LA CULTURE EST-ELLE EN PÉRIL?

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1 @ RENCONTRES INTERNATIONALES DE GENÈVE TOME X (1955) LA CULTURE EST-ELLE EN PÉRIL? Débat sur ses moyens de diffusion : Presse, cinéma, radio, télévision Georges DUHAMEL - Wladimir PORCHÉ Giacomo DEVOTO - André CHAMSON Ilya EHRENBOURG - Jean DE SALIS

2 Édition électronique réalisée à partir du tome X (1955) des Textes des conférences et des entretiens organisés par les Rencontres Internationales de Genève. Les Éditions de la Baconnière, Neuchâtel, 1955, 370 pages. Collection : Histoire et société d'aujourd'hui. Promenade du Pin 1, CH-1204 Genève 2

3 TABLE DES MATIÈRES (Les tomes) Avertissement - Introduction DISCOURS D OUVERTURE : Alfred Borel Antony Babel : Les nouvelles techniques de diffusion et l avenir de la culture. Georges DUHAMEL : Crise de civilisation. Conférence du 7 septembre. * PREMIER ENTRETIEN PUBLIC : Crise de civilisation, le 8 septembre. Wladimir PORCHÉ : Le rôle de la radio-télévision dans l évolution de la connaissance. Conférence du 8 septembre. DEUXIÈME ENTRETIEN PUBLIC : Le rôle de la radio-télévision dans l évolution de la connaissance, le 9 septembre. Giacomo DEVOTO : La liberté et les limites de la science. Conférence du 9 septembre. ENTRETIEN PRIVÉ : La création face aux techniques, le 10 septembre. TROISIÈME ENTRETIEN PUBLIC : La liberté et les limites de la science, le 10 septembre. André CHAMSON : Langage et images. Conférence du 12 septembre. QUATRIÈME ENTRETIEN PUBLIC : Langage et images, le 13 septembre. Ilya EHRENBOURG : Le chemin du siècle. Conférence du 13 septembre. CINQUIÈME ENTRETIEN PUBLIC : Le chemin du siècle, le 14 septembre. SIXIÈME ENTRETIEN PUBLIC : L éducation populaire, le 15 septembre. Jean DE SALIS : Perte ou métamorphose de la culture? Conférence du 15 septembre. SEPTIÈME ENTRETIEN PUBLIC : Perte ou métamorphose de la culture?, le 16 septembre. HUITIÈME ENTRETIEN PUBLIC : Pour une culture populaire, le 17 septembre. * Index : Participants aux conférences et 3

4 p.007 Le présent volume contient l ensemble des conférences et des entretiens des X es Rencontres Internationales de Genève. L introduction dont nous avons fait précéder ces textes, et qui est empruntée au programme des Rencontres Internationales de Genève, précise l orientation que le Comité d organisation entendait donner à ces manifestations. Pour les conférences, nous les publions, comme chaque année, in extenso et telles que les auteurs les ont prononcées 1. Quant aux entretiens, ils ont été établis sur la base du sténogramme de chaque séance. Le but que nous nous assignons en les publiant reste le même : nous essayons de restituer le vif des débats, d en dégager les lignes de force, la direction principale, d en marquer les articulations, de rendre enfin, dans la mesure du possible, nette et significative la confrontation des thèses en présence. C est dans ce seul but que certaines digressions et certaines interventions, qui n ont pas directement rapport avec le sujet du débat, ont été résumées. Précisons enfin que nous nous sommes efforcés de conserver au texte des interventions leur caractère 1 Celle de M. Georges Duhamel retenu par la maladie a été lue par M. Jean Amrouche. 4

5 Le Comité d organisation des Rencontres Internationales de Genève est heureux de pouvoir exprimer ici sa gratitude à ceux dont l appui généreux lui a permis d assurer le succès de ces X es R.I.G., et tout particulièrement à l UNESCO et aux autorités cantonales et municipales de Genève. 5

6 INTRODUCTION p.009 Notre époque voit un accroissement prodigieux des moyens d information, qui a modifié et modifie, dans une mesure incalculable, les conditions faites à la culture. Quelles seront les conséquences de cette sorte de bouleversement apporté par les diverses techniques dont dispose l homme contemporain? Aujourd hui, les arts plastiques eux-mêmes ont, selon le mot de Malraux, «inventé leur imprimerie». Ce «musée imaginaire», qui est venu doubler en quelque sorte le musée tout court, fait que le plus petit étudiant est désormais mieux renseigné sur les civilisations non européennes, sur l art sumérien, chinois ou indien, que le plus grand critique d il y a un siècle. Mais cet apport dû au perfectionnement des procédés typographiques, aux illustrations et aux reproductions qu est-il, comparé à la diffusion par le disque, le cinéma, la radio, désormais par la télévision? Il est normal de s interroger sur les avantages et les inconvénients de ces moyens nouveaux, dont l influence est immense, sans commune mesure avec celle d aucune autre époque. De s interroger, en somme, sur leur nature, leur qualité, leurs effets. Ne se produit-il pas, du fait de la commercialisation des procédés de diffusion nous pensons ici au cinéma surtout et aux magazines de toutes espèces une exploitation organisée d instincts humains que la culture, jusqu ici, s efforçait de maîtriser? Comment éviter que ces moyens ne deviennent les instruments d une propagande néfaste pour la culture authentique, laquelle comporte une réelle activité intérieure, un effort personnel, un esprit critique? Comment le respect de la vérité, comment le souci de la beauté, peuvent-ils conserver leurs droits? Certes, dans la situation actuelle, les réactions, souvent plus sentimentales que réfléchies, sont divergentes. D aucuns redoutent la passivité qu encouragent chez l auditeur, le spectateur, voire le lecteur, les conditions de notre temps. Ils déplorent que les exigences d une culture désintéressée disparaissent sous la 1 Thèmes de discussions proposés par les organisateurs des R.I.G

7 poussée d un certain public trop enclin à confondre information hâtive et connaissance véritable. Ils craignent que la radio, p.010 le cinéma, les digests, ne donnent aux jeunes l illusion de se cultiver à bon compte. D autres estiment que la multiplication des moyens d information, même s ils dispensent une nourriture spirituelle souvent discutable, représente un avantage par rapport à un passé où la culture était l apanage quasi exclusif d une classe de privilégiés. Ils espèrent que notre époque verra naître une nouvelle forme de culture, adaptée aux exigences encore confuses du monde contemporain. Les Rencontres Internationales de Genève, en ouvrant la discussion sur ces problèmes, n entendent pas préjuger de leur solution. Elles souhaitent seulement qu un débat, aussi objectif que possible, projette quelque lumière sur une question qui, à juste titre, préoccupe aujourd hui tous les hommes qui 7

8 GEORGES DUHAMEL CRISE DE CIVILISATION p.011 La plupart des lexicologues et Littré tout le premier nous rappellent que le mot de crise est d abord un mot du langage médical. Ce mot vient du grec et signifie, étymologiquement, le phénomène, bon ou mauvais qui, survenant dans le cours d une maladie, a valeur de décision et incline l observateur à juger la conjoncture. Nos vieux maîtres disaient, non sans optimisme, quand ils voyaient un malade atteindre l acmé des troubles : «La crise est libératrice.» Bien que le mot de crise ait été, dans la suite des ans, utilisé en politique, en économie, et en bien d autres circonstances, j entends lui conserver son sens originel. La civilisation du monde humain traverse une crise. Elle est malade, force nous est de le reconnaître. Elle peut triompher des maux qui la tourmentent et nul ne le souhaite plus ardemment que moi. Elle peut aussi, dans cette épreuve qui traîne en longueur et se complique chaque jour à nos yeux, sombrer pour longtemps, ce qu Einstein et d autres savants n ont cessé d annoncer depuis la seconde guerre mondiale. Si, comme doit faire tout médecin attentif, j entends étudier l anamnèse de cette maladie et de cette crise, je ne crois pas inutile de remonter jusqu au XVII e siècle et de considérer comme un des événements de la plus haute importance la nette description de la méthode inductive dans deux ouvrages publiés à 1 Conférence du 7 septembre

9 quelques années d intervalle, c est-à-dire le Novum organum de François Bacon et p.012 le Discours de la méthode, de René Descartes. On ne manquera pas de m objecter que l effort de ces deux philosophes s inscrit dans une longue histoire dont elle ne forme qu un épisode. En vérité, le siècle de Descartes, ce n est pas le XVII e siècle, c est très exactement notre siècle, le XX e. Je ne suis certainement pas de ceux qui, considérant la marche de l humanité, ce que l on appelle, non sans lyrisme, le progrès, se détournent avec humeur et parlent absurdement d un retour à la nature. Si jamais un retour à la nature se produisait, il serait sans nul doute la conséquence de catastrophes prodigieuses. Par habitude, et conformément à ma formation d origine, la formation médicale, je demande à juger et je ne me refuse pas à suivre la tradition hippocratique, c est-à-dire à faire des pronostics. Descartes a mis entre les mains de ses semblables un instrument dont l usage pouvait «nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature». La question est de savoir de quelle manière les hommes ont employé cette puissance qui leur était ainsi promise. Le problème est et demeure de considérer les événements du temps, et de dire si nous ne pouvons pas ne point nous rallier à l amère sagesse de Pascal quand il dit : «Tout ce qui se perfectionne par progrès périt aussi par progrès.» Les hommes de ma génération, en ouvrant les yeux, ont découvert un monde qui semblait en équilibre, au point de vue temporel et au point de vue intellectuel ou moral. Cet équilibre était, on l entend bien, fondé sur l injustice, l arbitraire, l abus de pouvoir. J ose ajouter que si, de nouveau, dans l avenir, un régime d équilibre parvient à s imposer au monde humain, l injustice, l arbitraire et l abus du pouvoir ne peuvent pas ne point tenir leur 9

10 partie dans le concert. La race blanche avait, non sans violence, imposé sa loi de fer au monde entier. Les conflits entre les membres de cette collectivité blanche ensanglantaient périodiquement les continents et les mers. Depuis plusieurs siècles, les hommes s efforçaient, avec des succès sensibles mais modestes, de mettre au travail certaines formes de l énergie. Le résultat de ces recherches était de nature à réchauffer toutes les espérances. Dans un écrit composé avec la ferveur de la jeunesse et bien inexplicablement publié trente années plus tard, à la veille de la mort, Ernest Renan prêchait la p.013 confiance dans l avenir de la science et affirmait que jamais les Barbares ne sauraient employer à leur égoïste profit les inventions accomplies par les savants... En fait, l ambition, la haine et la sottise n étaient alors ni moins ni plus fortes qu aujourd hui, mais ces passions ou ces dispositions d esprit manquaient d instruments et d armes. J ai lu, voici peut-être dix ans, un livre bien fait, bien documenté, nourri de remarques pertinentes et dont l auteur s efforce de prouver que l humanité, depuis des millénaires, applique avec efficacité les mêmes principes, et que toutes les inventions modernes sont en germe dans les pratiques et les procédés de nos ancêtres. Je veux bien reconnaître que, si l on s en tient aux mots, une phrase prise, par exemple dans Les Sept contre Thèbes, d Eschyle, pourrait se retrouver presque lettre à lettre dans un récit de guerre moderne : «Celui qui combat devant la porte Capène, celui-là combat sur un char.» J ai montré, dans un écrit intitulé Homère au XX e siècle, que l humanité, pendant la guerre de Troie, ne s est pas comportée autrement que pendant ces guerres que nous disons, aujourd hui, mondiales. Je veux bien 10

11 reconnaître, avec Hippocrate, qu aujourd hui, comme il y a vingtcinq siècles, le levier, le coin et la manivelle restent au principe de certains actes médicaux et chirurgicaux. Il n en demeure pas moins que des sources d énergie d une puissance chaque jour plus grande ont été mises à la disposition des individus et des collectivités. Je considère que la date cardinale, celle que l on peut choisir pour marquer la fin d un des âges du monde et le commencement d un autre temps, c est la mort de Louis Pasteur, survenue en Des découvertes admirables, telle, par exemple, la vaccination jennerienne, auraient pu inspirer aux observateurs des méditations colorées d une inquiétude assurément désespérante. On connaît la réflexion du marquis Ito, de cet homme politique japonais, quand la vaccination antivariolique fut répandue dans l archipel de sa patrie, réflexion qui peut se résumer ainsi : «Qu allons-nous faire de tous ces gens que vous allez sauver?» Et l on sait que, pendant un demi-siècle, les solutions proposées, dans cette région du monde, ont été les absurdes et inefficaces solutions militaires. p.014 Il est certain que Pasteur lui-même n a pas été visité une minute par le doute en ce qui concernait la noblesse et la pureté de sa mission. Il nous a fallu vivre cinquante années de plus que ce grand homme pour entendre, non sans honte et douleur, évoquer les chances d une guerre bactériologique. Je le répète, les hommes de ma génération, qui ont vu s élancer sur les routes les premières automobiles, qui ont assisté en curieux aux premières démonstrations publiques de l aviation, qui ont assisté, en esprit du moins, aux exploits des premiers sousmarins, qui ont pu constater, beaucoup plus tard et de visu, les 11

12 effets de la bombe atomique, les hommes de ma génération qui ont été les témoins d événements considérables comme la naissance du cinéma, le règne de la radio et de la télévision, la découverte des rayons X et des rayons gamma je cite quelques inventions, il en faudrait citer beaucoup d autres, les hommes de ma génération n abusent pas des mots quand ils parlent d une crise de civilisation. A vrai dire, c est pendant la première guerre mondiale que je me suis senti tourmenté, puis envahi par le doute d abord, par l angoisse bientôt. Chose étrange, les historiens et les poètes épiques semblent, à travers les siècles, avoir seuls assumé la fonction de narrer et de commenter les aventures guerrières. Rares ceux qui se trouvaient avoir pris une part personnelle aux événements militaires qu ils ont racontés. Xénophon pourrait être donné en exemple et, dans un tout autre domaine, Hamilton. Les armées de métier se trouvaient composées d hommes dont les vertus militaires pouvaient être remarquables, mais qui n avaient ni l expérience ni les dons, ni les moyens nécessaires pour témoigner. Si l on met à part les poèmes épiques dont on sait qu ils n ont jamais été faits par les témoins des grandes tragédies et que le génie seul les a inspirés, il faut arriver à l époque moderne pour nous trouver renseignés sur les pensées, les souffrances, les espoirs et les humbles douleurs des hommes engagés dans de telles aventures. Je fis, dans mon cœur, serment, dès l année 1915, de servir de témoin au peuple muet des combattants et des blessés. Je pris aussi la résolution d attacher toutes mes facultés critiques à l étude patiente et progressive du phénomène qui se développait sous p.015 mes yeux et auquel je donne, après tant d années d étude, le nom 12

13 de crise de civilisation. Entre les deux guerres mondiales et depuis le second conflit, j ai fait de grands voyages autour du monde et non certes dans un besoin de divertissement, mais pour appliquer diverses méthodes qui permettent, par exemple, aux anatomistes de comprendre la structure de certains organes en observant l être jeune ou, comme l on dit dans le jargon moderne, l être sousdéveloppé, l être malade et, enfin, les espèces voisines. J ai rapporté, de mes voyages, maintes relations. La plupart démontrent que le temps de la découverte poétique et pittoresque est probablement révolu, que notre temps est le temps des problèmes. La crise de civilisation est complexe. Pour en donner, même sommairement, une image d ensemble, il faudrait aborder les problèmes politiques, sociaux, économiques dont la complexité tient essentiellement à l application de certaines techniques nouvelles qui ont ébranlé l équilibre de nos sociétés. J entends, dans le présent entretien, m en tenir aux désordres survenus dans les travaux de l intelligence, dans le régime de la culture, dans les conditions du travail créateur, dans les disciplines pédagogiques et, aussi, dans les professions libérales, dans l exercice notamment de l une d entre elles, la médecine, qu il m arrivera parfois de prendre pour exemple. Il y a trente ans, l homme qui s avisait d exprimer un doute sur la nature et l efficacité véritable de ce que l on appelait non sans intempérance le progrès, il y a trente ans, dis-je, cet homme était considéré comme un survivant du XVIII e siècle, comme un disciple attardé de Jean-Jacques. La seconde guerre mondiale a notablement modifié les vues de l observateur moyen. L inquiétude n a cessé de croître. Les plus grands savants ont jeté des cris 13

14 d alarme. Chaque jour, je reçois des livres, des brochures, des articles où se manifeste une juste et nécessaire inquiétude. Au moment même où je préparais par écrit la substance de cet entretien, je venais de lire l un des derniers parus de ces ouvrages qui sont souvent des examens de conscience. Je veux parler du livre de mon confrère de l Institut, d Emile Girardeau, intitulé : Le progrès technique et la personnalité humaine. La plupart des hommes attentifs savent p.016 que ce que j appelais en 1929 «les scènes de la vie future» pourrait s appeler aujourd hui «scènes de la vie présente» et s appelleront, bientôt, «scènes de la vie d hier». Nous faudrait-il vingt fois, cent fois poser les mêmes questions en pleine lumière, nous devons le faire, pour prévenir peut-être de nouvelles et irréparables catastrophes. Nul mot n est présentement plus difficile à définir que le mot de civilisation. Comment définir avec fermeté un mot et une idée qui sont en perpétuel devenir? La définition de notre maître Littré ne nous donne plus satisfaction. Pour moi, chaque année, je rectifie, pour mon usage personnel tout au moins, une définition qui ne parvient pas à immobiliser ses frontières. Pour moi, à cette heure même, la civilisation est l ensemble des recettes ou traditions, des doctrines morales et religieuses, des règles sociales, des philosophies, des œuvres d art, des méthodes et des disciplines scientifiques, de toutes les connaissances qui, transmises par l enseignement du maître et par les pratiques de la lecture, permettent à l humanité de surmonter et de suppléer les forces de l instinct. L instinct, dans l espèce humaine, ne s exerçant que dans un certain nombre de nos actes, c est l éducation ou la culture qui doivent parer à réglementer notre comportement psychique, nos actes et nos œuvres. Chaque homme doit, et c est en cela qu il se 14

15 distingue des animaux, réapprendre le monde. S il est favorisé par des dons exceptionnels, par l imagination, le pouvoir créateur, la passion du travail, il aura peut-être la chance d ajouter quelque chose au trésor de civilisation propre au peuple parmi lequel il vit, ou même au trésor de la civilisation générale, s il est vraiment au petit nombre des élus. Les méthodes pédagogiques sur lesquelles est fondé notre système de culture intellectuelle semblaient réglées par de longs siècles d expérience. Elles étaient fondées sur l effort individuel, sur la faculté d attention, sur les gymnastiques apparemment désintéressées de l esprit, sur un sage développement de la mémoire permettant à l homme d aller, sans vaine perte de temps, retrouver p.017 les choses où elles sont. Le rôle sans cesse grandissant de l information, dont je me garderai bien de nier la nécessité, avait amené les défenseurs de la culture véritable à établir et à maintenir une différence rigoureuse entre l information et la connaissance. L individu vivant en société s efforçait de se plier aux règles d une telle existence ; il devait respecter les conventions qui permettent à une communauté, quelle qu elle soit, de subsister par l accord de ses membres. Tels étaient, en bref, les principes de ce que je tiens encore, malgré maintes imperfections, à considérer, dans l ordre de la culture, comme un régime d équilibre, comme un régime qui avait fait ses preuves, qui avait donné dans tous les domaines des hommes remarquables, poussé puis maintenu pendant longtemps au premier rang plusieurs nations de l Europe. Je ne parle pas du Nouveau Monde, où les problèmes évoluaient très vite et selon d autres normes et d autres objectifs aussi. Je pense, jusqu à nouvel ordre, jusqu à preuve de mon erreur, je pense que l Europe et le continent méditerranéen 15

16 pour parler comme Valéry et comme Gabriel Audisio sont doués du génie de l invention. L Amérique nous a prouvé qu elle possède le génie de l application. Il est possible que ces vertus distinctes tiennent, comme le bouquet des vins ou la saveur des fruits, à certaines propriétés du terroir, à ce que Gabriel Bertrand appelle volontiers des oligo-éléments, présents ou absents dans la nourriture des multitudes. Il est possible aussi que ces propriétés se trouvent mises à l épreuve par les très anciennes pratiques pédagogiques dont je viens de faire une rapide énumération. La Russie, pendant deux siècles, c est-à-dire entre Pierre le Grand et la révolution de 1917, s est résolument tournée vers l Occident. Elle a donné, dans cette période, ses plus grands écrivains, ses plus grands musiciens et ses plus grands savants. Que pouvonsnous, que devons-nous attendre d elle, maintenant que, retranchée de l Europe, elle se replie sur elle-même et ne quitte cette position que pour regarder vers l Asie? Voilà ce que nous dira le proche avenir. J en viens à examiner les modifications profondes qui se trouvent marquer, dans l ordre intellectuel, ce que j appelle, depuis le début de notre entretien, la crise de civilisation. Presque toutes ces p.018 modifications ont été déterminées par les applications des techniques modernes. Je dois faire, sans plus tarder, une nécessaire différence entre certains degrés de la connaissance, en matière scientifique. Louis de Broglie s est défendu, en diverses occasions, d être un savant de laboratoire. Il a dit avec beaucoup de modestie et beaucoup d orgueil qu il était un philosophe de la science. En fait, les philosophes de la science se placent au sommet. J ai cité Descartes et Bacon, on en pourrait heureusement citer beaucoup d autres. 16

17 J appelle encore, sans ordre, et presque au hasard, Pascal, Lavoisier, Gay-Lussac, Berthelot, Claude Bernard. Pasteur offre un grand exemple : philosophe de la science et créateur de la biologie moderne, il se présente aussi comme un expérimentateur exemplaire, malgré son infirmité physique. Il est un incomparable chef d école. En bref, le philosophe de la science est celui qui établit des lois. Il arrive qu un chercheur se trouve entrevoir un phénomène de grande importance, mais ne poursuit pas son travail jusqu à l établissement d une loi. C est ce qui est arrivé à Duchêne de Lyon, qui a découvert, il y a un demi-siècle, l antagonisme des moisissures et des cocci, mais qui, sollicité, distrait par un incident de sa carrière, n a pas poussé son travail plus loin, ce qui nous amène à reconnaître que l invention des antibiotiques est, en définitive, l œuvre d Alexander Fleming et des chercheurs d Oxford. Le technicien est celui qui n a pas énoncé quelque grande loi de la nature, mais qui, ayant étudié une telle loi, découvre certaines applications de cette loi, invente des appareils et arrive souvent à transformer ainsi non seulement la vie des individus et des groupes, mais encore l économie et donc, par la suite, l équilibre social. Le technicien n en est pas moins un savant du second rang. Entre le cohéreur à limaille de Gustave Branly et nos actuels appareils de radio, il y a sans doute place pour une foule de recherches techniques. N empêche que l initiateur est Branly. A l autre bout de la chaîne se trouvent les ouvriers habiles qui apportent un détail, remanient un dispositif, parviennent à résoudre une petite difficulté, s inscrivent, somme toute, à la suite des techniciens. p.019 Je viens de parler de la radio. Tous les observateurs ont 17

18 accueilli cette découverte considérable avec la plus grande curiosité, la plus grande reconnaissance aussi. Le voyageur qui traverse en avion, très haut, les immenses déserts de l Afrique ou de l Asie et à qui l on apporte soudain un radiotélégramme chargé des nouvelles qu il attend, ce voyageur reconnaîtra sans peine que la découverte de Branly a profondément modifié la vie de chacun de nous. Reste à savoir la place que peut et doit prendre la radio dans un régime de civilisation bien équilibré. C est un problème que j ai souvent abordé dans mes écrits et que j ai choisi pour thème, en 1938, quand j ai pris la parole, au nom de l Académie française, à la séance publique annuelle des cinq académies. (Radiophonie et culture intellectuelle.) Il m apparaissait, dès ce temps-là, que la radio modifierait sans nul doute notre système de culture, mais qu elle ne l améliorerait pas nécessairement, certes non. Et pourquoi? C est que la radio se trouve au premier rang des inventions dont l usage intempérant et maladroit tend à corrompre et peut-être à ruiner la faculté d attention, principe de toute culture. Je n entends pas, disant ce que je vais dire, jeter en vain le discrédit sur une découverte étonnante, mais bien mettre en garde mes contemporains et mes arrière-neveux contre certaines déviations de l usage. Il est bien évident que si l énergie atomique, par exemple, convenablement attelée j emploie ici une image qui ne doit pas être mal interprétée, travaillait uniquement pour alléger la peine des hommes, elle aurait, dès son apparition dans la vie de nos sociétés, été saluée par un cantique de gratitude. Elle contribue au contraire à faire vivre les hommes de notre temps dans une angoisse chaque jour grandissante. Tous nos problèmes sont désormais dominés par la question de l emploi des 18

19 techniques, des déviations criminelles ou absurdes que l on fait subir à la pensée primitive des découvreurs, des philosophes de la science. J ai visité la ville d Hiroshima, sept ans après l explosion de la bombe. J ai vu les ruines, les brûlés, les survivants, les orphelins ; j ai pris, sur place, et de sévères leçons et de fermes résolutions. Je reviens à la radio, non pour traiter le problème complètement, nous n en aurions pas le temps ici, mais pour aborder certaines p.020 questions que j estime urgentes et graves. L enregistrement de la musique ou des paroles sur ruban de magnétophone représente assurément un progrès dans l ordre technique. Et voici que ce progrès commence d inquiéter les personnes qui ont de fréquentes occasions de parler à la radio. Tous les écrivains sont, et ce n est pas d hier, menacés par les fantaisies ou par la malveillance intéressée des interpolateurs. Le plus souvent, les historiens, les commentateurs loyaux retrouvent des textes qui leur permettent de rétablir, dans sa forme originale, le développement d un discours, par exemple. Qu il s agisse d un philosophe, d un théologien, d un savant ou même d un narrateur, d un poète, nous avons lieu de redouter et de blâmer ceux qui, par ignorance, orgueil ou obstination partisane, s efforcent de dénaturer, de défigurer la pensée d une personne qui n est plus là pour se défendre, pour rétablir un certain ordre qu elle reconnaît sien. Les techniciens du magnétophone ont accoutumé, en vue de pallier les indécisions des orateurs, de pratiquer des coupures dans le ruban. Petit à petit, de même que, souvent, les secrétaires de rédaction, dans certains journaux, arguant de leur expérience, modifient le titre d un article, suppriment quelques lignes, 19

20 improvisent un raccord, introduisent ce que l on appelle des soustitres, petit à petit les techniciens de la radio, observant une consigne ou agissant de leur propre chef, taillent, retaillent, recollent le ruban de telle manière que l auteur de l émission peut se trouver dire ce qui n est aucunement sa pensée, ce qui est même le contraire de sa pensée. Or, pour ceux qui connaissent la voix ainsi transmise, ils ont une tendance bien naturelle à reconnaître cette voix, même s ils demeurent stupéfaits par la démarche de la pensée. Je ne suis pas le seul à protester contre ces pratiques. J ai reçu récemment un fascicule de la revue Les Pierres de France, dans lequel M. Achille Carlier s insurge contre les déformations infligées à sa pensée dans les conditions que je viens de dire. J ai souri : les écrivains ne connaissent que trop ces attentats contre l individu et contre l œuvre de l individu. On a cru qu un instrument propre à diffuser sur d immenses p.021 régions de l espace la parole humaine, les cris, les bruits, la musique enfin, ne tarderait pas à susciter des artistes qui écriraient spécialement pour cet instrument. Je viens d employer le verbe écrire et, par ainsi, j affirme la primauté de l écriture. Verba volant, scripta manent, comme disait la sagesse populaire des Latins. N empêche que des hommes se sont mis au travail, dans l espoir d engendrer des ouvrages expressément destinés à la radio. N existe-t-il pas désormais un art expressément cinématographique? N existe-t-il pas des ouvrages composés pour le cinéma par des artistes que l on nomme scénaristes et que je préférerais, pour mon usage personnel tout au moins, appeler cinémistes? Mais une œuvre de cinéma, si d aventure elle séduit la critique et le public, a des chances de passer plusieurs centaines de fois sur les écrans des pays francophones, dirai-je pour prendre 20

21 un exemple. De là, et grâce à un artifice qui n exige pas l intervention minutieuse d un traducteur, elle prend la route et fait le tour du monde. Le cinémiste sera payé de ses peines. Il n en est pas ainsi de l écrivain qui écrit spécialement pour la radio. Son œuvre sera diffusée une fois, puis deux sur la chaîne nationale, je veux le croire. Il sera peut-être repris par quelques chaînes provinciales. Pour sortir des pays francophones, cette œuvre devra supporter l épreuve chanceuse de la traduction. Dans quel état se présentera-t-elle aux peuples des antipodes? Telles sont les questions anxieuses que se posent les écrivains sollicités par la création d œuvres spécifiquement radiophoniques. A vingt reprises, je suis revenu, dans mes écrits, sur la nature, le rôle, l importance et les expériences du cinéma, en noir et en couleur. Je n ai pas l intention, ici, de reprendre cette controverse, bien qu elle évolue jour à jour, avec les indéniables progrès de la technique. Je reconnais, tout d abord, que la radio, le disque et la télévision sont de grand secours en ce qui concerne la vie des malades, des infirmes, des vieillards, des solitaires. J ajoute qu à l occasion d une interview télévisée, puisque c est ainsi que l on dit, par l excellente émission Lectures pour tous, qui amène les auteurs des livres à parler de leurs ouvrages, il m est arrivé d exprimer le vœu de voir la radio et la télévision non point supplanter le p.022 livre, mais servir une cause à mes yeux sacrée, la cause du livre. Rien n est perdu si les hommes au lieu de s abandonner à de vaines distractions qui, comme l a fort bien dit notre Pascal, le détournent de la contemplation des problèmes essentiels, si les hommes, dis-je, consentent à mettre en jeu tous les moyens dont ils disposent désormais pour mieux se connaître, pour mieux connaître le monde, pour s élever par l étude et par le travail. 21

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