LA RIVIERE SOUTERRAINE DE CHAMPDENIERS

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1 LA RIVIERE SOUTERRAINE DE CHAMPDENIERS ***** Ētudiée par les membres du Comité Départemental de Spéléologie des Deux-Sèvres à partir de 1963, la cavité ne fut pénétrée à partir de la Grande Fontaine que le 18 octobre 1970 par Georges BOUQUET et Philippe POUSSOU. Son exploration systématique s acheva à la fin de l été Les relevés topographiques ayant montré que la 3 ème salle du réseau affleurait le coteau, une ouverture artificielle fut envisagée puis terminée en août Celle-ci permet un accès aisé et permanent à la rivière souterraine. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET HYDROLOGIQUE : La rivière souterraine s écoule dans une galerie principale qui s étire sur une distance d environ 450 m selon une direction SSE-NNO. Des marquages à la fluorescéine ont permis de montrer qu elle était alimentée par les eaux du ruisseau de Gâchet situé plus au nord, sur la commune de Cours. Ce ruisseau disparaît sous terre au niveau du gouffre de la Chauvinière. En période de crues, une partie de l eau suit le cours naturel de la vallée. Les études ont montré qu il fallait une dizaine d heures pour que l eau effectue le trajet souterrain. L été, le gouffre étant à sec, on peut imaginer que l alimentation de la rivière souterraine s effectue par d autres points d infiltration situés le long de la même vallée. L existence d un alignement SSO-NNE de dolines suggère la présence d un autre réseau en provenance du ruisseau de la Méminière. L eau de la Grande Fontaine rejoint rapidement l Egray.

2 Gouffre de la Chauvinière : perte du ruisseau de Gachet Emplacement probable de la salle du grand éboulis Source de la Grande Fontaine : entrée de la rivière souterraine doline 500 m

3 ENVIRONNEMENT GEOLOGIQUE : Arrimé sur la bordure méridionale du Massif armoricain, le site de Champdeniers constitue une butte témoin de terrains d âge jurassique inférieur. Audessus des schistes paléozoïques (en blanc sur la carte), on trouve une série sédimentaire constituée d un empilement de strates calcaires et de marnes. Des argiles à silex recouvrent le plateau. Elles proviennent de la dissolution des assises du Jurassique moyen et supérieur. Du bas vers le haut, les couches jurassiques présentent : - Des calcaires dolomitiques beiges, fins, tendres, à rares bivalves. Ces calcaires sont bien visibles au niveau de la source de la Grande Fontaine, c est dans ce niveau que s écoule la rivière souterraine. - Des calcaires dolomitiques caverneux, plus durs, correspondant à constructions algaires ; On les trouve en surplomb au-dessus de la fontaine. Ces deux premiers niveaux (= Calcaire jaune nankin) sont attribués au Sinémuro-Hettangien. - des calcaires oolithiques fins puis des calcaires lithographiques gris observables dans la salle d entrée de la rivière souterraine et à mi hauteur dans la salle du grande éboulis. C est la formation «Caillebotine» datée du Sinémurien supérieur (3 m). - des calcaires gréseux à passées grossières (Pierre rousse), riches en graviers de quartz. Les fossiles deviennent plus fréquents avec en particulier des rostres de bélemnites que l on peut voir sur le plafond de la salle du grand éboulis. Il s agit là de l étage Pliensbachien (environ 10 m).

4 - Les calcaires argileux et les marnes grises du Toarcien constituent un toit relativement imperméable qui protège le Jurassique inférieur des infiltrations en provenance de la surface. Ces marnes étaient encore récemment exploitées pour la fabrication des tuiles à Saint-Denis Cette succession est bien connue à l échelle régionale, elle témoigne du retour de la mer sur la région au Jurassique inférieur et cela après une absence d environ 150 millions d années. Au cours de cette longue période, la chaîne de montagnes qui s était formée en Europe à la fin de l ère primaire, la chaîne hercynienne, a été complètement érodée. Lorsque l on remonte la série jurassique, on reconnaît des roches qui se sont formées dans des environnements de plus en plus profonds : milieu lagunaire pour les calcaires dolomitiques du Sinémuro-Hettangien, domaine marin largement ouvert pour les marnes à ammonites du Toarcien. Les passées conglomératiques du Pliensbachien témoignent de la subsistance d écueils paléozoïques dans les mers du Jurassique inférieur. La destruction de ces écueils alimentait régulièrement les sédiments en sables et graviers. L ensemble des couches est incliné vers le sud. Cette situation est la conséquence des mouvements tectoniques qui ont affecté la région au cours de l ère tertiaire, en contrecoup de la formation des Pyrénées. Colonne stratigraphique du Jurassique inférieur de Champdeniers

5 COUPE GEOLOGIQUE DU SITE DE CHAMPDENIERS NNO SSE Gouffre de la Chauvinière Salle du grand éboulis La Grande Fontaine Egray Argiles à silex Calcaires lithographiques et oolithiques du Sinémurien Marnes du Toarcien Calcaires gréseux du Pliensbachien Calcaires dolomitiques du Sinémuro-Hettangien Schistes du Paléozoïque

6 ORIGINE DE LA CAVITE : Aucune donnée précise ne permet de dire à partir de quand la rivière souterraine a commencé à se creuser. On peut penser que son origine est contemporaine de la mise en place du paysage actuel, c est à dire de la fin de l ère tertiaire ou du début du Quaternaire. Actuellement, l eau s infiltre directement dans les calcaires dolomitiques du Sinémuro-Hettangien, à deux ou trois mètres au-dessous du niveau de calcaires oolithiques. A partir de là, la rivière souterraine s écoule toujours au même niveau, suivant le pendage naturel des couches. Il se peut que le gouffre se situe au niveau d une faille non reconnue. Au cours du temps, l eau a dissous la roche au niveau de discrètes diaclases dont l orientation NNO-SSE est parallèle aux failles identifiées de part et d autre du village de Cours. En fonction des périodes climatiques, le régime hydrodynamique a changé et la cavité a dû être plus ou moins ouverte vers l amont ce qui a permis l arrivée des éléments grossiers (galets de quartz et silex) qui, localement, tapissent le fond de la rivière. On peut noter que le concrétionnement est beaucoup plus important à l entrée de la cavité car, à cet endroit, les eaux de la nappe supratoarcienne percolent plus facilement. En effet, elles ne sont pas arrêtées par les marnes toarciennes qui, sur le reste du parcours de la rivière, constituent un écran imperméable. Sources : - Comité Départemental de Spéléologie des Deux-Sèvres (1979?) - SOUS LES DEUX-SEVRES, publication du C.N.D.P/C.D.D.P. des Deux- Sèvres. 69 p. - BOUTON P. et BRANGER P. (à paraître) - Carte géologique de la France (1/50 000), feuille Coulonges-sur-l Autize (587), carte et notice explicative.

7 1. Gouffre de la Chauvinière. 2. Calcaires dolomitiques «jaune nankin», tendre à la base avec une galerie fossile, plus résistant à l érosion au dessus.

8 3. Calcaire «Caillebotine» et base du Pliensbachien dans la salle du grand éboulis. 4. Galerie située à droite de la résurgence principale. Noter, dans le prolongement, la diaclase qui a favorisé la formation de la cavité.

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