REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE
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- Delphine Gervais
- il y a 7 ans
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1 PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE Fiche n 2 : Début de traite précoce en début d automne Valorisation de tout ou partie du lait produit hors cadre interprofessionnel Un peu d histoire DEBUT DE TRAITE : OCTOBRE/NOVEMBRE Initiée au début des années 90 avec la création de la laiterie de Saint Georges et de quelques unités artisanales de transformation, cette période de traite comptait près d une centaine de producteurs au début des années Leur nombre s est fortement multiplié une décennie plus tard, en correspondance à l étalement orienté par les laiteries. Parmi les plus précoces au sein de la période, on retrouve des élevages livrant d abord à Saint Georges ou une laiterie hors Interprofession puis dans le cadre de l Interprofession dès la mi-novembre, ainsi que des exploitations en reconversion plutôt ancienne vers la production ovine laitière (années ) qui ont pu commercialiser le lait en démarrant à cette période sur demande de leur laiterie. Caractéristiques des systèmes d exploitation Ce système repose sur une période de traite longue, d autant plus si l objectif est de maximiser le volume de lait vendu. La période de traite centrée sur l hiver est permise par la quantité et la qualité des stocks récoltés. Ces exploitations se situent pour 50 % sur le Ségala, mais également dans les Rougiers, le Lévézou et moins fréquemment en Causses Nord. L EXPLOITATION EN BREF Troupeau de taille moyenne : 402 brebis en moyenne * SAU moyenne : 71 ha en moyenne * dont 71% de SFP * Données SIEOL 2009 Pourquoi ce choix? Conforter le revenu d une exploitation avec un volume de référence insuffisant Dégager un revenu supplémentaire pour permettre l installation d un associé Mieux valoriser le lait produit Reconvertir l exploitation vers la production ovine laitière en réponse à un créneau de collecte proposé par une laiterie 1
2 Conduite de la reproduction Un lot d adultes à la lutte Un lot d agnelles simultané ou décalé jusqu à 2 mois Lutte à contre-saison sexuelle Forte proportion d IA Taux de mises bas élevé Prolificité élevée Les brebis adultes sont groupées en un seul lot afin d avoir une entrée rapide en traite d un maximum d animaux pour produire du lait à un prix élevé et respecter l engagement de production d automne auprès de certaines laiteries. Dans ce même objectif, les agnelles sont rapidement mises à la reproduction, en même temps ou décalées de 2 mois maximum. La fertilité à l IA est correcte (autour de 70%) malgré quelques difficultés sur les agnelles en lutte précoce. La mortalité des agneaux est maîtrisée. Les mises bas les plus précoces en période chaude (fin d été) demandent des attentions particulières : bâtiment bien ventilé, beaucoup de surfaces disponibles, litière saine. L utilisation de l IA est très importante à cause de la lutte à contre-saison et pour un groupage maximal des mises bas : 75% des adultes et 100% des agnelles. Une période de traite longue pour produire un volume important Une durée de traite assez longue jusqu en juinjuillet pour produire un maximum de lait et, pour certains, assurer les 200 jours de traite dans le cadre de l Interprofession Roquefort. La productivité est élevée du fait de la lactation longue et de l amélioration génétique recherchée. Les brebis ne ressortent au pâturage que très rarement après l agnelage. La mise à l herbe au printemps tend à relancer la production. Une bonne persistance laitière est constatée. La majorité de la production laitière est produite alors que les brebis sont en bergerie. Une ration constante à base de stocks induit une courbe laitière assez régulière. Le TB et le TP sont élevés en deuxième partie de lactation pour la fraction de lait livré dans le cadre de l Interprofession. LA PRODUCTION LAITIERE EN BREF Production laitière /brebis traite élevée : 253 litres en moyenne * Durée de traite : 235 jours en moyenne * TB et TP favorisés par la durée de lactation, élevés pour la part du lait livré dans le cadre de l Interprofession Bonne valorisation du lait grâce à la livraison à deux laiteries : classe III minimisée et bonne qualité des livraisons à l Interprofession de Roquefort. Hors cadre interprofessionnel, la grille de paiement est favorable au lait d automne * Données SIEOL
3 Système fourrager et alimentation Utilisation des surfaces et gestion du pâturage Diagramme annuel représentant l offre d herbe au pâturage et le stade physiologique de la brebis VALORISATION Brebis en allaitement : repousses d herbe disponibles / sortie difficile au pâturage Allaitement DU PATURAGE DE PRINTEMPS, SURTOUT EN ZONES PRECOCES Lactation Brebis en gestation : herbe rare / besoins limités couverts par le pâturage Gestation Brebis en lactation : offre importante d herbe au pâturage / besoins satisfaits Au printemps, la mise à l herbe peut être parfaitement gérée car les brebis sont en deuxième moitié de la lactation : la date peut être précoce et les surfaces adaptées pour apporter la matière sèche nécessaire. En fin de lactation, les brebis peuvent valoriser les prairies à moindre potentiel. En été, les brebis taries à faibles besoins peuvent se satisfaire du pâturage même en année sèche. Miser sur du pâturage d automne est risqué à cause de la repousse aléatoire et du mauvais temps éventuel qui accroît la difficulté de sortir au pâturage en début de lactation. Toutefois, certains éleveurs y parviennent presque chaque année en organisant la bergerie pour trier et sortir les brebis allaitantes ou, pour d autres, en s orientant vers de l affouragement en vert avec implantation de prairies ou de dérobées d automne. Gestion des stocks et alimentation Le lait est majoritairement produit par les stocks distribués : besoin de fourrages en quantité et qualité avec de l herbe récoltée précocement sous forme d ensilage ou de foin séché en grange. Une 2 et 3 coupe de luzerne sont généralement assurées et du maïs est également ensilé dans quelques exploitations. Dans les zones Ségala où cette période de traite est bien représentée, le potentiel des surfaces permet cette intensification. PRES DE 600 KG MS DE FOURRAGES STOCKES PAR BREBIS La gestion de l alimentation hivernale est simple avec une ration constante durant toute la période de bergerie. Achat de fourrages fréquent, en particulier pour l apport de qualité, jusqu à 200 kg par brebis. 160 à 200 kg de concentrés distribués par brebis adulte, selon les objectifs de productivité laitière du troupeau. 3
4 Repères travail Diagramme annuel représentant l articulation entre les travaux saisonniers des surfaces et les travaux concernant le troupeau ORGANISER MB agnelles LA POINTE DE Sevrage agnelles TRAVAIL MB brebis Semis céréales Semis de l herbe D AUTOMNE Moisson, semis RG Ensilage ou enrubannage Fenaison IA brebis IA agnelles Pic de travail de septembre à novembre. Concurrence de tâches : les mises bas et le début de traite sont concomitants des semis de prairies et céréales d automne, et des dernières coupes de foin de luzerne. Travail d astreinte variable selon la main-d œuvre et l organisation, observé de 900 à 1300 heures /UMO pour au moins 2 UMO et 30 à 40 heures de TA/UGB. Période calme en début de printemps puis courte en été entre travaux de récolte et premières mises bas. Et si je décidais d adopter cette période de traite? Conditions de réussite Capacité à faire des stocks pour assurer la production laitière en automne/hiver. Donner le maximum de place au pâturage : au printemps, avec la mise à l herbe précoce et la gestion des parcelles pour atteindre rapidement le pâturage quasi exclusif ; en fin de lactation, utiliser les ressources de prairies à faible potentiel ; s organiser pour utiliser les repousses d automne : prévoir des surfaces à pâturer et gérer des lots d animaux. Au pic de travail, privilégier la main-d œuvre exploitant auprès du troupeau, les semis d automne pouvant facilement être délégués (entreprise ou CUMA). Ont contribué à ce document : Françoise Bouillon (CA 48), Catherine de Boissieu (Institut de l élevage), Bruno Liquière (Confédération Générale de Roquefort), Jean-Claude Mathieu (EDE 81), Claudine Murat (CA 12), Emmanuel Morin (Institut de l élevage), Gilles Noubel (Unotec), Michel WEBER (CA 12). 4
5 PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE FICHE N 2 ILLUSTRATION A PARTIR D UN CAS CONCRET Exemple d une exploitation située en Causses Nord Exploitation spécialisée en traite précoce sur les Causses Nord 71 ha de SAU, 500 brebis, 1340 hl de lait produit Démarrage de la traite au 1 er octobre 2 UMO Objectif de l éleveur : affiner l équilibre global de l exploitation avec la volonté d être économe, respectueux de l environnement, maîtriser le temps de travail et adapter annuellement la conduite du troupeau au contexte climatique, économique et au marché. FONCTIONNEMENT DU TROUPEAU 569 brebis présentes à la mise bas 9 béliers 542 brebis ayant mis bas Taux d IA : 90% Taux de mise bas : 95% Taux de fertilité à l IA : 77% date de début de traite : 1 er octobre 263 jours de livraison 532 brebis traites litres de lait produit 250 litres / brebis présente 230 litres / brebis traite (EMP * = 491 brebis) Taux de prolificité : 173% 937 agneaux nés Taux de mortalité des agneaux : 12% 110 agnelles de renouvellement 710 agneaux vendus * Effectif Moyen Présent Conduite de la reproduction IA Luttes naturelles Mises bas Mois août sept. oct. nov. déc. janv. fév. mars avril mai juin juillet Lot 1 (~510 brebis + agnelles) Lot 2 (~150 brebis) ASSOLEMENT ET PRODUCTION FOURRAGERE Prairies permanentes Association courte durée (ray-grass trèfle violet) Association longue durée (dont luzerne dactyle) Céréales SAU 16 ha 18 ha 20 ha 17 ha 71 ha Enrubannage + Foin 1 ère et 2 ème coupe 560 kg MS fourrages récoltés /brebis 150 kg MS fourrages achetés /brebis 5
6 REPERES ECONOMIQUES (CAMPAGNE 2009) Résultats de l atelier ovin lait Total / EMP EMP = 491 Produit brut ovin lait dont lait coproduit viande aides ovines Charges opérationnelles ovin lait dont charges d alimentation directe frais divers élevage frais surfaces fourragères Marge sur coût alimentaire Marge brute ovin lait Marge brute / produit brut ovin lait (%) 62% Résultats d exploitation Produit brut dont atelier ovin lait Charges opérationnelles Dépenses de structure hors amort. et frais fin Excédent brut d exploitation Excédent brut d exploitation / produit brut (%) 33 % Annuités et frais financiers CT Revenu disponible Revenu disponible /UMO exploitant Lait vendu à 965 /1000 litres en moyenne avec 2 laiteries : 55% dans le cadre interprofessionnel Vente des agneaux en période favorable Coût de production de l atelier ovin lait (/ 1000 litres de lait produit) En 2009, le résultat économique permet de rémunérer la main-d œuvre à 0,5 SMIC/UMO. Toutefois, les exploitants disposent de 1,4 SMIC/UMO de disponible en trésorerie, décalage qui s explique par des amortissements bien plus élevés que le remboursement d emprunt. Dans ce système sur Causses, la production fourragère est très sensible aux aléas climatiques : les achats de fourrages sont très variables selon les années, et la productivité laitière peut en subir les répercussions. Les résultats 2009 sont moyens, tant en charges alimentaires qu en lait par brebis et prix du lait : 2010 verra une marge améliorée par le prix du lait et la productivité alors que les achats de fourrages sont supérieurs. Charges Travail Foncier et capital Frais divers de gestion Bâtiments et installations Mécanisation Frais d élevage Appro. des surfaces Appro. des animaux Produits Lait commercialisé Produit viande Autres produits Aides 6
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