Carnets d itinérance sur l île de beauté

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1 Union Cycliste du Nivolet St Alban Leysse - Savoie Carnets d itinérance sur l île de beauté 03 au 11 mai 2014 Le club ne s était pas déplacé en Corse depuis de nombreuses années à l occasion de l un de ses séjours. C est maintenant chose faite. Une équipe d une vingtaine de cyclistes s est lancée sur les routes sinueuses de l île de beauté à l occasion des vacances scolaires de printemps, du 03 au 11 mai Le voyage avait été méticuleusement préparé par quelques membres du comité conduits par Clémentine qui connaît bien l île pour y avoir séjourné à de nombreuses reprises. C est dans le sud, et plus précisément entre Bonifacio et Corte qu elle a choisi de nous emmener sur un parcours de 7 jours. L équipage formé de 6 voitures et d une camionnette s est rendu à Toulon le samedi 03 mai. Départ de Chambéry sous la pluie, mais arrivée à Toulon avec le soleil et un fort vent du nord ; inquiétudes pour la traversée. Chargement des bagages dans le camion, garage des voitures au parking du port (près du stade Mayol), dîner dans un restaurant où Clémentine oublie son téléphone (le stress certainement ou l émotion de retrouver l île de beauté, berceau de ses aïeuls!), puis longue attente sur l embarcadère avant de monter à bord d un navire de la Corsica Ferries. Vers 22h30 nous rentrons dans nos cabines et nous nous préparons à passer la nuit; et quelle nuit! Nous étions installés juste au-dessus des hélices. Donc beaucoup de bruit et de vibrations. Mais ceci n était rien à côté du ronflement de certains! La vie en groupe n est pas toujours facile Bref, le lendemain dans la fraicheur du matin et les odeurs de maquis si typiques de la Corse, nous nous présentons sur le quai du port d Ajaccio, après une traversée assez calme. Il fait beau, mais les montagnes environnantes sont déjà dans les nuages. Les vélos sont rapidement montés, les valises rangées dans le camion, et après la traditionnelle photo de groupe (près de la gare ferroviaire) nous enfourchons nos destriers pour parcourir la première étape jusqu à Propriano, soit une centaine de kilomètres.

2 Nous franchissons allègrement le col de Bellevalle, le premier de la journée, avant de plonger sur la mer au niveau de la presqu île d Isolella. Beaux points de vue. Après quelques kilomètres sur la côte, nous repartons à l intérieur des terres pour passer les cols de Cortone et de Gradello avant de redescendre sur Porto Pollo où nous pique niquons. Belle campagne verte et fleurie. Nous voyons cependant le ciel s assombrir sérieusement sur les montagnes proches de Propriano. Fin de parcours vallonné en bordure de mer emmené par notre groupe d éclaireurs composé de Clémentine, Patrick, Tony, Jean Claude, Hervé et Daniel. Quelques gouttes de pluie en fin de parcours, mais un orage terrible une fois arrivés à l hôtel situé à l entrée de la ville. Le soleil revenu, petite escapade sur la rue commerçante en bord de mer ; dégustation de produits corses : fromage de brebis, charcuterie, le tout arrosé de Pietra, la bière locale. Lundi 05 mai 2014 Cette étape doit nous conduire à Bonifacio, le point le plus austral de la Corse. Il fait grand beau, et presque un peu frais lorsque nous nous mettons en route. Un léger vent du nord nous pousse jusqu à Campomoro le long d une route parsemée de jolis points de vue sur la mer. Belle tour génoise (ronde, à ne pas confondre avec les tours pisanes carrées, notre guide Clémentine dixit). Montée au col de Bilia par une jolie route serpentant au milieu des chênes verts ; passage à la bocca Albitrina avant d arriver à Sartène où nous découvrons les grandes façades grises et austères des immeubles, si caractéristiques de l habitat corse. Pique-nique sur la grande place. Dans l après-midi, montée au col de Suara d où nous rejoignons la nationale par une jolie route de montagne. Découverte de la plage de Roccapina surplombée par son célèbre lion. La route assez rectiligne nous emmène ensuite par une succession de vallonnements très casse pattes à Bonifacio que nous atteignons vers 17h.

3 Belle perspective sur la ville haute et basse depuis le fond du port où nous arrivons. Petite variante pour les plus courageux afin d observer la ville perchée au bord des falaises blanches si caractéristiques du lieu, et la côte sarde toute proche. Logement dans un hôtel de la ville haute peu facile d accès. Après le dîner, petite promenade nocturne dans les rues de la ville. Mardi 06 mai 2014 Pour varier les plaisirs, Clémentine avait prévu une excursion en bateau au pied des falaises de Bonifacio. A 09h nous nous retrouvons sur l embarcadère après avoir stocké nos vélos à côté de l hôtel de police, et prenons place à bord d un petit canot à moteur. Nous sortons du port baigné de soleil, mer calme, brise marine arrivée à la grotte du Sdragonato dont l ouverture au raz de l eau permet tout juste le passage d une petite embarcation. Nous entrons dans une grande salle dont l ouverture vers le ciel (qui rappelle la forme de la Corse) laisse pénétrer quelques rais de lumière. Poursuite de notre promenade maritime le long des falaises blanches au bord desquelles sont construites les habitations. Sur le flanc de l une d entre elles une saignée transversale monte jusqu au pied des immeubles : c est le célèbre escalier du roi d Aragon. La visite achevée, nous enfourchons nos bicyclettes pour une courte étape dont le terme est Porto Vecchio. Après une dizaine de kilomètres nous quittons la nationale pour emprunter une petite route de campagne. Pique-nique au sommet d une côte. Nous rejoignons la mer au niveau du petit village de Bocca dell Oro. Une route très vallonnée à flanc de montagne semée de jolis points de vues nous conduit jusqu à la célèbre plage de Palombaggia où nous nous arrêtons quelques minutes. L endroit est construit de somptueuses villas. Arrivée à Porto Vecchio vers 16h où nous faisons une pause Pietra. La fin de l étape nous conduit à Cala Rossa où nous passons la nuit. Hébergement dans un village de vacances envahi par les moustiques en cette période de l année. Clémentine nous avait laissé entrevoir la possibilité de se baigner, mais le temps gris de cette fin d après-midi a refroidi nos ardeurs. Seul Laurent eut le courage de faire trempette.

4 Mercredi 07 mai 2014 Nous allons à partir de maintenant quitter le bord de mer pour nous engager dans la montagne. L étape d aujourd hui doit nous amener jusqu à Olivese après une variante menant aux célèbres aiguilles de Bavella. La route s élève progressivement jusqu au village de l Ospedale d où nous découvrons un panorama splendide sur le golfe de Porto Vecchio. Nous longeons ensuite un lac de retenue assez pittoresque avant de pénétrer dans une grande forêt de pins aux fûts élancés. Le sous-bois assez clair est parsemé de cyclamens très colorés. Nous arrivons à Zonza où nous faisons une courte halte avant de prendre la route des aiguilles de Bavella. Une pente régulière nous amène au col du même nom où nous découvrons les fameuses aiguilles de granit. Site magnifique (mais aussi très peuplé) où la hauteur et la verticalité des parois de granit rose doivent constituer un terrain de jeu idéal pour les grimpeurs. Le piquenique fut installé à Zonza sur un des parkings du village. Passage à Aullène où nous voyons nos premiers cochons en liberté, avant d entamer la montée au col de la Vaccia par une large route en pente régulière escaladant le flanc dénudé de la montagne. Courte halte au col où Bernard R a la surprise de rencontrer un de ses élèves, avant de redescendre sur Olivese, petit village perdu au milieu de la montagne. Nous logeons dans le gîte communal tenu par un couple de jeunes sympathiques. Très bon accueil. Soirée très calme égayée par les histoires vraies de Gilbert et nuit troublée seulement par le ronflement des dormeurs Jeudi 08 mai Les 95 km de route de montagne doivent nous amener à Corte dans l après-midi. D Olivese aux bains de Guitera, la route est exécrable : des trous, des graviers de l eau et des bosses tout pour martyriser nos postérieurs déjà endoloris par plusieurs centaines de kilomètres. La montée à Cozzano se fait sans difficulté par une belle route en pente régulière. Passé Cozzano,

5 nous poursuivons sur le col de Verde que nous atteignons par une jolie route serpentant dans une verte forêt de feuillus. Descente sur Ghisoni, puis montée au col de Sorba. Forêt de pins et de feuillus, genets en fleurs, asfodelles mais quelques passages pentus. Pique-nique au col. Puis très belle descente sur le col de la Serra où nous rejoignons la nationale pour atteindre Corte. La dernière difficulté est le col de Bellagranajo que nous atteignons au prix d une bonne suée ; il fait très chaud. Beau point de vue sur la vallée que nous emprunterons le lendemain. Bonne descente sur Corte. Une variante est prévue dans le programme : la vallée de la Restonica. 10 km de route à fort dénivelé. Une dizaine d entre nous a choisi cette option. La route s engage dans une vallée étroite bordée de hautes montagnes, au fond de laquelle coulent les eaux tumultueuses de la Restonica. Rien à voir avec le petit ruisseau qui alimente durant la saison estivale les fameuses marmites dans lesquelles les touristes viennent «mijoter» pour échapper à la chaleur écrasante de l endroit. Montée laborieuse et pénible dans la forêt de pins, récompensée par un coup d œil époustouflant. La route se termine au fond d une vallée que l on peut parcourir à pied, encadrée par de hautes montagnes encore enneigées. Beaucoup de monde et de voitures. Descente sur les freins et nombreux arrêts photo. Nous rejoignons notre hôtel situé en pleine ville sur l avenue principale. Après une bonne douche nous entreprenons une petite visite de la ville. En chemin nous sommes hélés par un groupe de collègues attablés à la terrasse d un café/épicerie. En effet, Danièle P prise par un coup de blues à l idée de devoir quitter le groupe le lendemain, avait décidé de profiter des douceurs de la Corse jusqu au dernier moment: fromage et charcuterie arrosés de Patrimonio. La morosité fut vite balayée par les effets du délicieux breuvage qui attira, dans une bonne humeur communicative, d autres membres du groupe. De nouvelles bouteilles de vin sont amenées. La patronne y est même allée de la sienne. Les assiettes de produits locaux défilent. Les conversations vont bon train, les exploits de la journée sont commentés Gilbert plus en forme que jamais fait l attraction sur la terrasse bref, une ambiance survoltée, juste de quoi se mettre en train pour le dîner.

6 Vendredi 09 mai Cette avant dernière étape doit nous conduire, au terme des 85 km du parcours, à Bastelica. Les plus courageux auront la possibilité d aller au plateau d Eze par une variante d une quinzaine de kilomètres dans la montagne. Après un copieux petit déjeuner, les bagages sont chargés dans le camion et nous enfourchons nos vélos pour partir à l ascension des six cols de l étape, soit 2370m de dénivelé. Grand beau temps, mais température assez fraîche. En ce début de journée, nous empruntons en sens inverse le parcours de l arrivée sur Corte, jusqu au col de Bellagranajo, non loin de St Pietro di Venaco. Plusieurs raidards nous font déjà souffrir. Regroupement à Venaco où nous quittons la nationale. Jolie petite route montant au milieu des feuillus pour commencer, puis des pins à plus haute altitude, jusqu au col d Erbajo. Magnifique descente jusqu au col de Morello, d où nous avons un point de vue saisissant sur la vallée et le monte Rotondo, puis jusqu à Muracciole, le point le plus bas. Commence alors une interminable ascension au col de la Serra où nous rejoignons la nationale, puis au col de Campo di Luppo, et enfin au col de Vizzavona où nous installons le pique-nique. Ayant retrouvé quelque vigueur après ce repas bienvenu, nous reprenons la route pour une descente à donf jusqu à Bocognano (certains vélos ont même guidoné!) où Danièle P nous quitte à grand regret pour rejoindre le continent avant la fin officielle du séjour. Pause-café avant de se lancer dans l ascension du col de Scalella (le dernier de la journée) et la descente sur Bastelica que nous atteignons vers 16h. Nous prenons possession de nos chambres à l hôtel Sampiero tenu par un couple de personnes âgées. Une poignée d entre nous partait au plateau d Eze pour terminer la journée en beauté. Ambiance un peu triste en raison de la fermeture imminente de l établissement ordonnée peu de temps auparavant en raison du non-respect des normes en vigueur.

7 Ceci dit, le repas du soir fut grandiose. Servi dans une salle d un autre siècle, nous avons eu droit au récit des exploits de chasseur de Dominique, notre aubergiste octogénaire, chasseur émérite de sanglier (il en a abattu près de 4000!) qui, pour les derniers clients de sa longue carrière, nous avait gratifiés d un somptueux et excellent civet de sanglier. On a même retrouvé les plombs qui ont été fatals à la pauvre bête ; véridique! La myrte de sa fabrication terminait le repas sur une douce note de maquis. Clémentine fut accueillie comme une enfant du pays et louée à maintes reprises par le brave homme dont la vie avait été sauvée, peu après sa naissance, par un de ses ancêtres médecin et haut dignitaire local. Samedi 10 mai Après une fraîche mais réparatrice nuit dans ce petit village de montagne, l émotion est perceptible lorsque nous quittons notre couple de sympathiques aubergistes avant de nous lancer dans la dernière étape du séjour ; une centaine de kilomètres d un parcours relativement urbain, autour d Ajaccio, pour finir sur les îles Sanguinaires. De Bastelica, nous descendons rapidement sur Cauro par la vallée du Prunelli, en passant par le col de Mercurio situé à proximité d un lac de retenue. Peu avant Cauro, Clémentine nous avait prévu une pause-café chez ses parents que l on remercie ici pour leur accueil chaleureux. Vers midi, nous rejoignons Bastelicaccia d où nous apercevons de nouveau la mer. Beaucoup de voitures. Hervé est contraint à l abandon ; son moyeu de roue arrière vient de rendre l âme. Nous laissons Ajaccio sur notre gauche et montons au col de Listincone pour pique-niquer. L endroit n est pas des plus bucoliques, mais enfin, nous n avons pas tellement le choix.

8 Il fait une chaleur lourde et humide lorsque nous reprenons la route pour traverser Ajaccio. Sur les hauteurs de la ville, nous gravissons la pente à 17% empruntée par les coureurs du tour de France en 2013, avant de rejoindre le bord de mer et la route des Sanguinaires. Beaucoup de circulation! Normal, nous sommes samedi! Mais peu de monde dans l eau. A Marinella, nous passons devant la maison de Tino Rossi. Nous longeons toute une série de belles petites plages encombrées de constructions de toutes sortes. La saison ne bat certes pas son plein, mais tout l arsenal pour touristes est en place. Les Sanguinaires sont en vue, reconnaissables à l enfilade des îles qui marque l entrée de la baie d Ajaccio. Grande esplanade au bout de la route où nous nous arrêtons pour admirer la baie d Ajaccio. Retour à Ajaccio par le même chemin. Notre voyage se termine près du port, sur la place des palmiers où nous trouvons un stationnement pour le camion. Nous nous installons près de la halle aux poissons pour déballer nos affaires, nous changer, refaire nos valises. Les vélos sont rangés et les valises entassées dans le camion pour la traversée. Quelques heures de temps libre nous permettent de faire les dernières emplettes, marcher le long des quais et nous restaurer avant de prendre le bateau. Vers 21h nous nous présentons aux guichets de la Corsica Ferries pour faire les formalités d embarquement. Belle traversée dans de meilleures conditions qu à l aller, une semaine plus tôt. Dimanche 11 mai Arrivée comme prévu à Toulon sur le coup des 7h du matin. Petit déjeuner sur le port. Clémentine retrouve même son téléphone qu elle avait perdu une semaine plus tôt au même endroit. Retour sans problèmes en Savoie. Le bilan de ce séjour est largement positif. La période choisie pour venir en Corse est vraiment idéale : peu de monde, de la verdure et des fleurs un peu partout, pas de grosse chaleur, les commerçants sont heureux d accueillir les premiers touristes (ce qui n est pas forcément le cas à la fin de la saison). Nous avons eu beaucoup de chance avec le temps car nous n avons pas été mouillés une seule fois par la pluie. Pour terminer nous remercions Clémentine pour avoir mis en place ce séjour, ainsi que celles et ceux qui ont donné de leur temps dans son organisation. Bernard COQUILLET