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1 GAUGUIN PAR-CI......GAUGUIN PAR-LA DOSSIER PEDAGOGIQUE Cette exposition-jeu du Musée en Herbe, en coproduction avec le musée des beaux arts de Quimper, invite les enfants à explorer l univers tahitien et breton du peintre Paul Gauguin. Pour découvrir et bien observer les tableaux de cet artiste fascinant, les visiteurs s amusent avec des jeux et des manipulations. LA VIE DE PAUL GAUGUIN Ses débuts Paul Gauguin naît à Paris le 7 juin 1848 d un père journaliste et d une mère aux ascendances péruviennes. Un an après, ses parents fuient le gouvernement de Louis Napoléon Bonaparte et partent au Pérou. Son père meurt pendant la traversée mais Gauguin reste à Lima avec sa mère jusqu à l âge de 7 ans. Il gardera toujours un souvenir ému de ce paradis. Le retour en France est difficile. Ecolier, il entretient des rêves d évasion. A 17 ans, il s engage dans la marine marchande et fait le tour du monde. Poussé par son tuteur G. Arosa, homme d affaires, collectionneur et photographe, il commence à 24 ans une brillante carrière chez l agent de change Bertin, ce qui lui permet d épouser une jeune danoise, Mette Gad. Elle donne naissance à 5 enfants. Naissance d une passion L exemple de son tuteur collectionneur, son amitié avec Pissarro incite Gauguin à acheter des tableaux impressionnistes (Pissarro, Cézanne, Renoir, Degas...) puis à peindre et à sculpter en amateur. Dès 1876, il présente une toile (un paysage) au Salon officiel et expose avec les impressionnistes de 1880 à Ces succès encourageant et la crise financière le conduisent à abandonner son métier pour la peinture à l âge de 35 ans. Pendant deux ans, il cherche un équilibre illusoire qui aboutit au naufrage de sa vie familiale. Les années de misère commencent, mais sa passion pour la peinture est née. Le japonais de Bretagne J aime la Bretagne, j y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j entends le ton sourd, mat et puissant que je cherche en peinture. En Bretagne, Gauguin cherche de nouvelles inspirations à Pont-Aven à la pension Gloanec puis au Pouldu chez Marie Henry. Pour la première fois de sa vie, il se consacre uniquement à la peinture. Durant cette période de 1886 à 1890, l artiste mêle des influences diverses, dont celle de l art japonais. Comme beaucoup de peintres (Monet, Degas, Toulouse- Lautrec), il succombe au japonisme ; il admire Hokusai et copie Hiroshige. Il est

2 fasciné par leur utilisation des couleurs franches et mates et par leur sens de la composition. Son Japon à lui, Gauguin le trouve en Bretagne. mais il s inspire ausi d autres mouvements de peinture comme le cloisonnisme et le Symbolisme. Avec des amis, Emile Bernard, Paul Sérusier, il élabore un style original à l âge de 40 ans. Ses séjours en Bretagne sont interrompus par son voyage à Arles chez Vincent Van Gogh, qui se termine de manière dramatique par une crise de folie de Van Gogh. Il fait aussi un voyage à la Martinique en 1887, qui lui révèle la valeur synthétique des couleurs et ravive les influences de Degas et Cézanne. Durant ces années et jusqu à la fin de sa vie, Gauguin s intéresse à toutes les techniques : céramique mais aussi bois sculpté, gravé et peint, aquarelle, estampe. Premier voyage à Tahiti je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l art simple, très simple; Le succès relatif d une vente aux enchères de ses toiles organisée par ses amis (Degas, Mirbeau, Mallarmé) en février 1891 lui permet de s embarquer pour Tahiti. Il est ébloui par la beauté des indigènes et des paysages polynésiens. Il utilise des couleurs chaudes, vives et luxuriantes. Sa peinture se débarrasse de toute référence mythologique, de tout réalisme, de tout symbolisme pour exprimer l âme primitive, seule source de vérité selon lui. Au jour le jour, il consigne ses impressions et des documents dans plusieurs récits illustrés. Il recueille les mythes et les contes, observe les rites comme témoin de la vie des Maoris. Mais à nouveau sans ressources matérielles, Gauguin revient en France de Déprimé par l isolement, cultivant un exotisme désormais artificiel, il expose chez Durand-Ruel mais n obtient qu un succès de curiosité. Ses toiles sont un rappel agressif et nostalgique de son expérience tahitienne et des méfaits de la civilisation. Dernier refuge aux Marquises Après une lamentable liquidation de son atelier en salles des ventes, il regagne Tahiti en mars Solitaire, endetté, malade, dépressif, il traverse dès son retour une terrible crise aggravée par la mort de sa fille Aline. Avant son suicide manqué en 1898, il exécute une large composition, sorte de testament pictural : D où venons nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? Aidé par quelques amis, il retrouve une certaine aisance matérielle constamment compromise par la lutte procédurière contre les autorités civiles et religieuses de l île qui lui reprochent d inciter les indigènes à se rebeller contre les autorités coloniales. En 1901, il s installe dans l île marquisienne de Hiva Oa à Atuona dans une maison en bois et bambou recouverte de feuilles de cocotiers La maison du Jouir. De plus en plus affaibli, il accentue en touches vibrantes les accords verts, violets et roses. Pendant ces dernières années, il écrit beaucoup et laisse Avant et Après, une méditation romantique et romancée sur sa vie et son oeuvre. Il meurt le 8 mai 1903.

3 L EXPOSITION Après un aperçu de la vie de Gauguin, les enfants découvrent les reproductions du peintre auxquelles correspondent des jeux. Portrait de Gauguin par lui-même, 1889, National Gallery of Art, Washington Cet autoportrait est une caricature, un portrait-charge où Gauguin s amuse de sa propre image. Ce portrait ironique est chargé d allusions : l auréole indique le sainthéros de l art, les pommes, le paradis perdu signifiant que Gauguin est «tombé» parce qu il a voulu posséder la connaissance. Le serpent, animal des devins, confirme que Gauguin détient le «savoir» pictural. Jeu : reconnaître parmi les yeux de différents autoportraits de Gauguin ceux du tableau. Le Christ jaune, 1889,Albright-Knox Art, Buffalo Il fut sans doute commencé à Pont-Aven puisqu il représente un bois polychrome populaire encore dans la chapelle de Trémalo, tout près du bourg. Il mêle le réel et l imaginaire en replaçant le Christ sur un fond de paysage jaune et rouge et en l entourant de saintes femmes qui sont des Bretonnes en coiffe. Les couleurs vives posées sans hachure, les formes cernées d une fine ligne bleue en font un exemple de ce cloisonnisme emprunté au travail du vitrail, de l émail ou de certaines poteries. Autoportrait au Christ jaune, , Musée d Orsay, Paris

4 Sur cette toile, Gauguin se représente sans concession devant deux oeuvres récentes dont il était fier : le Christ jaune et une poterie également en forme d autoportrait qu il avait voulu offrir à Madeleine Bernard, la soeur du peintre, avec une lettre expliquant qu elle représentait le Gauguin sauvage. Le Christ jaune semblant étendre son bras protecteur sur sa tête, est à l image du héros martyr ; la poterie incarne toutes ces aspirations vers le primitif, le retour aux sources. Jeu : s identifier au peintre en se regardant dans le miroir avec comme arrièreplan le Christ jaune et le vase. La Ronde des petites Bretonnes, 1888, National Gallery of Art, Washington Peinte à Pont-Aven, cette toile est de facture impressionniste assez classique. Mais les préoccupations décoratives sont perceptibles dans la mise en scène rythmique des personnages, l enchaînement harmonieux des lignes, l insistance sur les éléments du costume ainsi que dans l emploi des couleurs. Jeu : faire tourner un cylindre sur lequel les petites bretonnes dansent. Nature morte aux trois petits chiens, 1888, Museum of Modern Art, New York On sait par une lettre de Vincent à son frère Théo Van Gogh que Gauguin voulait faire de la peinture d enfant. Le sujet lui-même (3 petits chiens, 3 petits verres, 3 pommes) fait penser à une comptine mais le style surtout, si élémentaire, si apparemment maladroit correspond à une volonté délibérée de naïveté primitive. La perspective est niée au profit d une peinture qui se confond avec le plan du tableau, les formes sont rendues sans ombre et sans modelé, l inspiration japonisante renforce le traitement décoratif du tableau où 3 registres se superposent. Jeu : retrouver parmi une dizaine de verres ceux du tableau. La Plage du Pouldu, 1889, coll. particulière

5 Malgré ses séjours en Bretagne, Gauguin a assez peu peint de marines. Les paysages purs sont d ailleurs rares dans son oeuvre. Le traitement décoratif des sinuosités des vagues, la perspective sans horizon, la couleur arbitraire (le sable orangé), témoignent là encore, de l influence de l art japonais sur Gauguin. Jeu : faire vivre le tableau en demandant aux enfants de positionner des personnages extraits d autres tableaux. Marine avec vache au-dessus d un gouffre, 1888, Musée des Arts Décoratifs, Paris Ce tableau est très audacieux au niveau de la composition. Gauguin adopte la perspective plongeante et les grandes plages de couleurs plates des estampes japonaises. C est une sorte de puzzle coloré pourtant très proche de la réalité : le lieu est bien réel et aussi spectaculaire (il s agit du Pouldu). En aplatissant la distance et la profondeur, il met sur le même plan, la vache et le bateau ce qui donne plastiquement le sentiment de vertige. On peut aussi voir une correspondance entre l animal tournant le dos au gouffre et le bateau emporté par le vent. Jeu : approche sensorielle du tableau (odeur de la mer, bruit des vagues, toucher du rocher...) La Belle Angèle, 1889, Musée d Orsay, Paris L influence de l art japonais est aussi perceptible sur ce tableau : composition désaxée, rivalité des images encadrées (le rond dans le carré), cadrage coupé (le cercle interrompu), décor floral et inscription du nom du modèle. Ce portrait fut refusé par le modèle, Angèle Satre qui passait pour être la plus belle femme de Pont-Aven. Gauguin fut déçu car il avait sans doute l impression d avoir saisi ce que la culture bretonne pouvait avoir de primitif, accentué par la poterie péruvienne, sorte de double énigmatique du modèle. Jeu : déguisement avec coiffe et bijoux.

6 Trois bretonnes assises, éventail, , collection particulière Comme Pissarro et Degas avant lui, Gauguin aimait peindre à la gouache ou à l aquarelle des éventails qui manifestent une évidente influence de l art japonais. Cet éventail est composé comme un puzzle à partir d éléments d autres tableaux. Peutêtre s agit-il d un souvenir d impression bretonne exécuté après son retour à Paris? Ta matete, éventail, 1892 Cette aquarelle reprend le même thème que celui du tableau Ta Matete (le marché) mais dans une forme simplifiée. La position des personnages sont à rapprocher de l art égyptien. Jeu : suivant la façon dont l éventail est déplié, on peut voir les Bretonnes ou les Tahitiennes. La orana Maria (Je vous salue Marie), , Metropolitan Museum, New York Gauguin peint içi une scène où la Bible revit dans un monde anachronique et exotique. Au premier plan, Marie et Jésus en tahitiens sont placés devant une nature morte de bananes. Au second plan, il s est inspiré pour l ange, de Botticelli et pour les deux orantes des reliefs de Borobudur dont il avait emporté les photographies. L ensemble est relié par un coloris où dominent le jaune, le rouge et le bleu. Jeu : approche sensorielle du tableau avec les odeurs des fruits et des fleurs de Tahiti.

7 Femmes de Tahiti, 1891, Musée d Orsay, Paris Sur cette toile apparaît la juxtaposition de couleurs comme le rose et le jaune, le mauve et le rouge que Gauguin utilisera souvent. Ce tableau témoigne aussi de son goût pour les paréos aux grandes fleurs qui lui permettent de jouer avec les couleurs, avec les harmonies. La composition, en gros plan sur les personnages (ce qui leur donne un aspect monumental), est novatrice. Jeu : habiller une des femmes avec des paréos différents et en essayer. Le Repas (Les bananes), 1891, Musée d Orsay, Paris Cette peinture étonnante n a aucun précédent dans l œuvre de Gauguin. Mi-naturemorte, mi- scène de genre, elle montre des petits tahitiens attentifs et intimidés devant des fruits exotiques. Au premier plan, Gauguin a peint un régime de bananes rouges ( fei en tahitien) dont il réutilisera à plusieurs reprises la puissance décorative et la couleur flamboyante. Il a d ailleurs choisi tous les éléments du tableau pour leurs formes, leurs valeurs décoratives plutôt que pour représenter un repas typique tahitien. Jeu : retrouver parmi plusieurs fruits ceux du tableau. Quand te maries-tu?, 1892, Musée d art, Bâle Ce tableau, dont l atmosphère évoque le mystère de l adolescence, est un hymne à la diversité et à la richesse des couleurs. Gauguin joue sur les rappels et les oppositions des couleurs complémentaires. L arrière-plan laisse deviner la luxuriance du paysage tahitien. Jeu : appuyer sur un bouton pour entendre le nom du tableau en tahitien et pour trois autres tableaux, Ne travaille pas, Pourquoi es-tu fâchée?, La Boudeuse, faire correspondre les traductions tahitiennes avec les titres français.

8 Le Rêve, 1897, Courtauld Institut Galleries, Londres Deux femmes sont accroupies dans une case, à contre-jour. Ce tableau est à rapprocher du Silence et de la Sieste, peints lors de son premier séjour à Tahiti. Mais les couleurs vives et joyeuses de ces toiles ont laissé place à des harmonies sourdes et inquiétantes. Ce changement est du à l accablement de Gauguin du à son insuccès, à la misère, la maladie et la solitude. Jeu : jeu des 7 erreurs. D où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous?, 1897, Museum of Fine Arts, Boston Cette immense composition rassemble les rêves, les idées, les angoisses de Gauguin. Après avoir appris la mort de sa fille Aline, sa fille préférée, au bout de ses forces et de sa misère, il veut mourir. Il veut laisser cette toile comme une sorte de testament pictural. Pendant un mois, il y travaille jour et nuit dans une fièvre inouïe. Cette immense toile est une synthèse d éléments dont chacun a fait l objet d un tableau antérieur, sorte de poème sur la vie et la mort, la naissance et la création. Jeu : replacer des détails des animaux dans des cases évidées. LES ATELIERS Le Théâtre de Gauguin En s inspirant de D où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? les enfants réalisent un paysage sur un format rectangulaire, dans des tons de bleus et de verts. Ils créent séparément des personnages, des animaux inspirés des tableaux du peintre, sorte de petites marionnettes qu ils peuvent ensuite manipuler sur le fond peint. La danse bretonne Cet atelier initie les enfants au cloisonnisme. Après avoir vu des exemples de tableaux bretons, ils créent un paysage avec de grands aplats de couleurs. Pour animer le tableau, ils découpent des personnages qu ils cernent d un trait bleu et qu ils accrochent avec une attache-parisienne. lls travaillent aussi sur l idée de

9 mouvement, sur le thème de la danse en essayant de faire correspondre les personnages entre eux. Autoportrait Pour le Portrait de Gauguin par lui-même, le peintre s est amusé avec son image. A leur tour, les enfants essaient de donner une image amusante, ironique d eux mêmes, en se représentant par exemple déguisé ou avec des accessoires qui caractérisent leur personnalité. Le repas Cet atelier insiste sur la composition en frise qu a utilisé Gauguin dans son tableau. Pour faire comprendre cette notion aux enfants, on utilise la technique du collage pour les personnages (papier découpé), la table (papier peint), les objets et les fruits (découpage de magazines). IDEES A EXPLOITER EN CLASSE Mieux faire connaître les territoires d outre-mer mais aussi les régions de France. Les situer sur une carte et faire des exposés sur les traditions, les langues, les costumes, la gastronomie,... S imprégner de la culture bretonne en organisant une dégustation de pâtisseries (far, kouign aman, crêpes, galettes), tout en écoutant des légendes bretonnes (Anatole Le Braz) ou de la musique celtique (Dann ar Braz, Yann Fanch Kemener, Denez Prigent) Récupérer des magazines de tourisme. Faire un collage de paysage avec ce qu ils pensent être leur idée de Tahiti ou des Iles Marquises. Comparer avec la réalité. Créer des paréos en appliquant des pochoirs de fleurs, fabriquer des colliers et des couronnes de fleurs avec du papier de soie et du papier crépon. BIBLIOGRAPHIE Livre de l exposition :«Sur les chemins de Gauguin», S. Girardet, C. Merleau Ponty et Nestor Salas, Coll. Salut l artiste!, éd. RMN, Enfants : Paul Gauguin, coll. Mes Premières Découvertes, éd. Gallimard, Gauguin, coll. Dada, n 49, éd. Mango, Gauguin, coll. les cahiers ateliers, éd. Milan/ Albin Michel jeunesse, CD-ROM, Gauguin, coll. Les Grands Peintres, éd. Hachette Multimédia, Adultes : Gauguin, ce malgré moi de sauvage, F. Cachin, coll. Découvertes Gallimard, éd. Gallimard-RMN, Gauguin, coll. Découvrir l Art, éd. du Cercle d Art, Gauguin, I. F. Walther, éd. Taschen, POUR EN SAVOIR PLUS Vous pouvez suivre les traces de Paul Gauguin au musée des beaux-arts de Quimper (Tel : ) pour découvrir les peintres de l Ecole de Pont-Aven et visiter la maison de Marie Henry au Pouldu, à Clohars-Carnoët (Tel : ) où a séjourné Paul Gauguin.

10 Pour tous renseignements, vous pouvez contacter SC MUSEES 42 rue Monge Paris Tel : scmusees@wanadoo.fr