KRAKEN. 52 rue de la République, Marseille. Le 52 rue de la République est un espace de 300m2 dédié à des résidences et expositions.

Transcription

1

2 KRAKEN «Sous les agitations de la surface Loin, loin, dans le calme des abysses, Enveloppé de son très vieux sommeil sans rêve, Repose le Kraken.» Extrait du poème Le Kraken de Tennyson (1830) Marine Douet et Anaïs Lelièvre déploient des pratiques qui transitent et persistent entre plan et émergence, percée et recouvrements. Dans un site en mutation, les croisements de la peinture et du textile, du dessin et de la céramique donnent lieu à des présences incertaines et dynamiques. Teintures, voilages, trouées, grattages animent le regard à la surface des murs et du sol. Vernissage le vendredi 12 mai 2017 à 18h. Exposition du 13 au 27 mai Ouvert les mercredis, jeudis, samedis et dimanche, de 14h à 18h. Et sur rendez-vous : douet.marine@gmail.com ; anais.lelievre@neuf.fr 52 rue de la République, Marseille. Le 52 rue de la République est un espace de 300m2 dédié à des résidences et expositions.

3 > MARINE DOUET Depuis plusieurs années, ma pratique a trait à l'espace de la peinture et son support. Je montrerai des travaux réalisés en 2016 issus d'une série inspirée par les espaces spéléologiques ainsi que de nouvelles peintures articulées avec le lieu qui nous est proposé et dont nous aurons eu l'occasion de prendre la mesure. Marine Douet est née en 1984 à Levallois-Perret, diplômée des Beaux-Arts de Marseille en 2012 et spécialisée en Espace public (Université Jean Monnet, Saint- Etienne). Web : / Mail : douet.marine@gmail.com

4 Le printemps dans la grotte, acrylique et huile sur toile, 160 x 140 cm, Vue d'atelier, 2017.

5 I want to live in a wigwam, peinture acrylique, échelle architecturale, Sari, 2016, toile de coton, voile de polyester, peinture acrylique et huile, 70 x 50 cm.

6 > ANAïS LELIÈVRE «Les îles flottantes sont toujours des Kraken.» Erik Pontoppidan, Histoire naturelle de Norvège, 1752 Avec la pointe métallique du rotring, mon geste est celui de taper, qui finit en glissant dans l après-coup de l impact ; aussi de gratter. La feuille de papier est surface, ce qui est sur, avec quelque chose dessous, qui n est plus le mur. Percussion : ça cherche quelque chose dessous, ça vise, mais ça bute en surface, le dessin est sans cesse ce dessein qui rate. En cela il semble gravure mais n en est pas. C est dans ce rapport, qui se décale du dessous au dessus, de la profondeur à la surface, du tout près au très loin, que ça vibre et que ça vit. Cherchant à cerner autrement ce qui s y joue, des mots griffonnés et raturés, recouverts ou recouvrant, se débordent et se distordent, ouvrant à une lecture non linéaire, ponctuée et rebondissante de ses manques. Et cette tentative de perforation et d énonciation qui devient lignes, tracés sismiques, est ce qui fait que le dessin persiste actif, réactivant sans cesse, dans l espace du regard, son processus d émergence. Entre dessin, performance, sculpture et installation, un même fond impulse et relie chaque pièce comme des îles (de ces îles qui, dans les mots de Deleuze, surgissent, se séparent, disparaissent et reviennent), chaque médium se cherchant transversalement dans l autre où il n est pas. Aussi, les dessins tendent-ils vers une dimension sculpturale, et les céramiques se strient-elles d un geste rythmique que Leroi-Gourhan excavait à l origine du graphisme (Le Geste et la parole). Percussion, incise, grattage sans charge d encre, mais chargés d ombres versatiles, font saillir en lumière des présences indéfinies, entre pierres de lave spongieuses, volcans déracinés, mollusques craquelés, coraux entre roc et fluide. Cette matérialité métamorphique, limaçante et rocailleuse, pointue parce que creusée, vient encore dire quelque chose de la densité poreuse et épaisse du langage tel un «trou [ ] sur le bout de la langue» (Liliane Giraudon, L amour est plus froid que le lac). Anaïs Lelièvre est née en 1982 aux Lilas et diplômée de l université Paris 1 (Doctorat, 2012) et des Beaux-Arts de Rueil-Malmaison (DNAP, 2011) et de Rouen (DNSEP, 2013). Elle développe une pratique polymorphe : installations d'images numériques ( ), productions autour du langage (depuis 2010), sculptures-performances (depuis 2012), et actuellement des dessins et des céramiques, imprégnés par une résidence en Islande et un voyage en Chine. Web : / Mail : anais.lelievre@neuf.fr

7 Pierre de lave, , encre et crayon sur papier, dessin et mots mêlés, 1,96 x 2,45 mètres.

8 GLOC, 2016, série, faïence rouge émaillée. ar r, 2017, faïence, accrochée au mur.