L ÉCOLE MATERNELLE REPERES HISTORIQUES. Intervention Lydia Deret 15 mai 2009 à Caen

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1 L ÉCOLE MATERNELLE QUELQUES REPERES HISTORIQUES

2 L histoire de l école maternelle: des repères Pour mieux cerner ses enjeux éducatifs, sociaux, culturels et professionnels. Pour mieux comprendre les ruptures et les continuités, la cohérence et les contradictions qui jalonnent sa construction.

3 Aux origines, les salles d asile du 19ème Socialement, une mission d accueil et d assistance en faveur des enfants de milieu populaire. Mission éducative avec une visée morale sous l égide de l église et des dames patronnesses Obéissance et sens du devoir (loi Guizot 1833) «Première offensive de l état» Éviter la subversion En 1843, 1500 salles d Asile pour enfants

4 Les enseignements Dressage, discipline, obéissance Les enfants sont installés sur des gradins La directrice montre ce qu il faut apprendre La répétition, le «par cœur» ensemble et en chantant Pas d écrits débat sur les méthodes, Marie Pape Carpantier développe une conception ouverte

5 Pauline Kergomard ( ) une certaine idée de l enfant L école maternelle est un substitut familial «Remplacer la famille est sa raison d être» «Elle ne doit être ni une caserne, ni une petite Sorbonne» Elle lui assigne une mission éducative en opposition avec le modèle de l instruction «Hygiène, éducation, bonheur» sont les principes affichés

6 De la salle d asile à l école maternelle Création en 1882 par Pauline Kergomard En 1887 formation des institutrices dans les écoles normales. L accueil des 2-6 ans: choix de traiter comme une question scolaire ce qui préserve l influence de l enseignement primaire, son originalité est limitée. Double héritage: les salles d asile et les écoles élémentaires. Intervention Lydia Deret 15 mai 2009 à Caen

7 L organisation On enlève les gradins mais on garde souvent le même mobilier que pour le primaire Installation de tables Ambitieux programme d enseignement Séparation en deux groupes (-5ans et 5à7) Intervention Lydia Deret 15 mai 2009 à Caen

8 Les enseignements Instauration du dialogue maître/élève Nouveaux supports (jeux, bûchettes, lettres mobiles) Les savoirs: lire, écrire, compter Modèle dominant: la leçon de chose Mettre l élève sur du concret Principes éducatifs fondés sur le jeu et les découvertes sensorielles jusqu en 77

9 Les instructions de 1882 L école maternelle se propose d être: «un établissement d éducation où les enfants des deux sexes reçoivent les soins que nécessitent leur développement physique, moral et intellectuel» L enseignement de la lecture: «Non sur des combinaisons difficiles de lettres, ni sur des syllabes inintelligibles pour l enfant mais sur des mots usuels et des phrases simples»

10 Les instructions de 1921: aboutissement du projet de Pauline Kergomard «L emploi du temps comprend: des exercices physiques, des exercices sensoriels, des exercices de langage et de récitation, des exercices d observation, des exercices ayant pour but la formation des premières habitudes morales, des exercices d initiation à la lecture, à l écriture, au calcul». Seule référence jusqu en 1977.

11 Le silence institutionnel Plus d instructions officielles pour l école maternelle Paradoxalement, époque très foisonnante: Impulsion des inspectrices Revues, AGIEM C est à cette époque qu elle devient ce qu elle est aujourd hui C est aussi à cette époque que les enfants de classes favorisées font leur entrée. En 72 concours unique des inspecteurs, circonscription mixte, dilution de la spécificité de la maternelle.

12 Les instructions de 1977 Une spécificité mise à mal (Loi Haby) Une présentation comparable à l élémentaire et au collège avec l avènement des objectifs: L affectivité Le corps, le mouvement, l action; les représentations motrices, l expression corporelle, l expression vocale, la musique. L image, les représentations iconiques L expression plastique. Le langage oral et le langage écrit. Le développement cognitif

13 , mise en place des ZEP: apparition de la notion de projet suivi d une circulaire en 1985 pointant la dérive socio-culturelle. Les orientations de 1986 Mise en conformité avec l affirmation «C est la première école» 4 domaines: Physique Communication Scientifique Artistique Traitement de la difficulté scolaire

14 Circulaire ZEP: : centrage sur les apprentissages et la maîtrise de la langue, organisation du pilotage, structuration du partenariat Les programmes de 1995 Mise en place des cycles (loi de 89) Le terme de «programmes» revient, début de recherche de l efficacité de l EM 5 domaines d activités «l élève au cœur du système» Caractère d école préparatoire au CP 2 malentendus (V Bouysse) «Rien ne justifie trop tôt et mal des apprentissages qui ne relèvent pas de la maternelle» L investissement productif: des attentes de résultats qui pèsent sur les 2, 3, 4, 5 ans des traces de première compétition scolaires Les fiches.

15 Relance des ZEP / Circulaire 1999 : recentrage sur les apprentissages et définition de 10 axes dont un sur le rôle de la maternelle Les programmes de domaines avec une autre hiérarchisation: Le langage est premier, au cœur des apprentissages Les spécificités pédagogiques réaffirmées (l apprentissage par le jeu) Des compétences de fin d école maternelle circulaire ZEP, Axe 6 : encourager la scolarisation précoce

16 Relance 03 : centrage sur les apprentissages fondamentaux et importance de l'école maternelle et de l'accueil des petits La loi d orientation de 2005 Mise en place du socle commun pour la scolarité obligatoire Des programmes modifiés en cycle 2 et 3 Des programmes inchangés pour la maternelle Un groupe de travail au ministère sur son devenir Relance 06 : accent Intervention sur les Lydia apprentissages Deret 15 mai 2009 à Caen et implication des partenaires (Parents, PRE,etc,,,,)

17 L école maternelle aujourd hui: Un bilan contrasté entre doutes et certitudes

18 Rapport Ferrier 1998 L EM: entre le meilleur et le pire. Le pire. Laxisme sur la gestion des temps sociaux Aléatoire sans projet du maître Exercices vides se sens Silence des parleurs, mutisme des non parleurs Le domaine du langage largement minoré

19 Le meilleur Le maître accompagne et stimule le développement Proportionne ses exigences à la diversité Crée des situations pour vaincre des difficultés Ne néglige aucune facette du développement

20 Des paradoxes installés Défiance du modèle scolaire élémentaire mais revendication pour une égale considération. Non obligatoire mais fonctionne comme une école obligatoire. Oscille entre une conception propédeutique formelle et une approche bienheureuse et bienveillante.

21 Rapport du HCE en 2007 L EM ne met pas tous les enfants dans des conditions de réussite La maîtrise de la langue conditionne les apprentissages ultérieurs Il existe un écart entre les textes et les pratiques qui conduit à calquer l EM sur l EE La formation de l IEN privilégie l école élémentaire. La pression des familles pour qu elle ressemble à l EE

22 Une évolution des objectifs: du quantitatif au qualitatif La quasi totalité des 3/5 ans scolarisée et le tiers des 2/3 ans Depuis 20 ans: nette amélioration de l assiduité L EM a été amenée à fonctionner comme une école obligatoire On se consacre désormais au qualitatif Qu est ce qu être efficace pour une école maternelle?

23 Les programmes de 2008 «L objectif essentiel de l école maternelle est l acquisition d un langage oral riche, organisé et compréhensible par l autre» S approprier le langage Découvrir l écrit Devenir élève Agir et s exprimer avec son corps Découvrir le monde Percevoir, sentir, imaginer, créer.

24 2. Deux domaines essentiels. Langue et langage - Devenir élève (Extrait de la conférence de V. Bouysse) 2.2. Devenir élève Les enfants vont à l école pour apprendre avec d autres ; le vivre ensemble n est pas l objectif premier de l école. Deux facettes de la "socialisation scolaire" L enfant, être social : vivre ensemble Se faire reconnaître/s éprouver comme personne. Découvrir les richesses et les contraintes du groupe. Découvrir et respecter les règles d une collectivité, d une institution.

25 2. Deux domaines essentiels. Langue et langage - Devenir élève (Extrait de la conférence de V. Bouysse) 2.2. Devenir élève suite Deux facettes de la "socialisation scolaire" L enfant «apprenant» : apprendre ensemble Acquérir des attitudes favorables à l étude : «se synchroniser», savoir écouter, réguler son attention, exercer son intelligence, demander de l aide, faire des efforts, intégrer des exigences externes, prendre conscience de que l on sait/sait faire Comprendre les attentes (implicites) de l école. Identifier ce que l on sait.

26 2. Deux domaines essentiels. Langue et langage - Devenir élève (Extrait de la conférence de V. Bouysse) 2.2. Devenir élève suite DEVENIR : un processus à organiser Côté Enfants : tenir compte de leurs besoins et de leurs capacités en évolution ; tenir compte du rôle clé du langage en cours d acquisition. Côté Enseignants : progressivité, «souplesse et rigueur» pour faire passer d un premier mode d apprentissage (apprentissages spontanés, incidents) à un autre, typiquement scolaire (apprentissages programmés pour lesquels on adopte une pratique contrôlée). Double sens de "apprentissages premiers ".

27 3. Faire apprendre à l école maternelle. Traits essentiels d une pédagogie spécifique. (Extrait de la conférence de V. Bouysse) 3.1. Les apprentissages voulus par l école Apprentissages variés : sociaux, moteurs, cognitifs, ; développement global Apprentissages organisés : progressivité ; création des conditions qui peuvent les rendre possibles ; objectifs pédagogiques Apprentissages vérifiés ; évaluation : une place raisonnable Apprentissages identifiés par l enfant (cf. devenir élève : avoir conscience que l on apprend et de ce que l on apprend) Ni activisme ni formalisme

28 3. Faire apprendre à l école maternelle. Traits essentiels d une pédagogie spécifique. (Extrait de la conférence de V. Bouysse) 3.2. La complémentarité de 4 "familles" de situations pour faire apprendre Le jeu (jeux symboliques, jeux à règles, jeux sensorimoteurs, jeux de construction, etc.) Les recherches ; l expérimentation (à la mesure de jeunes enfants) ; la résolution de problèmes L imprégnation culturelle Les activités dirigées (jeux, exercices) Valable à tous les niveaux, dans des proportions différentes

29 3. Faire apprendre à l école maternelle. Traits essentiels d une pédagogie spécifique. (Extrait de la conférence de V. Bouysse) 3.3. La mobilisation à bon escient des trois formes possibles de groupement Intérêts et limites du collectif Les groupes d élèves : juxtaposition (faire à côté) ou interactions (faire avec)? Nécessité d activités individuelles Réexaminer l organisation en «ateliers» : s il ne devait en rester qu un ce serait l (introuvable) atelier de langage.

30 3. Faire apprendre à l école maternelle. Traits essentiels d une pédagogie spécifique. (Extrait de la conférence de V. Bouysse) Quelques points de vigilance Activité occupationnelle (au mieux, apprentissages incidents ; sont-ils repérés?)// Situation d apprentissage Structuration des apprentissages : distinguer le point de vue de l adulte (maître, inspecteur) et le vécu de l enfant "Pédagogie invisible" // Pédagogie explicite Différences entre élèves// Difficultés des élèves

31 Pour conclure (A partir des propos de v. Bouysse et Alain Houchot) L école maternelle est efficace si l on en juge par ce que savent les élèves à l entrée au CP Mais L école maternelle est une école avec une mission prédominante de prévention. Elle appartient au système et beaucoup de points concernent à la fois l élémentaire et la maternelle. Mais.. Il faut lui préserver son identité, ses particularités, sa temporalité si l on veut que son efficacité progresse.

32 Finalement La place et l utilité de l école maternelle réaffirmée mais «sous contrôle» Une volonté de formation. L accord avec l AGEEM Le document d application réédité. Un pôle pédagogique spécifique par département. Un guide pour les parents.

33 Bibliographie Conférences de Viviane Bouysse Inspectrice générale (Conférences ESEN et sémainaire à Rennes le 6 mai 2009). Conférences d Alain Houchot Inspecteur général (Conférences ESEN). Rapport 1998 remis à Ségolène Royale, Améliorer l efficacité de l école primaire de Jean Ferrier Inspecteur général. Rapport 2007 du HCE. Apprendre à l école, apprendre à l école, Elisabeth Bautier 2006, Pédagogie/formation. Comment l enfant devient élève Marie Thérèse Zerbato Poudou, 2000, Retz. «Question d histoire sur l école maternelle», Georges Gauzente, octobre 2007, source Internet.