SOCIÉTÉ. xilimes JOURNÉES DE L HYDRAULIQUE (PARIS 1974) Ambassade de France, La Paz, Bolivie



Documents pareils
Évolution du climat et désertification

FAITS SAILLANTS : 1. CONDITIONS CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES EN AFRIQUE

Où sont les Hommes sur la Terre

Projet Pédagogique Conférence interactive HUBERT REEVES Vendredi 13 mars H

Science et technologie : Le truc de Newton

Synthèse SYNTHESE DIRECTION GENERALE DE L ENERGIE ET DU CLIMAT. Service du climat et de l efficacité énergétique

1. L'été le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années.

Rapport annuel de monitoring automatisé de la qualité de l eau

Changement du trait de côte et images satellites. Tempêtes 2014, plage de la Salie, côte atlantique française

Résumé. 1 Les chiffres du recensement général de la population et de l habitat (RGPH2) de 2009 sont en cours exploitation. Les données seront rendues

L Initiative pour la Réduction de la Pauvreté et la Gestion de l Environnement (PREMI)

L inégale répartition de l énergie solaire est à l origine des courants atmosphériques

La modélisation, un outil pour reconstituer (et prédire) climat et végétation

PROJET ACCLIMATE ETUDE SIM-CLIM THEME 3 Etude bilan des possibilités d une simulation climatique régionale

La diversité des climats

Scientific registration n : 35 Symposium n : 27 Presentation : Poster. SAFAIAN Nosrat, SHOKRI Maryam

Interprétation de l'affleurement 3: a: argilites compactes, b: niveaux oxydés, a: argilites shistées, riches en charbon (bitumineuses)

M. F. PITA Departamento de Geografía Física. Universidad de Sevilla. C/ María de Padilla s.n SEVILLA (Espagne).

CHAPITRE 6 : LE RENFORCEMENT DU MODELE PAR SON EFFICACITE PREDICTIVE

Questionnaire Lycée SALLE DES EAUX DU MONDE

Eric Chaumillon UMR CNRS 7266 Littoral Environnement et Sociétés LIENSs Université de la Rochelle

Carte des Vents de l Algérie - Résultats Préliminaires -

INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU

Objectifs présentés. Discussion générale

4. Résultats et discussion

Connaissances et compétences requises : coordonnées géographiques, réflexion critique, recherche de documentation, rédaction, support cartographique.

Etude de diagnostic hydrogéologique du sous sol de Clamart Quartiers Schneider et Centre ville MAI 2013

Profils verticaux de la couverture nuageuse, de ses propriétés et des aérosols: données du lidar CALIOP et du radar CLOUDSAT (DARDAR) de 2006 à 2012

Efficacité énergétique des logements à haute performance énergétique, HPE : Application au site de Béchar

LOGICIEL DE MODÉLISATION INTEGRÉE 1D/2D POUR LA GESTION DES EAUX PLUVIALES ET DES EAUX USÉES. drainage. Micro Drainage

CENTRALES HYDRAULIQUES

Monitoring des classes de neige des calottes polaires par Envisat

UNIVERSITE D ANTANANARIVO FACULTE DES SCIENCES DEPARTEMENT DE BIOLOGIE ET ECOLOGIE VEGETALES

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

METEOROLOGIE. Aéroclub Besançon La Vèze. Cours MTO - Ivan TORREADRADO 1. F-SO au FL65 over LFQM

APPROCHES SIMPLIFIÉES POUR L ÉVALUATION DES PARAMÈTRES DE CONCEPTION POUR LES BASSINS DE FAIBLES DIMENSIONS. Gilles Rivard, ing. M. Sc.

Le climat et la dégradation des sols

D A N S L E S PAY S F R A N C O P H O N E S

Fonctionnement du système karstique en val d Orléans 2. La source le Bouillon au parc floral d Orléans La Source

Rapport de suivi du système de télésurveillance de la carrière souterraine Nord Ouest de Saint- Sulpice-de-Cognac (I 6)

Real-time Monitoring and forecast of IntraSeasonal Variability over Africa (MISVA)

1. IDENTIFICATION ET LOCALISATION GEOGRAPHIQUE 2. DESCRIPTION DE LA MASSE D'EAU SOUTERRAINE CARACTERISTIQUES INTRINSEQUES

Annexe 3 Captation d énergie

Introduction. Henri Poincaré

Étude de la carte de Vézelise. Initiation à la lecture du relief sur une carte topographique

Le Bassin de I Azawagh : peuplements et civilisations, du néolithique à l arrivée de l islam

Grille de planification Expédition météo. Spécialiste de la cartographie Graffiti de ce que l équipe sait de la météorologie (10 minutes).

Avancées et reculs des mangroves guyanaises: bilan par analyse spatiale sur plusieurs décennies

BILAN HYDRIQUE ET BESOIN D IRRIGATION DE LA CEREALICULTURE EN REGION SEMI-ARIDE.

ESTIMATION DE LA TAILLE DES POPULATIONS D ANOURES DE LA FORET DE FONTAINEBLEAU (SEINE ET MARNE)

* Extraits d'un entretien effectué dans le Karyassa 'supres de membres d'un clan Tamashek, les Kel Taddak. Document présenté par Etienne Le Roy.

Le Soleil. Structure, données astronomiques, insolation.

FRAMEWORK CONVENTION ON CLIMATE CHANGE - Secretariat CONVENTION - CADRE SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES - Secrétariat

La question sociale globale et les migrations. Présentation de Jean Michel Severino aux semaines sociales, 28 Novembre 2010

Indicateur : population présente tout au long de l année dans les départements littoraux métropolitains

Cheque Holding Policy Disclosure (Banks) Regulations. Règlement sur la communication de la politique de retenue de chèques (banques) CONSOLIDATION

Sub-Saharan African G-WADI

LSCE Laboratoire des sciences du climat et de l environnement

Ressources en eau. Résumé du deuxième Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau

Conception d un CD interactif : simulation d une sortie en écologie végétale

Interest Rate for Customs Purposes Regulations. Règlement sur le taux d intérêt aux fins des douanes CONSOLIDATION CODIFICATION

Thème Le domaine continental et sa dynamique

Eîude réalisée dans le cadre des actions de Service Public du BRGM 02PIR115. E. Equilbey, J.F. Vernoux. mars 2002 BRCMIRPB 1576-FR

Intérêts fixes VS intérêts dégressifs Quelle est la différence?

Loi sur la remise de certaines dettes liées à l aide publique au développement. Forgiveness of Certain Official Development Assistance Debts Act

L ENERGIE CORRECTION

DISPERSION ATMOSPHERIQUE DES REJETS DU SITE SVPR à SAINTE-MARGUERITE (88)

Stratégie DataCenters Société Générale Enjeux, objectifs et rôle d un partenaire comme Data4

Activité 45 : La responsabilité de l Homme sur son environnement géologique

Stockage de chaleur solaire par sorption : Analyse et contrôle du système à partir de sa simulation dynamique

TEPZZ A_T EP A1 (19) (11) EP A1 (12) DEMANDE DE BREVET EUROPEEN. (51) Int Cl.: G07F 7/08 ( ) G06K 19/077 (2006.

Site d étude. Résultats

Nigeria. Le climat est de type subéquatorial au sud (forêts), tropical au centre (savane) et plus sec et steppique au Nord.

Flood risk assessment in the Hydrographic Ebro Basin. Spain

Notre galaxie, la Voie lactée

L échelle du ph est logarithmique, c està-dire

Économie d énergie dans les centrales frigorifiques : La haute pression flottante

METEOROLOGIE CAEA 1990

LE BATON D ISHANGO. Une machine à calculer vieille de ans...

T-TOUCH II Mode d emploi

PROJET DU GOUVERNEMENT DU SENEGAL FICHE SYNOPTIQUE DE PRESENTATION DU PROJET IGDT

Séquence 4. Comment expliquer la localisation des séismes et des volcans à la surface du globe?

TECHNIQUE DU FROID ET DU CONDITIONNEMENT DE L AIR. confort = équilibre entre l'homme et l'ambiance

Applications of Earth Observation for Disaster Risk Management

ETABLISSEMENT D ENSEIGNEMENT OU ORGANISME DE FORMATION / UNIVERSITY OR COLLEGE:

de plus de moitié, particulièrement dans les pays où la mortalité infantile est élevée 39.

La Terre mise en scène

L évolution du trait de côte : un bon indicateur de la dynamique sédimentaire de l avant côte? Le cas du Languedoc-Roussillon

Assemblée générale. Nations Unies A/AC.105/772

L eau invisible 1 Tous les sols contiennent-ils de l eau?

Un Aperçu de la Situation de l'assainissement en Afrique

Enjeux et Perspectives de la composante «Environnement Santé» du Plan d Action de l Initiative Environnement du NEPAD

SITUATION DE LA RESSOURCE EN EAU DANS LA DROME

REDIGER UNE BIBLIOGRAPHIE

ANALYSE SPATIALE, MODELISATION DES DYNAMIQUES DE PEUPLEMENT ET DE GESTION DE L ESPACE DU PLATEAU DE SACLAY DE LA PROTOHISTOIRE A L EPOQUE MEDIEVALE.

Post-processing of multimodel hydrological forecasts for the Baskatong catchment

RESERVES DE BIODIVERSITE POUR SEPT TERRITOIRES ET DE RESERVE AQUATIQUE POUR UN TERRITOIRE DANS LA REGION ADMINISTRATIVE DE L ABITIBI-TEMISCAMINGUE

SARM: Simulation of Absorption Refrigeration Machine

Synthèse des travaux réalisés par la DMN dans le cadre du projet ACCMA

Transcription:

SOCIÉTÉ HYDROTECHNIQUE DE FRANCE xilimes JOURNÉES DE L HYDRAULIQUE (PARIS 1974) Influence de,s acfivifés de l homme sur ie cycle hydroméféoroiogique QUESTION I RAPPORT 8 LES VARIATIONS CLIMATIQUES DES WÉGIONS INTERTROPICALES DU CONTINENT AFRICAIN DEPUIS LA FIN DU PLÉISTOCÈNE M. SERVANT Mission O.R.S.T.O.M., Ambassade de France, La Paz, Bolivie Au niveau des tendances générales, l évolution des climats s est faite de manière parallèle et approximativement synchrone depuis 18 O00 ans B.P. sur de grandes étendues du continent africain aux latitudes intertropicales : - Avant 12 O00 ans B.P. : sècheresse généralisée (la limite sud de la zone désertique saharienne est décalée vers l équateur; la forêt a disparu dans de nombreuses régions). - De 12 000 ans à 8 O00 ans B.P. : forte augmentation de l humidité B toutes les latitudes intertropicales (extensions et hauts niveaux des lacs, réapparition de la forêt); précipitations assez bien étalées sur l année au Sahara Central et dans le Nord du Bassin du Tchad; températures au moins localement plus basses qu actuellement. - De 8 O00 à 0 ans B.P. : a une brève période sèche (Tchad) succède une phase humide datée de 7 O00-5 O00 ans B.P. identifiée au Sahara et en Afrique orientale (extensions et hauts niveaux lacustres); après 5 O00 ans B.P. : sècheresse croissante jusqu à l actuel; les climats sont de types tropicaux (saisons contrastées) sur la bordure sud du Sahara. Chacun de ces stades comprend des variations climatiques mineures qui se succèdent i l échelle du millénaire. L extension du domaine géographique oh elles se sont produites est encore mal déterminée. Pour les dernières décades, les données chiffrées permettent de définir des changements climatiques de plus faible amplitude. Replacés dans leur contexte mondial, les résultats disponibles posent le problème de l organisation du schéma des circulations atmosphériques au cours de chacun des principaux stades de l évolution des climats aux latitudes intertropicales. On the level with general tendencies, the climatic evolution was realized in a parallel and approximately synchronized direction on located between tropics very large areas of the african continent since the year 18 000 B.P. More than 12000 years B.P. ago : generalized dryness (saharic desert zone southern limit is moved towards the equator; forests disapeared inside a number of areas). Between the years B.P. 12 O00 and 8 O00 : moisture high increase at the whole of intertropical latitudes (enlargements and high levels of lakes, reappearence of forests); well enough spread during the year precipitations upon the Central Sahara Desert and on the northern side of the Lake Chad; at least locally, lower than actually temperatures. Between the years B. P. 8000 and O to a shart dry period (Chad) follows a wet phase dated from the years 7000-5000 and identified inside the Sahara Desert and the Eastern Africa (enlargements and high levels of lakes); after the year B.P. 5 O00 : increasing until now dryness; climates are of tropical types on the Sahara Desert southern border (seasons that set one another off). At a millennial scale, each of these stages includes minor climatic variations. The geographic field enlargement where they occured is yet badly established. As regard to the last periods of ten years, computed values allow to defiw@he ra? lower amplitude climatic changes. d 3G Put back into the world-wide context, the available results set the problem of atmospheric circulations scheme during each main stage of the Ibatic &vol tion at the intertropical latitudes. u.%. am a m da- D $ @z

.. INTRODUCTION L étude des variations. climatiques doit en partie ses progrès les plus récents aux méthodes de datation par le l4 C qui permettent des comparaisons d une région à une autre en dehors des concepts théoriques. Compte tenu de toutes les causes d erreur les données géochronologiques les plus sores - et les plus nombreuses - intéressent les vingt derniers millénaires et surtout la période holocène (10 O00 - O an B.P.). Les événements datés par le l4 C sont toujours des changements palkogéographiques, paléoécologiques, paléohydrochimiques, etc. L interprétation paléoclimatiques de ces différents changements posent généralement des problèmes très complexes qui tiennent à la difficulté d isoler et d évaluer FIG. 1. - Croquis général de localisation. 2

LES VARIATIONS CLIMATIQUES DES RÉGIONS INTERTROPICALES DU CONTINENT AFRICAIN DEPUIS LA FIN DU PLÉISTOCÈNE M. SERVANT 1 I. 8 séparément les nombreux facteurs interveilant dans l évolution des phénomènes analysés. Les solutioiis propos6es n aboutissent que très rarement à des données quantitatives. Les études faites aux latitudes intertropicales n &happent pas iì ces difficultés méthodologiques. Des directions de rccherches sont néanmoins définies : nous les évoqueroiis brièvement. Pour IC moment les interprétations paléoclimatiques permettent surtout de définir l évolution relative ïles phénomènes au niveau des tendailces générales. Elles posent dbs à présent et en dehors des conceptions théoriques des problèmes fondameiltaux particulièrement dans le domaine des circulations atmosph6riques. 1. - QUELQUES EXEMPLES D APPROCHES METHoDOLOGIQUES 1.1. Les variations des niveaux lacustres. L analyse stratigrapliique, sédimentologique et paléontologiqne des dépôts lacustres et l étdde des anciennes lignes de rivages permettent de reconstituer les grandes oscillations des lacs africains doiit beaucoup sont maintenant ass6chés. La figure 2 doiiiie un exemple cles variations des niveaux de quelques anciens lacs du bassin du Tchad depuis If!000 ans. L interprétation de ces variatioiis doit teiiir compte de toutes les conditions locales, et en particulier des facteurs topographiques, qui iiitervieniient dans les bilans hydrologiques. Dans le meilleur des cas, il est possible d évaluer les variations relatives du rapport pluviosité/évaporation (P/E) à l intérieur d une zone géographique déterminée (I). Le principe du raisonnement repose sur l étude comparée de plusieurs lacs situés dans une m5me régioii mais clans des paysages différents : cratères volcaniques, dépressions ou affleure la nappe pliréatique, cuvettes alimentées surtout par le ruissellement, nappes lacustres disposant d un vaste bassin de drainage, etc. (M. Sei2vant, 1973). 1.2: Les modifications de la couverture végétale. L interprétation des variations intervenant dails les associations palynologiques des sédiments, (1) Nous entendons par evaporation la lame d eau évaporee par unit6 de surface et de temps sur une surface d eau libre. m, 33c - 380 ~ 370. 3w. 3M. t 390. 380-370. 350 - m 380-370 - 3w- 350-340 - 330 - m 390-380 - 370 3w 3% 1. - - r - - - - - - a -4 2 3 l, 5 í 3? 5 IO II %lamm5 * *OO C:Y(CYbN(. c *pl c.url-rtm.ruwllcwqur 8.p: FIG. 2. - Variations depuis 12 000 ans B. P. des niveaux 62 quelques lacs du Niger oriental (16-18 de lat. N). Ces lacs étaient essentiellement alimentés par le drainage superficiel de bassins peu étendus (de l ordre de quelques dizaines à quelques centaines de lrm2). (M. Servant, 1973). peut permettre d identifier des modifications intervenant dans la couverture végétale. Elle doit être précédée par une 6tude sur les conditions de sédimentation et de conservation des pollens (Maley 1974, Iamiltoli 1973). En Afrique orientale, il a été possible de mettre en évidence des déplacements en altitude des zones de végétation. Ces déplacements sont reliés d une part à des variations de la température moyenne et d autre part à des variations de pluviosité. L interpr6tation s appuie sur les causes actuelles de la zonation 3

végétale, parmi lesquelles la température est un facteur dominant (Van Zinderen BaldCer et Coetzee 1967). 1.3. Variations des caractères physiques ou chimiques des eaux continentales. L analyse des isotopes de l oxygène des coquilles commence à être appliquée en Afrique tropicale (Fontes et AZ., 1967). Mais jusqu à pi-ésent ce sont swtout les études paléoécologiques qui sont les plus fréquentes. Les modifications intervenues dalis la paléosalinité des lacs sont définies par l évolution des associations de diatomées (Richardson 1966, S. Sei-vant 1967, Gasse 1971). Certaines espèces, coiillues seulement dans les eaux fraîches ou froides, permettent d identifier des épisodes de refroidissemeiit (M. et S. Servant 1970). 1.4. Les formes de relief. L analyse géomorphologique constitue un outil essentiel des études paléoclimatiqnes. Elle n est évoquée ici que pour mémoire. Parmi de nombreux exemples possibles, nous citerons les travaux récents de Hurault (1973) au Cameroun méridional vers 6 de latitude nord. Dans cette région, les foiames polyconvexes du relief sont globalement caractéristiques d un climat humide favorable au développement de la forêt. Dalis le détail certaines anomalies, tels le profil en U des vallées et les cirques situés en amont des axes hydrog~aphiques, impliquent dew mécanismes d éisosion et de sédimentation sous une couverture de savane claire. I1 faut donc admettre que la région considérée a connu un épisode de paléoclimat sec avec disparition de la forêt. 2. - LES TRAITS ESSENTIELS DE L ÉVOLUTION DES CLIMATS 2.1. Un changement paléoclimatique majeur vers 12000 ans. La bordure méridionale du Saliara a été affectée, avant 12000 ans B.P. et sans doute après 20000 ans, par une sécheresse très accentuée qui a entraîné une exteiisioii vers Péquateur du domaine désertique. Des dunes vives existaient, vers 16 O00 ails B.P., jusqn aux abords de Dakar, de Kano et N Djamena (Fort-Lamy). Ces paysages arides ont été envahis, vers 13 O00-11 O00 ans B.P., par de nombreux lacs dont l apparition s est faite de manière presque simultanée quelles que soient les conditions locales d alimentation (une bibliographie détaillée SUP ce chaiigement paléogéographique peut être coiisultée dans les thèses de Michel 1969, Hébrard 1972, Servant 1973, et dails une publication récente de Gasse c f Al, 1974). A d autres latitudes, les études géomorphologiques ou palynologiques faites dans la région du lac Victoria, au Congo occidental, dans le Sud du Cameroun et de la Nigéria, montrent que la forêt avait momentanément disparu pendant une partie du Pléistocène supérieur au profit de la steppe ou de la savane claire; elle s est rétablie elitre 12 O00 et 10 O00 ans B.P. environ (Kendall 1969, de Ploey 1964, Hurault 1972, BureBe et A7. 1971). Les lacs dlafrique orientale (Rudolf, Nakuru, Magadi, Victoria, etc.) qui se situaient à u11 niveau très bas avant 13000 ans B.P. ont connu, aux alentours de cette date une élévation de leurs plans d eau jusqu a des altitudes supérieures,? celles où ils se situent actuellement (Butzer et A7. 19721. 2.2. Les,climats humides de la période des 12000-8000 ans B.P. L élévatioii des niveaux des lacs et les exteiisioiis lacustres ont atteint leur maximum vers 8000-9000 ans B.P. sur toute la bordure sud du Sahara (Faure 1969) et en Afrique orientale (ButBey et 87. 1972). A cette époque, et dans l ensemble de la cuvette du Tchad, la pluviosité était supérieure ou égale à I évaporation y compris dans les zones actuellement byperarides (M. Servant 1973). Ce maximum de l humidit6 succède à des oscillations climatiques mineures qui commencent à être identifiées. Une phase sèche a été notamment reconnue, vers 10 O00 ans, au Tchad (fig. 3) et dans la région du lac Victoria (Kendall 1969). Les coilclitions humides se sont largement &endues à l intérieur du Sahara, dans les massifs, dans l erg Chech et dans la Saoura (Rognon 1967, Conrad 1969, Hagedorn et Al. 1971). Des lacs de cratère existaient vers 8 O00-9 O00 ails B.P., et peut-être dès 14000 ans, au Tibesti (Kaiser 1972, Faure 1969). Les rivières du versant méridional de ce massif ont participé activement à partir de 9 O00 ou 10 O00 ans B.P. à l alimentation du lac qui s étendait dans les zoiies les plus déprimées de la cuvette tchadienne (Servant et A7. 4

LES VARIATIONS CLIMATIQUES DES RÉGIONS INTERTROPICALES DU CONTINENT AFRICAIN DEPUIS LA FIN DU PLÉISTOCÈNE M. SERVANT I. 8 Humide Arid, o 1 2 3 4 5 6 7 B 9 10 11X1000a sbp FIG. 3. - Evolution relative du rapport PluviosiWEvaporation depuis 12000 ans dans le bassin tchadien vers 1 4 O de lat. N. Cette évolution a été déterminée après une étude comparée des variations des niveaux de plusieurs lacs alimentés surtout par la nappe souterraine, par le ruissellement ou par des fleuves. (M. Servant, 1973, pp. 40-52). 1969). Les études palynologiques révèlent la préseiice d une végétation méditérranéenne sur les hauteurs de Hoggar et du Tibesti. Des arguments botaniques laissent penser que cette végétation ne s est pas implantée dans 1 Eiinecli (Quezel et Al. 1958, Jäkel et Al. 1973, Gillet 1967). Les alluvions fluviatiles, attribuées à la fili du Pléistocène et au début de 17Holocène, présentent au Hoggar, au Tibesti et dans I7&r des caractères lithologiques particuliers. Cë sont des dépôts fins, bien classés, souvent limoneux et bien stratifiés, ayant une grande extension dans le fond des vallées (Jäkel et Al. 1972, Delibrias et Al. 1966, Rognon 1967, Servant 1973). Ces cai3actèi*es impliquent des écoulements dépourvus de fortes crues difficilement concevables dans un climat tropical à saisoiis contrastées. I1 faut au contraire envisager que les pluies n étaient pas orageuses et qu elles étaient assez bien étalées suid l année. Ce régime des précipitations a pu être favorable à une évaporation fortement diminuée ce qui expliquerait, en partie, les fortes valeurs du yapport pluviosité/évaporation dans le bassin tchadien vers 8000-9000 ans B.P. La très faible paléosalinité des milieux lacustres de cette époque et surtout la généralité de ce caractère au Tchad et au Niger, laisse ea effet présumer que l évaporation était alors relativement faible (S. Servant, en cours). La période considérée (12 O00-8 O00 ans B.P.) correspond à un réchauffement mondial qui a été notamment mis en évidence en Afrique orientale (Van Zindereii Baldeei= et Coetzee, 1972). En dépit de ce réchauffement il est probable que les tempéi-atures étaieilt encore plus basses qu ac- O tuellement. Dails les montagnes de I Ougaiida, Morison (1968) estime qu elles Etaient inférieures de 4 en moyenne par rapport à l actuel. Dans les plaines du Tchad et du Niger, S. Servant a découvert des diatomées d eaux froides clans des dépôts lacustres datés respectivement de 11 740, 10 O00 et 8 O00 à 9 O00 ans B.P. (M. et S. Servant, 1972). En résuwié, les graizds clmzgem ents paléoclhnatiques de la fin du PléistocBne ont abouti à l instauration, sur une grande partie du Gondimmt a,ffricaiib, y co+npris le Sahara, de climats l~~~~vr?zides, au, moim localemeizt plus froids qu actue&vn emt et caractkrisés, aim latitudes tropicales (Tclzad, Sahara central) par des pluies assex bien &talées sur l am,ée. 2.3. La phase sèche des 7 500 ans et la période des 7000-5000 ans B.P. La période humide précédente s est terminée, dans le bassin du Tchad, avec l apparition d une brève période sèche qui a entraîné un abaissement généralisé des niveaux lacustres entre 8000 et 7 O00 ails B.P. et l ensablement éolien de certaines vallées des petits massifs du Niger Oriental (Faure 1962, Servant 1967, 1973, Williams 1972). L extension géographique de cet épisode climatique est encore mal connue : il a été mis en évidence au Sénégal et en Mauritanie (Michel 1967, Hébrard 1972) et il s est peut-être manifesté au Sahara nord-occidental (Beucher 1971). En Afrique orientale Butzer et Al. (1972) signalent a1ix alentours de 7000-7500 ans B.P. un abaissemeiit des lacs Magadi et Rudolf. La pliase sèche des 7500 ans B.P. coi=respond approximativement dans le bassin du Tchad à l instauration de coliditions climatiques que l on peut qualifier de tropicales. Dans 17&r et le Tibesti, les rivières ont accumulé, à partir de cette époque, des sédiments grossiers et très mal classés, caractéristiques d écoulements affectés de très fortes ciwes. Des paléosols, liés à un climat à saisons contrastées (vertisols) se sont formés, entre 5 O00 et 6 O00 ans B.P., sur les. alluvioils fines de la période antérieure. Les rivières du Tibesti n ont plus participé à l alimentation du lac du fond de la cuvette tchadienne et l essen tiel des apports hydrologiques devait être d origine méridionale. Les associations de Diatomées comprennent un plus fort pourcentage d espèces typiquement tropicales et indiquent que les milieux lacustres étaieiit un peu plus concentrés que pendant l Holocène ancien (M. et S. Servant, 1970). Cette modification du régime climatique n est pas pour le moment identifiée en dehors du bassin tchadieii. En Afrique orientale, près du 5

XlWO -- ans 6.p. RUDOLF NAKilRU NAIVASIíA MACAO1 TCHAD & Hauts niyeacx lacustres Niveaux lacustres ;nterm&dialrer La phase humide des 7000-5000 ans B.P. est connue en Afrique orientale où les lacs se situa.ient à 1111 niveau encore beaucoup plus haut qu actuellement (But,zer et Al., 1973). Des na.ppes d eaux libres subsistaient sur tonte la bordure méridionale du Sahara (Hkbrard 1972 J Gasse et Al., 1974) et des fonds marécageux se développaient vers GO00 ans B.P. au Sahara uordoccidental (Conrad, 1969). Et2 rés,ic?n.é, le passap. des conditions t+ès 1mm.ides de l?holocdne ancàen (9000-8000 apns B.P.) num conditions 71mnides de I Eolocène moyen (7 O00 - ti O00 ans. B.P.) correspond, am m.oin8 en Afrique Ckntrde (Ttckad, Niger) ci l?iiwtaicrntion des climats tropicmcm ù! saisons c0rlku.stées. Vers 6 000 a,ns B.P., les xones ciriwmtiques acttdles e taierid de cale es de 500 Ci 1000 kwt vers le Nord dt l intériew du Xali~am. Ce d é c ~ laye col-respond clison,ologiqicem,e~ct a+u m8aaimmn. du réclmiffe~n~ent postgzacia,irc! de t li1émisp?i~are?&orcl. 2.4. L orientation vers les conditions actuelles. 63s ni~eiux iacustw (ou dbpat c~vaporites~ L, t.laxinum Iacustro FIG. 4. - La fin du Pléistocène et de l Holocène. Comparaison entre les oscillations des lacs du sud-est africain (K.W. Butzer et az., 1972) et la chronologie climatique du Tchad. lac Victoria, Kendall (1969) a montré que la forêt sempervirente s est transformée, vers 6 O00 ans, en forêt semi-décidne ce qui suppose des coiiclitoiiis plus sèches ou des pluies plus iiettement saisonnièi-es. La régression des lacs du Tchad et du Niger, vers 7500 ans B.P., a été immkdiatement suivie par de nouvelles extensions lacustres. Une nappe d eau de la dimension de la mer Caspienne existait vers 6 O00 ans B.P., dans la cuvette tchadienne (Schneider 1967, Pias 1967). Les conditions climatiques étaieiit néammoins plus sèches que vers S O09-9 O00 ans B.P., et les dépressions endoréiques dont les bassins de drainage sont peu étendus n ont pas été envahies paia des lacs profonds. Dails le Nord du Tchad et du Niger (1Se parallèle), la pluviosité était alors légèrement inférieure à l évaporation, ce qui correspoiid approximativemelit aux conditioiis qui règnent actuellement vers 8 de latitude nopd (Servant, 1973). C est probablement à cette époque qu il faut attribuer le développement, dans l Ennedi, d une végétation sondanienne ou soudano-guiaéenne dont les relictes actuelles ont été étndiées par Gillet (1067). Au niveau des tendances générales, l évolutioii des climats depnis 5 O00 ans est cai2actérisée par wie sécheresse de plus en plus accusée. Les nappes lacustres de la bordure méridionale du Sahara s orientent vers un asshcliement complet et il ne subsiste actuellement que des lacs résiduels alimentés par le drainage de rkgions humides ou par vidange, dans des dépressions, de nappes souterraiiies dont le niveau supérieur s est abaissé moins rapidement que les surfaces d eaiis libres (Faure 1967). Les lacs d)afi*ique orientale ont parallèlement connu un abaissement très acceiitné de leurs plans d ea.u. A cette tendance géiiérale, se superposent des oscillatioiis miiieures dont un exemple est doni16 pap la. courbe des variations itelatives du rapport P/E dalis le bassiii tchadieii (fig. 3). Des oscillations comparables solit coiinues dalis d autiw régions, notamment en Ethiopie oil une élévation momentanée des lacs du désert Danakil a été datée de 2 O00 ti 1 O00 aiis B.P. environ (Gasse et Al., 1974). Les nombreux gisements protohistoriques qui jalonnent le Sahara mériodional et en particulier les sites de l &e du fer impliquent uiie désertification récente, postérieure au début du dernier millénaire, de cette région. En ré&imé, les climats des latitudes tropicales nord ont éoozué, depwis cinq mille ans, par une série d oscillations m&rmwres, vers icne séch8eresse croissanta. Oette évolution indique un déplacemefzt probable de la lhnite nord diz6 dom,&na balaye par la contwgence imtertropicale en direc- 6

LES VARIATIONS CLIMATIQUES DES RÉGIONS INTERTROPICALES DU CONTINENT AFRICAIN DEPUIS LA FIN DU PLÉISTOCÈNE M. SERVANT I. 8 3. - UN EXEMPLE DE VARIATIONS CLIMATIQUES SUBACTUELLES (BASSIN DU TCHAD) climatiques moyens qui interviennent sur son bassin de drainage. Ces variatibns sont coiillues depuis 1905 (fig. 5) et depuis le milieu du SVIII~ siècle grace aux témoignages historiques recneillis par Tillio (1947) d'oh la possibilité d'bvaluer les changements relatifs de pluviosité depuis cette époque (fig. 6 J. L'étude sédimentologique, palynologiqne et géochronologique des dépôts superficiels du fond du lac a d'ailleurs confirm6 les informations recueillies par Tilho (Dupont, 19'70 ; Maley, 1074). E 3.B. Les variations du niveau du lac Tchad. Les données chiffrées disponibles depuis la mise en place des rbeaux d'observations, permettent d'inclivirlualiser des oscillations climatiques de faible amplitude iiidisceriiables aus autres échelles de temps. La sécheresse actuelle, ea Afrique tropicale, constitue un exemple de ce type d'oscillations. Rodier et Roche (1973) en doillient aile définition et indiquent qu'elle a affect6, en 1971-1872, l'ensemble des régions situées au Sud du Sahara, du Sénégal B l'e%ûpie, et plus au Sud, une majeux partie de la CBte c2'ivoiiae, du Dahomey, du Togo. Cette vague de sécheresse a entrain6 un abaissement très accentué du niveau du lac Tchad (fig. 5). A cet égai4 011 peut admettre clue les variatioiis de ce lac doment une bollile image des changements VI 2.a? E C 3.2. L'interprétation climatologique (Maley 1973, 1974). La petite crue des années 1953-1964 (fig. 5), correspond 21, une augmentation de la pluviositb et 21, une légère diminution de la températu~~e sur l'ensemble du bassin du Tchad. Dans la zone du lac, l'étilde des mois les plus chauds (mars, avril, mai) où l'influence de l'humidité et de la nébulosité su13 la temp6rature est quasi nulle, Ïno& que Ia baisse de la température correspond effectivemtint B une baisse du rayonnement solaire global. La petite décriie du lat. Tchad (1965-1970) s'est accompagnée de phénomènes opposés. La corr4lation inverse ainsi mise en évideiice dails l'analyse des variations tds récentes paraît pouvoir s'appliquer B des périodes plus m al a 'CI à Y a 2 / de Bol-Dune I I I l l I ' " I I ' " I I " ' I I _-_- I I ~ " I I ' " I I ' ' ' I I ' I I 15 1910 1915 1920 1950 1955 1960 1965 1970 1973 PIG. 5. - Variations du niveau maximal et du niveau minimal annuels du lac Tchad de 1907 P 1919 et de 1954 à 1973. Annees c 7

Pluviosite Tres forte Forte Moyenne Faible 1 I I I I 1750 1800 1850 1900 1940 Trls faible FIG. 6. - Variations schématiques de la pluviosité en Afrique Centrale de 1750, à 1940. D après le Général Tilho, <Le Tchad et la capture du Logone par le Niger,, 1947. anciennes (les hauts niveaux du lac Tchad des XVIP et XVIII~ siècles, peuvent être contemporains du e petit Age de la glace >> défini aux moyennes et hautes latitudes). En résurné, l étude des changemen,ts climatipes subactuels se7r~ble ivldiquer qu il est possible d,e relier les variations de pkwiositd et les variati0n.s de température. pas encore bien connue. Leur interprétation devra tenir compte du stade de l évolution climatique générale où elles se situent. - Enfin, et pour les seules périodes récentes, les données chiffrées permettent de définir des variations climatiques de plus faible amplitude que les précédentes, variations qu il sera possible de reiier B des modifications des circulations atmosph6riques.. 4. - ÉLÉMENTS POUR UNE INTERPR&TATION DES CHANGEMENTS DE CLIMATS 4.1. La classification des variations climatiques. Les changements de climat s effectuent à plusieurs échelles de temps et d amplitude : - Au cours des 18 derniers millénaires, il est possible de définir I évolution des climats au niveau des tendances générrales. Les différents stades de cette évolution se succèdent de manière pai-allèle et approximativement synchrone sur une grande partie du continent africain. Chacun d eux s intègre dans un état paléogéographique de la planète défini notamment par l extension des glaces continentales. - A l intérieur de ces différents stades, on commence à discerner, aux latitudes intertropicales, des oscillatiom mineures qui se succèdent & l échelle du millénaire. L extension du domaine géographique intéressé par ces oscillations n est 4.2. Variations climatiques et circulations atmosphériques. - La période comprise entre 7500 ans B.P. et 2. actuel. Dans les régions tropicales nord, oh les Qtudes sont les plus nombreuses, les climats n ont pas été qualitativement différents de ce qu ils soiit actuellement, et leurs variations semblent pouvoir se résumer par un balancement en latitude de la limite septentrionale du domaine de la coaveiagence intertropicale. Au niveau de la tendance générale de I évolution climatique, cette limite s est déplacée vers le Nord au moment du maximum du réchauffement postglaciaire, vers I équateur pendant le refroidissement qui a suivi. Nous retrouvons 18 une hypothèse classique qui transpose les mécanismes saisonniers actuels aux changements climatiques quaternaires. Cette hy. pothèse s applique peut-être aux oscillations mineures qui s effectuent à l échelle du millenaire : la phase sèche décelée vers 4500 ans B.P. au Tchad, coïncide avec une brhe période de refroi-

LES VARIATIONS CLIMATIQUES DES RÉGIONS INTERTROPICALES DU CONTINENT AFRICAIN DEPUIS LA FIN DU PLÉISTOCÈNE M. SERVANT I. 8 dissement connue dans de nombreuses régions du globe (Van Ziiideren BaldCer, 1969). Les oscillations subactuelles, de faible amplitude, se présentent de manière apparemment toute différente : la pluviosité augmente au Tchad pendant les années de refroidissement, contrairement à ce qui est observé au niveau des tendances générales de l évolution des climats. Le phénomène est expliqué par le rôle prépondérant des circulations atmosphériques de l hémisphère sud sur la posi tion de la convergence intertropicale. Celle-ci se trouverait décalée vers le Nord pendant l hiver austral au cours des périodes relativement froides (Maley, 1973). Ces différentes interprétations soulignent que les mécanismes pourraient être différents, suivant I éclielle des phénomènes. - La période comprise entre 12 O00 et 8 O00 ans B.P. Coiltrairement à l époque précédente, il n existe actuellement aucune preuve pour penser qu il n y a pas eu, entre 12000 et 8000 ans B.P., de modifications qualitatives dans la nature des zones climatiques des latitudes tropicales. Le régime pluviométrique particulier du Sahara ceiitral et du Nord du Tchad, laisse au colitraire présumer que de telles modifications sont intervenues. Le contexte paléogéographique mondial était à cette époque très différent de ce qu il est devenu plus tard : les glaces contiileiitales étaient en régression rapide, mais les inlandsis recouvraient encore des surface considérables ; les calculs astronomiques indiquent que l iiisok~tion solaire connaissait alors un maximum (Bernard, 1962); les climats étaient néammoins sans doute plus froids qu actuellement aux basses latitudes. Une hypothèse récente (Servant, 1973) propose d expliquer les différents caractères de la période humide des 12000-8000 ans B.P., en faisant intervenir de fréquentes intrusions d air polaire en direction de l équateur, ce qui implique un schéma de type essentiellement méridien des circulations atmosphériques et un affaiblissement probable des cellules anticycloniques subtropicales. - La période comprise emtre 20 O00 (?) et 12 O00 a?ns B.P. Caracté&ée par une sécheresse généralisée dans toutes les régions intertropicales du continent africain, cette période, qui coïncide avec la dernière partie de la glaciation würmienne, peut difficilement être interprétée sans connaître l evolutioii des climats aux autres latitudes et en par- ticulier l aire d extension des paléoclimats secs à la surface du globe. L hypothèse classique d une simple contraction, en latitude, du domaine balayé saisonnièrement par la convergence intertropicale, ne donne pas pleinement satisfaction étant donné l absence probable des zones humides, dans les régions subéquatoriales (Congo, Cameroun). CONCLUSION Le fait nouveau dégage par les études récentes est de montrer que les changements paléoclimatiques majeurs se sont effectués depuis 18000 ans B.P., dans le même sens et à peu près à la même époque sur de grandes étendues et, pour certains d entre eux au moins, dans l ensemble des régions intertpopicales. Les données dégagées dans le Nord du Bassin du Tchad laissent pressentir que la zone tropicale a connu des régimes pluviométriques sans équivalent actuel en Afrique. Les progrès intervenus dans la datation des phénomènes et la plus grande précision des recherches commencent à mettre en évidence des oscillations mineures encore pratiquement insoupçonnées il y a une dizaine d années. La définition de ces oscillations aux diverses latitudes et la mise au point des méthodes d analyse quaiititative, constitueront vraisemblablement l une des préoccupations majeures des recherches futures. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE BERNARD (E.A.), 1962. - Interprétation astronomique des Pluviaux et Interpluviaux du Quaternaire africain. Actes IV Congr. Panfr. Prehist. Et. Quater. 1959 Léopoldville, 67-95. BEUCHER (F.), 1971. - Etude palynologique des formations néogènes et quaternaires au Sahara nordoccidental. Thèse Paris, 1-11, 796 p, multigr. BURKE (K.), DUROTOYE (B.), 1970. - Late Quaternary climatic variations in South - Western Nigeria : evidence from pediments and pediments deposits. Bull. ASEQUA, 25, 79-96,. BUTZER (K.W.), ISMC (G.L.), RICHARDSON (C.), WASH- BOURN-KAMAU (C,), 1972. - Radiocarbon dating of East African Lake levels. New observations provide fresch insights into late Quaternary paleoclimates. Science, 175 (40-27), 1069-1076. CONRAD (G.), 1969. - L évolution continentale posthercynienne du Sahara algérien. (Saoura, Efg Chech. Tanezrouft, Ahnet Mouydir) C.N.R.S. Paris. Serv. géol., 10, 527 p. DELIBRIAS (G,), DUTIL (P.), 1966. - Formations calcaires lacustres du Quaternaire supérieur dans le Massif Central Saharien (Hoggar) et datations absolues. C. R. Ac. Sc. Paris, 262, 55-58. 9

DUPONT (B.), 1970. - Distribution et nature des fonds du Lac Tchad (nouvelles données). Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Géol., 2 (1), 9-42. FAURE (H.), 1962. - Reconnaissance géologique des formations sédimentaires post-paléozoïques du Niger oriental. Thèse Fac. SC. Paris et Mim. B.R.G.M., 1966, 47, 630 p. FAURE (H.), 1967. - Le problème de l'origine et de I'âge de l'eau des oasis sahariennes du Niger. Mim. Congr. A.I.H., Hanovre 1965, 7, 277-278. FAURE (H.), 1969. - Lacs quaternaires du Sahara. Mitt. Intern. Verein. Limnol. Stuttgart, 17, 131-146. FONTES (.J.-Ch.), ELOUARD (P.), FAURE (H.), 1967. - Essai d'interprétation isotopique et paléoécologique du Quaternaire marin de Mauritanie. 6" Congrès Banaf. de Préhist. et Et. Quatern., Dakar, 1967, 493-497. GASSE (F.), 1971. - Les Diatomées des sédiment,s holocènes du Bassin du Lac Afrera (Afar septentrional, Ethiopie). Essai de reconstitution de l'évolution du milieu. Int. Reu. der Ges. Hydrobiol., 1 P. GASSE. (F.), FONTES (J.-Cli.), ROGNON (P.), 1974. - Variations hydrologiques et extension des lacs holocènes du désert Danakil. Palaéoghog., Palaéoclimat., Palaéocol. Amsterdam, vol. 14, sous presse. GILLET (H.), 1967. - Le peuplement végétal du Massif de 1'Ennedi (Tchad). Thèse, Paris, 379 p. multigr. HAGEDORN (H.), JÄIEEL (D.), 1971. - Bemerkung zur qnatgren entwiklung des Reliefs in Tibesti- Gebierge (Tchad). Et. Quafern. Monde, C. R. Congr. INQUA Paris 1969, 137-144. HAMILTON (M.A.), 1972. - The interpretation of pollen diagramms from highland Uganda. Pateoecology of Africa, 7, 46-149. HÉBRARD (L.), 1972. - Contribution à l'étude géologique du Quaternaire du littoral mauritanien entre Nouakchott et Noudhibou 18"-21" latitude nord. Publ. Lab. Géol. Fac. Sci. Uniu. Dakar, 2 vol. multigr. HURAULT (J.), 1972. - Phases climatiques tropicales sèches à Banyo (Cameroun, Hauts Plateaux de 1'Adamawa). Pateoecology of Africa, 6, 93-101. JÄKEL (D.), SCHULZ (E.), 1972. - Spezielle Untersuchungen an der Mittelterrasse im Enneri. Tabi Tibesti- Gebirge. Z. Geomorph. N.F., suppl. 15, 129-143. KAISER (K.), 1972. - Formations lacustres quaternaires du Massif du Tibesti et de ses plus proches environs. Z. Géomorph. N.F., 16 (2). KENDALL (R.L.), 1969. - An ecological history of the Lake Victoria Basin. Ecol. Monogr., 39, 121-176. MALEY (J.), 1973. - Les variations climatiques dans le Bassin du Tchad durant le dernier millénaire. Bull. ASEQUA, 37-38, 31-40. MALEY (..J.), 1974. - Mécanisme des changements climatiques aux basses latitudes. Palaéogéog., Palaéoclimat., Palaéoécologie. Amsterdam, vol. 14 (4), i paraître. MICHEL (P.), 1967. - Les dépôts du quaternaire récent dans Is basse vallée du Sénégal. Bull. I.F.A.N., 2. MICHEL (P.), 1969. - Les bassins des fleuves Sénégal et Gambie, étude géomorphologique. Thdse Uniu. Strasbourg, 3 vol., 11G9 p. MORISON (M.E.S.), 1968. - Vegetation and climate in the Uplands of South-Western Uganda during the Later Pleistocène Period. J. of Ecol., 56, 2, 363-384. PIAS (J.)., 1970. - Quatre deltas successifs du Chari au Quaternaire (République du Tchad et du Cameroun). C. R. Ac. Sci., Paris, 264, 2357-2360. PLOEY (J. de), 1965. - Position stratigraphique, genèse et chronologie de certains dépôts superficiels an Congo occidental. Quaternaria, 7, 131-154. QUEZEL (P.), MARTINEZ (C.), 1958. - Etude palynologique de deux diatomites du Borkou. Territoire du Tchad. A.E.F. Bull. Soc. Hist. Nat. Afrique Noire,, 49, 230-244. RICHARDSON (J.L.), 1964. - The history of an African rift lake : an interpretation based on current regional limnology. Ph. D. Thesis, Dulce University, Durham North Carolina, 472 p. ROD~ER (J.A.), ROCHE (M.), 1973. - La sècheresse actuelle en Afrique tropicale. Quelques données hydrologiques. Publ. O.R.S.T.O.M. (Seruices hydro- Zogiques), 15 p. multigr. ROGNON (P.), 1967. - Le Massif de 1'Atakor et ses t bordures (Sahara Central). Etude géomorphologique. C.N.R.S. Paris, 9, 559 p. SCHNEIDER (J.L.), 1967. -Evolution du dernier lacustre et peuplements préhistoriques aux Pays-Bas du Tchad. Bull. ASEQUA, 14-15, 18-23. SERVANT (M.), 1967. - Données stratigraphiques sur le Quaternaire supérieur et récent au Nord-Est du Lac Tchad. VIc Congr. Panafr. Préhist. Et. Quatern., et Cah. O.R.S.T.O.M., sér Géol. 1970, 2 (l), 95-114. SERVANT (&f.), 1973. - Séquences continentales et variations climatiques : évolution du bassin du Tchad au Cenozoïque supérieur. Thèse, Université Paris VI, Paris, 348 p. SERVANT (M.), SERVANT (S.), 1970. - Les formations lacustres et les Diatomées du Quaternaire récent du fond de la cuvette tchadienne. Reu. Géogr. phys. et Géol. dyn., 12 (l), 63-76. SERVANT (M.), SERVANT (S.), 1972. - Nouvelles données pour une interprétation paléocliniatique des séries continentales du bassin tchadien. Palaeoecoloyg of Africa, 6, 87-92. SERVANT (S.), 1967. - Répartition des Diatomées dans les séquences lacustres holocènes du nord-est du Lac Tchad. Premières observations et perspectives de recherches. VI" Congr. Pan. Préhist. Et. Qua- tern., Dakar, 1967 et Cah. O.R.S.T.O.M., sér. Géol., 2 (l), 115-126, 1970. TILHO (général), 1947. - Le Tchad et la capture du Logone par le Niger. Gauthier-Villars, Paris, 202 p., 13fig., 15 planches photogr., 1 carte 11.-t. VAN ZINDEREN BAIEIEER (E.M.), 1969. - Cold spell of world wide nature at about 5500-4700 B.P. Palaeoecology of Africa, Ed. by E.M. Van Zinderen Bakker, 6, 15-27. VAN ZINDEREN BAIEIEER (E.M.), COETZEE (J.A.), 1972. A re-apraisal of Late-Quaternary climatic evidence from tropical Africa. Palaeoecology of Africa, Ed. by E.M. Van Zinderen Bakker, 7, 151-181. WILLIAMS (M.A.J.), 1971. - Geomorphology and Quaternary geology of Adrar Bous. British Expedition to the Kir Mountains. Geogr. J., 137 (4), 450-455. 10