archéologie en franche-comté COLOMBAN et L ABBAYE DE LUXEUIL

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1 archéologie en franche-comté COLOMBAN et L ABBAYE DE LUXEUIL AU CŒUR DE L EUROPE du haut moyen âge

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3 PRÉFACES étude des monastères colombaniens et luxoviens, dirigée par Sébastien Bully, chercheur au CNRS, est partie prenante d un important projet collectif de recherche sur L l origine des monastères en Europe occidentale entre le V e et le X e siècle, soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté. Cette recherche de longue haleine, menée par les chercheurs médiévistes de l Unité Mixte de Recherche ARTeHis du CNRS de Dijon-Auxerre, est engagée depuis 2010 et donne une vision cohérente et internationale des débuts du monachisme. La Ville de Luxeuil-lès-Bains possède un patrimoine architectural et archéologique particulièrement riche et varié, retraçant plus de vingt et un siècles d histoire. Notre patrimoine bâti, qui est en permanence entretenu et rénové, génération après génération, est la mémoire vivante de notre histoire. Mais nous voulons aller au-delà, car notre ambition est aussi économique et nous devons développer notre fréquentation touristique. Prospections géophysiques, fouilles, sondages, études du bâti, relevés topographiques ont permis d évaluer le potentiel archéologique des monastères d Annegray (première implantation sur le continent), de Luxeuil-les-Bains et de Fontaine ou encore de l ermitage de Saint-Valbert en Haute-Saône, mais aussi du Saint-Mont en Lorraine toute proche. Il en ressort un florilège de résultats riches et prometteurs attestant du rayonnement de ces sites, qui, aux côtés de ceux de Bangor en Irlande et Bobbio en Italie, figurent parmi les plus importants et les plus influents durant les périodes mérovingienne et carolingienne. Luxeuil-les-Bains, à l image des grands sites archéologiques, conjugue recherche, protection, conservation et valorisation. La DRAC de Franche-Comté, grâce au suivi et au soutien constants du Service régional de l archéologie et de la Conservation régionale des monuments historiques, a d emblée mesuré la portée scientifique du programme de recherche. Elle a permis de réunir les meilleures conditions pour que soient assurées, d une part, les études sur Colomban et, d autre part, la protection par le classement au titre des monuments historiques d un site témoin du passage du moine jusqu à la valorisation des vestiges de l ancienne église Saint- Martin. Nous devons donc mettre en valeur et faire vivre notre histoire. Tout ce patrimoine a une âme que nous devons faire connaître, faire aimer et partager. Notre patrimoine archéologique vient de s enrichir avec la mise en lumière du site de l église Saint-Martin. Et là, c est une époque cruciale de notre histoire luxovienne, française et européenne que nous avons devant les yeux. Nous avons décidé de ne pas simplement conserver et reboucher les fouilles archéologiques car ce serait un gâchis culturel et économique, et c est pourquoi nous investissons avec la construction d un Centre d interprétation du patrimoine. Il faudra le faire vivre, le faire comprendre pour pouvoir le faire aimer et ainsi le faire connaître. Notre brillant «passé doit éclairer l avenir pour que notre présent ne marche pas dans les ténèbres». Ainsi, sans faire de crise de nostalgie, notre objectif est de faire prospérer notre ville et pourquoi pas, en nous inspirant de nos ancêtres pour qui nous avons tant de respect. La DRAC est associée au 1400 e anniversaire de la mort du moine irlandais fixée traditionnellement au 23 novembre 615, qui donne l occasion aux chercheurs européens de se rassembler dans un triptyque de rencontres scientifiques intitulées «Construire l Europe : Colomban et son héritage». Après le colloque de Bangor tenu en mai de cette année et avant celui de Bobbio en novembre, l abbaye de Saint-Colomban à Luxeuil accueille les médiévistes du 16 au 20 septembre 2015 autour du thème «Colomban et son influence. Moines et monastères du haut Moyen Âge en Europe». La brochure «Colomban et l abbaye de Luxeuil au cœur de l Europe du haut Moyen Âge», éditée par la DRAC pour cette manifestation, rend compte au plus grand nombre des résultats de cette recherche dense et ambitieuse. Michel RAISON Sénateur de la Haute-Saône Maire de Luxeuil-les-Bains Première de couverture : Fouilles de l ancienne église Saint-Martin, place de la République à Luxeuil-les-Bains, campagne (Cliché S. Bully) Double page précédente : Vue aérienne du centre-ville de Bernard FALGA, Luxeuil-les-Bains depuis le nordouest. Le parcellaire conserve le tracé de l enceinte médiévale Directeur régional des affaires culturelles de Franche-Comté du bourg et de la clôture du monastère. (Cliché Association Gazelle, 2 Nicolas Couval) 3

4 La recherche sur l abbaye de Luxeuil et le «monachisme colombanien» Entre bilan, commémoration et perspectives d avenir 4 1. Affiche du colloque de (Collection particulière) 2. Luxeuil, place de la République. Mise au jour du mur sud de la crypte dite de saint Valbert lors du diagnostic archéologique de (Cliché S. Bully) 3. Cérémonie d ouverture de l année colombanienne à Luxeuil, le 20 septembre 2014 ; de gauche à droite : Martine Bavard (adjointe à la culture de la Ville de Luxeuil), Michel Raison (Sénateur-Maire de Luxeuil) Sébastien Bully (CNRS, coordinateur scientifique Luxeuil), Jean-Michel Picard (University College Dublin, Président du comité scientifique), Jacques Prudhon (Président de l association des Amis de saint Colomban), Eleonora Destefanis (université du Piémont oriental, coordinatrice scientifique Bobbio), Conor Newman (National University of Ireland-Galway, coordinateur scientifique Bangor). (Cliché Amis de saint Colomban) Mille quatre cents ans après la mort de Colomban, 65 ans après les premières fêtes.colombaniennes et la tenue du «colloque fondateur» des recherches sur le grand abbé irlandais, 25 ans après la célébration de la fondation de l abbaye de Luxeuil, 10 ans après le démarrage des recherches archéologiques sur les monastères de Luxeuil et d Annegray, 2015 est incontestablement une année chargée de symboles, mais également l occasion de dresser le bilan des recherches récentes, tout en étant à la charnière d événements futurs. Cette brochure de la collection «Archéologie en Franche-Comté» offre un premier panorama de la diversité et du renouvellement des études et des recherches engagées ces dernières années autour de la figure de Colomban, de ce monachisme* parfois appelé «colombanien», et des monastères fondés par le moine irlandais ou sous l influence de Luxeuil. Et tout en engageant une relecture critique des motivations, de l action et de l héritage de Colomban et de ses successeurs, le renouveau de la recherche n en confirme pas moins le rôle majeur de Luxeuil dans l histoire du monachisme en Occident. Cette dimension européenne s est traduite depuis 2010 par la constitution d un groupe de travail rassemblant des chercheurs irlandais, italiens, français, rejoints par des collègues suisses, allemands et anglais, dans le cadre d un programme de recherche pluridisciplinaire intitulé «Construire l Europe : Colomban et son héritage». L origine de cette collaboration internationale est à chercher dans la conjonction du programme Columbanus Life and Legacy, porté par le Moore Institut de l université de Galway (Irlande), et du PCR Monastères en Europe occidentale. Topographies et structures des premiers établissements en Franche-Comté et Bourgogne (V e -X e siècle)», porté par le CNRS-UMR ArTeHis et l Association pour la Promotion de l Archéologie dans le Haut-Jura (APAHJ). Durant ces années, de visites de fouilles en journées d études, d échanges d étudiants en rédactions d articles académiques, la collaboration européenne développée autour du «monachisme colombanien» s est traduite, notamment, par le développement d un «autre regard», celui que chacun porte sur son propre domaine d étude, qu il soit géographique, disciplinaire, thématique ou méthodologique. L arrivée, massive, de la discipline archéologique, tant stratigraphique que spatiale, sur des problématiques relevant alors d une recherche historique basée sur les seules sources écrites, conduit d ores et déjà à reconsidérer les modalités et le contexte des fondations monastiques de Colomban. Mais surtout, c est à partir d un dialogue nourri et respectueux, qu aujourd hui, archéologues, historiens, paléographes, historiens de l art, géophysiciens accumulent, organisent, synthétisent et transmettent des nouvelles connaissances portant sur des fondations comtoises, vosgiennes, lombardes ou irlandaises. Enfin, faut-il rappeler que cette recherche, qu elle soit historique et plus encore archéologique, n a de sens et ne peut s exprimer que dans la longue durée, celle que permettent nos établissements de recherche, CNRS, universités, services du Patrimoine, avec le soutien indispensable du ministère de la Culture et de la Communication, le concours nécessaire des collectivités territoriales et locales, des fondations privées et la motivation sans faille d élus ou d acteurs de la vie associative. À cet égard, pour citer nos amis de Luxeuil, il ne fait nul doute que nous bénéficions d un nouveau «miracle de saint Colomban» Sébastien BULLY Monachisme État et mode de vie de personnes (hommes ou femmes) qui ont choisi de consacrer leur existence à la prière, seuls (comme les ermites) ou en communautés (dans des monastères). 5

5 ENTRE IRLANDE ET ITALIE, L épopée colombanienne Les itinéraires de saint Colomban selon Jonas de Bobbio. (Carte D. Vuillermoz, d après M. Gaillard, J.-M. Picard et S. Bully, 2015) 6 7

6 1 2 COLOMBAN : DU MOINE IRLANDAIS À L ABBÉ DE LUXEUIL, PUIS DE BOBBIO 8 1. Colomban et Gall sur le Bodensee (lac de Constance). (Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 602, p. 33) Vie Récit biographique de la vie d un saint (ou hagiographie). Austrasie Royaume mérovingien constitué en 511 à la mort de Clovis, qui comprenait les territoires du Nord-Est de la Gaule. Le royaume est éliminé définitivement en 751 par les Carolingiens. Notre source principale et presque unique sur saint Colomban ( ) est la Vie* de Colomban et de ses disciples, écrite vers 640/642 par Jonas, moine de Bobbio, monastère où Colomban a terminé ses jours. Jonas fait œuvre d hagiographe et non d historien ; il a donc organisé son récit en fonction de ces objectifs : démontrer la sainteté de Colomban et rattacher à son action et à celle de ses successeurs à Luxeuil, les fondations de monastères parmi les plus importants du royaume franc. Un moine irlandais Selon Jonas, Colomban était originaire de la terre des Laighen, à l est de l Irlande. Malgré l opposition de sa mère, il quitta son pays pour se rendre auprès de Sinell qui avait fondé un monastère à Cluain Inish. Là, son éducation semble uniquement fondée sur les Écritures saintes. Ensuite, il se rendit au monastère fondé par l abbé Comgall ( 602) à Bangor (Benn-Chuir, dans le royaume d Ulad, au nord-est de l Irlande). Dès le début de sa carrière, Colomban pratiqua donc l ascèse de la peregrinatio en quittant sa famille, puis le monastère où il avait été éduqué ; enfin, quelques années plus tard, avec l autorisation de l abbé Comgall, il quitta Bangor avec douze compagnons, probablement dans le but de fonder un nouveau monastère. De Bangor jusqu aux Vosges C est la partie la moins connue de l itinéraire de Colomban : Jonas écrit que les vents poussèrent le navire jusqu aux rivages de la Bretagne, puis, qu après avoir discuté et s être reposés, ils décidèrent de «poser le pied sur le sol des Gaules et de s enquérir du caractère de leurs habitants avec le plus grand soin». Que cette Bretagne soit la Bretagne armoricaine ou la Bretagne insulaire (Grande-Bretagne actuelle), «ils quittent donc le rivage de la Bretagne et se dirigent vers les Gaules». Leur but est clair : y pratiquer «les s les du salut», donc convertir les habitants. Après leur arrivée en Gaule, Colomban et ses compagnons s employèrent à convertir des hommes à la vie religieuse. On ne sait combien de temps dura cette période transitoire qui permit au «renom de Colomban» de parvenir «à la cour du roi [ ] d Austrasie* et de Bourgogne», qui ne pouvait être autre que Childebert II, roi d Austrasie depuis la mort de son père Sigebert en 575 et qui hérita de son oncle Gontran ( 592) du royaume de Bourgogne. Le roi lui permit donc de s installer dans les Vosges, aux confins de ses deux royaumes, dans un ancien castrum*, à Annegray, nous dit Jonas. Le nombre des moines augmentant, Colomban fonda un deuxième monastère à Luxeuil, puis un troisième à Fontaine. Il nomma des préposés pour chacun des monastères et «passait son temps chez tous, à tour de rôle». De Luxeuil à Bobbio Après la mort de Childebert II, en 595, le royaume de Bourgogne passa aux mains de son fils Thierry (9 ans) et celui d Austrasie fut dévolu à son fils aîné, Théodebert, âgé de 10 ans. D après Jonas, Thierry, devenu 2. Antiphonaire de Bangor, écrit vers 680, témoin des usages suivis à Bangor, monastère de l abbé Comgall, où Colomban passa plusieurs années avant de gagner le continent. (Bibliothèque ambrosienne de Milan, Ms C.5, fol. 30 v., VII e siècle) Castrum Mot latin signifiant un lieu fortifié, souvent employé pour désigner les emplacements des villes fortifiées ou des fortins romains. 9

7 Codex Bobiensis, autrement dit Évangéliaire de Colomban. Il contient les évangiles de saint Mathieu et de saint Marc. La tradition le rattache à saint Colomban. (Bibliothèque nationale de Turin, N. G. VII, VI e siècle) adulte, écoutait les conseils de Colomban et songeait même à conclure un mariage régulier et à répudier ses concubines, mais sa grand-mère Brunehaut, craignant pour son ascendant, monta le roi contre Colomban. Après plusieurs incidents assez violents, vers 610/612, Colomban fut expulsé de Luxeuil, sous bonne garde, en compagnie de moines qui n étaient pas originaires de Gaule (Irlandais ou Bretons). Colomban fut conduit sous escorte jusqu à Nantes où un miracle permit à Colomban et à ses compagnons de s échapper du navire une fois l escorte repartie. Colomban se rendit alors au palais de Clothaire II, roi de Neustrie, qui lui demanda de rester dans son royaume, mais Colomban refusa et décida de se rendre à Metz, capitale du royaume de Théodebert, frère et ennemi du roi Thierry, où il retrouva de nombreux moines venus de Luxeuil. Il entreprit ensuite une mission en Alémanie, sans doute avec le soutien du roi Théodebert, soucieux de renforcer la présence franque dans cette région. Mais arrivé à Bregenz, Colomban dut repartir car Théodebert avait été vaincu et tué par son frère (612) ; l Austrasie était donc tombée aux mains de Thierry II. Colomban se dirigea alors vers le sud où il rencontra le roi des Lombards Agilulphe qui lui permit de s établir dans un nouveau «désert», à Bobbio, en Italie du Nord, où il fonda un monastère. Il y mourut un 23 novembre, très probablement en 615. La nébuleuse luxovienne Dans la Vie de Colomban et de ses disciples, Jonas évoque des personnages qui ont fondé des monastères dans le sillage de Luxeuil : il s agit principalement de ceux fondés par les enfants des grands aristocrates qui l ont accueilli lors de son voyage de Rouen à Metz (en Brie : Faremoutiers, Jouarre, Rebais) ou d autres qui bénéficièrent du soutien des abbés de Luxeuil (Sainte-Marie- Saint-Jean de Laon). Il évoque aussi longuement les relations de l abbé de Luxeuil, Eustaise, successeur de Colomban, avec les fondateurs du monasterium Habendum (le Saint-Mont, Vosges), avec un certain nombre de communautés qui respectent les «institutions du bienheureux Colomban» dans le diocèse de Bourges, ainsi que les monastères fondés par des évêques, Donat à Besançon ou encore Éloi à Limoges et à Paris. De nombreuses Vies de saints, comme la Vie carolingienne d Omer, relient leur héros à Luxeuil et à Colomban ; même si ces affirmations doivent être prises avec précaution, elles n en reflètent pas moins le rayonnement de Colomban et de Luxeuil dans le monde franc. Mais, davantage qu un réseau, il s agit d une nébuleuse de monastères où l on affirme parfois respecter la règle de saint Benoît et de saint Colomban, sans que les historiens aient pu définir précisément ce que recouvrait cette expression. Michèle Gaillard 5 4. Généalogie simplifiée des rois mérovingiens jusqu à l arrivée de Colomban en Gaule. (D après M. Gaillard) 5. Colomban présentant l abbatiale de Bobbio. (Bobbio, Archivi Storici Diocesani-sezione, Ms 8, XV e siècle, Graduel) 11

8 1 2 LES SOURCES ET L œuvre DE SAINT COLOMBAN Lettre de Colomban à Hunaldus. (Saint-Gall, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 273, p. 38, IX e siècle) Hagiographique Qui relate la vie des saints. Hagiographe : auteur de la vie des saints. Vita, pluriel Vitae Mot latin signifiant Vie : récit biographique de la vie d un saint (ou hagiographie). On se plaint souvent de la pauvreté des sources de l histoire du haut Moyen Âge. Ce n est pas vrai dans le cas de saint Colomban, puisqu on dispose des œuvres du saint, de quelques sources narratives (Chronique de Frédégaire) et de nombreux textes hagiographiques*. Les sources hagiographiques La Vie de saint Colomban et de ses disciples constitue un véritable monument hagiographique. Elle fut rédigée vers 642 par Jonas, natif de Suse (Piémont), entré à Bobbio vers 618, donc après la mort de Colomban, puis devenu assistant de l abbé Bertulfe, qu il accompagna à Rome en 628. Il fut envoyé plus tard en Gaule, peut-être à Luxeuil, puis participa à la mission de saint Amand dans le nord du pays. Il écrivit à la demande de Bertulfe la Vita*, divisée en deux livres, le premier dédié à Colomban, le second à ses disciples Attale, Eustaise, Bertulfe et aux religieuses d Eboriac (Faremoutiers, Seine-et-Marne). Cependant, Jonas ne fait pas œuvre d historien, mais d hagiographe*. C est pourquoi le Colomban qu il présente est bien loin de celui des Lettres. Sur le modèle déclaré de saint Antoine et de ses successeurs, le saint y apparaît comme un ermite guidé par Dieu et dont la sainteté se manifeste par de nombreux miracles, mais aussi comme un prophète intransigeant et charismatique, inflexible envers les grands. Jonas rejette ainsi sur Brunehaut et Thierry la cause de la rupture avec le saint et son exil de Burgondie. C est qu il écrivait à une époque où le pouvoir avait changé de mains et où la situation politique et religieuse était bien différente. Jonas ne parle donc pas des controverses sur la date de Pâques, ni de la querelle des Trois Chapitres*. Il passe aussi rapidement sur la mort du saint et n évoque guère ses miracles posthumes : pour lui, son véritable héritage survivait dans ses disciples, dont il décrit les hauts faits. Jonas a écrit aussi une Vie de saint Vaast et une Vie de saint Jean de Réomé, fondateur et premier abbé de Moutier-Saint-Jean, dans laquelle le mouvement colombanien s unit à l héritage lérinien*. D autres vitae donnent de nombreux renseignements sur les fondations de Colomban et de ses disciples. Ainsi la Vie de saint Agil et celle de sainte Salaberge, longtemps considérée comme carolingienne, mais dont le contenu remonte probablement au VII e siècle (selon H. Hummer et M. Gaillard). Il en est de même de la Vita Amati et de la Vita Romarici. D autres textes, comme les Miracles de saint Walbert, bien que tardifs (X e siècle), donnent une foule d informations topographiques et historiques, délicates à interpréter. Il faut faire une place particulière à saint Gall, disciple éminent de Colomban, dont le dossier comporte trois vitae successives. La plus ancienne (Vetustissima), anonyme, datant des années 680, n est conservée qu en partie, mais elle a servi de base à la rédaction de deux réécritures de la vie du saint dans l esprit de la «Renaissance carolingienne», celle de Wetti ( 824) et vers 833/834 celle de Walahfrid Strabon, la plus accomplie et la plus répandue. 2. Incipit de la Vie de Colomban. (Saint-Gall, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 553, p. 2, IX e siècle) Querelle des Trois Chapitres Débat d ordre théologique et politique qui a divisé la chrétienté entre la seconde moitié du VI e siècle et le milieu du VII e siècle et provoqué un schisme entre certains évêques d Italie du Nord et la papauté. Héritage lérinien Référence à la vie monastique menée sur les îles de Lérins (au large de Cannes) durant les V e et VI e siècles. 13

9 Représentation de saint Colomban. Peinture murale de l église Saint-Pierre-le-Jeune, Strasbourg, XIII e siècle. (Cliché Amis de saint Colomban) L œuvre littéraire du saint Elle a été éditée avec une traduction anglaise par G. S. M Walker, édition qui fait référence, malgré les critiques de nombreux érudits. Il en subsiste un petit corpus de cinq lettres authentiques, dont la transmission est très mince, et qui ne sont connues que par deux transcriptions modernes, celle de Patrick Fleming ( ), érudit franciscain qui transcrivit à Bobbio en 1623 un manuscrit très ancien, mais défectueux, et celle de Jodoc Metzler ( ), un moine de Saint-Gall, à partir d un très ancien manuscrit en écriture irlandaise de Bobbio, où il s était rendu en Les lettres conservées de saint Colomban ont été écrites dans la dernière partie de sa vie, entre 600 et sa mort le 23 novembre 615. À part la quatrième, lettre émouvante et sorte de testament du saint à ses frères de Luxeuil, ces lettres concernent toutes des querelles religieuses : date de Pâques et comportement des évêques (lettres 1, 2, 3), querelle des Trois Chapitres (lettre 5, dans laquelle il reproche vivement au pape d encourager l hérésie). Outre des indications capitales sur la culture et la langue du saint, ces lettres sont les seuls témoignages directs de sa doctrine, où l élément irlandais est encore prédominant. Fleming avait trouvé un second manuscrit très ancien à Bobbio, qui contenait la Règle monastique, un traité des huit vices principaux, le Pénitentiel et treize Sermons (ou plutôt Instructions) authentiques, à portée théologique et morale (+ l Instruction XIV longtemps appelée à tort lettre VI). Le saint y expose à ses disciples sa doctrine sur le salut et le mépris du monde, et une morale exigeante. Quant à la Règle monastique, ce n est pas une règle au sens propre du mot, mais davantage l expression de l idéal monastique de Colomban, fondé sur l obéissance, le silence et la mortification (renoncement à soi). Son chapitre 7 est célèbre pour sa description de l office monastique colombanien. En outre, Colomban est l auteur d une Regula coenobialis, qui règle la vie monastique en quatorze points, formant un diptyque avec la précédente, dont elle est le pendant disciplinaire. Enfin, Colomban a rédigé un pénitentiel en deux parties, désignées A et B : la partie A, ayant peut-être été composée à Bangor (selon T. Charles-Edwards), était destinée aux moines, alors que la B l était au clergé et aux laïcs. On a attribué à Colomban une série de poèmes métriques, comme le Ad Fidolium, mais il est admis aujourd hui qu ils ne sont pas de lui. En revanche, deux poèmes rythmiques lui sont maintenant reconnus : le Mundus iste transibit, dont le ton est proche des Instructions, et l hymne Precamur Patrem sur la vie du Christ et son rôle dans le salut, qui présente des parallèles avec les lettres et est conservé dans l Antiphonaire de Bangor. Il aurait été composé à Bangor par le saint lui-même. Alain DUBREUCQ 4. Vies des saints germaniques, illustration d un épisode de la Vie de saint Gall. (Saint-Gall, Stiftsbibliothek, Cod. Sang. 602, p. 44, XV e siècle) 5. Lettrine C représentant Colomban. (Turin, Biblioteca Nazionale Universitaria, F. II. 22, fol. 1 r., XVI e siècle) 15

10 L Irlande monastique des VI e - VII e siècles. (Données J.-M. Picard, infographie D. Vuillermoz, 2015) Monachisme martinien Forme de vie monastique inspirée des préceptes de saint Martin de Tours. LE MONACHISME IRLANDAIS La forme de monachisme que Colomban et ses compagnons apportent en Franche-Comté dans la dernière décade du VI e siècle reflète un lent développement s étendant sur environ 150 ans. Les premières références au monachisme en Irlande se trouvent dans les écrits que saint Patrick compose dans les années 470. Les «moines et moniales du Christ» qu il mentionne dans ses textes sont issus des élites guerrières irlandaises et semblent avoir eu une vocation missionnaire dans les zones liminaires des royaumes de la partie nord de l Irlande. Le mouvement prend vite de l ampleur, fonctionnant, d une part au sein de l organisation tribale des royaumes irlandais, en parallèle avec la structure épiscopale, et d autre part sur un mode indépendant, avec des communautés installées sur les frontières des royaumes ou sur les petites îles côtières, bien souvent avec l appui et le patronage des dynasties qui aspirent à la royauté suprême de toute l Irlande. Les grands saints irlandais sont des fondateurs de monastères : Enda fondateur de Killeaney dans l île d Aran Mór avant 500 ; Finnian, fondateur de Clonard en 520 ; Ciaran, fondateur de Clonmacnoise en 548 ; Comgall, fondateur de Bangor vers 555 ; Brendan, fondateur de Clonfert en 558 ; Laisrán, fondateur de Devenish vers 560 ; Columba fondateur d Iona en 567 ; Cainnech, fondateur d Aghaboe vers 575. Les modèles utilisés par les Irlandais sont ceux du monachisme des Pères du désert égyptien et de Cappadoce et celui du monachisme martinien*. Les règles originales de ces premiers monastères ne nous sont pas parvenues, mais les versions écrites en irlandais ancien au VIII e siècle indiquent qu il s agissait de collections de maximes de vie plutôt que de règles normatives. En cela, elles sont plus proches des règles anciennes des Pères du désert égyptien et de Cappadoce que de la Règle de saint Benoît. Les préceptes y sont exprimés en termes très simples : «Ne prends pas de nourriture tant que tu ne sens pas la faim. Ne dors pas tant que tu ne sens pas le sommeil. Ne parle à personne tant que ce n est pas absolument nécessaire. Aime Dieu de tout ton cœur, de toutes tes forces. Aime ton prochain comme toi-même.» Règle de saint Comgall de Bangor La journée du moine est traditionnellement répartie en trois activités : prière, travail et lecture. Il s agit d un régime ascétique dur où l individu doit dominer ses désirs et renoncer à son moi pour se consacrer aux autres et à Dieu. Si la priorité est donnée à la prière, l importance du travail est souvent soulignée, non seulement pour subvenir aux besoins du monastère, mais aussi pour aider son prochain en participant activement aux travaux communs. Le régime alimentaire est strict : on fait maigre deux jours par semaine (le mercredi et le vendredi), et six jours par semaine pendant le carême. En revanche, la ration de nourriture doit être augmentée le dimanche et pour les jours des grandes fêtes du calendrier catholique. En outre, l abbé peut décider d accorder plus ou moins de nourriture en tenant compte de la condition de chacun, en particulier des malades et des personnes âgées. L abbé est l autorité suprême du monastère. Il est interdit de sortir de la clôture monastique sans sa permission ; c est lui qui autorise l accès aux divers bâtiments et sections du monastère, tels que le sanctuaire, la cuisine ou le scriptorium. Il est le confesseur de ses moines et c est lui qui prend les décisions concernant la gestion et le développement physique de son monastère. Dans le cas où la communauté essaime, pour des raisons de nombre, de circonstances politiques ou de désir de migration 2. Monastère d Inishmurray. (Cliché National Monuments Service) 17

11 Monastère de Nendrum (Cliché Northern Ireland Environment Agency) vers des lieux plus exigeants, c est encore l abbé qui autorise le départ d une partie de ses moines et qui conserve l autorité sur les nouveaux monastères. Ceci explique le phénomène irlandais de la paruchia monastique, vaste organisation dont le réseau peut s étendre sur plusieurs royaumes en Irlande, Écosse et Grande Bretagne. Par exemple, la paruchia de Columba d Iona comprend non seulement les monastères irlandais de Derry, Durrow, Kells, Swords, distribués sur plusieurs provinces, mais aussi les monastères insulaires écossais d Hinba, Eigg et Tiree. Quand on parle de monachisme irlandais, il faut bien comprendre qu il ne s agit pas d un modèle unique, obéissant à une règle commune et suivant les mêmes usages. En fait, les fondations monastiques irlandaises sont caractérisées par leur diversité. Si les mêmes textes de base sont utilisés (Vie de saint Antoine, Vie de saint Martin, Oeuvres de saint Jérôme et de Cassien), les applications pratiques diffèrent. Les conflits qui opposeront Colomban aux évêques gaulois sur les usages monastiques et la date de Pâques ne lui sont pas particuliers, mais existent aussi en Irlande. Ce n est qu au début du VIII e siècle que les diverses Églises et organisations monastiques irlandaises se mettent d accord sur une date de Pâques commune. Ces différences se retrouvent sur le terrain, dans l organisation de l espace et des bâtiments monastiques. Les textes irlandais insistent sur l importance de l espace sacré, dans lequel seule la présence d hommes saints est autorisée. Dans les petits monastères, le plus souvent localisés dans les îles ou sur les zones frontières, cet espace est défini par une enceinte de pierre, qui peut être parfois un réemploi de l habitat fortifié commun chez les élites guerrières irlandaises (comme à Inishmurray). En revanche, dans les grands monastères de l intérieur et de la partie est de l Irlande, la structure est plus complexe, due surtout à la présence de laïcs qui contribuent à l économie de la communauté monastique. La circulation au sein du monastère de personnes de statuts différents se traduit par l existence de clôtures multiples au centre desquelles se trouve l espace sacré, qui comprend l église et les cellules des anciens du monastère (comme par exemple à Nendrum). Un texte de droit canon irlandais explique clairement la fonction des enceintes multiples : «Il doit y avoir deux ou trois circonscriptions autour d un lieu saint. Pour la première, nous interdisons à toute personne d y entrer, à l exception des saints hommes car les laïcs n y ont pas accès, ni même les femmes, seulement les clercs. Pour la seconde, nous permettons que pénètrent dans ses rues les foules du simple peuple qui ne se livrent guère à la débauche. Quant à la troisième, c est par concession et par coutume que nous n interdisons pas qu y pénètrent les laïcs coupables d homicide et d adultère ainsi que les prostituées.» Collectio Canonum Hibernensis, 44, 5 Les hautes tours rondes qui singularisent le paysage monastique irlandais n apparaissent pas avant le X e siècle. 4 Contrairement à la situation en Gaule, où l Église hérite de l Empire romain des structures hiérarchiques et des bâtiments, le milieu d origine des moines irlandais est très différent de la civilisation de la chrétienté tardo-antique et les textes sont leurs principaux guides pour établir le règne de la nouvelle religion chrétienne. Ceci explique, d une part l étrange correspondance en Irlande entre textes didactiques et réalité archéologique et, d autre part, la perception par les ecclésiastiques continentaux du caractère différent et parfois novateur du monachisme en provenance d Irlande. Jean-Michel PICARD 4. Monastère de Sceilig Michael. (Cliché National Monuments Service) 5. Tour ronde du monastère de Glendalough. (Cliché S. Bully) 19

12 2 1 3 LES MONASTèRES DE CLEENISH island et de BANGOR (irlande) Site du monastère de Cleenish. (Cliché S. Bully) Premières recherches sur Cleenish Selon Jonas de Bobbio, lorsque Colomban «a quitté son lieu de naissance [ ] il est allé chez un homme saint appelé Sinell, qui [ ] était connu des villageois pour sa pitié inhabituelle et sa connaissance des saintes écritures». Le principal saint de Lough Erne, Sinell, avait fondé un monastère à Claoin Inis (Cleenish), une petite île sur un lac appelé le Upper Lough Erne, dans le comté de Fermanagh. On localise traditionnellement le monastère de saint Sinell à l emplacement d un ancien cimetière où sont visibles des fragments de blocs architecturaux médiévaux et d anciennes croix tombales. Les résultats de la prospection géophysique et des sondages archéologiques réalisés en confirment cette hypothèse. En effet, tout autour du cimetière, les prospections géophysiques ont révélé un certain nombre de structures cohérentes avec un site ecclésiastique irlandais précoce. La structure la plus évidente est un large enclos en forme de D, avec une subdivision interne, englobant une surface d environ 160 x 125 m. Le parcellaire des champs et le tracé des chemins, en corrélation avec d autres petits enclos et structures, permettent de suggérer plusieurs phases d occupation. Un sondage archéologique ouvert à l extrémité de l enclos principal (T. 1) a confirmé qu il s agit d un fossé, avec un profil en V, large de 2,80 m pour une profondeur de 1,10 m. La stratigraphie démontre que l essentiel de son comblement provient de l intérieur de l enclos, mais l existence d un talus érodé ou arasé n a pas pu être certifiée. Un os de faune, une aiguille et un couteau en fer ont été retrouvés au fond du remplissage. Une seconde tranchée à l intérieur de l enclos (T. 2) a mis en évidence une fosse peu profonde et un fossé remplis d une riche couche charbonneuse chargée de fragments de pierre brûlée et d ossements d animaux. Le squelette d un homme adulte enterré en décubitus dorsal, les pieds à l est, a aussi été découvert. Les analyses paléo-ostéologiques (réalisées par le Dr. Linda Lynch) ont révélé une mort violente. Des traces de coups et des marques sur ses côtes, son épaule droite et son cou, indiquent qu il a été tué par plusieurs attaquants et qu il fut peut-être aussi décapité. La datation radiocarbone réalisée sur un ossement de ce malheureux donne une fourchette chronologique entre la fin du VI e et le début du VII e siècle. Aussi, ce personnage aurait pu avoir connu Colomban ou, tout du moins, des personnes qui le connaissaient... Sa mort rappelle que la vie dans le «pays des saints et des savants» n a pas toujours été pacifique, et que des raids sur les monastères ont eu lieu bien avant l arrivée des Vikings. Ros O Maolduin Roseanne Schot Conor Newman 2. Localisation des deux monastères irlandais. (Infographie D. Vuillermoz) 3. Carte géophysique du site de Cleenish. (Relevé des auteurs) 4. Tombe d homme du VII e siècle découverte à Cleenish. (Cliché R. O Maolduin) 21

13 évocation du monastère haut médiéval de Bangor. Maquette présentée au musée de Bangor. (Cliché S. Bully) Fouilles archéologiques à l abbaye de Bangor L abbaye de Bangor, dans le Comté de Down (Ulster), est un des monastères les mieux documentés après Armagh. De récents travaux d agrandissement de la salle paroissiale, construite dans l emprise de l ancienne abbaye de Bangor, ont donné l opportunité d évaluer la richesse archéologique du site. La surveillance et la fouille ont mis en évidence une occupation préhistorique du site, mais, surtout, les recherches ont fourni de précieuses données pour le haut Moyen Âge et l époque médiévale. Ces résultats renforcent l hypothèse qu il s agit du site de l implantation originale du complexe ecclésiastique fondé par saint Comgall en 558 et qui accueillit Colomban durant de nombreuses années avant son départ en Gaule. Le plus sérieux indice de l implantation du complexe monastique à cet emplacement est donné par la découverte d un fossé linéaire, daté par radiocarbone entre le VII e et le X e siècle, et de deux fosses. La première fosse n a pas livré de mobilier datable, mais la seconde a été datée par radiocarbone entre le XI e et le XIII e siècle, datation renforcée par la découverte de céramique du milieu du XIII e siècle. Parmi les artefacts associés à cette structure, on note aussi la présence de céramiques datées du VI e au XIV e siècle, d un stylet métallique médiéval, de différents objets en pierre, notamment une meule, d os d animaux issus de rejets de boucherie et de matériaux organiques comme des noisettes. Un grand nombre de sépultures a également été découvert ; l espace funéraire présentait une certaine organisation et tous les défunts étaient enterrés la tête à l ouest selon la tradition chrétienne. Les inhumations successives ont provoqué des perturbations et des recoupements de tombes, mais c est surtout la construction de la salle paroissiale dans les années 1950 qui est à l origine de la destruction et du déplacement d un nombre considérable de sépultures. Seule une petite partie du vaste espace funéraire a été fouillée ; deux sépultures ont été datées par radiocarbone entre le XIII e et le XIV e siècle. L image que révèlent les données archéologiques est celle d une occupation du haut Moyen Âge qui évolua vers une communauté monastique prospère au bas Moyen Âge. L établissement avait ses propres biens, broyait son propre grain, possédait des ateliers de métallurgie. Il devint un centre d apprentissage et de connaissance où des manuscrits étaient copiés. Eoin Halpin 6. Ancienne église du monastère médiéval de Bangor, actuel temple. (Cliché S. Bully) 7. Vestiges du monastère médiéval de Bangor. (Cliché E. Halpin) 8. Cadran solaire du haut Moyen Âge provenant de l ancienne abbaye de Bangor. (Cliché S. Bully) 23

14 LE MONaSTèRE DE BOBBIO (ITALIE) 4 4. Bobbio, musée de l Abbaye. Dalle funéraire de l évêque irlandais Cumianus (première moitié du VIII e siècle). (Cliché F. Lovera) Bobbio, le «pont romain» sur la Trebbia. (Cliché E. Destefanis) 2. Le patrimoine foncier de Bobbio. (Élaboration E. Destefanis) 3. Bobbio, l église Saint-Colomban aujourd hui. (Cliché E. Destefanis) Un monastère et ses origines La fondation de Bobbio par Colomban vers 613 représente un tournant dans l histoire du monachisme italien du haut Moyen Âge puisqu il s agit du premier monastère de l époque lombarde pour lequel on dispose de sources écrites fiables. La communauté implanta ses bâtiments sur un terrain concédé par une donation royale du souverain lombard Agilulphe. L ensemble s élève dans une vallée fertile des Apennins, le long d une importante route romaine qui reliait Plaisance avec Gênes et la Méditerranée. En outre, Bobbio était un véritable carrefour routier où l ancienne voie romaine nord-sud recoupait une autre route importante reliant Pavie la capitale du Royaume lombard et Milan avec les cols des Apennins qui mènent en Toscane, en Italie centrale, à Rome, puis vers les ports des Pouilles d où l on pouvait s embarquer pour le Proche-Orient (et la Terre Sainte). On ne connaît pas la nature de l occupation du site avant l arrivée de Colomban, bien que des indices laissent suggérer l existence d une agglomération et que tout le territoire conserve des vestiges d une occupation romaine jusque dans l Antiquité tardive. Ces indices d occupation antérieure s accordent bien avec la mention de Jonas relatant la présence d une église dédiée à Saint-Pierre, en état d abandon à l arrivée de Colomban et de ses moines. Cette ancienne église Saint-Pierre devint ainsi le premier lieu de culte de la communauté. Le haut Moyen Âge : la grande expansion L abbaye se développa sans interruption durant tout le haut Moyen Âge ; jouissant de la faveur des rois lombards, puis des empereurs carolingiens un de ses abbés, Wala (vers ), faisait partie de la famille de Charlemagne, elle devint l une des plus importantes fondations monastiques de l Occident européen. Le IX e siècle représente sans aucun doute l une des périodes les plus florissantes pour l abbaye : son patrimoine foncier est alors dispersé sur un immense territoire allant de la mer Adriatique jusqu au lac de Garde, du Piémont jusqu à la Toscane. En dépit de l absence de données sur l architecture des premières phases du monastère dans l état actuel de la recherche, on conserve cependant d importants témoignages du haut Moyen Âge : c est le cas de dalles funéraires du VIII e siècle et de pièces de mobilier liturgique, notamment carolingiennes, qui attestent de la très haute qualité des ateliers qui travaillaient pour l abbaye. La conservation à Bobbio d un reliquaire irlandais du VII e siècle, des fameuses ampullae*, comme des médaillons et des eulogiae* à jeton provenant des lieux saints du Proche-Orient, témoigne du statut du monastère : celui d un important sanctuaire sur les routes de pèlerinage international en raison de la présence du corps vénéré de saint Colomban. Une intéressante production de briques et de tuiles, portant des inscriptions avec des noms germaniques, est également bien documentée par un grand nombre d éléments 5. Bobbio, musée de l Abbaye. Reliquaire irlandais. (Cliché T. Chenal) 6. Bobbio, musée de l Abbaye. Médaillon du sanctuaire de Saint-Siméon Stylite. (Cliché F. Lovera) Ampullae Petites fioles en terre cuite ou en métal (plomb ou argent) dans lesquelles on conservait de l eau bénite, des huiles saintes ou toute autre relique à l issue d un pèlerinage. Eulogiae Petits jetons en terre cuite ou en métal, conservés en souvenir de l eucharistie reçue lors d un pèlerinage dans un lieu saint. 25

15 Bobbio, découverte de la façade de l église romane et de l escalier qui conduisait à la nef centrale. (Cliché D. Casagrande) 8. Bobbio, musée de l Abbaye. Brique portant une inscription du haut Moyen Âge. (Cliché E. Destefanis) 9. Travo, Sant Andrea. Brique portant une inscription et un décor du haut Moyen Âge (tombe 40). (Cliché R. Conversi) Abbatiat Fonction occupée par un abbé à la tête d un monastère. malheureusement hors-contexte. Mais on pressent qu elle provenait sans doute de l ensemble abbatial. L archéologie au monastère On ne dispose pas d information à ce jour sur les structures matérielles, bien que la Vita Columbani indique une organisation assez élaborée dès les premières décennies, avec une enceinte, des bâtiments monastiques et des édifices utilitaires. Sous l abbatiat* carolingien de Wala, l ensemble monastique est très complexe, avec plusieurs espaces d accueil et la présence d artisans spécialisés. Un large sondage archéologique, réalisé par la Soprintendenza Archeologia dell Emilia-Romagna et l Università del Piemonte Orientale, dans le cadre du Projet Making Europe : Columbanus and his Legacy, ouvert au mois de février 2015 dans la nef centrale de l ancienne abbatiale Saint- Colomban, a apporté des données importantes et inédites. La fouille a en effet mis en évidence la fondation du mur de façade de l église romane, l escalier qui permettait l accès à la nef centrale et les vestiges d un portail qui devait être richement orné si l on en juge par les nombreux fragments de stuc et d enduit peint. Des matériaux, sans doute datables du haut Moyen Âge, ont également été mis au jour. L archéologie dans le territoire : la vallée du Trebbia Un peuplement dans la vallée du Trebbia est bien attesté depuis les premières phases de la romanisation jusqu à l Antiquité tardive. Ce territoire est touché dès la fin du VI e siècle par l arrivée des Lombards qui remontent progressivement la vallée et s implantent également dans les vallées toutes proches du Tidone et du Nure. Un apport essentiel à la connaissance de l occupation de cette région a été fourni par la fouille du site de Saint-André de Travo, où un habitat avec des bâtiments en bois et en dur, ainsi qu une vaste nécropole de 117 tombes ont été mis au jour. Le site a été occupé de l Antiquité tardive jusqu au haut Moyen Âge : durant cette période, la phase comprise entre le milieu du VII e et le milieu du VIII e siècle a représenté un important tournant. Quelques tombes étaient construites avec des briques portant des inscriptions (assez rares dans un contexte funéraire), associées à un motif décoratif particulier qui trouvent d intéressantes comparaisons avec quelques objets retrouvés à Bobbio (hors-contexte) et à Pianello, dans la proche vallée du Tidone. Ces éléments suggèrent des relations étroites entre tous ces sites et mettent en valeur le rôle probablement joué par le scriptorium de Bobbio. Les sources écrites, le contexte et la datation du mobilier mis au jour à Travo démontrent que le site était assurément dans le temporel du monastère de Bobbio. Eleonora DEstefanis Roberta Conversi 10. Travo, Sant Andrea. Plan du site fouillé. (Soprintendenza Archeologia Emilia-Romagna, élaboration R. Conversi) 27

16 AU PIED DES VOSGES, DE NOUVELLES RECHERCHES Luxeuil-les-Bains, place de la République. Sarcophage mérovingien en cours de fouille. (Cliché S. Bully) 28 29

17 Principales voies antiques du nord de la Franche-Comté autour de Luxeuil. (Carte C. Card) 2. Statuette de génie des II e -III e siècles (?) provenant probablement du laraire* d un habitat. Fouilles place de la République. (Cliché S. Bully) 3. Cheminée d angle d un habitat antique place Saint-Pierre ; la sole foyère est constituée de tegulae* en remploi. (Cliché S. Bully) Laraire Dans l Antiquité, autel domestique ou sorte de petit sanctuaire destiné au culte des lares, les dieux des foyers. Tegula, pluriel tegulae Mot latin désignant dans l Antiquité une tuile plate qui servait à couvrir les toits. Cité Dans l Antiquité, communauté politique et économique formée par un chef-lieu et son territoire. L AGGLOMÉRATION ANTIQUE DE LUXOVIUM Depuis le XVIII e siècle, des dizaines d ouvrages ont été publiées sur Luxeuil, relatant des découvertes dans l établissement thermal à l occasion de travaux, ou faisant état d études plus synthétiques sur l agglomération antique, sur la sculpture funéraire, ou sur la production des ateliers de potiers du Chatigny. Mais les résultats des recherches en archéologie préventive et programmée de ces dix dernières années complètent de manière conséquente nos connaissances, en particulier pour le Bas- Empire. Une agglomération au pied des Vosges méridionales L antique agglomération de Luxovium était située au nord de la Séquanie, au pied du massif vosgien. Au sud de Luxeuil passait une voie importante qui venait de Langres et se dirigeait vers les frontières du Rhin par la trouée de Belfort. Une voie reliait Luxeuil à Langres en traversant Corre et Bourbonneles-Bains, et une seconde menait aux deux principales agglomérations séquanes, Vesontio (Besançon), la capitale de cité*, et Epomanduodurum (Mandeure). Une autre voie de moindre importance, dont un tronçon a été fouillé au nord de Luxeuil, permettait une liaison avec la station thermale antique de Plombières. L agglomération était donc idéalement placée pour contourner par le sud la montagne vosgienne et faire communiquer la haute Alsace avec les plateaux lorrains ou champenois. Un sanctuaire thérapeutique autour de sources chaudes Si l origine de Luxeuil est certainement liée à la présence de sources thermales, nous n avons pas de preuves archéologiques d une occupation antérieure à la période gallo-romaine. La découverte d ex-votos de tradition celtique à la source Martin et de statuettes en bronze italo-étrusques plaident cependant pour l existence d un sanctuaire de source antérieur à la conquête. Il faut attendre la période claudienne pour que se développent un réseau viaire et une agglomération. La ville va s agrandir autour du sanctuaire thérapeutique tout au long des I er et II e siècles pour couvrir une surface d environ 35 ha. Le complexe thermal antique s étendait sur plus d un hectare selon un plan en U ; les piscines et autres salles se trouvent sous l établissement thermal actuel, sauf un bassin/captage de source découvert en 1991 à l angle de la nouvelle piscine couverte. L habitat urbain On connaît l habitat urbain principalement à travers les fouilles menées dans le quartier du «Haut Bourrey» et sur les places du centre-ville. Au «Haut Bourrey», les constructions légères à ossature bois de la seconde moitié du I er siècle vont céder la place au II e siècle à des maisons maçonnées possédant des pièces chauffées par hypocauste*. Sur les places de la République et Saint-Pierre, un habitat en dur, parfois chauffé par des cheminées, est établi dès 4. Habitat urbain de la seconde moitié du II e siècle doté de cheminées, en cours de fouille, place de la République. L habitat antique fut ensuite perturbé par l église paléochrétienne et les tombes. (Cliché S. Bully) Hypocauste Système de chauffage par le sol formé par une dalle soutenue par des pilettes, sous laquelle circulait l air chaud provenant d un foyer. 31

18 Pendentif en sigillée du II e siècle représentant Hercule filant la laine au pied d Omphale, découvert dans la fouille de la place de la République. Les poinçons utilisés pour la réalisation de cet objet appartiennent au répertoire luxovien de l atelier du Chatigny. (Cliché M. Aubry-Voirin) 6. Fouille d un habitat du Haut- Empire au quartier du «Haut Bourey». (Cliché C. Card) 7. Monnaie de Constantin I er ( ) découverte lors de la fouille de la place de la République. (Cliché P. Gode) le milieu du i er siècle et se développera en plusieurs phases jusque dans les années 350. en de nombreux points de la ville, des sondages ont révélé ce même type d habitat en bandes, c est-à-dire organisé en quartier le long de rues qui définissent une trame urbaine irrégulière. Un sondage archéologique ouvert dans le cloître de l abbaye en 2006 a mis au jour une large abside datée des années 100 ap. J.-c., et des prospections géophysiques indiquent la présence d un massif quadrangulaire (socle de statue?) dans son axe, ainsi que diverses pièces. ces nouvelles données témoigneraient de l existence d un second pôle monumental dans l agglomération, à l opposé du secteur thermal. Une activité artisanale majeure : la céramique de Luxeuil l agglomération voit se développer dans la seconde moitié du i er siècle un artisanat de la poterie. Divers travaux sur la colline du chatigny en 1950 ont engendré la destruction de la majeure partie des vestiges d un atelier de potiers qui aurait occupé une surface d un hectare. Deux secteurs épargnés par les destructions ont été fouillés entre les années 1978 et 1992, révélant deux séries de fours : la première, située au sommet de la colline comporte neuf fours ; l autre, se trouve à une centaine de mètres au sud-ouest, dans l actuel cimetière de la ville et regroupe quatre fours. on trouve systématiquement associés un gros four et un petit four qui prennent place autour d une aire de chauffe commune. les études archéomagnétiques engagées sur les dernières cuissons ont déterminé plusieurs datations situées dans le dernier quart du ii e siècle. l intérêt scientifique et patrimonial des vestiges a permis le classement des fours gallo-romains au titre des monuments historiques en 1986 et la réalisation d un aménagement muséographique. Pour des raisons de nuisance, il est possible que les potiers aient installé leurs fours dans un secteur qui leur a été attribué en bordure orientale de la ville. mais les publications anciennes décrivent la découverte, dans le parc des thermes, d un bassin au plancher en bois qui contenait une quantité d argile très pure, ainsi que deux pièces de bois interprétées comme des outils de potiers. Un second artisanat bien attesté est celui des tailleurs/sculpteurs de pierre. avec plus de 80 stèles funéraires découvertes à luxeuil, et pour partie présentées au musée de la tour des échevins, il s agit de la plus importante collection de franche-comté. Les turpitudes du Bas-empire l agglomération va être profondément affectée par les crises de la fin du ii e et du iii e siècle : si l établissement thermal semble, au vu des séries monétaires, toujours en activité au iv e siècle, la majeure partie de l habitat est désertée et les potiers arrêtent leurs productions. la ville se serait repliée à l intérieur d un castrum, dont une partie des fondations de la muraille aurait été découverte en 1845/1847 en creusant la cave d une maison rue Jean Jaurès actuelle rue gilles cugnier. l emprise et la réalité topographique de ce castrum, mentionné dans la Vie de saint Colomban au Vii e siècle, restent cependant difficiles à établir. les interventions archéologiques, menées sur les places de luxeuil ces dernières années, confirment néanmoins que le secteur correspondant au centre-ville actuel était encore en partie habité lors de l installation des moines à la fin du Vi e siècle. 9 Christophe CARd Sébastien BULLY 8. Vue générale de la fouille des fours de potiers du Chatigny. (Cliché P. Kahn) 9. Raté de cuisson d une forme Drag 37 issu de l atelier du Chatigny et exemples de formes produites à l atelier du Chatigny hors céramique sigillée. (Cliché C. Card, dessins d après C. Card) 33

19 1 2 3 LUXEUIL : D UN COMPLEXE ECCLÉSIAL PALÉOCHRÉTIEN AU GRAND MONASTÈRE DU HAUT MOYEN ÂGE Zones prospectées par géophysique sur le plan du centre-ville de Luxeuil-les-Bains, correspondant à l emprise du monastère. (Cartes de F. Chuc, V. Cachier, R. Schot, G. Dowling, infographie D. Vuillermoz, B. Bregu et L. Fiocchi, d après S. Bully) Mille Ancienne mesure de longueur de distance. Mille romain = mille pas (1481,5 m). es plus récentes recherches historiques L.tendent à considérer que la fondation de l abbaye de Luxeuil serait intervenue deux à trois années seulement après l arrivée des Irlandais à Annegray dans les années 593. Selon Jonas de Bobbio, Colomban «[ ] se mit à songer qu il lui fallait chercher dans le même désert un emplacement meilleur [qu Annegray], pour y construire un monastère. À quelques huit milles* de là, il trouva un ancien poste militaire qui avait été très solidement fortifié. Il s appelait autrefois Luxeuil. Il y avait là des eaux chaudes, entourées de beaux bâtiments. Il y avait aussi, dans la forêt voisine, quantité de statues de pierre, que les païens de l ancien temps honoraient d un culte misérable et de rites profanes, leur offrant des sacrifices au cours de cérémonies abominables. Le lieu n était plus fréquenté que par les animaux et les bêtes sauvages, une multitude d ours, de buffles et de loups. C est là que le grand homme s installa et se mit à construire un monastère [ ]». Au-delà du lieu commun de l installation dans le «désert», les recherches archéologiques réalisées ces dernières années dans le centre-ville engagent une relecture en profondeur des conditions de l installation des premiers moines en démontrant une continuité d occupation de l agglomération entre l Antiquité et le haut Moyen Âge, la présence d une première communauté chrétienne, et une réutilisation de monuments paléochrétiens et antiques par le monastère. L apport principal des dernières recherches archéologiques : les premières églises Reconstruite au XI e siècle puis au XIII e siècle, on ne sait rien de l église principale du monastère, Saint-Pierre, qui aurait été érigée par Colomban et agrandie par son premier successeur Eustaise ( ), dont le tombeau pris place derrière l autel. Seules quelques observations consignées au moment de travaux en 1890 font état de la présence de tombes anciennes sous bâtière et sarcophages?, de sols en mortier de tuileau et de murs d une église ou de constructions antiques antérieures et, plus largement, d une puissance stratigraphique de près de 4 m par endroits, ce que confirment les prospections géophysiques. Une construction en opus africanum* sur la place de la Baille En revanche, c est à l emplacement de la place de la Baille, bordant le flanc nord de Saint-Pierre, que des sondages archéologiques ouverts en 2006 et 2007 ont révélé un édifice de 14,25 m de largeur pour une longueur supérieure à 21 m. Le mur sud, mis au jour sur un segment d environ 9,50 m, se caractérise par le remploi de gros blocs antiques régulièrement disposés, à la manière d un opus africanum*. Le sol primitif était formé d un épais mortier de tuileau, recoupé par des inhumations et supportant un feuilletage de sols postérieurs témoignant d une longue durée d utilisation et d un espace couvert. La stratigraphie, le mode de construction, le monnayage et 2. Vue générale des sondages sur la place de la Baille ; l ancienne église Notre-Dame gothique et son cimetière bordaient la place à l est. (Cliché S. Bully) 3. Plan partiel de la première église Sainte-Marie (?) avec les inhumations du haut Moyen Âge d après les sondages ouverts sur la place de la Baille. (Dessin L. Fiocchi, C. Gaston et M. Dupuis, d après S. Bully) Opus africanum Technique de construction de l Antiquité tardive (dans nos régions) remployant des blocs de grand appareil afin de former des chaînages verticaux disposés régulièrement. 35

20 Relevé de la plate-tombe du VIII e siècle découverte dans l église Sainte-Marie (?) lors du sondage de (Dessin C. Gaston, Inrap) 5. Couvercle du sarcophage carolingien inscrit [HIC E TUMUL ACTARII] découvert dans l église Sainte-Marie (?) lors du sondage de (Cliché M. Dupuis) Épitaphe Inscription funéraire. les datations radiocarbone indiquent une construction de l Antiquité tardive avec une importante probabilité dans les 2 e et 3 e tiers du V e siècle. En dépit de la réserve imposée par l absence d un plan, et plus globalement d une fouille exhaustive, il s agit manifestement là d un monument majeur pour la connaissance du Luxeuil de l Antiquité tardive. Les quelques exemples connus au nord des Alpes de monuments construits en opus africanum appartiennent tous à un complexe architectural élaboré : épiscopal, comme c est le cas de la cathédrale nord de Genève et à Tournai, ou ecclésial, comme à Kaiseraugst et à Bonn. L ensemble de ces informations nous conduit à émettre l hypothèse d un premier édifice paléochrétien, peut-être déjà dédié à la Vierge, dont on ne peut exclure qu il prenait place dans un complexe plus étendu, avant d être investi par le monastère au VII e siècle, période à laquelle apparaissent les premières sépultures en sarcophage dans l église. Les inhumations se sont poursuivies à l époque carolingienne en sarcophages et sous plate-tombe et au moins jusqu aux XI e -XII e siècles, comme le montrent des tombes maçonnées avec niches céphaliques. Le contexte des inhumations, leur nature, et une épitaphe* gravée sur le couvercle d un sarcophage carolingien plaident en faveur de tombes monastiques. C est seulement au début du XV e siècle qu une église Notre-Dame, connue par des textes et des plans d archives, fut reconstruite à l emplacement de l édifice de l Antiquité tardive. Le bâti actuel de l ancien tribunal conserve des élévations du mur gouttereau nord. À moins d une trentaine de mètres au sud-ouest du «bâtiment en opus africanum», des sondages ouverts en 1989 et un suivi de travaux sur la place Saint-Pierre en 2007 signalent également la présence de sols et d une maçonnerie remployant des blocs antiques, datés des V e -VI e siècles. C est dans ce secteur du centre-ville, entre les places de l Abbaye et Saint-Pierre, de part et d autre de la rue Victor Genoux, que l on pourrait localiser le castrum du Bas-Empire, dans lequel, ou en bordure duquel, fut implanté le monastère primitif. L église Saint-Martin de la place de la République En revanche, la fouille programmée menée place de la République entre 2008 et 2010 a permis d établir que cet espace devait être à l extérieur du castrum. En effet, le quartier d habitation du Haut-Empire a été abandonné au milieu du IV e siècle, avant d être rapidement réinvesti par une nécropole au sein de laquelle on identifie une structure de type mausolée ou enclos funéraire du début du V e siècle. Puis, c est dans la nécropole du Bas-Empire que fut édifiée une basilique funéraire entre la fin du V e et la première moitié du VI e siècle. La basilique paléochrétienne est à l origine de l église Saint-Martin, qui apparaît dans les sources écrites pour la première fois au début du IX e siècle et qui fut détruite 6. Extrait du plan cadastral : emprise hypothétique du castrum. (Dessin D. Vuillermoz, L. Fiocchi, d après S. Bully) 37

21 Plans phasés simplifiés de l église Saint-Martin paléochrétienne (état 3) et mérovingienne (état 4). (Dessins L. Fiocchi et équipe de fouille, d après S. Bully) ad sanctos Se dit des inhumations auprès des corps saints ou de leurs reliques. à la fin du XVIII e siècle. Reconstruite et restaurée selon un plan quasi identique à deux reprises durant le haut Moyen Âge, avant d être réduite au XV e siècle à la suite d un incendie, les maçonneries primitives de l édifice paléochrétien ne se laissent pas reconnaître facilement. Cependant, quelques vestiges de maçonneries, des négatifs de murs et surtout la disposition des nombreux sarcophages permettent de restituer le plan d une église qui mesurait environ 19,30 m de largeur par 26,80 m de longueur minimum. Elle adoptait un plan dit en tau, c est-à-dire que la nef centrale ouvrait sur une abside quadrangulaire à chevet plat accostée d annexes latérales. Caractéristique de l est de la France et des régions alpines entre le V e et le VII e siècle, son plan se distingue cependant par la présence de bas-côtés. L emprise limitée de la fouille ne permet pas d exclure que les bas-côtés étaient encore bordés de portiques funéraires et qu un vestibule aligné sur la principale rue antique (actuelle rue Victor Genoux) précédait la façade. La nef, comme le chœur, et probablement les bas-côtés, accueillent un très grand nombre de sarcophages remployant parfois des stèles funéraires gallo-romaines comme cuves ou comme couvercles et de plus rares tombes maçonnées contemporaines ; au chevet, des tombes en coffrage mixte ou en coffre de bois sont également datées de la même période par le radiocarbone. Dans un second état daté entre la seconde moitié du VI e et le début du VII e siècle par des analyses radiocarbone, une salle de plan quadrangulaire a été greffée contre le chevet de la basilique funéraire. La disposition et l architecture de cette adjonction permettent de l interpréter comme une crypte externe non hypogée, probablement voûtée, correspondant à la crypta mentionnée dans des sources textuelles du X e siècle et dans laquelle fut inhumé l abbé Valbert en 670. Dans une première phase, les parements internes étaient animés par un remarquable décor de niches séparées par des pilastres. Un sarcophage de plan trapézoïdal était disposé le long du mur nord, et un second est restitué le long du mur sud ; un troisième sarcophage, que l on proposera être celui de Valbert avant sa translation dans l annexe nord de l église à la fin du haut Moyen Âge, devait être présenté sur une sorte de banquette bordant le mur chevet de la crypte. La construction de la crypte, puis l inhumation de saint Valbert, sont à l origine du développement d un cimetière monastique ad sanctos* à son chevet, se caractérisant par le déploiement de nombreux sarcophages, particulièrement bien conservés. Huit couvercles portent une inscription avec le nom des défunts, complet ou abrégé. Les bâtiments monastiques : un volet de la recherche à peine esquissé Mais au-delà de la découverte des édifices de culte, nous ignorons encore à peu près tout des édifices du monastère fondé par Colomban. La Vita Colombani évoque quelques bâtiments réfectoire, cellier, 8. Découverte en 2008 d une stèle funéraire antique en remploi comme couvercle d un sarcophage des années 400 sur la place de la République. 9. Sarcophages dans l enclos funéraire/mausolée en cours de fouille sur la place de la République. (Clichés M. Dupuis) 39

22 Vue générale depuis l ouest de la crypte externe de l ancienne église Saint-Martin (en cours de fouille en 2008) ; l autel appartient à une phase postérieure de l an mil. (Cliché S. Bully) 11. Détail d un couvercle de sarcophage inscrit au chevet de la crypte dite de saint Valbert (Cliché. M. Cauševic-Bully, ˇ 2009) grenier, hôtellerie, une église (Saint-Pierre?) avec un atrium* qui ne suffisent pas à en connaître l organisation à ses débuts. Les constructions monastiques des origines comme médiévales sont à chercher sous les bâtiments et les cours de l abbaye reconstruite à l époque moderne. C est ce qu indique les prospections géophysiques réalisées ces dernières années et un sondage archéologique à l emplacement du cloître gothique qui a révélé un vaste édifice galloromain à abside transformé et réutilisé à l époque mérovingienne. Un nouvel éclairage sur les origines du monastère emporté dans leur exil gaulois leurs usages liturgiques et leurs coutumes, l interprétation des données archéologiques semble indiquer que le choix du cadre monumental fut plus pragmatique. Colomban et les premiers moines s installèrent dans un complexe paléochrétien des V e -VI e siècles qui devait dépendre alors de l évêque diocésain siège d un vicaire ou d un archiprêtre à la tête d un collège de clercs, à moins qu il ne se soit agi d un évêché éphémère. Tous ces éléments dessinent en filigrane une topographie monastique primitive avec trois églises, héritée d une topographie chrétienne séculière où l on serait bien en peine de déceler, dans l état actuel de nos connaissances, la moindre influence des origines irlandaises de la première communauté. Au VII e siècle, les abbatiats d Eustaise et de Valbert, successeurs de Colomban, ont marqué une période d apogée de l abbaye : de nombreux évêques y furent formés, les missions évangélisatrices des disciples fondations et son scriptorium rayonna, notamment grâce à la fameuse «écriture de Luxeuil». Les vestiges archéologiques nouvellement découverts dans le centre-ville, au nombre desquels on compte désormais les nombreux sarcophages, sont autant de témoignages «dans la pierre» de la grande époque de l abbaye de Luxeuil. Atrium, pluriel atria Les principaux apports des dernières recherches restent donc l éclairage porté sur Aurélia Bully Morana Cauševic-Bully ˇ Lieu d accueil et de distribution des espaces, formé d une cour centrale une topographie chrétienne à Luxeuil entourée d un portique. Les antérieure à la fondation du monastère, 12. Carte des fondations atria bordent généralement monastiques dans l espace franc les cathédrales et parfois des et sur la réutilisation d édifices antiques entre la fin du VI e et la fin du églises dans l architecture et antiques tardifs par l établissement VII e siècle. paléochrétienne et haut (Infographie D. Vuillermoz, médiévale. monastique. Si les sources écrites indiquent que Colomban et ses disciples ont de Colomban conduisirent à de nouvelles G. Moyse) d après M. Gaillard, F. Prinz et Sébastien Bully

23 1 3 2 UNE CARRIèRE DE SARCOPHAGES à SAINT-VALBERT 4 L 1. Localisation de Saint-Valbert e site, considéré traditionnellement découverte a permis d engager une étude tions ont délimité une zone d extraction au cœur de la carrière. La découverte 3. Saint-Valbert, secteur de en Haute-Saône. l ermitage. Localisation des blocs comme l ermitage de l abbé mérovingien Valbert, et la carrière de sarcophages, grès pour la fabrication de sarcophages au secteur plus dense en découvertes, au nord- le choix de l emplacement de deux des son- archéologique sur un site d extraction du recouvrant une surface d environ 7 ha. Un d encoignures de plan trapézoïdal a favorisé (D après S. Bully, taillés et des fronts de taille de fond de carte D. Vuillermoz) la carrière. (Relevé et carte A. Mougin) récemment découverte à proximité, sont haut Moyen Âge. La proximité de plusieurs monastères mérovingiens, dont plus siècle, se caractérise par la présence d une de denses traces de taille au pic sur un front est des bâtiments de l ermitage du XVII e dages, le troisième a été établi en fonction 2. L ermitage dit de saint Valbert (au centre) est aménagé dans situés dans la forêt du Banney sur la commune de Saint-Valbert, à 5 km au nord de particulièrement celui de Luxeuil, laisse 4. Fouille d un front de taille une petite grotte artificielle dans un sondage. témoignage de l extraction du dizaine de fronts de taille ainsi que d une d extraction. Le recoupement des cartes (Cliché A. Mougin) grès dans laquelle on pénètre Luxeuil. Cette zone fait partie des collines entrevoir des liens directs entre les besoins soixantaine de blocs taillés, dispersés en issues de la prospection et des résultats des par un aménagement de sous-vosgiennes marquées par une dense des communautés monastiques et cette l époque moderne ; la datation contrebas des fronts de taille. Ces chiffres sondages indique que l on est en présence traditionnelle de l ermitage au végétation de feuillus ; ses reliefs variés, production de sarcophages. ne représentent pas la totalité des vestiges d un mode d exploitation en tranchées, VII e siècle ne repose sur aucune donnée historique ou archéologique assurée. giques présentes, à la jonction des plaines Les données de l archéologie récente ils nous en indiquent l ampleur. bancs de grès. Des négatifs d arrachements Encoignure ainsi que les diverses constitutions géolo- d extraction présents dans la carrière, mais disséminées selon les affleurements des (Cliché S. Bully) Petit creusement au pic ou à de Haute-Saône et des premiers massifs Deux campagnes de prospections pédestres L inventaire des vestiges de taille permet de blocs ainsi que de nombreuses traces la pointe dans la roche, destiné à insérer un coin pour vosgiens, ont nettement favorisé l implantation de carrières de grès, notamment abords de l ermitage de Saint-Valbert. La la chaîne opératoire de l extraction de la dons de certains fronts de taille, alors en ont été engagées en 2013 et 2014 aux de déterminer une typologie complète de préparatoires révèlent des phases d aban- l extraction d un bloc. celle de Saint-Valbert exploitée au moins carrière se développe sur une légère pente pierre, avec des traces d encoignures*, des cours d exploitation, lorsque la qualité du Havage Tranchée creusée au pic ou à depuis le haut Moyen Âge jusqu à l époque en direction d un cours d eau nommé «La tranchées d encoignures, des saignées de grès rencontré n est plus satisfaisante. De la pointe dans une roche afin moderne. Rôge». Avec un inventaire de 108 blocs havage* et des traces de l exploitation au pic. nombreux blocs taillés, comme certaines d extraire des blocs. Identifiée en 2009, cette carrière reste taillés et de 10 fronts de taille (sans compter À l issue des prospections pédestres, trois traces de tailles, permettent de supposer 42 à ce jour unique en Franche-Comté. Sa les blocs erratiques exploités), les prospec- sondages archéologiques ont été implantés que l exploitation de la carrière n a pas été 43

24 Exemple d encoignures et de saignée de havage sur un bloc erratique. 6. La Roche du Diable en contrebas de l ermitage : un sarcophage en cours d extraction. (Clichés A. Mougin) uniquement consacrée à la fabrication de sarcophages. Certains négatifs dans les fronts de taille laissent supposer l extraction de blocs de grand appareil, mais il est impossible de déterminer si les différentes productions sont contemporaines. Les outils utilisés et caractérisés ne sont pas très diversifiés, mais ils restent l outillage majoritairement utilisé par les carriers. On notera la découverte exceptionnelle d un coin et d un fragment de pic en fer, tous deux encore fichés dans la pierre. Une carrière liée au grand monastère de Luxeuil forte densité de vestiges. Malgré l ampleur du site, il est probable que la carrière de sarcophages ait fonctionné selon des besoins ponctuels, probablement entre le VI e et le VIII e siècle, période de production des sarcophages monolithiques en grès dans la région. Il n est pas à exclure, qu à l instar d autres sites carriers connus en France, le site de Saint-Valbert ait été exploité durant l Antiquité, mais aucune trace d habitat en lien avec la carrière n a été décelée, ce qui ne facilite pas son attribution chronologique. Les sources d archives stipulent cependant que la carrière fait partie du temporel de l abbaye de Luxeuil. Une charte de Charlemagne, considérée comme un faux rédigé entre 1123 et 1201, cite en effet Luxeuil aux côtés des monastères d Annegray et de Fontaine. On peut désormais s interroger sur l ancienneté de l ermitage dans la forêt du Banney. En effet, s agit-il réellement du lieu de retrait du monde de l abbé de Luxeuil au VII e siècle? Ou alors cette tradition est-elle une forme de résilience des origines ou du développement de la carrière de sarcophages sous l abbatiat de Valbert, à un moment où l abbaye de Luxeuil est à son apogée? L étude archéologique de la carrière de Saint-Valbert a permis de circonscrire son (Clichés A. Mougin) étendue et d appréhender des zones à plus Saint-Valbert parmi les possessions de Alicia MOUGIN 7. Découverte d un front de taille Traces d extraction d un sarcophage mises au jour dans un sondage.

25 3 1 LE RAYONNEMENT ARTISTIQUE ET INTELLECTUEL DE L ABbAYE DE LUXEUIL AU HAUT MOYEN ÂGE 2 A 1. Colophon d un manuscrit pud coenobium lussovium anno duode Le scriptorium Un scriptorium est attesté à Luxeuil dès Cette forme d écriture très novatrice, 2. L écriture de Luxeuil dans un contenant les homélies de saint manuscrit des Homélies de saint cimo regis chlothacharii. Ce colophon, la seconde moitié du VII Très peu de renseignements sur le scriptorium de Luxeuil nous sont parvenus. Nos siècle au moins. apparentée par certains aspects à l écriture Augustin, achevé à Luxeuil Augustin, premier tiers du VIII e en 669. autrement dit la note finale d un copiste Il est probable, comme le laissent supposer diplomatique, doit peut-être être associée siècle. (Wolfenbüttel, Herzog (New York, Pierpont Morgan August Bibliothek, Cod. Guelf 99 dans un manuscrit, nous livre la première connaissances sur les édifices du monastère plusieurs manuscrits provenant du monastère ou écrits par des scribes formés à sans pour autant rompre totalement avec au long abbatiat de Valbert, qui a amorcé, library, Ms 334, fol. 133 v.) Weiss, p. 24) attestation de l activité d un scriptorium à du haut Moyen Âge étant très lacunaires, 3. Reconstitution de la bibliothèque de l abbaye de Luxeuil Luxeuil. L auteur a ainsi daté l achèvement de son travail la 12 e année du règne au XVIII e siècle nous ne savons pas où se situait cette pièce l écriture de Luxeuil, que l abbaye ait joué ses prédécesseurs Colomban et Eustaise, dans laquelle les scribes travaillaient à la assez tôt un rôle essentiel dans la diffusion une réorientation de son monastère, devenu par P. Ertzbischoff (1960), de Clothaire III, correspondant à l année copie des livres, pas plus que l endroit où de la liturgie qu on y observait ou dans l un des plus florissants de cette période, d après un document conservé 669. Ce précieux témoin de l activité d un aux Archives départementales de ils étaient ensuite conservés. On présume l échange des connaissances. Ces ouvrages réorientation dont cette écriture pourrait être l une des manifestations. Haute-Saône. scriptorium, qui donna naissance à un pourtant l importance du livre dès les n étaient pas, en effet, réservés aux seuls type d écriture aujourd hui communément origines des fondations continentales de moines de Luxeuil. Certains y ont été appelé «écriture de Luxeuil», a été achevé Colomban, homme instruit et lettré, qui copiés pour d autres établissements, mais L écriture de Luxeuil et les manuscrits peu avant la mort de l abbé Valbert (vers ). D autres ouvrages produits à Luxeuil ou dans cette écriture caractéristique arriva à Annegray, selon Jonas de Bobbio, un «livre à l épaule». La Règle de saint Colomban, comme plus tard celle de saint les manuscrits pour lesquels l écriture de Luxeuil est reconnue n y ont pas tous été produits ; elle a en effet été utilisée dans La scriptura luxoviensis, ainsi que l a qualifiée le paléographe allemand L. Traube ( ), est une minuscule dérivée de la Hastes sont conservés. Ils attestent indénia- Benoît, introduite à Luxeuil par Valbert, d autres scriptoria, dont certains scribes cursive romaine tardive ; elle se caractérise certaines lettres. En typographie, barres de 46 blement du rayonnement, durant le haut Moyen Âge, de cet établissement dans les domaines intellectuels et artistiques. réservait à la lecture une place essentielle et induit, de fait, la présence de livres dans le monastère. avaient peut-être été formés à Luxeuil, ou grâce à des maîtres eux-mêmes initiés à cette calligraphie. par des lettres étroites et allongées, assez resserrées, riches en ligatures, et dont les hastes* sont très prolongées. Le témoin le 47

26 Lectionnaire Gallican, dit «de plus remarquable de cette écriture est vers le monde ( France, Grande-Bretagne, phiques et codicologiques et à la mise en Drogon (vers ), fils naturel de ce 6. Évangéliaire commandé par Luxeuil», copié vers 700. l abbé de Luxeuil Gérard II vers le fameux «lectionnaire de Luxeuil», Suisse, Allemagne, Russie, Italie, États- relation de noms de moines et d ouvrages même empereur. L abbatiat d Anségise a été (BnF, Ms lat. 9427, fol. 138 v.) 1050 (scriptorium d Echternach?). composé vers 700. Aujourd hui conservé Unis ou encore Autriche et Norvège). utilisés par un élève de l école de Luxeuil marqué par une entreprise de rénovation (BnF, n. a. f. 2196, fol. 2) 5. Manuscrit contenant une Historia adversus paganos à la Bibliothèque nationale de France, il Cette attribution a été établie sur la base parmi les plus renommés : Angelome. et de dotation du monastère, notamment 7. Sacramentaire de Luxeuil, dit d Orose, dans une écriture fut découvert par dom Mabillon en 1683 de similitudes paléographiques et en tenant L identification de certains de ces manuscrits en objets liturgiques précieux. Ceux-ci, «Missale Gothicum», fin du a conduit à mettre en lumière une comme tant d autres, ne nous sont pas siècle. (Bibl. vaticane, Reg. Lat. 317, qualifiée de minuscule caroline VII e siècle. de Luxeuil, IX parmi les rebuts de la bibliothèque de compte de trois points de repères : le manuscrit (BnF, Ms. lat. 9665, fol. 1v. 2) Luxeuil. S il comporte bien, pour les titres des fêtes et des offices liturgiques, des passages en capitales et en onciales, c est bien la minuscule qui domine dans ce manuscrit. Remarquable également est son décor, au répertoire naturaliste varié : oiseaux, poissons, fleurs et feuillages ornent en effet un grand nombre de lettres initiales. Une vingtaine de manuscrits comportant cette écriture, produits entre la seconde moitié du VII e siècle et le VIII e siècle, est identifiée. Ils sont aujourd hui conservés copié à Luxeuil en 669, aujourd hui à New York, un manuscrit conservé à Ivrea en Italie, dont nous savons qu il a été écrit vers 680, et la présence du Lectionnaire dans la bibliothèque de Luxeuil au XVII e siècle. Mais l activité du scriptorium de Luxeuil, connu pour sa production mérovingienne, a été durable. Une liste d ouvrages de ce monastère, établie au IX e siècle, ainsi qu une autre du XVIII e siècle, ont permis de montrer la présence de certains manuscrits à Luxeuil à l époque carolingienne, grâce écriture caractéristique de la production luxovienne au IX e siècle, une minuscule caroline spécifique à ce scriptorium. Quelques témoins plus tardifs du scriptorium sont également conservés. On sait donc aussi, grâce à ces listes et au croisement d autres documents, qu il existait, au IX e siècle, une école monastique à Luxeuil. Cette époque correspond à l abbatiat de deux grands dignitaires du palais impérial : Anségise (vers ), qui avait occupé de hautes responsabilités parvenus. Les manuscrits conservés, en revanche, même s ils ne représentent qu une infime partie d une production dont il est difficile de mesurer l importance, témoignent d une manière remarquable, par leur écriture, leur décor, leurs destinataires ou leurs auteurs, du rayonnement artistique, spirituel et intellectuel de Luxeuil. Aurélia Bully fol. 169 v.) 48 dans les plus grandes bibliothèques à tra- à des critères encore une fois paléogra- auprès de l empereur Charlemagne, puis 49

27 ANNEGRAY, LA PREMIèRE FONDATION SUR LE CONTINENT Carte de la haute vallée du Breuchin au niveau d Annegray (Haute-Saône). (D après S. Bully, fond de carte D. Vuillermoz) 2. Vue de la chapelle Saint- Martin au sommet du mont depuis le site d Annegray ; au premier plan, on voit les sarcophages mérovingiens découverts lors des fouilles anciennes. (Cliché S. Bully) Situé à environ 15 km de Luxeuil, dans la vallée du Breuchin, le hameau d Annegray (commune de La Voivre) est considéré comme l emplacement de la première fondation continentale de Colomban vers 593. L arrivée de l abbé irlandais est relatée dans le récit hagiographique de Jonas de Bobbio, écrit vers 540 : «[ ] il y avait alors une vaste solitude appelée Vôge où se trouvait un castrum ruiné que la tradition des anciens nommait Anagrates. Il s y établit avec les siens [ ]». Une recherche archéologique franco-irlandaise a été engagée sur Annegray depuis 2010 afin de confronter les données archéologiques avec le récit hagiographique, en particulier sur les questions du contexte de la fondation. La vallée du Breuchin, entre Saône et Moselle Les découvertes archéologiques, souvent fortuites et anciennes, indiquent que la vallée du Breuchin était occupée antérieurement à l arrivée des premiers moines. Elle assurait un lien entre la vallée de la Saône à l ouest et celle de la Moselle, à seulement quelques kilomètres à l est d Annegray. Cette situation «stratégique» se vérifie assurément à partir du début du XI e siècle, lorsque se met en place à Faucogney-et-la-Mer, à 3 km d Annegray, l une des plus importantes seigneuries du nord du Comté de Bourgogne, sur le petit défilé qui contrôle le passage en direction du col du Mont de Fourche et de la vallée de la Moselle. Ce rapport étroit entre site et voie existait-il déjà dans l Antiquité et, par conséquent, au moment de la fondation du monastère par Colomban? C est la question que pose le Mont Saint-Martin qui domine Faucogney-et-la-Mer et Annegray, à quelque 700 m de distance. Le Mont Saint-Martin : un sanctuaire antique? Le sommet de la montagne est occupé par une église des années 1200, mais des découvertes anciennes d ex-voto en bronze, d une stèle de Diane-lune et d une statuette de Diane-chasseresse laissent supposer la présence d un sanctuaire antique. À l extérieur de l église, la mise en évidence de tuiles et de céramiques lors de prospections anciennes et d autres plus récentes confirme une occupation antique du mont depuis le I er siècle ap. J.-C. Dans l église, une prospection géophysique a été réalisée, suivie de deux sondages. Le radar-sol et le sondage dans le chœur ont révélé une maçonnerie antérieure, mais qui est restée indatable et ininterprétable. En revanche, le sondage dans la nef a livré des fragments de céramique de la fin du VI e -début du VII e siècle, qui attestent donc d une occupation contemporaine de la fondation du monastère. Une plaque sculptée du haut Moyen Âge est remployée dans un mur de l église, mais il n est toujours pas possible de dire si une église plus ancienne a été construite à son emplacement. S il est désormais assuré que le sommet du mont dominant le site d Annegray était occupé à l époque 3. Sondage dans le chœur de l église Saint-Martin de Faucogney-et-la-Mer. (Cliché M. Causevic-Bully) ˇ ˇ 4. Céramique mérovingienne découverte dans la nef de l église Saint-Martin de Faucogney-et-la-Mer. (Clichés et dessins A. Saggese) 51

28 Site de la maison-forte : la plate-forme intérieure est sous l abri, bordée d un fossé et du talus externe empierré ; un segment de paléochenal précédant le talus est en cours de fouille. (Cliché S. Bully) 6. Visite du chantier de fouilles lors des premiers travaux des années (Cliché auteur inconnu, coll. Association des Amis de saint Colomban) gallo-romaine et qu il l est encore à l époque mérovingienne, une meilleure connaissance de la nature de cette occupation permettra de mieux comprendre le paysage, au sens large, dans lequel s installe Colomban, en plus de la proximité d une voie de communication. Nouvelles recherches sur Annegray Sur le site même d Annegray, des premières fouilles menées en 1958 par le docteur Gilles Cugnier avaient permis de localiser une église datée alors de l époque romane, mais surtout des sarcophages mérovingiens. Dans le cadre du programme de recherche, nous avons réalisé plusieurs campagnes de prospections géophysiques par différentes méthodes sur près de 7 ha. L objectif était de localiser le monastère et le «fortin d Annagrates» cité par Jonas de Bobbio. Un des enjeux majeurs des recherches sur Annegray est de déterminer si les origines irlandaises des premiers moines ont eu une incidence sur la topographie et les choix architecturaux du monastère des origines (enclos et cellules circulaires, petite église quadrangulaire, etc.) et quel rôle auraient pu avoir les structures antérieures (castrum?) dans le choix des lieux. Une maison-forte médiévale Les prospections géophysiques n étayent pas l hypothèse d une clôture circulaire autour de l église, telle qu on l imaginait depuis les travaux anciens. En revanche, nous avons localisé une première structure quadrangulaire de 60 m x 40 m environ au pied de la butte, formée d un double enclos et d un fossé. Sur la base des cartes géophysiques, le plan pouvait être celui d un fortin de l Antiquité tardive, d un monastère mérovingien comme à Hamage (Nord), ou bien encore d une maison-forte médiévale. Les fouilles engagées en 2012 ont confirmé la présence d un large fossé bordé de deux talus ; dans le fossé, une structure de bois est identifiée comme un pont permettant d accéder à la plate-forme interne. Mais l ensemble des datations dendrochronologiques et au radiocarbone, ainsi que le mobilier recueilli, indique une construction entre la fin du XII e et le début du XV e siècle. Par conséquent, il s agit d une maison-forte établie au pied du prieuré ou d une ferme fortifiée dépendant du monastère, mais pas d une construction en relation avec l occupation primitive du site. Un nouveau plan et une révision de la datation pour l église Saint-Jean-Baptiste Aussi, de nouveaux sondages et une seconde fouille ont-ils été ouverts sur la butte entre 2013 et 2014 à partir de la localisation de nouvelles structures par le radar-sol. Ces sondages ont permis de compléter et corriger le plan de l église découverte en 1958 et de localiser des bâtiments monastiques de la fin du Moyen Âge et de l époque moderne. 7. Prospection géophysique du département d archéologie de l université de Galway par la méthode du magnétomètre. 8. Cartes géophysiques de la maison-forte et interprétation des structures. (D après R. Schot et G. Dowling, University of Galway) 53

29 Vue générale de la fouille des parties orientales de l église ; une tombe privilégiée en coffrage mixte occupe la partie centrale de l abside. (Cliché S. Bully) 10. Plan restitué intermédiaire (état 2014, cliché sondage 2013) de l église Saint-Jean-Baptiste. (Dessin M. Causevic-Bully ˇ ˇ et L. Fiocchi d après S. Bully, cliché Com Air) Les vestiges de l église sont très mal conservés, mais on sait aujourd hui qu elle s achevait par un chœur à triple abside semi-circulaire et qu elle accueillait des inhumations. Une tombe privilégiée datée du X e siècle par radiocarbone occupait le centre de l abside. Dans son comblement ont été découverts des fragments de vitraux et de sols en terrazzo appartenant à un édifice antérieur, peut-être contemporain des sarcophages, mais qui n est pas encore localisé. La présence d un bloc sculpté en remploi plaide également en faveur d une datation carolingienne pour l une des phases de l église. Mises bout à bout les pièces encore dispersées de ce puzzle, le paysage monumental d Annegray se dessine à grands traits, mais seulement pour le prieuré de la fin du Moyen Âge, avec une église au sommet de la butte datant de la fin du haut Moyen Âge, des bâtiments monastiques sur son flanc sud, et une maison-forte seigneuriale à proximité. Mais la question du monastère mérovingien et du castrum reste entière. La découverte de tuiles romaines et de céramiques antiques et mérovingiennes (en très petit nombre), atteste pourtant d une occupation de cette période dans un secteur proche. Le site d Annegray : un sanctuaire antique? La prospection par radar-sol engagée sur la butte a révélé d importantes structures à peu de distance de l église. La plus évidente est une construction formée par deux «enclos» quadrangulaires enchâssés (structure E) : l enclos interne mesure environ 6 m de côté ; l enclos externe mesure environ 14 m de côté. Ce type de plan évoque fortement un fanum* gallo-romain. Immédiatement au nord de la structure E apparaît une seconde structure (F) beaucoup plus importante. Elle se présente sous la forme d un enclos double de plan trapézoïdal formant une galerie d environ 6,40 m de large. Son interprétation est plus délicate : il pourrait s agir d un double péribole ou du fortin militaire auquel fait référence Jonas. Mais l absence présumée d un fossé ne plaide pas dans ce sens. Pouvons-nous encore voir dans ces vestiges une villa* gallo-romaine, la clôture du monastère précoce, un dispositif médiéval en lien avec la maison-forte en contrebas? Nous l ignorons. En contrebas de l église, le champ conserve également des structures enfouies fossoyées (structure G). Des recherches à poursuivre À ce stade des recherches, et à l exception des sarcophages découverts anciennement, nous n avons toujours aucune trace matérielle du monastère de l époque de Colomban. On peut se demander si sous la plume de Jonas, clerc originaire de Suze en Italie, ce terme de castrum n était pas un terme générique pour des constructions antiques antérieures. En effet, l un des apports majeurs de cette recherche serait la mise en évidence d un possible sanctuaire antique le long de la route menant de Luxeuil à la vallée de la Moselle, sanctuaire qui pourrait avoir été composé de deux sites : sur le Mont Saint-Martin dédié à la déesse Diane? et, à ses pieds, sur la butte d Annegray, avec son fanum et, peut-être, les enclos. La question qui reste en suspend est de savoir si cet hypothétique sanctuaire antique était toujours visible à l arrivée de Colomban, s il a été à l origine du choix du lieu et s il était perçu comme un sanctuaire païen ou seulement comme une opportunité de réutiliser des constructions préexistantes Seule la poursuite des recherches permettra de répondre à ces interrogations. Sébastien BULLY Emmet MARRON 11. Carte géophysique par radar-sol du sommet de la butte d Annegray et enregistrement des structures localisées. (Dessin F. Chuc et V. Cachier, université de Jussieu Paris VI, et S. Bully) Fanum, pluriel fana Mot latin signifiant un sanctuaire gallo-romain. Villa, pluriel villae Durant la période galloromaine, le terme villa désigne le centre d exploitation d un domaine agricole. 55

30 Sarcophage mérovingien découvert sur le site de l ancienne église Saint-Martin de Fontaine (Haute-Saône). (Cliché S. Bully) 2. Stéle funéraire gallo-romaine, peut-être réutilisée comme couvercle de sarcophages. (Cliché S. Bully et J. Prudhon) LE MONASTèRE DE FONTAINE La troisième fondation de Colomban,.qui intervint peu de temps après celle de Luxeuil, est mentionnée à trois reprises dans la Vita de l abbé irlandais. Jonas de Bobbio justifie la création du nouveau monastère par un afflux massif de religieux attirés par les «remèdes de la pénitence», mais la description du site est extrêmement minimaliste puisque que l hagiogaphe écrit seulement qu «il fit l essai d un autre lieu [que Luxeuil], qui jouissait d eaux abondantes, et [qu il] construisit un autre monastère, qu il appela Fontanas». En revanche, le monastère, peut-être fort de soixante moines, dont des compagnons irlandais de Colomban, est évoqué à deux reprises dans le cadre de travaux agricoles, ce qui laisserait supposer une fonction bien spécifique de Fontaine au sein de la petite «congrégation» des origines. À l instar des fondations précédentes, la localisation du monastère n est probablement pas fortuite, à commencer par sa proximité avec Luxeuil, distant de seulement 6 km. Et au-delà de la présence «d eau abondantes», dont on ne sait si elles influencèrent le choix du site pour un quelconque usage (viviers, moulins, tannerie?), Fontaine serait situé sur la voie antique reliant Bourbonne-les-Bains à Mandeure en passant par Luxeuil. La voie traversait le nord-ouest du village au niveau de l ancienne cure. Et le village de Fontaine a livré au moins trois stèles funéraires gallo-romaines des II e -III e siècles : deux, découvertes en 1850, auraient été remployées dans un mur du monastère et une troisième, non répertoriée, aurait été mise au jour il y a quelques années lors de travaux dans l emprise de l ancien monastère. Ces quelques indices plaident en faveur d une occupation gallo-romaine du site de Fontaine, mais l ancienneté et les conditions des découvertes ne permettent pas d en être totalement assuré, et on ne peut pas exclure qu elles provenaient de Luxeuil En revanche, c est autour de l ancienne église Saint-Martin, au lieu-dit de l Ancienne Cure, le long de la voie antique présumée, que furent exhumés des sarcophages à plusieurs reprises depuis le milieu du XIX e siècle. L un d eux, assurément mérovingien, est conservé dans l église actuelle depuis sa mise au jour en En dépit de l absence de documentation, ces découvertes sont intéressantes puisqu elles posent la question de la fonction et de la nature du site de l église Saint-Martin, occupé aujourd hui par une habitation et une exploitation agricole. Distante de plus de 600 m du monastère, doit-on rattacher cette église à une population laïque vivant aux marges du monastère, ou peut-on envisager qu il s agisse de l emplacement primitif du monastère de Colomban, transféré à son emplacement actuel au cours du Moyen Âge? On conserve du monastère de rares bâtiments de l époque moderne, occupés jusqu à récemment par une usine ; quelques blocs lapidaires proviennent probablement de l église monastique romane. Le monastère de Fontaine, placé sous la dédicace de Saint-Pancras au moins dès le XIV e siècle, reste donc le parent pauvre de la recherche sur les monastères luxoviens, en dépit du potentiel et de l intérêt du dossier historique et archéologique. Des premières prospections géophysiques réalisées en 2015 ont permis de mettre en évidence des structures enfouies, mais sans présager de leur intérêt ou de leur ancienneté. Sébastien BULLY 3. Détail d un plan de 1752 présentant schématiquement l église paroissiale Saint-Martin et le monastère Saint-Pancras. (Collection particulière, cliché Amis de saint Colomban) 4 - Corniche romane remployée dans le portail moderne du monastère. 5. Corniche romane à billettes avec un décor d oiseaux affrontés autour de cartouches (décor antérieur?). (Clichés S. Bully) 57

31 Localisation du Saint-Mont, commune de Saint-Amé (Vosges). (D après S. Bully, fond de carte D. Vuillermoz) 2. Vue générale du Saint-Mont et de Remiremont, à l arrièreplan. (Cliché P. Mangel) LE MONASTERIUM HABENDUM, LE SAINT-MONT Le monasterium Habendum est le plus ancien monastère rural de l espace lorrain et s inscrit dans l aire d influence de l abbaye luxovienne. Il a été fondé au début du VII e siècle par Romary, noble austrasien formé à Luxeuil, dans l une de ses propriétés, sur une hauteur du piémont vosgien occidental. Décrite alors comme un castrum déserté, la «villa» occupait une position stratégique dominant de 250 m le confluent de la Moselle et de la Moselotte. L établissement abritait une communauté de moniales encadrée par des clercs, dont le co-fondateur était son premier abbé, Amé. Les sources précoces sont essentiellement des récits hagiographiques des pères fondateurs, rédigées peu après leur mort. Elles ne renseignent pas sur la topographie du monastère, mais évoquent des bâtiments communautaires, que Romary fit construire, et la présence de deux églises. L une, dédiée à saint Pierre, était réservée au culte et à la prière des religieuses soumises à la louange perpétuelle, mais elle contenait une tombe privilégiée en sarcophage. L autre, vouée à Notre-Dame, avait une fonction funéraire et, à ce titre, accueillit la dépouille des premiers abbés. Selon un livre de mémoire ouvert au début du IX e siècle, 369 moniales ont fréquenté cet établissement de sa fondation jusqu à son transfert à l emplacement de l actuelle ville de Remiremont au début du IX e siècle. Le retour occasionnel dans leur ancien monastère, au cours du X e siècle, laisse cependant à penser qu une communauté, sans doute de clercs, continua d y vivre pour en pérenniser la mémoire. Ce motif contribua, le plus ancien monastère d austrasie peut-être, à y établir, au XII e siècle, un prieuré satellite de l abbaye. Si ces sources ont largement inspiré l érudition depuis le XVI e siècle, les données archéologiques concernant le castrum et le monasterium n existent que depuis la seconde moitié du XX e siècle. Des vestiges sont dispersés sur près de 2 ha de terrasses étagées, subdivisées en neuf plateformes pour les besoins de l étude. Au nord, les plateformes A et B accueillent, pour la première, l église Saint-Pierre qui fonctionna jusqu à la Révolution, et, pour la seconde, en contrebas, les vestiges du premier monastère, bâti en partie sur des structures antérieures au VII e siècle. Ils déterminent un espace claustral rectangulaire, d environ 60 x 40 m, défini par un réseau de murs orthogonaux révélés par la fouille et de récentes prospections géophysiques. Occupé durant tout le Moyen Âge par les chanoines augustiniens, ce bâtiment fut abandonné au début du XVII e siècle, lors de l installation d une nouvelle congrégation adepte de la réforme tridentine*. À la limite septentrionale du plateau, la plateforme H conserve une belle élévation de la chapelle Saint-Michel construite à la fin du XIV e siècle sur de probables fondations d un état primitif qui pourrait, comme la plupart des chapelles dédiées à l Archange, marquer l entrée du monastère. Cet édifice avait pour vis-à-vis une construction disposant d au moins trois pièces réparties de part et d autre de deux longs murs perpendiculaires. 3. Liste des moniales donnée dans le liber memorialis de Remiremont. (Rome, Biblioteca Angelica, ms lat. 10, fol. 4v) 4. Vue cavalière du prieuré en 1665 par dom Gabriel Bucelin. (Bibliothèque du Land de Baden- Württemberg, Stuttart / mss HB V 15 a) 5. Couvercle décoré du sarcophage mérovingien découvert dans la nef de l église Saint- Pierre, actuellement déposé dans la chapelle Saint-Pierre au sommet du Saint-Mont. (Cliché T. Chenal) Réforme tridentine Ensemble de réformes de l église catholique issues du concile de Trente (ville d Italie du Nord) dans les années 1560, en réponse à la Réforme protestante. 59

32 Vue en 3D du relief et des vestiges avec le positionnement de la carte radar-sol de la plateforme C. (D après T. Chenal) Au sud de l église Saint-Pierre, la plateforme D conserve les vestiges des deux états successifs du prieuré moderne. Le premier fut bâti selon un plan irrégulier intégrant une chapelle médiévale, dont la dédicace à Notre-Dame n est pas sans rappeler l une des deux églises primitives. Sans préjuger de la relation entre l une et l autre, on conviendra que la découverte d artefacts du haut Moyen Âge sur un sol posé à même la roche, plaide pour un aménagement précoce de ce secteur. À l extrémité méridionale du sommet, la plateforme I reprend les contours d une terrasse de 40 m inférieure à la précédente. Son centre est occupé par un bâtiment relativement grand contenant plusieurs pièces dont le phasage n a pas encore été établi, mais dont certaines ont été utilisées comme espace sépulcral du VIII e au XII e siècle. À l est, sur la rupture de pente, un deuxième bâtiment, oblong, est doté au milieu de sa façade orientale, d un mur curviligne dont la fonction reste à préciser. À l opposé, le rebord occidental est souligné par un épais rempart de terre, d une quarantaine de mètres de longueur, maintenu par deux murs non appareillés, en pierres sèches. Cet élément de fortification, qu on ne retrouve pas sur tout le périmètre, pourrait définir un espace fortifié privilégié d un castrum plus vaste, matérialisé par une longue enceinte en pierre, qui se développe en contrebas et barre, sur plusieurs centaines de mètres, le versant occidental du massif, le plus accessible. À mi-chemin entre les deux terrasses, sur la plateforme H, les fouilles ont révélé les vestiges de deux chapelles médiévales, parfaitement identifiées par les textes, dont l une accueillait les sépultures des moines. Elle fut construite ou reconstruite au XV e siècle, intégrant dans son périmètre trois rangées de sépultures maçonnées constitutives d un dispositif funéraire collectif d au moins 80 tombes. Mais ces formae*, caractéristiques de l Antiquité tardive ou du haut Moyen Âge, sont à mettre en lien avec l abbaye primitive. Elles font actuellement l objet d une fouille programmée dans le cadre du Projet Collectif de Recherche «Monastères en Europe occidentale (V e -X e siècle)» afin de déterminer, comme on a pu l observer dans d autres abbayes contemporaines du monasterium Habendum, si elles appartenaient à un édifice religieux à vocation funéraire. Charles KRAEMER Thomas CHENAL 9 7. Vue aérienne des chapelles Sainte-Claire et Sainte-Marguerite en cours de nettoyage. (Cliché équipe de fouilles) 8. Relevé en plan pierre-àpierre des vestiges de la chapelle Sainte-Claire et des tombes en formae antérieures. (D après T. Chenal et C. Kraemer) 9. Croix d absolution de Cunégonde, moniale de Remiremont, découverte dans l espace funéraire du secteur dit de la «villa mérovingienne». L inhumation en sarcophage est cependant datée de 1077 d après la croix. (Cliché C. Kraemer) Formae Tombes maçonnées ou en dalles, régulièrement disposées et construites à l avance. 61

33 GéRER UNE HISTOIRE ET UN PASSé, UN PATRIMOINE ET UN FUTUR Luxeui-les-Bains, place Saint-Pierre. Sculpture de saint Colomban, bronze de Claude Grange, (Cliché Amis de saint Colomban) 62 63

34 1 2 LES AMIS DE SAINT COLOMBAN, UNE ASSOCIATION ACTIVE DEPUIS Carte du cheminement européen de saint Colomban. (Infographie D. Vuillermoz, 2015, d après l association des Amis de saint Colomban) association des Amis de saint Colomban œuvre à la sauvegarde et à la L valorisation du patrimoine colombanien. Elle a été créée en 1948 par le Chanoine Henri Thiébaut (ancien curé de Luxeuil) en prévision de l organisation des fêtes internationales de Mais c est en 1958, que son nouveau président, le Dr. Gilles Cugnier, devient propriétaire d une nouvelle partie des terrains d Annegray, lieu d implantation du premier monastère de saint Colomban, et des terrains autour de la grotte de saint Colomban à Sainte-Marie-en-Chanois. Sous son impulsion, l association a valorisé progressivement ces sites, ainsi que celui de Saint-Valbert, propriété du diocèse de Besançon. Depuis 1975, Les Amis de Saint Colomban apportent également leur concours à la restauration des bâtiments conventuels de l abbaye de Luxeuil, propriété du diocèse de Besançon. Le XIV e centenaire de la fondation du monastère de Luxeuil en 1990 fut marqué par diverses manifestations religieuses et culturelles auxquelles participa activement l association. Et, en 2003, l association installa un «lieu de mémoire Gilles Cugnier» dans l abbaye, rassemblant des «souvenirs», une bibliothèque, des pièces d archives comme du mobilier ancien, collecté par son président et se rapportant au monastère et à son histoire....gilles Cugnier décida de passer le flambeau en 2004 à une nouvelle équipe constituée autour de Jean Coste, qui restera en place jusqu en Outre la poursuite de la diffusion des publications éditées par l association, dont la volumineuse «Histoire du monastère de Luxeuil à travers ses abbés» de Gilles Cugnier, celle-ci s est engagée à assurer la poursuite de la conservation et de la valorisation des sites colombaniens. À partir des Rencontres européennes des paroisses Saint-Colomban organisées en 2007 à Luxeuil-les-Bains par Jean Coste, s est constitué un véritable réseau d associations, en France comme en Europe. De cette collaboration est né le projet du Chemin européen de saint Colomban, inauguré en 2008, et qui a vu sa concrétisation en 2014 par la création de l association du Chemin européen de saint Colomban, réunissant les villes de Bangor, Luxeuil et Bobbio. L action culturelle et la recherche sont encore valorisées chaque année à Luxeuil avec la tenue des Tables rondes européennes du patrimoine colombanien, suivies par la publication des actes sous la forme des Cahiers Colombaniens. Les Amis de saint Colomban collaborent activement aux campagnes de fouilles archéologiques réalisées à Luxeuil-les-Bains, Annegray et à l ermitage de saint Valbert. Courant mars 2015, l association a passé le cap des 500 adhérents, dont 40 % habitent à plus de 100 km de Luxeuil, preuve, s il en est, du rayonnement de l œuvre de saint Colomban et de l abbaye de Luxeuil. Jacques Prudhon 2. Installation d un curragh, bateau traditionnel irlandais du haut Moyen Âge, devant l abbaye, pour la commémoration de l année Colomban (Cliché J. Prudhon) 65

35 3 1 2 DE LA RENAISSANCE DU CULTE DE SAINT COLOMBAN À LA COMMéMORATION DE L abbaye de Luxeuil aujourd hui. (Cliché Amis de saint Colomban) Manifestant le retour officiel de saint Colomban dans la ville de Luxeuil après des siècles d absence, les fêtes colombaniennes de 1950 ont rassemblé quelque vingt mille participants, venus de différents pays, entre le 20 et le 23 juillet. Cette commémoration constitue aussi une étape dans la construction européenne. Saint Colomban à Luxeuil avant 1950 Le monastère établi à la fin du VI e siècle par Colomban a connu douze siècles d existence quasi ininterrompue jusqu à la Révolution française. Mais le souvenir de son fondateur s est rapidement estompé : le tombeau de saint Colomban, mort en 615 à Bobbio (Italie), a manqué au pied des Vosges pour développer le culte local du saint irlandais et entretenir la mémoire collective. La Contre-Réforme catholique (XVI e et XVII e siècles) a encouragé un retour aux sources dans les ordres monastiques. La Vie de Colomban et de ses disciples, rédigée vers 640 par le moine Jonas de Bobbio, fut imprimée pour la première fois en 1669 par les bénédictins et une chapelle fut dédiée (1670) à saint Colomban dans l abbatiale de Luxeuil. À la fin du XIX e siècle, l abbé Vuillemenot, curé de la paroisse, fournit les données historiques pour réaliser (1875) les nouveaux vitraux du chœur récemment restauré : saint Colomban y occupe la place d honneur tout en haut de la fenêtre gauche. À son tour, le petit séminaire installé depuis 1812 dans les anciens bâtiments conventuels met en valeur leur origine : dominant l autel de la nouvelle chapelle (1882), un tableau de plus de 5 m de haut résume l histoire de Colomban, cependant qu un jeune professeur, l abbé Joseph Roussel ( ), entreprend des recherches historiques qui le conduisent jusqu en Irlande. Il en résulte la publication posthume ( ), en deux volumes, de son ouvrage Saint Colomban et l épopée colombanienne. Peu auparavant, en 1939, avait été érigée, dans la cour d honneur du petit séminaire, la première statue de bronze de saint Colomban. Le début du XX e siècle a été bien peu favorable : la première guerre mondiale ne permit pas de célébrer le XIII e centenaire de la mort (615) de Colomban, programmé en 1915 à Bobbio et à Luxeuil, et le XIV e centenaire de sa naissance (540), prévu à Luxeuil et à l Institut Catholique de Paris pour l été 1940, fut annulé en raison de l invasion nazie. Mais la passion, la ténacité et l énergie de l abbé Henri Thiébaut ( ), curé de Luxeuil de 1921 à 1947, rendirent finalement l «homme de Dieu» aux Luxoviens : relique du saint apportée de Bobbio en 1924, célébration annuelle avec conférence ou panégyrique*, acquisition du site d Annegray (1926), réalisation et installation (1947), devant l entrée de l église, d une impressionnante statue en bronze du saint, due au sculpteur Claude Grange, fondation (1948) de l association des Amis de saint Colomban, dont le chanoine Thiébaut fut le premier président, assisté du docteur Gilles Cugnier au poste de secrétaire. 2. Vitrail représentant saint Colomban dans la basilique Saint-Pierre de Luxeuil-les-Bains. 3. Dédicace de Gilles Cugnier ( ). (Clichés Amis de saint Colomban) Panégyrique Éloge fait en public ou par écrit de quelqu un, d une institution, d un pays, etc. 67

36 Réception officielle lors du 14 e centenaire en présence de Robert Schuman, alors Ministre des affaires étrangères et Mgr Roncalli, futur Pape Jean XXIII. (Collection Amis de saint Colomban) La commémoration de 1950 Amplifiant considérablement le projet élaboré pour 1940, elle a réuni sous le haut patronage de Vincent Auriol, Président de la République, congrès scientifique, célébrations religieuses et rencontres politiques du 20 au 23 juillet. Le congrès scientifique avait été préparé de longue main, sous la présidence active du chanoine Thiébaut, efficacement assisté par Gilles Cugnier (alors étudiant en médecine) et Marguerite-Marie Dubois (chargée de conférences en Sorbonne). Celle-ci avait convaincu son ancien maître, Gabriel Le Bras, professeur à la faculté de Droit de Paris et Président de la section des Sciences religieuses à l École des Hautes Études (en Sorbonne), de s impliquer dans l organisation de ce congrès luxovien. Ouvert par Mgr Dubourg, archevêque de Besançon, le colloque se tint dans les salles de l abbaye vendredi 21 et samedi 22 juillet en présence de plus de trois cents spécialistes du Moyen Âge : historiens, canonistes, théologiens, liturgistes. Gabriel Le Bras dirigea les débats qui suivirent les quelque quarante communications présentées par des intervenants (parmi lesquels une dizaine d universitaires) venus de France, d Irlande, de Suisse, d Italie et de Belgique. Les différents thèmes abordés touchaient à l Église à l époque mérovingienne, à la vie et à l œuvre de Colomban, à son influence dans le monachisme occidental, à la diffusion posthume de son culte et à quelques-uns de ses disciples. Un volume de plus de quatre cents pages, publié dès 1951, réunit l ensemble des communications et des débats du congrès. Parallèlement, une exposition temporaire présentait de précieux manus- crits monastiques, en particulier le Lectionnaire de Luxeuil (VII e siècle). Une messe pontificale fut célébrée en la basilique Saint-Pierre par Mgr Roncalli, nonce apostolique à Paris et futur Pape Jean XXIII ( ), entouré d une vingtaine de prélats français et étrangers. Tous avaient revêtu les ornements sacerdotaux utilisés en 1825 pour le sacre de Charles X. Des hautparleurs retransmettaient l office pour la foule qui, n ayant pu trouver place dans l église, se massait sur les places voisines, avant d assister à l inauguration internationale de la statue de saint Colomban, en présence de toutes les personnalités réunies. La dimension politique de la commémoration colombanienne est incontestablement liée à la volonté de Robert Schuman. Alors Ministre des affaires étrangères ( ), il cherchait dès son arrivée au Quai d Orsay l occasion de réunir, de façon informelle et discrète, des dirigeants politiques du Vieux Continent pour aborder la question de la construction européenne, au sortir des atrocités de la seconde guerre mondiale. Le professeur Le Bras, attaché culturel au ministère, ouvrit alors Robert Schuman à la dimension européenne de saint Colomban. C est ainsi que Luxeuil vit arriver en juillet 1950 des délégations officielles provenant d Irlande, de Suisse, d Autriche, d Italie, du Luxembourg, du Vatican et même des États-Unis. Nul traité ne fut signé, mais les contacts étaient pris. Colomban, un «père de l Europe»? Nul doute. Philippe Kahn 5. Les autorités irlandaises à la commémoration de (Collection Amis de saint Colomban) 6. Le congrès scientifique de (Cliché H. Décez, Luxeuil) 69

37 1 La valorisation du site de l ancienne église saint-martin Protéger pour contempler, révéler, décrypter et partager Projection virtuelle du futur centre d interprétation de l église Saint-Martin à Luxeuil-les-Bains. (Réalisation Cabinets Prunet Architecture et Malcotti-Roussey) est devant l intérêt exceptionnel des C découvertes faites sur le site de l ancienne église Saint-Martin, que la municipalité de Luxeuil-les-Bains, avec ses partenaires institutionnels et financiers, s est engagée dans un projet de mise en valeur. Ce nouvel aménagement patrimonial est un choix d avenir pour la ville en terme de fréquentation touristique et, par conséquent, de retombées économiques. Mais il se justifie également pleinement en raison de l intérêt scientifique des vestiges qui seront présentés au public, et de l histoire dont ils témoignent. Au cœur du futur itinéraire culturel européen «Le Chemin de saint Colomban», entre l Irlande, la France et l Italie, Luxeuil-les- Bains est en effet le seul site colombanien avec des vestiges du haut Moyen Âge d une telle importance. La nouvelle structure abritera un centre d interprétation du patrimoine, rassemblant en un même lieu l Office de Tourisme et le site archéologique ; il sera en harmonie avec l environnement urbain et le patrimoine architectural particulièrement riche du centre-ville. À l intérieur, différents espaces seront consacrés à l accueil du public et aux services associés, à la découverte du patrimoine et de l histoire de la ville, à l animation pédagogique avec des salles de médiation, à un parcours d interprétation du site archéologique de l ancienne église Saint-Martin. La visite des vestiges archéologiques est conçue pour que les visiteurs puissent appréhender le parcours de manière intuitive et utiliser des outils de médiation qui, progressivement, vont leur révéler les informations sur la nature des découvertes. Le parcours sera scandé par plusieurs stations de découverte en prise direct avec les vestiges, que ce soit l habitat antique, l église paléochrétienne, la crypte dite de saint Valbert, les différents modes d inhumation, etc. Des aspects particuliers de l histoire de Luxeuil seront présentés dans des galeries d approfondissement : il s agira principalement de la vie et de l œuvre de Colomban, de la topographie du monastère replacée dans le contexte historique de la période mérovingienne, de la riche vie artistique et intellectuelle de l abbaye, à travers, notamment, la production de son scriptorium et la célèbre écriture mérovingienne de Luxeuil. Enfin, un parcours pédestre du centre-ville sera proposé aux visiteurs. Il leur permettra de découvrir 2000 ans d histoire à travers les vestiges gallo-romains (fours de potiers, stèles funéraires, notamment), les maisons de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, l abbaye, les thermes Car regarder Luxeuil-les-Bains, c est faire défiler l histoire sous ses yeux! Associé à la découverte, l Office de Tourisme organisera des visites guidées de la ville et du site archéologique, des ateliers scolaires. Une librairie spécialisée enrichira sa boutique. L ouverture est prévue entre fin 2017 et Vanessa Le Lay 2. Luxeuil-les-Bains, Maison du Cardinal Jouffroy, XV e siècle. (Cliché Office de Tourisme de Luxeuil-les-Bains) 2 71

38 BIBLIOGRAPHIE LES AUTEURS Bonvalot et al. dir. : BONVALOT (N.), CARD (C.) et RICHARD (A.) dir. Luxovium retour aux sources. Besançon, Centre Régional de Documentation Archéologique, 1991, 69 p Bully et al : BULLY (S.), BULLY (A.) et CAUSEVIC-BULLY ˇ ˇ (M.) avec la coll. de FIOCCHI (L.). Les origines du monastère de Luxeuil (Haute-Saône) d après les récentes recherches archéologiques. L empreinte chrétienne en Gaule (de la fin du IV e au début du VIII e siècle), Brepols, Turhout, 2014, p (Collection «Culture et Société médiévales»). Bully et Sapin 2011 : BULLY (S.) et SAPIN (C.). Les monastères en Europe occidentale (V e -X e siècle). Topographie et structures des premiers établissements en Franche-Comté et en Bourgogne. Projet collectif de recherche [PCR]. Bulletin du centre d études médiévales d Auxerre (BUCEMA), 15, 2011, p Cugnier : CUGNIER (G.). Histoire du monastère de Luxeuil à travers ses abbés ( ). Langres, éd. Guéniot, 3 vol. : vol. 1, 2004, 320 p. ; vol. 2, 2005, 197 p. ; vol. 3, 2005, 268 p. Destefanis 2002 : Destefanis (E.). Il monastero di Bobbio in età altomedievale. In : Ricerche di Archeologia Altomedievale e Medievale, 27, premio «Ottone d Assia» Firenze, All insegna del Giglio, 2002, 134 p. De Vogüé 1988 : DE VOGÜÉ (A.). Jonas de Bobbio. Vie de saint Colomban et de ses disciples. Bégrollesen-Mauge, Abbaye de Bellefontaine, 1988, intr., trad. et notes. (Vie monastique, 19). Marron et Bully 2015 : MARRON (E.), BULLY (S.). Recent Archaeological Work on the Site of the Columbanian Monastery of Annegray (Haute-Saône). In : Kraemer (C.) et Koch (J.) dir., Vivre dans la montagne vosgienne au Moyen Âge, Actes du colloque de Gérardmer- Munster, 30 août-1 er septembre Nancy, Presses universitaires de Nancy, Mélanges colombaniens, Actes du congrès international de Luxeuil, juillet 1950 (ouvrage collectif). Paris, (Bibliothèque de la Société d histoire ecclésiastique de la France). Moyse 1973 : MOYSE (G.). Les origines du monachisme dans les diocèses de Besançon (V e -X e siècles). Paris, Bibliothèque de l École des Chartes, 1973, tome CXXXI, p et Picard 2015 : PICARD (J.-M.). L organisation spatiale des grands monastères d Irlande médiévale. In : Lauwers (M.) éd., Monastères et espace social. Genèse et transformations d un système de lieux dans l Occident médiéval. Brepols-Turhout, 2015, p (Collection d études médiévales de Nice, vol. 16). Wood 1982 : WOOD (I.). The Vita Columbani and merovingian Hagiography, Peritia I (1982), p Aurélia BULLY, Association pour la Promotion de l Archéologie dans le Haut-Jura (APAHJ) / chercheuse associée UMR ArTeHis 6298, Dijon Sébastien BULLY, CNRS, UMR ArTeHis 6298 Dijon-Auxerre / Association pour la Promotion de l Archéologie dans le Haut-Jura (APAHJ) Christophe CARD, Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Grand-Est sud ˇ ˇ Morana CAUSEVIC-BULLY, Université de Franche-Comté - UMR 6249, laboratoire Chrono-environnement / Association pour la Promotion de l Archéologie dans le Haut-Jura (APAHJ) Thomas CHENAL, Chercheur associé UMR ArTeHis 6298, Dijon / Association pour la Promotion de l Archéologie dans le Haut-Jura (APAHJ) Roberta CONVERSI, Soprintendenza Archeologia dell Emilia-Romagna Eleonora DESTEFANIS, Università del Piemonte Orientale, Vercelli Alain DUBREUCQ, Université de Lyon 3 - UMR 5648 CIHAM du CNRS Michèle GAILLARD, Université de Lille 3 - UMR 8529 IRHiS du CNRS Eoin HALPIN, Archaeological Development Services Ltd, Dublin Philippe KAHN, historien, Vice-Président des Amis de saint Colomban, Luxeuil-les-Bains Charles KRAEMER, Université de Nancy - HISCANT-MA - EA 1132 Vanessa LE LAY, Office de tourisme de Luxeuil-les-Bains PROTECTIONS AU TITRE DES MONUMENTS HISTORIQUES ET DES SITES Monuments, sites et vestiges du «Pays de Colomban» Haute-Saône - Luxeuil-les-Bains, abbaye de Saint-Colomban : classement MH le 31/12/1846 de l église Saint- Pierre ; classement MH le 31/12/1875 des restes du cloître ; inscription MH le 29/11/1934 des façades, toitures et ferronnerie du balconnet de l escalier de l ancien palais abbatial ; classement MH le 15/01/1980 de parties des bâtiments conventuels des XVII e, XVIII e siècles. - Luxeuil-les-Bains, inscription le 22/02/1972 de l ensemble urbain au titre des sites. - Luxeuil-les-Bains, atelier de potiers du Chatigny : classement MH le 01/09/1988 de l ensemble des fours gallo-romains. - Luxeuil-les-Bains, vestiges archéologiques du site de l ancienne église Saint-Martin : classement MH le 23/12/ Saint-Valbert, ermitage : classement MH le 08/06/1914 de la grotte et de la fontaine. Emmet MARRON, National University Ireland of Galway Alicia MOUGIN, Titulaire d un master d archéologie, Université de Franche-Comté Ros O MAOLDUIN, National University Ireland of Galway Conor NEWMAN, National University Ireland of Galway Jean-Michel PICARD, University College Dublin Jacques PRUDHON, Président des Amis de saint Colomban, Luxeuil-les-Bains Roseanne SCHOT, National University Ireland of Galway David VUILLERMOZ, Association pour la Promotion de l Archéologie dans le Haut-Jura (APAHJ) / Infographiste contractuel UMR ArTeHis 6298, Dijon Vosges 72 - Saint-Amé, site du Saint-Mont : inscription MH le 07/07/1995 du site archéologique. 73

39 SOMMAIRE Préfaces La recherche sur l abbaye de Luxeuil et le «monachisme colombanien» Entre Irlande et Italie, l épopée colombanienne Colomban : du moine irlandais à l abbé de Luxeuil, puis de Bobbio Les sources et l œuvre de saint Colomban Le monachisme irlandais Les monastères de Cleenish Island et de Bangor (Irlande) Le monastère de Bobbio (Italie) Au pied des Vosges, de nouvelles recherches L agglomération antique de Luxovium Luxeuil : d un complexe ecclésial paléochrétien au grand monastère du haut Moyen Âge Une carrière de sarcophages à Saint-Valbert Le rayonnement artistique et intellectuel de l abbaye de Luxeuil au haut Moyen Âge Annegray, la première fondation sur le continent Le monastère de Fontaine Le Monasterium Habendum, le Saint-Mont, le plus ancien monastère d Austrasie Gérer une histoire et un passé, un patrimoine et un futur Double page suivante : Vue générale du site d Annegray (au centre) depuis la chapelle Saint-Martin. (Cliché S. Bully) Les Amis de saint Colomban, une association active depuis 1948 De la renaissance du culte de saint Colomban à la commémoration de 1950 La valorisation du site de l ancienne église Saint-Martin. Protéger pour contempler, révéler, décrypter et partager Bibliographie - Protection au titre des monuments historiques et des sites Les auteurs Sommaire Chronologie Quatrième de couverture : Représentation de saint Colomban. Peinture murale de l église Saint-Pierrele-Jeune, Strasbourg, XIII e siècle. 74 (Cliché Amis de saint Colomban) 75 CHRONOLOGIE

40

41 L ÉTAT ET LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE Le Ministère de la Culture, en application du Livre V du code du Patrimoine, a pour mission d inventorier, protéger et étudier le patrimoine archéologique. Il programme, contrôle et évalue la recherche scientifique dans les domaines de l archéologie préventive (liée à des travaux d aménagement) et de la recherche programmée (dont la seule raison est scientifique). Il concourt à la diffusion des résultats auprès de tous les publics. La mise en œuvre de ces missions est confiée aux directions régionales des affaires culturelles via leurs services régionaux de l Archéologie. LE LABORATOIRE ARTEHIS L Unité Mixte de Recherche Archéologie, Terre, Histoire et Sociétés (UMR 6298) est placée sous la triple tutelle du CNRS, de l Université de Bourgogne et du Ministère de la Culture. Il est lié avec l Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) par une convention de partenariat scientifique. ArTeHiS a pour principal objet d étude les sociétés humaines dans le temps long, de la Préhistoire à nos jours. Ses champs de recherche se situent au croisement des sciences humaines et sociales et des sciences de la vie, de la terre et de l environnement. Ils intéressent l archéologie, l histoire, l histoire de l art, la géoarchéologie et les sciences de l environnement. Le Laboratoire est réparti sur quatre sites dont le Centre d Études Médiévales d Auxerre. L ASSOCIATION POUR LA PROMO- TION DE L ARCHÉOLOGIE DANS LE HAUT-JURA (APAHJ) L association a été créée en 1997, initialement pour soutenir les recherches archéologiques engagées sur l ancien palais abbatial de Saint-Claude (actuel Musée de l Abbaye, donation Guy Bardone et René Genis). Depuis lors, l APAHJ assure un soutien logistique et administratif à différents programmes de recherches archéologiques et participe à leur valorisation. L association est hébergée dans des locaux de la Ville de Saint-Claude. Le Projet Collectif de Recherche (PCR) Monastères en Europe occidentale. Topographie et structures des premiers établissements en Franche-Comté et Bourgogne (V e -X e siècle) a bénéficié depuis 2010 d aides du Ministère de la Culture, des Conseils régionaux de Franche-Comté et de Bourgogne, des Conseils généraux de la Haute-Saône et du Jura, de la Ville de Luxeuil, des fondations privées Caritas Veritatis et Gilles et Monique Cugnier. Dirigé par Sébastien Bully et Christian Sapin (CNRS, UMR ArTeHis-CEM), le PCR implique une vingtaine de chercheurs de différents horizons institutionnels et géographiques ; il participe régulièrement à la formation des étudiants à travers les opérations de terrain et des encadrements de masters et de thèses. Le projet scientifique s articule autour de quatre axes principaux : - les conditions de fondation et de développement des monastères «iro-francs», - la question des cellae/cellulae carolingiennes, - les origines de l organisation claustrale, - les tombes saintes et le culte des reliques. Maître d Ouvrage Direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté 7 rue Charles Nodier Besançon Cedex Tél. : ARCHÉOLOGIE EN FRANCHE-COMTÉ Publication de la DRAC Franche-Comté Service régional de l archéologie Direction de la collection Annick Richard SRA - DRAC Franche-Comté Textes rédigés sous la direction de Sébastien Bully, co-responsable scientifique du PCR, CNRS-UMR ArTeHiS Comité de lecture Sébastien Bully, Annick Richard, Pascale Chevalier, Gilles Sené Remerciements pour leur collaboration à l élaboration de la brochure : Martine Aubry-Voirin, Virginie Cachier, Christian Camerlynch, Fabien Chuc, Jennifer Coghe, Gérald Dowling, Laurent Fiocchi, Marie-Agnès Gaidon- Bunuel, Vanessa Le Lay, Michel Malcotti, Guillaume Prieto, Pascal Prunet, Deborah Reichert, Adrien Saggese, Ludovic Sonney et Stiftsbibliothek St Gallen Charte graphique : Laurent Jacquy Infographie : Pierre Viellet Impression : Imprimerie Simongraphic, Ornans ISSN Besançon, 2015 Diffusion gratuite dans la limite des stocks - Ne peut être vendu 2015 ARCHÉOLOGIE EN FRANCHE-COMTÉ N 5

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