L art public dans le Grand Lyon, de l après-guerre à nos jours, rapporté à l histoire urbaine : périodisation, commandes, perspectives

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1 Agence d urbanisme pour le développement de l agglomération Lyonnaise L art public dans le Grand Lyon, de l après-guerre à nos jours, rapporté à l histoire urbaine : périodisation, commandes, perspectives Etude sous la direction de M. Christian Sozzi Privault Orianne

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3 Sommaire : Avant-propos méthodologique :... 7 Introduction : I Les années 50-70, l art public : entre tradition et modernité a) La prééminence des anciens artistes dans la sculpture publique b) La continuité de l architecture moderne c) Développement de la commande publique à Vénissieux II L émergence de projets artistiques de grande envergure : a) L impulsion donnée à l art par les critiques Lyonnais b) Les symposiums de sculpture (1978, 1980, 1982) c) La politique de Villeurbanne d) Naissance et renforcement de pôles culturels périphériques III Développement des espaces publics et diversification des évènements artistiques : a) La rénovation des espaces publics b) Un mobilier commun pour le Grand Lyon c) La politique de Lyon Parc Auto

4 d) La rencontre entre l art et les habitants IV Entre réhabilitation et réappropriation urbaine : a) Les évènements populaires b) La réhabilitation du Rhône c) La réappropriation de la Saône d) Réinvestissement artistique dans les quartiers périphériques Conclusion : Annexes Entretiens Annexe 1 : Entretien avec Laurent Lucas, co-fondateur de la Galerie Roger Tator, le 26 avril Annexe 2 : Entretien avec Jacques Rey, architecte, le 27 avril Annexe 3 : Entretien avec Jacques Bonniel, Maître de Conférences de Sociologie à l'université Lumière Lyon 2, le 28 avril Annexe 4 : Entretien avec Claude Kovatchévitch, ancien président de la galerie BF 15, le 3 mai Annexe 5 : Entretien avec Philippe Dujardin, Politologue, le 3 mai Annexe 6 : Entretien avec Marianne Homiridis, directrice du Bureau des Projets et auteur de L art contemporain dans les espaces publics, Territoire du Grand Lyon, 1978/2008, le 4 mai Annexe 7 : Entretien avec Alain Lovato, artiste et directeur de la MAPRA (Maison des arts plastiques en Rhône-Alpes), le 10 mai

5 Annexe 8 : Entretien avec Marc Villarubias, le 19 Mai Cartes du Grand Lyon Annexe 9 : Carte de Lyon et Villeurbanne : situation des œuvres Annexe 10 : Carte du Grand Lyon (sauf Lyon et Villeurbanne) : situation des œuvres. 198 Tableau chronologique Annexe 11 : Tableau chronologique des œuvres d art et de l urbanisme du Grand Lyon, de 1945 à nos jours Frise chronologique Annexe 12 : Frise chronologique sur l art et l urbanisme Annexe 13 : Frise chronologique sur l art Sources : Bibliographie : Remerciements :

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7 Avant-propos méthodologique : Dans le cadre du Master 2 «Patrimoine architectural, du Moyen-âge à l époque contemporaine» à l Université Lumière Lyon II, j ai réalisé un stage de quatre mois à l Agence d Urbanisme pour le Développement de l Agglomération Lyonnaise, située à Lyon. Mon sujet d étude porte sur «l art public dans le Grand Lyon, de l après-guerre à aujourd hui, rapporté à l histoire urbaine : périodisation, problématiques, commandes, perspectives». Ce travail est dirigé par M. Christian Sozzi à l agence d urbanisme et par Mme Dominique Bertin à l université Lumière Lyon II. La finalité de mon travail est de parvenir à dégager ainsi qu à expliciter de façon synthétique des périodes importantes de l art public en lien avec l urbanisme, et pour cela repérer des moments clefs de cette histoire. Afin de mener à bien cette étude, mon travail s est séparé en plusieurs temps : la recherche et la collecte d information, la réalisation d un tableau comparatif et chronologique, l exécution de cartes, la définition de périodes importantes pour l art public dans les limites géographiques et temporelles précisées dans l introduction, et enfin la tenue d entretiens avec des acteurs variés, portant tous un regard différent sur l évolution de cet art public. J ai notamment rencontré un politologue, une médiatrice en art contemporain, un artiste, un architecte, un directeur de galerie ainsi que d autres personnalités s intéressant particulièrement à la culture, à l art et à l évolution urbaine du Grand Lyon 1. Nombre d entre eux ont suivi l évolution de l art public et ont été les acteurs artistiques d une partie ou de toute la période étudiée. Ils apportent donc une grande connaissance et leurs savoirs quand aux moments historiques importants. L intérêt était de leur présenter mon travail, afin de voir si les limites que j avais définies étaient en adéquation avec leurs visions des faits. Le tableau réalisé et inclut en annexe 2 n est pas exhaustif, en effet, il ne comporte pas toutes les œuvres du Grand Lyon, mais je l espère au moins 90% d entre elles. Son intérêt est de présenter et de mettre en perspective, rangées par décennies, les grandes décisions culturelles nationales, les dirigeants politiques importants, les aménagements urbains et les constructions architecturales du Grand Lyon, ainsi que les œuvres de l espace public. Toutes 1 Voir annexe n 1 à 8 2 Voir annexe n 11 7

8 ces catégories ne sont pas complètes et c est volontairement que j y ai classé les informations qui pouvaient avoir un lien plus ou moins direct avec l art. Dans la catégorie des œuvres, l idée n était pas d en faire une liste complète mais d avoir un aperçu général qui puisse mettre en avant les périodes importantes de commande, le type d œuvre réalisé et des lieux où elles sont situées. Pour cela, j ai indiqué, après chaque dénomination d œuvres, le lieu d exposition par exemple Lyon, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, ainsi que toutes les autres communes du Grand Lyon. De plus, j ai estimé intéressant d indiquer avec des couleurs des catégories dans lesquels il était possible de ranger les œuvres, telles que celles du métro ou des parkings. Afin de rendre compte des œuvres du 1% je les ai indiqué en marron, en me limitant cependant aux œuvres des constructions scolaires. Quelques œuvres se trouvent dans des bâtiments publics et pour certaines d entre eux, le système du 1% a été adopté lors de leur édification, il est donc possible que ces œuvres aient bénéficiées également de ce système mais n ayant pas assez d information sur leur financement exact, je n ai signalé que celles des édifices scolaires. Deux frises chronologiques reprennent les informations importantes de ce tableau. La première permet une ouverture générale en comparant les réalisations artistiques et celles relevant de l urbanisme et des espaces public. A l inverse la seconde est uniquement centrée sur l art : œuvres, institutions, politiques. La carte réalisée 3 aide à comprendre la répartition spatiale des œuvres sur le territoire de Lyon et sur celui du Grand Lyon. Elle met en avant les choix de territoire en matière d installation d œuvres, ceux qui sont le plus demandés et qui possèdent le plus d œuvres et à l inverse ceux étant le moins concerné par l art public depuis la guerre. Elle prend en compte une grande partie des œuvres publiques mais presque exclusivement celles qui sont pérennes ; elle ne présente pas, par exemple, les manifestations artistiques évènementielles (celles-ci sont par contre répertoriées dans le tableau et dans les frises). Les principaux documents qui m ont aidée dans la réalisation de mon mémoire ont été, pour l art contemporain : le livre, issu d une thèse de Sylvie Lagnier, Sculpture et espace urbains en France, histoire de l inauguration d un dialogue, ; le mémoire de Sylvie Duperray, L art contemporain dans l espace public en Rhône-Alpes. Un grand travail sur les œuvres a été effectué par Daniel Buren dans son guide Ponctuation Statue-Sculpture 3 Voir annexe n 9 et n 10 8

9 de 1980, de même, lui faisant suite, le guide de Marianne Homiridis et Perrine Lacroix, L art contemporain dans les espaces publics, Territoire du Grand Lyon 1978/2008. Pour l urbanisme, on retiendra celui de Charles Delfante et Jean Pelletier, L Atlas historique du Grand Lyon. 9

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11 Introduction : Sous l Ancien Régime, l art public est présent en ville la plupart du temps sous forme de sculptures monumentales ou de reliefs intégrés à l architecture. Des monuments utilitaires comme des fontaines ou des effigies en l honneur d un souverain sont édifiés. L art a alors une fonction décorative, reprenant des thèmes allégoriques, héroïques ou historiques. Il participe intégralement à la mise en valeur du pouvoir en place, de la monarchie ou de la nation. Faisant référence aux figures du Christianisme au Moyen-âge et développant la mythologie à la Renaissance, il promeut ensuite, sous la révolution, l idéal démocratique et républicain 4. Monument a Antoine Gailleton, place Gailleton, 1915 Au XIXème siècle, et en particulier sous la IIIème république, 5 la sculpture publique est en plein essor. Cet art public reste dans la tradition avec les sculptures commémoratives, tels les arcs historiés, les reliefs sculptés pour des façades, ou des monuments funéraires. L impressionnante taille que vont adopter les œuvres en font de véritables monuments, souvent proches de l architecture par leurs mesures et par leurs vocabulaires. Leurs fonctions sont récurrentes : utilitaires avec les fontaines ; commémoratives en rappelant au souvenir des évènements ou des personnages importants ponctuant l histoire ; décoratives avec l ornementation des espaces publics. Enfin, l art public est un très bon moyen de propagande pour le pouvoir 6. Toutes ces œuvres sont financées le plus souvent par des appels à souscription ainsi que par l Etat qui soutient les artistes par des commandes architecturales et 4 Lagnier Sylvie, «La sculpture publique : fonctions, usages et enjeux. Quelques exemples Lyonnais», Mémoire de DEA sous la direction de Dario Gamboni, Université Lumière Lyon II, 1993, p La troisième république va de 1870 à Lagnier Sylvie, 1993, p

12 des achats d œuvres d art 7. Celles-ci sont réparties dans la ville à des emplacements stratégiques, tels les carrefours, les places ou les jardins publics. Le choix de l emplacement varie en fonction de l importance de l homme ou de l évènement à honorer 8. Les commandes sont établies sous forme de programme et restent très académiques. En effet, le message de l œuvre est clairement identifiable et souvent inscrit sur un socle. Ce dernier permet de faire une transition entre le spectateur et l œuvre. D un point de vue artistique, Auguste Rodin est un des premiers à révolutionner la sculpture en bouleversant les codes esthétiques et en ancrant la sculpture dans son époque. Petit à petit les commandes publiques sont attribuées aux artistes qui ne sont pas issus de l Académie et la notion d œuvre d art évolue progressivement. Au niveau national, la commande publique se modifie à partir des années 1930 avec Jean Zay qui propose la loi du 1% artistique. Cette mesure n est pas seulement liée à une volonté de réintégrer l art dans la ville, la part sociale est aussi à prendre en compte. En effet, en 1932, un syndicat des sculpteurs intervient auprès des pouvoirs publics, car beaucoup d artistes se trouvent au chômage. Une demande est effectuée afin qu un programme d aide soit développé. Une première loi promeut les œuvres, en particulier lors de commandes pour les bâtiments scolaires 9. Georges Manillier, Andrée Tajana, 1% du Sans titre, Groupe scolaire Louis-Pergaud, 1975, source : Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville Le 18 Mai 1951, une loi prévoit qu une œuvre sera installée lors de chaque construction de bâtiment scolaire, pour la décoration de celui-ci. Le montant accordé à l artiste sera de l ordre de 1% du montant global des travaux du bâtiment. Les limites du 1% artistique restent l absence de concertation entre l architecte et l artiste, ce qui finit par engendrer des œuvres juste posées au milieu des bâtiments architecturaux, sans lien direct 7 Lagnier Sylvie, Sculpture et espace urbains en France, histoire de l inauguration d un dialogue, , l Harmattan, Paris, 2001, p.28 8 Lagnier Sylvie, Sculpture et espace urbains en France, histoire de l inauguration d un dialogue, , l Harmattan, Paris, 2001, p.13 9 Lagnier Sylvie, 2001, p.24 12

13 avec eux alors qu elles auraient du les compléter 10. Les crédits vont particulièrement bénéficier aux sculpteurs qui vont être les artistes les plus nombreux à réaliser une œuvre au titre du 1% artistique 11. Le 1% est modifié en 1969 : les travaux de décoration des édifices deviennent un «art monumental de qualité s intégrant dans l architecture des nouveaux bâtiments scolaires». De nouvelles modifications importantes ont lieu en 1972 et 1975 : tous les arts doivent dorénavant s associer à l architecture et représenter leur époque. L artiste et l architecte sont amenés à collaborer davantage afin que l œuvre ne soit pas simplement insérée dans l architecture mais devienne partie prenante du bâtiment 12. Dans les années 1980, la procédure a progressivement été étendue pour s appliquer à la plupart des constructions publiques 13. Aux vues de ces changements artistiques et politiques, nous pouvons nous demander quelle a été l évolution de l art public, en lien avec les aménagements urbains, de 1945 à nos jours, dans l espace du Grand Lyon? L art public est intéressant par son double aspect : l art et le public. La définition et les limites même de l art restent très difficiles à cerner. Alain Charre affirme que : «depuis le début du siècle, l art trouve sa dynamique dans les interrogations qu il soulève sur sa propre redéfinition permanente» 14. En effet, l art se définissait et se limitait à la peinture, la sculpture et l architecture tel que l enseignait l école des Beaux-arts. Depuis les années 60, l extension des formes, les matériaux et les supports de l art sont devenus tellement variés qu il est difficile de pouvoir correctement définir cette discipline. D un point de vue objectif, l art est une activité aboutissant à la création d œuvres à caractère esthétique. L art «public» se définit ici comme un art pour tous, destiné au public, sans distinction entre les êtres. L art public peut se définir comme celui qui se trouve en dehors des musées et des institutions culturelles. L art destiné à un public qui n a pas forcément eu de 10 Lagnier Sylvie, 2001, p Monnier Gérard, Des beaux-arts aux arts plastiques, une histoire sociale de l art, édition de la manufacture, 1991, p Lagnier Sylvie, 2001, p Ministère de la culture et de la communication, fiche pratique, Proposer un projet au titre du 1% artistique, site internet du ministère 14 Charre Alain, Art et urbanisme, Presse universitaire de France, Paris, 1983, p

14 formation artistique et qui s y confronte dans l espace public, que ce soit sous forme de sculptures, de performances, ou d évènements artistiques. Cet espace public peut être considéré de plusieurs façons différentes : il est un lieu où s applique la loi, la législation de l Etat, par opposition à l espace privé. Cela peut être une rue, une place, un bâtiment public, un lieu ou l autorité législative de l Etat est présente. C est aussi une agora, le lieu où se situe le débat, l espace de délibération des citoyens qui prend alors une fonction purement politique 15. Il ne s agit pas ici de définir l art ni même de choisir et de centrer notre étude sur un type d art en particulier, tel que les arts plastiques, le théâtre ou la danse, mais d étudier les mouvements de l art public dans le Grand Lyon. Nous allons tenter de mettre en avant les mouvements importants, les grandes périodes du développement et de la diversification de l art dans l espace public. Le sujet se centre ici sur l art public en général, quelque soit la forme qu il prend, et son évolution dans l espace urbain. C est pourquoi, le terme d art est pris au sens large du terme et nous y incluons les murs peints, car ils font partie d une manifestation artistique urbaine. Malgré tous, compte tenu de leur expansion et leur grand nombre, nous ne citerons que les plus connus. Une autre catégorie d œuvres est celle du 1%, en effet, une grande majorité d entre elles ne sont pas forcément visibles de tous car dans des édifices scolaires ou des bâtiments publics qui ne sont pas ouverts au grand public, tel l ENS (Ecole Normale Supérieure). Le 1% est un art que l on ne retrouve que dans les constructions publiques, il est donc réservé à une certaine catégorie de personnes. Mais pour autant il se situe hors des musées et n est pas destiné à un public qui lui est déjà acquis. C est un art que l on pourrait qualifier de «semipublic» ou art à usage limité 16. La grande qualité de cette loi est de mettre à la disposition des enfants l art contemporain. Il entre donc dans notre étude sur l art public. Pour finir, nous étudierons les perspectives de développement de l art public, en prenant en compte les futurs chantiers où des œuvres d art tiendront une grande place, tel que le quartier des Etats-Unis ou la rénovation des rives de Saône. 15 Ruby Christian, Nouvel Kevin, L esthétisation de l espace public, cahier de l Institut pour l art et la ville n 2, Givors, 1993, p Entretien avec Philippe Dujardin, voir annexe n 5 14

15 Les œuvres de l espace public dans le Grand Lyon sont très nombreuses, et il nous faut donc nous concentrer sur quelque unes de ces œuvres, notamment celles étant les plus significatives au regard de l évolution de l art public. Les évènements relevant de manifestations artistiques ayant lieu dans l espace public, qu ils soient populaires comme le défilé de la biennale de la danse, ou plus difficile d accès tels les symposiums, sont de même inclus dans l étude de notre sujet. L idée de mettre en avant des grandes périodes de l art public demande de repérer les œuvres significatives, qui ont une répercutions directe sur le changement de l art dans l espace public, et donc implicitement d en mettre d autres de côté. Nous ne parlerons donc pas de toutes les œuvres mais elles sont répertoriées dans le tableau chronologique situé en annexe. Notre étude de l évolution de l art public, par le vaste champ qu elle recouvre, se veut factuelle et synthétique. Elle doit en effet pouvoir recouvrir une large période, un vaste champ géographique et enfin elle mêle art, urbanisme, initiative privée, politiques urbaines et politiques culturelles. La limite chronologique choisie correspond à la fin de la seconde guerre mondiale et donc à un moment où la volonté est très forte de reconstruire les villes et le pays tout entier. Pendant l après-guerre se font jour des immeubles de construction moderne dans Lyon et ses environs, bien que ce type d architecture soit déjà apparu avant la première guerre mondiale en France 17. Cette date limite permet de faire remonter la chronologie au-delà des années soixante, époque qui voit apparaître différentes formes d art. En outre, il est ainsi possible d examiner, en prenant du recul, les aménagements et œuvres qui sont apparues dans l espace public pendant plus de soixante ans. La limite spatiale correspond à l ensemble du Grand Lyon, Lyon et les cinquante-huit communes l entourant. Cette aire géographique est celle du champ d étude de l Agence d Urbanisme de l Agglomération Lyonnaise. Elle permet de ne pas se limiter à la ville centre qu est Lyon. De nombreux évènements artistiques ont eu lieu dans d autre communes, comme à Villeurbanne dans les années quatre-vingt. Ces prémices ont permis ensuite un développement plus conséquent et un changement de vision des œuvres publiques dans tout le 17 Avec Le Corbusier notamment, voir Jacques Rey, Lyon, cité radieuse, Une aventure du mouvement moderne international, Libel, Lyon, 2010, p13 15

16 Lyon, la Confluence, source : ville de Lyon Grand Lyon. Il est donc primordial de tenir compte de tous ces éléments afin de bien comprendre les mouvements, même petits au début, qui en ont ensuite engendrés de plus importants, contribuant ainsi à l essor de l art public dans un champ géographique assez étendu. Ma seconde approche du sujet, que l art rejoint, est celui des aménagements urbains, qu ils soient architecturaux ou urbanistiques, au niveau d un bâtiment ou d un quartier. En effet, la commande d œuvres est souvent liée aux circonstances d une construction ou d une opération d urbanisme. L intérêt est de pouvoir montrer en quoi l art est lié à l architecture et à l urbanisme, c est le cas par exemple des œuvres qui sont commandées lors de la 16

17 construction d une école, dans le cadre de la loi sur le 1%, ou du métro lyonnais. L urbanisme a beaucoup évolué de 1945 à nos jours il était intéressant d inscrire notre vision de l art public dans une réflexion plus large sur l évolution urbaine. Comme l urbanisme étudié reste en lien avec l art public, nous ne pouvons aborder tous les renouvellements urbains et paysagers des cinquante huit communes formant le Grand Lyon. C est pourquoi il nous faut sélectionner les faits marquants et qui sont en relation directe avec l histoire de l art public. L étude de l urbanisme inclut celle de la politique et des commandes qui lui sont liées. Les grands dirigeants ont parfois joués un rôle important dans l apparition et le développement de l art sur un territoire. Un lien sera donc établi entre l art et les grandes politiques territoriales dans l agglomération Lyonnaise. Nous pouvons donc nous demander quelle est la place de l art public dans le Grand Lyon, depuis 1945? Quelles évolutions a subit cet art? Quels liens existe-il avec les aménagements urbains et architecturaux des communes? Quelles sont les perspectives de développement de cet art public? 17

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19 I Les années 50-70, l art public : entre tradition et modernité 19

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21 a) La prééminence des anciens artistes dans la sculpture publique Après la seconde guerre mondiale, une intense politique de reconstruction est menée dans toute la France. A Lyon, les dommages liés à la seconde guerre mondiale ne sont pas immenses mais suffisants pour justifier cette politique. Le maire Edouard Herriot s oppose à certains projets d aménagements modernes et privilégie la reconstruction de la ville 18. Pour cela, de nombreuses commandes sont passées à des artistes afin qu ils commémorent les évènements les plus tragiques de la guerre ou tout simplement qu ils ornent de leurs œuvres les espaces publics. Les élus vont se diriger vers des artistes dont on connaît l existence sur la scène publique et qui ont fait leurs preuves avant la guerre. De plus, les œuvres commandées sont le plus généralement des sculptures en pierre, reprenant ainsi la tradition d avant-guerre et du XIXème siècle avec des réalisations monumentales respectant des codes formels et esthétiques. Les canons corporels de représentation restent fidèles à un certain idéal 19. L œuvre est posée sur un socle, un piédestal la met en valeur et permet aussi de garder une certaine distance entre elle et les spectateurs. Deux artistes, Georges Salendre 20 et André Tajana 21, vont être particulièrement sollicités pendant cette période et réalisent un grand nombre de sculptures figuratives. Ces artistes ont en commun l utilisation de la pierre et de la technique dite de «taille directe». Georges Salendre et Andrée Tajana produisent des œuvres figuratives où le corps humain est sculpté sans ornement de façon à faire comprendre et ressentir immédiatement la portée de l œuvre. Le corps féminin est particulièrement représenté par ses formes rondes et généreuses ainsi que par ses attributs qui en font une mère de l humanité. L homme est au contraire 18 Delfante Charles et Pelletier Jean, Atlas historique du Grand Lyon, édition Xavier Lejeune, Seyssinet-Pariset, 2004, p Lagnier Sylvie, 2001, p Salendre Georges ( ) : il devient apprenti tailleur de pierre à 14 ans. Suivant les Beaux-arts en auditeur libre, il remporte un premier prix de sculpture. Enrôlé pendant la guerre, il est «laissé pour mort» lors d une bataille en Champagne. Il participe à la fondation su salon du Sud-Est à Lyon. En 1937, lors de l exposition internationale de sculpture de Paris, il reçoit le grand Prix et est nommé Chevalier de la Légion d Honneur. En 1940, il participe aux actions de la résistance. Gouttenoire Bernard, Dictionnaire des peintres et sculpteurs à Lyon aux XIXème et XXème siècle, la Taillanderie, Châtillon-sur-Chalaronne, 2000, p Tajana André ( ) : fils et petit-fils de tailleurs de pierre, il suit l école des Beaux-arts à Lyon, il est nommé professeur d éducation artistique de l enseignement technique, section sculpture. Président du groupe «Contraste», dès 1960 il est professeur de dessin des villes de Lyon et de Vichy oùil réside et travaille. Gouttenoire Bernard, 2000, p

22 symbolisé par la force et le patriotisme et pour cela les deux sculpteurs emploient des lignes et les angles 22. Georges Salendre s oriente particulièrement vers les sculptures engagées et militantes 23, tandis qu André Tajana exprime souvent des sujets de la vie quotidienne, prenant comme référence la nature. Au moyen de commandes publiques ou privées ainsi que de dons faits aux différentes villes, ces hommes diffusent leur art dans l espace public de Lyon, mais aussi des communes avoisinantes. En effet, de nombreuses commandes publiques leurs sont attribuées, en particulier des monuments commémoratifs. Le traumatisme de la guerre pousse les élus à ériger des monuments à la mémoire des soldats et des familles ou contre la tyrannie et l oppression. C est le cas de la République enchaînée de Georges Salendre déposée en 1946 place Lazare Goujon à Villeurbanne. Cette statue représente une femme à moitié vêtue d un drap et portant sur sa tête un bonnet phrygien ; elle tient dans ses mains une arme et ses poignets sont liés par des chaînes. Sa posture la rend noble mais elle rappelle que la République fut mise à mal lors de la seconde guerre mondiale. Afin que personne n oublie les atrocités de cette guerre, son socle contient de la terre provenant des camps allemands. L œuvre est le point de rassemblement des cérémonies du souvenir 24 ; elle permet de célébrer les soldats morts à la guerre et de commémorer la libération, la paix et le retour de la république qui, ici, se libère de ses chaînes. Cette femme droite et digne est reprise dans un autre monument aux morts datant de 1960, nommé Souvenir, Unité, Paix situé à Vaise, dans le neuvième arrondissement de Lyon. En effet, ce quartier a particulièrement été touché par les bombes et un monument est dédié à la population. Un femme se tient droite et marche d un pas ferme et décidé. Le drap qu elle revêt remonte jusqu à sa poitrine et souligne son corps plus qu il ne le cache. Elle 22 Wecxsteen Armelle, «André Tajana ( ), Inventaire d un atelier», mémoire de métrise sous la direction de Mme Bertin, Université Lumière Lyon 2, 2003, p Salendre Georges, Georges Salendre, sculpteur, édition l Hermès, Lyon, Buren Daniel, Ponctuation Statue-Sculpture, éditeur : Le nouveau musée, Lyon,

23 Georges Salendre, La République enchaînée, 1946, place Lazare Goujon à Villeurbanne Georges Salendre, Souvenir, Unité, Paix située à Vaise, 1960, source : Salendre Georges, Georges Salendre, sculpteur 23

24 porte dans ses bras arrondis un enfant souffrant, qui s agrippe à sa mère. Relevant la tête, elle reste digne et semble exposer aux yeux du monde le mal fait aux civils, victimes des guerres. Salendre a volontairement réalisé une sculpture épurée, il n y ajoute aucune décoration ou ornement accessoire. L artiste représente de façon simple et directe les êtres et le sentiment exprimé ainsi que l émotion sont renforcés par ce parti-pris de sobriété. Des œuvres commémoratives en l honneur d un homme important sont particulièrement appréciées dans l espace public. Entre 1951 et 1970, donc pendant près de vingt ans, André Tajana va sculpter le buste d Edouard Herriot, situé dans le square Jussieux, dans le troisième arrondissement de Lyon. Le sculpteur choisit la forme en Hermès pour ce buste. Le maire de Lyon est ici représenté de face, lorsqu il a soixante ans. La position de son cou confère un certain hiératisme à la statue. Cet homme semble dénué d émotion, car c est ainsi que le veut le sculpteur qui va à l essentiel et se détache des détails ornementaux. Ne cherchant pas la ressemblance, il évite par exemple d attribuer une pipe au maire, objet que l on retrouve souvent dans d autres représentations. Tajana montre le visage de cet homme de façon directe, presque sévère. Il parvient ainsi à dépasser l enveloppe charnelle et à nous livrer l intériorité, le reflet intérieur d Edouard Herriot 25. Le sculpteur parvient exprimer, à travers son œuvre, les sentiments personnels d un homme. De nombreuses sculptures de cette époque sont donc liées à la fonction de mémoire, celle des sacrifices ou celle des grands hommes de la patrie. Parallèlement à cette production importante de sculptures commémoratives, des œuvres, non engagées, sont édifiées, mettant en avant le corps humain et reprenant en général des allégories. Les sculpteurs valorisent parfois des idées importantes et symboliquement fortes, telles l abondance, la paix, la patrie et la gloire ou des notions plus intimes comme la pensée, mais aussi les préoccupations de la vie quotidienne. Tous ces sujets sont représentés en passant par le corps humain qui sert de transition entre une idée et sa compréhension. Il figure un thème. Georges Salendre utilise notamment des corps masculins ou féminins pour 25 Wecxsteen Armelle, «André Tajana ( ), Inventaire d un atelier», mémoire de maîtrise sous la direction de Mme Bertin, Université Lumière Lyon 2, 2003, p

25 25 André Tajana, le buste d Edouard Herriot, 1951 et 1970, square Jussieux

26 «exprimer en sculpture les impressions ressenties dans la vie» 26. Les sujets restent académiques 27. Souvent, des personnages nus ou peu vêtus symbolisent l idée représentée, tout en lui en conférant une dimension imposante et brute. C est le cas de La pensée, placée en 1965 sur la place Ollier dans le septième arrondissement de Lyon. Cette œuvre, commandée au sculpteur par l Université, remplace une ancienne sculpture de Salendre prescrite par la même instance, A la mémoire des universitaires morts dans les camps inaugurée en Elle est détruite pendant la guerre d Algérie et l Université, pour des raisons budgétaires, demande de conserver l ancien socle, composé de trois parties de formes triangulaires et superposées, mais de concevoir une nouvelle œuvre 28. Georges Salendre édifie ainsi La pensée. Une femme nue est à genou et sa main droite attrape son poignet gauche dans un mouvement qui semble remonter ses bras au niveau de sa tête. Cette position, le corps replié sur luimême, peut faire penser au mouvement de tristesse ou de nostalgie éprouvé à la pensée d une personne disparue. Ces sculptures Georges Salendre, La pensée, 1965, place Ollier publiques suivent la tradition mais commencent à être indépendantes du temps narratif 29. Les formes se réduisent à l essentiel des volumes 30. L image de la femme, souvent choisie par les sculpteurs, permet de travailler sur le renouvellement de la représentation. Des 26 M-Annick Lavigne, cité dans Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville, édition la Passe du vent, Vénissieux 2010, sp 27 Gardes Gilbert, Lyon, L art et la ville, CNRS, édition du CNRS, Paris, 1988, p Buren Daniel, Ponctuation Statue-Sculpture, éditeur : Le nouveau musée, Lyon, 1980, p Gardes Gilbert, Lyon, L art et la ville, CNRS, édition du CNRS, Paris, 1988, p

27 sculptures comme celle de Tajana, avec l Abondance, devant le marché aux Gros en 1964, rendent bien compte de l épuration des formes et de la simplicité des volumes. Cette œuvre lui est commandée par la ville de Lyon en 1964 lors de la construction du marché gare. L allégorie est représentée sous les traits d une femme ayant la main gauche posée sur un panier remplie de végétaux. Cette position du bras permet de faire un lien direct entre la femme et ce qu elle symbolise. L artiste modèle sa sculpture en la rendant légèrement asymétrique par l appui de la femme sur sa jambe gauche, côté où se trouve aussi son panier 31. Tajana, l Abondance, devant le marché aux Gros, Gardes Gilbert, 1988, p Wecxsteen Armelle, «André Tajana ( ), Inventaire d un atelier», mémoire de maîtrise sous la direction de Mme Bertin, Université Lumière Lyon 2, 2003, p. 72 et 84 27

28 Par les commandes qu ils reçoivent de la part des élus, ou au titre du 1% ainsi que par les dons qu ils font à la ville, les artistes parviennent à se faire connaître et un grand nombre de leurs œuvres sont placées dans l espace public. Elles se trouvent aussi bien à Lyon que dans les communes avoisinantes comme Vénissieux où trois œuvres de Salendre (La Belle Cordière, Nu assis, La république des peuples) et deux de Tajana (Le Coq, groupe scolaire Max Barel et Sans titre au groupe scolaire Louis Pergaud) se répartissent dans les quartiers 32. Les deux sculpteurs mettent en avant le corps féminin. Pour Georges Salendre, ce corps devient «un constant prétexte à l évocation des idées qu il célèbre» 33. Par des formes simples et dépouillés, ils donnent forme aux sentiments humains. Durant cette période, des artistes exposent leurs œuvres dans l espace public mais vont aussi travailler en étroite collaboration avec des architectes, notamment avec ceux prônant l architecture moderne. b) La continuité de l architecture moderne A partir de 1945, le mouvement moderne qui avait débuté avec la constitution du Bauhaus 34 en Russie, se développe de façon importante dans tous les pays européens, ainsi qu aux Etats-Unis, mais aussi aux Indes et au Japon 35. En France, l Etat est rapidement confronté à la crise du logement. Celle-ci est due à la surpopulation, la vétusté des habitations et leur état sanitaire dégradé. Un mouvement d édification de nouveaux logements se fait jour. Le ministre de la reconstruction, Eugène Claudius Petit, admirateur de Le Corbusier, soutient le mouvement moderne. L idée est de moderniser la France et donc d accélérer son urbanisation. Le ministre invente la politique des secteurs industrialisés, qui permet au pays de se doter de nombreux ensembles d habitations. Mais ce processus ne laisse pas assez de 32 Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville, édition la Passe du vent, Vénissieux, 2010, np, voir aussi le tableau en annexe 33 Salendre Georges, Georges Salendre, sculpteur, édition l Hermès, Lyon, 1981, p Bauhaus : litteralement «maison pour la construction», école allemande d'architecture et d'arts appliqués créée par l'architecte Walter Gropius en 1919 à Weimar. L'école soutenait que l'art se devait de répondre aux besoins de la société et la distinction entre les beaux-arts et la production artisanale était désormais jugée caduque. L'art et l'architecture devaient savoir s'adapter tant aux nécessités qu'à l'influence du monde industriel moderne. 35 Rey Jacques, Lyon, cité radieuse, Une aventure du mouvement moderne international, Libel, Lyon, 2010, p

29 Georges Salendre, La république des peuples et Nu assis, 1968, Vénissieux André Tajana, Le Coq, groupe scolaire Max Barel, 1968 Source : Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville, édition la Passe du vent, Vénissieux, 2010, non paginé 29

30 place ou ne donne pas assez d importance à l urbanisme et aux équipements 36. Le ministre propose aux jeunes architectes adhérents aux idées modernes et à la Charte d Athènes, des projets de reconstruction. Le courant moderne Le courant moderne développe un lien fort entre l architecture et l art, mis en relation par une écriture commune. Ce courant est fortement influencé par le cubisme 37. Jacques Rey rajoute que «les artistes s inspirent du cubisme, de l expressionnisme, du surréalisme et du futurisme et tous ces mouvements inspirent les architectes. Les artistes apprennent l architecture aux architectes» 38. Dans la région lyonnaise, le cubisme n aura pas ou très peu d influence sur les architectes modernes. Mais leurs conceptions restent tournées vers un art total et les rapports entre architectes et artistes deviennent consubstantiels 39. A Lyon, dans les années quarante-cinq et jusqu en 1970, de nombreux bidonvilles subsistent dans la périphérie 40. La municipalité décide alors de remédier au problème de la surpopulation et des logements vétustes. La direction départementale du ministère de la reconstruction et de l urbanisme charge deux jeunes architectes du mouvement moderne, Franck Grimal et René Gagès, d étudier le nouveau plan d urbanisme de l agglomération lyonnaise 41. De nombreux étudiants adhèrent au mouvement et en 1949, ils contestent l enseignement académique de l école régionale. Repoussant les idées de Tony Garnier, les jeunes architectes suivent alors René Gagès et François Régis Cottin qui ouvrent un atelier en dehors des systèmes conventionnels. Le mouvement moderne se revendique comme inscrit dans le présent et travaillant avec les moyens mis en œuvre par la révolution industrielle, les nouveautés techniques et scientifiques. Les architectes aspirent à l industrialisation et à la 36 Delfante Charles et Pelletier Jean, Atlas historique du Grand Lyon, édition Xavier Lejeune, Seyssinet-Pariset, 2004, p Cubisme : Influencé par les enseignements de Cézanne. Ce mouvement possède deux phases. La phase analytique : utilisation de plusieurs angles visuels pour un même objet. Dissection en plusieurs facettes multiples avec une palette de couleurs limitée. La phase synthétique avec l invention du collage et du papier collé. 38 Entretien avec Jacques Rey, voir annexe n 2 39 Idem 40 Beaufort Jacques, Vingt siècles d architecture à Lyon (et dans le grand Lyon), éditeur Jean- Pierre Huguet, Saint-Julien-Molin-Molette, 2010, p Rey Jacques, 2010, p

31 Unité d Habitation de Bron-Parilly, source : Agence d urbanisme de Lyon production en série 42. Il faut donc produire pour le plus grand nombre une architecture de qualité, empreinte d innovations techniques. Afin de palier au manque de logements, des grands ensembles sont édifiés pour pouvoir accueillir la population non ou mal-logée. A Lyon et dans les communes limitrophes, plusieurs ensembles vont être édifiés comme Bron-Parilly, Mermoz, la Duchère et Montessuy. La première construction de ce type dans le Grand Lyon est celle de Bron-Parilly, commencée en 1950 et inaugurée en 1957, qui sera une «opération expérimentale de référence» 43. Elle est la première manifestation du mouvement moderne à Lyon et rejoint les recommandations de la Charte d Athènes. Le béton est très utilisé en architecture car celui-ci est un des 42 Rey Jacques, 2010, p Rey Jacques, 2010, p

32 matériaux les moins chers et il est facile à mettre en œuvre. Il est donc employé en grande quantité dans les constructions d immeubles. Pour pouvoir produire rapidement et en série, les architectes imaginent de nouvelles techniques. Un module de base est adopté, formant des caissons reproductibles en très grande série 44. Les logements sont de qualité, entourés d espaces vert et bien desservis par les transports. A Bron-Parilly, les architectes vont travailler avec des artistes dont Claude Idoux, peintre et Amado, céramiste. Les œuvres sont intégrées lors de la conception du projet, et non pas simplement rajoutées après que le bâtiment soit construit. Coloration de la façade de Bron-Parilly, source : Rey Jacques, Lyon, cité radieuse, Une aventure du mouvement moderne international Claude Idoux, peintre abstrait, met en œuvre une nouvelle conception de la coloration. Les façades ne sont plus porteuses mais métalliques et vitrées. Elles sont rythmées par une trame et l intérieur des loggias est coloré, ce qui n est pas le cas des façades 45. La façade du 44 Beaufort Jacques, 2010, p Rey Jacques, 2010, p. 44 à 46 32

33 cinquième étage est composée de briques creuses colorées et vernissées par Jean Amado. L impression rendue est un défilé et un changement constant de couleur de l immeuble en fonction du parcours et du point de vue du piéton. Malheureusement, leurs œuvres vont être détruites lors de la réfection des bâtiments 46. L expérience des grands ensembles, ou «unité de voisinage» sera poursuivie par le maire de Lyon Louis Pradel, et systématiquement sur des terrains devant être libérés par l armée, tels que la Duchère, Caluire-Montessuy ou Sainte-Foy-Lès-Lyon. A la Duchère, une société d économie mixte d aménagement, la Société d Equipement de la Région Lyonnaise (SERL), dirige les opérations. Sous la direction des architectes François-Régis Cottin et Franck Grimal, les logements sont édifiés entre 1956 et Cette deuxième unité d habitation, ou grand ensemble, s inscrit dans un plan de masse avec la barre des milles et, pour casser la frontalité, François-Régis Cottin fait édifier une tour cylindrique de trente étages fortement structurée ainsi qu une église sur le plateau 47. Cette construction s insère dans le cadre particulier de pentes dominant la Saône, dans le parc d un ancien château. La Duchère, source : Agence d urbanisme de Lyon 46 Beaufort Jacques, 2010, p Gages René «Histoire de l architecture et de l urbanisme à Lyon» in Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon, du XXe au XXIe siècle, St-Just-la-pendue, 2000, p

34 Il s agit de construire une véritable ville avec des quartiers bien différenciés. Selon les théories de Le Corbusier, chaque quartier comporte des services et est relié au secteur central, caractérisé par la tour panoramique 48. Un autre architecte, Jean Dubuisson, a dessiné une barre très pure, celle des Erables, en Elle est composée de rectangles très bien proportionnés et ornés de lignes se coupant à angle droit. Elle fait référence à la Cité radieuse de le Corbusier 49. Devant cette construction, se situent cinq menhirs en acier inoxydable de 5,40 m pour le plus haut, et qui marquent l entrée sud du quartier dès Dénommés Sculpture, ils sont l œuvre de Philolaos Touplos. Cette œuvre fut primée dans un concours organisé par le promoteur de la cité, la Cofimeg 50. Une rupture est marquée entre l imposante construction et l œuvre fragile. Une similitude peut aussi être perçue entre l immeuble des Erables, dont le socle qui semble peu épais rompt avec l élancement massif du bâtiment, et l œuvre de Tloupas, qui s élance en ayant parfois un pied bien fragile. Philolaos Touplos, Sculpture, 1967 Immeubles les Erables, La Duchère 48 Beaufort Jacques, 2010, p Legrand Christian, Le logement populaire et social en Lyonnais , éditions aux Arts, Lyon, 2002, p Mission de coopération culturelle de la ville de Lyon et Mission Lyon La Duchère, Carnet de projet n 2, Lyon, La Duchère, art et culture,

35 D autres bâtiments, en dehors des grands ensembles, sont construits sur les principes du mouvement moderne, et continuent à associer un architecte et un ou plusieurs artistes. La résidence Claire, bâtie par Gabriel Roche de l atelier de René Gagès, est un de ceux-là. Sa construction date de 1965 et reste dans la ligné du mouvement initié par René Gagès. Les plasticiens Maxime Descombin et Claude Idoux 51 travaillent aussi sur le projet. Claude Idoux réalise le pignon de la résidence, sorte de monumentale fresque abstraite en bas-relief. Des motifs géométriques mais non répétitifs sont juxtaposés, formant un grand ensemble unifié scandant le pignon de l édifice. Les deux plasticiens réalisent également, à l intérieur de la résidence, des boîtes à lettres stylisées placées dans le hall de l immeuble. Façade de la résidence Claire, source : Rey Jacques, Lyon, cité radieuse, Une aventure du mouvement moderne international 51 René Gagès participant aux activités de l Académie du Minotaure, il entreprend des recherches sur la couleur et la ville. Le peintre Claude Idoux joue un rôle important et devient en 1961 esthéticien-conseil permanent de l atelier d architecture et d urbanisme René Gagès. Rey Jacques, 2010, p

36 Pignon de la résidence Claire, boîte aux lettres de l entrée, source : Rey Jacques, Lyon, cité radieuse, Une aventure du mouvement moderne international Les bâtiments construits dans le style moderne parviennent donc à allier parfaitement architecture et œuvres par le fait que tous les intervenants élaborent ensemble le projet. Parallèlement à l expansion de cette forme d art, d autres sculptures et œuvres plastiques, plus éloignées des constructions, viennent agrémenter l espace public des communes, notamment par le biais d expositions organisées par de fervents défenseurs de l art contemporain. c) Développement de la commande publique à Vénissieux Dans l agglomération lyonnaise, le principe du 1% a été favorable aux artistes, leur permettant de vivre de leur art, malgré le fait que le type d œuvre choisi soit restrictif et que 36

37 les sculpteurs aient été majoritairement retenus dans les premières années. Mais ce procédé a aussi aidé les jeunes artistes à développer leur art, différent de celui des sculptures commémoratives et à se faire connaître. Néanmoins, peu d entre eux se voient confier des commandes. Le 1% est donc un bon moyen de mettre en avant leurs idées et nous pouvons remarquer que leurs œuvres semblent parfois plus innovantes que celles des sculpteurs reconnus. Après la guerre, les commandes publiques passées par les villes sont essentiellement des monuments aux morts ; entre 1950 et 1970, le 1% permet d introduire des œuvres contemporaines dans les bâtiments scolaires en construction : les enfants, collégiens ou lycéens vont pouvoir se familiariser avec ce style nouveau. Cependant, dans la plupart des villes, la politique de commande se limite aux œuvres du 1% jusque dans les années quatrevingt. Pourtant la ville de Vénissieux constitue une exception grâce à la politique favorable à l art contemporain qui s est développée dès les années soixante-dix. A partir de 1968, de très nombreuses œuvres vont voir le jour dans cette commune au titre du 1%. Plus d une dizaine d œuvres vont être installées entre 1968 et 1975 dans les édifices scolaires. Parallèlement, peu œuvres vont rejoindre d autre espaces publics comme les parcs avec Le lit de Geneviève Dumont, qui est une donation de l artiste à la ville, ou dans un ensemble d habitations avec la sculpture de Françoise et Michel Turin 52. La ville de Vénissieux bénéficie par ailleurs des compétences d un expert en développant le poste de conseiller pour les arts plastiques. Ce poste sera occupé par Madeleine Lambert de 1970 à l an 2000, qui soutient alors une politique active en faveur de l art contemporain. Elle fait acheter des œuvres et organise des expositions comme le symposium réalisé en 1973, nommé Sculptures dans la ville. Préparée avec l aide de nombreux partenaires culturels de Vénissieux comme le Centre culturel communal, cette exposition a pour but de rapprocher les habitants de l art contemporain, de le mettre en contact avec le public. Pour cela, les œuvres ont été réparties dans des lieux très fréquentés de la ville : piscine, école, centres sociaux, gymnases, stade ou église, permettant ainsi à une plus 52 Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville, édition la Passe du vent, Vénissieux 2010, np 37

38 grande population de les apprécier 53. L évènement pose aussi la question de l art intégré à la cité et indispensable à celle-ci ainsi que les moyens et les besoins des artistes dans cette société. Des animations sont proposées à la population et des visites organisées pour les groupes scolaires 54. Plan de répartition des œuvres dans la ville, source : archives de la mairie de Vénissieux Cet évènement réunit vingt et un sculpteurs venant tous de la région. Certains sont connus nationalement tels que Ivan Avoscan, Maxime Descombin ou Georges Salendre. D autres sortent de l école des Beaux-arts dont Christiane Guillaubey et Geneviève Dumont. Des matériaux très variés sont utilisés comme le bois, le fer, la pierre, le bronze, l aluminium, l acier, le cuivre ou le béton. Trente-trois sculptures sont exposées dans des formes figuratives ou abstraites. Vingt cinq d entre elles, résistantes aux intempéries, sont à l extérieur et sur des lieux de passage. Huit plus fragiles, se trouvent à l intérieur de certains bâtiments. 53 Archives du service art plastique de la ville de Vénissieux, Lettre de Madeleine Lambert aux artistes, Sculptures dans la ville, mai-juin Archives du service art plastique de la ville de Vénissieux, Sculptures dans la ville, mai-juin

39 Joseph Ciesla, Tour-Tulipe, 1973, source : archives municipale de Vénissieux Parmi ces œuvres nous pouvons citer celle de Joseph Ciesla, Tour-Tulipe, mesurant 2 mètres de haut sur 1,60 mètre de large. Cette sculpture mobile en acier inox est colorée majoritairement dans les tons orange et rouge. L artiste, déjà connu pour ses œuvres dans la région lyonnaise et sa participation à de nombreuses expositions, réalise ici une large fleur composée de pétales en forme de lamelles. La sphère qu elles constituent se referme sur le cœur de la fleur comportant trois plaques ovales liées entre-elles. Un grand pied, composé également de grandes plusieurs lamelles, fait office de tige pour la fleur. Cette tulipe est à la fois attirante par ses grands pétales en inox réfléchissant la lumière et menaçante par sa taille 55. Cette œuvre côtoie celles d artistes moins connus comme Métamorphose de Bernard Leone, fraichement sorti de l école des Beaux-arts de Lyon. Cette grande sculpture en chêne de 1,90 mètre de haut représente un étagement de plusieurs formes différentes comme un rectangle strié sur lequel repose deux rondins, puis vient une forme en creux. Bernard Leone, Métamorphose, 1973, source : archives municipale de Vénissieux Cette dernière supporte une longue barre en bois verticale et sculptée comme un enroulement de ruban. Cette sculpture est imposante mais fragile car les éléments semblent tenir en équilibre les uns sur les autres, et certains, comme les rondins paraissent peu stables. Ces œuvres jalonnent les espaces publics de Vénissieux et donnent une ouverture culturelle aux 55 Archives du service art plastique de la ville de Vénissieux, catalogue Sculptures dans la ville,

40 habitants, composés de nombreuses familles d ouvriers, peu habitués à la vision de l art contemporain. Suite à cette exposition, une série de commandes fut passée afin de réaliser des œuvres du 1% dans les nouvelles écoles des Minguettes 56. De nombreuses écoles doivent alors recevoir une œuvre dans leur enceinte, dont le groupe scolaire Léo Lagrange. La ville de Vénissieux passe commande à Geneviève Dumont. Elle sculpte alors La Mémoire, avec du béton blanc, matériau qu elle utilise régulièrement pour ses œuvres 57 qui sont le plus souvent monumentales et abstraites. Voulant montrer ce qui se développe dans l esprit humain, à l intérieur même de l homme, elle reprend les thèmes et les objets du quotidien afin d exprimer et de figurer la vie 58. Ici La mémoire est une sculpture de 2 mètres de haut représentant des formes longilignes Geneviève Dumont, La Mémoire, groupe scolaire Léo Lagrange, 1975, source : Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville accolées ; elles sont composées de creux et de ressauts. Cette œuvre pourrait faire penser aux souvenirs clairs ou confus enregistrés par le cerveau humain. De même, La porte du soleil est commandée à Serge Boyer et est inaugurée en 1975 à l école élémentaire Saint-Exupéry. Cette œuvre, de 1,87 mètre de haut, est composée de deux piliers verticaux en pierre, arrondis sur leurs angles extérieurs, et espacés d environ un mètre. Deux pierres rectangulaires plus fines s insèrent de manière horizontale entre les deux piliers. Sur l une d elle, un cercle gravé représente vraisemblablement un soleil. Des rayons partant vers le sol le complète. Le soleil semble envoyer ses rayons vers la terre. La disposition des pierres et des piliers ainsi que les dimensions imposantes de la sculpture font penser effectivement à une porte. Celle-ci permettrait-elle l accès à un autre monde? L artiste a été un disciple d Ivan Avoscan qui sculpte des œuvres abstraites dans de la pierre venant le plus 56 Duperray Sylvie, , p Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville, édition la Passe du vent, Vénissieux 2010, np 58 Goyard G. Christine,

41 souvent de Bourgogne. Reprenant ce matériau, Serge Boyer conçoit des œuvres monumentales et prend pour thème la mythologie et la poésie 59. Serge Boyer, La porte du soleil, école élémentaire Saint-Exupéry, 1975, source : Goyard G. Christine, Vénissieux, Art dans la ville La ville de Vénissieux est donc en avance sur le reste de la région lyonnaise par l intérêt porté à l art contemporain et l apparition d un poste réservé à un conseiller en art plastique. De plus, le symposium organisé dans cette ville est une des premières expositions de sculpture dans l espace public, bien avant celle de Lyon en Cette manifestation s inspire peut-être du symposium organisé à Grenoble en Dans les années qui vont suivre, l art contemporain va se développer dans communes avoisinantes et notamment à Lyon. Cet élan sera notamment donné par des critiques d art et des institutions artistiques, qui voient peu à peu le jour. Pendant ces années, le développement de l art dans la ville est donc peu exhaustif. En effet, l après-guerre est dominé par les grandes reconstructions et les œuvres ne sont évidemment pas traitées en priorité par les élus. Les années suivantes voient l édification d un grand nombre de monuments commémorant les deux dernières guerres ou les grands hommes de la patrie. Pour cela, il est fait appel à des sculpteurs connus qui avaient déjà travaillé avant la guerre. Des artistes plus jeunes font leur apparition, comme Ivan Avoscan, et parviennent à obtenir des commandes ainsi qu à développer l art abstrait. Les institutions contribuent peu à l art contemporain et c est avec l arrivée progressive de quelques personnes engagées comme à Vénissieux, que les artistes trouvent un soutien. Dans le même temps l architecture moderne 59 Goyard G. Christine,

42 se développe à Lyon à travers de grandes réalisations. Elles contribuent à mêler les métiers d artiste et d architecte afin de parvenir à une œuvre d art totale. La décennie suivante sera marquée par le grand déploiement d œuvres dans l espace public, du à des commandes passées par des connaisseurs, puis par des élus. 42

43 II L émergence de projets artistiques de grande envergure :

44 44

45 a) L impulsion donnée à l art par les critiques Lyonnais Un tournant important de l histoire de l art contemporain à Lyon a lieu en 1976, avec l arrivée des œuvres d art monumentales dans le métro et l apparition de l ELAC (Espace Lyonnais d Art Contemporain). Ces prémisses amèneront un très important développement de l art contemporain dans le Grand Lyon. L impulsion donnée à l art contemporain raevient à un groupe de critiques Lyonnais composé d André Mure 60, René Deroudille 61 et Jean-Jacques Lerrant 62. Leur groupe, nommé l ACAL (Association des Critiques d Art Lyonnais), mène alors une politique offensive en faveur du développement de l art contemporain à Lyon. Cette association soutient vigoureusement les artistes et la promotion des œuvres dans l espace public, notamment par des catalogues et des articles 63 et est suffisamment décidée et militante pour influer sur la politique des élus, notamment celle de Louis Pradel 64. Ces derniers étaient très peu intéressés par l art contemporain. Mais ils finirent par céder ; les membres de l équipe obtinrent de participer et d élaborer un nouveau projet artistique pour la ville. André Mure racontent que Louis Pradel «a été obligé de nous reconnaitre, de faire appel à l association des critiques d art, tout d abord pour décorer les stations de métro qui naissent à Lyon et ensuite pour accepter de créer l espace Lyonnais d art contemporain.» 65 Le métro : René Waldmann est nommé directeur de la SEMALY (Société d Etude du Métropolitain de l Agglomération LYonnaise) 66 qui est chargée de mettre en place le réseau métropolitain. La première rame de métro est mise en fonctionnement en Les travaux sont très 60 André Mure ( ) : journaliste et critique d art, il devient en 1977 l adjoint à la culture de Francisque Collomb 61 René Deroudille ( ) : pharmacien, il partage son temps entre la critique d art et l organisation d exposition 62 Jean-Jacques Lerrant ( ) : critique d art, il tient notamment la rubrique art dramatique et art plastique au journal le Progrès 63 Duperray Sylvie, , p Louis Pradel, maire de lyon de 1957 à André Mure, cité dans Duperray Sylvie, , p Giraud Marion, Le métro Lyonnais , «Architecture et interventions artistiques», mémoire sous la direction de Mme Bertin, Université Lumière Lyon II, , p

46 importants et des tranchés sont creusées dans de nombreuses rues de Lyon afin de mettre en place la ligne A et la ligne B. En 1975, le conseil municipal ainsi que le maire Louis Pradel, prennent la décision de profiter des travaux pour rendre les rues piétonnes de la place Carnot à la place des Terreaux 67. La place Ampère fait l objet d un réaménagement et la rue Victor Hugo reçoit un revêtement aux motifs géométriques 68. Chantier du métro à la Croix-Rousse, Lyon 1er, source : Agence d urbanisme de Lyon Afin d effectuer un choix artistique des œuvres allant être disséminées dans toutes les stations, les élus, les architectes et les techniciens sont rejoints par les trois critiques d art dès La commission est présidée par André Mure et les critiques de l ACAL présentent des artistes aux différents membres du jury afin qu ils proposent des œuvres contemporaines. Leurs avis comptent beaucoup dans la décision finale. Seize œuvres vont finalement être choisies entre 1976 et 1984, dont une grande proportion conçues par des plasticiens régionaux. Le choix des œuvres fait la part belle aux sculptures. Le choix artistique porte en général sur l abstraction 69 ; la diversité et l éclectisme des œuvres prouvent l ouverture à des artistes différents et parfois peu connus du grand public. L idée suivie par les critiques est de 67 Delfante Charles et Pelletier Jean, 2004, p Giraud Marion, , p Art abstrait : courant des arts graphiques et plastiques du XX e siècle qui rejette la représentation du réel tangible. Les artistes proposent, purement et simplement, une "image abstraite". Les œuvres abstraites sont autonomes et ne renvoient à rien d autre qu elles-mêmes 46

47 pouvoir sensibiliser le public et les amateurs à l art, et pour cela il faut le montrer à tous, l utilisation du métro est donc un bon moyen pour que les habitants côtoient les œuvres d art contemporaines Soleil d Ivan Avoscan, 1978, station Bellecour et Alain Lovato, 1978, station Charpennes Les œuvres se répartissent à l intérieur comme en surface. Les œuvres internes sont assez variées, certaines se présentent sous la forme de sculptures comme celle d Alain Lovato installée en 1978, à la station Charpennes, à Villeurbanne ; son œuvre semble se refermer et s enrouler afin de mieux accrocher les regards. Le Soleil d Ivan Avoscan en 1978 à la station Bellecour, met en scène un large soleil, traversé horizontalement par un rayon et constitué d une multitude de petites pierres. Il semble se mouvoir et onduler dans l espace. Quelques œuvres adoptent des techniques diversifiées comme celles de la mosaïque telle La partie de football, la partie de basket de Jacques Decerle en 1981 à la station de métro Jean Macé. Sa Jacques Decerle La partie de football, la partie de basket, 1981 à la station de métro Jean Macé composition colorée est due à des tesselles 70 en pâte de verre. Elles représentent des personnages stylisés jouant à un jeu de balle. De même les vitraux de la place Guichard en 1981 de Camille Niogret et René Burlet, sont colorés et provoquent des jeux de lumière. 70 Tesselles : petites morceaux de verres assemblés 47

48 Certaines œuvres prennent la forme de peintures murales comme celle de Robert Duran, à la station Croix-Rousse, où l artiste laisse libre court à son imagination et développe des formes colorées au plafond de la station. L œuvre d'alain Dettinger, Les robots datant de 1978 et située à la station Hôtel de ville, est peinte sur de la tôle émaillée et représente des personnages inconnus avec des visages sans traits, fixant la foule impersonnelle qui leur est semblable. Olivier Giroud Fontaine en disque d acier, 1976, rue Victor Hugo Alain Dettinger, Les robots, 1978, station Hôtel de ville En surface, de nombreuses œuvres sont réparties dans les rues surplombant le métro. L œuvre d Olivier Giroud datant de 1976, Fontaine en disque d acier est située dans la rue Victor Hugo, malheureusement abandonnée aujourd hui, elle est composée de disque en acier inoxydable pliés en leur centre. Ils sont superposés afin de laisser l eau s écouler lentement vers trois piliers servant de base à la fontaine. 48

49 Serge Boyer, Le Grand Compas, 1977, place de la république puis la Duchère Des places importantes de Lyon sont réaménagées lors de l arrivée du métro, comme celle de la République. Cette transformation engendre le déplacement du monument dédié à Sadi Carnot et le maire en profite pour rendre la place piétonne. En 1977, l œuvre de Serge Boyer, Le Grand Compas, est installé dans ce lieu. Les sculptures sont en granit rose d Espagne auxquelles s ajoutent deux fontaines. Un large cercle, bordé de pierres en forme de cubes, est dessiné au sol. Il possède en son centre une vaste étoile entourée d un octogone dont les pointes sont reliées entres elles par un grand nombre de droites. Le tout est assemblé d une façon particulière afin que l œuvre évoque des symboles ésotériques ou maçonniques par un jeu de proportion et de nombre 71. André Mure explique que «La nouvelle fontaine de la place de la république, due à un jeune sculpteur de Vaison-la-Romaine, Serge Boyer, fut d abord mal accueillie par une population conservatrice, mais trois ans plus tard, cette fontaine est acceptée comme le sont les œuvres du métro» Par la suite, lors du percement d un parking et du réaménagement de la place, il fallut déménager l œuvre et l artiste l installa sur l esplanade de la Duchère en Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, L art contemporain dans les espaces publics, Territoire du Grand Lyon 1978/2008, édition la BF 15, Lyon, 2008, p Mure André, «L esprit de la fête domine la politique urbaine» in Académie nationales des arts de la rue, Les arts de la rue, édition du moniteur, Paris, 1985, tome II, p

50 Signal Spatial de René Roche Une dernière œuvre doit être évoquée à cause de la polémique qui l entoura lors de son installation, il s agit de celle de René Roche, Signal Spatial placée à la station Jean Macé en Lors de la réalisation, de la ligne B, la SEMALY décida de financer une sculpture qui s inscrivait dans le réaménagement de la partie nord-est de la place Jean Macé. La sculpture est accompagnée au sol d une mosaïque et se veut être un point de ralliement. Mais les habitants élèvent des protestations quand à sa présence et une pétition est adressée au maire. Les élus proposent alors un déplacement de l œuvre et l artiste, protestant contre cette décision, reste assis cinq jours et cinq nuits sur son œuvre. Des manifestations de soutient à l artiste ont lieu mais finalement elle est déboulonnée et déplacée boulevard du parc de l artillerie. L intérêt de l histoire de cette œuvre réside dans la polémique qu elle suscita. Elle exprime le contraste profond qui existait alors entre Villeurbanne, commune où l art contemporain était accepté depuis peu et où existait une politique de commande, et Lyon, qui restait enfermée dans la tradition et refusait l arrivée d une nouvelle forme d art. Les élus et personnalités de l art contemporain travaillant à Villeurbanne viennent alors soutenir l œuvre de René Roche, et donc par là l art qu ils défendent, contre la population et les élus Lyonnais qui ont du mal à accepter un art «différent» Entretien avec Claude Kovatchévitch, ancien président de la galerie BF 15, voir annexe n 4 50

51 Les travaux de la ligne A engendrent sur la place Louis Pradel de grands bouleversements et celle-ci doit être rehaussée afin de pouvoir faire passer le métro. Le maire Louis Pradel commande donc à Ipousteguy une série d œuvres. Celui-ci réalisera et installera en 1982 une fontaine nommée Le Soleil ainsi que le monument à Louise Labé, le monument à Louis Pradel et la Pyramide de l histoire de Lyon, toute en bronze. La Pyramide de l histoire de Lyon, le monument à Louis Pradel, Le Soleil d Ipousteguy Place Louis Pradel, 1982 Le métro est donc un travail aussi bien urbanistique qu artistique. Les œuvres du métro se posent donc en précurseur de l art contemporain à Lyon et impulsent un nouveau souffle à la ville. Cette première volonté d exposer aux yeux de tous l art contemporain sera suivie de près par de nombreux autres projets dans le but de développer cet art et de faire sortir des musées. 51

52 Ipousteguy, le monument à Louise Labé, place Louis Pradel,

53 L ELAC : Le second moment fort de l installation de l art contemporain à Lyon est l arrivée de l ELAC (Espace Lyonnais d Art Contemporain) au sommet de l échangeur Perrache. En 1976 s achève la construction du centre multimodal de transport qui permet de relier l autoroute, le métro, les bus, et les trains. Cet ensemble s inscrit dans un schéma adopté en 1968 et qui constitue un réseau d autoroutes en étoiles dont Lyon est le centre. Les plans ont été conçus par René Gagès, assisté de Guy Vanderaa et Jacques Rey 74. Au sommet de cet échangeur fut réalisé un vaste espace destiné à accueillir des commerces et une brasserie. Comme aucun candidat ne se présentant pour l exploitation de ce lieu, l Association Lyonnaise des critiques d art réussit à convaincre le maire d en faire un espace qui accueillerait l art contemporain 75. La première exposition est intitulée La réalité en questions et rassemble une dizaine de peintres Lyonnais 76. D après Jacques Bonniel, «La première exposition de ce lieu fut un mélange de performance, de métissage artistique ainsi qu un mélange de théâtre et de vidéo.» Vue aérienne de l échangeur Perrache, source : Agence d urbanisme de Lyon En 1976, Jean-Louis Maubant, directeur de l ELAC, organise une manifestation dans la rue Victor Hugo. Celle-ci est composée de performances en art contemporain. C est une des premières fois que les lyonnais se trouvent face à l art vivant dans l espace public, sous forme d art performance. D après Marianne 74 Le maire Louis Pradel était alors contre la construction de cet échangeur mais la décision finale revint au ministère de l équipement. 75 Actuellement l emplacement de la MJC Perrache 76 Poche Bernard, Le jeu de l art contemporain dans la région Lyonnaise, cahier n 6 du CERAT, Grenoble, 1990, p

54 Homiridis, «cet art est vivant et il impressionne, la sculpture ne rendant jamais cet effet là» 77. Le centre organise de grandes expositions internationales comme celle d Alain Charre, Europe 80, où des artistes comme B. Burgin, P. Calzolari, Mario Merz, et G. Paolini sont invités à réaliser des œuvres sur commande 78. L ELAC est la première institution d art contemporain à Lyon, elle permet de ce fait aux artistes régionaux de se faire connaître et ouvre Lyon à l art contemporain en exposant aussi des artistes internationaux. Cet organisme ne se contente pas d exposer des œuvres dans un espace privé, il les fait sortir du musée en organisant des expositions temporaires dans l espace public. Ce type de procédé sera repris ensuite dans un grand nombre de symposiums organisés par la ville elle-même. b) Les symposiums de sculpture (1978, 1980, 1982) A partir de la seconde moitié des années soixante a lieu dans la région Rhône-Alpes un grand nombre de Symposium permettant de réunir de nombreux artistes, en particulier des sculpteurs, afin qu ils puissent exposer leurs œuvres dans la ville. Un des premiers de ce type fut celui de Grenoble en A l occasion des jeux Olympiques, une exposition est réalisée dans la ville avec des œuvres d artistes comme Calder. Les ambitions du symposium s articulaient autour de trois axes ; promouvoir la sculpture, instaurer un débat public et constituer un ensemble patrimonial 79. Lyon s inspire donc de ces événements ainsi que de l apparition des villes nouvelles et des œuvres qui y sont installées par les politiques 80. Lyon suit et reprend cette idée d exposition d œuvre d art dans la ville et décide d organiser un symposium en Entretien avec Marianne Homiridis, annexe n 6 78 Poche Bernard, 1990, p Lagnier Sylvie, 2001, p Entretien avec Marianne Homiridis, annexe n 6 54

55 Le symposium de sculpture de 1978 : En 1978 André Mure, toujours critique d art et adjoint aux affaires culturelles de la ville de Lyon, monte une exposition intitulée Sculpture à la Part-Dieu, dans le nouveau quartier de la Part-Dieu. Ce nouveau quartier, qui abritait auparavant une caserne de cuirassiers, va complètement changer de physionomie à partir des années En effet, un des premiers projets de construction va être celui de Jean Zumbrunnen pour Moncey-nord de 1956 à L Etat décide ensuite, vers 1963 qu un centre de décision doit être bâti à cet endroit. Le projet est alors dirigé par Charles Delfante afin de construire un espace entièrement dédié aux affaires 81. Ce lieu devient alors un grand champ d expérimentation pour les architectes. Une large dalle destinée au cheminement des piétons est édifiée. C est dans le cadre du réaménagement de ce quartier que va se tenir, sur cette dalle, le symposium de sculpture. Le quartier de la Part-Dieu, source : Agence d urbanisme de Lyon 81 Beaufort Jacques, Vingt siècle d architecture à Lyon (et dans le grand Lyon), éditeur Jean-Pierre Huguet, Saint-Julien-Molin-Molette, 2010, p

56 L exposition est la première grande exposition de sculpture à Lyon depuis de très nombreuses années. Elle réunit vingt sept sculpteurs et une quarantaine d œuvres. Ces derniers sont régionaux comme Costa Coulentianos, Maxime Descombin, Christiane Guillaubey ou Alain Lovato, mais aussi internationaux tel que Calder, César, Max Ernst ou Miro. L objectif de cet évènement est de montrer «quelques une des grandes réalisations de l art contemporain» 82. Le comité d organisation est composé entre autre d André Mure, de critiques d art, du conseiller de la COURLY 83, du conseiller artistique de la DRAC 84. L exposition doit montrer des œuvres importantes et très diverses de l art contemporain. L exposition doit «doter un quartier neuf d œuvres qui soient pour l avenir un témoignage de l activité artistique contemporaine à Lyon et dans sa région» 85. Les œuvres servent à rythmer l architecture nouvelle du quartier, elles font transition entre l homme et les buildings. Onze de ces sculptures sont ensuite achetées par la ville et restent donc sur la dalle. Une partie de ces œuvres est encore visible aujourd hui, bien que quelques unes aient été enlevées à cause de leur mauvais état de conservation ou de leurs dégradations. 82 Catalogue d exposition, Sculpture à la Part-Dieu, festival de Lyon, Lyon, 1978, p.3 83 COmmunauté URbaine de LYon 84 Direction Régionale des Affaires Culturelles 85 Catalogue d exposition, Sculpture à la Part-Dieu, festival de Lyon, Lyon, 1978, p.3 56

57 Plan d exposition des œuvres, Catalogue d exposition, Sculpture à la Part-Dieu, Lyon,

58 Miro, Personnage, situé devant la COURLY, source : Catalogue d exposition, Sculpture à la Part-Dieu, Lyon, 1978 Alain Lovato, Signal-Orange, 1978 Henri Comby, Croncelhorbe,

59 Parmi celles exposées sur la dalle, on peut citer l œuvre de Calder, célèbre pour ses mobiles et ses stabiles. Son œuvre Arêtes de poisson est abstraite par les combinaisons de formes et Calder, Arêtes de poisson, source : Catalogue d exposition, Sculpture à la Part-Dieu, Lyon, 1978 figurative par les références aux arêtes qu elle laisse supposer. Elle découpe l espace par ses formes linéaires 86. Une œuvre de Henri Comby, Croncelhorbe, usinée sur machine outils, est faite de corps réguliers tel que le cercle, l hexagone, les sphères ou les cônes. Sa sculpture peut être vue comme une approche métaphysique de l architecture de l univers ou il représente les cinq éléments sous forme de motifs géométriques 87. L œuvre de Miro, Personnage, située devant la COURLY, reste dans le fil du surréalisme et est empreinte d un humour léger et puéril 88, quand à celle de Lovato, Signal-Orange, elle exprime par ses formes simples et par les surfaces peintes de pigment laqué, l essentiel du langage. C est une «ponctuation donnant un sens à l espace» 89. La volonté d André Mure est clairement exprimée, il veut «faire sortir l art des musées, où il est trop souvent enterré loin des yeux de tous, pour le faire participer à la vie de tous les jours». En mélangeant des artistes régionaux à ceux reconnus internationalement, il tente de montrer à ses contemporains l ensemble et la diversité des courants de son époque. D après Alain Lovato, l équilibre de cette exposition est permis par les différentes factures des œuvres ainsi que par les provenances variées des artistes 90. Le symposium de sculpture de 1980 : En 1980, un nouveau symposium de sculpture est organisé dans la ville de Lyon. En l absence du catalogue de cette exposition, il nous est difficile d exprimer clairement les souhaits du comité organisateur. Malgré tout, le catalogue de sculpture de , nous indique que l exposition de 1980 se tient dans des lieux publics et que les œuvres sont en 86 Idem, p Idem, p Idem, p Idem, p Entretien avec Alain Lovato, voir annexe n 7 91 Ville de Lyon, Sculpture dans la ville 1982, Lyon, 1982, np 59

60 matériaux nouveaux. Quelques œuvres ont été achetées et se trouvent encore dans la ville et en particulier dans le parc de la Cerisaie, sur la Croix-Rousse. Dans ce parc se situe notamment l œuvre de Bernard Pagès, Colonne, qui est sa première sculpture dans un espace public. Entre deux arêtes d enduit coloré ocre-rouge, l artiste empile Bernard Pagès, Colonne, 1980 des éléments similaires. Le tout est encadré de deux pierres calcaires à la base et au sommet. Cette sculpture, par sa verticalité, s harmonise avec les arbres environnants 92. Dans un plus petit parc, nommé Francis Popy, une Cage en métal est signée de l artiste Victor Caniato. Elle contient des galets provenant des moraines glacières du Rhône. Deux mondes se rencontrent ainsi : l acier façonné par l homme et les galets modelés par le temps 93. L œuvre de Claude Viseux, située devant l immeuble de la COURLY, reprend des sculptures qu il avait déjà présentées au symposium de Deux sculptures en acier poli, assez semblables, sont faites de formes arrondies et d excroissances. Elles semblent avoir été constituées de différentes pièces de machine et tiennent en équilibre sur une base convexe 94. Claude Viseux, Sans titre, devant la COURLY 92 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Idem, p Idem, p.69 60

61 Ce symposium accueille donc des sculpteurs qui comme pour la première manifestation, sont connus régionalement ou internationalement. Cet évènement marque donc un second temps fort dans l évolution de l art public, car il prolonge la politique artistique du premier symposium. Comme le précédent, l exposition de 1980 met le grand public en face des sculptures pendant un temps donné et en conserve ensuite certaines dans des lieux publics. Victor Caniato, Cage, 1980 La troisième Biennale internationale des arts de la rue : Une des premières manifestations d envergure internationale qui se tient à Lyon est celle de la «3éme biennale internationale des arts de la rue», qui se décentralise pour la première fois 95 et se déroule à Lyon sous le titre de Sculptures dans la ville 96. Francisque Collomb 97 rajoute que le paysage de la ville continue de se transformer, notamment avec le ravalement des immeubles «dans des gammes de couleurs qui enchantent tous les amoureux de la ville» et le nettoyage des bâtiments historiques. L événement est organisé par André Mure, adjoint délégué aux affaires culturelles depuis 1977, et s organise autour des groupes sculptés d Ipousteguy sur la place Louis Pradel. Elle rassemble plusieurs sculpteurs français, régionaux ou étrangers, tels qu Etienne Martin, Ivan Avoscan, Joseph Ciesla ou Oleg Goudcoff. Ils sont choisis sur le conseil des critiques d art. Dans tous les quartiers des œuvres sont exposées et quelques unes seront achetées par la ville ou César, Hommage à Léon, Les deux premières semblent s être tenues à Paris 96 Ville de Lyon, Sculpture dans la ville 1982, Lyon, 1982, np 97 Francisque Collomb, maire de Lyon de 1976 à

62 le FRAC (Fond Régional d Art Contemporain) dont l apparition date de cette même année 98. On peut ainsi citer, parmi les œuvres qui nous sont parvenues : celle de César, Hommage à Léon, sculpture en bronze soudé figurant un homme debout, exposée au parc de la Cerisaie. L œuvre de Marcus Reatz, Mimi, exposée dans le même lieu représente, sous forme de tronçons de bois rectangulaires, une figure allongée. La structure est rigoureuse par ses volumes et fait référence aux liens entre «l homme, la menace de l effondrement et le sol où il fait bon s allonger» 99. La Plante de Huub Kortekaas, située encore actuellement au croisement de la rue Garibaldi et de la rue Chevreul, est figurative. Cette monumentale plante métallique possède une grande densité et elle signalise le carrefour par son imposante présence. Marcus Reatz, Mimi, 1982 Lyon est mise en valeur par cette biennale décentralisée qui lui permet d étendre sa politique culturelle en proposant des œuvres exposées sur la voie publique et en achetant une vingtaine. Elle fait aussi preuve d ouverture par la diversité de ces œuvres et la présence délibérée d artistes étrangers. Huub Kortekaas, La Plante, Les FRAC ont été développés à titre d essai par Bernard Anthonioz en 1978 dans trois régions avant d être généralisés, en 1982, par le délégué aux arts plastiques Claude Mollard. Vingt deux FRAC apparaissent alors sous forme d association. Cet outil deviendra par la suite «un levier essentiel de la politique des arts plastiques». Ils font l objet d une convention, signée entre l Etat et les établissements publics régionaux, sur le principe de la parité de financement des acquisitions. Ils sont chargés de promouvoir, de contrôler et de diffuser toutes les formes de l art contemporain, sous forme d achat, en respectant un principe d éclectisme. Duplaix Sophie et Martin François-René, «Politique des arts plastiques», in Waresquiel (de) Emmanuel (ss la direction de), Dictionnaire des politiques culturelles de la France depuis 1959, Larousse, Paris, Ville de Lyon, Sculpture dans la ville 1982, Lyon, 1982, np 62

63 Malgré l intérêt porté aux Symposiums, peu d œuvres sont conservées car la ville de Lyon ne dispose pas d institution de conservation qui permettrait d en abriter un grand nombre, le musée des Beaux-arts refusant de s ouvrir à l art contemporain Les achats réalisés par la ville, comme lors des symposiums, permettent de compenser cette absence de lieux accueillant les œuvres. Mais seules celles habilitées à supporter les intempéries peuvent être conservées et exposées. Ces expositions permettent de donner un nouveau départ à l art public et seront suivies plus tard par des grandes manifestations mettant en valeur l art contemporain. Hélas, elles ne seront plus à l extérieur comme auparavant, mais dans des institutions dédiées à cet effet. c) La politique de Villeurbanne L année 1977 correspond à un certain changement en politique puisque de nombreuses communes autour de Lyon vont devenir socialistes. C est le cas de Villeurbanne où a lieu d élection de Charles Hernu 100, qui va travailler à rendre une identité propre à sa ville en la détachant de Lyon. Dans cette visée, il insuffle une nouvelle politique culturelle. Celle-ci va être particulièrement innovante dans le domaine des arts plastiques en les promouvant. La municipalité dote les espaces publics comme les places, ronds-points et parcs, d œuvres d art contemporaines. Elle accueille aussi le Nouveau musée sur son territoire. En 1978, à la suite de différents, Jean-Louis Maubant quitte l ELAC où il est remplacé par Marie-Claude Jeune. Il décide de fonder une nouvelle association en faveur de l art contemporain qu il nomme «Association pour un nouveau musée». Elle réunit plusieurs partenaires privés et organise des expositions de divers peintres, dont beaucoup de Lyonnais, dans plusieurs lieux publics comme l atrium de la caisse d épargne de Lyon. L association sollicite l aide de la ville de Lyon qui lui refuse. Elle se tourne alors vers Villeurbanne qui lui 100 Charles Hernu ( ) : responsable de la politique du Parti Socialiste pour les questions militaires et nucléaires, il est maire de Villeurbanne de 1977 à 1900 puis député en Il accède au rang de ministre de la Défense sous François Mitterrand 63

64 propose les locaux d une école primaire désaffectée en L association prend donc le nom du Nouveau musée de Villeurbanne, qui fonctionne avec l aide de la ville, de la région et de l Etat au conseil d administration. Afin d acquérir une envergure internationale et d être reconnu comme un grand centre d art contemporain, le nouveau directeur n expose plus d artistes régionaux (sauf ceux qui sont allés à Paris) et se concentre sur la venue d artistes internationaux 101. Daniel Buren expose notamment dans ce lieu, et c est ainsi qu il se fera connaître dans l agglomération lyonnaise. Cette institution va mettre en valeur la ville par l accueil d artistes reconnus et initie les Villeurbannais à l art contemporain. Mais le principal vecteur des arts plastiques restent l exposition sur un lieu public, d œuvres contemporaines. Charles Hernu fait de nombreuses démarches politiques pour sa commune et passe commande à des artistes afin d introduire des sculptures dans la ville. Les choix sont assez éclectiques et sont à l image de la cité. Deux axes sont suivis : permettre l accès à la culture au plus grand nombre et accueillir l art le plus contemporain 102. La commune participe à «la démocratisation de l art en facilitant son accès» qui permettra ensuite de relancer la commande publique Poche Bernard, Le jeu de l art contemporain dans la région Lyonnaise, cahier n 6 du CERAT, Grenoble, 1990, p Mortier Fromont Cécile, «Art et espace public : prospective et perspectives pour l agglomération lyonnaise», mémoire de DESS, développement culturel, sous la direction de Jacques Bonniel, Université Lyon II, 2001, p Lagnier Sylvie, 2001, p

65 Le Totem, de Guy de Rougemont En 1981, la municipalité décide de confier à Guy de Rougemont l édification d une œuvre sur la place Albert Thomas, au bout du cours Lafayette. Initialement, une rue devait relier le cours Lafayette à la Doua en bifurquant vers le nord. L œuvre de Rougemont devait donc être le point de départ de cette ligne droite qui ne fut jamais réalisée. Reposant sur un socle, cette colonne s élance sur 10 m de hauteur. En acier laqué, elle est striée de larges bandeaux de taille variable. Ceux -ci portent des couleurs très vives et gaies telles que le rouge, le bleu, le jaune ou l orange. La colonne résulte de la formation l association de deux figures géométriques : la courbe et la droite 104 ; la droite par la verticalité de la colonne et l horizontalité de ses bandeaux et les courbes séparant quelques unes des plus importantes bandes. La renommée de cette colonne ne fit que croître et peu à peu, elle fut adoptée par les habitants qui lui donnèrent le surnom du Totem. Placé à l extrémité est du cours Lafayette, il devient le symbole de l entrée dans Villeurbanne. 104 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p

66 La fontaine d Anne et Patrick Poirier est une des rares œuvres commandées par une municipalité en 1984 et réalisée en province. La destination de l œuvre est elle aussi originale car elle est destinée à un quartier suburbain 105. En effet, le quartier du Tonkin fut réhabilité de 1971 à La municipalité, voulant donner une identité au lieu, lance un concours et le projet des Poiriers est retenu. Au centre du quartier s étend un espace offrant dix-huit mille mètres carrés, les artistes décidèrent de faire de leur fontaine un repère visuel dans le paysage. La fontaine des Géants se situe dans le parc de l Europe, sur la place Chorel, constituée de marbre de Carrare, elle mesure 8m de haut. Anne et Patrick Poirier, La fontaine des Géants, 1984 Faisant référence aux combats mythologiques des dieux contre les Géants, elle regroupe des fers de lance rappelant les violents combats opposant les deux camps. Les restes des géants sont figurés par un œil cyclopéen. Des pierres amassées forment un éboulis et figurent le chaos que les artistes opposent à l ordre. Ce thème est rappelé par les restes d architecture miniatures d un temple et d une ville détruite. Un jeu est aussi organisé par les changements d échelle ; en effet, le contraste est marqué entre la petite ville et les géants, ce qui permet de perdre le spectateur entre les deux grandeurs. D après Sylvie Lagnier, les artistes utilisent le récit pour travailler sur les traces du mythe, la mémoire et l imaginaire 106. Les installations d œuvre sur les ronds-points ont été particulièrement primées à Villeurbanne. Ces lieux servant exclusivement à réguler le trafic autoroutier ont rapidement été utilisés pour y installer des sculptures. De nombreuses contraintes apparaissent, notamment la forme circulaire du rond-point, leur situation à l entrée des villes et le fait que les spectateurs les plus à même de voir ces œuvres sont les automobilistes, qui par conséquent 105 Lagnier Sylvie, 2001, p Lagnier Sylvie, 2001, p

67 passent peu de temps à admirer l œuvre. La ville de Villeurbanne commande en 1987 une œuvre à Etienne Bossut, nommée Autour d un abri jaune 107 et en 1988 à Jacques Vieille qui implante une structure métallique sur un carrefour 108. En 1989, Jean-Pierre Raynaud installe son œuvre, Giratoire, sur le rond point des Buers 109. Elle se développe vers l extérieur et se déploie sur trois niveaux. Les éléments signalétiques de la voirie comme les panneaux, sont utilisés et indiquent le même sens giratoire. L œuvre structure ces panneaux et les met en ordre. Ils sont en effet rangés selon leurs formes et leurs dimensions afin de présenter un ensemble ordonné. La dimension poétique du voyage n est pas oubliée avec l évocation d une quarantaine de noms de villes lointaines telles que Porto, Lima, Hambourg, Naples ou Kyoto. L artiste a rendu «expressifs des éléments qui appartiennent à un code utilitaire» 110. Ces ronds-points ont été une clé importante du développement artistique de Villeurbanne. Par le fait qu ils soient visibles des passants et des automobilistes, ils ont contribué à faire accepter l art contemporain à Villeurbanne, bien que certain aient tout d abord été mal acceptés. Jean-Pierre Raynaud, Giratoire, 1989, rond point des Buers, Villeurbanne 107 Au carrefour des rues Francis de Pressensé, rue Greuze et rue de château-gaillard 108 Au carrefour des rues Léon Blum et Emile Zola 109 Au carrefour des rues Greuze et rue du 8 Mai Lagnier Sylvie, 2001, p.182 et Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p

68 Situées à des points de rencontre importants, la plupart des œuvres fonctionnent comme des repères. Il est intéressant de voir que des initiatives municipales menées par des hommes de forte conviction sont des alternatives aux traditionnelles commandes de l Etat. Elles permettent l arrivée sur un territoire de l art contemporain, et le développement d une identité forte de la ville qui se forme autour de la culture. d) Naissance et renforcement de pôles culturels périphériques Le milieu des années soixante-dix voit apparaître dans les communes du Grand Lyon des projets culturels qui prennent de l importance. En 1977, les villes moyennes mettent en place les outils permettant de gérer leurs actions culturelles comme la délégation à la culture 111. Les villes de Givors et Vénissieux sont toutes deux en avance en terme d art contemporain car elles commandent, dès le début des années soixante-dix, de nombreuses œuvres aux sculpteurs. La commune de Vénissieux est très active en matière de commande publique, beaucoup d œuvres se situent dans des écoles ou jalonnent la ville, comme on peut le remarquer sur la carte répartissant les œuvres du Grand Lyon 112. Pas moins de quinze œuvres furent installées sur ce territoire en l espace de douze ans ( ). Une des grandes œuvres qui a fourni matière à réflexion en termes d art contemporain et de commande publique fut celle commandée en 1984 à Jean-Pierre Raynaud pour le quartier des Minguettes. La Tour Blanche, telle fut l œuvre conçue par l artiste, qui devait être au cœur du quartier. Celui-ci subit, dans les années 1982 et 1983 des grands affrontements sociaux qui lui donnèrent une triste réputation en France. La municipalité décide alors de détruire certaines tours, ce qui aggrave le malaise des habitants, obligés d être relogés ailleurs. En 1984, le ministère de la culture propose un concours afin d ériger une œuvre dans le quartier pour en changer son image négative. La société d HLM Logirel et la municipalité acceptent et le projet de Jean-Pierre Raynaud est retenu. Celui-ci propose une tour qui est une 111 Duperray Sylvie, «L art contemporain dans l espace public en Rhône-Alpes», mémoire de DEA sous la direction de Dario Gamboni, Université Lumière Lyon 2, , p Voir la carte de positionnement des œuvres dans le Grand Lyon, annexe n 10 68

69 Jean-Pierre Raynaud, projet de la Tour Blanche, 1984, Vénissieux, source : Quinze années de commande publique en Rhône-Alpes «réponse violente à une situation donnée d une égale violence» 113. L artiste offre de détourner entièrement une tour du quartier Démocratie et la recouvrir de carreaux de faïence. Il la transforme en sculpture. Elle devient alors un symbole et un signal vivant du quartier et de son passé. Elle doit être un acte culturel significatif d un renouveau tout en conservant la mémoire individuelle et collective 114. Mais en 1986, un premier refus du permis de construire donnera suite à un grand mouvement qui opposera l artiste et ses sympathisants à leurs détracteurs. Aujourd hui le projet n ayant toujours pas abouti, les archives en sont conservées au Musée d art contemporain de Lyon 115. Cette œuvre pose problème par son immensité ; recouverte de faïence, cette tour deviendrait une stèle commémorative gigantesque mais aussi un rappel aux municipalités de la réalité de ce type d urbanisme et de la difficulté de vivre dans ces quartiers. Cette œuvre obligerait la société, selon les dire de l auteur, à regarder et à affronter ce qu elle voulait oublier. Les pouvoirs publics constituent eux-mêmes un frein à cette réalisation pour laquelle ils ont pourtant donné leur accord 116. «Art et ville» à Givors La ville de Givors s investit dans les questions d art et d espaces publics, notamment en ce qui concerne le lien entre acte artistique et projets urbains 117. L Institut pour l art et la ville est fondé officiellement en 1993 mais il a débuté ses recherches dans les années quatrevingt dans les domaines de l art, de l architecture, de l urbanisme, des sciences sociales et de l action publique. Les recherches tout d abord centrées sur Givors, s ouvrent par la suite à la ville en général. L institut propose une lecture différente de la mégalopole contemporaine. Il privilégie l expérimentation artistique comme action première de ses interrogations. Des 113 Jean-Pierre Raynaud, cité dans Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Mortier Fromont Cécile, 2001, p Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Mortier Fromont Cécile, 2001, p Mortier Fromont Cécile, 2001, p

70 thématiques de recherche sont proposées sur l art en lien avec l urbain «la ville est le contexte de l art» 118 lors des Rencontres de Givors. Des opérations expérimentales d art urbain vont être menées dans les années quatre-vingt-dix. Oullins et le développement des murs peints : Un point important dans l histoire de l art public est le très fort développement des murs peints dans le Grand Lyon. A partir de 1978, un collectif de jeunes diplômés des Beauxarts de Lyon, prennent conscience du rôle sociale de l artiste et décide de faire descendre l art dans la rue. Ils sont accueillis par la mairie d Oullins qui leur offre un local. Leur collectif se nomme tout d abord Populart puis leur groupe prend de l ampleur et en 1986, il se scinde en deux entités : Esthétique qui recherche les partenaires financiers, monte des projets et forme les artistes, et la Cité de la Création qui réalise les murs, actuellement plus d une centaine dans tout le Grand Lyon 119. Un des premiers murs de ce type, et un des premiers à avoir marqué les esprits est celui d Oullins, nommé La Renaissance et exécuté en Réalisé sur le pignon d une maison, cette fresque a nécessité la participation de plus de mille Oulinois lors de sa conception, des témoignages ont été apportés lors des nombreuses discussions qui se sont tenues avant que cette œuvre ne soit peinte par le groupe. La tradition du chemin de fer est très présente à Oullins à cause les ateliers SNCF qui sont bien implantés sur le territoire. Mais en 1980, la municipalité lance Populart, La Renaissance, 1982, Oullins 118 Institut français d architecture, Art et ville, bilan des rencontres, rencontre art et ville n 5, Paris, 1995, p Bibliothèque municipale de Lyon, La fresque de la Part-Dieu : le dernier né des murs peints à Lyon, Point d actu, site de la bibliothèque 70

71 de nouvelles opérations d urbanisme qui amputent une partie des anciens bâtiments chers aux ouvriers. Ce mur symbolise le concept de renaissance par une femme venant d accoucher, son nouveau né semblant hurler. Un ancien wagon voyageur sert de ventre à la mère. Cette œuvre exprime l identité du lieu et est suivie par de nombreuses autres réalisations dans la région lyonnaise ainsi que dans d autres pays. En effet, le savoir s exporte car en 1983, le ministère de la culture du Mexique passe commande aux artistes lyonnais afin qu ils peignent plusieurs murs dans un des quartiers de Mexico 120. Leur reconnaissance s exporte mais la plus grande partie de leurs réalisations resteront ancrées dans la région lyonnaise. Le mur des Canuts est un des premiers murs réalisés à Lyon, en 1987, qui devient rapidement un mur auquel les lyonnais s attachent. Ancienne cicatrice urbaine, ce mur nu de 1200 m² fut peint par les artistes de Populart et constituait à l époque le plus grand trompel œil de toute l Europe 121. Ce mur représente les symboles de la Croix-Rousse avec ses grandes pentes, ses escaliers, les contreforts des buttes, les maisons lyonnaises étagées et colorées. Pour finir, les personnages de Guignol sortant par les fenêtres rappellent l identité du lieu. Ce mur sera par la suite repris deux fois, en 1997 puis en 2002, lors du creusement d une traboule. Pour les artistes, la fresque doit apprendre quelque chose au spectateur. Elle doit de plus être remplie de détails pour qu on ne cesse de la redécouvrir et enfin, sa composition doit représenter un grand nombre d époques différentes afin que le mur soit la mémoire visuelle d un lieu 122. Très appréciés de la population, les murs peints constituent un certain regard porté sur la ville et permettent une représentation joyeuse et colorée des communes de l agglomération lyonnaise. La ville de Lyon va ainsi devenir dans les années quatre-vingt dix, la capitale mondiale des murs peints. 120 Cité de la Création, Murs peints, Les créations du pélican, Lyon, 1994, p et Cité de la Création, 1994, p Bibliothèque municipale de Lyon, La fresque de la Part-Dieu : le dernier né des murs peints à Lyon, Point d actu, site de la bibliothèque 71

72 Populart, Le mur des Canuts en 1987 Cette période, entre 1976 et 1989, a donc vu naître un grand nombre de projets visant à développer l art et à lui permettre de sortir des musées afin qu il prenne sa place dans l espace public. Ces actions, menées en particuliers par des critiques d art et des politiques, tentaient de faire connaître et accepter l art contemporain par le grand public. En 1983 apparaît pour la première fois une section art contemporain à la ville de Lyon et des évènements éphémères tels que les symposiums de sculptures deviennent annuels avec l instauration d Octobre des arts 123. En effet, en 1983 et 1984 apparaissent deux évènements importants à Lyon : Octobre des arts et la Biennale de la Danse. Ils n auront hélas que peu d incidence directe sur l art public, mais il convient de les citer par la valeur culturelle qu ils apportent à la ville et par les projets qu ils vont susciter dans l espace public dans les années quatre-vingt dix. Durant cette époque d effervescence dans le Grand Lyon, des institutions en faveur de l art contemporain ont vu le jour tel que le Nouveau musée à Villeurbanne, mais aussi le Fonds Régional d Art Contemporain à la villa Gilet 124. A Lyon, une section est réservée à l art contemporain au palais Saint-Pierre, dès 1983, elle est dirigée par Thierry Raspail. Dans les 123 Organisé par André Mure et qui se répètera pendant sept ans 124 Le FRAC Rhône-Alpes est gérée par son président Jacques Oudot et son directeur Joël Benzaquin. Il a son siège à la villa Gilet, située dans le parc de la Cerisaie. Poche Bernard, 1990, p

73 communes environnantes, le centre d art contemporain de Saint-Priest se développe dès 1979 ainsi que celui de Genas, ouvert en 1982 et celui de Saint-Fons qui suit en La mise en valeur de l espace urbain va s amplifier dans les années qui vont suivre. 125 Poche Bernard, 1990, p

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75 III Développement des espaces publics et diversification des évènements artistiques :

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77 Un grand changement va se produire au cours des années quatre-vingt dix dans l espace public. En effet, avec l élection de Michel Noir à la mairie de Lyon, une nouvelle politique va se mettre en place, remettant en valeur la ville par des décisions municipales. Une politique de requalification architecturale du patrimoine et des espaces publics majeurs avait été amorcée par Francisque Collomb et va se développer largement sous le mandat de Michel Noir. Celui-ci s entoure d Henry Chabert, qui est chargé, pour Lyon et son agglomération de s occuper du développement et de l aménagement urbain. Cette politique promeut la vision d une ville «belle, solidaire et agréable à vivre». C est aussi à ce moment qu apparaît véritablement une politique globale de l agglomération 126 et le nom de «Grand Lyon» remplaçant celui de COURLY, va lui être attribué par Michel Noir en Sous l impulsion d Henri Chabert, en 1990, le Département Développement est renommé Département Développement Urbain et il contient notamment le nouveau «service espace public» 127. a) La rénovation des espaces publics Afin d embellir la ville, dans toute l agglomération vont se mettre en place plusieurs «plans» thématiques qui décideront de la politique à suivre en matière de rénovation. Le plan Bleu, mis en place en 1991, est relatif aux fleuves, aux rivières ainsi que leur environnement proche. Le plan Couleur doit proposer une palette de couleur afin de redonner caractère et unité aux bâtiments selon leurs caractéristiques propres. Le plan Lumière permet de mettre en scène les monuments, les rues et les places. En lien avec les commerçants de la ville, l idée est de changer l image nocturne de la ville pour la rendre plus conviviale. Le plan Vert concerne les espaces naturels et agricoles 128.Un schéma d aménagement des espaces publics est mis en place afin de coordonner les interventions de l agglomération et pour finir, un plan Presqu île doit préserver tout en revitalisant le cœur de Lyon Les réticences des maires des communes périphériques, inquiets du rôle central de Lyon, ont fait que la politique globale n a émergée que lentement. En 1987, il est possible d affirmer qu une politique d agglomération existe. Delfante Charles et Pelletier Jean, 2004, p Catherine Foret, La création d un service «Espace Public» au sein de la Communauté urbaine de Lyon (1990) : une initiative pionnière en France, ressource millénaire 3, p Delfante Charles et Pelletier Jean, 2004, p Foret Catherine, La création d un service «Espace Public» au sein de la Communauté urbaine de Lyon (1990) : une initiative pionnière en France, ressource millénaire 3, p. 5 77

78 L opéra de Lyon la nuit, l éclairage est l œuvre de Yann Kersalé Dans le même temps, de nombreux travaux sont décidés dans Lyon, tel que la rénovation de l Opéra national par Jean Nouvel, la restauration du Palais Saint-Pierre par Dubois, Wilmotte et Jean-Gabriel Mortamet, la construction de la Cité Judiciaire par Yves Lion ou la restructuration de la manufacture des tabacs et sa transformation en pôle universitaire par Albert Constantin et le début des opérations à la Cité Internationale Gages René «Histoire de l architecture et de l urbanisme à Lyon» in Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, Lyon, du XXe au XXIe siècle, St-Just-la-pendue, 2000, p

79 Les places : La revalorisation des espaces publics va rester un des faits les plus marquants du mandat de Michel Noir. L objectif visé est de «transformer ce qui n était plus qu une juxtaposition de fonctions souvent contradictoires en un espace organisé» 131. L esthétisme ainsi que la fonctionnalité sont primés dans l agencement de nouveaux lieux de rencontres et de convivialité dans la ville. Les places publiques, qui avaient été, dans les années soixante, transformées en parkings, sont réaménagées. Chaque habitant devant pouvoir disposer d un espace à vivre proche de son lieu d habitation, le grand Lyon rénove ainsi une centaine d espaces publics 132. La place des Célestins par exemple, la rue et la place de la République ainsi que la place de la Bourse, sont rénovées 133. La place de la Bourse, source : Agence d urbanisme de Lyon 131 Mortier Fromont Cécile, 2001, p Idem, p C est d ailleurs à cette époque que l œuvre de Serge Boyer fut déplacée, voir II a) 79

80 L opération la plus significative fut sans doute celle de la place des Terreaux. En effet, celle-ci posait des problèmes de circulation et de stationnement. Lorsqu un parking de 800 places fut envisagé sous la place, la municipalité lança un appel à projets en 1991 afin de redonner à ce lieu une identité, en prenant en compte son rôle économique, géographique, social, urbanistique et culturel. En effet, ces dernières années la place avait été réduite à un carrefour. Le prestige du site devait donc ressortir du nouvel aménagement, et pour cela les concurrents devaient s appuyer sur l histoire du lieu. Effectivement, il s agit d un espace charnière, culturellement et géographiquement. Le nord de la place constitue le début des pentes de la Croix-Rousse, tandis qu au sud se déploie la façade italianisante du palais Saint- Pierre, et à l ouest l imposant Hôtel de ville. La place des Terreaux rénovée par l équipe de Christian Drevet, Laurent Fachard, et Daniel Buren La place est donc à la fois un lieu populaire et mondain. Dans le nouveau projet, les terrasses des cafés étaient aussi à prendre en compte pour le futur aménagement. En 1992, le jury choisit l équipe de Christian Drevet, architecte, Laurent Fachard, éclairagiste et Daniel Buren, artiste. Les concepteurs ont retenu trois points importants : la situation du lieu, entre 80

81 Rhône et Saône, l axe Est-Ouest, et la présence des éléments architecturaux entourant la place. Leur idée est «de tout changer sans rien toucher». Le projet propose donc de lire la place avec l aide d une trame orthonormée tracée au sol, ainsi que les jeux d eau et de lumière. La trame met en valeur les monuments, soixante-neuf mini fontaines animent le sol ou disparaissent en fonction de leur activité. L éclairage, quand à lui, est organisé sur une hiérarchie des intensités. La fontaine Bartholdi est le point central lumineux, tandis que les bancs carrés, situés le long de la place, et les piliers au nord, sont éclairés à leurs bases. La grande particularité de la place est d être entièrement minérale 134. L artiste travaille ici en symbiose avec l architecte et l éclairagiste, Jean-Pierre Charbonneau parle alors d art urbain. L art urbain est «un art de concevoir et de dessiner les espaces des villes et les éléments qui la constituent tout en y ordonnant les fonctions que l on y trouve». En effet, l artiste ne conçoit pas seulement une œuvre dans l espace public, il doit gérer l ensemble de l espace, il doit alors prendre en compte toutes les dimensions de la cité, et son travail rappelle celui de la maîtrise d ouvrage. Lorsque "l artiste développe l ensemble, il faut opter pour le terme d art urbain, car l artiste est alors soumis aux mêmes exigences que les autres concepteurs, tant dans la phase aboutissant à la réalisation que, ensuite, dans le maintien de l intégrité de l espace dans le temps» 135. Les jardins de poche : Un nouveau concept d espace public apparaît au milieu les années 1990, qui est celui des jardins de poche, ou jardin de proximité. En effet, prenant exemple sur les «Pocket Garden» américains, la municipalité décide d insérer dans le tissu urbain laissé vide à certains endroits, des petits jardins permettant la proximité entre les habitants et la nature. Disposés sur des parcelles délaissées ou non constructibles, ils sont une oasis de verdure dans un environnement bâti. De dimensions modestes (environ 200 m²), ils doivent être ouverts au public et proposer un espace agréable et frais pour les habitants. Ils sont 134 Lagnier Sylvie, 2001, p. 140 à Charbonneau Jean-Pierre, Art de ville, Direction de l architecture et de l urbanisme du ministère de l équipement, du transport et du tourisme, édition Horvath, 1994, p. 24 et 29 81

82 entretenus par des personnes en situation d insertion professionnelle 136. Complétant le maillage de la ville par des espaces publics, ils permettent aussi l association réussie entre un architectes-paysagiste et un artiste. Des projets originaux voient donc le jour grâce aux deux concepteurs. L association est ici intéressante car les deux disciplines sont restées longtemps à l écart l une de l autre, et se concertaient peu en amont des projets. La direction des études et techniques urbaines de la ville de Lyon, en charge du projet, décide de concevoir cinq jardins par an pour un coût de francs, donc trente en six ans. Hélas seulement dix jardins pourront être réalisés 137, avant que le concept ne s essouffle, à cause du surcoût de certaines œuvres et des réaménagements de voiries que les jardins nécessitaient. Parmi les dix jardins de proximité qui ont vu le jour, on peut citer le Jardin de proximité de Novae Architectes, à la fois artistes et paysagistes, achevé en 1997 à la Croix- Rousse. Le passage de la rue Rosset a été percé au travers des îlots d immeubles existants. Afin de consolider les murs de certains immeubles, des contreforts ont été bâtis, mais ils restaient jusqu alors vide de sens. L aménagement répond aux besoins de la ville : clôturer et planter. Afin de redonner un peu de fraîcheur et de verdure, Novae architectes décide de placer des bambous géants entre des contreforts et de clôturer le tout par des grilles. Celles-ci reprennent la forme de la Novae Architectes, Jardin de proximité, 1997, la Croix-Rousse plante et viennent contenir l exubérance des bambous. Par leur grande hauteur, ils assurent un lien et permettent d amortir la 136 Davoine Gilles, Arnold Françoise, «Lyon, la stratégie du végétal», in AMC le moniteur architecture, N 89, mai 1998 p. 99 à Mortier Fromont Cécile, 2001, p

83 différence de niveau entre le sol et les hauts murs. Le vent faisant bruisser les feuilles, donne une dimension sonore au lieu 138. De même, le Chevalet tuteur pour plantes grimpantes se dresse dans le jardin formé à l angle de l avenue des Frères Lumière et rue Léa et Napoléon Bullukian. Il fut réalisé en 1997 par les paysagistes d In Situ et l artiste Jean Le Gac. Un chevalet est implanté afin de servir de «tuteur» pour les plantes grimpantes. Sa grande dimension, volontairement exagérée, cadre l espace autour de lui. Les fleurs viennent s aligner et s ouvrir dans le châssis, comme la représentation que pourrait en faire un peintre. Cette fonction de support pour les plantes rappelle d autres aménagements utilisés pour les plantes grimpantes comme les pergolas ou les tonnelles. Au milieu de cet îlot triangulaire se trouve un amas de plantes entrecoupées de petits ponts en bois qui servent de passage d un côté à l autre du jardin, du côté bancs publics à celui de la route. Sur ces ponts sont inscrits les noms latins des plantes du jardin 139. In Situ et l artiste Jean Le Gac, Chevalet tuteur pour plantes grimpantes, 1997 Ces réalisations sont toujours situées sur un espace foncièrement petit (respectivement 340m² et 740m² pour les jardins décrits plus haut) et il est parfois dommage que l exiguïté du terrain empêche l entrée du public dans un havre de verdure, comme c est le cas pour le jardin de poche de Novae architecte. 138 Ville de Lyon, Jardin de proximité, Site internet de la ville de Lyon 139 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p

84 Dans les années 2000, le concept reprendra et notamment avec des jardins plus spacieux tels que le jardin du Clos-Carret, dans lequel ont travaillé les paysagistes d Ilex, Martine Rascle et Guerric Péré, ainsi que l artiste Jean-François Gavoty, qui a réalisé une œuvre nommée Grille à tête de chien, Crétons féroces, consoles à souliers curieux, exécuté en Dans ce jardin ces figurent apparaissent comme un cadre pour l espace public 140. Ilex, Martine Rascle et Guerric Péré, et l artiste Jean- François Gavoty, Grille à tête de chien, Crétons féroces, consoles à souliers curieux, 2002 De même l Ilot d Amaranthes d Emmanuel Louisgrand, situé dans le septième arrondissement et réalisé en 2003, est remarquable par sa grande grille orange qui clôt l espace cultivé du jardin. Celui-ci fait partie des jardins de poche commandés, non pas par la ville, mais par la galerie Tator dans le cadre des politiques de la ville 141. Les espaces publics, tel que les places ou les jardins, sont donc revalorisés et rendus aux habitants. Un autre problème va être posé quand à l unification et l identité des espaces et communes du Grand Lyon. b) Un mobilier commun pour le Grand Lyon Afin d améliorer la qualité de vie des usagers, les espaces urbains sont requalifiés. L idée d avoir un mobilier urbain uniforme s inscrit dans le projet des élus de travailler sur le rôle des espaces publics, et d intervenir avec la même qualité dans tous les espaces de 140 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Voir à ce sujet l entretien avec Laurent Lucas de la galerie Roger Tator, annexe n 1 84

85 l agglomération afin de mettre en œuvre le principe de «solidarité d agglomération». Pour unifier les lieux publics du Grand Lyon, il est décidé d établir un vocabulaire des espaces publiques et un catalogue de références pour ce qui touche au traitement de la délimitation des sols, le mobilier urbain ou les végétaux 142. En effet, l ancien mobilier encombre parfois les lieux publics et apparaît comme incohérent esthétiquement. En 1991 est donc lancé un concours en vue de dégager une ligne de mobilier qui harmoniserait les espaces du Grand Lyon. La ville centre de Lyon joue ici un rôle d entraînement vis-à-vis des autres communes. Un parti pris de sobriété devra être respecté. En suivant ces directives les artistes doivent renouveler l image de la ville en respectant son identité et ses richesses patrimoniales 143. En février 1991, le jury annonce que les projets de Françoise-Hélène Jourda et Gilles Perraudin ainsi que ceux de Jean-Michel Wilmotte sont retenus. Les deux équipes développent leurs propositions et finalement, le projet de Wilmotte nommé Governor, est retenu et semble plus adapté pour une large diffusion dans l espace public, tandis que celui de Jourda-Perraudin, plus complexe, sera utilisé pour «marquer fortement certains sites de l agglomération» 144. Le designer Jean-Michel Wilmotte conçoit une ligne de mobilier urbain très épurée. Sa solution va être fortement développée et reprise par les communes du Grand Lyon, cela fut possible car le designer avait pris en compte dès le début de son projet la notion d industrialisation. Plus facile à produire en masse, son mobilier va décliner des candélabres et appliques lumineuses, feux tricolores, bancs, bornes de protection et corbeille de propreté. La particularité du mobilier est de pouvoir, sur un même point Mobilier urbain de Jean-Michel Wilmotte à la Cité Internationale d ancrage, qui est généralement la partie inférieure d un mât de lampadaire, multiplier ou diversifier les aspects ou les fonctions du mobilier. En effet, il est possible de greffer 142 Delfante Charles et Pelletier Jean, 2004, p Foret Catherine, Un nouveau mobilier urbain pour l agglomération lyonnaise (1991), millénaire 3, 2007, p Idem, p.7 85

86 autant d éléments qu on le désire sur un seul support, comme des panneaux de signalisation, des poubelles ou des réverbères supplémentaires 145. Les lampadaires sur lesquels viennent s ajouter d autres éléments, deviennent donc multifonction, réduisant ainsi l encombrement au sol. Huit types de lampadaires et deux types d appliques ont été conçus. Un système évitant l éblouissement a été mis au point afin d améliorer le confort visuel du piéton. Quatre grands lampadaires de 9 mètre chacun permettent de choisir d une à quatre sources de lumière. L éclairage se fait ici de manière directe. Un dernier de ce type offre à l inverse un éclairage indirect qui est projeté sur une lamelle de métal réfléchissant la lumière vers le sol. Deux plus petits lampadaires de six mètres se déclinent en double ou en simple et enfin un dernier de seulement quatre mètres de haut éclaire indirectement le sol par sa forme de cône, dont trois minces supports viennent soutenir le capuchon reflétant la lumière. Les deux appliques, quand à elles peuvent être déclinées directement ou indirectement. Des bancs de jardins composés de deux piliers de forme ronde, soutiennent deux banquettes en bois séparées par un dossier bas lui aussi de forme ronde. Un second banc urbain a lui été conçu dans des lignes assez élégantes, le dossier est légèrement incurvé et la banquette relevée afin de permettre un meilleur repos aux promeneurs. Mobilier urbain de Jean-Michel Wilmotte, lampadaire et corbeille, source : Wilmotte Jean-Michel, Wilmotte, réalisations et projets, le Moniteur, Paris, Wilmotte Jean-Michel, Wilmotte, réalisations et projets, le Moniteur, Paris, 1993, p

87 Mobilier urbain de Jean-Michel Wilmotte, les différents types de lampadaires, source : Wilmotte Jean- Michel, Wilmotte, réalisations et projets, le Moniteur, Paris, 1993 La plupart des éléments étant en fonte, et en composants polymères, ils offrent une grande liberté de formes et de finitions et peuvent être facilement entretenus à cause de leur mobilité 146. Ce mobilier très épuré s élance vigoureusement vers le haut le ciel et donne un élan certain à l espace public. De par sa linéarité, sa finesse d exécution et sa simplicité de forme, il s adapte bien dans chaque quartier de Lyon et dans toutes les communes du Grand Lyon. Les architectes Jourda et Perraudin, participent aussi au développement du mobilier urbain. Il est intéressant de rappeler qu ils ont déjà réalisé l architecture de la station de métro Parilly, et remporté le concours organisé par le SYTRAL en 1989, afin de mettre en 146 Wilmotte Jean-Michel, 1993, p

88 valeur les accès au métro de la ligne D. Leur structure en forme de «libellules» surplombe ainsi une grande partie des stations. Elle se compose de fonte d aluminium soutenant une aile en polycarbonate et prend la forme d une grande voilure déployée au dessus de la station. Une sensation aérienne est rendue par les courbes et l envolée de la structure. Jourda et Perraudin expliquent que «le concept d émergence vient de l idée que Lyon est traversée de forces souterraines importantes. On le retrouve donc dans le principe du mât, grande épine qui jaillit plus ou moins du sol. Sur ce fût qui est aussi tronc d arbre (l arbre a ses racines), se greffent des corolles, des pétales, des feuilles, des choses apparues de façon magique dans le paysage» 147. Malheureusement, les libellules n ont pas été généralisées à toutes les entrées du métro D. Malgré cela, des piliers reprenant la partie basse des libellules, ont été répartis sur l ensemble du réseau 148. C est à partir de ce concept s inspirant des arbres et de leurs racines que les architectes vont élaborer le mobilier urbain de Lyon. Les «libellules» de Jourda et Perraudin Lampadaire végétal de Jourda et Perraudin Ces architectes font souvent référence à la nature et ils vont reprendre ce thème dans l élaboration des luminaires. Leur mobilier «plus onirique, plus poétique» que celui de Jean-Michel Wilmotte, risquant de souffrir d une «mise en opérationnalité plus difficile» va être installé uniquement dans quelques lieux particuliers de la ville de Lyon. Leurs luminaires vont souvent avoir des références végétales. C est le cas des «Tulipes» à la Cité Internationale sur le quai Charles De Gaule où ils prennent une forme simple de fleur 147 Institut français d architecture, Jourda et Perraudin, 1993, citée par Giraud Marion, , p Giraud Marion, Le métro Lyonnais , «Architecture et interventions artistiques», mémoire sous la direction de M. Bertin, Université Lumière Lyon II, , p

89 possédant trois pétales refermés sur eux même. Le mobilier semble particulièrement concentré dans le huitième arrondissement. A la station Sans souci, les luminaires nommés «Corolles» reprennent cette forme de fleurs, mais qui semblent cette fois dédoublées et pourvu que d un seul grand pétale diffusant la lumière projetée sous lui. Quelque galets du type «Mougly» sont installés à la Halle sur la place du 8 Mai 1945, dans le huitième arrondissement. Complétant le mobilier urbain et en particulier celui du métro, la station Grange Blanche est équipée d abris-bus nommés «Têtes-sèches». Reprenant les valeurs oniriques des libellules, elles sont constituées d aluminium moulé évoquant des structures végétales pouvant symboliser des ailes, des griffes ou des pétales recourbés 149. Ensemble de pièces proposées pour la mobilier urbain du Grand Lyon par Jourda et Perraudin, source : Institut français d architecture, Jourda et Perraudin, Mardaga, Liège, 1993 Le mobilier fait donc partie d un projet permettant d unifier le visage des cinquantehuit communes très différentes qui composent le Grand Lyon. En effet, les bancs et luminaires de Jean-Michel Wilmotte sont disséminés dans la plupart des municipalités et, bien que leur luminaire ne soit pas visible hors de Lyon, le mobilier des stations de métro de Jourda et Perraudin est présent sur une grande partie du métro D. Celui-ci relie différentes villes : de Vaise à Lyon puis Vénissieux, et donc expose ses entrées et son mobilier dans 149 Jourda Françoise, Réalisations mobilier urbain Lyon, site internet 89

90 chacune d elles. Ces installations sont conçues comme un élément d identification par leurs qualités esthétiques et par leurs implantations dans un grand nombre d espace de l agglomération. Il «signe, effectivement, l appartenance à une même entité urbaine» 150. c) La politique de Lyon Parc Auto La volonté de remettre en valeur les espaces publics s accompagne d une politique de stationnement des voitures. En effet, les parkings occupant le plus souvent les places, il s agit de dégager celle-ci afin de les rendre aux habitants mais aussi de trouver des solutions pour garer tous les véhicules de la ville. Lyon Parc Auto va donc lancer une grande opération de construction de parkings souterrains dont les projets vont être axés sur une mise en valeur qualitative de ces lieux. Une société d économie mixte de Lyon Parc Auto est crée en Alphonse Chaffangeon soumet au maire de Lyon, Louis Pradel, le projet d une société d économe mixte qui pourrait étudier, construire et gérer toutes formes de stationnement public 151. En 1969, Lyon Parc Auto (LPA) est constitué sous l égide de la COURLY. Le maire en est le président. Cinq parcs publics sont confiés à la société qui est chargé de leur construction. En neuf ans, la société édifie de nombreux parcs dont celui des Cordeliers, Saint-Antoine, Part-Dieu. Ces premiers parkings sont situés sur la presqu île. Afin d éviter l entrée des voitures dans le centre, les parkings sont construits le plus proche possible des quais du Rhône et de la Saône. D autres installations sont aussi aménagées en périphérie afin que les habitants puissent garer leurs voitures et prendre ensuite le métro pour rejoindre le centre 152. En 1985, les statuts de la société sont modifiés afin d accroître son domaine d intervention et en 1990, le Grand Lyon et la ville confient à LPA un programme de six mille places de stationnement. Un an plus tard, une nouvelle démarche va être mise en place afin 150 Foret Catherine, Un nouveau mobilier urbain pour l agglomération lyonnaise (1991), millénaire 3, 2007, p Gaillard Laurence, «Les parcs de stationnement Lyonnais : un nouveau concept», mémoire sous la direction de Mme Bertin, Université Lumière Lyon II, 1997, p Delfante Charles et Pelletier Jean, 2004, p

91 d améliorer qualitativement ces ouvrages qui vont être exclusivement souterrains 153. Afin de rendre cette démarche possible, les concepteurs décident d intégrer des œuvres d art contemporain dans ces lieux de stationnement. LPA fait donc appel pour cela à Art entreprise 154, dirigée par Georges Verney-Carron, ainsi qu à Art public contemporain 155, menée par Sylvie Boulanger. Ces deux partenaires vont aider LPA à faire appel à des artistes et à développer des passerelles entre le monde des constructeurs-urbanistes et le monde artistique 156. La société va donc consacrer 1,02% du budget de l ensemble des chantiers pour les interventions artistiques. Des artistes tels que Matt Mullican, Michel Verjux, Dror Endeweld ou Joseph Kosuth, travaillent aux parcs Terreaux, Célestins, Croix-Rousse, Berthelot et Part-Dieu. La nouveauté dans ces interventions est qu elles sont programmées et pensées en même temps que les projets de construction du parking. Cela permet ainsi de ne pas poser simplement une œuvre lorsque le parc est terminé 157. Un des premiers parkings réalisé est celui de la République où travaille François Morellet. Son œuvre appelée Les Hasards de la République, est constituée de néons colorés répartis à tous les niveaux du parc. L artiste les voit comme des «accidents stupides à tendances bénéfiques» 158. Disposés aux hasards, selon les numéros de téléphone de Lyon Parc Auto, les néons sont colorés différemment à chaque niveau. Ils permettent à l usager de trouver et retrouver sa place dans le parking. Sur les deux grandes allées des niveaux, les néons de 10 mètres de long formant l «accident» sont intégrés au sol ou dans les murs. De par leurs emplacements changeants et variés, ils cassent l espace du parking. Utile aux visiteurs qui peuvent ainsi se repérer dans l espace par la couleur du néon de leur niveau ainsi que par sa forme, l œuvre de François Morellet égaie tout en offrant une œuvre d art contemporaine au public. 153 Gaillard Laurence, 1997, annexe n 1, p Art entreprise : entreprise lyonnaise née du travail animé par Georges Verney-Caron. Il développe Art/Entreprise en 1984, pour répondre aux désirs des artistes proches de la question urbaine, et des maîtres d ouvrage désireux d améliorer les espaces publics. 155 Art public contemporain : agence parisienne proposant les outils nécessaires à la conception et à la réalisation d action artistique pour la valorisation du cadre de vie. 156 Gaillard Laurence, 1997, p Rey Jacques, «Mélodies en sous-sol», in MAPRA, Bloc-Notes, n 297, Lyon, 2011, p Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p.50 91

92 François Morellet, Les Hasards de la République, 1994, source : Lyon Parc Auto 92

93 Le parking des Célestins, Daniel Buren Un second parking est intéressant à étudier par le jeu dans l espace qu il met en œuvre. Daniel Buren est appelé à travailler au parking des Célestins qui ouvre en Son œuvre intitulée Sans dessus dessous, est située au centre du parc construit par Michel Targe. En effet, l ouvrage est ouvert en son milieu par un large puits entouré d une double hélice. Celleci est constituée d arcades cintrées sur six niveaux. Sur la place des Célestins, au dessus du parking, un ponton en bois et des bassins remplis d eau rappellent la Saône toute proche. Mais lorsque l on regarde dans le périscope situé au centre de la place et aussi installé par Buren, le visiteur voit d emblée le centre du parking et a l impression de s enfoncer sous terre. Cette profondeur lui est rendue par l hélice et accentuée par le miroir circulaire incliné qui réfléchit le cylindre. De plus, ce dernier tourne légèrement sur lui même afin de suggérer la descente du parc et des voitures sous terre. L œuvre est ici conçue sur plusieurs niveaux, celui de la place, celui du parking souterrain d où on peut voir les voitures tourner et celui des profondeurs dans lesquels le visiteur semble s enfoncer Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p.50 et DRAC Rhône-Alpes, Art, ville, images, édition Parole d Aube, Grigny, 1998, p

94 En plus des œuvres réparties dans tous les parkings, LPA va chercher à rendre ses parkings plus agréables et sécurisants. C est ainsi qu ils font appel à Jean-Michel Wilmotte. Celui-ci va travailler à changer le ressenti lié à ces espaces qui sont perçus comme peu rassurants, sombres et malodorants. Il conçoit alors tout un dispositif qui permettra de développer un sentiment de bien-être chez l utilisateur. Tous les parkings disposeront d un système d éclairage intégral unifiant l espace, de parois d ascenseurs vitrées et de peinture claire donnant une impression de propreté. Pour finir, des poutres cintrées élèvent la hauteur sous plafond. Une signalétique spécifique à Lyon Parc Auto a aussi été pensée et développée par D. Pennor s. Une charte d harmonisation des parcs est mise en place en 1993, afin de concevoir chaque parc sur ce modèle agréable et faisant la part belle à l art contemporain 160. La conception de ces parkings est donc totalement innovante. Elle met en avant les œuvres dans des lieux peu habituels et associent les artistes aux architectes dès le début du projet. Lyon Parc Auto développe là une politique importante qui contribue à modifier l image d un lieu urbain et à ouvrir aux utilisateurs des parkings une meilleure connaissance de l art. d) La rencontre entre l art et les habitants En 1991, Octobre des Arts est remplacé par la biennale d art contemporain 161. Sa formule consiste à mobiliser, à côté des institutions de la ville de Lyon, d autres lieux qui acceptent d exposer des œuvres durant la période donnée. En échange, ces lieux obtiennent le label d Octobre des arts et leurs noms sont répertoriés dans le catalogue général. Quelques années plus tard, Jacques Oudot devient adjoint à la culture décide de changer la formule de cet événement qui deviendra la biennale d art contemporain 162. La Biennale de la Danse, quand à elle, fait son apparition en Cet événement peut-être mis en relation avec l apparition de la maison de la Danse à Lyon, dans le huitième arrondissement, en Les spectacles se déroulent dans des lieux fermés et liés à la danse comme le théâtre des Célestins. 160 Gaillard Laurence, 1997, p Poche Bernard, 1990, p Poche Bernard, 1990, p

95 Le défilé de la Biennale : En 1984 a lieu la première biennale de la danse à Lyon. La biennale n a pas de relation directe avec l art public, car les spectacles se déroulent presque exclusivement dans des lieux fermés, mais il aura par la suite un impact non négligeable sur l espace public. En effet, l arrivée du défilé de la biennale de la Danse, en 1996, va conférer à Lyon un statut de ville internationale dans le domaine de la danse. En 1995, apparaît pour la première fois l idée d associer biennale et défilé. Guy Darmet, directeur artistique de la biennale de la danse de Lyon, prépare alors une biennale consacrée au Brésil, et afin de compléter son idée, il part rencontrer les écoles de samba de Rio. Il découvre là-bas le défilé du carnaval de Rio, constitué de cariocas, le plus souvent pauvre et qui donnent parfois six mois de leur salaire pour participer. L idée du défilé le séduit par la vie sociale qui se développe dans les lieux et lors des moments de préparation. Guy Darmet a alors l idée de reprendre ce concept et d essayer de réunir des gens des différentes villes de l agglomération lyonnaise sur un projet culturel commun 163. Défilé de la biennale de la danse, 1998 : la troupe de "l œil de la mer", source : site Biennales de Lyon 163 Darmet Guy, «Le défilé de la Biennale de la Danse», in Banlieue d Europe, La place et le rôle de la fête dans l espace public, CERTU, Lyon, 2006, p

96 Le défilé Lyonnais déambule dans la rue en montrant le travail de différentes compagnies de danse. Pendant un an, des amateurs, allant jusqu à 4500 personnes, travaillent avec des professionnels, chorégraphes, costumiers et plasticiens, afin de réaliser une chorégraphie ainsi qu un char. Cet évènement permet entre autre de monter des passerelles entre différentes générations et différentes cultures. Il permet aux habitants d aller à la rencontre des autres, il développe un lien social entre les populations. En 2006, le défilé se déroulait sur la rive gauche du Rhône, sur une voie de 1.5 km, permettant d accueillir un large public. Ce parcourt passe par tous les types d habitat, des plus populaires aux plus cossus. Ce «rituel d agglomération» comme le nomme Philippe Dujardin, permet de fédérer les habitants qui n avaient pas forcement une vision précise du territoire du Grand Lyon. Les participants au défilé sont ensuite venus de plus en plus loin, avec des cars amenant des compagnies et des supporters des grandes villes de la région Rhône-Alpes, comme Grenoble ou Valence. Par son ouverture sur de nouvelles cultures, le défilé est toujours en émulation afin d élever la qualité du travail artistique 164. Défilé de la biennale de la danse, 1998 : la troupe «Les gnawas de Marrakech», source : site Biennales de Lyon L image de la ville et de l agglomération change. Le défilé va contribuer à modifier la réputation de Lyon qui passait pour terne et grise. La résonance dans la ville et le côté participatif du défilé impressionnent les visiteurs et transforment leur vision de cette cité 165. La particularité du défilé lyonnais est d être un lien entre l expression d un art professionnel et amateur. En 1996, personne n a anticipé la renommée du défilé et selon Philippe Dujardin, 164 Darmet Guy, Lyon, 2006, p Voir entretien avec Philippe Dujardin, annexe n 5 96

97 «la ville va devenir une matrice d expérimentation dont les formulent s exportent» 166. En effet, l idée du défilé de la danse en lien s exporte en Italie, en Allemagne ou en Belgique, qui reprennent cette formule. L Art sur la Place : L arrivée de la biennale d art contemporain à Lyon est liée à la volonté des villes de se faire connaître et de se forger une image d un point de vue national ou international. Une concurrence se développe donc et chaque ville met en avant ses atouts. La carte culturelle est une des nombreuses et importantes pièces de cette politique. C est aussi le cas à Lyon, où pour parvenir à promouvoir le territoire, de grands artistes sont invités à participer à la biennale d art contemporain. Thierry Raspail, qui développe cet évènement, met en avant cette idée d affirmation et d existence sur la scène internationale : «Il y a cinquante Biennales d art contemporain, il faut que Lyon soit dans les dix premières» 167. Malgré tout, cet évènement n a que très peu d influence sur l art public. En effet, quasiment aucune œuvre n est exposée dans la ville. Elles sont toutes réunies dans des institutions telles que le musée d art contemporain (MAC) 168. Pourtant, en 1997 va apparaître le concept d Art sur la Place qui est associé à cette biennale et va permettre à l art de sortir dans la rue. Prenant exemple sur la réussite du défilé de la biennale de la danse, l Art sur la Place montre les expressions artistiques dans le domaine des arts plastiques. Thierry Raspail, conservateur du musée d art contemporain de Lyon, s est engagé avec Thierry Prat, codirecteur de la biennale, à travailler pour ce projet. Tous deux s intéressent aux pratiques de l art contemporain et à l idée de mêler amateurs et professionnels, cultures savantes et cultures émergentes. Thierry Raspail, lorsqu il travaillait à Grenoble, s est demandé «comment faire pour appréhender les œuvres quand le musée n est pas en soi un lieu de délectation?» 169. Il organise, lors de son passage à l ELAC, deux festivals de peinture sur 166 Idem 167 Entretien avec Jacques Bonniel, annexe n Un espace pour l art contemporain est réservé dans le palais Saint-Pierre en 1983, puis en 1995, à la cité internationale s installe le Musée d art Contemporain dirigé par Thierry Raspail 169 DRAC Rhône-Alpes, Art, ville, images, édition Parole d Aube, Grigny, 1998, p

98 trottoir qui mettaient en parallèle des tableaux importants de l histoire de l art et d autres réalisés par les gens de la rue, venus d horizons très différents 170. En 1997, travaillant dans le cadre de la quatrième biennale d art contemporain, dont le thème s intitule «L autre», l Art sur la Place prend une autre ampleur grâce au budget alloué par la ville. Le thème porte sur les arts différents. Ils sont «autres» par leur exposition sur la place Bellecour (ce qui change des traditionnels lieux des biennales), par les supports et des moyens d expressions et enfin par la façon de travailler des artistes, qui s associent avec les habitants. L Art sur la Place travaille sur une esthétique de la réception. Des initiatives individuelles ou collectives sont exposées une journée sur la place, ainsi que des graffitis, des travaux au sol, et surtout l œuvre des 15 groupes constitués d un artiste et de nombreux habitants ayant travaillé avec lui à un projet artistique collectif 171. L idée est de faire émerger une forme de culture visuelle. Les travaux ont duré un an ou un jour, des artistes ont été choisis pour leur capacité à rentrer en connivence avec un groupe, et des habitants se sont associés au projet en fonction du travail déjà fait par les acteurs du terrain. Il s est donc constitué des ensembles très divers et variés selon les quartiers. En effet, les artistes se sont répartis dans tout le Grand Lyon. L ouvrage ne s est pas constitué sur une connaissance en histoire de l art mais plutôt sur une relation sociale. Peinture aborigènes, 2000, source : Vollerin Allain, Histoire des biennales d art contemporain de Lyon, mémoire des arts, Lyon, DRAC Rhône-Alpes, 1998, p Thierry Raspail et Thierry Prat, directeur artistique, site Internet d Art sur la Place 98

99 Place Bellecour, à personnes sont venues visiter l exposition, découvrant des formes et permettant d instaurer un dialogue. Sont exposés notamment des artistes venus individuellement et ces «ateliers» d art plastique. Parmi eux les intervenants du premier arrondissement montrant une réalité sociale dure avec des boîtes, des modules de bois, symbolisant l habitat minimal dans lesquels sont lovés les participants. Une autre intervention propose à voir une multitude de chaises, monumentales, baroques, bariolées, émouvantes ou invraisemblables, pour figurer «la place de la femme dans la société». Ce sont des femmes hébergées dans un foyer qui les ont inventées en compagnie de l artiste Anne-Marie Naudin. A Oullins, l artiste Manfred Brünnhumer propose de chercher dans l image de l autre le reflet de soi même. Le groupe entourant l artiste reprend l idée à son compte et, avec un matériau de base qui est une caisse en bois de dimension variable, invente et imagine autour de ce thème. Les productions sont alors assez diversifiées et les boites deviennent un cercueil tapissé de cartes postales, un autel pour les trois religions monothéistes ou encore une immense boite d allumettes. Les productions de chaque groupe et de chaque quartier sont donc très variées ainsi que le sont leurs attentes et leurs désirs 172. Art sur la place, place Bellecour, source : Vollerin Allain, Histoire des biennales d art contemporain de Lyon, mémoire des arts, Lyon, 2003 Un réel travail de groupe s est effectué entre un artiste et des habitants. Les gens venant d horizons et de nationalité différents ont donc tous œuvré et partagé un travail qui s avère distinct des autre, on ne peut pas forcement le considérer comme de l art mais comme une production visuelle en lien avec la pensée et les engagements. Ce travail développe un lien important entre la biennale et les territoires plus larges. L action qui se centrait avant au cœur de Lyon a vu son périmètre s élargir 173. Cette équipe d Art sur la Place va changer de 172 DRAC Rhône-Alpes, 1998, p. 64 à Voir entretien avec Marc Villarubias, annexe n 8 99

100 nom et prendre celui de Veduta dans les années deux-mille, faisant référence à une petite fenêtre ouverte sur le monde. Toujours dans le but de faire se rencontrer l art et les habitants, leur groupe va aller à la rencontre des gens en élargissant encore leur territoire et en proposant cette fois que les œuvres soit exposées dans des quartiers périphériques et non plus forcément dans le centre de Lyon 174. Le défilé de la biennale et l Art sur la Place sont deux actions se tenant en marge des biennales et apportant un supplément non négligeable : elles permettent à l art de sortir dans l espace public et elles le mettent à la portée du plus grand nombre. En ouvrant des ateliers, des groupes de travail ou des cours de danse, chaque habitant du Grand Lyon peut accéder et participer facilement à une réalisation artistique, qu elle soit dansée ou plastique. Celle-ci sera par la suite exposée aux yeux de tous, ce qui permet une mise en valeur du travail effectué par les groupes, au même titre que celui réalisé par les professionnels. Ces actions permettent donc le partage et la découverte de l art vivant par un nombre considérable de personnes. Durant cette décennie, le Grand Lyon est devenu une réelle entité et les pouvoirs publics ont contribué à son épanouissement et à sa cohésion, en particulier par le mobilier urbain. Lyon est embelli et les espaces publics réaménagés. Pendant ce temps, les institutions se développent elles aussi et le Nouveau Musée devient l Institut d Art contemporain en 1992, en 1995 est crée le Musée d art Contemporain et en 1996, l espace culturel des «Subsistances» est réhabilité par Eyraud et Traynard. Il accueille les étudiants des Beauxarts. Toutes ces institutions ont permis à l art de trouver un support de développement et un grand nombre de projets ont pu voir le jour comme l Art sur la Place, initié par le directeur du MAC. Lors des opérations d urbanisme, l art n a pas non plus été oublié. Des actions de la municipalité ainsi que celles de personnalités attentives au développement de l art contemporain, ont fait se rencontrer l art et le public, notamment par des actions dans les parkings ou des évènements importants comme le défilé. Ce type d actions évènementielles va par la suite prendre de l ampleur et être considéré comme un élément important de mise en valeur du territoire. 174 Veduta Biennale de Lyon (sous la direction de.), L'Art, le territoire : art, espace public, urbain, CERTU, Lyon,

101 IV Entre réhabilitation et réappropriation urbaine :

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103 a) Les évènements populaires La Fête des Lumières : En 1999 un tournant est marqué avec la transformation de la Fête des Lumières en festival Lumière. Ce changement de nomination, qui peut paraitre anodin, va pourtant marquer cette époque avec le début d un développement très important des festivals et de l évènementiel. Ces manifestations ont un impact considérable sur le grand public par leur volontaire popularité. La Fête des Lumières est à ce sujet intéressante par sa pérennisation et son évolution. Son histoire est la suivante : en 1852, une statue de cinq mètres de haut de la Vierge Marie est achevée par le sculpteur Fabisch afin d être déposée en haut du clocher de la chapelle située sur la colline de Fourvière. L inauguration de la statue était initialement prévue le 8 septembre, mais une crue de la Saône inonda l atelier du sculpteur et la célébration fut remise au 8 décembre, fête de l Immaculée Conception. Le programme festif reste le même ; il comprenait une procession, la bénédiction et le soir, pose de lampions autour de la chapelle, feux de Bengale et sonnerie de fanfare. Ce jour là, la foule est présente pour la bénédiction mais, à la mi-journée, les intempéries obligent le maitre de cérémonie à reporter les illuminations, prévues pour inaugurer cet événement, au 12 décembre. Les clercs et laïcs font connaître la nouvelle dans la ville mais le soir, le ciel se découvrant, les illuminations commencent à l initiative de personnes privées. Les festivités se répètent alors le jour du 12 décembre, comme elles avaient été prévues 175. Ce geste d inauguration de la statue est repris alors chaque année de 1852 à nos jours. Cette continuité a pour effet une «entrée en légende», selon Philippe Dujardin, qui doit être prise au sens de «ce qui doit être rapporté, ce qu il faudra dire de». La fête est transmise par le 12 décembre et réitérée tous les ans. Par sa spontanéité, l enthousiasme qu elle suscite et son renouvellement, la fête entre dans la tradition quasiment immédiatement Dujardin Philippe, «Lyon l allumée, de l illumination du 8 Décembre à la Fête des Lumières, avatars d un rituel urbain», in Bertrand Gilles et Taddei Ilaria (ss la direction de.), Le destin des rituels, faire corps dans l espace urbain, Ecole française de Rome, Rome, 2008, p Dujardin Philippe, 2008, p. 409 et

104 La Basilique de Fourvière illuminé en 1999, source : site Fête des Lumière 1999 C est dans les années soixante-dix que s institue une récupération de la fête par la ville de Lyon, ainsi qu une instrumentalisation de celle-ci. De 1970 à 1989, Philippe Dujardin évoque une communalisation 177 faible. Pendant cette période, le 8 décembre est un jour symbolique lors duquel se tiennent des inaugurations, des commémorations ou des manifestations de tout genre. Puis à partir du mandat de Michel Noir jusqu à nos jours, la communalisation est forte. La politique cherche alors à concurrencer les autres villes et à avoir un rayonnement international. La ville reprend le 8 Décembre qui passe sous le vocable de «Fête des Lumières». Les moyens mis en œuvre pour cet événement sont considérables, le budget augmente et des métiers nouveaux liés à la Lumière sont développés. La politique de communication met en place un logo et une procédure de labellisation. Dans les premiers temps, la fête est organisée par un scénographe qui programme un évènement en centre ville. Progressivement, elle va s étendre aux neuf arrondissements de Lyon, qui vont, chacun leur tour, accueillir les programmations importantes de la fête. Enfin, en 1999, la formule change de nouveau et s appelle désormais le «Festival Lyon Lumière». Le festival est alors étendu temporellement, il dure à présent quatre jours, afin qu un week-end suive ou précède toujours le 8 décembre. Le temps de la manifestation a donc évolué vers une formule festivalière «Communalisation» : mettre sous la dépendance d une commune un terrain ou une opération. 178 Dujardin Philippe, 2008, p. 417 à

105 La formule du festival va se développer de façon très importante dans l agglomération lyonnaise. C est d ailleurs le service évènementiel du Grand Lyon qui gère ces manifestations. L art va être un des principaux sujets des festivals. Lors de la Fête des Lumières, différents types d art vont être mis en œuvre. Les entreprises se voient commander des projets pour illuminer les façades, elles travaillent avec des informaticiens, des architectes ou designers lumière. L Hôtel de ville illuminé en 1999, source : site Fête des Lumière 1999 Le travail fourni peut être considéré comme un art facile à aborder, car la fête se veut populaire avant tout. Un autre type de travail est plus axé sur l art dit «contemporain», quelques artistes participent à des projets en commun avec les entreprises, des associations ou avec des galeries comme la galerie Roger Tator. Leur travail est intéressant par la recherche artistique qu ils proposent. Depuis 1999, la galerie Roger Tator intervient dans cette fête en proposant un parcourt dans la ville, les artistes exposant leurs œuvres dans la rue ou dans les vitrines des magasins 179. La Fête des Lumières parvient donc à mobiliser des professionnels de la lumière et quelque uns de l art contemporain. Cet art populaire est très apprécié du grand public. D autres manifestations vont voir le jour et permettent d ouvrir l art à un large public comme c est le cas des Invites à Villeurbanne. Les Invites : Cet événement prend appui sur une fête qui a toujours existé à Villeurbanne et qui a porté plusieurs noms : Villeurbanne en fête, les Eclats Nova, les Viva et enfin les Folia ou la 179 Voir entretien avec Laurent Lucas, annexe n 1 105

106 Affiche du festival des Invites à Villeurbanne, 2009, source : site Festivals Rhône-Alpes 106

107 fête des associations. Ne voulant pas que cette dernière disparaisse, un nouveau concept a été mis en place afin de poursuivre cette politique dans l espace public. En 2001, la nouvelle équipe municipale de Villeurbanne demande à Patrice Papelard de réfléchir au sens de la fête aujourd hui. Le festival des Invites est né de cette réflexion : que veut-on montrer et comment? Se déroulant sur trois jours, cette fête populaire réunit un grand nombre de professionnels. Elle prend appui sur la réflexion générale menée par la commune et des habitants sur le rôle et la place d une fête actuellement 180. La grande variété socioculturelle des habitants de la commune a été prise en compte. De plus, l envie de se rencontrer et de partager des habitants, a eu une influence naturelle sur le choix du nom du festival rappelant l invitation, la mixité et le mélange des genres. Affiche des Invites, en 2007, source : site Festivals Rhône-Alpes Les artistes présents à cet événement viennent de tout horizon, les artistes locaux côtoient les artistes en émergence ou ceux déjà bien ancrés dans le milieu et qui développent leur répertoire. Des plasticiens-lumières ainsi que des artistes de la rue, des artistes venus de la radio ou des musiciens sont invités. Les références artistiques sont très variées et regroupent la musique, la danse et les arts de la rue. Une des particularités de ce festival est l installation réalisée et qui est différente chaque année. Une transformation urbaine s opère et est le fruit d un travail entre le directeur artistique, les artistes et les habitants. Pour cela un lieu de la ville est transformé, monumentalisé et devient un lieu de rencontre lors du festival mais aussi en dehors de cet événement 181. Le long travail de participation des habitants dans différentes manifestations a permis de développer des réalisations artistiques à Villeurbanne. Le festival tente de promouvoir et de faire découvrir de nouvelles cultures, de nouveaux domaines artistiques à 180 Banlieue d Europe, La place et le rôle de la fête dans l espace public, CERTU, Lyon, 2006, p Idem, p

108 l ensemble des spectateurs. Mais il essaye surtout de susciter des rencontres entre les gens et les artistes et de leur faire partager des expériences communes. Ce festival a rencontré un grand succès et ses spectateurs sont parfois trop nombreux, ce qui prouve l importance de l événement mais aussi a pour inconvénient d empêcher la libre circulation et une bonne vision des œuvres 182. De nombreux festivals et évènements populaires voient le jour. Ils s inscrivent dans un développement la culture urbaine. Ainsi le festival Tout le monde dehors, inauguré en 2010, propose aux spectateurs un mélange de théâtre, de projection de film, en organisant tous ces évènements à l extérieur. Spectacle de rue des Invites en 2006, source : Lyon Capital L art se voit utilisé à des fins spectaculaires et parfois commerciales. Il doit attirer, impressionner le visiteur et inscrire la ville dans un programme culturel. L évènementiel permet de mettre en valeur une collectivité territoriale, le temps du festival. Il développe son volet culturel et l identité de son territoire. Un volet sociologique n est pas non plus à exclure car la participation des habitants permet la compréhension et une bonne insertion de l art dans la ville. Le choix de l évènementiel permet aussi aux élus de ne pas trop prendre de risque dans le choix des œuvres ou sur leur emplacement. En effet, de par le côté éphémère de la manifestation, même si les œuvres ne plaisent pas, elles ne restent pas longtemps en place. Un parallèle peut être fait avec les expositions de sculpture (symposiums) qui ont eu eux aussi un caractère éphémère et évènementiel. Malgré cela, les achats de la ville ont permis de maintenir dans l espace public un grand nombre d œuvres de façon pérenne. Les éclairages qui ornent les grands bâtiments de Lyon lors de la Fête des Lumières ne fonctionnent pas plus longtemps que le temps de l évènement. 182 Banlieue d Europe, La place et le rôle de la fête dans l espace public, CERTU, Lyon, 2006, p

109 La mise en valeur des événements populaires mettent parfois en scène des arts très différents comme les projections lumineuses, le théâtre ou la sculpture. Mais un mélange s opère entre la culture populaire et la culture des spécialistes, ainsi qu entre amateurs et professionnels. La culture et l art deviennent ainsi un spectacle mais ils sont utiles pour mettre en avant une ville 183. Les évènements populaires et le spectacle peuvent aussi être considérés comme des clefs, des portes permettant d ouvrir la culture et l art à un plus grand nombre 184. b) La réhabilitation du Rhône En 2006, les berges de la rive droite du Rhône sont réaménagées afin de permettre aux promeneurs et aux habitants de se réapproprier le fleuve. De larges espaces vont être dégagés afin de faciliter la circulation piétonne et cycliste. Cette opération vise aussi à relier par une voie verte deux grands espaces lyonnais importants : la Cité internationale tout au nord et le quartier de Gerland au sud, au niveau de la confluence. La cité internationale a une longue histoire puisque sa construction débute en 1984 et se poursuit jusqu en En 1984, le site «Achille Lignon» est isolé du fleuve par deux voies de circulation à lourd trafic. Jusqu en 1984, la foire internationale de Lyon se tenait à cet emplacement et attirait jusqu à cinq cent mille professionnels et amateurs. Le maire Francisque Collomb décide en 1982 de déplacer la foire à Chassieu et monte un groupe de travail chargé de faire des propositions pour le réaménagement du site. Les édifices en place seront démolis et le cadre paysager valorisé. Il faut mettre en avant les dimensions économiques et internationales du lieu 185. Un centre des congrès est adjoint à des structures hôtelières et commerciales. Interpol vient se greffer au projet et s installe au sud-ouest du site et en 1985, un concours d architecture et d urbanisme est lancé pour l aménagement de la cité internationale. Le concours est remporté par deux architectes : Renzo Piano qui conçoit le plan général de composition, le centre des congrès et coordonne les futurs réalisations architecturales ; et Richard Plottier qui est chargé plus spécifiquement de restructurer le Grand 183 Voir entretien avec Claude Kovatchévitch, annexe n Voir entretien avec Marianne Homiridis, annexe n Badin Fontaine Agnès, «La Cité Internationale de Lyon, Renzo Piano », mémoire sous la direction de Mme Bertin, Université Lumière Lyon II, 2009, p

110 Palais de la Foire 186. La particularité des lieux va être l articulation autour de la rue intérieure, composée d une large verrière zénithale laissant apparaître sur les parois la terre cuite des bâtiments. Les édifices bâtis sont nombreux, on retrouve le centre des congrès, auquel s ajoutent des logements, des bureaux, un hôtel, un pôle culturel avec un cinéma, le musée d art contemporain agrémenté d un jardin faisant la transition entre le bâtiment d Interpole et la Cité. Vue aérienne de la Cité Internationale, source : Agence d urbanisme de Lyon 186 Badin Fontaine Agnès, 2009, p

111 Les Habitants de Xavier Veilhan Dans le cadre de la construction de la cité internationale, un pour cent du budget a été réservé à l achat d œuvres d art. Un concours a été organisé et le vainqueur fut Xavier Veilhan. Renzo Piano imposa alors de sélectionner aussi l œuvre de François Morellet, arrivée en seconde position, afin d être un contrepoint nocturne à la première 187. Xavier Veilhan a conçu de grandes figures en inox recouvertes d une résine polyester teintée dans la masse. Ces Habitants de trois à huit mètres de haut, permettent de faire une transition entre le bâtiment et le public. Ils symbolisent soit des animaux faisant écho au parc tout proche, pingouin ou ours, soit les futurs usagers de la cité, businessman, jeune fille pratiquant le roller ou livreur de pizza. 187 Badin Fontaine Agnès, 2009, p

112 Le musée d art contemporain de Lyon à la cité International et Blue Klein/Rosa Fontana de Maurizio Nannucci Per Kirkeby, Asymmetrisch, 2000 Jaume Plensa, Birnam,

113 L œuvre de François Morellet, A contre-courant, est plus sobre et moins immédiatement visible. Ce néon (plus tard remplacé par des diodes bleues), plus appréhendable la nuit, part de la rue intérieure et file jusqu au nord de la cité. Il propose de suivre la courbe du Rhône, mais de façon inversée, afin de relier les bâtiments au grand amphithéâtre sur lequel il remonte et forme une ligne de 20 mètres de long. Le musée d art contemporain a joué un rôle dans l insertion des œuvres dans la Cité. En effet, l entrée donnant sur le parc de la Tête d Or est doublée d un passage conçu par Per Kirkeby, Asymmetrisch. Œuvre prévue pour le palais Saint-Pierre, elle fut acquise par le MAC puis détruite. L artiste l a reconstruite en prenant en compte le nouveau bâtiment du musée, elle comporte des briques rappelant le reste de la cité. Une œuvre de Jaume Plensa, Birnam, figure devant le musée depuis 1988 ainsi que Blue Klein/Rosa Fontana de Maurizio Nannucci 188. Depuis 2010, une autre œuvre attire les regards car disposée sur la pelouse non loin du musée. Il s agit de World Markets de François Morellet, A contre-courant, 2006 Wang Du ; elle mesure 5 mètres de haut sur environ 7 mètres de large, et représente un morceau de papier journal chiffonné sur lequel on peut encore lire des titres et des articles, faisant peut-être référence à la consommation effrénée du monde, consommation d information mais aussi de papier et par là même des arbres et de la nature. Dans le jardin au sud de la cité, une œuvre de Kazuo Katase, Lightlgestalt, est un cube constitué d un grillage blanc, symbolisant l espace du dehors, contenant un second grillage, noir celui-ci, représentant l espace du dedans. La nuit, la lumière remontant du parking 188 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p.100 à

114 souterrain lui donne l allure d un signal 189. La cité internationale est donc une réalisation majeure qui s étend sur une longue période. Les œuvres d art la décorant sont particulièrement nombreuses à partir du début du XXIème siècle. Wang Du, World Markets, 2010 et Kazuo Katase, Lightlgestalt, 2004 Le nord du Rhône est donc mis en valeur par la cité internationale et c est dans les années quatre-vingt dix que va se dessiner le projet de réhabiliter le sud du fleuve. Le parc de Gerland va notamment prendre de l importance à la fin de sa construction en De grands travaux vont donc y être entrepris. Au cours des dernières années, le lieu avait été bouleversé car les grands ensembles industriels s étaient peu à peu vidés, notamment avec l abandon des abattoirs réalisés par Tony Garnier. Afin de remettre en valeur l extrémité sud de Lyon, des ensembles orientés vers la haute technologie et l enseignement sont mis en place : la cité internationale bâtie par Jourda et Perraudin entre 1989 et 1992 s installe au niveau de la Confluence, l ENS de «Saint-Cloud» rejoint le site. Ces deux bâtiments bénéficient du 1% artistique et de nombreuses œuvres sont réparties en particuliers dans les bâtiments de l ENS. Mais c est avec l arrivée du parc que le pôle de Gerland prend une autre ampleur dans l agglomération lyonnaise. Au début des années quatre-vingt dix émerge l idée de construire un parc sportif et populaire, à la place de grands bâtiments inutilisés. Le parc doit à terme s étendre sur 80 hectares, une première tranche des travaux de 20 hectares est mise en œuvre de 1996 à La conception est confiée à l atelier Corajoud, composé de Claire et Michel Corajoud et Gabriel Chauvel, tous trois paysagistes. Laurent Fachard en est l éclairagiste Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Grands projets du Grand Lyon, Gerland, Site internet Grand Lyon 114

115 Vue du site de Gerland et de son parc, source : Agence d urbanisme de Lyon Sylvie Maurice, Intervention artistique,

116 Le parc est découpé en grands rectangles de verdure qui contiennent différents types de jardins et de plantes. L interface avec le Rhône n est pas oubliée puisque les rives sont aménagées en pentes douces jusqu au fleuve, où la nature sauvage est organisée et ordonnée. Plusieurs œuvres sont disséminées dans le parc dont celle de Sylvie Maurice, Intervention artistique, datant de Cet artiste réalise un vaste portail permettant l entrée dans la grande prairie par la rue Pierre de Coubertin. De grandes plantes surdimensionnées sont apposées sur la grille. Elles représentent des espèces communes à divers stade de leur évolution : boutons, fleurs, graines. Pierre-Alain Jaffrenou, Animots, 2000 Ces fleurs annoncent le thème de la mégaphorbiée voulu par les concepteurs du parc. L idée est de convier les visiteurs à contempler les plantes des campagnes disparues parfois à cause de l utilisation trop intensive d un désherbant. La composition verticale ne cache par la grille mais la termine par des volutes contrebalançant sa rigidité. Les surfaces blanches opalescentes des fleurs accrochent la lumière et invite les visiteurs à entrer 191. L œuvre de Pierre-Alain Jaffrenou, Animots, ajoute une dimension sonore et musicale au parc. Sélectionné par un appel à projet du Grand Lyon, l artiste dispose une douzaine d enceintes le long d un sentier qui diffusent constamment des sons d animaux tirant parfois vers le fantastique. Les bruits qui évoquent les petits animaux des jardins sont un contrepoint au végétal tandis que les autres, ambigus, sont presque irréalistes. Ils sont sélectionnés par un ordinateur et donc imprévisibles : les compositions sonores ne sont jamais les mêmes. Elles sont diffusées au gré du hasard de l informatique qui les programme. Le parc améliore la qualité de vie du quartier. Le quartier de Gerland avec son parc et son pôle enseignant et scientifique, est un miroir de l espace situé au nord du fleuve constitué du parc de la Tête d Or et de la cité internationale. 191 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p

117 Pour finir, un dernier aménagement majeur a vu le jour dans les années 2000 le long du Rhône, il s agit du réaménagement des berges rive droite. En effet, ce lieu était depuis l après guerre occupé par des parkings à l air libre que desservait la route longeant les quais. La promenade y était donc difficile et encombrée et le fleuve très peu mis en valeur. Sous l impulsion du maire Gérard Collomb et de Gilles Buna, président de l agence d urbanisme de Lyon, les berges vont retrouver un aspect agréable et être rendues aux Lyonnais. Les travaux vont s attacher à relier la Cité Internationale avec le parc de la Tête d Or au parc de Gerland, afin de développer une promenade verte le long du fleuve. Les paysagistes retenus pour le projet sont in situ, l architecte Françoise Jourda et le groupe Coup d Eclats qui réalise l éclairage. 10 hectares de terrain ont été aménagés dont m² d espaces verts avec 350 arbres plantés 192. Les travaux se terminent en Notre époque privilégiant le bien-être des habitants et les modes doux, les berges sont interdites à tous les véhicules à moteur. Afin d être un endroit agréable pour tous et de satisfaire une majorité de personnes, les promenades offrent des jeux pour les enfants, des espaces dédiées à la pratique du roller et du skate, des terrains de volet et de foot, une piste cyclable, une prairie verte pour s y reposer. Des péniches accostées font office de buvette et certains bateaux proposent des voyages sur le fleuve. Vu des berges du Rhône, la prairie et les péniches, source : Agence d urbanisme de Lyon 192 Berges du Rhône, résumé avant-après, site internet du Grand Lyon 117

118 Vue des Berges du Rhône, la piscine et l estacade en bois, ou se situe l œuvre de Philippe Favier Œuvre de Philippe Favier, J aimerais tant voir Syracuse, sur les quais du Rhône devant la piscine,

119 Plusieurs espaces ont été délimités afin de rendre l ensemble varié et attractif : une première plage, du pont Pasteur au pont Gallieni, suivie d une galerie botanique qui s étend sur 1km, puis le port de l université permettant d accéder aux bateaux de croisières accostés sur le Rhône. On trouve également un parcourt de santé et des terrains de sport. Une autre partie du quai, se situant devant la piscine du Rhône, est constituée de pilotis supportant une estacade de bois, permettant ainsi d être au plus près de l eau. Les terrasses de la Guillotière complètent le panorama avec des gradins faisant une douce transition entre le quai et le fleuve, des étendues d eau sont en miroir avec le fleuve, ensuite une vaste prairie, près du pont Wilson, s étend sur m² et côtoie les péniches. Des îles-jardins marquent une autre transition avec le Rhône par de petits jardins allongés rappelant les alluvions du fleuve, puis un cordon végétal longeant le fleuve est composé d essences variées. Enfin, de petites îles s avancent sur le fleuve et forment le «bretillod». Elles constituent un écosystème sauvage et sont à l extrémité nord des rives. D un point de vue artistique, peu d œuvre jalonnent le parcourt. En effet, seule celle de l artiste Philippe Favier, J aimerais tant voir Syracuse, est installée sur l estacade en bois devant la piscine du Rhône. Rappelant une immense table d orientation, le parapet contient des plaques de métal dans lesquelles sont gravés des noms oniriques de lieux géographiques. Cette œuvre invite au voyage ; elle est aussi participative car pendant plusieurs week-ends, les promeneurs ont été invités à inscrire des noms sur les plaques et à les installer. Plus de destinations différentes sont ainsi réparties sur le quai 193. Le Rhône a donc particulièrement été mis en valeur par l achèvement des travaux de la Cité Internationale, notamment l amphithéâtre, qui couronne la ville de Lyon au nord, mais aussi par la réalisation du parc de Gerland au bord du fleuve. Ces travaux montrent une volonté de réhabiliter le quartier et de l ouvrir aux espaces verts. La douceur de vivre et l aération des espaces par le végétal sont des idées récurrentes qui sont particulièrement prises en compte dans l aménagement des berges du Rhône, qui devient alors un «parc urbain de 10 hectares en ville» 194. Les œuvres n étant pas nombreuses le long du Rhône, la municipalité va changer de politique et en inclura une grande quantité lors de la réhabilitation du second cours d eau de l agglomération lyonnaise : la Saône. 193 Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Plaquette des berges, site internet Grand Lyon 119

120 c) La réappropriation de la Saône En 2007, la Direction Générale du Développement Urbain du Grand Lyon, dans le cadre de l élaboration des «Projets de Développement Territorial», a mentionné l étude du réaménagement des rives de Saône comme un «axe de projet» important 195. Dans ce cadre, une réflexion globale a été menée sur l ensemble des rives et une réhabilitation a été projetée d ici à Quatorze communes du Grand Lyon dont cinq arrondissements de Lyon, vont être concernées par le réaménagement des berges qui remontent du Confluent à Neuville-sur- Saône. Une cinquantaine de kilomètres de rives vont être reliés. En effet, actuellement, elles sont parfois laissées à la végétation, parfois longées par des chemins de randonnée, constituées de bas-ports ou bien bétonnées et transformées en parking comme c est le cas à Lyon. La réhabilitation permettra de tirer un trait d union entre les petites communes du Valde-Saône et l urbanité lyonnaise 196. De même, elle constituera un réseau de cheminement proche de la nature et facile d accès. Les villages, ports qui avaient été coupés de la rivière se verront à nouveau en lien avec elle. Le patrimoine naturel est aussi important à valoriser car les séquences paysagères sont très variées et des îles et berges basses possèdent une forte valeur écologique. La biodiversité sera préservée dans ce projet. Le patrimoine architectural est aussi important car les promeneurs pourront ainsi découvrir les petits villages des bords de Saône et leurs architectures, sans avoir à utiliser de voiture pour s y rendre. L espace public ainsi constitué permettra un réseau de promenades au plus près de l eau tout en prenant en compte les différents modes de déplacement comme les personnes à mobilité réduite ou les vélos qui auront un parcours particulier, les berges n étant pas assez larges partout pour permettre un déplacement constant à vélo. Des estacades seront aménagées lorsque les rives sont trop étroites, afin de permettre une circulation plus facile. 195 Etude de l Agence d Urbanisme de l Agglomération Lyonnaise, Un projet pour les rives de Saône, Grand Lyon, Rive de Saône, Réunion d information, 2010, site internet du Grand Lyon 120

121 Les usages existants ou développés seront divers : des usages liés à la nature avec des parcours de randonnée, protection du milieu naturel ; des usages de quartier avec des accès à l eau et des jeux ; des usages liés à la rivière avec la pratique de l aviron ou de la pêche et enfin un usage récréatif avec des tables de pique-nique, des parcours sportifs ou des tables d orientation 197. Tout au long du cours d eau, des plages, des espaces sportifs ou de détente permettront aux promeneurs de profiter pleinement des berges. Les liens entre les quartiers et la rivière seront raffermis avec l identification de lieux remarquables à mettre en avant par le point de vue qu ils apportent, la suppression du stationnement tout le long du parcours et une signalétique particulière des rives, dont les bancs, le luminaire et les parapets font partie. Certains endroits seront particulièrement valorisés comme les marches de Neuville, la promenade des Guinguettes de Rochetaillée-sur- Saône, l ancienne écluse de Caluire, la passerelle et le belvédère du palais de Justice ou encore l aménagement du bas-port Rambaud à Lyon 2éme 198. Projet pour les rives de Saône, source : site Projets urbains et réalisations architecturale L art public n est pas non plus oublié. Afin d accompagner le promeneur et de symboliser les richesses du développement des rives de Saône, une dizaine d œuvres sont 197 Grand Lyon, Rive de Saône, Réunion d information, 2010, site internet du Grand Lyon 198 Grand Lyon, Rives de Saône, présentation, 2010, site internet du Grand Lyon 121

122 Grand Lyon, Les grandes opérations des rives de Saône, Rives de Saône, réunion d information 122

123 123

124 prévues tout au long du parcours. Elles sont aussi nombreuses que les projets d aménagement et surtout reflètent le consensus entre l artiste, le maître d œuvre et le maître d ouvrage. En effet, les œuvres sont prévues très en amont du projet afin de ne pas être de simples «objets» posés après les travaux pour décorer le site. Une identité visuelle et artistique sera ainsi donnée à chaque tronçon du parcours. Un comité d orientation Art public est garant du projet et oriente les projets artistiques des rives de Saône. Il est composé de Nadine Gelas qui le supervise, des experts du monde de l art et de la culture et de l urbanisme. Un appel à projet est lancé pour retenir l équipe de direction technique et artistique qui se chargera de mettre en valeur l art public sur les berges. Les artistes proposés sont invités à travailler avec les maîtres d ouvrage puis doivent conduire des actions de médiation auprès de la population ainsi que rédiger les supports de communication du projet 199. Projet pour le réaménagement des rives de Saône, source : Lyon Info Les œuvres doivent être en concordance avec les trois aspects que vont prendre les berges de la Saône : bucolique pour le Val-de- Saône, patrimonial pour le cœur historique de Lyon, et contemporain pour la confluence. De nature très diverse, sculptures, travail du végétal, luminaires, signalétique, jeux publics, conception d espaces ou intervention sur les murs, les œuvres permettront d être une articulation 199 Grand Lyon, L art et les rives de Saône, dossier de presse, 2010, site internet du Grand Lyon, p

125 entre la ville, la rivière et la population. Le travail des artistes devra prendre en compte les différents terrains, l environnement, l histoire des lieux et les besoins de la population pour concevoir leurs œuvres. Il s agit de toucher un public diversifié et de réinventer la ville 200. Chaque opération du réaménagement est confiée à un maître d ouvrage différent avec lequel travaillent un ou plusieurs artistes. Cinq équipes, ayant de bonnes compétences techniques et de solides références artistiques, ont été retenues. C est finalement Art Public Contemporain et AIA production, adjoints au directeur artistique Jérôme Sans 201 et aux directeurs techniques Renaud Sabari et Jean Dominique Segondi, qui se voient confier le projet. Jérôme Sans a imaginé un «River movie» en douze séquences artistiques. Treize artistes ont proposés des œuvres d art pour les 18 km entre la Confluence et Rochetailé-sur- Saône sur la rive gauche de la rivière 202. L artiste Tadashi Kawamata, dans une séquence au centre de Lyon, travaille sur une œuvre en triptyque : un belvédère accroché à une ancienne culée de pont, des rampes habillant la façade du parking Saint-Antoine, et peut-être une série de plate-formes flottantes (à l étude). Ces constructions constitueront un «fil rouge» qui se développera le long de la Saône. Les autres artistes installeront leurs œuvres dans des sites spécifiques afin qu elles constituent un dialogue entre l art, le spectateur et l eau. Des rochers à crues et les nuées de lucioles d Erik Samakh s adapteront au site et les lucioles seront, à l occasion d inondations, amphibies. Deux maisons Rives de Saône, dédiées à la réflexion sur le projet et à la concertation seront construites par Didier Fiuza Faustino 203. Les œuvres sont donc variées et se répartiront également tout le long des berges. Les artistes expriment leur art in situ dans ce projet. On peut cependant craindre une trop grande médiatisation des œuvres qui ne joueraient alors que le rôle de faire-valoir des artistes. Il est aussi à déplorer qu aucun artiste régional n est été convié à la réalisation d une œuvre sur les berges de la Saône. La Saône est donc un lieu qui, par son étendue et sa grande emprise, réunit plusieurs communes, villes villages et quartiers. Elle permettra, avec son réaménagement, de 200 Idem, p Jérôme Sans : directeur de l Ullens Center for Contemporary Art de Pékin et co-fondateur et ex directeur du Palais de Tokyo 202 Grand Lyon, Les Rives de Saône, Scénario - Synopsis pour un River Movie, Communiqué de presse du 8 février 2011, site internet du Grand Lyon 203 Françoise Moiroux, «Réaménagement des rives de Saône», AMC le moniteur architecture, n 205, Avril 2011, p

126 Projet de rénovation du parking Saint-Antoine de l artiste Tadashi Kawamata, source : Lyon Info Projet des lucioles d Erik Samakh, source : Lyon Capital Les "excroissances" de Pablo Reinoso, source : Lyon Capital 126

127 rapprocher toutes ses entités du Grand Lyon et offrira à tous une promenade verdoyante au fil de l eau. D un point de vue artistique, les œuvres permettront de jouer le rôle d un médiateur pour réinterpréter l interface entre la ville et la rivière. L artiste ainsi que l urbaniste «se trouvent dans la même démarche d apprivoisement et de jeu de révélation de ces rives» 204. d) Réinvestissement artistique dans les quartiers périphériques Dans les années 2000, un réinvestissement de l art a eu lieu dans certains quartiers périphériques qui n étaient auparavant que très peu concernés par les interventions artistiques. Un premier lien entre le centre et la banlieue se fait par l intermédiaire du tramway. Inauguré en 2000, celui-ci dessert, avec sa ligne T1 et T2, de nombreux quartiers. La première ligne va de Perrache dans le 2 ème arrondissement jusqu au quartier universitaire La Doua de Villeurbanne quand à la seconde, elle part de l échangeur Perrache et rejoint Saint-Priest. Le parcours nécessite des réaménagements dans certaines rues. Les rails qui relient les différents arrondissement ou communes contribuent à l unification du paysage urbain et rapprochent les quartiers en difficulté du centre de Lyon. De plus, avec le mobilier urbain choisi, celui de Wilmotte, qui ponctue toutes les stations, une cohérence est donnée à l ensemble des lignes, quel que soit l endroit ou elles passent. Une unification de la ville, de ses quartiers jusqu aux communes environnantes est rendu possible par le tramway. Cinq œuvres ont été disséminées tout le long du parcourt, le programme artistique a été conçu autour de l idée même du tramway : l objet technologique, l outil d aménagement urbain qui développe l identité lyonnaise d un point de vue géographique ou culturel. L œuvre de Bill Fontana est composée de cartes postales sonores, qui diffusent des sons récupérés dans dix-huit sites Lyonnais, sur la ligne T1. Pierrick Sorin, quand à lui, conçoit des bornes de théâtre vidéo dans lesquelles les personnages défilent sur des rails. 204 Grand Lyon, Les Rives de Saône, Scénario - Synopsis pour un River Movie, Communiqué de presse du 8 février 2011, site internet du Grand Lyon 127

128 Malheureusement, ces deux dernières œuvres étant en mauvais état, elles ont été retirées des stations. Trois autres œuvres sont pourtant conservées, il s agit de celles de Cécile Dupaquier, qui pose sur des mats de la station Condorcet des boîtiers lumineux qui affichent chacun deux lettres à la fois qui, additionnées, forment des messages et permettent ainsi aux usagers du Tram ou aux piétons de s interroger sur leur état d esprit. Les questions sont variées : «Tu penses à quoi?», «Tu hésites?». Cécile Dupaquier, Sans titre, 2000, table interroge notre perception de l espace et du temps. Elle décrit en effet, l infime, l éphémère, des microévènements que l artiste a jugé bon de retenir lors d une promenade. Un sac rose entre deux pierres ou l herbe poussant entre les pavés sont répertoriés sur la table, renvoie le passant à sa propre expérience de promeneur et à sa capacité d attention aux petites choses de la vie 206. L œuvre de Bruno Yvonnet, située dans le 8 ème arrondissement, propose aux voyageurs des grandes bâches sur lesquelles des images inspirées du cinéma ou de la télévision montrent des situations banales mais magnifiées par leur format et leurs hauteurs 205.Pour finir, Jean- Jacques Rullier expose sa Table d orientation provisoire. Du pont Galliéni au pont de l université le 22 octobre 2000 à 14h 38. La Jean-Jacques Rullier, Table d orientation provisoire. Du pont Galliéni au pont de l université le 22 octobre 2000 à 14h 38, Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p Homiridis Marianne et Lacroix Perrine, 2008, p

129 Le tramway permet donc de relier différents quartiers, d y insérer une unité et d apporter un supplément d âme par l installation d œuvres dans des quartiers qui en étaient parfois peu pourvus. D autres initiatives vont être prises afin de promouvoir l art dans les quartiers, particulièrement ceux situés en périphérie. Des décisions nationales aident au développement de la culture, notamment avec les Contrats Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) qui succèdent en 2007 aux contrats de ville. Un accord est passé entre l Etat et les collectivités afin de mettre en œuvre des politiques de solidarité et de développement en direction des quartiers de la ville qui cumulent les difficultés sociales, urbaines et économiques les plus importantes 207. Prenant en compte ces grands principes, des interventions artistiques sont parfois programmées afin d aider les habitants à mieux vivre ces modifications de leur mode de vie, lorsque des espaces sont détruits ou réaménagés. Afin de développer une attractivité du territoire, des initiatives publiques ou privées se chargent de réinvestir les quartiers d une dimension artistique et culturelle comme c est le cas à la Duchère ou sur le boulevard des Etats-Unis. La Duchère : La Duchère, quartier situé dans le neuvième arrondissement de Lyon, a subit de nombreux réaménagements, notamment lors de la démolition de l immeuble 220. En 2005, le Grand Projet de Ville Lyon la Duchère, qui se charge de la réhabilitation du lieu a sollicité la compagnie Là Hors De afin de donner un élan culturel au projet. Celle-ci est pluridisciplinaire et fait volontairement appel à des danseurs, comédiens, musiciens, photographes, vidéastes, sonorisateurs, réalisateurs, metteurs en scène, compositeurs ou costumières. Ceux-ci mêlent plusieurs langages pour n en faire qu un 208. La compagnie travaille avec l OPAC 209 du Rhône, lors de la démolition et la réhabilitation du quartier et œuvre avec les habitants pour 207 Ministère de la culture et de la communication, Contrat urbain de cohésion sociale, appel à projets 2011, site internet du ministère 208 Information sur la compagnie Là Hors De, site de millénaire OPAC : Office Public d Aménagement et de Construction 129

130 faire exister une présence artistique pendant les mutations urbaines 210. L art est perçu comme un moteur de développement pour le quartier. Le projet Sputnik Là Hors De s installe donc à la Duchère et monte un projet dénommé Sputnik dans l idée de faire vivre ce long moment pendant lequel va durer le chantier. Il s agit de transformer ce chantier en réalisant des performances ou des œuvres artistiques inédites et d établir un dialogue entre les habitants et les artistes. La compagnie a pour but de faire rayonner le quartier et lui donner une autre image, mais s engage aussi à travailler avec les Duchérois. Pour cela, les intervenants interrogent les habitants sur leur ressenti pendant la période de transformation urbaine afin ensuite de concevoir une réalisation collective qui laisserait une trace dans le paysage urbain. Là Hors De, Le musée Palissadaire, 2009, source : projet Sputnik 210 Mission de coopération culturelle de la ville de Lyon et Mission Lyon La Duchère, Lyon, La Duchère, art et culture, 2008, Carnet de projet n 2, 2008, p. 5, site internet de la Mission Lyon La Duchère 130

131 Les étapes de la démolition de la barre 220 en collaboration avec l OPAC est un des nombreux projets que la compagnie réalise. Pendant la phase de relogement des locataires, entre 2005 et 2008, des appartements ont servi de lieu d exposition dans lesquels les artistes ont œuvré in situ. L immeuble est donc resté un lieu de vie et est devenu un espace culturel ouvert. Inspirées de la vie des habitants et de leur réaction, une douzaine de réalisations ont constitué la collection de ce «musée éphémère» qui fut démoli en Des performances, des œuvres réalisées avec les habitants ou encore des expositions temporaires 211 ont complété ce musée. Elisabeth Rull, Passe-partout, barre 220, La Duchère, 2007, source : site internet projet Sputnik En quatre ans, 78 artistes et 360 personnes ont été impliqués dans la douzaine d expositions ou performances qui ont investies la barre de logement. Elisabeth Rull et les médiateurs de l ALTM (Association Lyonnaise Tranquillité Médiation) ont réalisé une exposition participative nommée Passe-partout. Des médiateurs, membres de l association, ont photographiés leurs entourages, familles, amis ainsi que leurs points de vue sur le quartier et ses transformations. L artiste a décidé de montrer la Duchère d une autre façon, selon le temps de la photographie. Un plan a été collé au plafond d une pièce et des photos, punaisées à l endroit où elles avaient été prises sont suspendues. Une seconde œuvre de Julien Léonhardt s attache au lieu et s y inscrit directement. En effet, cet artiste évoque l attachement des habitants à leur bâtiment et la difficulté de se séparer de celui-ci. 211 Idem, p

132 Son «appartement témoin» présente des étais et des miroirs. Les premiers aident dans la volonté de soutenir l édifice et les seconds, en se reflétant les uns dans les autres, font des percées continues dans l espace comme pour annoncer la destruction de l immeuble. L artiste reprend ainsi le thème de l appartement dont la forme se répète inlassablement, horizontalement et verticalement, dans le bâtiment 212. Julien Léonhardt, Appartement témoin, barre 220, La Duchère, entre 2005 et 2008, source : site internet projet Sputnik Ce lieu est resté ouvert et a connu une vie intermédiaire entre sa fonction de logement et sa destruction. Pour finir, lors de la Fête des Lumières 2008, 250 bénévoles aidés de nombreux locataires, ont peint en même temps les m² de la façade de l immeuble 220. Projet 8 ème art : Un second projet exemplaire d art contemporain s inscrit dans le quartier des Etats- Unis dans le huitième arrondissement. 8 ème art est une initiative portée par Grand Lyon 212 Idem, p

133 Habitat 213 qui s inscrit dans une dimension sociale et patrimoniale. La volonté de faire vivre agréablement les habitants d un quartier a poussé Yvon Deschamps, directeur de l OPAC, à utiliser la plus-value artistique et esthétique qu apporte l art pour mettre en valeur le quartier. Cette dynamique se veut une source de lien social et de qualité de vie urbaine et collective. Une série d œuvres d art contemporaines vont donc être réparties sur le boulevard des Etats- Unis. Cette initiative est soutenue par la ville de Lyon, le Grand Lyon et le musée urbain Tony Garnier et a pour but de «dynamiser la vie culturelle du secteur en lui donnant un nouveau souffle, dans la continuité de la démarche entreprise avec le musée urbain Tony Garnier» 214. Murs peints du quartier des Etats-Unis, Lyon 8ème 213 Grand Lyon Habitat est un établissement public à caractère industriel et commercial. Il gère un parc de plus de logements, sur le territoire du Grand Lyon. Il est chargé d améliorer son patrimoine de logements sociaux par des opérations de construction ou d acquisition-amélioration 214 Grand Lyon Habitat, Plaquette de présentation 8 ème art, non publié, décembre

134 Vue du quartier des Etats-Unis, source : Agence d urbanisme de Lyon 134

135 Une dizaine d œuvres vont donc être réparties en deux phases, cette opération va concerner logements soit habitants. Durant la première phase, un appel d offre a été lancé et quatre artistes retenus. Leurs œuvres devraient être mises en place à partir de Juin La deuxième phase du projet a pour but de sélectionner cinq à six artistes dont les réalisations seront installées en Ces œuvres ont été retenues par trois comités différents réunissant des personnalités variées comme des spécialistes en art contemporain, des élus, des représentants de la mission locale du 8 ème ou du musée urbain Tony Garnier. Un commissaire italien, Andréa Bellini, est chargé de conseiller les comités dans le choix des œuvres. Le coût de l opération s élève à 2,25 millions d euros, ce qui peut provoquer des difficultés de compréhension de la part des habitants, et susciter des réactions quand à l utilisation de l argent qui ne va pas servir à rénover les bâtiments. La première réalisation doit être placée à l angle du boulevard des Etats-Unis et de la rue du professeur Beaurivage. Le Kiosk est l œuvre de Karina Bisch, c est une interprétation sculpturale qui, loin de représenter un monument, condense à l inverse une série d éléments architecturaux emblématiques du XXème siècle ; on peut y lire le mot «Bauhaus». L œuvre rassemble des morceaux divers tels qu une porte, un écran, un mur, une tour, un cercle, des lettres, un rocher, une poutre et un socle qui sont tous mis en lumière. Projet pour le quartier des Etats-Unis, Karina Bisch, Le Kiosk et Armando Andrade Tudela, Le patio du Professeur Beauvisage, source : Grand Lyon Habitat, Plaquette de présentation 8 ème art,

136 Cette première œuvre est complétée par la seconde, Le patio du Professeur Beauvisage, qui s inscrit dans la même rue. L artiste Armando Andrade Tudela a conçu un espace public avec trois matériaux : la brique, le verre et le métal adjoints d une végétation progressive. Ces différents éléments associent l architecture et la sculpture de l espace. Ce lieu sera une sorte de symbole représentant l idée de la communauté mixte et hétérogène. Projet pour le quartier des Etats-Unis : Bojan Sarcevic, La traversée d un ailleurs, source : Grand Lyon Habitat, Plaquette de présentation 8 ème art, 2010 La troisième œuvre est celle de Bojan Sarcevic, La traversée d un ailleurs, qui propose un espace sculptural formé d un terrain en relief incluant les luminaires et les arbres autour de lui. La réflexion porte sur le paysage urbain, la façon d y vivre et sa réappropriation. Ce lieu est un espace d expériences et de découvertes. Enfin, le projet de Simon Starling, Le Rotary Cuttings, est une expérience fondée sur deux pièces circulaires d un mur pignon découpées au rez-de-chaussée et au premier étage de l immeuble. Une grande machine à deux bras, chacun accrochant un des cercles, est ensuite posée afin de retirer les deux pièces. Les deux bras vont alors pivoter et échanger les deux morceaux de murs, avant que la machine ne soit entièrement démontée. Ce travail est inspiré du film Démolition d un mur des Frères Lumière et du roman de Georges Pérec, La vie : mode d emploi. L œuvre tente d ouvrir un espace imaginatif pour les riverains et leurs usages Grand Lyon Habitat, Plaquette de présentation 8 ème art, décembre

137 Projet pour le quartier des Etats-Unis : Simon Starling, Le Rotary Cuttings, source : Grand Lyon Habitat, Plaquette de présentation 8 ème art, 2010 Une importante médiation va accompagner ces projets. En effet, des rencontres entre habitants et artistes vont avoir lieu, dix ateliers d artistes seront ensuite installés dans des rezde-chaussée afin de rapprocher les gens de l art contemporain. Une médiation importante en direction des habitants va être mise en place lors des réunions publiques avec les institutions, les habitants et les comités de locataires. La compagnie Acte va développer une chorégraphie mettant en scène des danseurs dans et sur les immeubles habités. De plus, différents ateliers proposant la pratique du cinéma ou des beaux-arts, vont s ouvrir au public afin de faire participer les habitants et de leur permettre de découvrir l art contemporain 216. Pour sensibiliser les jeunes, le lycée Lumière propose un atelier photographique concernant trois niveaux de classe. Des promenades urbaines sont prévues par différentes associations puis des «temps festifs» vont être organisés. Ces derniers seront notamment animés par une compagnie proposant des jeux pour enfant sur les futurs emplacements des œuvres. Un vernissage complètera l installation définitive de ces dernières, il sera suivi d un cocktail festif avec les habitants et un spectacle clôturera la soirée. De très nombreux projets de médiation sont donc prévus afin de parvenir à faire comprendre à tous l art contemporain. Il est à espérer qu ils réussiront et que les œuvres seront acceptées par la population. 216 Grand Lyon Habitat, Plaquette de présentation 8 ème art, décembre

138 Les quartiers périphériques ont été, ces dernières années, rapprochés du centre ville par le développement du tramway, de plus de nombreuses actions artistiques ont permis de ranimer ces espaces, de faire travailler ensemble les habitants et les artistes afin de permettre une plus grande cohésion sociale. L art peut s ouvrir à tous par la médiation et permet d instaurer un dialogue. Mais ce n est pas sa seule vocation et d autres moyens existent pour développer des relations sociales. La période allant de 1999 à nos jours est riche en grandes réalisations urbaines notamment autour des deux grands cours d eaux. Néanmoins, on peut remarquer une certaine absence d art dans une partie des réalisations urbaines dans la première moitié de cette décennie. Il semble qu un regain d intérêt pour l art contemporain apparaisse de nos jours. Ainsi l art dans l espace public se voit donner une place plus importante, notamment avec les grandes commandes telles que celles des rives de Saône ou encore les œuvres installées sur le boulevard des Etats-Unis. Par ailleurs, ce siècle met en avant, de façon très importante, les évènements éphémères ainsi que les festivals qui fleurissent en grand nombre tous les ans dans chaque ville 217. Ces animations font la part belle aux arts de la rue tout en essayant d associer la population aux manifestations artistiques, engageant un partage du sentiment d appartenance à une même ville. Ces festivals engendrent une culture peut être plus populaire et moins académique que celle se trouvant dans les musées et les expositions, mais elle peut aussi aiguiser le sens de la curiosité ce qui permettra ensuite l accès à un art plus difficile. 217 Tel que l apparition l année dernière du festival «Tout le monde dehors» à Lyon 138

139 Conclusion : L art dans l espace public a beaucoup évolué depuis 1945 ; en effet, il est passé par des moments où le peu de commandes a fait qu il n était pas mis à l honneur, comme ce fut le cas juste après la seconde guerre mondiale, à des moments de profusion très importante, notamment pendant dans les années quatre-vingt dix. L art contemporain s est petit à petit développé dans le Grand Lyon par le biais d amateurs qui ont su promouvoir ces nouveaux concepts. Leur volonté est de faire découvrir au grand public, par une voie autre que les musées, l art contemporain. Leurs idées seront ensuite reprises et développées par des élus qui intégreront cet art dans leurs projets culturels et urbains. Les goûts des personnalités importantes vont permettre une mise en valeur artistique de la ville, notamment à travers des expositions de sculptures et des commandes massives à des artistes qui se verront exposés dans des lieux importants de la ville. Cet art va atteindre son apogée dans la réalisation des grands projets urbains qui incluront la présence d œuvres dans leur construction. Ainsi les stations du métro et les parkings souterrains incluent à chaque fois le travail d un artiste. Il est en effet à noter que c est lors de travaux d urbanisme importants que des grandes commandes artistiques ont lieu, comme pour faire contrepoint et pour compléter ces aménagements. Malgré ce renforcement de l art urbain, il est à déplorer qu actuellement, trop peu d artistes régionaux soient conviés à participer à des projets artistiques dans l espace public. Les institutions, que nous n avons pas beaucoup développées ici, viennent en marge de notre sujet mais sont importantes par leurs actions menées et par leur pouvoir de diffusion de l art qui n est plus uniquement exposé en leur sein mais placé aux yeux de tous. C est d ailleurs souvent par la volonté des hommes qui sont à la tête des musées que des actions artistiques dans l espace public sont menées. En effet, ils soutiennent ces projets et innovent en proposant des expositions en dehors des lieux qui leurs sont habituellement dédiés. Mais il ne faut pas oublier que la plupart de ces démarches n auraient pu aboutir sans le concours d un élu. L association des deux hommes, l un soutenant l art contemporain et le second ayant un pouvoir de décision, a souvent permis le choix et la réalisation d œuvres importantes. Le développement de l art public dépend des citoyens ou des élus engagés dans sa défense et a pu évoluer par leurs actions qui en entrainaient en général d autres plus conséquentes. 139

140 Geneviève Böhmer, La Fanny de Lyon, boulevard de la Coix-Rousse à Lyon, 1987 L art a ainsi pu se développer de façon importante dans des villes telles que Lyon, Villeurbanne ou Vénissieux puis, à partir des années quatre-vingt, dans de nombreuses petites communes qui passent commande à leur tour. Ces œuvres vont connaître une évolution dans leurs formes : allant des sculptures en pierre jusqu aux décors muraux utilisant la céramique, la peinture ou encore le vitrail. Nombre d artistes mettent de côté la figuration pour s intéresser à l art abstrait. Les années quatrevingt voient l émergence d une grande disparité de matériaux, la sculpture reste prédominante mais l utilisation de la lumière (que ce soit avec des néons, des lampes ou des miroirs renvoyant les reflets) commence à apparaître dans la conception des œuvres. De plus, le métal tel que le fer est très prisé par les artistes, au dépend de la pierre. De nouveaux matériaux comme le plastique permettent de dégager la sculpture de la masse 218. L art «urbain» permet de faire une symbiose entre l urbanisme et l art. Dans les années 2000, on assiste à une certaine dématérialisation des œuvres avec des installations sonores et des projections lumineuses. L évènementiel joue ensuite un rôle important par sa grande diversification, son développement important et le fait qu il englobe plusieurs types d art et touche un très large public, tout en étant à la limite avec le rôle «d animation» de l espace public. L art apporte une dimension symbolique et formelle dans l espace public. Dans ce lieu formant une cohésion sociale et supportant de multiples fonctions urbaines, un supplément culturel est ajouté à l espace. En effet, il fait s opposer et se rencontrer deux espaces différents : celui commun aux individus, aux éléments urbains, et celui propre à l œuvre. Ce dernier, en perturbant le premier, change la vision qu un individu a d un lieu. Il modifie la 218 Lagnier Sylvie, 2001, p

141 perception habituelle de l endroit et oblige le spectateur, volontaire ou non, à prendre en compte la place qu occupe l œuvre et à s arrêter pour l observer ou tout du moins à modifier son itinéraire habituel 219. Cette position singulière modifie la relation du spectateur au lieu. L art a aussi une fonction politique importante. Selon Christian Ruby, l esthétisation de l espace public sert au pouvoir politique à écarter la peur et l isolement des individus, engendrés par l explosion de l espace en de multiples lieux non unifiés. En effet, le public ne forme plus un seul groupe d individus comme au XIXème siècle, et les lieux sont eux aussi très variés, pluriels et multiculturels. La politique actuelle cherche à reformer une opinion publique qui serait favorable à une plus grande participation des citoyens dans la vie sociale et politique. Pour cela, une unité est recherchée, «un signe de l existence d un sentiment commun d appartenance à la même espèce [ ] une exigence d universalité dans et par la différence» 220. La finalité étant la volonté de faire mieux vivre ensemble les différentes communautés, en solidarisant et pacifiant l espace public. L art est une voie pour y parvenir. L œuvre, quelque soit la réaction qu elle suscite, acceptation ou rejet, provoque des débats et des réflexions et donc contribue à animer et à rassembler autour d elle les habitants, suscitant des discutions et établissant un partage entre les citoyens. Il s agit de raviver une tradition démocratique en invitant la population à participer aux affaires publiques, notamment par le biais de l art contemporain qui suscite de nombreuses réactions et des sentiments communs. La vie publique tire donc des avantages de ces débats sur les œuvres qui contribuent à réveiller et solidariser l espace public 221. Le paysage qui se construit sous les yeux de la population est marqué par les œuvres qui se veulent un signe. Les artistes transmettent moins un message qu ils ne tentent d anoblir l endroit 222. Les œuvres participent à l identité du tissu social local. Elles ne sont pas seulement un élément de décoration mais jouent un rôle social, commémoratif et expriment une volonté de changer le regard du passant et de l interroger sur son existence et sur l espace dans lequel il vit. Georges Duby explique bien la nécessité et l utilité de cet art public : «La 219 Lagnier Sylvie, 2001, p Ruby Christian, Nouvel Kevin, L esthétisation de l espace public, cahier de l Institut pour l art et la ville n 2, Givors, 1993, p Ruby Christian, Nouvel Kevin, 1993, p Faux Monique, Smadja Gilbert, Daval Jean-Luc, L'Art et la Ville : Urbanisme et art contemporain, Skira, Genève, 1990, p

142 fonction de ces formes qui s incorporent aux monuments ou s établissent sur les places est de manifester, par l accent de majesté qu elles imposent, que, dans ces agglomérations de demeures, tout ne tourne pas autour du supermarché, du parking ou de la station RER, mais qu il s agit bien ici d une cité, c est-à-dire d un lieu ou il fait bon vivre, flâner, méditer, se réjouir, et que le privilège du citadin fut, tout au long de l histoire, d accéder, par les prestiges de l art public, au niveau supérieur de ce que nous appelons la culture» Faux Monique, Smadja Gilbert, Daval Jean-Luc, L'Art et la Ville : Urbanisme et art contemporain, Skira, Genève, 1990, p

143 Annexes 143

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145 Entretiens 145

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147 Annexe 1 : Entretien avec Laurent Lucas, co-fondateur de la Galerie Roger Tator, le 26 avril 2011 Présentation de la Galerie Roger Tator : «La galerie Roger Tator s est ouverte en Eric Deboos et moi-même en sommes les fondateurs. Nous avons suivi tous deux une formation de designer aux Beaux-Arts de Lyon puis ouvert une agence de design en 1994, peu de temps avant de fonder cette galerie. Celle-ci est une association de loi 1901 et, durant les premières années, nous tournions avec deux à trois expositions par ans, entièrement financées par la galerie. Ces expositions tournent autour de la thématique de l art contemporain et du design. En 2000, suite à des subventions de la DRAC et de la Région Rhône-Alpes, nous avons pu employer deux personnes (l une à mi-temps et l autre à temps plein) travaillant pour la galerie. Actuellement, la galerie expose quatre à cinq artistes par an et réalise de l évènementiel dans le quartier et à des échelles plus importantes.» Art et espace public : La Fête des Lumières : «D un point de vue artistique, je considère plus la fête des Lumières comme un évènement populaire que comme un travail générateur d œuvres d art. Dans les commandes passées, seul un ou deux artistes conçoivent un réel projet artistique. La plupart du temps, ce sont des entreprises qui travaillent à la conception des projections lumineuses. D ailleurs, cet évènement est géré par le service événementiel, et non pas par le service culturel, de la ville de Lyon. Les appels à projets sont au nombre de douze pour le centre ville. Ces réalisations sont remportées par des entreprises, liées ou non avec des artistes. Pour chaque arrondissement, une enveloppe est accordée et des initiatives de type privé sont prises, que ce soit par des entreprises ou des associations. Il est difficile de considérer le travail de certains concepteurs comme faisant partie intégrante de l art contemporain. 147

148 La galerie Roger Tator participe depuis 1999 à la Fête des Lumières. Elle propose un parcourt dans le quartier. Pour cela, des artistes exposent certaines de leurs œuvres, par exemple dans les vitrines des magasins. Quelques-unes de ces expositions sont ensuite importées dans d autre pays, notamment en Estonie ou en Slovénie.» Les murs peints : «Il ne me semble pas que l on puisse considérer les murs peints comme étant de l art contemporain. Je trouve tout de même intéressant un des murs, celui situé vers la place Jean Macé, inauguré pour une Fête des Lumières. Il reprend un dessin d artiste et se compose de câbles électriques alimentant des points lumineux, permettant ainsi l illumination de l œuvre.» Les moments et lieux de développement important de l art public contemporain, en lien avec l urbanisme : «La restructuration du quartier de la Part-Dieu, dans les années 70, est un des moments importants de l urbanisme à Lyon. Un grand développement des œuvres a lieu dans les années 90, notamment avec l arrivée des œuvres dans les parkings. Georges Verney Carron a fait partie de cette aventure en faisant venir des plasticiens et en travaillant en collaboration avec la ville. L élue (c est une femme? sinon écrire élu) à la culture était assez efficace et on a pu assister à une croissance importante des actions, en faveur de la culture, à Lyon. Notamment la pérennisation des biennales, l installation de l école des Beaux-Arts aux Subsistances et jusqu'à «Lyon, capitale de la culture 2013». Beaucoup d œuvres ont été intégrées à l espace public à Lyon. C est le cas notamment à la Cité internationale dans laquelle le musée est grandement impliqué dans le choix des œuvres. A certains endroits, le choix des œuvres est directement lié à une opération d urbanisme. C est le cas des berges du Rhône, bien que très peu d œuvres soient placées le long du fleuve. La municipalité cherche maintenant à palier cette carence en proposant de nombreuses œuvres pour la rénovation des berges de Saône. Il me semble qu actuellement, certaines réalisations sont plus «parachutées» dans des quartiers, que réellement liées à des rénovations urbaines. C est le cas du projet «8 ème art» dans le quartier des Etats-Unis. Le but est d y installer des œuvres afin de développer un lien 148

149 social. L idée est intéressante, mais les œuvres me paraissent parfois difficilement abordables. Un travail de médiation est exécuté en amont, j espère que ce projet réussira. J ai l impression que des projets artistiques de grande envergure sont mis en place en lien avec les rénovations importantes de la ville. A l inverse, il y a moins de travail exécuté à petite échelle. J aimerais qu on demande plus souvent à des acteurs locaux d œuvrer dans les quartiers, que l on utilise les ressources qui existent déjà sur le terrain.» Réalisations et projets de la galerie : Ilot d Amaranthes : «La galerie Roger Tator a réalisé un jardin nommé «l îlot d amaranthes» à l angle de la rue Sébastien Gryphe et de la rue Montesquieu. Emmanuel Louisgrand a été dans la même école que nous [Eric Deboos et Laurent Lucas, ndr]. Il est artiste-jardinier et fait notamment des sculptures qui servent de support aux végétaux. Au début du XXe siècle, la ville de Lyon décide d ouvrir une diagonale qui partirait de Félix Faure et s arrêterait à Saxe. Pour cela, elle rachète des immeubles afin de les démolir. Mais l idée est abandonnée, laissant derrière elle des «trous» dans le tissu urbain. Ils sont bientôt transformés en parkings sauvages. En 2003, la Galerie Roger Tator, en association avec l artiste Emmanuel Louisgrand, demande des subventions à la ville afin d occuper un morceau du terrain situé à l angle de la rue Sébastien Gryphe et de la rue Montesquieu, afin de le transformer en jardin. La structure orange est construite par l artiste, de la terre est importée et des plantes font leurs apparitions. Au départ, le jardin ne devait être là que pour 6 mois. Le jardin ayant plu aux riverains, il est conservé et l année suivante, il est étendu sur une seconde partie du parking. Des grandes quantités de terre sont encore importées et des parcelles apparaissent pour devenir une zone de culture partagée. Des riverains viennent pour cultiver la terre et les plantes. L artiste, dans cette deuxième phase du projet, réalise une structure orange, semblable à la première et entourant la totalité du jardin. Beaucoup d évènements y sont organisés, notamment des dîners et des concerts. 149

150 En , le dernier immeuble entourant le jardin est démoli. Le jardin investit le reste du parking, des acacias sont plantés et transforment l espace en place publique. De grandes lettres sont incluses dans la structure entourant le jardin et annoncent «L ILOT D AMARANTHE». Le premier projet du jardin était donc un espace fermé par une sculpture, le second était ouvert sur invitation et le dernier ouvert à tous. Depuis 2007, la galerie et l artiste ont cédé le jardin à l association Brin de Gui, qui gère les jardiniers. Le jardin est ouvert à tous lorsqu un jardinier s y trouve. Le Grand Lyon voudrait maintenant modifier le jardin pour en faire une place. Des propositions sont apportées par des associations pour le transformer, une réunion publique est prévue le 9 mai à l université Lyon 2. Je suis pour que les usages persistent, même si cela implique la transformation du jardin et Emmanuel Louisgrand n est pas contre la démolition de son œuvre. Il est difficile de trouver de nouvelles fonctions à ce jardin. Un écart se forme entre la ville qui veut résoudre rapidement le problème et les associations qui veulent prendre leur temps.» Factatory : «Actuellement, un des projets de la galerie est d installer, dans un autre angle de la rue Sébastien Gryphe et de la rue Montesquieu, trente containers maritimes afin d y transférer la galerie, de faire des ateliers pour artistes (plasticiens, designers) et un grand lieu d exposition. Cet espace est actuellement en friche. Ces expositions et ce cadre de travail donneraient une certaine visibilité aux artistes. Le travail sur les containers est intéressant par son aspect écologique et l idée du recyclage des objets. Les containers ne coûtaient pas grand chose il y a quelque année, mais actuellement, ils ont doublé de prix, ce qui pose une contrainte supplémentaire. De plus, leurs isolations et leurs aménagements nécessaires ne sont pas évidents. De nombreux problèmes se posent. La ville veut transformer l îlot d Amaranthes en place publique et elle ne sait pas comment cette modification interviendra sur l espace laissé en friche. Le terrain doit aussi sortir du domaine public pour pouvoir être cédé à la galerie. De plus, de nombreux artistes ont des problèmes de place pour installer un atelier en ville. La ville de Lyon est parfois en conflit avec certains protagonistes à cause des locations des 150

151 ateliers. Ce lieu développerait une visibilité importante sur les ateliers d artistes alors que, dans d autres lieux, la ville est en opposition avec eux. Ce projet n est donc pas simple à réaliser et la galerie réfléchit à reformuler l idée.» 151

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153 Annexe 2 : Entretien avec Jacques Rey, architecte, le 27 avril 2011 Quelques moments importants de l art contemporain, de l urbanisme et de l architecture en France et à Lyon : Années 50 : «L art abstrait arrive à Lyon par l intermédiaire de René Deroudille. Albert Gleize fonde l académie du Minotaure, le cubisme se développe fortement et influence les idées des artistes. Dans le mouvement moderne, un lien fort est établi entre l architecture et les arts. Les artistes s inspirent du cubisme, de l expressionnisme, du surréalisme et du futurisme et tous ces mouvements inspirent les architectes. Les artistes apprennent l architecture aux architectes. Ils développent une écriture commune. On peut se référer pour cela au jardin cubiste de Mallet-Stevens. Les monuments commémoratifs continuent à être exécutés par des artistes tels que Salendre ou Tajana, qui sont des sculpteurs anciens et expérimentés. Dans les années cinquante, Bron-Parilly est un des premiers exemples d architecture où l œuvre d art y est totalement intégrée. Un des personnages important de ces années est Marcel Michaud, il fait se rencontrer des jeunes artistes d avant-garde et des architectes et permet ainsi des associations artistiques. De nouveaux rapports entre architectes et artistes s instaurent alors. Ce lien très fort entre architecture et art est bien visible dans les constructions, l architecture moderne privilégie l art total. Un mouvement, une école se développent avec des architectes, peintres et sculpteurs. Leurs rapports deviennent consubstantiels. On retrouve notamment les artistes Idoux et Amado.» Années 60 : «Dans les années 60 a lieu une exposition de Picasso organisée par Michaud. C est à ce moment qu a lieu le passage de l art figuratif à l art abstrait.» Années 70 : «André Mure devient adjoint à la culture en 1977, il travaille avec Jean-Jacques Lérrant et René Deroudille, critiques d art. Une véritable impulsion est donnée à l art contemporain à 153

154 Lyon. C est notamment lui qui est à l origine du métro. Il fait partie de la commission qui propose la sculpture de René Roche sur la place Jean Macé, elle sera par la suite déplacée à cause des protestations des riverains. Il s occupe par ailleurs du lancement d Octobre des arts et de l ELAC (Espace Lyonnais d art contemporain) en Cet espace a pour premier directeur Jean-Louis Maubant. Plus tard, ce dernier fonde le nouveau musée à Villeurbanne et expose Buren.» Années 80 : «Dans les années quatre-vingt, les personnes ayant vécu le mouvement moderne restent dans la conception de ce mouvement. André Mure fait venir à Lyon Thierry Raspail qui a monté le musée de Grenoble. Il lui confie la section art contemporain au musée des beaux-arts de Lyon. La décentralisation : Du temps d André Mure (adjoint à la culture), on vivait sous l égide du Prince. Heureusement celui-ci était cultivé et cela n a donc pas posé trop de problèmes. Dans les années 80, les concours se développent de façon systématique. Pour prendre des décisions artistiques, les collectivités s entourent de conseillers. L Etat monte les DRAC qui changent les rapports Prince/artistes. Plusieurs personnes vont maintenant conseiller et choisir les œuvres. Pour le lancement d un projet, deux types de concours possible : l architecte et l artiste sont sélectionnés par deux concours différents, l association n est donc pas évidente entre les deux protagonistes. Le deuxième type est celui où l architecte et l artiste sont sélectionnés ensemble pour un projet. C est le cas notamment du travail effectué par Daniel Buren et Christian Drevet sur la place des Terreaux. Il y a toujours le mythe de Louis XIV chez les artistes, et les architectes. En l occurrence, après la décentralisation, ces derniers apprécient peu les conseillers artistiques. La décentralisation coupe court aux complicités entre architectes et artistes. Pour conclure, on peut dire que la décentralisation n a pas eu d incidence directe sur le travail des artistes. C est plutôt la mise en place des institutions et le développement des concours qui ont eu une répercussion. Par contre en architecture, la décentralisation a eu une incidence importante, elle a grandement améliorée la qualité de l architecture des édifices scolaires. En effet, ce sont les 154

155 collectivités qui se chargent de choisir les architectes. Le travail effectué est plus intéressant.» Année 90 : «Les années 89/90 sont caractérisées par la découverte de l espace public C est l arrivée de l informatique avec des œuvres telles que celles d Adillon et de Morellet axées sur la lumière. A ce moment se pose la question de la redéfinition de l art. En 1989, l arrivée de Michel Noir est liée à la politique et au développement de l espace public. Avant son mandat, à chaque fois que l on construisait un parking, on détruisait un espace public en l installant dessus. Il n y avait pas de grande tradition de l espace public à Lyon car il n y a pas vraiment eu de Prince à honorer. Henri Chabert pense qu il y eu, lors de la redéfinition de l espace public dans les années quatre-vingt-dix, un manque d art contemporain. Il a manqué une politique artistique en lien avec ces lieux. Sous le deuxième mandat d Henri Chabert se sont développés les jardins de poche, initiative très intéressante car les paysagistes ont mis du temps à travailler avec les artistes.» Années 2000 : «Dans les années 2000, sous Gérard Collomb, une fête des Lumières a mal été acceptée par les Lyonnais. La programmation des œuvres était très conceptuelle, les organisateurs ont monté haut le niveau artistique et il a été difficile de faire accepter l idée aux spectateurs. A ce moment, les artistes deviennent plus autonomes, les limites sont plus floues entre les différents arts. La politique d installation des œuvres dans le tram a été intéressante, hélas, des œuvres significatives telle que celle de Pierrick Sorin dans le tram T2 a été retirée du circuit à cause des dégradations. Actuellement, le projet 8 ème art dans le quartier des Etats-Unis est en cours. Je ne sais pas ce qu il va donner, c est plus de l art social. J ai peur que la finalité de ces œuvres ne soit pas si évidente.» Les types d œuvres dans l espace public : «On peut définir trois types d écoles en ce qui concerne les œuvres dans l espace public : 155

156 -La première consiste en une œuvre placée dans un lieu par un artiste, elle n a pas de rapport direct avec lui, elle est bien orientée mais ne développe pas de langage direct avec son contexte. -La deuxième propose un lien fort entre l œuvre et l espace qui l entoure. L artiste met en contexte l œuvre. C est le cas de la tour Blanche de Raynaud si elle avait été construite ou des réalisations de François Morellet. -La troisième école est une osmose totale entre l œuvre et son environnement. C est le cas de la place des Terreaux, où Buren a travaillé avec un architecte et un éclairagiste. Le 1% artistique : L idée a été fortement développée sous Malraux. Il y a une grande différence entre les œuvres du 1% et celles situées dans l espace urbain. Les œuvres du 1% sont moins facilement intégrées à l architecture ou au lieu. Les œuvres de l espace urbain participe à l espace public, ce sont des œuvres contextuelles.» L architecture «Les œuvres se confondent parfois avec l architecture. Les liens sont ténus entre les deux disciplines. L œuvre de Portzamparc, le futur musée des Confluences, est une œuvre d art à part entière, y intégrer une seconde œuvre n aurait pas eu de sens.» La nature de l art «L art public pose la question de la nature de l art. Toute forme d art peut être contextuelle. Certaines œuvres non contextuelles le sont devenues au fils du temps. Elles sont placées dans un espace et finissent par s en emparer, elles deviennent un symbole du lieu. C est le cas notamment du bouquet de fleurs sur la place Antonin Poncet, l œuvre devait être temporaire et, ayant plu aux gens, elle est restée. Maintenant c est un repère de cette place. D autres interventions urbaines ont lieu comme le festival de la danse. C est un espace-temps artistique éphémère. La danse devient une expression urbaine. Quand aux murs peints, c est plus un art sociologique que de l art contemporain.» Urbanisme et politique de la ville : 156

157 «Dans les années 1945, un consensus s est mis en place, il fallait moderniser et industrialiser la France. La politique fait le choix de la croissance urbaine. Des enjeux majeurs sont définis tels que palier la crise du logement et rattraper le retard accumulé. Les politiques pensent alors que le bon moyen est l industrialisation et on s inspire des industries d avant-garde telles que les voitures ou les avions. L Etat joue un rôle déterminant dans la centralisation et la planification. Il s inspire pour cela de l Angleterre et des pays de l est. La forme urbaine est importante et elle est issue de la Charte d Athènes. Ce système de production évince le poète. La technocratie se met en place et dure jusqu à l arrêt de la croissance urbaine. La période suivante est plus tournée vers la gestion urbaine, et on paye le prix de la croissance rapide. Certaines structures sociales sont brisées et des problèmes se développent dans les grands ensembles. Il s agit de gérer la mobilité interne, organiser le monde interne de la ville, par exemple en développant les transports en commun. La mobilité matérielle est aussi à développer, comme l informatique. Sous Giscard, une aide à la personne fut apportée afin que les gens acquièrent leur propre habitât. Après l enthousiasme pour les grands ensembles, de nombreuses personnes décident d acheter une maison et un morceau de terre et finalement, il ne reste plus que les immigrés dans les immeubles. La crise urbaine entraîne la nostalgie et un facteur important apparaît : l opinion publique. C est par exemple le moment où se développe des visites dans des sites historiques comme celui de Saint-Jean à Lyon. La nostalgie entraîne aussi une volonté de protéger le patrimoine ancien. La décentralisation entraîne des concurrences entre les villes. L enjeu de l environnement devient important et le développement des espaces publiques s intègrent dans ce processus. Des lieux emblématiques sont mis en valeur. L art devient un moyen d attirer ou de maintenir la consommation artistique. La ville est mise en valeur et expose ses œuvres. Lyon a une ambition internationale. La ville se doit donc d être un lieu de débat international sur la question artistique. Il y a une volonté de changer l image de la ville. Dans les années 50, on accusait les dirigeants de jeter l argent par les fenêtres en construisant des centres culturels. Maintenant il est très important d avoir un opéra, un théâtre et une multitude de lieux culturels. Il faut pouvoir être considéré d un point de vue international. 157

158 L art attire des gens à Lyon et entraîne un renouveau de l opinion sur la ville et ses habitants. On peut prendre comme exemple la sculpture de René Roche, mal acceptée, elle a été déplacée à l époque par la municipalité. Cette idée est inenvisageable actuellement, en effet l art a gagné un statut plus important, il participe à l image de la ville d un point de vue international. Actuellement, l enjeu écologique est aussi un facteur fort du renouvellement des villes. Il s opère un retour sur les villes, notamment à cause des lotissements, car les gens s éloignent en achetant des maisons nouvellement construites. On assiste à un retour des tours, au développement des transports en commun. Il devient même plus difficile d habiter loin car le coût des voitures et les temps de transports rendent presque plus cher la vie aux Minguettes que dans le centre de Lyon.» 158

159 Annexe 3 : Entretien avec Jacques Bonniel, Maître de Conférences de Sociologie à l'université Lumière Lyon 2, le 28 avril 2011 Evolution chronologique : Années 50 : «Dans les années cinquante, un premier mouvement a lieu à Lyon autour d un petit groupe d artistes modernistes qui bousculent les catégories du goût. Parmi eux Jean Jannoir, Max Schoendorff, Trufémus. Cette école modernise la scène picturale. Ce groupe a notamment exécuté des décors à l opéra, ils font bouger les choses.» Années 70 : «Lorsque nous étions jeunes, nous allions à la galerie Kowalski à Saint-Jean, ou une autre forme d art contemporain était exposée. Deux critiques sont importants à cette époque : Jean-Jacques Lerrant et René Deroudille qui sont dans la mouvance de modernisation de l art à Lyon.» Années 80 : «Apparition du nouveau musée d art contemporain avec Jean-Louis Maubant. Il fut aussi le premier directeur de l ELAC (Espace Lyonnais d art contemporain), apparu peu de temps avant. La première exposition de ce lieu fut un mélange de performance, de métissage artistique ainsi qu un mélange de théâtre et de vidéo. Ensuite, Thierry Raspail arrive et un nouveau départ est donné à l art contemporain. Après les lois de décentralisation, des initiatives intéressantes sont impulsées par des centres tels que Saint-Priest et Saint-Fons. Avec la décentralisation apparaît une close de compétence générale, ce qui signifie que n importe quelle collectivité peut décider d avoir une politique culturelle. C est ainsi que s est développée dans les années quatre-vingt, une politique de concurrence entre les communes. Elle était liée à la politique des grands travaux de Mitterrand. La maison du livre de Villeurbanne, par exemple, a été réalisée dans le cadre de cette politique des grands travaux, l élu étant un ami du président de l époque. Les nouveaux notables, maires, présidents, jouent la carte de la culture pour marquer leurs mandatures, leur territoire. C est ainsi que sont apparus le festival Octobre des arts et la 159

160 Biennale. Thierry Raspail a dit : «Il y a cinquante Biennale d art contemporain, il faut que Lyon soit dans les dix premières». L idée est d avoir une visibilité internationale. C est l époque où se construisent beaucoup de centres culturels, vers , et cela pendant vingt ans. Un arrêt brusque a lieu ensuite à cause du prix élevé des centres. Les artistes américains ont amené leurs savoir-faire et leur travail sur la monumentalité, dans l espace.» Année 90 : «Les années quatre-vingt dix ont vu l apparition du plan Lumière par Henri Chabert. Il y a là l acquisition d un savoir-faire dans l embellissement de la ville, un déploiement de fêtes qui se pérennisent. L immeuble de la COURLY est un des premiers à être illuminé. Il n est pas seulement éclairé car les couleurs employées sont variées, il est sculpté par la lumière. L objet urbain devient une sculpture. La politique de Lyon Parc Auto est aussi importante à cette époque.» Année 2000 : «Musique en scène, le GRAME, avant l arrivée du MAC, organisait déjà tout un dispositif de sonorités diverses. L utilisation des sonorités et de la vidéo se sont développées dans ces années là.» Politique culturelle : «Il y a quinze ans que les agences d urbanisme ont commencé à s intéresser à la culture. Maintenant, presque chaque projet urbain est accompagné d un projet artistique et culturel. C est le cas à la Part-Dieu, à Confluence, au Carré de Soie (multiplex aménagé ainsi que le collectif d artistes KomplexKapharnaüm qui voulaient postuler à l aménagement du Carré de Soie). Cette association aménagement/culture donne une valeur symbolique à la culture. Les banlieues ont elle aussi fait l objet de valorisation culturelle : avec le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS), le volet culturel est mis en valeur. Des actions sont menées dans le cadre de la politique culturelle, avec Patrice Beghain, qui met en place une charte en 2002, associant certains établissements culturels (bibliothèque ou opéra) à des partenaires en banlieues. Ces grands lieux de la culture sont en lien avec les 160

161 quartiers. L opéra par exemple, œuvre avec Marc Villarubias pour initier des enfants, venant des Minguettes, au chant.» La Biennale de la danse : «Le travail exécuté autour du défilé de la Biennale de la Danse conforte la culture d agglomération, car cet évènement est travaillé par des équipes de quartiers. Il permet de mettre l art contemporain dans les espaces urbains. Cet évènement développe un maillage particulier entre les institutions et le tissu social. Il permet de replacer les spectateurs dans leur dimension de citadins et non pas de consommateurs culturels. Ils sont considérés comme des spectateurs/acteurs. C est une autre manière de voir l inscription de l art dans la population. Il faut bien entendu que l espace urbain le permette.» Les murs peints : «Les fresques murales du boulevard des Etats-Unis ont été financées par la politique publique. Elles reproduisent des dessins d architectes. Une série d œuvre ont été commandées à des artistes étrangers. Les fonds viennent de la ville, de la région et des bailleurs sociaux.» 8 ème art : Je suis dans le comité de pilotage du projet 8 ème art. Ce projet a l appui de la DRAC. Une action particulière est menée en faveur de la médiation culturelle. Il faut qu il y ait beaucoup de médiation, les projets ont été choisis en fonction des plasticiens qui ont une relation avec le public. Articulée au projet se profile la possibilité d un aménagement de rez-de-chaussée d immeubles en ateliers d artistes. Le commissaire artistique étant Italien, le projet est que les gens s ouvrent, échangent avec des gens différents d eux comme des artistes ou des personnes venant de communautés différentes de la leur. Il y a un rapport à l autre important et qui doit se développer de façon positive. Une sorte de contamination positive doit rejaillir sur le comportement des gens. 161

162 La volonté est aussi présente de faire partager la beauté à tous. Une dizaine d œuvres vont être réparties sur tout le boulevard. Pourquoi seuls les quartiers riches auraient le droit d avoir des œuvres d art? Il peut se développer un sentiment de fierté lié à la possession d œuvres dans ce quartier. Mais il est aussi certain que des critiques vont éclater, liées à l argent investi dans les œuvres.» Conclusion : les influences «Les évènements qui ont joué un rôle important dans le développement de l art contemporain à Lyon sont : -la montée en puissance de l école des Beaux-Arts et l influence des étudiants. -La galerie Roger Tator qui a un rôle d éveil à l art. Ils travaillent sur le design urbain. Le jardin d Amaranthe est une de leurs idées. -Différents artistes ont joué un rôle important : les Ilones par Isabelle Moulin et M. Saint Pierre qui s appelaient la compagnie Nohao et actuellement la compagnie Izem. De même, Art sur la place développe ces idées de sensibilisation du Grand public à l art contemporain. -La constitution d un milieu qui a voyagé et qui possède donc d autres expériences artistiques permettant d en développer de nouvelles.» 162

163 Annexe 4 : Entretien avec Claude Kovatchévitch, ancien président de la galerie BF 15, le 3 mai 2011 Evolution artistique : «Avant guerre, la sculpture commémorative était le type de sculpture le plus répandu avec le registre traditionnel de la figuration. Puis apparaît l art moderne pendant lequel la figuration change de nature. Après guerre, l art est moins porté sur le monument, on est moins dans la figuration d un hommage. Une des dernières figures de ce type d art est Ipousteguy avec ses sculptures place Louis Pradel. C est à ce moment la fin de la figuration. Cette façon de faire s arrête ensuite, mais sans jamais vraiment s éteindre et il est possible qu elles reprennent dans quelques années.» Années 60 : «Dans les années 60 a lieu un vrai changement en lien avec l abstraction. Le travail sur les vitraux se développe en lien avec la couleur, l abstraction. C est l époque où on réalise la bibliothèque municipale avec le travail artistique sur le béton. L art devient décoratif mais s exprime idéalement dans l espace public. L art public est lié à la politique et à la défense des artistes. Malraux trouve un système concret pour défendre les artistes : la politique du 1%. Une hybridation des formes de l art a lieu dans les années 60, c est la fin de la peinture, de la sculpture et le début de l art contextuel : quand les attitudes deviennent formes.» Années : «A Villeurbanne se développe, bien avant Lyon, un musée d art contemporain nommé le Nouveau musée. C est un lieu très important car il expose des artistes majeurs. Cet institution est soutenue par la ville banlieue et non par la ville centre qu est Lyon, ce qui montre l avance prise par Villeurbanne en terme d art contemporain. En 1978, Buren expose au Nouveau musée et une partie de son œuvre consiste à éditer un guide sur la sculpture à Lyon. Une césure importante dans l histoire de l art contemporain à Lyon est celle de l histoire qui s est déroulée autour de la sculpture de René Roche en A Villeurbanne, dans ces années, existait une vraie commande liée à l art contemporain alors que Lyon restait très 163

164 centré sur des acteurs locaux. Villeurbanne s est tout de suite attaché une renommé et des artistes internationaux. La ville soutient donc René Roche dans son combat, pour la défense de l art contemporain et contre la ville de Lyon (qui était alors instrumentalisée par les gens du 7 ème arrondissement). Ce combat montre la ringardise de Lyon en terme d acceptation d un art différent. Cette histoire est assez infamante pour Lyon. Plus tard, la ville se rend compte qu elle s est faite instrumentalisée et elle essaye de se rattraper les années suivantes. Les symposiums comptent moins du point de vue de l art public, que les œuvres dans le métro. Celles-ci ont une grande incidence sur le regard des gens, ils les ont constamment sous les yeux. Le 1% du métro reste tout de même traditionnel, la ville ne porte pas vraiment le projet.» Années 90 : «Tout change avec l arrivée au pouvoir de Michel Noir. Henri Chabert développe la politique des parkings et des jardins de poche. L art va à la rencontre du public. Les places sont remises en valeur. La place des Terreaux est une œuvre hybride. Buren y intervient comme pour y effectuer une remise en ordre. Il remagnifie le Palais Saint-Pierre, il remet en valeur les arts. Les parkings sont exemplaires et exceptionnels. Michel Noir intègre l art dès le départ dans les projets. Il change aussi le nom de la communauté urbaine de Lyon. Les parkings sont intéressants à plusieurs niveaux : Le travail sur les fouilles réalisées est devenu vecteur de communication. Les Lyonnais avaient été traumatisés par les trous provoqués par le métro et peu de temps après ce sont toutes les places de Lyon sous lesquelles on construit un parking qui sont éventrées. Une politique a été menée afin de mettre l œuvre dans l espace public. Les fouilles ont été mises en valeur avec des visites guidées pour les habitants. L architecture a été réalisée pour les humains, et non plus pour les voitures. Les artistes interviennent dans les parkings et pour finir, les espaces publics ont été réaménagés au-dessus.» Années 2000 : «L arrivée du Tram dans les années 2000 ne change rien du point de vue artistique. De plus, celui-ci arrive après les autres trams des villes de France.» 164

165 Les évènements du Grand Lyon : «La Fête des Lumières, c est du spectacle, il y a un peu d art contemporain, réalisé notamment par la galerie Roger Tator avec le projet Superflux, en Il n y avait pas que du spectacle dans leur travail. Je considère qu en 1999, moment où la Fête des Lumières prend sa forme actuelle, a lieu une césure. La Biennale d art contemporain, quand à elle, n existe pas dans la ville. Les œuvres sont rassemblées dans des lieux et peu exposées au dehors. Il y a tout de même l arbre à fleurs, qui est resté depuis. Le travail de Veduta, qui sort l art dans la rue, est intéressant, mais son travail est très éphémère. Il serait préférable d avoir des pièces exposées et un parcourt réalisé dans différents lieux. Il n y a pas assez d art public. Le festival des Invites est important pour la ville, beaucoup d artistes y travaillent.» Les rives de Saône : «Ce projet est intéressant. Les œuvres sont nombreuses et spectaculaires, mais dans le bon sens du terme. J aime particulièrement celle du Japonais. A mon sens, un des grands problèmes de l art public est celui de l échelle, les œuvres ne sont pas à la bonne dimension. Elles ont parfois une dimension décorative et spectaculaire, qui ne s associe pas à l architecture environnante. Les œuvres des rives de Saône ont l air d être à la bonne échelle, elles peuvent s avérer instructives et exercer une séduction sur le public.» Projet 8eme art : Le choix de mettre les œuvres dans un quartier d habitat social est porté par Yvon Deschamps. C est une idée généreuse qu il porte : l art doit aller dans l espace public pour les gens car l art élève la société et tout le monde a le droit d en profiter. Je pense que son idée est très généreuse mais il ne faut pas qu il y ait de naïveté de la part des élites éclairées qui veulent mettre de l art partout. La médiation peut être intéressante mais c est tout de même un leurre de vouloir faire participer les gens. Cela demande beaucoup de temps et d investissement personnel de vouloir investir les gens dans un tel projet. Les choses 165

166 n évoluent pas vite. J ai peur que certains discours soient trop éloignés de la réalité des habitants. Yvon Deschamps remet de l exigence dans l œuvre.» Réflexion générales sur l art contemporain et l évènementiel : «Après les années 80, on assiste à une banalisation de l art, notamment avec l extension du métro : les lignes B et D. L art est vraiment partout, dans chaque station. Les berges du Rhône n ont reçu qu une seule œuvre. La banalisation est par exemple présente dans des aménagements, ce qui était une césure dans l art public devient banal. Lors de l apparition de l œuvre participative de Favier sur les berges du Rhône, beaucoup de monde en aurait parlé dans les années 90 mais à notre époque, c est devenu banal. Un problème de pérennité des œuvres se pose dans l espace public. Tout le monde a un avis sur l art public car l art public concerne tout le monde ; c est moins le cas de l art dans les musées. De nos jours, la culture et l art deviennent de plus en plus des spectacles. Il y a moins de travail en profondeur, il est moins sociétal, social, cela tourne plus autour de l évènementiel. On donne un spectacle, la culture devient spectacle. La culture est devenu utilitaire, faîte pour l image. C est la même chose en urbanisme, se ne sont plus les paysagistes qui travaillent sur les grands projets, moins les artistes. Bien sûr, un des grands contre-exemple actuel est l aménagement des berges de Saône. Le spectaculaire et l évènementiel sont rattachés au Grand Lyon et non plus au service culture de la ville de Lyon. Le défilé de la danse est aussi un évènement spectaculaire et «pop», qui fonctionne bien, c est de la communication. A la différence de la Biennale d art contemporain avec Veduta qui ne marche pas si bien que cela. Une des vertus de l art contemporain est qu il doit garder une part modeste. Les jardins de poche font le lien entre le paysage et l art, le tout a été conçu ensemble : l art y a une part modeste. Même si on ne sait pas que c est de l art, l œuvre des jardins est réussie.» 166

167 Annexe 5 : Entretien avec Philippe Dujardin, Politologue, le 3 mai 2011 Le rôle du politologue : «Le Politologue travaille sur la dimension anthropologique constituant l espace public. Il cherche les éléments invariants, qui trouvent leurs marqueurs initiaux dans la ritualité. Le premier de tous étant le rituel funéraire. Le politologue adopte une posture anthropologique qu il essaye de qualifier. Il traite le temps présent et doit avoir recourt à l histoire longue. L opération rituelle est un rapport esthétique au monde : elle passe par les sens. Le rapport à l espace public est lui aussi sensible. Un des grands exemples de rituels est celui du bicentenaire de la révolution.» Questionnement sur l art contemporain : «Qu est ce que l art contemporain? Cet art est en redéfinition constante, l art contemporain devient relationnel. Il a une impossibilité de s autodéfinir, est ce que le design est de l art? L art contemporain comme condition de passage vers l art public est une mauvaise entrée. Est-on obligé de passer par l art plastique? Est-ce que le mobilier de Wilmotte peut être considéré comme de l art? du mobilier? du design? Une autre entrée peut être celle d un aspect plus technique et juridique. On peut se poser la question à propos des jardins de poche : qu est ce qu un espace public? Qu est ce que l art contemporain? Il y a cinquante, on n aurait pas cité un parking dans la catégorie des espaces publics. L art réalisé dans le cadre du 1% est quand à lui, un art à usage limité, un art «semi-public» car n importe qui ne peut pas rentrer dans tous les bâtiments des collectivités territoriales, tels que les collèges ou lycées. Néanmoins cet art est hors d un musée et est à destination des élèves.» Evènement à Lyon et Villeurbanne : La Fête des Lumières : 167

168 «On emploie d abord le vocabulaire de la fête puis apparaît le festival mis en place en Une distinction doit être faite entre la poursuite de la tradition des illuminations puis le passage progressif au festival.» Les Invites : «Ce festival de Villeurbanne met en avant les arts de la rue, mais il n est pas novateur car Châlons-sur-Saône, Aurillac et Nantes avaient déjà fait cette mise en exergue des arts de la rue. Ce festival met en avant la sociabilité populaire des quartiers. Villeurbanne implante sur son territoire une manifestation festive. Dans cette ville, l arrivée de l art contemporain se fait avec Charles Hernu et Jean-Paul Bret qui, aimant cet art, en ont grandement favorisé l installation à Villeurbanne. Dans les années 70 ont eu lieu des grandes expositions dans la galerie supérieure de la mairie de Villeurbanne. D autre œuvres sont placées dans la ville, tels que le Totem et les ronds-points. Charles Hernu introduit en force l art contemporain dans sa ville car les gens n en veulent pas. Dans les années 75-80, le Nouveau musée apparaît et c est par cet intermédiaire que Daniel Buren arrive dans la région lyonnaise. Il expose alors ces socles avec des bandes colorées. Pendant ce temps là, Lyon résiste encore à l art contemporain, alors que Grenoble, Villeurbanne et Saint-Étienne sont en avance.» Patrimoine et conservation des œuvres : «La patrimonialisation des œuvres est intéressante. C est le cas de nombreuses œuvres comme celles de Roche, de César qui donnent lieu à des procès. Une étude de cas intéressante est celle du dépôt du monument à la Gloire de la République, réalisé en 1891 et déposé en Lors de la construction du métro, dans les années 70, trois des quatre parties de la statue sont entreposées dans le parc Bazin. L œuvre est bouleversée à cause de ces travaux. Ce qui devait soulever une indignation, car on disloquait un groupe statuaire en faveur de la République, s est fait dans l indifférence générale. Les œuvres actuellement dépérissent souvent dans un jardin public. On assiste là à une dépatrimonialisation. Ce qui a fait œuvre peut se défaire dans l indifférence totale. Que deviennent les œuvres? Il est intéressant de travailler sur la destruction des œuvres, sur le vandalisme. Un des exemples les plus significatifs étant ces ouvriers suisses qui, en faisant 168

169 des travaux, découvrent les restes d installation d une œuvre, et, n identifiant pas celle-ci comme étant de l art, jettent le tout dans une benne. La place des Terreaux, quand à elle, n a jamais fonctionné. Il y a un rapport difficile entre l œuvre et la sociabilité des buveurs de la place. Ce qui se veut être une œuvre d art contemporaine ne fonctionne pas car elle s accorde difficilement avec les autres usages de la place. Lors de la fête des Lumières par exemple, le matériel lourd posé sur cette place la détériore. Les bus y circulent et, par leur poids, détruisent les tuyaux des fontaines situées au sol. Une certaine disparité apparaît entre l intérêt des usagers et la volonté de l artiste. Il y a eu un hiatus de la part de l artiste. C est un cas d un échec de la présence de l œuvre dans l espace public. De même la fontaine Béraudier d Ipousteguy ne fonctionne pas. Le rapport à l eau est assez difficile à Lyon.» Les faits positifs de ces trente dernières années : «Le premier fait important est la transformation des illuminations en fête des Lumières et ensuite en festival. Le second est le défilé de la Biennale. En effet, en 1996 a lieu le premier défilé de la Biennale de la danse, cet évènement a une dimension politique importante. La réputation de Lyon en est transformée. Ces manifestations ont un caractère festif et populaire. La fête des Lumière est contemplative tandis que la danse a une résonance dans la ville, elle impressionne les visiteurs. Les évènements ont radicalement changé la renommée de Lyon qui était une ville éteinte, grise, sinistre. Les réjouissances publiques du défilé ainsi que de la fête des Lumières fait que la réputation de Lyon change et les deux modèles se sont exportés. Les techniciens de la Lumière vont diffuser leurs savoirs dans d autre pays. Le défilé de la Biennale de la Danse, quand à elle, s exporte en Italie, en Allemagne et en Belgique ; tous ces pays empruntent à Lyon cette formule. Une troisième entreprise initiée à Lyon et prenant une ampleur internationale, est celle des murs peints. L association qui reprend la technique de la fresque, a essaimé cette idée dans le monde. Leurs productions se retrouvent par exemple à Shanghai ou à la Havane. Dans les trois évènements, on retrouve des savoir-faire artisanaux et techniques ou des combinaisons amateurs /professionnels. 169

170 Lors de la première Biennale de la danse, en 1996, personne n avait idée de la renommé possible de la fête. L implication des bénévoles et de la population est forte dans ce projet. C est Lyon qui a inventé la formule du défilé de la Biennale. La ville devient une matrice d expérimentation dont les formules s exportent. Une étude comparative a été réalisée entre toutes les biennales de la danse et il en ressort que la spécificité de la Biennale de Lyon est la thématisation forte et le lien entre l expression d un art professionnel et amateur caractérisé par le défilé. A l inverse, la Biennale d art contemporain n a rien de vraiment lyonnais. Lors de l apparition de ce type de biennale, afin de faire contrepoids avec celle existant déjà à Venise, les autorités cherchaient où en placer une en France. Lyon prend l initiative d accueillir la Biennale, ce qui développe des tensions entre Lyon et Paris. Seule l association «Art sur la place» est véritablement lyonnaise. La Biennale d art contemporain est là car Lyon lui offre un lieu qui l accueil et l expose. Cet évènement se fait en trois temps : les lieux d exposition de la Biennale, les galeries exposants en lien avec le thème et Véduta.» Les faits négatifs de ces trente dernières années : «Ce qui est particulièrement dommage est le fait que le GRAME (Centre national de création musicale) n ait pas réussi à percer sur la scène internationale durant ces dernières années. Cette institution organise la Biennale de la musique contemporaine et les journées GRAME. Hélas la ville et le Grand Lyon ne mettent pas assez en valeur le champ musical. Je pense qu il aurait été préférable de mettre en avant la musique à Lyon plutôt que l art contemporain.» 170

171 Annexe 6 : Entretien avec Marianne Homiridis, directrice du Bureau des Projets et auteur de L art contemporain dans les espaces publics, Territoire du Grand Lyon, 1978/2008, le 4 mai 2011 Quelques jalons importants dans l histoire de l art public : «1978 est un jalon important dans cette histoire. Peu d œuvres d art contemporaines avaient trouvé leur place à Lyon avant cette date. Une exception est réalisée sous Louis Pradel, qui ne s intéresse pas à l art contemporain mais place les sculptures d Ipousteguy sur la place de la Comédie. En 1976, après la formation de l ELAC, Jean-Louis Maubant organise une manifestation dans la rue Victor Hugo, avec des actions et des performances en art contemporain. Des artistes tels que Hennssy y participent. L évènement est marquant car c est la première fois que les Lyonnais voient de l art, autre que des statues, dans la rue. Cet art est vivant et il impressionne, la sculpture ne rend pas cet effet. Lyon organise des symposiums de sculptures dans les années 80. Pour cela, la ville prend exemple sur le développement des villes nouvelles et l installation d œuvres dans celles-ci. De plus, quelques symposiums ont déjà été organisés et Lyon s en inspire. Lyon suit et copie les modèles déjà proposés, tout en faisant un peu moins bien que les autres villes. Néanmoins, cette initiative reste importante car cette petite avancée permet de développer plus tard un travail sur l art public plus important. Jacques Oudo est un acteur important de ce développement culturel, c est lui qui met en place Octobre des arts et le symposium. Ces manifestations donnent lieu plus tard à la biennale. La DRAC dans les années 80 est importante car elle gère le 1% et la commande publique. Un des seconds jalons importants est la municipalité de Michel Noir et le travail d Henri Chabert, l art contemporain passe du monde artistique au monde politique. A cette époque, on repense les espaces publics. Ça a été la même chose à Villeurbanne dans les années 80-90, Charles Hernu commandait de nombreuses œuvres. L art public est lié aux personnalités importantes. 171

172 Actuellement Gérard Collomb s intéresse peu à la commande publique. Il suit les politiques précédentes de mise en valeur des espaces publics, d œuvres dans les métros et dans les parkings. Lorsque l art est lié à la politique, le travail se centre sur les quartiers en construction ou ceux en train d être rénovés. Les années 2000 se synthétisent à Gerland. Un gros travail de restauration du site a lieu avec l installation d unités d enseignements, un travail sur le parc avec des œuvres sonores ainsi que la lumière qui s installe partout. Le tram, qui n a pas une grande influence artistiquement, est important en terme d urbanisme, car il relie les quartiers qui avaient parfois un grand écart entre eux. De par la trame qu il dessine et son mobilier urbain uniforme, il redessine la ville, notamment au niveau de l avenue Berthelot ainsi que les quartiers du Tonkin et des Charpennes.» Les projets : «Les berges de la Saône sont le pendant des berges du Rhône. On unifie le paysage et on se réapproprie le Rhône, et c est grâce à cela qu il est possible de se réapproprier la Saône. La plus grande opération des années 2000 est la réappropriation des fleuves. Pendant la première époque, on reconstruit de la Cité internationale au Confluent et pendant la seconde période, l aménagement se fait du Confluent jusqu à Neuville. La Fête des Lumières est un évènement intéressant et bien réalisé, il permet de rendre la culture et l art accessible au plus grand nombre. Cet art que l on montre est de l ordre du divertissement, du spectacle. Je suis pour que l on ouvre l art au public, du moment que les politiques soutiennent tous les arts, du plus populaires au plus difficiles. Il ne faut pas oublier l art plus expérimental, ne pas l exclure. Aujourd hui on a tendance à favoriser ce qui rapporte le plus, ce qui attire le plus de gens. L idée apparaît même que plus il y a de monde, plus l évènement est bien et intéressant. Ce qui est loin d être vrai. Il ne faut pas que les politiques oublient ou rejettent le travail des petites structures d art contemporain, car se sontelles qui se sont battues pour que cet art soit accepté et développé dans cette ville, c est grâce à elles que d autres expériences comme les festivals existent maintenant. Dans le jeu de la politique, en général, les artistes s en sortent bien, ils s adaptent aux commandes. Il me semble que Lyon a les capacités à devenir une grande ville dans le domaine de l art public. Le problème qui se pose est la conservation et la valorisation des œuvres. Personne ne 172

173 se soucie de ce patrimoine, il n y a pas de signalétique et les œuvres se dégradent. Elles ne sont pas mises en valeur par les gens et personne n en parle. Les manifestations n ont pas développé de nouveaux regards ni de nouvelles pensés sur l art public. Ni la Fête des Lumières, ni la Biennale d art contemporain ne les mettent en valeur. C est un patrimoine à sauvegarder. Actuellement, les élus parlent plus des projets qui se font que des anciennes œuvres. Effectivement, c est bien de s intéresser aux nouvelles œuvres qui vont être placées dans des quartiers, mais il faut aussi entretenir les anciennes car un jour, les œuvres des berges de la Saône ou du quartier des Etats-Unis seront -elles aussi- vieilles et à restaurer. L exemple de la place des Terreaux est intéressant : l entreprise qui a rénové la place a été condamnée car elle a versé plus de sable que de ciment sous la place. A de nombreux endroits, des dalles se sont soulevées et enfoncées dans le sol. Où est la limite de la responsabilité de l artiste? Ici il n est responsable ni du fait que le terrain ait bougé, ni du travail de l entreprise. Le parc de la Cerisaie abrite de nombreuses œuvres. Il a été il y a peu restauré et toute une signalétique a été installée afin d aviser et d expliquer les œuvres d art aux passants et promeneurs.» Quelques œuvres importantes dans le Grand Lyon : Œuvres importantes : -La fontaine des géants, des Poiriers -La marelle de Laurence Wiener -la place des Terreaux -le parc des Célestins -Signal spatial de René Roche qui synthétise les problèmes artistiques et politiques de l art public Les œuvres faisant office de signaux : -Le Totem de Guy de Rougemont à Villeurbanne qui sert d emblème et marque un territoire -Lyonéon, Tour Lumière cybernétique de Lyon, de Nicolas Schöffer, à Grange Blanche -L œuvre de Jacques Vieille à Villeurbanne -L arc de Triomphe de Patrick Raynaud à Givors 173

174 Œuvre recyclée : «Le grand compas de Serge Boyer est une vrai réussite de réintégration d une œuvre dans un quartier autre que celui initialement prévu à sa destination, ici la Duchère. Cette œuvre a presque une destiné inverse que celle de R. Roche car son déplacement est réussi.» Œuvres participatives, où a lieu un dialogue avec le public : -L arbre à fleur -L œuvre de Favier sur les berges du Rhône -Le jardin d Emmanuel Louisgrand Œuvre monumentale : -L œuvre de Cécile Bart sur la façade de l Hôpital Saint-Joseph, Saint-Luc 174

175 Annexe 7 : Entretien avec Alain Lovato, artiste et directeur de la MAPRA (Maison des arts plastiques en Rhône-Alpes), le 10 mai 2011 Moments importants du développement artistique à Lyon : «Le symposium est un des grands moments de l histoire artistique de Lyon, il a lieu sous Francisque Collomb, avec André Mure comme adjoint à la culture. Ce dernier est un amateur d art. Un grand nombre des œuvres du second symposium sont conservées au parc de la Cerisaie (ancien parc Chazière). Dans l organisation des symposiums, un équilibre était trouvé entre les artistes régionaux et ceux venant d autres régions ou même connus sur le plan international. Dans le cadre de la politique culturelle, André Mure n avait pas oublié de proposer aux artistes de Rhône-Alpes de participer à l évènement. Le but recherché est de rassembler des factures nombreuses et variées, l œuvre doit être là pour le public. Le symposium doit donc montrer l ensemble et la diversité des courants de son époque par un panel d œuvres. Les différentes factures des œuvres et les différentes provenances des artistes permettent un certain équilibre dans cette exposition. Cet équilibre n est pas respecté dans les projets en cours actuellement qui sont ceux des rives de Saône et de 8 ème art. Quasiment aucun artiste de la région n a été sollicité dans ces projets.» La maison des artistes à Paris et la MAPRA (Maison des Arts Plastiques en Rhône-Alpes) : «La maison des artistes située à Paris s occupe de la sécurité sociale des artistes et des aides financières qui leur sont accordées. Les artistes se répartissent inégalement en France : 50% se trouvent en Ile-de-France et les 50% restant se situent dans les autres régions. La MAPRA s occupe des œuvres tandis que la maison des artistes les aide du point de vue administratif. La MAPRA a cette volonté d échange entre les artistes locaux et internationaux. Il faut stopper les réseaux d échanges, ils ont des points positifs mais restent centrés sur un lieu et s adressent toujours aux même artistes. Ils contribuent à tourner dans un cercle fermé.» Système français et étrangers : 175

176 «En France, le système est centralisé, bien que les régions aient du pouvoir. Ce centralisme a tendance à développer une pensée unique. Dans d autres pays comme l Italie et l Allemagne, le système est non centralisé et les commandes et relations sont différentes. La France fonctionne comme une grande pyramide dans laquelle il est difficile de pouvoir avoir accès au sommet. Dans les autres pays moins centralisés, chaque région ou ville fonctionne sur le modèle de petites pyramides. L interaction entre ces petites pyramides est plus facile et des projets concrets voient le jour. Elles s associent tout en revendiquant leurs différences. Leurs dynamiques se rencontrent et ensemble forment autre chose, d autres projets. Cette interaction entre plusieurs petites pyramides est impossible en France. Je ne dis pas non plus qu il faut remplacer le centralisme par le régionalisme. Pourtant ces circuits courts qui se trouvent dans d autres pays sont vivifiants, il est plus facile pour un artiste de rencontrer un élu, celui-ci connaît les problèmes de sa région, il y est plus sensible. L artiste qui a un problème en France, s il ne peut pas parler au président de région, ne va pas s adresser au président d une région voisine, il doit parler au supérieur du premier qui est un ministre. Nous avons la chance d avoir un ministère de la culture en France. Il possède un grand pouvoir mais il faut qu il reste attentif à la frange qui a un fort potentiel créatif.» Définition de l art : «Un problème se pose quand à la définition des arts plastiques. Certaines personnes emploient le terme d art visuel, mais à mon sens il est faux, l art visuel n englobe pas tous les champs de l art plastique. Ce dernier vient des Beaux-Arts : architecture, peinture, sculpture. Des disciplines telles que la photographie a mis très longtemps à s intégrer au domaine des arts, notamment par le refus qui en a été fait des peintres. Il est compliqué aujourd hui de délimiter le champ de l art contemporain, il n a jamais été plus ouvert que maintenant. Le problème est que la DRAC ne prend en compte que 10% de la création et 90% n est pas pris en compte par elle. Les fonctionnaires de cette institution pensent connaître les limites de l art, sa définition. Ils font donc des choix en fonction de ce qu ils pensent être de l art. Ils décident selon leurs visions. Il me semble que la réalité est plus compliquée, en l occurrence, ils ne prennent pas en compte ce qui peut les surprendre, les 176

177 étonner et remettre en cause leurs théories sur ce qu est l art contemporain. De plus, leur vision de l art est liée à la mode. Aujourd hui, la création est à 360. Elle englobe tous types d œuvres et d artistes. Seulement une petite partie des œuvres d art sont prises en compte par la DRAC. L art contemporain en France, c est ce qui est décidé par les gens qui doivent choisir et délimiter le champ de l art, le reste n est pas pris en compte.» L œuvre d art publique : «Un des problèmes est la pérennité de l œuvre. Petit à petit, les œuvres sont mieux entretenues et restaurées. Elles appartiennent à la ville de Lyon en grande partie. Les opérations de restauration des œuvres se développent. La fontaine Bartholdi va sûrement être restaurée. Le problème des œuvres d art public est leur dégradation naturelle et volontaire. Il y a peu d œuvres monumentales qui sont des œuvres privées, elles sont souvent publiques. L œuvre publique est un acte réalisé avec l argent public, pour le plus grand nombre. Elle porte une dimension sociale. Ce n est pas une œuvre qui s enferme dans un lieu pour n être vue que de particuliers. Elle reste à la disposition et à la vue de tous. Si cette catégorie de «l art public» n existait pas, l art n appartiendrait qu aux connaisseurs et un certain public n aurait jamais accès aux œuvres. De plus, des programmes de sensibilisation sont mis en place afin d ouvrir l art contemporain au plus grand nombre. La difficulté est de ne pas «parachuter» une œuvre, il faut essayer de faire de la médiation dans le but de donner des clefs de lecture aux gens. L œuvre est une entrée en dialogue, elle sert à avoir une certaine réflexion, à se remettre en cause soi-même. Si elle est trop compliquée à aborder, les gens pensent qu on se moque d eux car l œuvre va leur sembler trop facile à réaliser et trop peu significative pour eux. Effectivement, il me semble qu on se moque d eux, mais pas dans ce sens là. On se moque d eux par le fait qu on parachute une œuvre dans un quartier sans qu on leur ait donné les clefs de lecture pour la comprendre et l apprécier. Comment montrer des œuvres sans qu elles soient forcément rejetées? Il faut faire de la diversité et chercher l excellence dans chaque segment d œuvres. Dans l espace public, les «décideurs» qui choisissent les œuvres doivent s appuyer sur cette diversité d œuvre. 177

178 On trouve trop de séparation aujourd hui entre l art intellectuel et l art populaire. La médiation est intéressante, mais il faut travailler plus sur la façon de la faire que sur l œuvre elle-même. L histoire et le but de l œuvre publique sont de développer des passerelles. Pour cela, il faut toujours mettre des œuvres différentes en fonction des lieux, du contexte et des habitants et parvenir à articuler le tout. Dans «art public» on trouve «art» et «public» : où est le public? Comment vit-il les œuvres? Il faut qu il y ait un respect de l autre, de la culture de l autre afin de l œuvre soit comprise et appréciée. L œuvre instaure un dialogue avec les habitants et doit permettre de se remettre en cause. Les évènements populaires aident à développer ces passerelles entre les gens et l art. Le défilé de la Biennale de la danse est bien préparé en amont. Ensuite les gens voient les choses de l intérieur et c est plus facile pour eux d avoir accès à la danse contemporaine. Les arts plastiques et visuels ont toujours été plus difficiles à aborder que l art de la danse. Les arts faisant appels aux expressions du corps ont accès plus facilement au public.» Le projet 8 ème art : «Dans ce projet, il n a pas été tenu compte de la diversification des œuvres. Par contre, une communication importante a été mise en place autour du projet. Le boulevard des Etats-Unis est un quartier social, il faut y amener des œuvres, mais c est par la diversité que l on peut ouvrir l œuvre à tous. Il faut faire des œuvres qui soient des portes d entrée pour les gens. Un reproche peut être fait à ce projet : trop peu d artistes Lyonnais ou Rhône-Alpins ont été contactés pour ce projet. C est le même problème pour le projet des rives de Saône. Ils ne veulent pas choisir des artistes qui ne sont pas forcément connus localement, alors que parfois ils le sont dans une autre région ou dans un autre pays. Les élus, pour acheter des œuvres, réunissent des fonds et s adressent pour cela au ministère et à la DRAC. Les «décideurs» publics, comme la DRAC n ont pas de connaissances spécifiques et donc emploient un conseiller artistique. Celui-ci décide ou non si le projet peut être financé ou pas. 178

179 La diversité est importante pour le public, il faut que les œuvres soient ouvertes. Certaines d entre elles doivent être difficiles d accès et d autres plus simplement abordables. Les œuvres faciles développent des passerelles vers celles plus difficiles. Si seules des œuvres compliquées sont présentées sur le boulevard, les habitants vont avoir l impression qu on se moque d eux car l œuvre ne voudra rien dire pour eux. Pour utiliser une métaphore, c est comme si l on demandait à une personne étrangère, ne lisant pas bien le français, d aller lire une œuvre littéraire classique ou un ouvrage de Confucius. La médiation, quand à elle, devrait plus s appuyer sur des structures qui sont en permanence dans le quartier, tels que des théâtres ou des associations, qui pourraient s organiser pour faire un travail spécifique sur les œuvres, en travaillant avec les parents et les enfants. Certains tiennent un langage soutenant que si on veut installer des œuvres faciles, alors on tombe dans la démagogie et les œuvres vont être de moins bonne qualité. En fait, ils estiment que si on met des œuvres différentes des leurs, de leur conception de l art, elles seront de moins bonne qualité. C est faux, car elles peuvent être très bien. Il ne faut pas chercher de supériorité ou d infériorité dans les œuvres. Les politiques communiquent beaucoup sur le projet 8 ème art, au détriment parfois d un choix intelligent d œuvres. Après la communication, on n entendra peut-être plus parler d elles, sauf dans le cas où des problèmes apparaissent.» 179

180 Annexe 8 : Entretien avec Marc Villarubias, le 19 Mai 2011 Quelques jalons importants : «En termes de politique de la ville, trois moments importants ressortent : -La période muraliste de la fin des années 80 qui se déroule en même temps que l expansion des oeuvres dans l espace public. -La seconde période se tourne vers l expérimentation des projets, par exemple le quartier de Mermoz, ou un projet participatif a été mis en place, porté par les habitants et le musée d art contemporain. Une anamorphose s est développée. En , une articulation a vu le jour entre une problématique et des solutions portées par les habitants et un projet urbain. -Actuellement, depuis 2005, un renouvellement urbain plus large a eu lieu. Il repose sur la question de la place de la culture dans le renouvellement urbain, et plus largement des œuvres dans l espace public. L interpellation du renouvellement urbain a lieu par exemple à travers des projets comme 8 ème art. Yvon Deschamps, adjoint à la culture de la ville, porte les projets artistiques.» Les politiques de la ville : «Une mutation a lieu ces dernières années, on passe du 8 Décembre à la Fête des Lumières. Celle-ci se déroule sur 3-4 jours à partir de Située seulement sur la presqu île, elle s élargit sur la rive gauche, signe d un développement social urbain. La fête de la musique a un peu le même rôle, car une territorialisation apparaît vers 2002, on démultiplie les lieux de déroulement de la fête. En 1997, le travail d art sur la place reprend l idée du défilé de la Biennale de la danse, car les artistes produisent une œuvre en lien avec la population. Ce travail est ensuite restitué pendant une journée sur la place Bellecour. Une année, des bus ont été présentés tout le long de la rue de la République. Chacun avait été travaillé par un plasticien, et les visiteurs passaient d un bus à l autre pour voir les réalisations effectuées. Leur groupe devient ensuite 180

181 Veduta, qui investit les territoires périphériques intercommunaux. Ce travail permet une plus grande articulation entre les lieux d exposition de la Biennale et les territoires plus larges. En effet, petit à petit, l action du centre a beaucoup bougée et son périmètre s est élargi. La ville travaille une thématique qui peut se résumer ainsi : comment la culture devient une aide pour développer les territoires? On croise les questions territoriales, sociales, artistiques, et les relations périphérie/centre. En 1996 le défilé de la Biennale tente déjà de transformer la ville en la reliant aux périphéries, puis il est suivi par Art sur la place en Les politiques travaillent aussi sur le végétal comme l îlot d Amaranthe. La ville n impose pas ses choix artistiques ou ses projets, elle s ouvre aux propositions et essaye d être un laboratoire et ainsi de faire coopérer plusieurs acteurs. A partir d un certain moment, les villes instituent une certaine concurrence entre elles. Elles tentent d attirer les grosses entreprises. Lyon se joint par exemple à la ville de Saint- Etienne pour peser plus de poids et devenir un pôle d attractivité afin d attirer des habitants à l échelle nationale et européenne. La question de la culture joue un rôle important dans les années quatre-vingt. Aujourd hui le positionnement est différent, on privilégie la qualité de vie, la douceur de vivre, le végétal. La politique de la ville a aussi œuvrée afin que des pôles d attractivité se mettent en place, notamment avec des activités. Sur la place du 8 Mai par exemple, un grand événement a lieu autour de la musique française. Avec Michel Noir, on assiste à une redéfinition de la couleur de la ville et de son image. Un des exemples vers lequel on est tourné est le musée Guggenheim à Bilbao. La ville de Lyon est en retard quand à l art dans l espace public, le Rhône par exemple manque beaucoup d œuvres d art. C est pourquoi un grand nombre d œuvres vont être intégrées sur la Saône, ils rattrapent leur retard en quelque sorte. Parmi les œuvres importantes pour les citoyens, l arbre à fleurs situé sur la rive droite du Rhône a été particulièrement apprécié. Lors d une biennale dans les années 2000, l œuvre 181

182 a été placée à l extérieur. L effet a été tel sur les habitants que la ville de Lyon l a achetée afin qu elle reste à sa place.» Le renouvellement urbain : «En 2004, la charte de coopération culturelle promeut le développement social urbain. Elle met en avant la place de la culture dans le développement urbain. Certains projets demandent de faire un appel d offre tandis que sur d autres territoires, où la ville est bien investie, ce sont plutôt des appels à projets qui sont lancés avec une place faite à l art. Mermoz est l exemple d un projet de développement social, un graphiste ayant travaillé sur le monument qui allait être détruit, permettant de faire une transition avec la destruction et d aider les habitants à surmonter cette épreuve. L art interroge les gens sur le renouvellement urbain. La Duchère a développé une stratégie d attractivité du territoire. C est la même idée que ce qui s est produit dans les années avec le renouvellement de la ville. Les traboules de la Croix-Rousse ont été mises en valeur par un projet les illuminant. En 2005 apparaît un second groupe important qui est la HorsDe, qui investit le territoire de la Duchère. Ils mettent en place notamment un projet qui s inscrit dans la fête des Lumières. Au niveau de la Duchère, les associations et la ville travaillent avec les habitants sur une œuvre pendant un an et demi. Des visites portant sur l art contemporain sont organisées dans la ville, ainsi que des rencontres avec des artistes. De plus, des spécialistes donnent des conférences sur l art contemporain. La question se pose de la place de l art et de son rôle dans la ville, ainsi que dans le renouvellement urbain. L expérience à La Duchère fonctionne bien. Il y a toujours des gens qui sont très intéressés et impliqués et d autres qui rejettent parfois en bloc ce qu on leur propose. Un grand travail sur la mémoire est effectué, les plasticiens travaillent beaucoup sur l image. Une multitude de propositions artistiques ou culturelles ont vu le jour, et toutes se déroulent sur un mode participatif. Cette approche laisse des traces de qualité dans ces espaces, même après les destructions. Mais elles posent aussi des questions 182

183 sur la place de l art. A l issu du renouvellement urbain, y aura-t-il encore de la place pour les artistes? Est ce que les artistes ont leur place de manière continue dans les territoires? Dans le projet 8 ème art, des œuvres seront installées et des ateliers répartis dans cette partie de la ville. Le quartier des Etats-Unis a été transformé depuis 25 ou 30 ans. En effet, il fut rebaptisé la «Cité Tony Garnier», notamment par l arrivé du Tram et le travail important qui a été réalisé avec les murs peints. C est une des dimensions du renouvellement urbain : l influence artistique et la place de l œuvre dans l espace public. Actuellement on ne se contente plus de réhabiliter les quartiers avec un peu de peinture mais on reconstruit le tout. Sur les rives de Saône, une réflexion préalable a été menée pour intégrer l art et un concours fut lancé au niveau international. Cet endroit va être un parcours d artistes. Les rives articulent la ville par les transports plus faciles qu elles offrent et relient les quartiers au niveau artistique et paysager.» 183

184 184

185 Cartes du Grand Lyon 185

186 Annexe 9 : Carte de Lyon et Villeurbanne : situation des œuvres 186

187 187

188 Légende de la carte de Lyon et Villeurbanne: Années : bleu clair , la République enchaînée de G. Salendre, place Lazare Goujon, vill , union des travailleurs de la pierre et du marbre, monument à la mémoire des déportés du travail du Rhône, morts en Allemagne, nouveau cimetière de la Guillotière, avenue Bertelot, l , Thomas Louis, Sanctuaire de la résistance Lyonnaise, angle place Bellecour et rue Gasparin, l2 Années : rouge , Lapandery Francisque, Monument aux morts de derrière les voûtes, place de l hippodrome, l , archi : Labrosse Pierre, Monument aux morts de la guerre de Montchat, place du château, l , archi : Weckerlin Louis, Monument aux victimes de la catastrophe de Saint-Jean, rue Tramassac, l , Linossier Claudius, Isaac, place de la bourse, l2 Années : jaune , Tajana André, Naïade, parc de la Tête d Or, Lyon 6 2 -Début des années 60, Georges Salendre, Souvenir Unité Paix, place Ferber, Lyon , archi : Weckerlin Louis, scul : Georges Salendre, Monument à la mémoire des victimes civiles et militaires du quartier de Vaise (guerre ), place Dumas de Loiré, l , Ivan Avoscan, Combat, cours Lafayette, Lyon , Ivan Avoscan, Silence 1, cours Lafayette, Lyon , Salendre Georges, La pensée, place Ollier, Lyon , buste en bronze de L. Goujon de J.L Chorel, place Lazare-Goujon à Villeurbanne , bas relief en béton émaillé de J. Amado, résidence universitaire 3 av Einstein, Villeurbanne , Claude Idoux et Maxime Descombin, résidence Claire, 43/53 av Rockfeller, l , Amado sculpteur, immeuble les Erables : la Duchère, l , Philolaos Tloupas, Sculpture, immeuble les Erables, l9 188

189 , archi : Charles Delfante, Mémorial des fusillées du fort de la Duchère, l , archi : Weckerlin Louis, scul : Pommier Albert, Monument aux morts de la ville d Oran, l , archi : Chapuy André, scul : Lamborot Claude, Monument aux morts des combats de de la captivité et de ses suites, l , Tajana, Abondance, le marché aux Gros, l , Jean Amado, Bas relief en béton émaillé, résidence universitaire La Madeleine, l3 Années : en vert clair , Tajana, Herriot, Lyon 3 (buste de bronze sur colonne de pierre) square Jussieu Georges Salendre, Le printemps, Lyon 4, place des tapis , Maspoli, Monuments à la gloire des Cuirassiers, l3, rue du Lac , I. Avoscan, Soleil, station Bellecour, Lyon , Charles Semser, La Belle et la Bête, place Pierre Renaudel, l , Armand Avril, Les Binettes, station Gratte-Ciel, vill , Raymond Grandjean, Sans titre, station Gratte-Ciel, vill , Alain Lovato, Sans titre, station charpennes, vill , Robert Darnas, La chevalerie, parc de la commune de Paris, vill : Joseph Ciesla, La danse (hommage à Oskar Schlemmer), station Hôtel de ville, l : Alain Dettinger, Les robots, station Hôtel de ville, l , Descombin Maxime, Deber, dalle piétonne au pied de la tour du crédit Lyonnais, Lyon , Dumont Geneviève, Contrainte n 1, dalle piétonne près de l auditorium, Lyon , Molinary Louis, Etre, Hôtel du Grand Lyon, rue du lac, Lyon , Joseph Ciesla, Le Pollueur, dalle piétonne de la Part-Dieu, Lyon , Le Grand Compas, S. Boyer initialement place de la république, depuis 1994, avenue du plateau à la Duchère, l , Alain Lovato, Mur passage, (en dépôt), institut nationale des sciences appliquées, campus de la DOUA, vill , René Roche, Sans titre, Institut nat des sciences appliquées, campus de la DOUA (en dépôt), vill , Robert Darnas, La chevauchée, (en dépôt) dalle piétonne, Lyon , Guillaubey Christiane, Les fleurs du mâle, pelouse devant l auditorium, Lyon 3 (déposée) 189

190 , Otero Camilo, La Passionara, Lyon 3, maintenant dans le 7 ème, 344 rue André Philip , Comby Henri, Sculpture Croncelhorbe, dalle piétonne, en face de l auditorium, Lyon , Lovato Alain, Signal orange, dalle piétonne, Lyon , Coulentianos Costa, Structure, dalle piétonne, Lyon , Algan Nicole, Structure aluminium, lyon 3 (déposée) , Roche André, Synchromie n 1, dalle piétonne près de l immeuble le PDG, Lyon , Joseph Ciesla, Le Poisson-Lune, square Lebosse, vill , Geneviève Dumont, Fontaine Dumont, square Jacques Prévert, 34 rue du 4 Aout 1789, vill , Fleur parlante et oiseau mouillé de J. Da Silva, La Perralière, avenue du 1 er Mars, Villeurbanne , Da Silva, La chouette, La Perralière, avenue du 1 er Mars, Villeurbanne , Da Silva, Colorube, La Perralière, avenue du 1 er Mars, Villeurbanne , Da Silva, Flamand, La Perralière, avenue du 1 er Mars, Villeurbanne , Da Silva, Oiseau, La Perralière, avenue du 1 er Mars, Villeurbanne Années : marron , René Roche, Signal Spatial, station Jean Macé (déplacé boulevard du parc de l artillerie), l , Gabriel Gouttard, sans titre, rue Lucien Sportisse, jardin des plantes l , Guy de Rougemont, Sans titre, cylindre, collège Marcel-Dargent, 5 rue Jeanne Koelher, l , Claude Viseux, Sans titre, pelouse du grand Lyon, rue du Lac, l , Victor Caniato, Cage, 33 rue Henri Gorjus, l , Geneviève Dumont, Monument ou Cathédrale, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Michel Gérard, La nuit du 29 Mai 1980, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Alain Lovato, Signal Oblique, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Bernard Pagès, Colonne, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Jean-Pierre Raynaud, Autoportrait II, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Takis, Signal, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Christiane Guillaubey, Le printemps, place du commandant Rivière, vill , Michel Ventrône, Betelgeuse, l , Jean-Gabriel Coignet, Sans titre, rue Lucien Sportisse, jardin des plantes, l , Charles Correia, Groupe sculptures n 5, (déposée), avenue des acacias, l3 190

191 , Guy de Rougemont, le Totem, place Albert Thomas, Vill , Camille Niogret et René Burlet, Sans titre, l3, vitraux, métro place Guichard , Michel Basbous, Monolithe Libanais, parc de la Tête d Or, l , Jacques Bouget, Sans titre, station de métro Saxe-Gambetta, l , Jacques Decerle, La partie de football, la partie de basket, station de métro Jean Macé, l , Christiane Guillaubey, Le mont de Vénus, parc des droits de l homme, rue du 4 Aout 1789, vill , René Roche, Progression, parc des droits de l homme, rue du 4 Aout 1789, vill , Ipousteguy, Le Soleil, monument à Louise Labé, monument à Louis Pradel, Pyramide de l histoire de Lyon, place Louis Pradel, l , Mur peint de G. Gasquet, station de métro Charpennes, vill , Markus Raetz, Mimi, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Ipousteguy, Fontaine Beraudier, place Charles Beraudier, face à la gare Part-Dieu, l , Geneviève Böhmer, le Buisson-ardent, station de métro place Guichard, l , César, Hommage à Léon, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Ulrich Rükriem, dédié à Jean-Paul Sartre, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Joseph Ciesla, Le grand Coq, 12 avenue Jean Mermoz, l , Huub Kortekaas, La plante, intersection rue Chevreul et Marc Bloch, l , Marthe et Jean-Marie Simonnet, Le retour des Sabines, parc de la mairie du 5 ème arrondissement, 14 rue du docteur Edmond Locard, (œuvre déposée), l , Oleg Goudcoff, L Archange, 17 rue du docteur Horand, parc Montel, l , Jean-François Hamelin, Oiseaux de bronze, 17 rue du docteur Horand, parc Montel, l , Jean-Gabriel Coignet, Exit, parc de la mairie du 5 ème arrondissement, 14 rue du Docteur Edmond Locard, l , Jean Piton, Sans titre, face à la gare Part-Dieu, dans le métro, l , Gérard Martinand, Condition paradoxale, 25 rue Chazières, parc de la Cerisaie, l , Stéphane Braconnier, Sans titre, peinture murale détruite, maison de l orient et de la méditerranée, 5-7 rue Raulin, (œuvre détruite), l , Gérard Martinand, Duplex V, station Hénon puis déplacée parc de la Cerisaie, 25 rue Chazières, l , Robert Duran, Sans titre, station Croix-Rousse, l , Gérard Martinand, Sans titre, collège Louis Jouvet, 23 rue du Docteur Dolard, vill , Gabriel Gouttard, Sans titre, quai Saint-Antoine, passerelle du palais de justice, l2 191

192 , Paul Siché, La foule, annexe du lycée Ampère, angle avenue de Saxe et rue du commandant Fuzier, l , Claude Cognet, Sans titre, station de métro Hénon, l , Alain Lovato, Espace-Mémoire, collège du Tonkin, 2 promenade du Lys-Oranger, vill , Pierre Zdvenigorodsky, Tête de Lion, 60 avenue Leclerc, l , Georges Salendre, Le chant des Canuts, l , Anne et Patrick Poirier, La fontaine des géants, place Jean Chorel, Vill , Olivier Giroud, Sans titre, cité administrative d Etat, 165 cours Garibaldi, l , Christiane Guillaubey, Sans titre, Cité adm d Etat, l , Markus Raetz, Vue, parc de la Cerisaie, 25 rue Chazières, l et 1988, Philippe Fertray et Federico Garcia-Mochales, Stèle pour le futur, parc de la Cerisaie, 25 rue Chazières, l , Victor Caniato, Sans titre, école nat d enseignement spécial pour déficients de la vue, 32 rue de France, vill , Ivan Avoscan, Sans titre, cité administrative d Etat, 165 cours Garibaldi, l , Nathalie Pesselon, La déchirure, parc de la Tête d Or, l , Barbezier, Sans titre, Ecole nat d enseignement spécial pour déficients de la vue, 32 rue de France, vill , Gabriel Gouttard, Sans titre, école nat d enseignement spécial pour déficients de la vue, 32 rue de France, vill , Geneviève Böhmer, La fanny de Lyon, boulevard de la Croix-Rousse, l : Per Kirkeby, A spatial ornament for the new museum, 81 quai Charles de Gaulle, parvis du MAC, l , Gilles Aillaud, Sans titre, Ecole normale supérieure de Lyon, 46 allée d Italie, l , Etienne Bossut, Autour d un abri jaune, carrefour, carrefour Greuze Pressensé, vill , Société Lieu-Dit, Sans titre, lycée professionnel Magenta, rue Magenta, vill , Albert Ayme, La triple suite en jaune à la gloire de Van Gogh, ENS, 46 allée d Italie, l , Pierre Platier, Sans titre, ENS Lyon, 46 allée d Italie, l , Zao Wou-Ki, Avril-Septembre 87, ENS, 46 allée d Italie, l : Clauidio Parmiggiani, Terra, l , Jean-Philippe Aubanel, Sans titre, Ecole normale supérieur de Lyon, 46 allée d Italie, l , Philippe Favier, Sans titre, ENS, 46 allée d Italie, l , Jaume Plensa, Birnam, 81 quai Charles de Gaulle, parvis du MAC, l , Victor Caniato, Portail monumental institut Pasteur-Mérieux, 29 avenue Tony Garnier, l7 192

193 , Isabelle et Olivier Giroud, Sans titre, station de métro Guillotière, l , Guiseppe Penone, Sofio interno-esterno et Sofio di foglie, conservatoire national supérieur de musique, 3 quai Chauveau, l , Nicolas Schöffer, Lyonéon, Tour Lumière cybernétique de Lyon, station Grange Blanche, l , Michel Charpentier, Sans titre, lycée La Martinière-Duchère, 300 avenue Sakharov, l , Maurizio Nannuci, Blue Klein/Rosa Fontana, 81 quai Charles de Gaulle, parvis du MAC, l , Jacques Vieille, Sans titre, Carrefour Laurent Bonnevay, Léon Blum, Emile Zola, vill , Cité de la Création, murs peints Le musée urbain Tony Garnier, 25 fresques, boulevard des Etats- Unis, l , Arman, la main tendue, 184 cours Lafayette, l , Christiane Guillaubey, Ballo in maschera, allée d Italie, l , Jean-Pierre Raynaud, Drapeau, Hôtel de ville, vill , Jean-Pierre Raynaud, Giratoire, rond-point des Buers, vill , Salvatore Gurrieri, Sans titre, peintures lycée Camille Claudel, l , Claude Mouchikine, Espace des droits de l Homme, parc de la Tête d Or, l , Guy de Rougemont, Fontaine d Italie, allée d Italie, l , Gérard Mignot, Sans titre, déclaration des droits de l Homme, Lycée professionnel Camille Claudel, l , Philippe Poulet, Sans titre, fresques, Station Montplaisir-Lumière, l8 Années : Bleu foncé : Laurewce Wiener, La marelle ou Pie in the Sky, place Mendès France, Villeurbanne : Marc Couturier, Barque de Saône III, 6 quai Saint-Vincent, l , Gilles Richard, Sans titre, lycée Jean Moulin, l , Jean Stern, Sans titre, ENS, 46 allée d Italie, l , Georges Adilon, Œuvre murale en béton de ciment blanc, 4 montée Saint-Barthélemy, l , Daniel Buren, Christian Drevet et Laurent Flachard, Place des Terreaux, l , Georges Geormillet, In aeternum renatus, l5, station Vieux-Lyon , Gilles Barracaud, Sans titre, station Garibaldi, l , Jean Philippe Aubanel, Sans titre, mur peint, quai Perrache, l , Maurice Parent, Sans titre, Lycée Colbert, l8 193

194 , Daniel Bret, La taupe, quai Augagneur, l : l homme de la Liberté de César, place Louis Pradel, L , Claude Baillon, Sans titre, lycée Saint Just, l , Joseph Ciesla, les Frileuses du lac, 30 rue du Lac, l , Sylvain Dubuisson, Sans Titre, mobilier d accueil de l institut Lumière (n existe plus), l , Cité de la Création, mur peint, Lyon, la santé, la vie, avenue Lacassagne, l : Yann Kersalé, Théâtre temps, opéra de Lyon, place Louis Pradel, l , Elisabeth Legrand, Sans titre, lycée Jean Moulin, 1 place des Minimes, l , Pierre Buraglio, A Jean Moulin, chef d un peuple de la nuit, annexe du rectorat, visible rue Chevreul, l , Xavier de Fraissinette, Universelle, 139 rue de Vendôme, l (depuis), Andrée Putman, mobilier et luminaire pour la primatiale Saint-Jean, l , Matt Mullican, La Cité idéale américaine, angle des rues Joseph Chapelle et Wakatsuki, l , Cité de la Création, mur peint, Les basiliques de Saint-Just, rue des Macchabées, l , François Morellet, Les Hasards de la république, Parc république, place de la république, l , Georges Adilon, Résidence étudiante, avenue Général-Frère, Lyon 8 ème, angle rue Claude Viollet et avenue Général Frère, l : Matt Mullican, Sans titre, parc Terreaux, sous la place des Terreaux, l , Gérard Garouste, Les droit de l homme, nouveau palais de justice, 67 rue Servient, l , Joseph Ciesla, Welon, université Lyon 3, manufacture des tabacs, 6 cours Albert Thomas, l , Patrice Giorda, 16 portraits, cité scolaire internationale, 2 place de Montréal, l , Daniel Burren, Sans dessus dessous, parc Célestins, sous la place des Célestins, l , Michel Verjux, De plain-pied et en sous sol, Parc Croix-Rousse, 73 rue de Belfort, l , Alighiero Boetti, Tutto, Université Lyon 2, quai Claude Bernard, l , Dror Endeweld, Innommables-Innombrable de 1 à 12 et de -2 à 10, parking Berthelot, l , Joseph Kosuth, Les aventures d Ulysse sous la terre, l3, parc gare Part-Dieu , Cité de la Création, mur peint, Ambroise Paré, scènes de la vie ordinaire, rue Guillaume Paradin, l , Cité de la Création, mur peint, Porte de la Soie, Les rues de la soie, au fil de la Croix-Rousse, 4 rue Carquillat, L , Cité de la Création, mur peint, La fresque des Lyonnais, angle quai St Vincent et rue de la Martinière, L , Xavier de Fraissinette, Ensemble pour la paix et la justice, parc de la Tête d Or, l6 194

195 , Patrick Tosani, Les Abeilles, INSA, allée Lumière, vill , Pierrick Sorin, Cinq rêves dans un joli parc (avec mon père et ma mère), parvis du MAC, l , Christine Crozat, la maison de l eau, agence de l eau Rhône-Méditerranée-Corse, 2 allée de Lodz, l , Cité de la Création, mur peint, La sortie des usines Lumières, angle grande rue de la Guillotière et cours Gambetta, l , Novae Architectes (artistes et paysagistes), Jardins de proximité, 38 rue de Cuire, l , Jean Le Gac, Chevalet tuteur pour plantes grimpantes, jardin de proximité, angle avenue des Frères Lumière et rue Léa et Napoléon Bullukian, l , Cité de la Création, mur peint, Le mur des Canuts, angle boulevard des Canuts et rue Denfert- Rochereau, l , Stéphane Braconnier, Mirage, école nationale supérieur des arts et techniques du spectacle, 4 rue Sœur Bouvier, l , Jean-Philippe Aubanel, Sans titre, station de métro Valmy, l , Cécile Bart, peinture d accompagnement, 20 quai Claude Bernard, l , Etienne Martin, demeure miroir n 10, cité administrative Part-Dieu, dalle piétonne, l , Patrice Giorda, Mosaïque d oiseaux, jardin de proximité, square Bérerd, angle cours Lafayette, rue Juliette Récamier, l , Marie Ducaté, Davantage d avantage... Cœur ferme et sucré... Bonne saveur, place de Paris, l , Cité de la Création, mur peint, fresque de Gerland, 18 rue Pierre de Coubertin, l , Cité de la Création, mur peint, Fête le mur, 100 cours Charlemagne, l , Cité de la Création, mur peint, Le théâtre des Charpennes, 52 rue Gabriel Péri, Vill , Atelier DUM Isabelle Demain, Du banc public à la chaise, l1, 6 quai Saint-Vincent, Drac , Patrice Giorda, Porte ouverte sur la lumière, chapelle Sainte-Philomène, 42 montée Saint-Barthélemy, l , Gordon Hart, Arcadie I et Arcadie II, lycée Louise Labé, 65 boulevard Yves Farge, l , Cité de la Création, mur peint, La fresque de Montluc, rue du Dauphiné, l3 Années 2000 : vert foncé , Pierre-Alain Jaffrenou, installation «Animots» Parc de Gerland, l : Christiane Guillaubey, monument célébrant le centenaire de la naissance d Antoine de Saint-Exupéry, place Bellecour, l : Ange Leccia, Sans titre, œuvre pointe confluence, l , Alexandre Hollan, Ecritures d arbres, ENS, l7 195

196 5-2000, Patrick Blanc, Jardin de proximité Félix-Jacquier, angle des rues Montgolfier et Félix-Jacquier, l , Albert Ràfols-Casamada, Sans Titre, ENS, 46 allée d Italie, l , Jean-Jacques Rullier, Table d orientation provisoire. Du pont Gallieni au pont de l Université le 22 octobre 2000 à 14h38, station tram quai Claude Bernard, l , Patrick Raynaud, Itinéraire, métro Jean-Jaurès, l , Olivier Chabanis, Le jardin des pots géants, angle des rue Gryphe, Béchevelin et Jaboulay, l , François Morellet, Pi-rococo, 11 rue du docteur Dolard, vill , Bruno Yvonnet, Sans titre, tramway station Jet-d eau-mendès France, l , Bruno Yvonnet, La forêt souterraine, station Debourg, l , Jean-Luc Moulène, Le Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l Anglin, Vienne-France, vers , Magdalénien moyen, station Stade-de -Gerland, l , Cécile Dupaquier, Sans titre, station tram Condorcet, vill , Sylvie Maurice, Intervention artistique, parc de Gerland, rue Pierre de Coubertin, l , Agnès Petri, Jardin de proximité, rue de Créqui, l , Michel Goulet, Le jardin des Curiosités, belvédère Abbé Larue, l , Jean-François Gavoty, Grille à tête de chien, Crétons féroces, consoles à souliers curieux, jardin du clos carret, 38 rue de Cuire, l , Felice Varini, Vue de la cheminée, parc du centre, vill , Carmelo Zagari, Le jardin d Eve, jardin de proximité, 101 rue du commandant Pégout, l , Cité de la Création, mur peint, Infogrames, quai Paul Sédallian, l , Choi Jeong-Hwa, Flowers Tree, l , Emmanuel Louisgrand, Ilot d Amaranthes, angle rue Sébastien Gryphe et rue Montesquieu, l , Monique Voiret, La volonté d un enfant de la Terre, lycée la Martinière-Montplaisir, 41 rue Antoine Lumière, l , Jody Elff, Strata, parking Cité international, l , Kasuo Katase, Lightgestalt, jardin public de la cite international, l , Maurizio Nannucci, Index, école nationale supérieure des sciences de l information et des bibliothèques, 17 boulevard du 11 novembre 1918, vill , Wang Du, World Markets, cité international, l , Joël Paubel, Sans titre, institut national de la recherche pédagogique, 19 allée de Fontenay, l , Bachir Hadji, Les cinq âges de la vie, INSA, 17 avenue Jean Capelle, vill 196

197 , Niek Van De Steeg, Structure de correction : fleurs devant le monument aux morts, place Charles Hernu, vill , Dror Endeweld, Contenus-pain of content-kehev hatokhen (la douleur du contenu), cloître du musée des Beaux-arts, place des Terreaux, l , Marianne Ponse-Hagopian, Mémorial Lyonnais du génocide des Arméniens et de tous les génocides et crimes contre l humanité, l , Marin Kasimir, Alentour : Triptyque pour Saint-Georges, parc Saint-Georges, l , François Morellet, A contre-courant, cité international, l , Peter Downsbrough, Again/Avec/Encore, parking Cité internationale, l , Xavier Veilhan, Les habitants, cité international, l , Joseph Ciesla, Empreintes et Résurgences, Université Lyon III, 6 cours Albert Thomas, l , Philippe Favier, Regrets des oiseaux, parking Hôtel de ville, vill : Krijn de Koning, Work for the Entrepôt des douanes, l , Philippe Favier, J aimerai tant voir Syracuse, l , Marc Averly, Taghout2, l , Philippe Favier, Bassin de la place Lazare-Goujon, vill , Véronique Joumard, Lumière, Lune et constellations, parking Fosse-aux-Ours, l , Valérie Jouve, Petite valse répétitive, parc Gros caillou, l : mur végétal, Patrick Blanc, l , Georges Adilon, Trois jeux de traits, parc Morand (ou Maréchal Lyautet), l : Fabrice Hyber et Bertrand Lavier, Les Salins et Pavillons, port Rambaud, l2 49-fin travaux prévu 2008 : pavillon 6 port Rambaud, Gérard Traquandi, l2 50-fin travaux prévu en 2009 : Felice Varini, Pavillon 8 port Rambaud, l , Jacqueline Dauriac, Autoportrait, parc Brotteaux (com : Eiffage Parking), l , Berhnard Rüdiger, Ainsi va la vie place Antonin Perrin, l , Lawrence Weiner, Victoire ou, parking Tony Garnier, l , Robert Staler, Sans titre, lycée Alfred de Musset, vill , Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Chromatophores, l , Perrine Lacroix, Point de vue, l ? Jacques Julien, Old school/ new school : un jeu de l oie, lycée Frédéric Faÿs, vill 197

198 Annexe 10 : Carte du Grand Lyon (sauf Lyon et Villeurbanne) : situation des œuvres 198

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