L ALE a choisi un titre riche de sens pour l intervention qu elle a demandée au

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1 L ALE a choisi un titre riche de sens pour l intervention qu elle a demandée au CAUE, car comme toute histoire, l histoire des quartiers pavillonnaires a un début et a (ou aura très prochainement) une fin. Ce n est pas de la fin de la maison individuelle, dont nous parlons, mais de celle du pavillon qui est une forme particulière de la maison individuelle, dans le sens où elle est isolée au milieu d une parcelle. (Vue aérienne du quartier de Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 1

2 L origine des quartiers pavillonnaires remonte sans doute à l ère industrielle et au développement des cités nécessaires au logement des ouvriers. Il s agissait souvent de petites maisons mitoyennes qui constituaient des rues entières ou comme ici, des maisons jumelées au milieu des jardins, ce qui a valu la dénomination de «cités-jardins». Ces cités se sont bien sûr développées à proximité des industries. En Lorraine, il y en a bien sûr beaucoup autour des industries sidérurgiques du Nord et textiles du sud. La densité de ces quartiers est assez importante : autour de 30 logements / ha. A titre de comparaison, un lotissement de maisons individuelles avec des parcelles de 800 m² a une densité d environ 10 logements / ha. On peut imaginer que Clairlieu, avec ses parcelles d une surface d environ 400 m² a une densité de 15 à 20 logements / ha. (Cité-jardin d Heumont 54) 2

3 Au XVIII et XIXème siècle, en ville, les choix ne sont pas à la maison individuelle. On construit des extensions urbaines faites d îlots denses, limités pas des immeubles collectifs implantés en continu. Cette typologie est dense. Ici, on estime la densité urbaine entre 150 et 200 logements / ha. A titre de comparaison, le quartier du Haut-du-Lièvre a une densité de 228 logements / ha. (Nancy) 3

4 Dans les villages, au XIX on remplit les dents creuses entre les maisons. (Heillecourt) 4

5 Entre 1890 et 1930, des règlementations voient le jour. Plusieurs lois vont assurer l essor de l habitation individuelle en France. L intervention est donc directement à l origine du développement de l habitat pavillonnaire. Sur Nancy, l afflux de population fuyant les territoires de Moselle et de Meurthe annexés par les Prussiens va être à l origine d un développement urbain considérable. De nombreuses rues seront construites, après une procédure de lotissement. Les villas de style art nouveau «Ecole de Nancy» y trouveront leur place. (Lotissement de la rue Félix Faure à Nancy) 5

6 (Rue Boffrand à Nancy) 6

7 Les incitations d Etat continuent à la fin des années Après le mouvement art nouveau, c est tout un patrimoine de maisons individuelles art déco qui va se développer. A cette époque, se développe un habitat continu mitoyen relativement dense (Boulevard du Maréchal Foch à Laxou) 7

8 en même temps que des lotissements pavillonnaires d architecture art déco. (Laxou) 8

9 Après la seconde guerre, l effort de reconstruction et l urgence de reloger la population se concentre surtout sur le collectif, et notamment les grands ensembles : il faut produire vite des logements à bas coût. Mais, dans le même temps, les incitations au développement de maisons individuelles continuent au profit de «grands ensembles horizontaux». (Heillecourt De l ordre de 30 logts /ha) 9

10 Dans les années 50-60, on reste sur l idée de production massive de logements avec des dispositifs intermédiaires entre le collectif et l individuel : la maison en bande. En effet, cette typologie s apparente architecturalement à un petit collectif de type barre, avec bande de jardin à l arrière et généralement aussi à l avant. Ces bandes sont divisées en parts attribuées à des propriétaires. On considère alors ces logements comme des maisons individuelles. Cependant, cette typologie de permis groupé génère des parcelles très étroites. Les façades s ouvrent sur un espace ouvert. Le jardin individuel, très étroit, fonctionne comme une partie d un tout, constitué de l ensemble des jardins. (Quartier de Brichambeau à Vandoeuvre-lès-Nancy) 10

11 Permis groupés à différencier des lotissements, dans lesquels chaque lot est généralement vendu à quelqu un qui va construire individuellement sa propre maison. (Grand Nancy) 11

12 Dans les années 1970 : grand boum de l habitat groupé et des lotissements. (Permis groupé de Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 12

13 Et dans les années 1970, on commence à entrer dans le gigantisme. On crée des morceaux de villes qui représentent à eux seuls des «villes nouvelles». Ceux-ci sont déconnectés de la ville-centre. (Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 13

14 Pourquoi cet exode rural à l envers? Pour construire ça : le rêve de plus de 80% des français : une maison individuelle dont on est propriétaire. En fait, ça, c est une réponse, voire LA réponse qui a été donnée à une série d exigences, dont on verra que d autres réponses sont possibles. Quelles sont ces caractéristiques qui font que le Français veut une maison individuelle? 1- Un étage (et avec balcon c est encore mieux). (Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 14

15 2- Une entrée individuelle, à ne pas partager avec d autres logements. (Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 15

16 3- Un jardin (Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 16

17 4- Une place sécurisée pour sa voiture. (Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 17

18 5- Et enfin, une clôture, chacun chez soi. Le droit de la propriété français dit même clairement qu on ne peut interdire à un propriétaire de clôturer son terrain. (Clairlieu à Villers-lès-Nancy) 18

19 Ces exigences se sont traduites par un modèle : celui de la maison individuelle au milieu de son terrain. (Grand Nancy) 19

20 Dès la fin des années 1980, les bailleurs sociaux ont remis au goût du jour les maisons individuelles, en respectant les exigences énoncées plus haut, mais en conservant une certaine densité proche des logements collectifs. (La Chiennerie à Nancy) 20

21 Certains ont même imaginé le concept d habitat intermédiaire : à mi chemin entre la maison individuelle en bande et l immeuble collectif. (Quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau D) 21

22 En quelque sorte : la superposition de 2 maisons l une sur l autre. (Quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau D) 22

23 Ce travail sur la densité, indispensable aujourd hui pour des raisons de développement durable : - Lutte contre l étalement urbain (conservation des terres agricoles) - Compacité des logements pour des raisons d économie d énergie, mais aussi de coûts pour les habitants et pour la collectivité (réseaux) - Densité permettant d irriguer un secteur de transport en commun On s est rendu compte, grâce à de multiples expériences, que cette densité, contrairement à ce qu on a vécu dans les grands ensembles (du reste pas si denses que ça), pouvait être au service d une véritable qualité d usage, d une réelle qualité de vie. L épisode des quartiers pavillonnaires caractérise très clairement l époque de l énergie bon marché. Aujourd hui, les préoccupations environnementales imposent de revenir à des typologies de bâti, plus compactes, moins consommatrices en foncier, davantage connectées aux réseaux de transport en commun. La construction de nouveaux quartiers va de plus en plus dans ce sens. Il faut également s attaquer à la réhabilitation des quartiers pavillonnaires. (Quartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau D) 23