Le commerce bilatéral pour le secteur agricole et agroalimentaire en 2016
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- Serge Perras
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1 Le commerce bilatéral pour le secteur agricole et agroalimentaire en 2016 Résumé Les échanges agri-agro représentent une faible part dans les échanges totaux entre la France et la Roumanie (10 % du total des exportations et 7,4 % du total des importations, en incluant les agrofournitures). Le solde commercial bilatéral agri-agro élargi atteint 84,6 M EUR en 2016, en, baisse de 10,4 % par rapport à Hors agrofournitures, le solde est déficitaire (-50,3 M EUR) et s est accru par rapport à 2015 (+40,3 %). Ce nouveau déficit est à la fois dû à la faible progression des exportations d agrofournitures (+4,8 %), et à la hausse significative des importations de matières premières agricoles (céréales), ainsi que la dégradation du solde bilatéral pour certains produits transformés (première transformation, produits carnés, etc.). Contrairement au scénario de 2015, les exportations d agrofournitures marquent le pas et n ont pas permis de compenser la hausse des importations de produits agricoles et agroalimentaires. Si la mauvaise récolte de blé en France explique la forte augmentation des importations de céréales (+24 % par rapport à 2015), en revanche, la dégradation du solde commercial bilatéral se confirme pour les produits agroalimentaires de première transformation (-114 % par rapport à 2015). Cette situation est due au développement d une industrie locale, tournée vers l export (ex. viandes, conserves de poisson) et bénéficiant de coûts de production compétitifs de nature à impacter les échanges bilatéraux sur le moyen-long terme. 1. Matières premières agricoles : nouvelle augmentation du déficit conjoncturel pour les céréales et dégradation des résultats pour les fruits et légumes et les animaux vivants Les céréales et oléo-protéagineux demeurent le 1 er poste des échanges bilatéraux agri-agro hors agrofournitures (32,2 % des exportations et 63,3 % des importations), en progression par rapport à Sur ce segment, l année 2016 est marquée par une dégradation du solde bilatéral pour la 4 ème année consécutive (-101,4 M EUR, soit +16 % par rapport à 2015). Les exportations de céréales ont toutefois augmenté en valeur par rapport à 2015 (62,7 M EUR, soit +36 %), mais le niveau des importations a également progressé (172,7 M EUR, soit +24 %) dans un contexte de mauvaise récolte de blé en France. Les échanges bilatéraux pour les céréales et oléo-protéagineux deviennent structurellement déficitaires du fait de la structure même de ces échanges (réexportation et effet prix rendant plus compétitif le blé roumain). Bien que la Roumanie soit également soumise aux aléas climatiques, le pays n a pas connu d importants aléas au cours des dernières campagnes pour les cultures de printemps, ce qui lui a permis de consolider sa production de blé (+8 M t en 2016), et par conséquent son positionnement à l exportation (UE et pays tiers). Les produits de première transformation (farines, produits amylacés, huiles et sucre) enregistrent pour la première fois un solde déficitaire (-1,3 M EUR, soit -114,6 %), les importations ayant progressé beaucoup plus rapidement que les exportations (+123 % à 24 M EUR, contre +14,7 % à 22,6 M EUR). La forte augmentation des importations d huiles et graisses végétales (+125 % à 23,5 M EUR), qui progressent plus rapidement que les exportations (+20 % à 5,2 M EUR), est à la cause principale de ce déficit. Cette situation confirme le développement de l industrie locale de transformation qui bénéficie de coûts de production compétitifs et d une production soutenue de matières premières. Les échanges de produits issus du travail des grains et les produits amylacés enregistrent également une légère baisse par rapport à 2015 (respectivement -4,2 % à 5,1 M EUR et -2,1 % à 2,5 M EUR). En revanche, les échanges de sucre retrouvent un excédent en 2016 comparé à 2015, à +9,2 M EUR (soit +32,7 %), la Roumanie étant, pour mémoire, importatrice nette de sucre. 1
2 S agissant des fruits et légumes, les échanges enregistrent une nouvelle baisse en 2016 par rapport à 2015 (-7,4 %, soit 13,8 M EUR). La contraction du solde bilatéral est essentiellement due à la baisse des exportations de fruits tropicaux, essentiellement les bananes (-32,4 % à 12,4 M EUR) qui génèrent habituellement l essentiel de l excédent bilatéral pour le segment des fruits et légumes. Les parts de marché de la France s érodent pour ces produits au profit des pays d Amérique latine. Pour les autres catégories de fruits et légumes, la concurrence provient essentiellement des pays voisins de la Roumanie (Turquie, Grèce, Pologne, Hongrie). Enfin, les exportations d animaux vivants vers la Roumanie restent peu développées (3,8 % des échanges bilatéraux agri-agro, soit 8,6 M EUR), en progression toutefois par rapport à 2015 (+11,7 %), de même que le solde bilatéral (+42 % à 2,7 M EUR). Cette amélioration s explique par la forte augmentation des exportations pour le segment des autres animaux d élevage et produits d origine animale (+65 % à 6,2 M EUR). Les exportations progressent également sur le segment des vaches laitières et lait brut (+21 % à 1,2 M EUR). En revanche, les exportations sont en baisse significative pour les autres segments, en particulier pour la génétique bovine (-63,3 %) et la volaille (-66 %). A noter toutefois, les premières exportations d ovins vivants en 2016 dans le cadre du développement d une filière viande en Roumanie avec l appui de l expertise française (associations professionnelles). De manière générale, le secteur de l élevage en Roumanie peine à se structurer et à se développer, à l exception du secteur de la volaille qui poursuit son dynamisme (œufs et viande). La compétitivité-prix de la France doit faire face à la concurrence d autres Etats-membres de l UE (DE, DK, NL, HU) qui sont également les principaux partenaires commerciaux de la Roumanie dans le secteur de l élevage (porcs et bovins). 2. Progression notable du solde commercial pour les produits alimentaires transformés Contrairement à 2015, le solde bilatéral pour les produits alimentaires transformés s améliore en 2016 (35 M EUR, soit +66,4 %), mais cache toutefois certaines disparités. Les segments en progression concernent les produits alimentaires, les produits laitiers et les boissons, qui enregistrent une hausse de leurs exportations : +28 % pour les produits alimentaires (29 M EUR), +24 % pour les produits laitiers, incluant les glaces et sorbets (13 M EUR), et +18 % pour les boissons, notamment les vins et la bière (16,2 M EUR). L amélioration des résultats pour ces segments était déjà observable en 2015, mais dans des proportions moindres. L essor des exportations tire directement profit de l augmentation du pouvoir d achat des ménages roumains (TVA réduite à 9 % sur les produits alimentaires, augmentation du niveau des salaires), ainsi que de la faible concurrence de l industrie locale de transformation, qui n est pas encore en mesure de proposer des produits de qualité similaire. Les produits dits de niche (diététiques, bio, plats préparés, etc.) connaissent ainsi une forte croissance de leurs exportations. C est notamment le cas de la catégorie des autres produits alimentaires (préparations alimentaires) qui enregistre une augmentation de +60 % par rapport à 2015 (11,3 M EUR), des plats préparés (+20 %, à 2 M EUR) et, dans une moindre mesure, des produits diététiques (+3,5 %, à 7 M EUR). La progression concerne également les produits à base de cacao (+27 %, à 5 M EUR), les pâtisseries et viennoiseries (+32%, à 3,3 M EUR), ainsi que les préparations et conserves à base de fruits et légumes (+17 %, à 6 M EUR). A l inverse, le solde bilatéral reste négatif pour les catégories des produits carnés (-16,3 M EUR) et des produits de la pêche et de l aquaculture (-6,8 M EUR). Le solde est toutefois en légère résorption en 2016 pour les produits carnés par rapport à 2015 (-25,6 %), en revanche, il s est creusé pour la seconde catégorie (+79 %). A l instar des produits de première transformation, la Roumanie développe certaines filières de transformation, principalement à des fins d exportation (UE et pays tiers), dans l objectif de rééquilibrer sa balance commerciale, fortement dominée par l exportation de matières premières agricoles. 2
3 A titre d exemple, alors que le marché local de la viande bovine reste très peu développé et présente donc un faible débouché pour les produits français, il existe une filière de découpe, de transformation et d emballage de viande bovine, essentiellement tournée vers l export UE et pays tiers (incluant une filière halal naissante). Ce type de filière dispose de coûts de production compétitifs et constitue ainsi une source d approvisionnement pour l industrie agroalimentaire située en Europe de l Ouest, ou directement pour la distribution. Cette situation explique, entre autres, la dégradation du solde bilatéral pour les viandes de boucherie (-41 % par rapport à 2015 à +1,5 M EUR). Le déficit le plus important concerne de manière structurelle le segment de la viande de volaille (-18,6 M EUR en 2016, en légère amélioration par rapport à 2015, -25 %), une production fortement industrialisée et concentrée en Roumanie. Concernant les produits de la pêche et de l aquaculture, le solde bilatéral reste positif en 2016, mais se dégrade par rapport à 2015 (-44 %, à 0,6 M EUR). S agissant du segment relatif aux préparations et conserves à base de poisson, le solde bilatéral demeure structurellement déficitaire et se creuse davantage par rapport à 2015 (-7,5 M EUR, soit +50 %) du fait de l augmentation significative des importations (+35 %, à 10,6 M EUR). A l instar du secteur de la viande, la Roumanie développe une industrie de transformation locale à des fins d exportation vers le marché UE, à la seule différence que la matière première destinée à la transformation est majoritairement importée (faiblesse des variétés et des quotas de pêche en mer Noire). 3. Ralentissement des exportations d agrofournitures Les exportations d agrofournitures (intrants, équipements agricoles) jouent un rôle moteur dans les échanges bilatéraux pour le secteur agri-agro depuis les années 2000, à l exception de l année 2009 (crise économique). L année 2016 est marquée par un ralentissement des exportations vers la Roumanie (+4,2 % par rapport à 2015, soit 142 M EUR), essentiellement sur le segment des équipements agricoles (+5 %, à 31,2 M EUR). Les exportations de pesticides ont par ailleurs légèrement diminué par rapport à 2015 (-1,5 %, à 96,2 M EUR), impactant ainsi le solde bilatéral (-2,5 %). En revanche, les exportations de machines à destination de l industrie agroalimentaire ont continué à augmenter en 2016 (+58 %, à 7,4 M EUR), de même que les exportations d engrais (+116 %, à 7 M EUR). Le ralentissement est plus sensible sur les segments relatifs à la nutrition animale (élevage et animaux de compagnie), puisque le solde bilatéral correspondant à l alimentation pour les élevages s est réduit de -5,4 % en 2016 par rapport à 2015 (3,8 M EUR), tandis que celui pour l alimentation des animaux de compagnie a enregistré une baisse de -82,5 %, à 1,6 M EUR. A l inverse, le solde s est amélioré en 2016 pour le segment des plants, bulbes et pépinières (+32 %, à 0,9 M EUR), à l exception des plantes spécialisées (plantes aromatiques et médicinales, plantes à boisson). Les montants restent toutefois très faibles pour ces derniers segments. Clause de non-responsabilité - Le service économique s efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l utilisation et de l interprétation de l information contenue dans cette publication. 3
4 ANNEXES 1/ Evolution des échanges commerciaux bilatéraux agri-agro 2016/2015 (en M EUR) Source : DGDDI 2/ Solde commercial bilatéral agri-agro (en M EUR) Source : DGDDI 3/ Structure des exportations agri-agro vers la Roumanie (2015 et 2016) Source : DGDDI 4
5 4/ Structure des importations agri-agro en provenance de Roumanie (2015 et 2016) Source : DGDDI 5
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