Extraits de la présentation `de Dan Hanganu, architecte à Rimouski, le 17 mai 2006 Adolf Portmann biologiste suisse, montre bien qu il y a dans la vie plus qu un simple désir de survie. Il y a quelque chose en plus qui est le désir d apparaître, de se manifester, de se présenter. Il y a aussi une relation fondamentale de l être et du paraître qui permet de comprendre la richesse infinie des formes animales et même végétales. Il est évident que pour parler de mon métier, je dois le placer dans le contexte contemporain, où tant de questions se posent et où il reste encore tant à définir. En cette époque de changements incessants, la fragmentation sociale, la redistribution des instances de décision et l actuelle crise de participation influencent sans doute notre comportement et notre production. Dans un monde que Philip Johnson décrit «comme un monde absurde et insaisissable, où les certitudes ne sont pas souhaitées et encore moins possibles», dans un monde où l image remplace le mot, l architecture, devient un acte d éclat, un feu d artifice toujours en quête de gloire et de temps d antenne. Eiseman dit: «La société n apprécie pas le fruit réel de notre travail; les gens ne s intéressent qu au résultat médiatique.» Nous sommes fascinés par l image fabriquée, ainsi que par le processus de commercialisation de cette image; d où l importance déterminante du discours. Celui-ci devient de plus en plus pluraliste et on assiste à la participation de plus en plus active de groupes d intérêts à presque tous les niveaux décisionnels. Nous sommes à un seul pas de ce que Jean-François Revel, en citant Tocqueville, appelle dans son livre : «Comment les démocraties finissent» «la douce tyrannie de l opinion publique» Je fais référence à l architecture comme phénomène culturel. Loin d accepter le rôle de service qu on lui réserve aujourd hui, on définit l architecture comme l expression d une culture dans le bâti. Cette architecture que l abbé de Cordemoy définissait en 1706 comme ordonnance, harmonie et bien aisance. En ce qui me concerne, je m intéresse encore à ce qui constitue la différence entre, d une part, le permanent, et, d autre part, ce que George Steiner appelle l unique, l immédiat et le transitoire.
La différence entre l architecture qui surmonte l épreuve du temps et l éphémère «menu du jour», soumis au caprices de la mode. Kenneth Frampton dit : «L architecture concerne tout autant la création d un environnement et le passage du temps que l espace et la forme En ce sens, ce n est ni de l Art avec un grand A, ni de la haute technologie. Considérant qu elle défie le temps, elle est anachronique par définition. La durée et la durabilité sont ses valeurs intimes. En bout de ligne, elle ne concerne pas l immédiat et s apparente avec l indicible. En original: «In the last analysis it has nothing to do with immediacy and everything to do with the unsayable». C est sous cet angle que j analyse notre comportement actuel, notre soif d instruction, de connaissance critique, d histoire, d origines et de compréhension. J aimerais mentionner la théorie de l architecture de Semper. Elle tient son origine de l élaboration formelle des arts familièrement nommés «industriels» et, par-dessus tout, du métier des textiles. Semper insiste sur la primauté de la forme tectonique, conseillant vivement de décorer la construction plutôt que de construire la décoration. C est une caractéristique commune aux objets et aux édifices; ou, en d autres mots, le métier et l architecture agissant à deux niveaux; l objet qui peut servir un but, un service et l architecture proposant un espace qui exalte l expérience de l usage. Ces éléments périphériques de l espace contenu accentuent la métamorphose la plus apparente de la production contemporaine. Fidèle à la priorité de la réalité perçue sur la production actuelle, l enveloppe devient volatile, transparente, immatérielle, changeante et obéissante aux contraintes temporaires. À la notion de jeu réciproque s associe celle du contexte dans lequel il se déroule, avec des contraintes imposées de l intérieur ou de l extérieur; acceptation ou défi, l audace d explorer l inconnu.