Rezé La Morinière Un bien joli parc que celui de la Morinière, même si l hiver qui pointe le bout de son nez n est pas la meilleure saison pour le découvrir. Ce lieu accueillit, en d autres temps, une manufacture à la vie tumultueuse : dépôt de poudre, puis savonnerie, puis tannerie pour enfin devenir une usine chimique... Vertou Quai Léon-Sécher 14 La Rousselière La tannerie corroierie* Le Roy a été construite en 1850 par Pierre-Félix Devin. Sa magnifique architecture vaut le détour : briques vernissées, moulures en terre cuite mais aussi verre et béton armé allient légèreté et robustesse. À son apogée, après que les frères Le Roy l eurent rachetée, quelques 200 ouvriers y travaillaient. C est au bord de l Ilette, ce petit affluent de la Sèvre, qu elle fût édifiée. Et c est aussi au bord de cette minuscule rivière que j ai découvert un vieux carrelet rouillé. Improbable à cet endroit! Et pourtant... * Le corroyage venait après le tannage du cuir, pour les opérations de finition, notamment pour la coordonnerie. 15
La Chaussée des Moines La Chaussée des Moines de Vertou, la dernière en aval de la rivière est sans doute la plus longue mais aussi la plus ancienne. Elle aurait été édifiée vers l an 1000 par les moines bénédictins de Vertou pour répondre à une triple fonction : permettre la navigabilité jusqu à Monnières installer un moulin à blé faciliter le passage entre le village du Chêne et le bourg de Vertou Vertou Au milieu du XVIII e siècle, le moulin vétuste est détruit et on construit, sur ses fondations, une écluse pour améliorer le passage des bateaux. Auparavant, les bateaux remontaient vers l aval ou descendaient vers l amont mais ne pouvaient pas franchir la chaussée. Les marchandises étaient déchargées sur la chaussée pour être rechargées. Bien des tracas pour les bateliers et les mariniers! En outre, un droit de péage était versé aux moines qui entretenaient la chaussée. Ce droit a continué d être versé pour le franchissement de l écluse, ce qui causa moults revendications... 18 Le Moulin Gautron Le Moulin Gautron, quant à lui, fût bâti en 1878. De minoterie, il sera transformé en abattoir avant de devenir un centre culturel. Tout est bien qui finit bien! 19
Vertou Du Chêne à la Ville Bachelier De Portillon à la Ramée Entre ville et campagne, on trouve encore à Vertou des villages qui ont su conserver leur âme. Ils s égrènent le long de la Sèvre, avec leurs histoires, leurs vieilles bâtisses, leurs petits chemins tortueux et pentus qui descendent vers la rivière. 22 23
La navigation sur la Sèvre La Sèvre a été un axe de transport de marchandises important avant l avènement des routes et du chemin de fer. Sa partie navigable, de Nantes à Monnières, longue de 22 km, a favorisé l échange commercial jusqu à la fin du XIX e siècle. Les marchandises et matériaux étaient chargés sur des bateaux à très faible tirant d eau. En effet, la Sèvre ne fait guère plus de 3,50 m de profondeur. La gabarre, longue barque à fond plat, qui pouvait être gréée (mat et voiles) permettait de transporter, entre autre, tonneaux et barriques de vin. La toue cabanée que l on rencontre surtout sur la Loire, pouvait elle aussi être utilisée. Son petit plus, une cabane permettait de s abriter par mauvais temps. Quelques péniches remontaient également la Sèvre, transportant des matériaux comme le sable de rivière entre autres. Un chemin de halage, tantôt rive gauche, tantôt rive droite, permettait de tirer ces embarcations. Ce sont bien souvent des hommes qui s en chargeaient, quelquefois aidés par des chevaux. À la fin du XIX e jusque dans les années 60, d autres bateaux, à vapeur cette fois-ci, naviguaient sur la rivière. La compagnie des «Hirondelles» créée par le capitaine François Bureau, assurait une liaison entre Pont-Rousseau et Vertou, voire Port Domino le dimanche. Les passagers pouvaient alors débarquer dans les guinguettes et restaurants qui jalonnaient le cours de leur promenade dominicale. Gabarre à fond plat qui servait au transport du vin Homme halant une gabarre Promenade à bord d une Hirondelle Péniche chargée de sable 28 29
Des Épesses à la source Dernière étape de mon voyage le long de la Sèvre! Je reprends mon cheminement à Treize-Vents, en Vendée. Un sentier longe la rivière mais les moulins ne sont plus! Ici et là, des ruines témoignent du passé. Les chaussées éventrées laissent libre cour au passage de l eau. Les coteaux escarpés vont bientôt laisser la place à la plaine et au bocage des Deux-Sèvres. Nouveaux paysages, nouvelle région, nouveau département... Je commence ma traversée des Deux-Sèvres et mon premier moulin me réserve une belle surprise. Café, bar-restaurant, camping... On trouve tout à Chaligny. Mais surtout, je découvre qu ici la Sèvre disparaît. Les moulins ne sont plus implantés le long de ses berges. Le manque de relief, le lit de la rivière qui rétrécit ne permet plus d actionner les roues des moulins. Il a fallu compenser le manque de débit en réalisant des biefs dérivés. En amont, une chaussée dévie l eau vers un canal d amené en pente douce. Un déversoir muni de pelles comme on appelle ici les vannes, permet de retenir l eau. Il n y a plus qu à les ouvrir pour faire tourner la roue. Mais où est la Sèvre Nantaise? Il me faut emprunter des petites routes sinueuses qui se transforment en chemins pour, enfin, arriver dans la cour des moulins. Plus de sentiers, plus de cartes. La Sèvre se cache au milieu des champs. Partout, des petites mares, des étangs, des ruisseaux dessinent un vaste réseau de zones humides. Elle devient si discrète que je ne voie plus la rivière qu en franchissant les petits ponts où son nom est indiqué. C en est fini de la Sèvre industrielle qui faisait vivre des villages entiers. Plus de papeteries, de filatures, de tanneries, de tissages... Des moulins à farine uniquement, souvent transformés en minoteries au XIX e siècle. La Sèvre redevient rurale. Il fallait nourrir les habitants et le bétail. On produisait de la farine panifiable pour la boulangerie. Le son et la farine de moindre qualité étaient réservés pour les bêtes. Beaucoup de moulins sont restés dans la famille des meuniers. Un seul est toujours en activité, la minoterie Béraud mais beaucoup ont conservé leurs roues et leurs engrenages comme à Saint-Jouin-de- Milly où l on pouvait encore voir la transformation du blé en farine il y a peu. Le moulin peut toujours fonctionner mais un manque d eau dans le bief ne permet plus d actionner la roue. Temporairement, espérons le! Et puis, la source! Enfin!!! Au Beugnon, j emprunte une route à lacets qui grimpe vers le plateau de Gâtine. C est là que se trouvent les sources. A 215 mètres d altitude, un petit étang laisse s échapper un mince filet d eau. Ça y est, j y suis! C est une des sources de la Sèvre Nantaise. Je me perds dans ce lacis de petites routes. Je m arrête. Il y a toujours quelqu un dans un champ, au bord d une maison pour me renseigner. Ah! Vous n êtes pas très loin, je vais vous expliquer. 140 141
Moncoutant Braud Connu dès 1562, ce moulin a, lui aussi, toujours eu une vocation farinière. Son propriétaire, en pleine rénovation, semble goûter le plaisir d habiter dans un si bel endroit. Une légende raconte «Quelques demoiselles se baignaient près du moulin de Braud. Un chien avait pris l habitude de venir les embêter. A bout, les demoiselles lui donnèrent un coup de bâton qui lui brisa la jambe. Le lendemain, elles apprirent que leur vieille voisine, la mère Untelle, avait la jambe cassée»... La Sablière Non loin de Braud, on trouve la Sablière. À la fin du XIX e siècle, l Etat commence la construction de la ligne de chemin de fer Angers-Niort. Les terres gorgées de sable sont réquisitionnées pour être exploitées. On extrait des tonnes de sable utilisé comme ballast. La construction achevée, les sablières ou fouilles sont restituées à leurs propriétaires. Mais elles sont submergées par infiltration de l eau. Le lieu est devenu le point de rendez-vous des amateurs de pêche. Certains propriétaires des terres restituées certes, mais impropres à la culture ont continué l extraction du sable pour la construction. On les appelait les «tireurs de sable». A l aide d un pelle à hauts rebords, percée de trous pour permettre à l eau de s échapper, ils chargeaient leur barque de sable. Le métier était dangereux, la barque pouvait chavirer et l homme se retrouver à l eau. Le métier a disparu depuis bien longtemps. 158 159