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13 Notes Notes de l'avant-propos 1. «Dans les habitudes littéraires [des Tlôniens], l'idée -d'un sujet unique est également toute-puissante. Il est rare que les livres soient signés. L'idée de plagiat n'existe pas : on a établi que toutes les œuvres sont l'œuvre d'un seul auteur, qui est intemporel et anonyme» (Borges, «Tlôn Uqbar Orbis Tertius», in Fictions, Paris, Gallimard, 1951, p. 36). 2. Il y a lieu de distinguer l'auteur qui n'a écrit qu'un seul livre et l'auteur qui en a écrit plusieurs : dans le premier cas, le nom de l'auteur n'ouvre aucun «horizon d'attente»; dans le second, il renvoie à un déjà connu. Ph. Lejeune note, à ce propos : «Peut-être n'est-on véritablement auteur qu'à partir d'un second livre, quand le nom propre inscrit en couverture devient le " facteur commun " d'au moins deux textes différents et donne donc l'idée d'une personne qui n'est réductible à aucun de ses textes en particulier, et qui, susceptible d'en produire d'autres, les dépasse tous» (Le Pacte autobiographique, Paris, Éd. du Seuil, 1975, p. 23). 3. Cette remarque n'est pas seulement valable pour la culture arabe. G. Genette écrit, à propos du classicisme français : «Dans la conscience poétique du classicisme, tout trait stylistique individuel est, pour ainsi dire aussitôt que perçu, interprété ou converti, et par là résorbé, en caractéristique générique intemporelle «(Palimpsestes, Paris, Éd. du Seuil, 1982, p. 97). 4. Nous citons la traduction d'e. Chambry, Paris, Les Belles Lettres. Cf. G. Genette, Figures II, Paris, Éd. du Seuil, 1969, p ; R. Dupont-Roc, «Mimesis et énonciation», in Ecriture et Théorie poétiques, Presses de l'école normale supérieure, 1976, p «L'œuvre poétique n'est pas l'assemblée du peuple où chacun parle à son tour et en son nom. Le poète est seul et la parole n'est qu'à lui : il n'a personne à qui la donner» (J. Lallot, «La mimesis selon Aristote et l'excellence d'homère», in Ecriture et Théorie poétiques, op. cit., p. 15). 6. Pour résumer, nous dirons qu'un auteur peut assumer un discours, c'est-à-dire parler en son nom ; il peut également rapporter un discours (c'est le cas de la citation); il peut enfin attribuer un discours à un personnage historique ou à un personnage fictif. Ces trois classes peuvent être ramenées, si on néglige quelques nuances, à deux seulement : a) le discours assumé b) le discours rapporté : - sans attribution - avec une attribution :

14 exacte fausse frauduleuse fictive. Lorsque la voix du locuteur interfère avec celle de la culture, il est parfois malaisé d'établir avec précision l'origine de l'énoncé. Sur cette part de discours diffus, collectif et anonyme, voir R. Barthes, S/Z, Paris, Éd. du Seuil, 1970, p. 48; D. Sperber, Le Savoir des anthropologues, Paris, Hermann, 1982, p Ju. M. Lotman et A. Pjatigorskij, «Le texte et la fonction», in Semiotica, 2, 1969, p Cf. M. Arkoun, Contribution à l'étude de l'humanisme arabe au ive/xe siècle, Paris, Vrin, 1970, p Sur la notion d'auctoritas dans le discours théologal médiéval, voir A. Compagnon, La Seconde Main, Paris, Éd. du Seuil, 1979, p Notes du chapitre 1 1. Les «Mou'allaqât», poésie arabe préislamique, Paris, Éd. Seghers, 1978, p. 161 (trad. fr. par J.-J. Schmidt). 2. A ces motifs s'associe parfois celui des larmes, comme on peut le constater dans l'ode d'imru' ul-qays (ibid., p ) : Arrêtez-vous et pleurons au souvenir d'un être aimé et d'un campement, aux confins de la dune [...] A présent, près de moi, mes compagnons avaient arrêté leurs montures : «Ne laisse pas le chagrin te consumer, courage!» me disaient-ils. De verser une larme m'apaise. Mais à quoi sert de pleurer sur les traces effacées d'un campement évanoui? 3. Cf. B. Tomachevski, «Thématique», in Théorie de la littérature, textes des formalistes russes, Paris, Éd. du Seuil, 1966, p Cf. H. Bloom, The Anxiety of Influence, Oxford University Press, 'Umda. I, p Ibid. 7. Ibid. 8. Nom de la femme aimée. 9. Les «Mou'allaqât», op. cit., p Ibid., p Ibid., p Ibn Manzûr, Akhbâr Abî Nuwâs, p. 55; cité par A. Trabulsi, La Critique poétique des Arabes jusqu'au Ve siècle de l'hégire, Damas, 1955, p Une initiation analogue à celle d'abû Nuwâs a été imposée à un orateur : «Mon père me fit apprendre mille discours oratoires puis me dit :