recherche Avis de Actualités scientifiques et maladies apparentées 2013 Zoom sur la recherche en socio-économie de la santé Numéro

Dimension: px
Commencer à balayer dès la page:

Download "recherche Avis de Actualités scientifiques et maladies apparentées 2013 Zoom sur la recherche en socio-économie de la santé Numéro 5 2014"

Transcription

1 Avis de recherche La revue des études scientifiques soutenues par France Alzheimer Numéro Actualités scientifiques Zoom sur la recherche en socio-économie de la santé Les financements france alzheimer et maladies apparentées 2013 France Alzheimer depuis plus de 25 ans aux côtés des chercheurs

2 EDITO Avis de recherche La revue des études scientifiques soutenues par France Alzheimer Se préparer aujourd hui à relever les défis de demain Christian Malette édito Marie-Odile Desana, présidente de France Alzheimer Le mot des présidents des conseils scientifiques Conseil Scientifique Sciences Médicales Conseil Scientifique Sciences Humaines et Sociales ACTUALITES SCIENTIFIQUES Un défaut de néo-neurones dans la maladie d Alzheimer? La plaque sénile : du peptide amyloïde et des lipides? ZOOM SUR : LA RECHERCHE EN SOCIO-ECONOMIE DE LA SANté Maladie d Alzheimer : les enjeux de la recherche en sciences économiques Une analyse socio-économique dans le domaine de la prévention de la maladie d Alzheimer à propos de france alzheimer La centralisation des dons pour la recherche Qui sommes nous? Comment nous soutenir? CAHIER CENTRAL : Les financements France Alzheimer 2013 La maladie d Alzheimer représente un véritable défi pour la recherche. Il suffit pour s en convaincre de rappeler qu en 2020, la France devrait compter 2 millions de personnes malades. Mais parler de véritables défis, au pluriel, serait, à mon sens, plus approprié. Car contrairement à ce que l on pourrait croire, le défi de la recherche ne se réduit pas à l élaboration d un traitement curatif. Il s agit là de l objectif ultime. Pour autant, des étapes intermédiaires - et autant de défis à relever pour mieux connaître la maladie, ses manifestations et son évolution - doivent être franchies. La logique est simple : qui veut combattre et éradiquer une maladie doit d abord apprendre à la connaître, trouver les moyens de répondre aux nombreuses interrogations qu elle soulève! La complexité des questions posées par la maladie d Alzheimer appelle des compétences variées et complémentaires ainsi qu une approche multidisciplinaire. Si France Alzheimer a choisi de développer depuis plus de 25 ans son potentiel de recherche - via l attribution de bourses de recherche et la constitution de deux conseils scientifiques réunissant des experts reconnus c est que notre association de familles entend bien se placer au cœur des défis à relever. Aujourd hui, la recherche se mobilise donc sur différents fronts. Ce 5 e numéro d Avis de recherche nous présente plusieurs d entre eux : mécanismes de production de néo-neurones, composition de la plaque sénile, la prévention de la maladie Se pose aussi la question, abordée dans cette publication, des enjeux de la recherche en sciences économiques et sociales. Relever les défis de la maladie, c est, au final, aussi bien parler des médicaments que de mettre l accent sur les autres aspects de la prise en soin (stimulation cognitive, activités manuelles, ateliers de convivialité etc.). Ce double souci, éthique et scientifique, apparaît comme le principe fondateur de cette lutte d envergure. En guise de conclusion, je ne peux donc que saluer l ensemble de la communauté scientifique pour son engagement. Elle est dignement représentée chez France Alzheimer par les membres des deux conseils scientifiques en sciences médicales et en sciences humaines et sociales. Elle l est également par les nombreux lauréats des bourses de recherche France Alzheimer. En 2014, 17 chercheurs seront à l honneur et se partageront près de Pour les soutenir dans leur action, France Alzheimer a, une nouvelle fois, pu compter sur la générosité et la confiance de ses donateurs et partenaires. Marie-Odile desana, présidente de France Alzheimer et maladies apparentées 2 3

3 Le mot des présidents des conseils scientifiques Conseil scientifique Sciences Médicales P r mathieu ceccaldi président du Conseil scientifique Sciences médicales de France Alzheimer chef de service de neurologie et de neuropsychologie chu la timone de marseille coordonnateur du CMRR Marseille Conseil scientifique Sciences Humaines et Sociales p r emmanuel hirsch Président du Conseil scientifique Sciences humaines et sociales de France Alzheimer Directeur de l espace éthique de l AP-HP et du département de recherche clinique en éthique de l université Paris-Sud 11 Composition du conseil : Dr Bernadette ALLINQUANT Directrice de recherche - Centre de psychiatrie et de neurosciences - Unité INSERM U894 - PARIS Dr Claudine BERR Professeur de Santé publique & Epidémiologie - Hôpital La Colombière Unité INSERM U1061 MONTPELLIER P r Mathieu Ceccaldi chef du service de neurologie et de neuropsychologie au CHU La Timone de Marseille Dr Benoit DELATOUR Chargé de recherche Institut du cerveau et de la moelleumrs975 - PARIS Pr Anne DIDIER Professeur en Neurosciences Centre de recherche en neurosciences - LYON Pr Denis GUILLOTEAU PU-PH - Service de médecine nucléaire in vitro du CHU et Unité INSERM U930 - TOURS Pr Didier HANNEQUIN PU-PH - Service de Neurologie du CHU et Unité INSERM U614 - ROUEN Pr Olivier HANON PU-PH - Service de Gérontologie - Hôpital Broca Larochefoucault La Collégiale - PARIS Dr Jean-Charles LAMBERT Directeur de recherche Institut Pasteur UMR744 - LILLE Dr Catherine THOMAS-ANTERION Neurologue libérale - Laboratoire d étude des mécanismes cognitifs (EA3082) - LYON Plus que jamais, l Union Nationale des associations France Alzheimer s investit dans le soutien de la recherche médicale française sur la maladie d Alzheimer, comme le montre son engagement matériel : plus d un million d euros seront distribués pour financer treize bourses pour les sciences médicales sur l appel à projets Cette contribution de l Union permet à des chercheurs français de procéder à des études préliminaires sur des pistes innovantes, ou de poursuivre et développer des programmes en cours qui sont porteurs d espoir. Leur point commun est l excellence des équipes qui, sans se décourager, s investissent dans ce domaine si complexe de la recherche qu elle soit fondamentale ou appliquée. Certes, aujourd hui on connait les deux lésions du cerveau caractéristiques de la maladie d Alzheimer : à l extérieur des neurones, les plaques amyloïdes et à l intérieur des neurones, les dégénérescences neurofibrillaires. Mais quelle est l origine de ces lésions? Quels sont les facteurs qui font le lit de leur développement? Comment diffusent telles dans les dédales du cerveau? Par quels mécanismes induisent-elles la dégénérescence et la mort des neurones? Pour trouver enfin des réponses à ces questions dont dépendent tous les progrès futurs en matière de traitement, la Recherche doit explorer de multiples voies et ne négliger aucune piste. En assumant la complexité inhérente à la maladie d Alzheimer et en soutenant la recherche, en particulier fondamentale, en même temps qu elle s investit dans d autres domaines concernant l aide sociale, l accompagnement des aidants, l approche non médicamenteuse, l Union Nationale s est engagée dans une double approche qui est courageuse et me paraît essentielle : aider immédiatement les personnes malades et les familles en utilisant tous les moyens actuellement à notre disposition et dans le même temps, investir dans l avenir, en favorisant de manière volontaire et dynamique les avancées nécessaires et tant attendues des sciences médicales concernant la prise en charge de cette maladie neurodégénérative. Composition du conseil : Dr DARNAUD Thierry Maitre de conférences Gérontopsychologie clinique Université Le Mirail - TOULOUSE Pr GAUCHER Jacques Professeur des Universités Laboratoire de Psychologie Département Sciences humaines et humanités - BORDEAUX P r Hirsch Emmanuel, professeur des universités - Directeur de l Espace éthique de l Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, et du Département de recherche en éthique, Université Paris - Sud 11, Paris Dr RAPP Thomas Maitre de conférences Université Paris Descartes Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche - Appliquée en Economie de la Santé - PARIS Dr RIBES Gérard Psychiatre Université Lyon Lumière 2 Institut de psychologie - LYON à travers les appels à projets en Sciences Humaines et Sociales France Alzheimer soutient des travaux interrogeant la maladie du point de vue de la psychologie, de la sociologie, de l économie sociale ou encore de l éthique. En attendant le traitement efficace de la maladie, des questions urgentes se posent tant à l échelle de l individu que de la société : Comment améliorer la qualité de vie des personnes malades et de leur famille? Comment mettre en œuvre les nouvelles technologies dans l accompagnement des personnes malades tout en respectant leurs droits? Comment faire évoluer les représentations sociales de la maladie afin de développer des solidarités et de donner toute sa place aux personnes malades dans la cité? Quelles données socioéconomiques produire pour les décideurs publics afin de favoriser des choix argumentés? Comment sensibiliser les institutions au respect de la personne dans son intimité et ses préférences et plus généralement par quelles médiations favoriser un soin pertinent et de qualité? Il s agit, en réalité, de mieux comprendre les enjeux humains et sociaux de la maladie, d analyser ses impacts dans la vie quotidienne des personnes malades et de leurs proches. Cette approche procède à de multiples considérations et par conséquence sollicite des savoirs pluridisciplinaires : la psychologie, la sociologie mais aussi l économie de la santé ou encore l éthique. Par son action, le Conseil scientifique sciences Humaines et sociales de France Alzheimer souhaite aider les chercheurs du domaine à développer et pérenniser leurs thématiques de recherche sur la maladie d Alzheimer et les maladies apparentées pour une consolidation de la recherche française et ainsi l acquisition de connaissances indispensables. Gageons que l attention de l ensemble du Conseil SHS à sélectionner des projets motivés par les questions d intérêt pour les personnes malades, argumentés sur le plan scientifique et garantissant leur faisabilité, puisse contribuer à une recherche de qualité et ainsi nous permettre d avancer efficacement dans la lutte contre la maladie! 4 5

4 actualités SCIENTIFIQUES Dr Thierry Gallopin Maitre de conférences ESPCI - PARIS Dr Claire Rampon Centre de Recherches sur la Cognition Animale CNRS 5169 Lauréate de l AAP sciences Médicales France Alzheimer en 2008 UN DéFAUT DE NéO-NEURONES DANS LA MALADIE D ALZHEIMER? étude de la production de nouveaux neurones dans la maladie d Alzheimer Chez les mammifères, le gyrus denté de l hippocampe, structure cérébrale clé dans les processus mnésiques, continue de produire des neurones tout au long de la vie. L équipe du Dr Claire Rampon a pu montrer que chez des souris modèles de la maladie d Alzheimer, cette capacité à produire de nouvelles cellules est conservée mais que la survie des néo-neurones est fortement altérée. à l aide d un financement France Alzheimer, l équipe a pu mettre en œuvre un projet de recherche visant à identifier le ou les mécanismes empêchant la maturation fonctionnelle des néo-neurones dans le cadre de la maladie d Alzheimer. Avis de Recherche : Quelle(s) étai(en)t votre (vos) hypothèse(s) au début du projet? Dr Claire Rampon : notre hypothèse était qu un déficit de néo-neurogenèse hippocampique (défaut de production de nouveaux neurones au niveau de l hippocampe) pourrait contribuer aux troubles cognitifs associés à la maladie d Alzheimer. Par conséquent, nous avons pensé qu une stratégie permettant d augmenter la survie des néo-neurones pourrait aider à ralentir le déclin cognitif lié à la maladie d Alzheimer. Avis de recherche : Comment avez-vous testé vos hypothèses? Dr C. R. : Dans un premier temps, nous avons étudié, chez la souris adulte saine, un type particulier de cellules du gyrus denté, les interneurones GABAergiques. Ces cellules sont cruciales au fonctionnement de l hippocampe en régulant la balance excitation/inhibition. De récentes études montrent que le dysfonctionnement de ces interneurones inhibiteurs pourrait altérer la maturation des nouveaux neurones du gyrus denté. Cependant, à cause de leur grande diversité, la fonction de ces interneurones reste assez peu détaillée. Notre travail, mené en étroite collaboration avec le Dr. Thierry Gallopin à l ESPCI-Paris a consisté à établir ex vivo une caractérisation multiparamétrique des interneurones du hilus sur la base de leurs propriétés électrophysiologiques, moléculaires et morphologiques. Nous avons ainsi pu établir une classification détaillée des différents types d interneurones GABAergiques. Cette étude constitue un prérequis nécessaire pour examiner le rôle de ces interneurones dans la neurogenèse adulte et la maladie d Alzheimer. Dans un deuxième temps, nous avons mis au point une technique ambitieuse qui permet de stimuler directement la production de néo-neurones hippocampiques in-vivo. Cette méthode repose sur la surexpression stable et durable d une protéine appelée NeuroD1 dans les cellules précurseurs des néo-neurones hippocampiques des souris. Avis de recherche : Qu avez-vous pu observer? Dr C. R. : L ensemble de nos données montre que dans le cerveau d une souris saine, NeuroD1 augmente la proportion de nouveaux neurones qui naissent dans l hippocampe. De plus, les neurones surexprimant cette protéine présentent une plus grande connectivité et sont capables d intégrer fonctionnellement le réseau hippocampique. Chez les souris transgéniques modèles de la maladie d Alzheimer (chez lesquelles la survie des néoneurones est sévèrement réduite), nos résultats montrent que la surexpression de la protéine NeuroD1 favorise le développement morphologique des neurones. Nous avons aussi déterminé que la cinétique d apparition des connexions synaptiques est accélérée par la surexpression de NeuroD1. Ces résultats suggèrent donc une plus grande fonctionnalité des néo-neurones dans le contexte pathologique. Avis de recherche : Quelles sont les prochaines étapes de vos recherches? Dr C. R. : Le travail de caractérisation des différents types de neurones présents dans la structure cérébrale représentée par le gyrus denté constitue une base solide pour de futurs travaux sur les neuropathologies touchant l hippocampe, telle que la maladie d Alzheimer mais aussi l épilepsie. La suite de notre projet consistera à utiliser des tests comportementaux de navigation spatiale et de mémoire pour évaluer si la stimulation de la neurogénèse hippocampique permet de combler les déficits cognitifs observés chez ces souris transgéniques modèles de la maladie d Alzheimer. Imagerie cellulaire : les cellules sont repérées grâce à des marqueurs fluorescents et observées au microscope. En vert, des nouveaux neurones dans l hippocampe d une souris (en bleu). 6 7

5 actualités SCIENTIFIQUES Dr lyne valentino Docteur en physiopathologie cellulaire et moléculaire chargée de mission étude et recherche France Alzheimer. La plaque sénile : du peptide amyloïde et des lipides? Avec l aimable relecture critique du Pr Charles Duyckaerts (CRICM - UMR 975 Hôpital de la Pitié Salpêtrière - Paris à l issue de l appel à projets en Sciences Médicales 2010, France Alzheimer a choisi de soutenir les travaux de l équipe du Pr Duyckaerts sur les moyens d isoler et d identifier les partenaires lipidiques associés au peptide Aβ. Le peptide amyloïde (Aβ) est naturellement sécrété hors des neurones sous différentes formes (monomères, dimères, oligomères de haut poids moléculaire, fibrilles). Dans la maladie d Alzheimer, du fait d une modification dans son trafic ou sa sécrétion, le peptide Aβ s accumule au niveau de structures appelées plaques séniles, lésions cérébrales caractéristiques de la maladie d Alzheimer (figure 1). L agrégat de peptide amyloïde forme le noyau de la plaque sénile. La couronne, elle, est constituée de prolongements cellulaires de neurones (axones). D après l hypothèse développée par l équipe du Pr Duyckaerts, le peptide Aβ produit in-vivo serait associé à une ou plusieurs molécules nécessaires au développement des plaques séniles. Ces composés associés au peptide amyloïde pourraient être impliqués dans la toxicité des plaques séniles. Plusieurs publications suggèrent l implication de lipoprotéines (lipoprotéines de haute densité (HDL) ou de type HDL ( HDL-like ) mais les potentiels partenaires du peptide Aβ restent encore mal connus. Selon le Pr Duyckaerts, les plaques séniles se constitueraient dans un premier temps autour de lipoprotéines enrichies en peptide Aβ. L augmentation de la concentration des oligomères de peptide Aβ pourrait déclencher le processus pathologique en stimulant la réponse neurotoxique et neuroinflammatoire. Figure 1. Plaque sénile dans le cortex d un patient atteint de la maladie d Alzheimer. Le peptide Aβ est révélé par un anticorps et mis en évidence par la couleur marron. La forte coloration du centre de la plaque traduit une forte concentration du peptide Aβ. Dans le cadre de leur recherche visant à identifier les potentiels partenaires lipidiques associés au peptide Aβ, les chercheurs ont comparé les lipides présents au niveau des plaques séniles et ceux présents dans le tissu sain environnant ces dernières (neuropile exempt de dépôt d Aβ). Au total, treize mille cinq cents plaques séniles et un même nombre d échantillons provenant du neuropile adjacent ont été microdisséquées à partir de coupes provenant de cerveaux de trois patients atteints de la maladie d Alzheimer. Une méthode rapide et spécifique d immunomarquage des plaques séniles a été Figure 2. Marquage de la protéine Aβ à l aide d un anticorps anti-aβ : Les dépôts de peptide Aβ sont marqués en marron. Un marquage de ce type a été réalisé pour permettre la microdissection des plaques séniles mise au point en laboratoire, afin de permettre d identifier les zones à microdisséquer sans altérer les composants lipidiques du tissu (figure Pour compléter les investigations, un système de chromatographie en phase liquide à haute performance (High Performance Liquid Chromatography) a été acquis par le laboratoire. Cet appareil (qui permet notamment de séparer les protéines selon leur taille) sera utilisé pour séparer les différentes formes de peptides Aβ présentes dans les échantillons cérébraux. Ensuite, pour chaque forme de peptides Aβ isolée, les chercheurs analyseront les lipides associés. Le mot du Pr Duyckaerts 2). La technique ne recourt à aucun détergent qui pourrait solubiliser les lipides et l échantillon ne subit aucun prétraitement pouvant être source d oxydation. Les extraits lipidiques issus des plaques séniles et des échantillons de neuropile ont été étudiés suivant une approche globale permettant d analyser la majorité des familles lipidiques. Les résultats montrent que le cholestérol est augmenté dans le cœur de la plaque sénile par rapport au neuropile (Panchal M, Loeper J, Cossec JC, Perruchini C, Lazar A, Pompon D, Duyckaerts C. Enrichment of cholesterol in microdissected Alzheimer s disease senile plaques as assessed by mass spectrometry. J Lipid Res Mar;51(3): ) et que, d autre part, la concentration d un autre type de lipides (les céramides) était également élevée (Panchal et al. Soumis). Figure 3 Système HPLC La chromatographie permet la séparation ou la purification d un ou de plusieurs composés d un mélange en vue de leur identification et de leur quantification. Grâce au financement France Alzheimer, le laboratoire a fait l acquisition d un équipement permettant la séparation analytique des molécules à partir d un mélange complexe (surnageant cellulaire, tissu cérébral). La mise en œuvre de ces nouvelles méthodes va permettre d élargir l étude des lésions de la maladie d Alzheimer et des autres démences. 8 9

6 zoom sur : la recherche en socio-économie de la santé zoom sur : la recherche en socio-économie de la santé Dr Thomas Rapp économiste de la santé à l Université Paris Descartes. Il est l auteur de plusieurs publications scientifiques sur l économie de la maladie d Alzheimer. Il codirige le Laboratoire interdisciplinaire de recherches appliquées à l économie de la santé (LIRAES EA4470), dont l un des axes de recherche principaux est l économie de la dépendance et de la fragilité. Il est membre du Conseil scientifique Sciences Humaines et Sociales de France Alzheimer. Maladie d Alzheimer : les enjeux de la recherche en sciences économiques L intérêt des économistes de la santé pour la maladie d Alzheimer s est fortement accru au cours des dernières années et ce, pour plusieurs raisons. Tout d abord, ces recherches tentent de répondre à un besoin croissant des décideurs publics. Dans un contexte actuel de crise économique et de réforme des politiques de dépendance, les acteurs publics ont plus que jamais besoin d outils d aide à la décision. Cet intérêt s explique aussi par l existence de problématiques centrales d un point de vue théorique, comme par exemple l étude des décisions prises au sein des familles lorsqu un patient est atteint de la maladie. Parallèlement, l intense activité de la recherche en sciences économiques s explique aussi par la mise en place de financements récurrents pour des études économiques dédiées à la maladie d Alzheimer ; notamment ceux de l Association France Alzheimer, de la Fondation Médéric Alzheimer et de la Fondation Plan Alzheimer. Les bourses de France Alzheimer permettent chaque année de financer de nouveaux travaux de doctorat d économie et d attirer des jeunes chercheurs vers ces problématiques. Enfin, depuis le début des années 2000, des questionnaires économiques ont été intégrés dans plusieurs grandes études cliniques majeures (PLASA, REAL-FR, ICTUS etc.), sous l impulsion de centres de recherches de référence, comme ceux de Toulouse, Bordeaux et Lille. Cette action a permis de mettre à disposition de nouvelles sources de données pouvant être exploitées par des économistes. Les travaux de recherches publiés (ou en cours) à partir de ces données ont trois objectifs principaux. Le premier objectif est de mesurer le coût de la maladie, d en déterminer les composantes principales et d en identifier l évolution. Ces travaux contribuent à une meilleure compréhension des enjeux économiques pour les familles. Ils ont permis de mesurer que lorsque la sévérité de la maladie est modérée, les dépenses totales représentent en France en moyenne 2800 par mois et par malade. Ils ont également montré que ces coûts augmentent fortement après une période de deux ans, principalement à cause de l accroissement des troubles fonctionnels. Le second objectif est d étudier les comportements des acteurs impliqués dans la production et la consommation des soins. En France, plus de 60 % de l aide fournie aux personnes malades vivant dans la communauté est produite par les aidants informels, c est-à-dire par les proches. Il est donc central d essayer de comprendre comment s organise la production des soins informels. Le troisième objectif est d apporter un éclairage sur l impact (et l efficacité) des politiques publiques. Par exemple, l aide personnalisée à l autonomie (APA) permettrait une redistribution des temps d aide professionnelle et informelle consommés par les personnes malades d Alzheimer. Même si la compréhension des enjeux économiques liés à la maladie d Alzheimer a progressé au cours des dernières années, plusieurs aspects centraux doivent encore être éclaircis. Par exemple, on sait peu de choses sur les déterminants des diagnostics tardifs de la maladie d Alzheimer. Au plan théorique, des modèles récents montrent que l aversion à l information est sous certaines conditions l une des explications principales d un refus de diagnostic. Mais cette hypothèse, bien qu elle soit primordiale pour façonner des politiques de prévention, n a pas encore été testée empiriquement. Certains enjeux économiques pour les aidants informels doivent également être explorés : comment se constituent les réseaux d aidants? Quels sont les déterminants de la satisfaction d aider? Pour explorer ces questions, les économistes de la santé exploitent les données issues d enquêtes cliniques et économiques. Le travail sur des bases de données cliniques est central parce qu il permet de mener des analyses très fines. L utilisation de variables cliniques dans les modèles économiques permet de mieux comprendre l interaction entre la sévérité de la maladie et la prise de décisions économiques, comme par exemple, quitter son travail pour aider un proche atteint de la maladie. L intégration des questionnaires économiques aux bases de données cliniques est donc un enjeu majeur pour la recherche. Ces questionnaires sont destinés aux aidants informels. La collaboration des familles de patients à ces études est par conséquent très importante. Les réponses apportées par les aidants représentent la source d information principale des recherches actuelles et futures en économie. Sans cette participation, la portée des travaux empiriques serait extrêmement limitée. Si les bases de données de l Assurance maladie permettent de suivre avec une grande précision les parcours de soins des malades, elles comportent très peu de variables économiques. L implication des aidants informels aux enquêtes cliniques est par conséquent plus que jamais nécessaire. C est même un enjeu majeur pour le futur de la recherche économique sur la maladie d Alzheimer

7 Zoom sur... à propos de France Alzheimer Nadège Costa (doctorante) et Pr Laurent Molinier Unité INSERM 1027 Epidémiologie et analyses en santé publique : Risques, maladies chroniques et handicaps - Toulouse Une analyse socio-économique dans le domaine de la prévention de la maladie d Alzheimer Monsieur François CHARLES Trésorier de l Union France Alzheimer Président de l Association départementale France Alzheimer 92 LA CENTRALISATION DES DONS POUR LA RECHERCHE Le rapport sur la maladie d Alzheimer et les maladies apparentées établit par l office parlementaire d évaluation des politiques de santé avance des dépenses totales médicales concernant la maladie d Alzheimer de 933, 57 millions, soit 0.9 % du PIB. La part de ces dépenses dans le PIB pourrait atteindre 1.9 % en Prévenir ou retarder les troubles cognitifs présente un intérêt médical et économique majeur. Analyser les stratégies de prévention actuellement à l étude en s interrogeant sur leur pertinence dans le contexte économique actuel parait donc fondamental. Une recherche sur cette thématique est en cours de réalisation par l équipe du Pr Molinier, lauréat de l appel à projets Sciences Humaines et Sociales en Elle fait l objet du travail de thèse de Nadège Costa, doctorante à l INSERM UMR L objectif principal de cette étude est d évaluer les conséquences médicales et économiques de quatre stratégies interventionnelles sur le déclin des fonctions cognitives : La supplémentation isolée en acides gras oméga-3, L intervention multidomaine isolée (nutrition, exercice physique, stimulation cognitive, activités sociales) L association d une supplémentation en acide gras oméga-3 et de l intervention multidomaine», La prise d un placebo. Le critère de jugement principal est le rapport coût-efficacité différentiel des quatre stratégies de prévention à l étude patients ont été inclus dans l étude. Les premières données intermédiaires seront bientôt disponibles. Elles concernent 445 patients suivis sur une durée de 2 ans. Cette étude permettra de préciser l intérêt de chacune des quatre stratégies de prévention en tenant compte de l efficacité et des ressources mobilisées par chacune d elle. Cette année, le budget alloué au soutien de la recherche scientifique s élève à Euros et depuis la création des bourses de recherche en 1988, ce sont près de 10 millions d Euros que l Union France Alzheimer a reversé à la recherche. Grace à cette action, près de 200 projets ont pu être menés. En 27 ans maintenant, l Union a développé un système rigoureux d attribution de bourses sous la forme d appels à projets de recherche. La sélection se déroule en deux temps. D abord une présélection des candidatures par les Conseils Scientifiques sur étude de dossiers d intention, puis une expertise externe et bénévole d au moins deux experts scientifiques indépendants pour chacun des dossiers présélectionné. Plusieurs critères fondamentaux sont ainsi évalués (méthodologie, faisabilité, adaptation du budget aux objectifs, intérêt scientifique et potentielles retombées ). C est à la lumière des expertises que les membres des Conseils Scientifiques proposent une liste de recommandations de financement au Conseil d Administration de l Union. Cet organe demeurant le décisionnaire final. à chaque appel à projets de nombreux projets sont proposés à l Union. Il est malheureusement impossible de tous les financer. Néanmoins, la procédure rigoureuse de sélection qui est appliquée par l Union permet de soutenir chaque année des nouveaux projets de recherche de qualité, innovants et prometteurs à travers toute la France. Il est aujourd hui reconnu que France Alzheimer a permis la mise en œuvre de recherches à haut pouvoir structurant dans des domaines cruciaux tels que les marqueurs diagnostics, les maladies apparentées ou encore les prises en charge non médicamenteuses. En effet, de par leur montant (jusqu à Euros), les bourses France Alzheimer permettent aux chercheurs de poursuivre ou de développer des études préliminaires mais aussi de s orienter vers de nouvelles directions. Les associations départementales du Réseau France Alzheimer contribuent à leur échelle à cet effort de financement de la recherche. A ce titre plusieurs d entre elles veillent à reverser à l Union les fonds perçues localement dans un but unique de financement de la recherche. Ainsi depuis plusieurs années, c est en moyenne plus de Euros pour la Recherche qui sont reversés à l Union par les associations départementales. La centralisation des dons destinés à la recherche permet de potentialiser nos efforts en faveur de la recherche scientifique. L objectif est de maintenir la mobilisation en proposant chaque année des financements aux montants significatifs pour espérer l émergence de nouvelles connaissances cruciales pour lutter contre la maladie d Alzheimer et les maladies apparentées

8 à propos de France Alzheimer Association France Alzheimer et maladies apparentées Qui sommes nous? Comment nous soutenir? Créée il y a 28 ans France Alzheimer est présente partout en France grâce à son maillage d associations départementales et au dévouement de ses milliers de bénévoles. France Alzheimer est aujourd hui la référence dans le domaine de la prise en soins de la maladie d Alzheimer et maladies apparentées. Les actions France Alzheimer (haltes relais, cafés mémoire, séjours vacances-répit Alzheimer, groupes de parole, entretiens individuels, ateliers à médiation artistique, etc.) se répartissent en trois catégories en fonction du public accueilli : les actions destinées aux personnes malades les actions destinées aux aidants les actions destinées au couple aidant-aidé France Alzheimer a également fait le choix de soutenir activement la recherche en sciences médicales mais aussi en sciences humaines et sociales. Un soutien matériel rendu possible grâce à l engagement à nos côtés de nombreux partenaires et à la générosité du grand public qui nous font confiance. Depuis 1988 France Alzheimer a financé plus de 200 projets de recherche pour un budget de plus de 10 millions d Euros. Pour 2014, 17 nouvelles équipes attendent dès maintenant notre financement pour pouvoir démarrer leurs travaux et aboutir rapidement à de nouveaux progrès. Le budget que nous consacrons à la recherche est plus de 80% issu de dons. Un don de 50 * = 1 heure de recherche *Soit 17 après déduction fiscale Notre objectif en 2014 : pour financer nouvelles heures de recherche Aidez-nous à l atteindre, et contacter : le service donateurs France Alzheimer et maladies apparentées 21 boulevard Montmartre Paris rubrique : je fais un don Union Nationale des associations France Alzheimer et maladies apparentées 21, boulevard Montmartre Paris - Allo France Alzheimer : (coût d un appel local) - Directrice de publication : Marie-Odile Desana - Rédactrice en chef : Michèle Micas Rédaction et maquette : Service communication France Alzheimer, Crédit photos : C. Thorel - R. Demaret - Fotolia / KaYann - A. Le Bourlier - Fotolia/Svedoliver - C. Malette 14 15

9