Thérapies par les jeux. Jeu et alliance thérapeutique. positif visant à augmenter l implication des jeunes dans la

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1 Thérapies par les jeux Jeu et alliance thérapeutique L utilisation du jeu comme outil de médiation clinique permet de renforcer l alliance thérapeutique (Bordin, 1979), qui est l un des facteurs essentiels pour la réussite d une thérapie avec un patient. Je reçois beaucoup de jeunes qui souffrent de troubles anxio-dépressifs et beaucoup d adolescents en décrochage scolaire (découragement, démotivation, refus scolaire anxieux) qui n ont pas plus de motivation à venir consulter une psychologue. Les jeux constituent ainsi un puissant renforçateur positif visant à augmenter l implication des jeunes dans la thérapie, pour qu ils accrochent un peu plus à l aide que je peux leur proposer. En effet, les jeux peuvent être utilisés de différentes manières et notamment comme médiation pour augmenter leur motivation et adoucir la relation face à face directe qui peut parfois être intimidante. Parfois, les moments de jeu permettent de partager un temps fort avec le jeune.

2 N.B. : Rappelons que la définition du mot «jeu» a pour origine latine «jocus» signifiant «plaisanterie, badinage» qui souligne la présence de quelque chose de léger, de non sérieux qui réduit ainsi le caractère grave d un lieu comme un cabinet de psychologie. Jeu et aménagement d un espace ludique Lorsqu un enfant entre dans un cabinet, le fait qu il soit aménagé de manière ludique et que des objets soient familiers facilitent ainsi la détente et met plus facilement à l aise. La notion de cadre ludique a été très développée par le courant d High Scope (Pikler, 1979), puis progressivement, en France, notamment par Odile Périno (2014) montrant l importance de penser et préparer un cadre adapté pour favoriser le jeu libre et autonome. Les jeux symboliques (jeunes enfants) L utilisation du jeu libre ou symbolique permet de laisser l enfant s approprier l espace thérapeutique à sa manière. Il permet aussi de fournir de l information indirecte quant à ses goûts et préférences, selon les jouets qu il a choisis et sa manière de construire son activité ludique.

3 Enfin, les jeux symboliques facilitent les confidences et l expression des émotions chez les plus jeunes notamment qui sont plus intimidés par une posture en face à face. Implication du thérapeute dans le jeu A la différence des jeux symboliques, le thérapeute peut choisir des jeux de société qui ont une dimension plus directive et offrent d autres avantages. Ils peuvent être utilisés pour des enfants plus âgés, à partir de 4-5 ans. N.B. : Winicott (1975) avait été l un des précurseurs avec l élaboration de son célèbre squiggle pour entrer en relation avec l enfant par le jeu. Le jeu consiste à réaliser un dessin commun avec l enfant. Il avait ainsi transformé une activité simple de dessin en un véritable espace de jeu à deux. Cette technique est très utile avec des enfants ayant des difficultés à s'exprimer en présence d'un adulte, à entrer en relation avec les adultes ou souffrant de troubles dans la relation directe aux autres. Le jeu permettra de sortir du registre classique du dessin qui ne convient pas à tous les enfants, notamment pour les enfants présentant des troubles praxiques ou des enfants dont le rapport au crayon est délicat.

4 Jeu & observation clinique Observer un jeune enfant en train de jouer permet d apprendre à le connaitre très rapidement, sur certains points très précis, par exemple : Est-ce qu il passe d un jeu à l autre très rapidement? Est-ce qu il ramène les objets trouvés vers les adultes pour les lui montrer ou pour l inviter à jouer? Est-ce qu il exprime du plaisir ou plutôt de la nervosité lors du jeu? Quelle est sa qualité de l écoute lors de l énoncé des règles? Est-ce qu il se met en colère lorsqu il perd? Est-ce qu il imite les stratégies de l adversaire? Est-ce qu il prend en compte le joueur adverse? Est-ce qu il ajuste ses stratégies au cours du jeu? Quelle est la qualité de l attention conjointe (regarde dans les yeux ou fuite du regard, pose des questions ou reste plutôt passif) Etc-etc Lorsque les enfants ne communiquent pas par le langage oral pour différentes raisons, (timidité, mutisme, handicap), le recours à des jeux de société non verbaux facilite beaucoup le contact et les échanges sans le langage oral. Progressivement, le passage à des jeux verbaux fait office d exposition in vivo qu il aurait été plus long d obtenir sans le cours aux jeux.

5 Jeu & intelligences Il s agit de décrire comment l utilisation du jeu peut avoir un impact positif sur le sentiment de capacités personnelles (Bandura, 2003). Identifier les compétences cognitives d une personne avec précision permet d augmenter son sentiment de confiance en soi en lui faisant réaliser qu elle dispose de ressources réelles et concrètes sur lesquelles s appuyer. L utilisation du jeu dans cette démarche clinique m est très utile parce que je m appuie sur l analyse du jeu pour aider l enfant à mieux identifier les compétences cognitives et affectives spécifiques nécessaires pour gagner. Ce travail d analyse permet à l enfant de réaliser qu il y a une multitude de compétences différentes et qu il est rare, voire impossible de toutes les maîtriser.

6 Souvent, quand je pose la question à l enfant : - «A ton avis, quelles sont les compétences ou les qualités qu il faut pour gagner à ce jeu?» après une partie de «Qui-estce?» (Theo et Ora Coster) - «Il faut réfléchir!». Cette réponse m est très utile parce qu elle me permet de leur démontrer que leur réponse est inexacte parce qu elle est beaucoup trop large, dans la mesure où nous avons besoin de l action de réfléchir pour tout mais que l on ne va pas utiliser les mêmes fonctions de notre intelligence selon les particularités des jeux. Je fais ainsi comparer à l enfant, en séance, les différentes propriétés de plusieurs jeux qu il utilise souvent pour l amener à réaliser la multiplicité des compétences qui existent. J introduis par cette analogie, la notion d intelligence plurielle en m appuyant sur un concept pédagogique que j ai nommé «le soleil de l intelligence», en listant des dizaines de rayons lumineux différents : les compétences en lien avec le langage verbal, les compétences praxiques, visuo-spatiales, l attention, la planification, l anticipation, la vitesse d exécution, la fluidité verbale, etc. Ce travail d analyse permet ainsi d augmenter les processus métacognitifs qui consistent de leur permettre de réfléchir sur les différentes formes d intelligence.