sommaire _02_ Charles-Antoine Coypel Athalie interrogeant Joas, 1741, Musée des Beaux-Arts de Brest métropole océane

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2 sommaire Communiqué p 03 Liste des oeuvres p 06 Nicole Rouillé -[Extrait de texte] p 10 Catalogue p 14 Autour de l exposition p 15 Informations pratiques p 21 Charles-Antoine Coypel Athalie interrogeant Joas, 1741, Musée des Beaux-Arts de Brest métropole océane _02_

3 Le Théâtre des passions , Cléopâtre, Médée, Iphigénie 11 février -22 mai 2011 Voyage de presse le 10 février 2011 L exposition Le Théâtre des passions ( ) ; Cléopâtre, Médée, Iphigénie, au musée des Beaux-Arts de Nantes (11 février 22 mai 2011) explore l expression des passions chez quatre peintres français de la première moitié du XVIIIe siècle : Antoine et Charles-Antoine Coypel principalement mais aussi Jean-François de Troy et Carle Van Loo. Ces peintres d histoire ont emprunté au langage théâtral les artifices de la scène pour renouveler le «grand genre». Bien avant Greuze ou les peintres néoclassiques ils proposent une vision renouvelée de la peinture d histoire dans une tentative d œuvre d art total avant l heure. S inspirant des tragédies de Racine, de Corneille et des opéras de Lully ou Quinault, ils puisent leurs sujets dans les textes classiques. C est au vocabulaire théâtral, à l espace scénique, aux décors, à la gestuelle des comédiens et à ses codes qu ils ont recours pour mettre en scène les passions humaines. Les héroïnes antiques et bibliques telles Athalie, Médée, Cléopâtre ou Iphigénie tiennent un rôle central dans ces tableaux théâtraux qui constituent un moment important de l histoire de la peinture française. C est à la découverte de ce Théâtre des passions, jusqu alors peu étudié, que le musée des Beaux-Arts de Nantes invite. Antoine Coypel, Charles-Antoine Coypel (le fils), Jean-François de Troy et Carle Van Loo poètes, scénographes et peintres associent illusion théâtrale et puissance de l image pour représenter avec grandiloquence les passions humaines. Ils transposent sur la toile le moment crucial d une passion dans toute sa tension dramatique : colère terrible, désir fou de vengeance, désespoir cruel, amour et jalousie dévorants dans des tableaux et des tapisseries aux formats spectaculaires. Leurs héroïnes tragiques, Cléopâtre, Médée, Esther, Iphigénie, explorent la rhétorique des passions sur fond de mises en scène vues ou imaginées, mais toujours grandioses (telle la monumentale Créüse consumée par la robe empoisonnée de Jean-François de Troy, musée des Augustins, Toulouse). L illusion scénique atteint un apogée avec les magnifiques Fragments d Opéra (inspirés directement de Philippe Quinault) de Charles-Antoine Coypel. Antoine Coypel, Charles-Antoine Coypel, Jean- François de Troye et Carle Van Loo appartiennent tous à des dynasties de peintres, tous héritiers du XVIIe et tous peintres officiels. Certains d entres eux (Les Coypel et Van Loo) seront titulaires de charges importantes : Premier peintre du roi et directeur de l académie Royale de Peinture et Sculpture. _03_

4 Le parcours concentre en quatre sections un ensemble resserré d œuvres, mettant en scène le répertoire tragique dans un moment très particulier et unique de la peinture française. L exposition met à l honneur le précurseur Antoine Coypel, si proche de l expression des passions de Le Brun, et son fils Charles-Antoine Coypel, artiste dramaturge par excellence car également auteur de pièces de théâtre. Le musée des Beaux-Arts de Nantes conserve deux très grands tableaux de Charles-Antoine Coypel que viennent rejoindre pour l exposition une soixantaine de tableaux, tapisseries, sculptures, dessins et gravures. L exposition déroule le processus créateur de ces «grandes machines» depuis les esquisses dessinées jusqu aux immenses tapisseries tissées par la manufacture des Gobelins (Mobilier National). Pour la première fois depuis le XVIIIe siècle des ensembles exceptionnels seront réunis grâce aux prêts généreux de grandes institutions (musée du Louvre, musées des Beaux-Arts de Lille, Montpellier, Strasbourg, Rijksmuseum d Amsterdam) et de collections privées (New-York, Genève). Le Théâtre des passions : un moment particulier de la peinture ( ) Les deux dates qui balisent le propos de l exposition sont essentielles dans l histoire de la peinture et du théâtre au XVIIIe siècle. L exposition s ouvre sur deux tableaux d Antoine Coypel datés de 1697 : L Évanouissement d Esther (1697, Salon de 1704, musée du Louvre) Athalie chassée du temple (1697, musée du Louvre), tous deux inspirés par les textes de Racine, Esther (1689) et Athalie (1691) est une date emblématique pour le théâtre : sous le prétexte de «lèse-maintenon», les comédiens italiens sont chassés par Louis XIV, laissant le monopole aux comédiens français et à une tradition faisant la part belle au répertoire tragique du Grand Siècle. Le parcours s achève sur une autre date symbolique, celle de 1759 : Mademoiselle Clairon en Médée est présentée au Salon par Carle Van Loo qui prend une actrice comme modèle dans un tableau vivement critiqué par Diderot est un instant-clef de la critique d art : c est à partir de l exemple théâtral que Diderot va théoriser et bouleverser la théorie de la scène peinte. On sçait que l Eloquence s étend à tout ce qui regarde l esprit et le cœur ; la Peinture a le même avantage tellement que la Poësie est une Peinture parlante, et la Peinture une Poésie muette. Antoine Coypel, Discours prononcé dans les conférence dans l académie royale, _04_

5 Commissariat général Blandine Chavanne, Directrice du musée des Beaux-Arts de Nantes Commissariat scientifique Adeline Collange-Perugi, Conservatrice Art Ancien musée des Beaux-Arts de Nantes Juliette Trey, Conservatrice chargée des peintures du XVIIIe siècle au château de Versailles Comité scientifique Pierre Rosenberg, de l Académie française, président-directeur honoraire du musée du Louvre Marie-Catherine Sahut, conservateur en chef, département des Peintures, musée du Louvre Christophe Leribault, conservateur en chef au département des Arts graphiques du musée du Louvre et directeur du musée Eugène-Delacroix Mark Ledbury, Université de Sydney, Power Professor of Art History and Visual Culture and Director of the Power Institute Esther Bell, Theodore Rousseau Fellow, Department of European Paintings, Metropolitan Museum of Art Scénographie Alexandre Fruh. Atelier Caravane Catalogue Le catalogue de l exposition est édité chez Fage. Il rassemble des essais inédits d Adeline Collange-Perugi, Juliette Trey, Nicole Rouillé, Mark Ledbury, Esther Bell. Action culturelle Une programmation pluridisciplinaire (théâtre, opéra, ballet, conférences) accompagnera l exposition grâce au parrainage de GDF Suez. Le Centre chorégraphique national de Nantes crée Opulences tragiques en écho à l exposition grâce au parrainage de Crédit Mutuel Loire-Atlantique Centre-Ouest Le Printemps des Arts : festival de musique baroque s associe également à l exposition et propose, du 10 au 20 mai, plusieurs rendez-vous musicaux. Sotheby s parraine le transport d oeuvre. Partenariats média : Connaissance des Arts / Télérama Contact presse : Véronique Triger / T (0) / veronique.triger@mairie-nantes.fr _05_

6 liste des oeuvres La rhétorique des passions, l héritage de Charles Le Brun Soldat effrayé, d après Le Brun, Musée des Beaux-Arts de Dijon, gravure La Tristesse, d après Le Brun, Musée des Beaux-Arts de Dijon, gravure. Expressions des passions de l âme, BNF, Paris. Caractères des passions gravés, d après Le Brun, INHA Paris, livre. Conférence de Mr Le Brun premier peintre du Roi de France sur l expression générale et particulière de passions, d après Le Brun, INHA Paris, livre. François Barois, Cléopâtre mourante, Musée du Louvre (Paris), marbre. Carle van Loo, Agamemnon, Musée des Beaux-Arts de Quimper, dessin à la pierre noire. La Galerie d Enée : un décor théâtralisé Antoine Coypel, La Mort de Didon, , Musée Fabre (Montpellier), huile sur toile. Antoine Coypel, Enée et Anchise, , Musée Fabre de (Montpellier), huile sur toile. Antoine Coypel, La Mort de Didon (étude mourante), Musée du Louvre (Paris). Antoine Coypel, La Mort de Tournus, Musée du Louvre (Paris), arts graph. Antoine Coypel, Enée portant Anchise accompagné d Astyanax, Musée du Louvre (Paris), arts graph. Antoine Coypel, Jupiter apparaissant à Enée, Musée du Louvre (paris), arts graph. Antoine Coypel, Enée portant Anchise de figure, Musée du Louvre (Paris), arts graph. Antoine Coypel, Ascagne, Musée du Louvre (Paris), arts graph. Antoine Coypel, Tête de soldat, Musée du Louvre (Paris), arts graph. ntoine Coypel, Tête de vieillard couronnée, tournée à droite, Musée du Louvre (Paris), arts graph. Antoine Coypel, La Mort de Didon (étude Didon en buste), , Musée du Louvre (Paris). _06_

7 De la grandeur antique Charles-Antoine Coypel, La Destruction du palais d Armide, Rijksmuseum (Amsterdam), tapisserie. Antoine Coypel, Autoportrait avec son fils Charles, Musée des Beaux- Arts et d Archéologie de Besançon, huile sur toile. Michelange Slodtz, Iphigénie, Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, marbre. Michelange Slodtz, Chrysés, Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, marbre. Jean-François De Troy, étude pour la figure de Médée, collection privée (Paris). Jean-François De Troy, étude pour un compagnon de Jason, collection privée (Paris), dessin sanguine. Le Sacrifice d Iphigénie, d après Coypel, Mobilier National (Paris), tapisserie. Jean-François de Troy, La Mort de Cléopâtre, 1731, Palais Rohan de Strasbourg (dépôt MBA), huile sur toile. Jean-François de Troy, La Mort de Lucrèce, 1731, Palais Rohan de Strasbourg (dépôt MBA), huile sur toile. Jean-François de Troy, Creüse consumée par la robe empoisonnée, Musée des Augustins (Toulouse), huile sur toile. Antoine Coypel, La Colère d Achille, Musée des Beaux-Arts de Tours, huile sur toile. Antoine Coypel, Les Adieux d Hector et Andromaque, Musée des Beaux-Arts de Tours, huile sur toile. Antoine Coypel, La Colère d Achille, Musée des Beaux-Arts de Tours, arts graph. _07_

8 Héroïnes bibliques, Athalie et Esther Charles-Antoine Coypel, Athalie interrogeant Joas, 1741, Musée des Beaux-Arts de Brest, huile sur toile. L Evanouissement d Esther, d après Jean-François de Troy, Mobilier National (Paris), tapisserie. L Evanouissement d Esther, d après Antoine Coypel, Mobilier National (Paris), tapisserie. Antoine Coypel, Athalie, 1696, Musée du Louvre (Paris), huile sur toile. Antoine Coypel, L Evanouissement d Esther, Musée du Louvre (Paris), huile sur toile. Jean-François de Troy, Un homme et une femme soutenant une femme s évanouissant, Musée du Louvre (Paris). Charles-Antoine Coypel, dramaturge et peintre Antoine Coypel, Hercule ramenant Alceste des enfers, 1700, Musée des Beaux-Arts de Cholet, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Thalie chassée par la peinture, Collection particulière, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Thalie chassée par la peinture, Collection particulière, gravure. Charles-Antoine Coypel, Psyché abandonnée par l amour, Musée des Beaux-Arts de Lille, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Atalide et Roxane, Musée des Beaux-Arts de Lille, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Roland et le mariage d Angélique, 1737, Musée des Beaux-Arts de Nantes, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Le Sommeil de Renaud, Musée des Beaux-Arts de Nantes, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Hercule ramène Alceste des Enfers, Musée municipal de Nevers, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, La Poésie et la Peinture, Bibliothèque centrale de Paris, manuscrit. Charles-Antoine Coypel, Cléopâtre avalant le poison, Musée du Louvre (Paris), huile sur toile. _08_

9 De la fiction à la réalité, l actrice comme modèle? Carle van Loo, Melle Clairon en Médée, grisaille, Collection particulière, huile sur toile. Charles-Antoine Coypel, Portrait d Adrienne Lecouvreur en Cornélie dans La mort de Pompée de Pierre Corneille, Comédie Française de Paris, pastel. Carle van Loo, Portrait de Melle Clairon, Comédie Française de Paris, toile sur bois. Portrait de Melle Clairon en Médée, d après Carle van Loo, Comédie Française de Paris, gravure arts graph. Carle van Loo, Portrait de Melle Clairon en Médée, Comédie Française de Paris, arts graph. Carle van Loo, Esquisse pour Médée et Jason, Musée des Beaux-Arts de Pau, huile sur toile. _09_

10 PEINDRE LES PASSIONS Gestuelle et théâtralité dans la Peinture d Histoire (extraits) Située au sommet de la Hiérarchie des genres, la peinture d histoire s inscrit dans la perspective commune à tous les Arts dits de la «représentation» aux XVIIe et XVIIIe siècles : celle de plaire, de convaincre et d émouvoir. «Ecole de persuasion», la peinture d histoire épouse en tous points ce modèle fixé par la rhétorique classique sur lequel elle bâtit son propre «discours», fondé sur les divisions des Arts Oratoires : invention, disposition, propriétés. Elle édifie ainsi ce «Grand Genre» que l on peut définir comme suit: une pathétique picturale épique et démonstrative qui tire ses sujets de l Histoire, chrétienne, mythologique, antique ou récente, tout en plaçant au cœur de ce processus scénarisé, l être humain en proie à ses passions. «Là des expressions les beautez naturelles, Nous offrent du sujet les images fidéles : Les mouvements de l âme y sont peints doctement, La Force s y fait voir unie à l agrément.» Le corps expressif y explore et relate, en une profération simultanée, ces incessantes agitations et atermoiements de l âme humaine, saisis sur le vif par le peintre et immortalisés par les illustres personnages représentés dans ces tableaux. Propice également à l expression de ce grand genre d éloquence picturale narrative et édifiante, la gestuelle théâtralisée décline son emphase par le truchement des appuis, maintiens, postures, gestes des mains et physionomies, sièges des passions de l âme. Appartenant au grand style profane de caractères magnifique et véhément, les tragédies classiques et lyriques s avèrent être un champ d application idéal pour ces techniques oratoires propres à l Art de la Déclamation où l éloquence de la voix se magnifie par celle du corps. «Que dans tous vos sujets la passion émüë, Aille chercher le cœur, l échaufe et le remuë.» (.) _10_

11 Créuse consumée par la robe empoisonnée par Jean-François de Troy (musée des Augustins, Toulouse, notice) Souhaitant revenir aux sources de la tragédie grec d Euripide ou latine de Sénèque, Pierre Corneille en 1635 fit représenter en public, par la Troupe du Marais, sa tragédie «Médée».Un résumé lapidaire et ironique pourrait en présenter ainsi les personnages principaux : Médée, une princesse outragée, Jason, un mari infidèle et calculateur, Créon, un tyran, Créuse, une précieuse et Pollux, un visiteur utile pour l écoute de la narration! Doublement trahie par le roi, Créon, et son mari, Jason, Médée ne peut que fomenter sa vengeance en réparation, à ces yeux, de cette double injustice ; du moins c est ainsi que la tragédie de Corneille nous le propose. Encore amoureuse de Jason, et malgré son infidélité, Médée ne peut se résoudre à lui ôter la vie. Elle déclare dans le long monologue du premier acte : «Il faut faire un chef-d œuvre» et punir à jamais Créon qui l a bannie du royaume et Créuse qui lui a ravi son amour.symbole de l union des deux futurs promis, la robe qu offrira Médée à Créuse sera empoisonnée par des serpents d Afrique qui, obéissant aux pouvoirs de la magicienne, y ont répandu leurs venins et «Ont sur ce don fatal vomi toutes leurs pestes.» Les réticences et les soupçons exprimés par Pollux sur la dangerosité d un tel présent, inciteront le roi Créon à tester le vêtement en le faisant porter par une femme criminelle condamnée à mort.rassurée et confiante à l issue de cette épreuve, la princesse heureuse des nouvelles dispositions de Médée à son égard rendues évidentes par ce cadeau somptueux, se revêtira de cette riche parure. Le maléfice aussitôt fera son effet : «Ce feu qui me consume et dehors et dedans» Dans un élan d amour, Créon se précipitera vers Créuse et tentera d arracher le vêtement infecté : par ce contact, il sera lui-même contaminé et mourra comme sa chère fille, dans d atroces souffrances. Ce serait faire outrage au grand poète, qui désireux de plaire à la «bonne société» de son temps, dont il faisait partie, présenta dans cette «poësie dramatique» une «Médée» modérée dans sa cruauté et qui, par ses outrances, aurait pu déroger aux principes qu imposait la «bienséance», celle-ci interdisant l expression des passions les plus extrêmes sur une scène de théâtre. «Ce n est que l accord parfait entre les paroles, l accent et le geste, et leur harmonie rigoureuse avec la situation et le caractère du rôle qui produisent le plus haut degré de vérité qu il soit possible d atteindre, et l illusion la plus complète en est toujours la suite nécessaire». _11_

12 La transposition picturale de cette tragédie présentée un siècle plus tard par Jean-François de Troy dans son Créuse consumée par la robe empoisonnée, est une éloquente illustration de l évolution de ce «Grand Genre» ; si le poète du XVIIè siècle atténuait les contours éthologiques de ses personnages, le peintre du XVIIIè siècle n en craint ni l emphase, ni la grandiloquence, servi par une gestuelle paroxystique agissante : de la honte au désespoir, de la terreur à l horreur, de la souffrance à l agonie, tout n y est que pleurs, gémissements, plaintes et cris : «Que vois-je ici, grands Dieux!quel spectacle d horreur! Où que puissent mes yeux porter ma vue errante, Je vois ou Créon mort, ou Créuse mourante.» Pour une bonne interprétation de ce tableau, il est nécessaire de déchiffrer les notes de la gamme que jouent les mains des protagonistes de ce drame : les observateurs : Jason : paume contre paume, les mains pressées de la souffrance, de l impuissance et du désespoir ; une suivante, à l arrière plan, les paumes orientées vers le ciel, les doigts entremêlés de la détresse ; deux autres suivantes, les mains aux doigts très écartés de l étonnement gradué jusqu à l effroi, Cléone, les mains jointes dans une vaine prière, Aegé, fuyant, la main droite sur son visage détourné pour ne pas voir, la gauche rejetant l abomination, Nérine, les mains cachant sa honte. Les acteurs : Créon, ses mains griffant sa poitrine pour arracher le vêtement empoisonné, Créuse, la main droite serrant son voile qu elle ne peut ôter, la gauche posée sur une sorte de coiffeuse, l index dressé pour montrer. Pollux, l argonaute, ami de Jason, danse en solo sur ce chœur : il offre en effet au regard admiratif, le parfait modèle de maintien du danseur baroque : en position de troisième dite «élargie», le poids du corps porté à l avant sur la jambe gauche, le bras droit dégagé en asymétrie, la main gracieuse légèrement ouverte. _12_

13 Dans un souci de «convenance» et non d historicité, les costumes et les accessoires vestimentaires «à l antique», «à la romaine» et «à la turc» subliment la gestuelle théâtralisée, elle-même embellie par le décor grandiose d une vaste salle d un palais magnifique : drapés généreux, longs manteaux, voiles, casques à panache, turban à plumes, sandales à la grec et à la romaine, ceintures soulignant les bustes dénudés, coussins épais construisent cet environnement raffiné, constituant les «propriétés», troisième division de la rhétorique afférente à l Art pictural. Dans un chatoiement de couleurs chaudes, cette peinture éloquente synthétise toute l action du cinquième acte de la tragédie de Corneille, rassemblant sur la toile tous les personnages pouvant servir la «catharsis» ou «purgation des passions», à l exception, bien sûr, de la maléfique Médée, que l on imagine se délectant de ce spectacle de souffrances et de morts annoncées, posture morale intolérable ne pouvant être représentée : «Ici vous trouverez le crime en son char de triomphe, et peu de personnages sur la scène dont les mœurs ne soient plus mauvaises que bonnes ; mais la peinture et la poésie ont cela de commun, entre beaucoup d autres choses, que l une fait souvent de beaux portraits d une femme laide, et l autre de belles imitations d une action qu il ne faut pas imiter.» Traitée dans le grand style de caractères véhément et magnifique, l emphase gestuelle chorégraphie ce panégyrique de la souffrance humaine. ( ) L étude minutieuse de cette gestuelle que les Arts de la scène qualifient de «baroque», opérante dans chacun des tableaux analysés, met en évidence la cohérence d un langage artistique commun à la peinture et au théâtre dans la première moitié du XVIIIe siècle. ( ) nicole Rouillé Le 15 Août _13_

14 catalogue Sommaire Préface Blandine Chavanne, Directrice du Musée des Beaux-arts de Nantes Adeline Collange-Perugi, Conservatrice Art Ancien Musée des Beaux-arts de Nantes, Le Théâtre des passions : exposer enfin «le chef-d œuvre d un muet» Juliette Trey, Conservatrice chargée des peintures du XVIIIe siècle au château de Versailles Antoine et Charles-Antoine Coypel premiers peintres du roi, commandes et protections : la fabrique d une «peinture officielle»? Nicole Rouillé, directrice du conservatoire de musique de Meaux. Peindre les passions, gestuelle et théâtralité dans la peinture d histoire. Mark Ledbury, Université de Sydney, Power Professor of Art History and Visual Culture and Director of the Power Institute La Tentation picturale de la tragédie avant Diderot Esther Bell, Theodore Rousseau Fellow, Department of European Paintings, Metropolitan Museum of Art Charles Coypel, peintre et auteur dramatique pour les théâtres de société Fage Editions 192 pages 130 illustrations en quadrichromie Prix de vente 28,00 euros _14_

15 autour de l exposition Opulences tragiques Création du Centre Chorégraphique National de Nantes Représentations au musée des Beaux - Arts de Nantes du 19 au 22 avril 2011 Création parrainée par le Crédit Mutuel Loire-Atlantique Centre Ouest L exposition Le Théâtre des Passions explore la théâtralité comme principe poétique et pictural chez les grands peintres français de la première moitié du XVIIIème siècle (Coypel, de Troy et Van Loo). Leurs héroïnes tragiques, sur fond de mises en scène grandioses, rivalisèrent avec celles des grands auteurs (Racine, Corneille) et hommes d opéra (Lully, Quinault). Iphigénie, Clytemnestre, Médée, Athalie et Cléopâtre. Chercher la tragédie, l outrance du verbe, la démence du combat. D un état sur la toile, découle un état de corps dans l espace du musée. Ou comment jaillir physiquement d une œuvre, immobile, qui recèle un mouvement intrinsèque. La vision d un œil, d une main, d un buste, d un mouvement dessiné donne le ton pour le danseur. Réfléchir au bougé en contrepoint du statique. Inventer une danse de plissé, lente, très lente, suspendue intensité de l instant, ombre et lumière orchestrées par deux danseurs assis sur deux stèles dans un travail ténu. Le pli du tissu est l écho du mouvement, le modèle d un probable peintre. L angoisse, la tristesse : deux visages, deux sentiments traversés solo pour un danseur, une danseuse. L interprète écrira sa propre chorégraphie en partant de là. Dans la liberté de leur danse, transcender le trait. Duo jeune-vieux. L enlacé, contraste charnel et l amour ave Explorer l univers sonore dans les œuvres du XVIIe et du XVIIIe Les noms de Claude Brumachon et Benjamin Lamarche sont associés à la direction du Centre Chorégraphique National de Nantes. Claude Brumachon a signé plus de 80 chorégraphies en 20 ans. Reconnaissable entre mille, son style explicite et figuratif est loin des démarches conceptuelles. Le CCN de Nantes est subventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication DRAC des Pays de la Loire, la Ville de Nantes, le Conseil régional des Pays de la Loire et le Conseil général de Loire-Atlantique. Il reçoit l aide de CulturesFrance pour certaines de ses tournées à l étranger. _15_

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17 Les événements Dimanches 6 mars et 3 avril à 11h et à 17h dimanche gratuit / adultes / entrée libre BALADE -LECTURE par Patrick Belland Les étapes proposées devant les oeuvres favorisent la conversation entre les tableaux et les textes choisis. Les sujets convoqués tissent des liens entre les arts et affirment les langages propres à chacun. SAMEDI 19 mars et DIMAN CHE 20 mars week-end Télérama Pour la quatrième édition, le musée s associe à cette opération nationale et offre l entrée libre au musée et aux animations aux porteurs du pass Télérama (dans la limite des places disponibles). Du dimanche 3 au jeudi 7 avril Un quartier au musée Cette année, c est le quartier Sud de Nantes que le musée invite. Habitants et associations ont commencé dès novembre en collaboration avec le musée à imaginer des projets autour de l exposition. Mardi 12 avril à 19h Entrée libre sur réservation au Répétition publique Opulences tragiques, création 2011, au Centre Chorégraphique national de Nantes, 23 rue Noire Nantes / Vendredi 22 avril à 20h30 Samedi 23 avril à 20h30 10 / adultes réservation NÉCESSAIRE au SPECTACLE, danse Opulences tragiques avec le CCNN. Création déambulatoire pour huit ou neuf danseurs. Centre chorégraphique National de Nantes, Claude Brumachon, Benjamin Lamarche. Chaque danseur s accapare une sensation, une émotion en se laissant traverser par une toile jusqu à sa danse. _17_

18 NoCTURNES Jeudi 10 mars à 18h30 / entrée libre / accessibilité en lsf pour le public sourd avec tac LECTURE-SPECTACLE La Plume de Coypel La Poésie et la Peinture (extraits) et La Curiosimanie, comédies inédites de Charles Coypel, par Aurélie Rusterlholtz et François Chaix, présentation par Isabelle Ligier-Degauque, maître de conférences à l Université de Nantes, spécialiste du théâtre du XVIIIe siècle. Coypel fils, grand peintre du roi, écrivit aussi nombre de pièces de théâtre et écrits relatifs à la peinture. «La vertu forma son caractère distinctif [et] conduisit sa plume & son pinceau». Les comédiens lecteurs interpéteront ces textes rares du début du siècle des Lumières. Jeudi 17 mars à 18h30 / entrée libre / acc essibilité en lsf pour le public sourd avec tac CONFÉREN CE ET MISE EN PRATIQUE Peindre et dire les passions, acte 1 Spécialiste de la gestuelle baroque, Nicole Rouillé s appuyant sur des traités de l époque démontre que le peintre s inspire de l esthétique du geste, du mouvement, de la mise en scène. Une étonnante séance de mise en pratique avec les élèves de la classe d art dramatique du Conservatoire de Nantes, sous la responsabilité de Philippe Vallepin, suit la conférence... Jeudi 21 avril à 18h30 / entrée libre SPECTACLE, danse Opulences tragiques avec le CCNN. Voir les événements du vendredi 22 et samedi 23 avril. Jeudi 12 mai à 18h30 / entrée libre / adultes Restitution, spectacle Peindre et dire les passions, acte 2 Conduits par Nicole Rouillé, spécialiste de la rhétorique, de la prosodie et de la gestuelle du français classique et Philippe Vallepin, professeur au Conservatoire de Nantes, les élèves d art dramatique joueront des extraits des pièces de Racine et Corneille. Ainsi la célèbre formule du peintre Nicolas Poussin, «Moy qui fais profession des choses muettes, ne saurait faire oublier tout ce que la peinture doit au corps éloquent». _18_

19 Les adultes jeudi 24 février à 17h30 / Rendez-vous Abonnés réservation obligatoire reservationmba@mairie-nantes.fr PRÉSENTATION de l exposition par Adeline Collange Perugi, commissaire de l exposition et chargée de la collection d art ancien au musée (45 min). Samedis 12, 19, 26 février, 19 et 26 mars et dimanches 13, 20, 27 février, 20 et 27 mars de 10h à 11h / Adultes / pour les initiés et non-initiés - acc ès libre sur présentation du billet d entrée / (6 / RÉDUIT 3 60) / Réservation recommandée COURS de Qi Gong avec Laurence Courtois de l association L Aubier. Cet atelier amplifie et enrichit de manière singulière la rencontre avec les oeuvres. La mort de Didon, l évanouissement d Esther, Cléopâtre avalant le poison sont autant de sujets représentés qui témoignent d un cortège d émotions. Le qi gong, pratique basée sur la respiration, le mouvement et la posture, invite à questionner le corps, à contrôler gestes et passions. Possibilité de suivre 3 séances maximum. Dimanches 13 et 27 mars, 10 et 24 avril et 15 mai à 15h 4 / Réduit : 2 40 Visites-conférences de l exposition samedi 14 mai à 20h Réservée aux sourds signant Visite-conférence LSF Par Karine Bascougnano de l association TAC. Dans le cadre de la nuit des musées. Dimanches 20 mars et 22 mai de 15h à 17h Acc ès libre, sur présentation du billet d entrée (6 / REDUIT 3 60 / GRATUIT POUR LES MOINS DE 18 ANS ) Visites-flash Dimanche 3 avril Le dimanche gratuit Visites-flash Le Jeudi à 18h30 Tarif (hors prix d entrée du musée) : 4 / Réduit : 2 40 Initiation à l histoire de l art Approche chronologique ou thématique de l histoire de l art à travers les collections du musée et les expositions temporaires (1h30). _19_

20 Jeudi 24 février / Peinture d histoire, fêtes galantes Jeudi 17 mars / Les figures féminines Le Jeudi et le vendredi à 15h Tarif (hors prix d entrée du musée) : 4 / Réduit : 2 40 Cycle monographique Approche pointue, vivante et interactive de l histoire de l art ancien, moderne et contemporain (1h30). Jeudi 17 et vendredi 18 février / Les Coypel, père et fils Jeudi 24 et vendredi 25 février / Michel-Ange Slodtz Jeudi 17 et vendredi 18 mars / Jean-François de Troy Jeudi 24 et vendredi 25 mars / Nicolas Lancret Jeudi 14 et vendredi 15 avril / Antoine Watteau Jeudi 21 et vendredi 22 avril / Charles André dit Carle Van Loo Jeudi 19 et vendredi 20 mai / Le Brun et L Académie Le musée en famille Un livret-jeu est offert aux enfants accompagnés d un adulte muni d un titre d accès à l exposition. Dimanche 6 mars de 15h à 17h / Dimanche 20 mars de 15h à 17h tout public / 1er dimanche du mois : entrée libre ATELIER famille Du texte au geste Un atelier en trois temps ou trois ateliers en un pour, partant d une même histoire, trouver le bon ton pour exprimer les passions des protagonistes. Dessiner, mimer et écrire, à chacun sa version. À partir de 7 ans Les enfants au musée 3 pour les nantais / 6 pour les non-nantais réservation au reservationmba@mairie-nantes.fr Que d histoires! De déclamations en complots, d histoires d amour en trahisons, les scènes peintes n en finissent pas de surprendre le spectateur. Il suffit d observer les personnages des tableaux pour les entendre chuchoter ou crier leurs passions. Pour les 4-6 ans Lundis 28 février, 7 mars, 25 avril, 2 mai de 10h30 à 11h30 Samedis 5 et 12 mars, 16 et 30 avril de 10h30 à 11h30 Pour les 7-9 ans Mercredis 2 et 9 mars, 27 avril, 4 mai de 14h30 à 16h Samedis 26 mars et 9 avril de 10h30 à 12h Pour les ans Vendredis 4 mars et 6 mai de 14h30 à 16h Samedi 2 avril de 10h30 à 12h _20_

21 informations pratiques Commissariat général de l exposition Blandine Chavanne Conservatrice en chef du patrimoine Directrice du musée des Beaux-arts de Nantes Commissariat scientifique Adeline Collange-Perugi Conservatrice Art Ancien musée des Beaux-Arts de Nantes Juliette Trey, Conservatrice chargée des peintures du XVIIIe siècle au château de Versailles Communication Véronique Triger : Tel : veronique.triger@mairie-nantes.fr pierre Grouhel : Tel : Service des publics Réservation visites : Tel : reservationmba@mairie-nantes.fr Horaires d ouverture Tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h Fermé le 25 avril, le 1er et 8 mai 2011 Tarifs Plein tarif : 6 / réduit 3.6 groupes : 4.5 ( à partir 15 personnes) visites conférences 66 (pour les nantais)- 88 (non nantais) entrée libre pour les -18 ans et 1er dimanche du mois Musée des Beaux-arts Informations pratiques Musée des Beaux-Arts de Nantes 10 rue Georges-Clemenceau tél : Fax : musee-beaux-arts@mairie-nantes.fr tramway : ligne 1, arrêt Duchesse Anne + Busway (place Foch) Carte d abonnement Pass annuel Musée des Beaux-arts 15 ( et 7.5 pour 6 mois) Pass inter musées 40 Musée des Beaux-Arts, Muséum d histoire naturelle, Musée Jules Verne, Musée du Château Librairie tel : Café du musée Tel : _21_