PORTER LA COMMUNION Formation aux aumôniers et responsables SEM diocèse de Nantes 2012 La communion est une rencontre entre deux personnes, Dieu qui se fait proche et l homme qui l accueille... une rencontre où Dieu se propose de venir soutenir la vitalité de l'homme pour que celui-ci puisse poursuivre son chemin, sa vie, grâce au dynamisme de son amour sauveur et de la lumière de l Évangile. Comment donner à cette rencontre toute la qualité nécessaire pour qu'elle soit riche et fructueuse? Comment "bien faire" en tenant compte non seulement de ce que demande l Église mais aussi de la personne qui reçoit la communion (son histoire, son état, sa demande...), de vous-même qui la portez (votre préparation, votre disponibilité...), du cadre et des circonstances (en chambre seule, avec la famille ou non, avec le temps nécessaire,...) Voici plusieurs réflexions qui se complètent et s emboîtent : * Le déroulement habituel de la communion portée à domicile. * Comment vivre avec souplesse le rituel, ce déroulement type. * Les principales questions pastorales qui peuvent se poser au quotidien. «Un bon ouvrier a de bons outils» Suivant que l on porte la communion à domicile ou à l hôpital, la même mise en œuvre ne sera pas possible. A domicile, la personne visitée pourra si elle le souhaite installer une nappe, bougie, fleurs etc., en attendant l arrivée de la personne du SEM. C est une bonne manière de se préparer à ce moment. A l hôpital ou en institution, on visera la simplicité et on veillera à ne pas enfreindre les règles d hygiène et de sécurité de l établissement. La liste ci-dessous n est pas limitative. A noter que l eucharistie est, sauf impossibilité, portée dans une custode dédiée à cet effet. Custode Crucifix «Rituel» (Le mystère de la communion portée aux malades etc.) Parole de Dieu (Prions en Eglise, Magnificat, feuillet du dimanche pour les malades etc.) «Porte-custode» Nappe Cierge Fleurs etc. Déroulement habituel de la communion à domicile Si vous regardez le tableau comparatif de la Messe et de la communion (p 3), vous vous apercevez que leur déroulement comporte une même structure, adaptée à l une et l autre célébration. Celle de la communion comporte trois temps fort : Le temps d ouverture Le temps de la Parole Le temps de communion. LITURGIE D'OUVERTURE Il faut d abord prendre le temps du contact humain:
Le service de communion est aussi une rencontre fraternelle entre membres de la même communauté chrétienne. On prend donc le temps d un petit échange convivial, ne serait-ce que sur la santé du malade, la vie du quartier ou de la paroisse... en privilégiant l essentiel. Puis vient le temps de la mise en présence du Seigneur On dépose la custode sur un endroit choisi (table, petit napperon...). Une fleur, une lumière peuvent ajouter un caractère de beauté et festif. Parfois, la custode est simplement gardée dans la main ouverte, comme signe du Seigneur proche et compatissant. Le temps pénitentiel Après un temps de recueillement, c est la démarche de celui qui se reconnaît pauvre, pécheur, qui a besoin d être sauvé et se tourne vers Dieu comme le malade au bord du chemin : «Seigneur, prends pitié!» Il se rend prêt, humblement, à l accueillir dans sa vie. Ce temps peut être introduit par des paroles personnelles qui invitent à entrer dans la démarche. Le rituel du "Sacrements pour les malades" (n 37, p.22) et le feuillet "Le mystère de la Communion portée aux malades» proposent plusieurs formules. LE TEMPS DE LA PAROLE Le chrétien se nourrit de la Parole et du Pain nous dit l Église. Le temps de la Parole n est donc pas facultatif même si, selon les circonstances, il faut parfois l écourter. (Comment vivre avec souplesse p. 4-5) en particulier en raison de la grande fatigue de la personne malade. Il y a une grande liberté dans le choix des textes. Le plus habituel est de prendre le texte de l Évangile du dimanche ou du jour, à moins qu une autre lecture semble plus adaptée. Ce peut-être aussi un autre passage de la Bible (psaumes...). Le rituel note (n 39) que "la lecture peut être suivie d une brève explication. On peut aussi garder quelques instants de silence". Plus qu une explication, il s agit d un moment de partage à partir de l homélie entendue ou de la méditation faite en préparant ce temps de célébration ou encore de ce que ce texte, Parole de Dieu pour aujourd hui pour la personne malade, lui inspire. "On peut aussi faire une prière universelle, surtout le dimanche, en communion avec l assemblée eucharistique". On, peut reprendre des intentions de la messe paroissiale ou celle du «feuillet du dimanche pour les malades diocésain». C est aussi l'occasion de porter dans la prière des intentions venues de la conversation préalable, de la situation personnelle ou familiale de la personne malade ou âgée ou des événements de la vie. Cinq pains et deux poissons Ton petit peu permet le plus LE TEMPS DE LA COMMUNION Il commence par la proclamation du "Notre Père" Affirmation de notre filiation divine et notre fraternité en humanité. Il peut être introduit par la formule habituelle dite par le célébrant à la messe ou en d autres termes qui semblent plus appropriés. Le geste de la Paix Après le Notre Père, le rituel dit : "S il le juge opportun, le prêtre (ou la personne envoyée portée la communion) peut inviter les participants à manifester au malade et à se manifester entre eux la paix et la charité mutuelles en disant : Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix." (n 41)
La communion au Corps du Christ La personne qui porte la communion présente alors le pain consacré à la personne visitée ainsi qu aux participants s il y en a, avec les paroles habituelles. Le temps d action de grâces peut être un bref moment de silence. Quelques mots méditatifs peuvent aider à l enrichir. La prière de conclusion peut être la prière finale de la messe du dimanche ou du jour, l une des prières proposées par le rituel (n 44) ou une prière personnelle adaptée à la rencontre. La bénédiction finale qui conclue le rite est habituellement celle-ci : «Que le Seigneur nous bénisse, qu il nous protège de tout mal et nous garde dans la paix.» LA MESSE LITURGIE D OUVERTURE - Salutation du célébrant - Accueil - Chant d entrée - Préparation pénitentielle - Oraison du célébrant LA COMMUNION AUX MALADES Salutation amicale LITURGIE D OUVERTURE - Déposition de l eucharistie silence - Préparation pénitentielle LITURGIE DE LA PAROLE - Lectures Psaume Alléluia - Évangile Profession de foi Prière Universelle PAROLE DE DIEU - Lecture adaptée une du dimanche passage d écriture passage de psaume - Partage ou silence - Prière Universelle ou autre LITURGIE EUCHARISTIQUE LITURGIE DE LA COMMUNION - Signe de notre Père - Signe de la paix - Signe du Corps du Christ Action de grâces de l assemblée (silence et chant) LITURGIE DE LA COMMUNION - Prière du notre Père - Geste de paix - Communion Action de grâces (silence) - Prière
CONCLUSION (envoi) CONCLUSION VIVRE LE RITUEL AVEC SOUPLESSE POUR RESPECTER LA PERSONNE ET LE SENS DU GESTE Le centre du schéma ci-dessous présente la structure type du temps de prière avec communion. L enchaînement des éléments reprend la structure de la messe. (cf. page 3). Cependant, tous les éléments ne sont pas immuables. La structure reste un canevas souple dont l adaptation doit se faire au profit du soutien réel de la personne rencontrée. Par contre, les éléments en caractères gras sont les éléments qui ne peuvent être absents : salutation du malade, dépôt de la custode, signe de Croix, la Parole de Dieu (réduite à une phrase en cas de grande fatigue cf. feuillet diocésain), notre Père, communion avec les mots «Le corps du Christ», la bénédiction finale. L existence de ces éléments permet de dire qu il y a eu un acte fraternel et ecclésial de communion en Dieu. D autres éléments, ceux en caractères normaux, peuvent être écourtés, voire supprimés, selon l état de la personne. Il est bien clair pour chacun qu un malade très fatigué peut demander une rencontre très courte, qu une personne malentendante ne pourra profiter d une lecture et parfois il n y a pas moyen de lui faire lire le texte par elle-même. Par contre, il ne serait pas normal d abréger systématiquement le rituel pour toute personne à qui l on porte la communion. Par contre, il est nécessaire d accentuer ou de personnaliser tel ou tel moment de la célébration en fonction de ce qui est connu de la personnalité du demandeur, en fonction du contexte et de mes dispositions personnelles, en lien avec le temps liturgique. C'est l objet des quatre cadres (1 à 4) qui donnent quelques repères pour chercher à découvrir comment adapter ce temps de célébration à la personne rencontrée. 1. Le Malade Ma connaissance préalable du malade Sa culture (rural citadin, etc ) Son histoire, ses soucis et ces joies L évolution de son état de santé Son état précis, aujourd hui 3. Le contexte Chambre simple ou double (attitude du voisin) Présence de la famille ou non Télévision allumée Durée possible Interruption des soignants ou du téléphone etc Salutation du malade Dépôt de custode Signe de croix Acte pénitentiel Parole de Dieu Partage Prière universelle Notre Père Signe de paix Communion Action de grâces Prière finale Bénédiction 2. Moi-même Mon état personnel aujourd hui Ma capacité à être en présence et en prière Ce que j ai intériorisé de la Parole de Dieu du jour et des événements seul ou en équipe 4. Le Temps liturgique Les lignes de force du temps liturgique Les événements particuliers : dimanche du Secours Catholique, des missions etc Le rappel de la vie de Jésus- Christ : Noël, Pâques
Cadre 1 : Adapter la prière au malade Connaître la vie du malade ou de la personne visitée, sa culture, ses préoccupations du moment reste essentielle pour prier avec elle avec justesse. Ainsi, celui qui est dans l angoisse d un diagnostic imminent ne demande pas le même type de prière que celui qui va sortir bientôt pour rentrer chez lui. Pour le premier, il sera possible de prendre un psaume exprimant cette inquiétude à Dieu avec confiance tandis que pour le second, il serait souhaitable d accentuer le moment d action de grâce. Il nous a confié un souci : un passage d Évangile éclairerait parfois, c est peut-être l occasion de le prier à ce moment là. D autre part, l état d'un malade, d une personne âgée change rapidement. L attention à l aujourd hui du malade, reste primordiale pour ne pas être loin de ce qu il vit au présent. Faudra-t-il, alors, allonger ou raccourcir le temps de prière? Faudra-t-il insister sur tel ou tel aspect du rituel? Faudra-t-il adapter le choix des textes? Voilà des questions à se poser en écoutant la personne et oser un choix Cadre 2 : Prendre soin de nous-même L essentiel de la communication passe par le non-verbal. Nos attitudes parlent, notre corps parle. Nous pouvons être fatigués. Parfois, notre disponibilité est entamée par des soucis, par une préoccupation précise. Nous sommes des êtres humains avec une histoire personnelle, avec des limites, avec une spiritualité propre. Toute cette consistance humaine, spirituelle, influe sur notre manière d'être en présence de l'autre et d'entrer en prière Aussi, pour soutenir la personne visitée dans la prière, il y a la nécessité de cultiver sa propre vie de prière, d être dans ce compagnonnage de Jésus-Christ qui se révèle dans toute rencontre priante. Mais si l on est toujours pressé, toujours préoccupé par autre chose, c est peut-être signe que ce service n est pas vraiment le nôtre. Cadre 3 : Regarder l'environnement Bien des éléments conditionnent nos possibilités : chambre à deux lits, la présence de la famille désireuse ou non de prier avec nous. Certains sont en difficulté pour afficher leur foi devant d autres personnes. Demander aux personnes si elles veulent participer ou non à ce temps de prière. Si la personne souhaite poursuivre, on fait attention à se positionner de façon à donner le plus d intimité à ce moment, en tournant le dos aux autres. Au contraire, le voisin de chambre a le désir de participer, c est la position médiane qui est meilleure sauf si l un d'eux "entend haut"! Si la télévision est allumée, même s il s'agit de la messe télévisée, son extinction est importante car il s agit d une rencontre à vivre, non d un geste rituel mécanique. Restent les interruptions parfois fréquentes du téléphone, du service. Il est possible de les intégrer, de leur donner sens dans ce temps de prière : le coup de téléphone du fils, de l ami est signe d une affection pour lequel on rend grâce, ou d un souci qui deviendra intention de prière. Cadre 4 : Rappeler le temps liturgique Chaque dimanche s inscrit dans un temps liturgique précis, coloré par la préparation d une grande fête. Même désorientée, la personne se souvient de ces grands repères qui ont rythmé sa vie chrétienne. Ces repères l aident à se situer dans le temps et dans l Église. Leur évocation, y compris des grandes fêtes de saints, des grands événements du diocèse ou de la paroisse, soutiennent la personne âgée en la reliant à toute une communauté chrétienne vivante. C est parfois l occasion d une expression de souvenirs religieux et du sens que cela prend aujourd'hui : "ma première communion", "la fête Dieu", "Marie". Pour tous, cela reste le moyen d un approfondissement de la foi en revivant annuellement le cycle de la vie de Jésus, de sa naissance à sa résurrection et au don de l Esprit Saint. Le déroulement du temps liturgique offre une diversité d approche du Mystère de Dieu tout en concrétisant des attentions particulières vers les frères : dimanche des missions, du Secours Catholique, du CCFD, de la communication, de la catéchèse En inscrivant le temps de prière et de communion dans le temps liturgique, nous nous relions à l Église universelle sous le regard de l Évangile.
Porter la communion à domicile - Quelques questions pastorales Les personnes qui portent la communion se trouvent parfois devant des questions qu'elles ne savent pas comment résoudre. Un texte diocésain a été élaboré par la Pastorale de la Santé et le Service diocésain de Pastorale Sacramentelle et Liturgique pour en éclairer quelques-unes des principales questions afin d'aider chacun à vivre ce temps de communion dans l esprit et selon la pratique voulue par l Église. 1) Qui porte la communion à domicile? C est souvent la famille proche qui s en préoccupe ou un ami. Ceci est normal quand elles le désirent. Cependant, ces personnes ne savent pas toujours comment porter la communion pour en faire un temps de prière et de ressourcement. Il serait donc souhaitable de leur associer pour une ou deux fois une personne du Service Evangélique des malades afin de les aider à respecter suffisamment l esprit et la forme du rituel. (Il pourra leur être remis, à cette occasion, un petit dépliant). Nous rappelons que le SEM réunit, dans chaque paroisse, des chrétiens appelés, envoyés et formés à ce service et que, dans bien des cas, une personne extérieure à la famille favorise davantage l échange, l ouverture, le partage spirituel et la dimension ecclésiale de ce geste liturgique. Un discernement pastoral serait à faire pour vérifier la meilleure solution, surtout lorsqu il s agit d'une demande régulière, non temporaire (personne invalide permanente et ne pouvant plus se déplacer). Cela doit se faire en lien avec 2) Comment signifier dans la liturgie de la messe ce service des absents? Les custodes peuvent être apportées à l autel au moment de la procession des offrandes. Les «porteurs de communion» peuvent être appelés après la communion des «présents», la custode leur est remise par le prêtre avec une parole d envoi ou de bénédiction. Souvent des personnes présentent leur custode au prêtre lors de la procession de communion. En principe on ne devrait pas donner le corps du Christ à une personne sans la connaître et sans savoir à qui il est destiné. Il serait bon que les personnes qui porte à un proche se signalent avant (ou après) la messe au prêtre ou à un membre du SEM présent. 3) Quand porter la communion à domicile? La communion reçue à domicile ou en maison de retraite doit être un vrai temps de prière et de ressourcement. Il faut donc que la personne qui reçoit la communion ainsi que la personne qui la lui porte aient une disponibilité d esprit suffisante, qu elles ne soient bousculées ni par le manque de temps, ni par des occupations toutes proches. Le souhaitable est bien sûr de la porter après la célébration de la messe dominicale. Cet idéal est souvent peu réalisable car, après la messe, il y a souvent de la famille à voir ou à recevoir, des repas à préparer, sans parler des heures des célébrations, trop matinales ou tardives. La personne qui visite comme la personne visitée manquent, alors, de disponibilité. En rural, le problème est encore accentué par la contrainte des kilomètres. Le possible et le souhaitable est de prendre rendez-vous dans la semaine en fonction des convenances de chacun. 4 ) Quand porter la communion en institution? S il y a une messe ou une prière communautaire avec communion dans l établissement, celle-ci pourra être portée aux personnes dans leur chambre à la suite de cette célébration à condition de disposer d un temps suffisant. Sinon, elle le sera à un moment convenu favorable, par une personne envoyée pour ce service, en semaine ou le dimanche. II sera habituellement situé en dehors du temps de la messe télévisée pour favoriser un partage réel de la Parole. On maintiendra explicitement le lien à la paroisse dont dépend la maison de retraite (feuille paroissiale, intentions, élément d homélie, etc.). Quand cela est possible, on peut proposer à des résidants logeant en proximité les uns des autres une démarche commune de communion dans un salon ou salle agréable proche. 5 ) Peut-on, en tant que laïc, aller chercher une hostie consacrée dans le tabernacle? Comment disposer d une hostie consacrée lorsqu on porte la communion hors des temps où est célébrée une messe? En règle générale, c'est le curé (en lien avec le C.P. et l E.A.P.) qui délègue à une ou deux personnes appelées et formées à porter la communion à domicile par paroisse la possibilité d accéder
au tabernacle. Ce n est pas le fait d être laïc qui pose question mais le fait de ne pas être connu et envoyé par le curé du lieu pour ce service. 6) Peut-on conserver l hostie chez soi? Dans le cas où il est difficile de porter la communion immédiatement après la messe paroissiale ou de passer prendre l hostie juste avant la rencontre, il est possible, avec accord de son curé, de déposer l hostie pour un délai court (quelques heures ou du soir au lendemain), dans de bonnes conditions de respect : l hostie doit être dans une custode, la custode doit être déposée chez soi dans un endroit choisi pour sa discrétion et le respect qui lui est dû. 7) Est-il possible de donner la communion à d autres personnes que le malade? Exceptionnellement, cela peut avoir du sens, pour un couple par exemple ou une circonstance particulière. Mais seulement si les personnes présentes (famille le plus souvent) sont empêchées par la maladie de leur proche de rejoindre l eucharistie dominicale. 8) Est-il souhaitable de communier au moment de la messe télévisée? La messe télévisée est un temps fort de prière et de ressourcement pour de nombreuses personnes empêchées de participer au rassemblement dominical paroissial. Cependant, s unir spirituellement à la communauté de la messe télévisée ne remplace pas l acte liturgique réalisé entre la personne qui apporte la communion et la personne qui la reçoit. Il est donc souhaitable d attendre la fin de la messe télévisée, puis de vivre ensemble le temps de la communion, faisant mémoire des textes et de l homélie entendus et partageant le pain. On ne laisse jamais l hostie consacrée à une personne pour qu elle se communie elle-même au moment de la communion à la messe télévisée ou parce qu elle désire communier plusieurs fois dans la semaine. 9) Peut-on donner la communion à une personne désorientée? Si la personne n est pas capable d exprimer son consentement, on s informera préalablement sur sa «pratique» habituelle. Quand existe un doute au moment de la prière, il est prudent d'observer pour voir si la personne semble entrer en attention et recueillement lorsque l on commence le temps de prière. Si l inattention persiste, mieux vaut poursuivre le temps de prière sans aller jusqu à la communion mais rester fidèle à un passage régulier pour la proposer à nouveau. (Dans la désorientation, il y a parfois des moments de plus grande lucidité). Attention la désorientation va souvent de pair avec des problèmes de déglutition. 10) Peut-on donner la communion à une personne ayant un handicap mental? Ce qui permet un juste discernement est de savoir quelle est l attente, le désir de la personne. La demande de communier de la part d'une personne handicapée manifeste son désir de s unir à Dieu par l hostie quelle que soit l approximation de la formulation. L important est la conscience du sujet et non la capacité intellectuelle à formuler correctement la demande. 11) Que faire de l hostie si la personne visitée n a pu communier ou a annulé au dernier moment la visite? Il faut la rapporter au tabernacle chaque fois que cela est possible. Sinon, l hostie peut être consommée par la personne qui visite, cela dans une démarche de prière. C est le seul cas où l on se communiera soi-même pour éviter d oublier que la communion est d'abord un don offert. Dans la même logique le malade ne peut faire une réserve d hosties pour se communier lui-même en dehors du temps de rencontre avec la personne qui lui porte la communion. Très rarement, il arrive que, par difficulté de déglutition, l hostie soit recrachée par certains malades. Il est alors souhaitable de recueillir les débris dans un mouchoir en papier et de brûler le tout chez soi, ou de la dissoudre dans l eau. 12) Si une personne ne peut communier au Corps du Christ Si la personne ne peut communier au Corps du Christ (allergie au gluten ou s alimentant uniquement en liquide, ou pas du tout), tout d abord ce n est pas un raison valable pour ne pas la visiter et
ne pas prier! La prière peut avoir le même déroulement, (sans la communion) ; on peut aussi dire la prière pour la communion spirituelle. (Cf. document joint). Il faut aussi se souvenir dans certaines circonstances de la possibilité de communier au Sang du Christ. Il faut alors prévoir flacon et cuillère (voir Rituel n 150). 13 ) Faut-il dire «oui» à toute demande de communion? Non! Même si l on souhaite un large accès à ce sacrement, surtout pour les personnes malades! Un dialogue fraternel est nécessaire avec certaines personnes sur le sens de cet acte. Des personnes se sont éloignées depuis longtemps d une pratique sacramentelle, il peut être opportun de leur proposer le sacrement du pardon. A contrario, parfois il faut rassurer des personnes fidèles qui disent «je ne peux pas, je ne me suis pas confessé», en leur disant qu elles peuvent communier en attendant qu un prêtre puisse passer les voir. 14) Et la communion donnée en viatique? Ce n est pas forcément la dernière! Tout fidèle en danger de mort même s il n est pas imminent est tenu de recevoir le viatique. Sacrement du Christ mort et ressuscité, l Eucharistie est ici sacrement de passage de la mort à la vie, de ce monde vers le Père. Le rituel n est pas très différent d une autre communion, sauf qu il comprend des prières pour se préparer à la mort et une profession de foi baptismale. Témoignage d un malade sur la communion J ai dû, à deux mois d intervalle, subir deux interventions chirurgicales, précédées et suivies de la série habituelle d examens complémentaires ( contrôle sanguin scanner - scintigraphie- etc.) 1- Lors de ma première intervention de décembre 1998, le séjour à la clinique n a duré que quelques jours. Sa brièveté ne m a pas permis de rencontrer les membres de cette aumônerie et de recevoir la communion. Mais cette impossibilité m a aidé à découvrir ou tout au moins à mieux comprendre la valeur irremplaçable de la lecture de la Bible, véritable pain de la Parole, ainsi que des textes des psaumes et des hymnes qui alimentent notre prière dans ces moments de grande réceptivité. J ai retrouvé en particulier une homélie télévisée, sur le thème du désert. Le thème me parlait : la chambre est un peu le désert monotone, sans décor, où l on est confronté à la vie dépouillée, nue, vraie, la vie authentique... Le désert n est pas choisi, il est subi... Le désert est fait pour être transformé par la purification et l espérance... Le désert est fait pour être traversé vers la Vie et non vers l impasse de la mort. Une image m est revenue à la mémoire, celle d une belle rose qui émergeait un jour de printemps de l aridité du désert de sable, non loin d Arad, en Palestine. Tout ceci semble nous éloigner de la question qui m avait été posé initialement : " Que m a apporté la communion? " et pourtant ce n est qu une apparence car cette parole est devenue nourriture, pierre d appui et source d Espérance, d énergie pour affronter les moments plus difficiles de la maladie et du traitement. Le dimanche suivant mon retour à la maison, j ai pu recevoir l Eucharistie des mains de ma femme. Un grand moment pour notre couple, un réconfort de puiser à la source de l Amour et de nous remettre en route pour affronter le deuxième temps chirurgical... 2 - Mon deuxième séjour chirurgical a duré une douzaine de jours. Pendant ce temps d hospitalisation, j ai eu la visite d un aumônier prêtre et d une religieuse qui m ont apporté à plusieurs reprises la communion. Au quatrième jour après l intervention, j ai eu le droit de commencer à absorber des liquides. J ai pu communier au Sang du Christ, cela a été pour moi une très grande joie... qui demeure encore. Le dénuement de la période post-opératoire et la présence d un crucifix sur le mur qui faisait face à mon lit m avaient déjà préparé à ce moment de pleine communion. Je compris encore mieux l Amour fou de Jésus-Christ pour chacun de nous, et la nécessité de lui faire une totale confiance dans ces périodes douloureuses et angoissantes. J ai pu redire alors spontanément ces paroles peut-être banalisées à force d être répétées : "Je crois, Seigneur, que tu avais tes pas dans les miens et, qu à la fin, tu me portais". Ma prière s est alors élargie à tous ceux qui se dévouent à notre service, jour et nuit. A distance de ces événements vécus, est-ce que l on peut dire que l Eucharistie a changé notre vie, celle de notre famille, celle de notre entourage? Je répondrai par l affirmative en ce qui concerne la solidarité, la communion et avec
mes frères croyants une plus grande communion. Me posant la question de savoir si je devais poursuivre ma mission à l aumônerie et au groupe "Médecins du Monde-France". La seule réponse que j ai cru entendre est celle-ci : "Continue! L amour dont le Seigneur te comble et t a comblé, ne le garde pas pour toi "