- Atelier échange : présentation d albums et de leurs particularités pour définir ensemble ce qu est un album.



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Illustration jeunesse et albums - Rappel historique - Atelier échange : présentation d albums et de leurs particularités pour définir ensemble ce qu est un album. HISTORIQUE ALBUMS / ILLUSTRATION JEUNESSE Sujet : l illustration dans la littérature jeunesse et particulièrement dans les albums. L album, ce médium particulier, qui n apparaît que tardivement dans la littérature jeunesse. Un peu d histoire pour situer d abord le livre jeunesse dans le temps et la place de l illustration dans les livres. Si on remonte le temps au codex au 1 er siècle, qui est la forme actuelle du livre, très longtemps, c est le texte qui prime, le livre est conçu pour porter le texte. Dans cet objet, l image a du faire sa place, composer dans un support non fait pour elle au départ. On imagine le temps qu il a fallu pour arriver aux albums jeunesse en passant par les livres illustrés. Cependant, l illustration n est pas absente : les enluminures, dès l Egypte, ornent les écrits (La destruction des grandes bibliothèques antiques, comme la bibliothèque d'alexandrie, et l'extrême fragilité des papyrus expliquent qu'il ne subsiste que de rares fragments de textes grecs ou romains illustrés) Le codex va permettre à l enluminure de prendre son essor et cet art va s épanouir au moyen âge. Les enluminures sont là pour illuminer un texte qui porte la parole de dieu car il y a beaucoup de bibles, d évangéliaires, de livres de psaumes (Livre de Kells an 820 (excellence technique, manuscrit considéré par beaucoup de spécialistes comme l'un des plus remarquables vestiges de l'art religieux médiéval. contient les 4 évangiles et NT). Mais si ces peintures d origine végétale, minérale ou animale, peuvent représenter des éléments divins ou le portrait de celui ou celle à qui on offre le livre (livres d heures ) on trouve aussi des inspirations plus prosaïques : décor floral, scène de chasse, grotesques (des créatures oniriques plus ou moins monstrueuses et comiques) empruntés à la tradition celtique, des dessins parfois ironiques (petits diables, scènes un peu scabreuses, humour ) Des enfants ont du recevoir certains de ces livres qui sont avant tout des livres d adultes. On parle d un livre, traité d éducation, écrit au 9 ème siècle par une maman carolingienne Dhuoda pour son fils Guillaume mais on peut aussi penser à un autre livre qui aurait pu être destiné aux enfants : un livre manuscrit sur papier, enluminé par Barthélémy d Eck dans les années 1460 et écrit par le roi Réné d Anjou : le livre des tournois. Documentaire pour expliquer l art des tournois, le protocole, les codes courtois. 36 pleines pages représentant un tiers du livre et permettant de suivre visuellement toutes les étapes d un tournoi. La modernité du peintre est telle que l on a devant soi une mise en page pionnière et exceptionnelle propre à un album (Où est Charlie?) 2 pleines pages sans discontinuité (on a répertorié un seul autre livre contemporain : la Théséide). A l époque de ce roi René, l imprimerie, comme toutes nouvelles technologies, va améliorer le sort des livres : on passe de quelques milliers de livres à 200 000 de 1450 à 1500 et ensuite 2 millions. Avec les techniques liées aussi au papier (n apparaît qu au 13 ème en France!) c est la gravure qui va prendre la place de l enluminure mais se développera vraiment et sera considérée comme un art qu au 17 ème et 18 ème siècle.

Elle peut être noir et blanc plus austère, mais aussi en couleur comme les documents colportées à partir de gravures sur bois. De la fin du MA au 18 ème siècle : Les livres destinés aux enfants peuvent être regroupés en 3 corpus : apprentissage de rudiments, littérature de colportage et livres de collèges et destinés à l éducation du prince. Apprentissage des rudiments : abécédaires, catéchisme, vie des saints, morale et religieux au cœur de ces ouvrages. Civilités (règles) sont écrites à partir du 15è. Colportage : Les contes (Perrault 17è «histoires ou contes du temps passé avec des moralitez), les fables 16è, romans de chevalerie. Almanachs aussi : une imagerie présente que les enfants peuvent déguster. Education des princes et noblesse : (Télémaque de Fénelon), + livres didactiques dont classiques grecs et latins, -) littérature de gouvernante. Autant dire que la plupart de ces écrits ne sont pas adaptés aux enfants! C est au 17è qu on parle du 1 er livre (pub. En 1658) vraiment destiné aux enfants : Orbis sensualium pictus de Coménius pédagogue tchèque, intéressant car idée ludique, égalitaire filles garçons, démocratisation de l éducation, Il disait : «l image est la forme du savoir la + intelligible aux enfants». Il préconise donc l utilisation d images. C est ainsi que son livre a pour ambition d apprendre le latin aux enfants par association d un mot à une image. Il défend aussi le rôle des jeux, en particulier des jeux de groupe ; selon lui, il n existe rien de tel qu apprendre en s amusant! Son livre n est pas un album mais un livre POUR eux et tous ceux qui ont fait évoluer le livre ressemblent à Coménius. (17 ème : Cervantès avec Don Quichotte pub entre 1605 et 1615) 18 ème siècle : Sous l influence de penseurs comme Rousseau, l enfant conquiert un statut particulier et n existe + en tant que sous adulte mais en tant que personne. Pub. De Robinson Crusoé de D. Defoe 1719 et des voyages de Gulliver de J Swift 1726 (écrits pour les AD au départ!) Librairie et 1èré maison d édition consacrée aux enfants de Newberry à Londres (the Bible and the sun) 1ères H du C., goûters litt. Livres peu chers. Au 18 ème, se forge une littérature proprement destinée à la jeunesse, sue le principe nouveau du plaisir d apprendre, avec une instruction ludique. En Angleterre, la technique de la gravure s améliore. On voit des transformations de l art de l illustration. Tout cela prépare à l arrivée de l album, nouveau médium dont le nom apparaît au 19ème siècle, (l album sous sa forme moderne tel qu on le connaît n apparaît qu au 20 ème ). L image n est + seulement subordonnée au texte, elle est consacrée. Et la technique continuant de s améliorer, amplifie la création graphique. 19 ème, quelques jalons : En 1820, le terme album apparaît et désigne des recueils de gravures, des portefeuilles reliés : livres cadeaux pour les étrennes des enfants privilégiés reprenant des contes de fées, Lafontaine ou histoires

naturelles, des grands hommes avec un commentaire didactique en face de la gravure. On est encore dans une image qui illustre le texte. En 1860, en France (1844 en All.), Hachette lance dans une collection dynamique (albums Trim) dont : «Pierre l ébouriffé» écrit pour ses enfants par un psychiatre allemand Hoffmann. Il l a écrit contre les mièvreries moralisatrices de l époque et a une attention particulière à la présentation et à la reliure de l album. Le ton est provocant et la recherche album présente. Hachette vise un public large (bibliothèque rose avec la C. de Ségur) A la même époque : l éditeur Hetzel (ou JP Stahl) qui considère l enfant à part entière et travaille avec de grands auteurs et artistes (Dumas, Musset, G. Sand). La typographie et la mise en page sont soignées, vignettes, planches hors texte. Il dit : «il importe d éduquer l enfant dès son + jeune âge à l art du beau et de l éveiller ainsi à la beauté morale». Il vise une élite bourgeoise. Album pour les petits, 3-6 ans avec Melle Lili (ill. Jules Verne). 1880 : des artistes apportent un nouveau souffle et les formes de l album se diversifient. Ainsi Louis- Maurice Boutet de Ponvel met en images «les vieilles chansons et rondes pour les petits enfants». Les pavés de textes sont insérés dans l image, des images qui jouent avec (chat, pieds cachés par le texte), on a un trait soigné (s inspire du symbolisme), vision à la fois réaliste de l enfant dans son quotidien et à la fois vision idéalisée. En Angleterre, il y a une tradition de l imagerie populaire d humour absurde. Le livre du non sense en 1846 d Edwar Lear qui peut être considéré comme un album moderne dans sa forme et qui sort des normes. (Couplet rimé se terminant par une morale absurde, proche de la comptine). (Lewis Carrol aussi avec Alice où c est l enfant qui semble écrire et raconter) La revue PUNCH humoristique et satirique à laquelle collaborent pas mal d artistes et préserve l album de tomber dans la mièvrerie. Et puis le 20 ème siècle arrive : L enfant va devenir au cours de ce siècle une individualité à part entière, son approche est plus psy. Encore des progrès techniques avec la quadrichromie et une impression offset qui rendra possible toutes les techniques d illustrations. Chaque maison d édition va avoir sa revue qui prépare le succès de ses livres dont le format et le graphisme tiennent compte de l engouement du public pour la photo, la BD (Bécassine 1913) et le cinéma. Job : réalisation étonnante dérivé, de l imagerie populaire. 1911 : André Hellé avec «Drôles de bêtes» l album investi de création artistique, Hellé est à la fois l auteur du texte, des images et de la mise en page. 1920 comme un cadeau à la sortie de la guerre sort : «Macao et Cosmage ou l expérience du bonheur» (les méfaits de la civilisation industrielle apportée sans ménagement par la colonisation dans une île vierge). Exigence artistique. Le format est carré inhabituel. L image envahit la page, les couleurs sont faites à la main, la place du texte en majuscules manuscrites réduit à de petits cadres, réf. Au style art déco, mais aussi au fauvisme, au cubisme. L illustration n est pas qu un accompagnement, elle a son propre langage. Benjamin Rabier avec Gédéon, album proche de la BD, il modernise l image dans l album, (dessin rapide et malicieux), il joue sur le format des vignettes ou réduit les textes jusqu'à s'en passer, ce qui n était pas courant.

Félix Lorioux : ajoute à l illustration une dimension fantastique, bp d humour et de fantaisie. Années 30 : Un tournant dans le rapport texte-image : chez NRF sort en éd. de luxe «Mon chat» d une artiste russe Nathalie Parrain avec un texte d André Beucler. Conçue comme une affiche, (le livre est vendu relié ou en planches pouvant être accrochées), le texte en gros caractères manuscrits n est + qu un commentaire de l image qui a une grande puissance narrative à elle seule. Les dessins flottent dans un espace sans perspective, transgressant toutes les règles de mise en page. Le blanc n est pas slt un fond mais appartient à l illustration à part entière. Tech. De découpages ; peintures en aplat (appliquer un champ coloré uniforme), gouache. 1 an + tard sort «Babar» Jean de Brunhoff : Comme N. parrain, il investit complètement l espace de la page, voire double page, supprimant les marges (dans une dle page, l enfant voit en même temps : la maman, sa mort, le chasseur qui tire) et mêle texte et image (intégrant une écriture aussi ronde que ses personnages anthropomorphiques), simplicité du dessin des personnages, utilisation de couleurs vives, précision dans les détails du décor : très moderne, tout l espace du livre raconte. (D après Sendak : évolution vers le livre d art). Les années 30, c est aussi la naissance des albums du père Castor chez Flammarion avec Paul Faucher, un homme passionné par les livres et la pédagogie (s intéresse au mouvement d éducation nouvelle). Il souhaite offrir aux enfants des livres qui suscitent leur création. Pour cela, il mise sur le pouvoir attractif des images (devant prolonger et éclairer le récit), et sur l offre d activités manuelles. L enfant expérimente en jouant et se prépare en même temps à l apprentissage de la lecture. Puis les contes arrivent : «meilleurs vecteurs de transmission des valeurs : autonomie, liberté, découverte du monde et des autres. Conceptions de livres légers, avec peu de pages, maniables, peu chers faits pour séduire les enfants et non les adultes et avec une grande exigence artistique. Réflexion sur le rapport texte/image : l image participe à la lisibilité du message ou du récit. Il s entoure d illustrateurs inventifs dont beaucoup d émigrés russes : N. Parrain qui crée un grand nombre d albums jeux sans texte ni histoire avec préface pour le rôle médiateur de l adulte. Années 50 et 60 : c est d Amérique que vient le souffle nouveau avec notamment l influence sur les illustrateurs français du Push Pin studio de NY, studio de graphisme américain né en 1954. L Amérique des années 50-60 amène l influence d un art contemporain, du pop art, on a aussi les affiches polonaises (mouvement artistique né après la 2 nde guerre mondiale dans une Pologne intégrée en 1946 aux pays dits " du bloc socialiste ". De 1946 à 1955, la vie artistique polonaise traverse une étrange période où l'idéologie dominante tente d'apprivoiser la création sous le dogme du «réalisme socialiste». L'affiche polonaise utilise des moyens d'expression proches de l'art contemporain (Rouault, Picasso, Chagall, Ernst) en construisant des images pleines de poésie et résiste aux diktats de la censure. In : http://www.cinematheque.fr/). Des courants nouveaux où les couleurs explosent, le trait se libère, les contenus se modernisent jusqu à frôler l insolence, libérer les tabous. Les théories de psychanalystes, de pédagogie d éveil sont assimilées sous le filtre d un humour corrosif! + de nouveaux modes de fabrication de qualité en rupture avec les prod. Industrielles de séries vulgaires, mièvres Ces tendances vont se retrouver chez l éditeur Robert Delpire, amenant innovation et audace. Il souhaite développer la place et le statut de l image. Il ne se préoccupe pas du public mais fait confiance aux créateurs qu il soutient, certains donc seront issus du Push Pin studio de NY.

Ainsi naît en 1956 : «les larmes du crocodile» d André François : idée que le livre peut devenir un objet design dont toutes les composantes concourent à donner du sens : la matière, la forme, le langage, objet inventé Delpire signe de nouveau avec Max et les maximonstres» de Sendak qu il traduit en 1967 (1 ère édit américaine en 1963). Livre scandale à l époque, (images noires, violentes, remettant en cause l autorité parentale). 1 ère tentative délibérée de figurer l incs de l enfant, de révéler sa face sombre en conflit avec sa mère. L enfant qui entreprend un voyage initiatique à la rencontre de ses pulsions. Exploration du labyrinthe psy de l enfant // vie de Sendak. Un album miroir des peurs du monde de l enfant qu il traverse avec d intenses émotions. L album parle à leurs besoins, désirs, peurs les + profonds et ne propose pas des images conventionnels miroirs elles, des projections de l adulte sur l enfant. L image progresse de page en page jusqu à chasser le texte, et recouvrir la dble page centrale, apogée de la colère de Max, puis laisse peu à peu, l écrit revenir. Une référence aujourd hui toujours plébiscitée par les enfants! En 1968, l école des loisirs traduit les trois brigands de Tomi Ungerer T Ungerer veut lui aussi faire sauter les tabous, mettre l endroit à l envers, s attaquer à la cruauté des H. 1971 : le géant de Zéralda, même démarche. Utilisation de couleurs intenses, contrastes et grands aplats de noir -) rare à l époque. L école des loisirs privilégie le même auteur/ill. et fait appel à des grands + artistes comme Sonia Delaunay. (Dans la coll. Enfantimages veut faire lire de grands auteurs à des 7-10 ans Twain, Andersen, Desnos entre livre ill et album?) Les aventures d une petite bulle rouge de Mari : appropriation par des non lecteurs, l image devient dynamique de récit à elle seule. Petit bleu et petit jaune de Léo Lionni en 1969 : charge émotionnelle et affective dans ce langage de couleurs et de papiers découpés. Années 70 : De nouveaux thèmes sont abordés : mort, violence, éducation il y a des démarches éditoriales fortes, des prises de risque. François Ruy Vidal associé un temps à l américain Harlin Quist en fait partie : auteurs reconnus (Duras, Ionesco et artistes non spécialistes du livre pour enfant. Cette éd. Incarne Un refus d être sage et normalisateur, fini le temps de l image réaliste à sens unique, la pédagogie, le support d apprentissage, l enfant fragile. L image impulse la dynamique de l imaginaire, elle devient inattendue, complexe, provocatrice. Elle est forte, teintée de surréalisme. Pierre l ébouriffé repris par Claude Lapointe Ionesco ill. par Delessert. Artistes en partie influencés par le push pin studio. Pierre Marchand chez Gallimard les accueillera aussi. Le sourire qui mord, éd. Fondé par Christian Bruel en 1976(émanation de mai 1968), est dans la même démarche que Ruy Vidal / Harlim Quist. Répondre aux questions qui préoccupent l enfant, ses angoisses, le bousculer, le rendre aussi créateur en proposant des personnages denses, ambigus, sulfureux Ch œuvre doit susciter l émerveillement esthétique, déclencher la pensée.

Le 1 er : Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon d Anne Bozellec qui dérange car il interroge l identité sexuel de l enfant. «Les chatouilles» parle du droit au plaisir, à la sensualité. Années 80 : La petite enfance prise en compte. Des psychanalystes : Dolto, Lainé, J Piaget, E Ferreiro, R Diatkine témoignent des compétences des tt petits qui, eux aussi ont leur sensibilité à l image, nourrissent leur culture visuelle et leur langage + appétence pour l écrit vers 2 ans. Les images sollicitent l intelligence du petit qui a besoin de caresse, de lait et d histoires. Des albums vont concourir à ce nouveau public Tana Hoban, De nombreuses petites maisons d édition naissent et explorent de nouvelles pistes de création, recourent à la photo, à des styles picturaux audacieux, éd. des albums sans texte, poétiques (Ipomée). + B. Poncelet en fait partie : mise en page interroge nos habitudes de lecture, habitude qui consiste à une découverte en 1 er de l image suivie d une lecture pour revenir à l image est perturbée. Détails, scènes dissociées, énigmes, enchevêtrement de textes et d images en une pseudo confusion demandent du temps au lecteur qui du coup, à lune liberté d inventer e sens de l album. Nouvel exercice de lecture. Là où on pense absence de sens, ce serait plutôt absence de récit traditionnel, qualité litt. Avec des textes qui interrogent sur les possibilités narratives. Années 90 : Ed. du Rouergue avec O. Douzou qui prend délibérément le format carré. «Jojo la mache» : veut repousser encore les frontières de l imaginaire poétique. Va révéler de jeunes talents. Les messages visuels sont primordiaux, humour, peu de narration, subtilité. Thierry Magnier 1997 : donne carte blanche aux créateurs. Tout un monde «de K.Couprie et A. Louchard : véritable démarche artistique, langage visuel revalorisé et multitudes de techniques. T. Dedieu. Ill. engagé, grands aplats de couleur. Ed. Didier : rapport auteur / ill. privilégié dans une démarche de qualité. // Seuil : Dedieu, Anne Brouillard, elle frôle le degré Zéro du récit : ses images qui empruntent beaucoup au temps qui passe et au temps qu il fait (// peintres qui peignent les états de l atmosphère// Turner) forment des séquences narratives et sont reliées entre elles par des relations de succession et de transformation. Années 2000 : Prod. De + en + forte. Peut-être + frileux. Les années 60 sont loin où les mouvements politiques, de contestation, de remise en cause des conventions, du conformisme, de l engagement de pays dans des guerres stupides imprégnaient l art. Heureusement beaucoup de belles créations : «Mon chat le + bête du monde» de Bachelet qui revisite le non sens, Jollivet avec ses imagiers, Benoit Jacques avec Toc, toc, toc Hervé Tullet : un livre On a pu le voir tout au long de ces décennies, l album n est pas une évolution du texte illustré mais une forme artistique innovante et cohérente.

A propos de livres d artistes Pour enfants? Albums proches, des œuvres d art pour tous. Le livre lui-même est une œuvre d art. Livres objets, poétiques, subtils, W de matériaux, formats. - Komagata - Munari : Ipre libri : Ces petits livres de matériaux et reliure (pour Munari c est la reliure qui fait le livre) différents sont tous en soi une aventure visuelle, sensorielle. Les petits que l on nomme bébés lecteurs par ex. sont avant tout des goutteurs, manipulateurs, découvreurs, regardeurs d images!. Munari pratiquait un art total : sculpture, ill., design dans ces livres seuls la matière et la couleur prennent la parole pour dire la nuit, la neige, l épaisseur. Sensations et stimuli. Démarche de création innovante familiarisant l enfant à l art contemporain. Le lecteur active lui-même le sens et les modes de relation au livre. Pacovska : ses livres sont à la fois des albums, des livres d art et des musées de poche. Aujourd hui, les enfants ont de multiples entrées visuelles. Réf. Revue Joie Par les Livres : 04-2012 : l album aujourd hui : Renouvellement années 2000 avec des publications spectaculaires (Point rouge carter, ABC3D Marion Bataille). Des designers ou ingénieurs papier apparaissent..si le «livre à système» existe depuis longtemps, au MA : des manuscrits ayant des languettes à soulever pour voir des intérieurs de corps! (www.livresanimés.com), il connaît un essor au 19 ème, (livres panorama, accordéons, tirettes, disques, // 1ers dispositifs photo et ciné.) Mais il remonte grâce à des noms comme ci-dessus, une bonne com.et une technologie sans cesse améliorée (découpe laser et délocalisation des tâches de fabrication) Emprunt aussi aujourd hui à d autres arts come le cinéma (NY en pyjarama, principe de l ombro cinéma) pas nouveau (déjà années 60) Ces innovations transitent par les galeries, lieux asso, : mémoires et incubateurs de création artistique. Ici c est une séduction esthétique qui plaît aux JE comme aux Ad. Il y a une transgression d un principe de base du codex, de nouveaux territoires interrogent les limites de l album, une manipulation accompagne un parcours narratif. On rompt avec la linéarité. Noter aussi les très beaux dioramas comme ceux de J. Jolivet. Oscillent entre ludique et livres artistiques. Les livres «spectaculaires» semblent s être déplacés du centre de l édition Jeunesse contrairement aux années 90 qui ont vu beaucoup d inventivité graphique et typographique, de mise en page et articulation Texte /Illustration recherchées. Actuellement, on réinvestit la question trad. du dessin, du rapport T/I, on se débarrasse de «l emphase graphique», d ailleurs on réédite des classiques comme Ungerer, Burningham, On a aussi des albums empruntant de façon malicieuse au numérique par ex mais sans emphase «un livre» de Tullet sorte d Ipad papier! J. Coat, ill. assistée par ordinateur Typo aussi réinventée alors que peu d éditeurs s y intéressaient. Anne Berthier, Paul Cox, L album dans sa capacité à se renouveler, inventer, reste le lieu privilégié d un apprentissage de l illustration, place prise par les écrans.