Nicolas Bricas, Cirad, UMR Moisa, Montpellier. 4 mars 2011
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- Violette Breton
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1 Suivi des facteurs de risques de crise alimtaire Février 2011 Nicolas Bricas, Cirad, UMR Moisa, Montpellier 4 mars 2011 En complémt de la note sur les risques de crise liés à la hausse des prix internationaux publiée fin janvier 2011, la préste note fait le point sur l évolution de la situation durant le mois de février Cette évolution récte ne permet malheureusemt pas d être rassuré sur les risques de crise qui continut d être élevés voire qui tdt à augmter. L évolution récte des prix internationaux montre une poursuite de la hausse pour la plupart des produits L évolution des prix des produits alimtaires sur les marchés internationaux durant le mois de février est contrastée : le blé (Figure 1), le soja (Figure 3) et le sucre (Figure 4) ont vu leur prix commcer à redescdre. Ceux du maïs (Figure 2) des huiles de palme (Figure 5) et de soja (Figure 6) continut leur progression. Le prix du maïs dépasse 700 US$ la tonne, pratiquemt équivalt au niveau atteint lors du pic de Le prix de la viande est égalemt hausse compte tu de l augmtation du prix de l alimtation animale. Le prix du riz reste relativemt stable bi que plusieurs observateurs craignt qu il suive la tdance des autres produits dans les semaines à vir. Sur le marché de Bangkok, le prix FOB du riz 100% et de la brisure restt stables. Sur le marché de Chicago, le prix td à monter. La hausse des produits tropicaux d exportation, café, cacao, coton (Figures 7, 8 et 9) se poursuit égalemt mais on ignore toujours la part de cette hausse dont bénéficit les producteurs vulnérables. Quelques informations partielles indiqut que la transmission de cette hausse jusqu aux producteurs reste limitée. Plus inquiétante est l accélération de la hausse du prix du pétrole qui dépasse désormais le seuil des 115 US$ le baril (Figure 10). Elle devrait courager une logique inflationniste sur les autres produits alimtaires. Elle améliore la rtabilité des agro-carburants et contribue à l augmtation de la demande maïs et huiles végétales. Aux USA, l accroissemt de la production de maïs se fait au détrimt de celle de blé trainant une tsion sur le marché des céréales. Le prix du pétrole contribue égalemt au prix des intrants et du transport. Après être redescdu 2009 à son niveau de 2006, le prix du phosphate repart à la hausse depuis 2010 : il a augmté de 60% un an. Celui de l urée a augmté de 35% sur la même période. Si pour les pays exportateurs de pétrole la hausse de son prix compse partie la hausse des prix des alimts, elle représte une charge supplémtaire pour les pays importateurs. Le dollar se dévalue par rapport à l euro depuis le début de l année 2011, atténuant légèremt les factures dans cette devise des pays dont la monnaie est indexée sur l euro, comme les pays africains de la zone franc. La transmission de la hausse des prix sur les marchés intérieurs des pays vulnérables est core partielle Sur les marchés d Afrique, d Asie ctrale, d Amérique Latine et des Caraïbes suivis par Fews Net, les prix des produits de base augmtt moins vite que les prix internationaux du fait de bonnes récoltes dans ces pays (avec bi sûr des exceptions) et d une relativemt faible transmission des prix. Les hausses observées s expliqut partie par les variations annuelles classiques. Les prix du sucre et de l huile importés ont cepdant augmté dans plusieurs pays.
2 En Afrique de l Ouest, les troubles Côte d Ivoire affectt le trafic de marchandise du port d Abidjan et dans le pays. Une poursuite durable de ces tsions sociales est susceptible de créer des difficultés de ravitaillemt à partir du port. Facteurs de la hausse et perspectives à moy terme Plusieurs facteurs combinés sont mis avant pour expliquer la hausse des prix internationaux : Plusieurs accidts climatiques, au Canada, Ukraine et Russie, Australie et Argtine se sont traduits par une production moins élevée que celle espérée. Les productions de blé de Russie et d Australie accust une forte baisse : de 84 Mt 2009/10 à 66 Mt 2010/11 pour ces deux pays. Mais ce sont surtout les exportations de Russie qui sont affectées et peu celles d Australie. La production mondiale de blé estimée pour 2010/11 chute de 5,4% par rapport à l année d avant. La crainte et le constat d une hausse provoqut des réactions de réttion sur le marché, limitations d exportations et constitutions de stocks, ou des achats importants pour sécuriser des approvisionnemts à des coûts core raisonnables. La crise de 2008 est core dans tous les esprits. La Russie exportait plus de 18Mt 2008/09 et 2009/10. Elle n exportera que 4 Mt 2010/11. Plusieurs pays, l Egypte notammt ont acheté massivemt des céréales fin 2010 et début 2011 pour se constituer des stocks. Bi qu il soit difficile d mesurer l impact sur les prix, les volumes de contrats sur les marchés à terme ont nettemt augmté depuis 2009 (Figures 11 à 15). Cette augmtation concerne à la fois les contrats commerciaux (provant d opérateurs des filières) (Figures 11 et 13) et les contrats puremt spéculatifs (Figures 12 et 14). La hausse des prix de certains produits se transmet à d autres produits : - La hausse du prix du pétrole augmte la rtabilité des agro-carburants dont l accroissemt de la production crée une tsion sur le marché du maïs et de l éthanol issus de la canne à sucre. De même, la hausse du prix du sucre traine une demande accrue pour les sirops de glucose et fructose fabriqués à base de maïs, acctuant core la tsion sur le marché du maïs. - Le prix du pétrole détermine largemt celui des intrants de l agriculture, de la transformation agroalimtaire et du transport, affectant les coûts de production des alimts. - L accroissemt de la production de maïs s effectue au détrimt de la production notammt de blé et contribue à la hausse du prix de cette céréale. - La hausse du prix des céréales rchérit le coût de l alimtation animale et contribue directemt à l augmtation du prix de la viande. La demande alimtaire des pays industrialisés, et notammt la demande produits animaux, ne fléchit pas malgré la prise de conscice des effets de cette sur-consommation sur l vironnemt et la santé. La croissance de la consommation des pays émergts, qui restt core des consommateurs raisonnables, contribue aussi à cette tsion du marché et est souvt stigmatisée comme un des facteurs explicatif de la hausse des prix. Les stocks de matières premières agricoles sont plus élevés valeur absolue qu 2006 et 2007, avant et pdant la crise des prix de Mais les prévisions faites pour 2011 sont à la baisse par rapport à Si l on raisonne ces volumes tant compte de l accroissemt démographique et des utilisations industrielles, le ratio stock/demande s est donc plus fortemt dégradé depuis un an que la baisse du volume de stock (Tableau 1).
3 Tableau 1 : Evolution des stocks mondiaux de céréales 2006/ / / / /11 Blé ,6% ,6% ,1% ,1% ,7% Maïs ,0% ,8% ,9% ,8% ,2% Riz 75 17,8% 80 18, ,0% 94 21,5% 94 20,8% Sources : WASDE, 2008, 2009, 2010, 2011 Si le terme de volatilité des prix est souvt employé à propos de ces fortes hausses des prix, il faut se demander si celles-ci ne témoignt pas d un nouveau contexte de surchauffe des marchés et de retour à des prix durablemt plus élevés. Certes, l augmtation des prix ne se fait pas de façon lte et régulière et elle évoque bi une plus grande volatilité. Mais il n est pas sûr que, compte tu des évolutions probables des prix de l énergie à moy terme et des contraintes vironnemtales qui pèst sur l agriculture, on puisse retrouver à court ou moy terme des prix très bas comme on a connu depuis les années 80 jusqu début Le problème est peut être moins tant de se protéger de hausses des prix comme si la «normale» devait être des prix bas et stables mais d intégrer le fait que les prix resteront désormais plus haut avec des épisodes de flambées. S il n y a pas conssus aujourd hui sur les tdances à moy terme des prix, c est tout cas une hypothèse qu on ne peut pas exclure. Si elle se vérifiait, cette tdance signifierait que nombre de pays importateurs d alimts pourrait voire leurs productions alimtaires retrouver plus de compétitivité. Pour l heure, les pays recourant aux importations pour nourrir une partie de leur population risqut de souffrir de prix qui n ont pas forcémt finit de monter.
4 Figure 1 : Prix du blé sur le marché à terme Figure 2 : Prix du maïs sur le marché à terme Figure 3 : Prix du soja sur le marché à terme
5 Figure 4 : Prix du sucre sur le marché à terme Figure 5 : Prix de l huile de palme sur le marché à terme Figure 6 : Prix de l huile de soja sur le marché à terme
6 Figure 7 : Prix du coton sur le marché à terme Figure 8 : Prix du cacao sur le marché à terme Figure 9 : Prix du café arabica sur le marché à terme
7 Figure 10 : Prix du pétrole brut sur le marché à terme Figure 11 : Volume des contrats commerciaux sur le marché à terme du maïs Figure 12 : Volume des contrats non commerciaux sur le marché à terme du maïs Figure 14 : Volume des contrats commerciaux sur le marché à terme du blé Figure 15 : Volume des contrats non commerciaux sur le marché à terme du blé Sources : US Commodity Futures Trading Commission
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