Le choix de ces normes communes, pour les membres du groupe de travail, peut être diffusé à l ensemble de la communauté archéologique dans le but d une utilisation la plus large possible. Il existe déjà pour nombre d autres types d outils archéologiques des normes ou tout au moins des façons de les représenter. Elles ont servi de base à notre réflexion, sachant que le but est d offrir un outil adapté et utilisable facilement par la communauté archéologique et pas uniquement par un petit groupe de spécialistes. Les bases de ces normes avaient été posées lors de la publication des actes de Saint-Julien (Hamon et al. 2011, Jaccottey et Farget 2011). Elles ont été remises à jours à l issu du quadriennal Le travail mené en 2014 a d abord porté sur les meules à trémie, suite à l étude d une série de pièces conservées au Centre Archéologique du Var à Toulon et à la sollicitation d un collègue italien. Ce travail a été mené en collaboration avec J. Chausserie-Laprée (ville de Martigues) et C. Chaigneau qui a été étudiée les meules du site de Mégara Hyblaea (Sicile, Italie). Par ailleurs, la fouille du moulin médiéval de Brandes-en-Oisans et l étude systématique des meules à minerai entrepris en 2009 (Minvielle-Larousse et Bailly-Maitre 2011), a été poursuivi cette année en essayant d intégrer l observation des traces d usures liées au broyage du minerai dans les normes préexistantes. Enfin, l observation des usures asymétriques sur certaines meules nous a incité à proposer de noter les points le plus haut et le plus bas sur le flanc des meules Principes généraux Les critères qui ont guidé ce travail sont : * la nécessité de représenter l intégrité et l état de conservation de la pièce, * la prise en compte de l ensemble des types de meules (va-et-vient, meules rotatives manuelles, hydraulique, à traction animale), * la volonté de montrer les différents états et traitements de surfaces liés à la fabrication et à l utilisation des meules * la possibilité, en cas de besoin, de faire apparaître différentes parties ou détails, (face inférieure, perforations latérales ), * l intégration des cas particuliers (meules rotatives asymétriques, traces diverses ). S y ajoutent des contraintes graphiques : * une homogénéité de l échelle d une part pour les meules va-et-vient d une part, et d autre part pour les meules à trémie et pour l ensemble des meules rotatives, * l utilisation d une échelle simple et facilement reportable, * un choix de trames et de tracés qui permettent une compréhension rapide du dessin. 1/15

2 Figure 1 : les différentes parties à représenter lors du dessin de l outillage de mouture 2/15

3 Organisation et répartition des différentes vues À partir du relevé original de la meule et à l aide du logiciel Adobe Illustrator, le dessin des meules doit présenter plusieurs vues de l objet : a minima, la vue de dessus, une coupe transversale et une coupe longitudinale ou une vue latérale du flanc (fig. 1). Choix graphiques (fig. 2) Le code couleur se limite aux aplats noirs, nuancé selon les cas de figure. Sur les vues des différentes faces, mais aussi des flancs, l intérieur de la pièce est tramé à 10 % de noir. La coupe de l objet est tramée à 25 % de noir, et les parties creusées sont tramées à 25% (cuvette des meules à trémie et des meules en auge) ou à 50 % de noir (inscription, rayonnage, traces d outils, fig. 09 et 10). Enfin, les parties brisées restent en blanc, soit 0 % de noir. Des trames hachurées ou pointillées sont utilisées pour montrer les traces laissées sur les outils (bouchardage, émoussé, percussion, ). Par exemple, la localisation et l intensité des traces d usures observées sur une meule ou une molette permettent notamment de comprendre comment ces outils ont fonctionné. Elles sont employées systématiquement pour les meules et les molettes va-et-vient, et plus ponctuellement pour les meules rotatives. Les traits de contour ont une épaisseur de 0,5 point, pour bien distinguer les contours de la pièce des tracés intérieurs plus fins (0,25 point). En revanche, la surface active, est symbolisée dans la coupe par un trait d'une épaisseur plus importante (1 point). Les tracés reconstituant les parties manquantes du contour de l objet (0,5 point) sont figurés en pointillé avec un tiret de 2 points et un blanc de 2 points également (si ce tracé restitue une partie de la surface active manquante, il aura une épaisseur d 1 point). Pour montrer des parties non visibles ou masquées, comme le trou latéral du manchon depuis la face supérieure du catillus, le pointillé est également employé mais avec un pas de 1 point pour le tireté et la partie blanche, et une épaisseur de 0,25 point Les meules et les molettes va-et-vient (fig. 3) Pour le dessin de ces objets, une représentation au 1/5 ème a été choisie avec au minimum la face supérieure, une coupe longitudinale et une coupe transversale, prises dans le sens d'utilisation de l'outil. Ces représentations sont complétées par d autres vues, en cas de besoin. La coupe longitudinale peut être remplacée par une ou deux vues latérales pour mettre en évidence d éventuelles traces de façonnage visibles sur les flancs de la meule ou de la molette ; de même, une vue de la face inférieure peut apporter beaucoup d informations sur la fabrication de la meule Les meules à trémie Ce type de meule est caractérisé par un mouvement alternatif comme les meules va-et-vient ; la partie inférieure du moulin est similaire à certaine meules va-et-vient. Elles sont également représentées à l échelle 1/5ème, avec une vue de la face supérieure, complétée par les coupes longitudinales et transversales. Une vue latérale peut être également être ajoutée, notamment pour montrer la présence d une rainure. Certaines meules à trémie possèdent un aménagement de la surface active par rayonnage qui peut faire l objet d une représentation. 3/15

4 Figure 2 : les choix graphiques 4/15

5 Figure 3 : dessin des outils va-et-vient 5/15

6 Les meules rotatives Ces pièces sont représentées au 1/10 ème. La vue de dessus montre soit le réceptacle du catillus, soit la surface active de la meta. Des traits de coupes latéraux indiquent la position de la coupe de la meule, orientée soit dans l axe du trou latéral du manchon, soit dans l'axe de l œil ou des aménagements d anille (pour le catillus). La représentation de la coupe et du flanc s inspire des modes de représentation couramment employés pour le mobilier céramique. La vue de dessous, soit surface active du catillus, soit base de la meta, est dessinée seulement si elle apporte des informations supplémentaires sur l objet (trace d outils sur la face inférieure de la meta, emplacement d anille inférieure pour certains catillus ). D autres vues peuvent être adjointes en cas de besoin, comme une vue latérale du trou de manchon, ou un déroulé du flanc en cas de présence d éléments particuliers sur celui-ci (traces d oxyde métalliques par exemple). En dehors de ce cadre général permettant de représenter la plupart des meules rotatives quel que soit le type de meule, (meta ou catillus), le système d entraînement (manuel, hydraulique ou à sang) et les dimensions de la pièce (fig. 4 et 5), des solutions sont proposées pour les différents cas particuliers rencontrés. Cette liste peut s allonger avec l apparition de nouveaux cas de figure. Figure 4 : dessin du catillus pompéien 6/15

7 Figure 5 : dessin du catillus hydraulique *L utilisation de la meule peut lui donner un profil asymétrique ; dans ce cas la représentation doit montrer l asymétrie de la pièce en restituant son profil complet sur la représentation de la coupe et de la vue latérale du flanc (fig. 6). Le point le plus haut de la pièce est marqué par un signe + et à l inverse le point le plus bas est symbolisé par un signe -. Autre cas d asymétrie, celui de l œil lors de son creusement. Dans ce cas, sur la vue latérale située face à la coupe, le tracé de l autre côté de l œil est représenté comme un élément masqué (pointillé de 0,25 point d épaisseur avec un pas de 1 point pour le tireté et le blanc) (fig. 7). Figure 6 : dessin des meules asymétriques 7/15

8 Figure 7 : dessin d un œil asymétrique *Le trou latéral du manchon peut, en raison de l usure de la meule, être rejoint par la surface active. Il n est alors plus fonctionnel et abandonné. Un autre trou latéral peut être aménagé plus haut sur le flanc pour prolonger la durée de vie de la meule. Chacun des trous latéraux est dessiné sur la vue de dessus (en pointillé de 0,25 pt, et pointillé d un pas de 1 pt) avec un numéro et une représentation de la vue latérale de chaque perforation latérale. Il faut autant de coupes qu il y a de perforations latérales avec systématiquement le numéro de la perforation correspondant à la coupe (fig. 8). Figure 8 : dessin d une meule présentant plusieurs trous latéraux de manchons 8/15

9 Figure 9 : dessin des meules rayonnées et/ou marquées Figure 10 : dessin des meules à cuvette *Certaines meules peuvent conserver des pièces métalliques (anilles, anneaux ) qui seront représentées en noir (100%) (fig. 11). Plus généralement ne subsistent que des traces d oxyde métallique qui témoignent de la présence de pièces métalliques disparues. Ces traces d oxyde sont représentées en grisé foncé (noir à 75%) avec un contour noir de 0,25 point. 9/15

10 Figure 11 : dessin des parties métalliques *Des traces de poli ou de lustré, autres que celles résultantes de l usure normale de la meule, sont symbolisées par des hachures obliques sans contours comme celles qui sont employées pour les meules va-et-vient (fig. 12). Certaines meules utilisées pour transformer d autres matériaux que les céréales, comme les meules à minerai des moulins médiévaux de Brandes en Oisans, présentent des traces d usures spécifiques. Le minerai et sa gangue sont en effet 10/15

11 assez durs pour marquer les meules au fil des rotations, engendrant par là toute une série de stries concentriques (fig. 13). Pour la plupart inférieures au centimètre, les stries s affinent sur la partie distale de la meule jusqu à atteindre une largeur inférieure au millimètre ce qui a amené à acquérir la représentation des surfaces actives des meules à minerai par l intermédiaire de frottis (Minvielle-Larousse et Bailly-Maitre 2011). Ces frottis sont réalisés à la mine de plomb sur une feuille de papier calque. Le scan des frottis est ensuite intégré au dessin de la meule. Figure 12 : dessin des traces de poli ou de lustré autre que les traces d usure de la surface active 11/15

12 Figure 13 : dessin des traces d usure spécifique des meules à minerais 12/15

13 Les ébauches Il s agit de pièces en cours de fabrication sur lesquelles sont visibles des traces d extraction et (ou) de façonnage. Leur étude est tout aussi instructive sur le plan typologique (dans la mesure où la forme finale est caractérisable) que sur le plan technique pour comprendre la chaîne opératoire de fabrication. Il existe deux principaux types d ébauches de meules : tout d abord les ébauches issues de blocs sur lesquelles sont visibles les négatifs des enlèvements pour donner à la pièce sa forme, et les ébauches détachées sous la forme de cylindre (extraction directe), qui présentent les traces des outils métalliques de détachement. Dans les deux cas, il est nécessaire de représenter l ensemble des faces présentant des «stigmates» de taille de l objet, notamment sous la forme d un déroulé pour les flancs. Les négatifs des enlèvements sont présentés comme pour un nucléus en silex, par des flèches qui symbolisent l axe des enlèvements (fig. 14). La représentation de l intégralité du corpus d éclats est bien souvent impossible parce qu'ils sont découverts en trop grand nombre, aussi un échantillonnage des différents types est-il nécessaire. En effet, leur dessin analytique peut parfois s avérer utile à la compréhension de la chaîne opératoire. Afin d éviter une énième normalisation de dessin, les éclats issus de l industrie meulière peuvent être représentés comme les objets en silex selon les normes de développement de vues «à la française» couramment utilisées (Inizan et al. 1995, 114). Pour les ébauches et notamment les éclats, la représentation des zones «corticales» ou naturelles se fait par un grisé foncé (noir à 75%). Pour les ébauches de cylindres (fig. 15), les traces d outils métalliques apparaissent comme autant de zones en creux (noir à 50%), quelques flèches peuvent parfois symboliser l axe d impact de l outil. Bibliographie : Hamon C., Farget V., Jaccottey L., Milleville A. et Monchablon C : Quelques propositions de normes de dessin et d une grille d analyse pour l étude du matériel de mouture va-et-vient du Néolithique à l âge du Fer, in Buchsenschutz O., Jaccottey L., Jodry F. et Blanchard J.L. (dir.) : Évolution typologique et technique des meules du Néolithique à l an mille sur le territoire français. Table ronde de Saint-Julien-sur-Garonne (F) du 2 au 4 octobre 2009, 23 ème supplément Aquitania, p. 39 à 50, 5 fig. Inizan, M-L., M. Reduron-Ballinger, H. Roche et J. Tixier : Préhistoire de la Pierre Taillée - t. 4 : Technologie de la pierre taillée, Meudon, CREP, 199 p Jaccottey L. et Farget V : Les normes de dessin des meules rotatives, in Buchsenschutz O., Jaccottey L., Jodry F. et Blanchard J.L. (dir.) : Évolution typologique et technique des meules du Néolithique à l an mille sur le territoire français. Table ronde de Saint-Julien-sur-Garonne (F) du 2 au 4 octobre 2009, 23 ème supplément Aquitania, p. 51 à 68, 15 fig. Minvielle-Larousse N. et Bailly-Maitre M.-C : Eléments de méthodologie pour l étude de meules et de moulins à minerai médiévaux, in Buchsenschutz O., Jaccottey L., Jodry F. et Blanchard J.L. (dir.) : Évolution typologique et technique des meules du Néolithique à l an mille sur le territoire français. Table ronde de Saint-Julien-sur-Garonne (F) du 2 au 4 octobre 2009, 23 ème supplément Aquitania, p. 469 à 479, 13 fig. 13/15

14 Figure 14 : dessin des ébauches 14/15

15 Figure 15 : dessin des ébauches de meule en cylindre 15/15

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