RAPPORT MENSUEL DU SAHEL Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad Avril-Mai 2001 le 17 mai 2001
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- Aurélie André
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1 FAMINE EARLY WARNING SYSTEM NETWORK RESEAU DE SYSTEME D ALERTE PRECOCE CONTRE LA FAMINE BUREAU REGIONAL DU SAHEL MALI BAMAKO S/C USAID BP 34 MALI TEL/FAX ssow@fews.net BURKINA FASO, MALI, MAURITANIE, NIGER, TCHAD RAPPORT MENSUEL DU SAHEL Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad Avril-Mai 21 le 17 mai 21 RESUME Malgré les actions d atténuation de crises alimentaires en cours dans les différents pays, la hausse continue du prix des céréales limite leur accès pour les populations à risque d insécurité alimentaire. Ces populations etaient identifiées par les différents systèmes de suivi à travers le Sahel à l entrée de la période de soudure 21. Des actions supplémentaires (par exemple, ventes à prix modérés ou vivres contre travail ou distributions gratuites) seront nécessaires dans les zones les plus touchées par l insécurité alimentaire pour stabiliser les prix des céréales, favoriser un meilleur accès aux denrées alimentaires et permettre un bon déroulement de la campagne agricole 21/2. A cause des exportations de céréales plus intenses en direction des pays voisins ayant connu des déficits conjoncturels plus marqués pendant la campagne agricole 2-21 (Niger et Burkina Faso surtout) et des programmes d achats locaux par certains partenaires au développement, le prix moyen du mil au Mali connaît des niveaux très élevés. Beaucoup plus inquiétant, des niveaux exceptionnels du prix du mil sont atteints dans la zone sahélienne du Tchad, plus touchée par l insécurité alimentaire. I. PERSPECTIVES D INTEGRATION DES MARCHES CEREALIERS DANS LA SOUS REGION Les bilans des campagnes agricoles établis par le CILSS et la FAO dès la fin des récoltes au Sahel (Octobre) constituent les principales sources d information pour l élaboration des mesures d approvisionnement en denrées alimentaires des populations en Afrique de l Ouest. Etablis sur la base des prévisions des récoltes, les bilans fournissent des informations sur les stocks disponibles au niveau des producteurs, du secteur commercial et des structures étatiques. Sur cette base, on évalue les ressources alimentaires globales pour la campagne de consommation à venir en Afrique de l Ouest. La confrontation des ressources et des besoins alimentaires des populations permet de dégager une situation brute de surplus ou de déficit pour chaque pays. Une situation de déficit se traduit d abord en besoins d importation commerciale et plus loin en aide alimentaire. A l issue de la campagne agricole 2/1, la production céréalière dans les neuf pays du CILSS a été estimée en Mars 21 à 8,9 millions de tonnes, soit une baisse de 6 % par rapport aux prévisions établies en novembre 2. Par rapport à la récolte record de 1999/2, elle est inférieure de 21 %, mais seullement inférieure de 8 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Suite à des productions en baisse dans la majeure partie des pays, cette année, les disponibilités céréalières sont apparues inférieures aux besoins sur le plan régional.
2 C est justement pour dynamiser les échanges entre les pays de la sous-région et permettre au secteur privé de jouer un plus grand rôle dans l approvisionnement des consommateurs que s est tenue à Bamako (Mali) sur les perspectives agricoles en Afrique de l Ouest annoncée dans le rapport FEWS Net du 3 mars. Organisée par le Projet d Appui au Système d Information Décentralisée du Marché Agricole (PADSIMA), en collaboration avec l Université d Etat de Michigan (MSU) et l Assemblée Permanente des Chambres d Agricultures du Mali (APCAM) avec le financement de l USAID, cette conférence a regroupé près de 15 participants venus des pays de l Afrique de l Ouest (Bénin, Burkina Faso, Cote d Ivoire, Ghana, Guinée Conakry, Niger, Sénégal, Togo et Mali) et de l Afrique Australe (Zambie et Mozambique) comme observateurs. Les différents acteurs (les représentants des producteurs, des transformateurs, des commerçants, des décideurs ainsi que des chercheurs) ont débattu et partagé les informations sur les bilans des campagnes agricoles, les perspectives alimentaires et discuté des évolutions possibles des marchés agricoles. Cette conférence a vu la création du Réseau des Opérateurs Economiques du Secteur agroalimentaire de l'afrique de l'ouest (ROESAO) et a expressément recommandé aux Etats de faciliter les échanges commerciaux dans l espace sous-régional Ouest Africain. II. ECHANGES CEREALIERS PLUS INTENSES DANS LA SOUS REGION Déjà, depuis la rencontre de Février 2 sur les perspectives agricoles, des contacts plus fréquents entre certains commerçants céréaliers de la sous région (Mali, Niger, Burkina Faso, Côte d Ivoire, Sénégal, Mauritanie et Guinée) avaient abouti à des transferts importants de 12 Graphique 1. Exportations de Céréales sur les Marchés suivis au Mali (Mil, Sorgho et Maïs) courant 2 1 Tonnes Metriques Janv Fev Mar Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Dec Graphique: FEWS NET/Sahel Source: OMA céréales entre pays excédentaires et déficitaires. Selon le suivi effectué par l Observatoire des Marchés Agricoles du Mali (OMA qui remplace le Système d Information sur les Marchés
3 Céréaliers: SIM) courant 2, les exportations formelles en céréales du Mali vers ces voisins limitrophes se sont chiffrés à près de 45, Tonnes avec des maximums se situant en Juin (Graphique 1). Ces exportations étaient destinées essentiellement au Niger, Burkina Faso et en Côte d Ivoire (Graphique 2). Graphique 2. Répartition des Exportations de Céréales (Mil, Sorgho et Maïs) suivies du Mali Graphique: FEWS NET/Sahel Source: OMA Autres 2% Niger 36% Côte d'ivoire 22% Mauritanie 6% Burkina Faso 34% Selon certains opérateurs, il existerait un intense courant de réexportation (probablement lié à un fort pouvoir d achat) des céréales du Niger vers le Nord du Nigeria où les récoltes de cultures sèches ont été mauvaises en Le niveau très élevé des prix au Niger s expliquerait en partie par cette réexportation vers le Nigeria des céréales. Avec la création du ROESAO et les situations de déficits plus accentués dans certains pays (Niger, Burkina Faso et Tchad), le PASIDMA suggère que le Mali exportera courant 21 près de 6, tonnes de céréales, donc beaucoup plus qu en 2 vers ses voisins immédiats. Déjà pendant les trois premiers mois de 21 (Janvier, Février et Mars), les exportations de céréales à partir des marchés couverts par l OMA étaient estimées à 2,7 tonnes en moyenne par mois. Ces grandes exportations du Mali vers ses voisins s expliquent par une disponibilité plus large des céréales (principal pays producteur du Sahel pendant les deux dernières campagnes), donc des prix plus bas et une réglementation presque inexistante en matière d exportation au Mali qu ailleurs (Graphique 3). D ailleurs, on s attend à de ventes éventuelles des céréales anciennes du Stock National de Sécurité (SNS), ce qui aura comme effet, une tendance à stabiliser les prix. Ces échanges de plus en plus importants entre pays de la sous région dénotent des contacts réguliers entre opérateurs de la sous région et une certaine intégration des marchés, surtout entre les pays limitrophes depuis la première conférence sur les perspectives agricoles en
4 1999. C est dans ce contexte qu il faudrait bien placer la hausse actuelle très marquée du prix des céréales au Mali à l instar de celle du Burkina Faso et du Niger beaucoup plus affectés par le déficit de production. 35 Graphique 3. EVOLUTION du PRIX MOYEN du MIL de JUIN 2 à AVRIL 21 au MALI et DANS la ZONE SAHELIENNE du TCHAD et du BURKINA FASO 3 Abeche (Tchad) Dori (Burkina) Segou (Mali) 25 FCFA/KG Juin- Août- Oct- Dec- Fev-1 Avr-1 Graphique FEWS NET/Sahel Source: SIM et OMA, Depuis l annonce par ces pays dès Novembre 2 d effectuer des achats sous régionaux pour pallier aux déficits de production, le marché malien a été pris d assaut par les opérateurs économiques du Niger et du Burkina Faso. Selon l un des principaux commerçants céréaliers du Mali principal pourvoyeur des pays voisins installé à Koutiala, entre Janvier et Avril 21, il a exporté sur le Niger et le Burkina Faso près de 1, tonnes de mil/sorgho, en raison de 6 tonnes par semaines. Dans cette logique en tant que pourvoyeur, le marché malien bien qu'ayant bénéficié de récoltes moyennes en 2/1 et de deux années précédentes de récoltes records connaît depuis Janvier une hausse du prix moyen du mil. Cette hausse du prix des céréales est très marquée en Avril 21 comme le témoigne de l évolution du prix moyen du mil à Ségou, principale zone de production du mil au Mali (Graphique 4). Tous les autres marchés de consommation du pays connaissent cette même hausse du prix du mil jamais observée pendant cette période depuis que la collecte des prix des céréales a commencé au Mali en 1988 par l OMA.
5 Graphique 4. EVOLUTION INTERANNUELLE du PRIX MOYEN du MIL MARCHES de SEGOU VILLE (MALI) Francs CFA/kg Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sep Oct Nov Déc Moyenne FEWS NET/Sahel Source: OMA Au Burkina Faso, malgré le déficit de production conjoncturel qui y sévit (comme au Niger et au Tchad), les tendances des prix restent similaires ou légèrement plus élevés qu à ceux observés au Mali. Les raisons sont dues sûrement à des importations à partir des sources d approvisionnement plus proches ; le Mali pour les mil/sorgho et la Côte d Ivoire pour le maïs (Graphique 5). 25 Graphique 5. EVOLUTION INTERANNUELLE du PRIX MOYEN du MIL MARCHES de DORI VILLE (BURKINA FASO) 2 FCFA/KG Janv Fev Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Dec Moyenne FEWS NET/Sahel Source: SIM
6 Donc tout comme au Mali, la hausse du prix du mil au Burkina bien que marquée reste en deçà de celle observée au Tchad ou au Niger. Au Niger et au Tchad, confrontés à des déficits de productions aussi marqués courant 21, les prix des céréales connaissent des hausses exceptionnelles. Les prix moyens du mil dans les zones vulnérables (voire rapports mensuels précédents) de ces deux pays ont atteint des niveaux records probablement jamais observés réduisant fortement la capacité des ménages d accéder aux céréales dans les zones touchées par les crises alimentaires. Au Tchad le pays le plus touché par l insécurité alimentaire en plus des actions d atténuation en cours, des distributions alimentaires gratuites supplémentaires seront nécessaires pour stabiliser cette hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires. Le prix moyen du mil en avril 21 a atteint les 31 F CFA pour le Kilo à Abéché le plus élevé dans le Sahel (Graphique 6). 35 Graphique 6. EVOLUTION INTERANNUELLE du PRIX MOYEN du MIL MARCHE D'ABECHE VILLE (TCHAD) 3 Moyenne FCFA/KG Jan Fev Mar Avr Mai Juin Juil Août Sep Oct Nov Dec Moyenne GRAPHIQUE FEWS NET/Sahel SOURCE:SIM, Il est certes établi que la plus part des pays du Sahel connaissent courant 21 des déficits de production (voire rapports précédents) suite aux campagnes agricoles moyennes ou mauvaises de 2/1. Au delà de ces déficits conjoncturels ou structurels selon les pays, la hausse exceptionnelle du prix des céréales actuellement observée surtout au Tchad, Niger et Burkina Faso est vraisemblablement liée aux politiques non-indiquées d anticipation et de gestion des crises prononcées beaucoup plus tôt. Il s agit notamment des alertes alarmistes non-fondées depuis le déroulement de la campagne agricole, des déclarations d achats de céréales et de leur reventes à des prix modérés et des distributions alimentaires gratuites pendant la période de
7 récoltes. A ces différents motifs s est greffée la spéculation céréalière. Par l effet d intégration, le prix des céréales dans les autres pays comme le Mali suivent la même tendance observée.
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