ZOOM. AMAP en Loire Atlantique. 89 / AMAP / Présentation. Un développement exponentiel depuis 5 ans

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1 89 / AMAP / Présentation AMAP en Loire Atlantique Un développement exponentiel depuis 5 ans ZOOM > 66 lieux de distribution d AMAP dans le département, dont la moitié dans l agglomération nantaise (et 5 projets début 2010). > Un lieu de distribution regroupe souvent plusieurs amap, jusqu à 13 pour le plus important. > 30 à 150 amapiens par lieu de distribution, soit plus de foyers concernés sur le département > une centaine de producteurs distribuent en AMAP Un concept apparu en France en 2001 Le concept d'amap est apparu en France en 2001, à l'initiative d'un couple de maraîchers, les Vuillon, cherchant à assurer la pérennité de leur structure par le développement de la vente directe et des partenariats avec les consommateurs. Ils se sont inspirés de l'expérience des CSA - Community Supported Agriculture aux Etats-Unis. Ce système rejoint aussi celui des teikei, qui s'est développé au Japon dès les années 70. Objectif : maintenir, réinstaller des paysans nourriciers sur des terres fertiles en assurant les conditions économiques de leur activité L'objectif des AMAP est ainsi clairement exprimé. Elle repose sur la mise en œuvre d'un partenariat entre un producteur et un groupe de consommateurs, basé sur la solidarité et le respect d'engagements respectifs. Un développement exponentiel en Loire-Atlantique L'émergence des AMAP en Loire-Atlantique est récent, mais se distingue des autres départements voisins par un développement exponentiel : De la première amap en 2004, le nombre de lieux de distributions d'amap est passé à plus de 60 fin 2009, soit une multiplication par 2 chaque année! L essaimage d amap Afin d'accompagner ce développement, des initiateurs d'amap se sont organisés en collectif «inter-amap», qui a pour rôle d'assurer l'échange d'informations et d'expériences entre les amap, de répondre aux diverses et multiples demandes d'information (grand public, médias, institutions), et d'accompagner la création de nouvelles amap par un système de parrainage : en principe, un producteur et un consommateur expérimentés se rendent disponibles pour guider le nouveau producteur et le groupe de consommateurs dans leur projet de partenariat. Cette méthode est préconisée par les fondateurs de la première amap afin d assurer le respect de ses principes et la réussite du partenariat Un collectif attaché à son indépendance Ce collectif fonctionne de manière informelle, en réseau d'échange grâce à l'outil internet. Un site internet a été créé : Il permet à toutes les amap de Loire-Atlantique d'avoir un espace de communication, et à toute personne intéressée de se renseigner sur leur fonctionnement. Le collectif agit au gré des initiatives et engagements de chacun, et se réunit deux ou trois fois par an pour échanger sur diverses problématiques et essayer de construire le mouvement. Attaché à un fonctionnement horizontal, il est proche du réseau «Créamap» initié par les fondateurs ( Dans un souci d'indépendance, il refuse la structuration en fédération et reste pour l'instant en marge des initiatives de coordination inter-régionale «miramap» proposée par d'autres structures régionales :

2 AMAP / Présentation/ 90 Une centaine de producteurs approvisionnent 66 AMAP en Loire-Atlantique >> Une forte concentration des AMAP sur Nantes et son agglomération >> Un tiers des producteurs sont des maraîchers >> Quelques producteurs viennent des départements voisins

3 91 / AMAP / Stratégies de producteurs L'engagement des producteurs en AMAP : Une grande diversité de stratégies ZOOM La part du Chiffre d'affaire réalisé en AMAP par les producteurs est très variable, selon les productions, les structures et les motivations des producteurs. En l'absence d'une étude approfondie, il est difficile d'évaluer ce que représente l'amap pour les producteurs. Diverses stratégies se dégagent néanmoins : Le «tout AMAP» est rare Rares sont les producteurs réalisant plus de 90 % de leur commercialisation en AMAP. C'est le cas de quelques maraîchers et paysans boulangers, pour qui la distribution en AMAP correspond à une orientation prise dès l'installation, récente. L AMAP parmi une diversité de circuits-courts La plupart font le choix de l'amap tout en maintenant divers circuits-courts de commercialisation : d'une part pour «ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier», d'autre part car ils restent attachés aux marchés, ou à leur vente à la ferme, en tant qu'«espace social ouvert». L AMAP comme ouverture vers le consommateur D'autres producteurs livrent une AMAP comme un complément marginal dans leur stratégie de commercialisation en circuit-long, en réponse surtout à une forte demande. Ils y voient surtout l'intérêt de retrouver un lien avec le consommateur... ou un simple intérêt commercial de diversification. Une réorientation fondamentale Enfin, pour quelques producteurs, la livraison en AMAP représente une réorientation fondamentale : la demande de consommateurs a rencontré le souhait du producteur de faire évoluer son mode de production et de commercialisation : les AMAP de Loire-Atlantique ont ainsi accompagné plusieurs reconversions : du conventionnel vers le bio, et / ou du circuit long vers le circuit-court et la vente directe. Quelques échecs A noter quelques cas d'échecs : des producteurs ayant essayé un fonctionnement en AMAP ne s'y sont pas retrouvés et ont arrêté, ne trouvant pas ce système adapté à leur produit, ni la dynamique espérée. Engagements du producteur Charte des AMAP > Un partage équitable de sa production, selon des modalités définies à l'avance (contenu des paniers) > Des pratiques en cohérence avec la charte des AMAP et de l'agriculture paysanne > Transparence sur son prix / son revenu. > Accueil des amapiens sur sa ferme dans une démarche pédagogique Risque de dérive : Des producteurs opportunistes Face à la demande exponentielle, des producteurs considèrent l'amap comme une nouvelle niche de marché, une nouvelle façon d'écouler leur production, sans considération pour les principes de l'agriculture paysanne et les engagements fondamentaux du producteur que sous-tendent l'amap. Pour répondre à cet enjeu, l'inter-amap a essayé de définir des cadres de références pour chaque production. Une démarche qui n'a pas abouti. La question de la définition de l'agriculture paysanne et de la certification AB reste donc en débat permanent. C'est peut-être aussi ce qui permet d'assurer la diversité des expériences, la richesse des échanges, que ne permettrait pas une procédure de normalisation?

4 AMAP / Conditions de réussite / 92 Connaître ses limites, évaluer ses besoins et savoir les faire reconnaître naî- Engagements du mangeur Charte des AMAP > Un engagement d'achat sur la durée, avec pré-paiement de la production fournie > Une visite de la ferme > Des coups de mains occasionnels > Un soutien particulier en cas de difficultés > Une participation aux distributions et au fonctionnement de l'amap. Risque de dérive... Attention à l amap service L'AMAP est vécue comme un système «tendance» d'approvisionnement pratique et pas cher, une vision qui peut s'opposer à la notion d'engagement pour le maintien d'une agriculture paysanne. Elle se traduit par un manque de considération des besoins et contraintes du producteur, une trop faible participation au fonctionnement de l'amap, et des visites chez le producteur trop souvent confidentielles. Nombreux sont les producteurs qui déplorent ainsi le manque d'échange avec les consommateurs, et de participation aux visites proposées, pourtant indispensable pour comprendre les réalités vécues par le producteur, les contraintes de production... L'amap est consommée comme un service. Il apparait essentiel de fonder une AMAP sur des bases participatives dès le départ pour qu'elle ne repose pas que sur 2 ou 3 piliers sans prise de relais, bases qui devront être rappelées à chaque renouvellement et accueil de nouvelles familles. La nécessaire maîtrise technique Nombre de maraîchers évoquent la forte pression que représente pour eux la distribution en AMAP : bien plus qu'au marché, les producteurs ont un engagement vis à vis des amapiens, de qualité, quantité et de diversité... Ainsi, certains producteurs expérimentés le déconseillent aux producteurs qui s'installent. un paradoxe dans la mesure où l'amap a pour objectif de favoriser le maintien et l'installation. Cette contrainte peut être levée par un appui technique solide au producteur, par un collègue ou une structure compétente, et une sensibilisation accrue des consommateurs sur les contraintes d'une production maraîchère diversifiée. Faire jouer les complémentarités entre producteurs Une autre piste à explorer serait, pour éviter l'orientation vers de grosses structures maraîchères plus aptes à répondre à cette demande de diversité, de fonctionner avec deux ou trois maraîchers proches géographiquement, s'organisant dans leurs rotations et se complétant dans la gamme. Ceci implique un fonctionnement collectif qui amène à dépasser les habitudes... S assurer un nombre suffisant de contrats Contrairement aux maraichers, certains producteurs n ont pas suffisamment de contrats dans leurs amaps. Cette difficulté tient à la manière dont se sont constituées les AMAP en Loire-Atlantique : partant d'une forte demande en légumes, nombre de lieux de distribution s'organisent autour de ce contrat. Or 60 contrats légumes ne génèrent que moitié moins de contrats pains, ou produits laitiers par exemple, encore moins de contrats porcs... alors que ces types de production nécessitent bien plus de contrats pour faire vivre un producteur. Risque : les producteurs «périphériques», sollicités par les consommateurs pour répondre à leurs attentes, doivent multiplier le nombre d AMAP, perdant ainsi l atout de gain de temps et s éloignant des fondements de l AMAP. Trouver les solutions pour élargir les adhésions au-delà du contrat légumes Il est donc essentiel de ne pas baser toutes les AMAP d'un lieu de distribution sur l'amap légume, en élargissant les adhésions au-delà de ce contrat. Il a déjà été envisagé la constitution d'une amap autour d'un producteur rassemblant les amapiens de plusieurs lieux de production. Cette option déplace le problème logistique du producteur vers les consommateurs, qui auront du mal à accepter de se déplacer en plusieurs lieux pour composer leur panier. D'autres pistes sont à explorer, afin d'adapter ce concept aux spécificités de chaque production : > Alléger le producteur de ses permanences, > faciliter les livraisons en étudiant en amont les proximités entre producteurs et/ou lieux de distribution. Définir un juste prix C est une question centrale, complexe et malheureusement peu débattue. La formation du prix de vente, faite en toute transparence, est pourtant une bonne manière de montrer aux mangeurs la réalité du métier de producteur. Le juste prix devrait être calculé à partir des charges de la ferme additionné au montant de prélèvement souhaité par le producteur.

5 92 / AMAP / Enjeux ZOOM Quels enjeux pour les AMAP en Loire-Atlantique? Au vu de l'évolution récente, il est probable que ce mouvement continue à prendre de l'ampleur dans les années à venir : si certains parlent d'effet de mode, nous pouvons aussi penser qu'il correspond à un mouvement de fond en faveur des produits bios, locaux, des relations directes entre producteurs et consommateurs. Cette organisation répond à un besoin de recréer du lien sur des questions vitales dans une société anomique. Toutefois, le rythme de création va probablement se tasser. Affirmer la spécificité de ce type d échange parmi la diversité de modes de commercialisation Par ailleurs, le risque est grand de banaliser cette démarche en la réduisant à sa partie visible : le contrat entre un producteur et des consommateurs, un lieu de distribution. Les AMAP doivent maintenir le cap d un partenariat basé sur l échange solidaire et la pédagogie : une base fondamentale pour que les AMAP continuent de représenter une forme particulière, alternative, de distribution pour soutenir l agriculture paysanne, et non un nouveau mode de consommation, de type «marché privé». D autres formes de distribution, complémentaires, doivent co-exister, ou sont encore à imaginer, pour répondre à la diversité des attentes des consommateurs et des structures de production. Permettre l installation de nouveaux maraichers pour répondre à la demande Le manque de maraîchers en production bio diversifiée est un frein au développement des AMAP, d'où un allongement des listes d'attente. En revanche, certains producteurs, paysans boulangers notamment, commencent à se trouver en situation de concurrence sur les AMAP. Assurer le renouvellement des «moteurs» La dynamique de chaque amap et de l'inter-amap tient souvent à l'investissement très important d'une poignée de personnes. Si l'objectif de l'inter-amap est d'assurer un développement des amap par «essaimage», dans la réalité, la demande est telle que les essaimeurs ne peuvent assurer un accompagnement et un suivi de toutes les amap qui se créent dans le département. Récemment, le collectif a essayé de s'organiser en un «collège de parrains mangeurs» et un «collège de parrains producteurs» afin de partager ces missions et répondre au mieux et au plus proche du terrain au besoin d'accompagnement. Cette initiative va-t-elle permettre de relever de défi, ce mouvement saura-t-il se pérenniser sans clarifier les modes de coordination, sans se structurer davantage? L'enjeu est pourtant de taille pour éviter la multiplication des dérives déjà constatées.

6 AMAP / Enjeux / 93 Des atouts qui ne doivent pas faire oublier les contraintes et qualités requises ATOUTS > Une commercialisation assurée, grâce à l'engagement des amapiens sur la durée, > Pas de perte > Des avances de trésorerie, > Des garanties vis à vis des banques > Diminution du temps passé à la distribution, sous certaines conditions > Une relation de confiance avec les consommateurs, des échanges approfondis CLEFS DE SUCCES > Une réflexion collective en amont, > Une bonne maitrise technique de la part du producteur, mais aussi de la pédagogie > Des capacités d'animation de la part des coordinateurs > Un engagement partagé CONTRAINTES et QUALITES REQUISES > Assurer une bonne maitrise technique et une diversité de produits > S'assurer un nombre suffisant de contrats pour ne pas multiplier les AMAP > Avoir envie d'échanger, savoir partager son vécu sur la ferme, faire connaître ses contraintes de production, faire reconnaître ses besoins > La dépendance vis à vis d'un groupe de consommateurs ECUEILS A EVITER > Précipitation à la création > Absence de transmission > Manque d'expérience du producteur > Implication insuffisante des consommateurs > Manque de dialogue Comment favoriser un développement cohérent des AMAP? > Au coeur du développement des AMAP : - Le rôle des producteurs expérimentés et des consommateurs dans leur mission d'essaimage, la transmission d'expérience, le respect des fondements et engagements. Elle implique un engagement bénévole conséquent, et une capacité de coordination et de transmission pour assurer sa pérennité. - Une mobilisation particulière des producteurs pour engager des réflexions communes, fonctionner en réseau, en synergie > L'action des pouvoirs publics et collectivités locales - Faciliter la mise à disposition de lieux de distribution - une initiative récente de la Ville de Nantes est à mentionner : l ouverture des écoles pour la distribution en amap. - Faciliter l'accès au foncier, notamment en zone péri-urbaine pour favoriser l'installation - Développer des mesures de soutien aux petites structures > La mission des organismes professionnels - Proposer des formations, un accompagnement, un suivi technique, adapté à la production paysanne en agroécologie pour favoriser installations et reconversions - Accompagner la réflexion pour que les amap répondent au mieux aux problématiques des producteurs - Eclairer les consommateurs sur les modes de production et leurs enjeux