JE M APPELLE SIMON FRANC, j ai seize ans, je suis un lycéen. Il y a

Transcription

1 BAISERS DANGEREUX

2 JE M APPELLE SIMON FRANC, j ai seize ans, je suis un lycéen. Il y a un mois de cela quelque chose d étrange s est passé, qui a d ailleurs changé toute ma vie. Cet été, en camping, j ai rencontré une fille géniale : elle s appelait Phœbe, elle avait les cheveux roux, les yeux marron et une cicatrice près de l œil. Je lui avais demandé de sortir avec moi ; mais elle n avait pas accepté. J avais été déçu de sa réponse, je m attendais à une réponse positive de sa part... De retour dans le Val-de-Marne (c est là où j habite), nous nous sommes arrêtés avec mes parents dans la station service entre le carrefour Pompadour et la Préfecture. J y ai rencontré un vendeur un peu vieux et habillé tout en noir. J ai acheté une canette. Après avoir payé je me suis retourné et j ai vu Phœbe. Surpris! Je n ai même pas pu dire «Bonjour» tellement je tremblais de peur ; d ailleurs elle a fait comme si de rien était. Je me suis retourné vers le vendeur qui m a fait un sourire maléfique. A ce moment-là, j ai remarqué la cicatrice de celui-ci : non seulement elle était identique à celle de Phœbe mais elle était aussi au même endroit. Il s est approché vers moi et m a adressé la parole. Le vendeur m a demandé pourquoi j avais l air si triste. Je lui ai raconté que j étais 31

3 un peu triste car je venais d apercevoir la jeune fille que j avais vue au camping et qui n avait pas voulu de moi. Il m a fait un sourire étrange et m a demandé où elle était et qui c était. Je lui ai expliqué qu elle était dans la station service et qu elle s appelait Phœbe. Il s est approché et m a chuchoté à l oreille : «J ai le pouvoir de faire tomber les filles amoureuses de qui je veux.» J ai fait un sourire car j étais heureux de pouvoir enfin sortir avec Phœbe. Puis je me suis mis à penser à mon avenir avec elle. Tout à coup la jeune fille s est approchée et m a interrogé : «Tu es Simon c est ça? On s était déjà rencontré au camping, non?» Je lui ai répliqué : «C est bien moi.» Je lui ai proposé de venir avec moi dans le parc qui était derrière la préfecture pour qu on puisse être un peu seuls. Elle a accepté. Arrivés au parc on s est embrassés. Soudain le ciel est devenu gris comme si une tempête allait s abattre sur nous, de nombreux éclairs ont surgi. Le ciel était envahi de mouettes. A cause du mauvais temps nous avons voulu rentrer à la station et, sur le chemin nous avons vu que plusieurs accidents de voitures s étaient produits devant la station. Etrange car avant d arriver à la station service, il n y avait pas d embouteillages et je n avais pas vu d accidents. Mais je n y ai pas prêté plus d attention car la fille de mes rêves était sous mon bras et elle avait l air d attendre mon regard. Je remerciais mes parents de s être arrêtés à cette station service et aussi ce vendeur! À ce moment-là, son visage m est revenu à l esprit, créant un certain malaise. Pour me changer les idées, j ai proposé à Phœbe, après avoir demandé la permission à mes parents, de faire une balade à la gare. Elle a accepté avec un sourire aux lèvres ; ses yeux brillaient de mille feux. Nous nous sommes mis en route pour la gare. Vous savez cette gare vitrée, grande et belle. Nous sommes entrés 32

4 dans la gare ; il y avait une foule énorme qui se pressait de rentrer dans un train. Nous nous sommes assis sur un banc et nous avons regardé les gens qui couraient dans tous les sens. Tout d un coup, on a aperçu un vieil homme qui marchait rapidement pour prendre un simple train! On était éberlués. Alors nous nous sommes regardés, je l ai prise dans mes bras et nous nous sommes de nouveau embrassés. J étais aux anges. Soudain, j ai entendu un bruit affreux suivi de coups de klaxon. J étais effrayé! Nous sommes sortis de la gare et nous avons vu cet accident. Je tremblais comme une feuille! Je sentais le cœur de Phœbe battre à se rompre. Nous étions horrifiés! Encore un embouteillage, pensais-je. J ai regardé l horloge qui était accrochée à la vitre de la gare et j ai vu qu il était 16h30. Je devais être à la station service à 17h00. J ai dit au revoir à Phoebe et nous nous sommes donnés rendez vous le lendemain à 14h00 devant la préfecture. Ensuite, nous nous sommes éloignés. Moi vers la station service et Phœbe rentrait de l autre côté. J ai marché rapidement vers la station et moi, mes parents et ma sœur sommes rentrés à la maison. Avant de m endormir, j ai pensé à elle et j avais hâte de me réveiller. Le lendemain, je me suis réveillé de bonne humeur. J ai fait mon petit déjeuner et je me suis préparé pour aller rejoindre Phœbe. Elle m attendait, assise à l abribus, devant la préfecture comme prévu. Je me suis assis à côté d elle et j ai plongé mon regard dans le sien. Elle regardait ce chef-d œuvre au milieu du rond-point. Moi je l ai appelé «la boule». Il n y avait pas un nuage et le soleil brillait. Elle m a ensuite regardé et nous nous sommes embrassés. J étais en T-shirt car il a fait chaud, mais j ai commencé tout à coup à avoir froid. Il y a eu un bruit sourd suivi de coups de klaxon, mais cette fois toute la route était bloquée. Je ne voyais même pas le bout de l embouteillage. Je n y comprenais rien. Le soleil ne brillait plus et des nuages se sont mis à le couvrir. Il a fait sombre et 33

5 j ai eu de plus en plus froid. Tout à coup, des flocons de neige se sont mis à tomber du ciel. Des flocons de neige en plein mois d août, pensais-je. C est impossible! J avais très froid et Phoebe aussi avait l air d avoir froid. Alors je lui ai pris sa main et nous nous sommes mis à courir en direction de chez moi. Mais au milieu du chemin, nous étions essoufflés alors nous nous sommes arrêtés devant un grand magasin qui s appelait «FLY». Elle m a regardé et j ai fait de même. Elle s est approchée de moi et elle m a donné un baiser. Et là encore un bruit si fort qu il a fait bourdonner mes oreilles! J étais terrorisé! Nous avons regardé cet accident, si j ose dire car ce n en n était plus un : c était devenu un carambolage! Un bus retourné, une voiture renversée, une moto cassée, et tout cela à cause d un camion tombé du pont. J ai vu des voitures enflammées. Mon dos était trempé de sueur et je me sentais défaillir. Autant d accident en deux jours seulement! Sans compter les victimes et le temps perdu dans ces embouteillages. Que se passait-il? J ai pris conscience de certaines coïncidences, mais je n ai pas pu (ou pas voulu?) savoir si cela était causé par Phœbe. En effet, à chaque fois que nous nous sommes embrassés des événements horribles, monstrueux, se sont produits : des embouteillages, des accidents de plus en plus terribles. Néanmoins je ne pouvais imaginer que Phœbe puisse provoquer tout ça. Je l aimais tellement! de tout mon petit cœur. Mais Phœbe m a envoyé un texto, elle voulait qu on se retrouve à la préfecture. J ai couru pour aller la retrouver; heureux de nous revoir, nous nous sommes embrassés. Et à ce moment-là, un accident s est produit et un embouteillage monstre est apparu. La cause de l embouteillage était deux voitures qui s étaient retournées par la faute d un camion qui les avait heurtées. Je me suis dit que mes soupçons étaient maintenant justifiés. Et j ai compris que 34

6 le fait que Phœbe et moi nous nous embrassions était la cause de ces accidents et donc de ces embouteillages. En colère, énervé, furieux, j'ai pris la décision de rompre avec Phœbe pour le bien de tous. Ça ne pouvait plus continuer ainsi! Je lui ai envoyé un texto pour lui faire comprendre que c était fini. Je suis allé au bord de la Seine le cœur brisé et j ai jeté le collier qu elle m avait offert. Quelque temps après, je suis retourné à la station pour voir si le vendeur était toujours là mais avec effroi, je me suis rendu compte que ce n était plus un vendeur mais une vendeuse. Elle semblait n avoir jamais quitté son poste. Je lui ai demandé où était le vendeur ; elle m a répondu : «Depuis quarante ans, je travaille ici et aucun homme ne m a remplacée.» Je suis donc allé au bord de la Seine où j avais jeté le collier de Phœbe. J ai regardé l eau, histoire de voir s il n avait rien d effrayant ; avec soulagement, j ai vu qu il n y avait rien, même pas le collier qu elle m avait offert. Mais quelque chose d étrange me tracassait : j avais comme l impression que quelqu'un ou quelque chose m observait. Soudain j ai entendu un bruit un bruit qui me donna vite la chair de poule Avec crainte je me suis retourné, le cœur battant la chamade, et j ai découvert une mouette! J étais soulagé mais quelque chose d étrange attirait néanmoins mon attention : cette mouette ne me quittait pas du regard et elle avait quelque chose quelque chose qui m a glacé le sang elle avait une sorte de tâche une sorte de tâche de naissance, une sorte de cicatrice comme celle de Phœbe! Une semaine après, j ai repris les cours mais un mois plus tard je n arrive toujours pas à oublier cette histoire. Personne ne semble se rappeler de mon amie même pas Hotman qui nous avait accompagnés à la gare. C est comme si elle n avait jamais existé. 35

7 Mais j ai toujours cette impression que quelqu un ou quelque chose m observe. Aujourd hui je sais que ce n est pas encore fini et qu un jour elle ou il reviendra pour l ultime règlement de compte 36