Nous concluons au travers de quatre axes principaux qui ont guidé la. 1) La théorie du regret de Loomes et Sugden comme théorie de la décision
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- Eugénie Henry
- il y a 8 ans
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1 Conclusion générale Nous concluons au travers de quatre axes principaux qui ont guidé la rédaction de cette thèse. 1) La théorie du regret de Loomes et Sugden comme théorie de la décision rationnelle compatible avec le phénomène des renversements de préférence et avec le paradoxe d Allais. Le point de départ de notre travail a été la théorie du regret de Loomes et Sugden (RTc). Nous avons tenté de montrer l originalité du modèle et la fécondité de la démarche suivie par les auteurs. La plupart des théories généralisant la théorie de l'utilité espérée ont cherché d abord à expliquer le paradoxe d Allais (dans le risque) ou le paradoxe d Ellsberg (dans l incertain). Dans RTc, le paradoxe qui apparaît immédiatement expliqué est le phénomène des renversements de préférences. Le modèle est cependant compatible avec l effet de rapport commun et, dans lorsqu il y a indépendance stochastique, avec l effet de conséquence commune. De plus, alors que la remise en cause théorique de la théorie de l'utilité espérée passe le plus souvent par un rejet de l axiome d indépendance, RTc respecte le principe de la chose sûre. RTc respecte par ailleurs la regret-dominance et la regret-réduction (proposition 2.2.4). En revanche, ce sont la transitivité, la réduction et la dominance stochastique qui sont violées par le modèle. D un point de vue descriptif, nous avons vu que les individus respectent généralement le principe de réduction-identité et que l effet de conséquence commune ne peut dans certains cas être expliqué que par une violation du principe de la chose sûre. Cependant, les individus violent fréquemment la transitivité, le
2 principe de réduction et la dominance stochastique dans un sens compatible avec les effets de juxtaposition supposés dans RTc. D un point de vue normatif, la réduction, la dominance stochastique et, surtout, la transitivité sont considérés habituellement comme des axiomes incontestables de rationalité des choix. Pourtant, Loomes et Sugden montrent qu en expliquant la décision à partir d une hypothèse psychologique particulière (le regret), l irrationalité de cette décision ne peut pas être affirmée. Cette démarche est bien connue puisque c est celle qui a amené à la théorie de l'utilité espérée, au travers de la résolution du paradoxe de Saint Petersbourg par Bernoulli. La première étape dans la construction du modèle est donc l étude de la procédure de décision et des processus psychologiques qui à la fois permettent d expliquer certains phénomènes empiriques et rendent la décision cohérente. Une deuxième étape est l axiomatisation : elle est souhaitable dans la mesure où elle fournit la possibilité d une comparaison précise avec d autres modèles et d une discussion concernant la cohérence des choix. La démarche alternative, qui consiste à affaiblir certains axiomes de la théorie dominante pour construire un modèle compatible avec les phénomènes empiriques observés risque d apparaître, lorsque les causes des préférences ne sont pas explicitées, comme un travail ad hoc. Nous avons vu cependant que, dans le cas de RTc, deux démarches avaient convergé vers un même critère de décision : celle de Loomes et Sugden et la démarche axiomatique de Fishburn pour les théories SSB et SSA. 2) Une généralisation de la théorie du regret permettant d expliquer le paradoxe d Ellsberg et les effets de fractionnement. Nous avons présenté un nouveau modèle de décision dans l incertain (RTu). Celui-ci est une généralisation de RTc reposant sur la prise en compte, d une part,
3 de croyances non réduites à une mesure de probabilité et, d autre part, d une hypothèse de pessimisme (ou d optimisme). RTu ne respecte ni la regret-réduction, ni la regret-dominance, ni le principe de la chose sûre. Toutefois, le modèle respecte la regret-dominance-en-incertain lorsque la dominance simple est respectée (proposition 4.1.2), et le principe de regroupement-identité (proposition 4.2.3). RTu permet d expliquer certains phénomènes expérimentaux incompatibles avec RTc. D abord, certains résultats expérimentaux montrent que les individus ont tendance simultanément à respecter le principe de réduction-identité et à violer la dominance stochastique d une manière incompatible avec RTc. Or, ce résultat peut être expliqué par RTu, l interprétation étant donnée au travers d un décideur pessimiste et ayant une faible aversion au regret. Par ailleurs, le pouvoir descriptif de RTu est renforcé par le fait que le modèle fournit une double explication de l effet de conséquence commune : celle donnée par RTc et qui est relative à des effets de juxtaposition, et celle qui est relative aux violations du principe de la chose sûre. En outre, un apport essentiel de RTu sur le plan descriptif est sa capacité à expliquer le paradoxe d Ellsberg, l explication étant donnée par l'hypothèse de pessimisme. Enfin, RTu est compatible avec les effets de fractionnement. Ceux-ci sont incompatibles avec RTc et se sont révélés être fréquemment plus pertinents dans l explication de certains phénomènes, en particulier l effet de rapport commun, que les effets de juxtaposition prédits par RTc. 3) Approche intuitive des croyances et rationalité du pessimisme. Après avoir rappelé les arguments qui conduisent à rejeter la pertinence de l idée de mesure objective de l incertitude, nous nous sommes intéressé à la représentation des croyances.
4 La représentation des croyances que nous avons utilisée au sein de RTu se distingue de celle retenue dans RTc, non seulement par le fait qu elle ne se réduit pas à une mesure de probabilité, mais aussi parce qu elle repose sur une approche intuitive. Nous avons vu que l approche intuitive justifie généralement que les croyances soient représentées par des mesures plus générales que la probabilité, cette dernière n apparaissant que comme un cas limite qui suppose que le jugement de vraisemblance respecte certaines conditions excessivement restrictives. Nous avons considéré, plus précisément, une croyance prudente, constituée par une mesure de probabilité (la probabilité de base) et des mesures de probabilités inférieure et supérieure. D une part, cette représentation correspond à l idée courante en théorie de la décision en incertain que la probabilité constitue un point de référence dans la formation des croyances et que l'ambiguïté est un aspect de l incertitude auquel le décideur est sensible. D autre part, bien que quasi inexistante en économie, cette représentation se trouve dans plusieurs travaux concernant le jugement de croyances, notamment chez Good et Fishburn. Nous avons tenté de présenter quelques avantages que la théorie de la décision en incertain peut tirer du recours à une telle approche. Selon cette dernière, si la croyance en un événement A est plus forte que la croyance en un événement B, c est parce que A est jugé plus vraisemblable que B. C est donc ici uniquement la cause du jugement de croyance (la vraisemblance) qui est en jeu. Cette approche se distingue de l approche préférentialiste dans laquelle une croyance plus forte en A qu en B signifie que le décideur est plus enclin à parier sur A que sur B. Or, la propension du décideur à parier sur A plutôt que sur B s avère, empiriquement et théoriquement, dépendante des enjeux du pari. Autrement dit, l approche préférentialiste tend à appeler croyances, des objets qui sont en réalité des poids de décision.
5 Lorsque les croyances sont évaluées en dehors de tout contexte de prise de décision, nous pouvons séparer ce qui, dans le poids de décision, relève de la croyance et ce qui dépend de l attitude vis-à-vis de l incertitude. Cette attitude est appréhendée, dans RTu, par la notion de pessimisme (ou d optimisme). Le pessimisme est défini par la tendance du décideur à affecter, pour les conséquences défavorables (favorables), un poids de décision plus fort (faible) que la probabilité de base. Dans la mesure où le décideur appuie sa décision sur un jugement de croyance imprécis, le pessimisme ne peut être assimilé à une peur irrationnelle. Il s agit d un trait psychologique qui, dans RTu, s ajoute au regret pour former une décision cohérente. 4) Choix en situation d incertitude et mesure de croyance : expérimentation. L expérience que nous avons réalisée comporte deux étapes. La première étape reprend les tests de l effet de rapport commun effectués par Loomes et Sugden et les étend à un contexte d'ambiguïté objective, mis en œuvre à l aide d urnes à la Ellsberg. Un premier résultat concerne la confrontation des hypothèses de pessimisme et de déception. Dans RTu comme dans la théorie de la déception, une conséquence défavorable (favorable) est une conséquence qui apporte un décrément (supplément) relatif de satisfaction. Mais, indépendamment des différences entre les deux théories dans la forme du critère du critère de décision, alors que l effet du pessimisme est dépendant du degré d'ambiguïté, l effet de la déception est indépendant du degré d'ambiguïté. Les renversements de préférences observés s avèrent, toutes choses supposées égales par ailleurs, dépendants du degré d'ambiguïté objective, favorisant ainsi une interprétation en termes de pessimisme. Ce résultat est confirmé par la comparaison de problèmes
6 de choix avec ambiguïté objective et sans ambiguïté objective, pour lesquels RTu prédit précisément certains renversements de préférences. Un deuxième résultat est relatif à l effet du regret. Nous n avons pu observer une influence claire du regret dans le cadre de cette expérience. De plus, l effet du regret semble dépendant du degré d'ambiguïté, contrairement aux prédictions de RTc et de RTu. La deuxième étape procède à une mesure des croyances des individus. En cohérence avec l approche intuitive retenue dans RTu, la méthode de révélation des croyances utilisée est directe, faisant appel à l introspection. Deux données sont exigées des sujets : l une est supposée mesurer la probabilité de base et l autre le degré d'ambiguïté subjective. Nous observons, premièrement, que la probabilité de base révélée par les individus est très proche de celle qui découle de l application d un principe de raison insuffisante. Deuxièmement, lorsque le degré d'ambiguïté objective est nul, le degré d'ambiguïté subjective semble quant à lui strictement positif. Ce résultat, s il était confirmé, serait important, notamment dans la conduite des expériences, puisqu il signifie que, même lorsque les probabilités sont données (disons objectives ), il existe toujours, chez les individus une certaine défiance à l égard de ces probabilités. Par ailleurs, nous avons pu observer que le degré d'ambiguïté subjective se rapproche du degré d'ambiguïté objective quand ce dernier n est pas nul. Enfin, en comparant deux formes de résolution de l incertitude, nous avons mis en évidence que les jugements de croyance observés ne semblent pas s appuyer sur la loi des grands nombres.
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